Aigue-Royale
Début d'après-midi du 31 août de l’an 2 de l’ère d’Obsidienne

Luna était de retour après son long voyage. Cela signifiait de ne plus voir les levers du soleil ni ressentir ses rayons chaleureux sur sa peau. Cela signifiait retourner sous terre dans les cavernes et les tunnels éclairés d’une lueur bleutée par des cristaux. Cela signifiait se résoudre à se nourrir de champignons, de feuilles aux couleurs étranges et de pommes de terre. Cela signifiait toutes sortes de choses, mais la seule qui comptait c’était qu’elle retournait là où son amie était ou devait-on dire plus que son amie? Enetari était à quelque part parmi ces tunnels. Elle avait bien hâte de la retrouver, de poser son regard sur elle, de la prendre dans ses bras, d’écouter sa douce voix, d’entendre son rire charmant et d’échanger de tendres baisers avec elle. Les deux jeunes filles avaient gardé contact durant tout le temps où la protégée de Korentin avait été à l’extérieur de la cité rebelle, mais ce n’était certainement pas pareil que de se voir en personne! De plus, elle avait hâte de retrouver son soleil parce qu’elle lui réservait une surprise et elle espérait de tout cœur qu’elle l’aimerait! Enetari aimait les cadeaux, il n’y avait pas de souci à se faire, non?

Luna se sépara d’Achroma et de Silarae dès qu’elle le put. Elle avait été chanceuse puisqu’elle avait croisé le vampire à Gloria, ce qui lui avait permis de voyager avec eux jusqu’ici. Elle avait compris qu’il avait un dîner diplomatique avec Korentin et quelques autres personnes, ce qui voulait dire que son protecteur serait occupé à autre chose que de la gronder pour être partie sans son consentement. Elle comptait bien profiter pleinement de son temps libre!

La première chose que l’amoureuse fit fut de parcourir les dédales de tunnels à la recherche de l’elfette. Si on ne se fiait qu’à son jugement, elle vous dirait qu’il n’y avait pas une seconde à perdre et qu’il n’y avait rien de plus important à faire après être entrée à Aigue-Royale. Ainsi, elle parcourut d’abord la caverne des songes, passant rapidement de dortoirs en dortoirs et de salles communes en salles communes. Les rebelles la regardaient faire d’un œil curieux tandis qu’elle passait en coup de vent à leurs côté. Mais jamais elle ne s’arrêta pour demander à qui que ce soit s’il savait où se trouvait le fruit de sa recherche. Oh! Non! Personne ne devait savoir qu’elle cherchait la jeune Terendul! Et personne ne devait gâcher le fait qu’elle était de retour, car cela elle voulait lui en faire la surprise.

Malheureusement, il n’y avait aucune trace de l’Étoile Filante dans la Caverne des Songes. Mais où pouvait-elle bien être? Quoique ça restait une possibilité, l’humaine avait un grand doute quant à la retrouver à la Caverne du Souvenir, de la Fertilité ou des Héros. Les meilleures probabilités restaient au marché noir ou encore au lac souterrain. Était-elle en train d’embêter les vendeurs ou de faire des mauvais coups aux potentiels clients? C’est ce que Luna allait vérifier et c’est ainsi qu’elle se dirigea vers la Caverne de Feu et d’Acier.

La jeune fille se faufila à travers les allées, regardant à droite et à gauche à la recherche d’une tête familière. Elle commençait à perdre espoir lorsque son regard bleuté se posa sur une chevelure nacrée comme nulle autre. Aussitôt, son sourire s’élargit sur son visage et son cœur lui fit comprendre qu’elle ne se trompait pas. Le plus discrètement possible, elle s’avança vers Enetari dans le but de la surprendre. Bien sûr, elle savait que ses sens elfiques étaient bien aiguisés et qu’elle la remarquerait probablement s’approcher, mais ça valait le coup d’essayer, non? Avec de la chance, elle serait distraite par autre chose et la cacophonie du marché noir dissimulerait sa présence.

Arrivée derrière elle, Luna posa délicatement ses mains sur les yeux de la jeune elfe.

- Devine qui c’est! Lança-t-elle de sa voix joyeuse.

La Larme de Néant approcha sa bouche de son oreille.

- Si tu as bon, tu auras droit à un cadeau! Lui murmura-t-elle malicieusement.

Elle avait chuchoté afin que personne d’autre ne puisse entendre. D’un regard extérieur, les deux jeunes filles ne ressemblaient qu’à de bonnes amies et personne ne pouvait concevoir le véritable lien qui les unissait.



@Enetari Terendul

« Crunch, crunch, crunch... » Perchée sur la porte d’un box, en équilibre précaire, Enetari observait la jument qui mâchait tranquillement, fort concentrée sur sa nourriture. De toute évidence, elle s’était bien habituée à la vie sous terre. Un cheval de combat, au vu de la musculature fine et nerveuse qui se révélait sous la peau. Un cheval bien dressé également tout en gardant son sang-froid. Une belle bête, dans tous les cas. Comme elle-même après tout. La jeune elfe était aussi élégante, racée et fière que la jument, et le regard des deux brillait d’intelligence ! Oui messieurs-dames, parfaitement ! Cela étant, la monture avait sans doute déjà une personne pour s’occuper d’elle, et d’ailleurs la jeune demoiselle ne voyait pas vraiment ce qu’elle ferait d’une deuxième monture. Elle en avait déjà une, cela lui suffisait amplement, d’autant plus que ce n’était pas à Aigue qu’elle allait en faire grand usage. Enfin… Sautant au sol, Enetari s’éloigna tranquillement des écuries, traversant les galeries le nez en l’air ou au contraire dirigé vers le sol pour éviter en sautillant les irrégularités du sol. Luna lui avait dit qu’elle devait rentrer sous peu, mais la petite humaine avait été trop évasive sur le moment précis pour que l’elfette puisse s’attendre à quoi que ce soit de précis. Sa meilleure camarade de jeu était donc absente, et Dawan n’était pas là non plus… Bon, et bien elle allait se ressourcer un peu. S’arrêtant net en plein chemin, la jeune blonde se dirigea vers la caverne des Songes, où elle y trouva sans mal un petit coin tranquille pour s’y asseoir en tailleur, fermer les yeux et mettre son diadème. Ainsi faite, elle posa la main sur la terre et laissa la magie l’envahir, pulsant dans son être tandis qu’elle écoutait le murmure de la nature. Ce n’était qu’un entrainement, aussi ne fut-elle pas déçue de ne rien apprendre d’intéressant, mais lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle dû ciller plusieurs fois pour revenir à la réalité qui l’entourait. Etre elle-même était finalement assez déconcertant. S’étirant un instant, la demoiselle se renversa en arrière, sur le dos, contemplant le plafond au-dessus d’elle sans le voir, l’esprit vide, somnolant à demi. Cette caverne était vraiment agréable de par le calme qu’elle pouvait offrir. Cela lui rappelait la forêt, lorsqu’elle s’allongeait au bord d’un ruisseau pour écouter ce que la nature murmurait autour d’elle. Sa forêt… Elle savait qu’elle ne la reverrait pas, mais elle ne pouvait s’empêcher d’y songer avec nostalgie. Il y avait trop de terre à Aigue, pas assez de verdure. Trop de bleu aussi, mais pas celui du ciel. Même les alentours n’était pas assez… Etaient trop… humains. Enfin, elle n’allait certainement pas recommencer à penser à cela. Préférant se relever une fois retrouvée son énergie, la jeune fille s’en alla changer de destination.

Observant tranquillement autour d’elle de ses grands yeux gris farceurs, Enetari longea les étales qui offraient leurs produits aux nombreux clients que l’on trouvait à Aigue-Royal. Il fallait dire que le marché noir offrait bien des objets convoités, mais l’on s’échangeait également des informations dans ce lieu ; et c’était sans oublier qu’il s’agissait de l’endroit rêvé pour se fondre dans la masse tout en chipant une ou deux choses. Toutefois ce jour-là la petite Terendul se sentait d’humeur honnête. Enfin, pour faire plus simple, elle n’avait pas envie de quoi que ce soit. Et pourtant, Dracos savait qu’elle n’en cherchait pas moins ! Mais rien ne lui plaisait réellement. Cette dague ? Trop simple. Ce bijou ? Trop voyant. Cette armure ? Pas pratique. Décidément… Il n’y avait rien pour elle aujourd’hui. Avec une moue boudeuse qui la fit ressembler à une enfant, la jeune fille s’arrêta près de l’un des présentoirs avec mauvaise humeur, sans prêter attention à ce qui l’entourait. Aussi réprima-t-elle un sursaut de justesse lorsqu’une présence un peu trop d’elle se fit sentir, avant qu’une paire de main ne vint lui obstruer la vue. De la part d’un autre, Enetari aurait sans doute manqué l’étriper, mais alors même qu’elle appelait à elle sa magie pour corriger comme il se devait l’importun, la voix et l’odeur de l’assaillant, ou plutôt assaillante, lui tira un sourire amusé.

-Quelle difficulté ! Hum… Est-ce que le temps compte ? Ou puis-je te laisser ainsi indéfiniment ?

Moqueuse, elle glissa le bras dans son dos pour chatouiller les côtes de Luna. La fourbe s’était bien abstenue de lui dire qu’elle était revenue si vite. Et en plus…

-Tu oses quand même mettre en doute mes capacités de reconnaissance ! Je sais que c’est une petite citrouille aux yeux d’azur…

Se retournant brusquement, elle se défit de l’étreinte pour serrer dans ses bras la jeune humaine, en apparence semblant le tendre manifestement de l’amitié de deux adolescentes perdues de vue et camarades de jeux, tandis qu’elles seules savaient que cet enlacement cachait bien plus que cela. Sa voix se fit plus chaude et langoureuse tandis qu'elle finissait dans un délicat murmure destinée à Luna seule :

-… et aux douces lèvres au goût de pommes. Je t’en ai acheté tout un tas d’ailleurs… mais je ne te les donnerais que quand nous serons seules.

Se reculant, elle lui adressa un clin d’œil avant d’apprécier d’un regard le délicat corps de sa compagne. Toujours aussi mignonne, la petite citrouille à croquer. Puis un fin sourire vint étirer ses lèvres, d’une rare authenticité et d’une affection sincère :

-Je suis heureuse de te revoir. Tu dois être fatiguée, on peut aller prêt du lac pendant que tu me racontes ton trajet si tu le souhaites.

Pas question qu’elle aille voir quelqu’un d’autre, Luna était à Enetari, c’était ainsi, qu’elle le veuilles ou non. Et maintenant qu’elle était revenue… elle restait !

Luna sourit à entendre la voix de son soleil. Cette touche d’humour et de moquerie comme personne d’autre ne pouvait avoir lui avait tant manquée et elle maintint ses mains sur les paupières de son amie. Si elle devait rester indéfiniment comme ça, elle n’en verrait pas d’inconvénient quoiqu’une position plus confortable avec Enetari lui plairait davantage.

- Hey! Lâcha-t-elle sans qu’elle puisse retenir le mot.

La jeune femme tressaillit sous les chatouillements de la demoiselle et essaya de la maintenir entre ses griffes malgré cette attaque sournoise. Elle n’était pas fâchée par son geste, loin de là, elle avait même ricané. Il n’y avait qu’Enetari pour oser la toucher de la sorte et connaître si bien ses points faibles. L’autre étant le drôle de petit surnom qu’elle lui avait donné. Mais qui pouvait seulement aimer se faire appeler « citrouille »? N’était-ce pas péjoratif d’être comparé à ce gros fruit orangé? Or, lorsque c’était son elfette adorée qui prononçait ce mot pour elle, ça devenait le plus mignon surnom au monde et il n’y avait qu’elle pour l’appeler comme cela. Elle était sa citrouille d’amour et elle comptait le rester indéfiniment.

Les bras de l’humaine se refermèrent autour d’Enetari, l’étreignant doucement également. Qu’est-ce qu’elle lui avait manquée! Son sourire n’aurait pu être plus grand sur ses lèvres et elle l’aurait tenue ainsi pendant de longues minutes si une voix ne lui avait pas rappelé qu’elles étaient dans le marché noir entourées d’innombrables rebelles. Personne ne devait savoir ce qu’il y avait entre les deux jeunes filles. C’était leur petit secret et ça devait le rester au risque d’avoir un père plus que révolté sur le dos et un protecteur indigné!

- Il n’y a personne d’autre que toi qui sais comment me faire fondre comme tu le fais. Lui murmura-t-elle à son oreille.

Des pommes! Oh! Enetari s’était rappelé que c’était son fruit préféré et qu’est-ce que ça faisait longtemps qu’elle n’en avait pas mangées. À moins qu’elle les cachait à quelque part sur elle, les pommes attendraient, car Luna avait envie d’un moment seul avec son soleil tout d’abord. Elle acquiesça d’un signe de tête à la proposition de l’elfette. Si elle était fatiguée, ce n’était plus le cas depuis le moment où elle avait posé son regard sur elle.

Enfermant la main droite de la petite Terendul dans sa gauche, Luna détala à travers les rangées du marché noir, l’entraînant avec elle. Elles se faufilèrent rapidement entre les ateliers, se frayèrent un chemin entre les passants et sillonnèrent telles deux voleuses en fuite jusqu’à la sortie. Prenant la direction de la caverne principale, les deux amies arrivèrent rapidement au lac souterrain et la petite humaine s’arrêta afin de reprendre son souffle.

- Ça m’avait manqué de courir comme ça avec toi. Dit-elle tout bas lorsqu’elle put parler correctement. Tu m’as manquée. Murmura-t-elle en plongeant son regard azuré dans le sien.

L’endroit était tranquille, mais elles n’étaient pas seules cependant puisque quelques personnes discutaient également à l’écart ou encore, se risquait à attirer le monstre vorace caché dans l’eau froide en s’y baignant. Allant s’asseoir près de l’eau, là où il n’y avait personne à proximité, elle invita sa compagne à faire de même.

- Par quoi débuter…? Commença-t-elle.

Et sur ces mots, Luna commença à raconter ce qu’elle avait vécu durant son trajet. Ayant vécu plusieurs péripéties et les ayant racontées pour la plupart dans ses lettres, elle résumait brièvement afin de ne pas enquiquiner Enetari avec les détails. Elle expliqua comment s’était déroulée la bataille à Aldaria contre la Perle de Néant et comment avait été son trajet de retour, mentionnant qu’elle y avait croisé cette Sylira, outrée que la protégée de Korentin ait quitté Aigue-Royale, et qui avait voulu qu’elle la suive docilement comme un chien et dont elle s’était finalement poussée à la première occasion. Elle lui mentionna également qu’elle avait eu bien peur lorsqu’un groupe de voyageurs et elle étaient tombés sur une Perle surprise dans les bois et que c’était finalement un chameau qui les avait tiré de cette mauvaise situation. Un chameau! Si Enetari se moquait de ce dénouement farfelu, Luna rirait volontiers avec elle. Poursuivant son récit, la Larme de Néant raconta qu’elle avait rencontré Dawan et la baptistrelle Aramis à Gloria, ce qui lui avait permis de retrouver l’entièreté de ses mains. Elle montra d’ailleurs fièrement ses dix doigts à Enetari et profita de l’occasion pour joindre ses mains aux siennes. Finalement, c’était en croisant Achroma qu’elle avait pu rentrer à Aigue-Royale en volant avec Silarae.

- Il y a des choses que tu voudrais raconter? Tu as réussi à ne pas trop t’ennuyer à Aigue? Demanda-t-elle.

De son côté, il s’était passé bien des événements et la petite lune avait bien été contente de pouvoir rester en contact avec Míriêl grâce aux lettres qu’elles s’échangeaient. Mais ce n’était pas pareil que de les entendre de vive voix.

- J’ai quelque chose pour toi. Mais il faut qu’on soit certaines d’être seules pour que je te le donne. Et si on allait s’amuser à Fort-Espérance? On pourrait passer dans mes appartements. Dit-elle d’une voix pleine de malices.

Son sourire s’élargit et une étincelle apparut dans son regard suite à cette proposition pouvant avoir bien des sous-entendus.

Souriant largement, Enetari se laissa prendre dans ses bras par sa douce amie, amusée par la joie qu’elle lisait sur le visage de Luna. Elles partageaient quelques secrets que personne d’autre qu’elles ne pouvaient connaitre, et ce n’en était que plus excitant. Elles avaient leur monde, et les portes de ce dernier s’était depuis longtemps refermé sur leurs mains jointes pour leur laisser l’intimité de jeunes amantes. Quoi qu’elle puisse en dire, l’elfette était bien heureuse de retrouver sa compagne de jeu. Et cela s’avérait de toute évidence réciproque.

-J’aime te faire fondre, mon petit sorbet glacé, et je le ferais si souvent que ton âme ne se nourrira que de cela.

Sa voix était pleine de promesse, chaude et murmurante, glissant jusqu’à l’oreille de la petite humaine pour ne s’adresser qu’à elle, couverte par le brouhaha ambiant qui régnait au marché noir. Elles étaient entourées de bien du monde, mais elles se voyaient, se frôlaient, se chuchotaient comme s’il n’y avait personne d’autre. Mais ce n’était pas le cas, et elles se devaient de trouver un endroit plus calme. Plus personnel. Plus intime. Plus amoureux.
Suivant la jolie blonde, la Terendul courue avec elle jusqu’au lac où elles échangèrent un regard complice, ravies de reprendre la bonne habitude qui consistait à courir aussi vite que faire se pouvait après avoir taquiné un quelconque passant. Certes pour cette fois-ci, elles n’avaient rien fait, mais peu importait. Elles avaient pu partager une nouvelle course. Se penchant vers Luna, Enetari lui effleura doucement la joue du bout des doigts, laissant son souffle chaud effleurer la bouche rose et menue de l’humaine tandis que leurs regards se figeaient l’un dans l’autre pendant quelques instants, magnétisés par leurs sentiments.

-Bien sûr que je t’ai manqué, comment aurait-il pu en être autrement ? Je te suis indispensable. Mais je suis là maintenant, et je ne comptes pas te laisser filer de nouveau avant longtemps, citrouillette.

Sérieux, le visage fini par se fendre par large rictus amusé tandis qu’elle lui lançait un clin d’œil, fort divertie de la voir rougir et attendrie devant la petite bouille qu’elle avait face à elle. Les quelques autres présents ne prêtaient aucune attention aux deux jeunes filles, mais l’elfette se retint malgré tout d’embrasser la petite Lune dorée. On ne savait jamais. Au lieu de cela, elles allèrent s’installer dans un coin un peu plus tranquille pour parler du voyage de Luna. Bien qu’Enetari en connaisse déjà les grandes lignes, grâce à la communication constante qu’elles avaient gardé entre elle malgré la distance, elle ne rechigna pas à se faire relater en détails toutes les aventures que la demoiselle avait vécu, et quelques anecdotes croustillantes en même temps. Pouffant de rire, elle lui lança un regard moqueur.

-Donc au lieu de vous faire devenir chèvre, il vous a fait devenir chameau ? C’est original. Tout ça pour détaler comme un lièvre… Enfin, vous êtes retombé sur vos pattes, avec sûrement la chair de poule après ça.

Lui tirant la langue sans méchanceté, elle la taquina gentiment avant de la regarder avec de grands yeux surpris à sa question. Quelque chose à raconter ? Pas spécialement, non. Enfin, rien qui lui vienne à l’esprit. Après tout, elle n’aimait prévoir des moments pour cela. Elle préférait parler quand cela lui chantait, quand bien même pourrait-il être totalement hors sujet. Du coup, la jeune fille n’avait rien de particulier en tête. Du moins, pas de cette nature. En revanche, la proposition était nettement plus intéressante.

-Demoiselle Duruisseau, votre tentative de séduction risque fort d’aboutir si vous me promettez ainsi de superbes présents contre ma présence dans vos appartements…

Se relevant d’un bond, elle lui saisit la main avant d’y déposer un baiser à la mode humaine, prenant une voix plus grave et haussant un sourcil d’un air noble. Sans la lâcher, elle l’entraina ensuite en direction de Fort-Espérance, où elles poursuivirent leurs routes sans souci jusqu’aux appartements de Luna, se glissant dedans discrètement et après avoir joué aux éclaireuses pour vérifier qu’aucun noble ne trainait dans le couloir au moment où elles s’engouffreraient dans la pièce. Un brin essoufflée mais surtout très joyeuse, le Terendul s’appuya contre le mur en échangeant un regard heureux avec sa compagne. Décidément, cela lui avait manqué aussi. Ne laissant pas le temps à Luna de se remettre totalement, elle la plaqua tendrement contre la porte pour l’embrasser délicatement, avant de se reculer, glisser une main dans sa propre tunique… et en sortir un superbe pomme sélectionnée avec soin le matin même, comme elle le faisait chaque jour depuis que sa compagne lui avait indiqué qu’elle rentrerait sous peu. D’un geste grandiloquent, la lui présenta paume tendue :

-Voilà pour vous, ma douce amie. Elle me semble aussi appétissante que vos tendres lèvres

- Risque fort, pas plus que ça? Répondit Luna.

Le visage de la jeune fille se transforma une moue déçue et contrariée. Elle ne put garder son jeu plus de quelques secondes avant d’afficher un sourire. Sérieusement, comment pouvait-on en vouloir à Enetari? Cette simple notion lui paraissait impossible. Certes, cela pouvait peut-être s’expliquer par le fait que les autres ne perdaient pas tous leurs moyens lorsqu’ils plongeaient leur regard dans celui de la Terendul. À ses côtés, elle ne pouvait être qu’heureuse, surprise et amusée. La colère, la tristesse et la déception ne pouvaient exister. De plus, son regard moqueur la faisait fondre et lui donnait des envies de se joindre à elle pour faire des mauvais coups ou mieux, de l’embrasser.

- Je vous le promets, Soleil de mes jours. Murmura-t-elle.

Luna s’était approchée et avait glissé ces quelques mots à l’oreille pointue. Enetari ne pouvait savoir à quel point il faisait plaisir à Luna de la voir. Elle lui avait tellement manquée, de même que tous les surnoms qu’elle s’amusait à lui refiler. N’importe quel mot, lorsque prononcé par son amie à son égard, devenait magique et avait l’effet d’enchanter son cœur d’amoureuse. Cependant, ses préférés resteraient définitivement tous ceux qui étaient liés à la citrouille, fruit dont elle n’avait jamais porté une grande importance avant leur première rencontre. Citrouillette ne faisait donc pas exception et l’avait emmenée sur un petit nuage. Elle espérait que sa compagne aimait ceux qu’elle lui donnait également. La jeune humaine avait l’impression de s’entendre à merveilles avec l’elfette et l’idée de passer le restant de la journée avec elle lui plaisait énormément.

Le baise-main d’Enetari l’amusa énormément et elle trouva ce geste particulièrement mignon. Il suffisait d’un rien pour que les deux s’amusent et elle espérait bien que la soirée serait pleine de surprises et de plaisir. Serrant sa main, elle suivit son guide dans Fort-Espérance qui savait très bien où elles se dirigeaient. Avec elle, elle s’assura qu’il n’y avait personne pour les remarquer. Personne ne devait savoir qu’elles étaient là! Voilà un autre jeu des plus divertissants en compagnie de son amie. Leur relation serait-elle aussi amusante si elle était ouverte et acceptée de tous? Il était bien difficile d’y répondre puisque ce n’était pas le cas avec la mentalité des parents de la Terendul et du protecteur de la gamine. À vrai dire, nul doute que parce qu’on leur refuserait, ça incitait justement les deux rebelles à faire ce qui leur était interdit. Leur relation n’en était que plus excitante.

C’est tel des espionnes que les deux adolescentes s’engouffrèrent dans les appartements que Luna connaissait comme étant les siens. Personne ne les avait remarquées et donc, elles avaient encore gagné la partie! Fermant rapidement la porte derrière elle, elle se tourna à temps pour voir son amie l’agresser sauvagement. Plaquée contre la porte, elle n’eut évidemment d’autres choix que de se laisser embrasser. Elle lui rendit également son baiser et savoura ce doux moment qu’elle avait attendu avec tant d’impatience. Lorsqu’elles se détachèrent, elle ne put retenir son regard amusé qui devint émerveillé face au cadeau offert.

- Oh! Tu es merveilleuse! Je t’adore! S’exclama-t-elle d’une voix joyeuse.

Une Enetari, c’était tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse. Mais si cette dernière venait avec des pommes, c’était encore mieux. Nul doute qu’elle savait comment lui faire plaisir. Attrapant la pomme d’une main, elle saisit la taille de l’elfette de l’autre et l’attira vers elle. Aussitôt, leurs lèvres s’unirent en un long et tendre baiser.

- Mes lèvres sont-elles à la hauteur de vos attentes, mademoiselle? Demanda-t-elle d’une voix qui se voulait sérieuse. Un deuxième essai avant de les noter? Prononça-t-elle, d’une voix amusée cette fois-ci.

Ne lui laissant pas le temps de répondre, Luna l’embrassa à nouveau. C’est après avoir permis à Enetari de reprendre possession de ses lèvres qu’elle croqua dans son fruit préféré. Elle s’installa ensuite sur son lit, invita son amie à la rejoindre et termina rapidement de manger la pomme. Qu’est-ce qu’elle était délicieuse! Elle n’avait pas réalisé que la faim la tenaillait à ce point.

- Im cen mela Enetari! (Je t’aime Enetari!) Formula-t-elle doucement en la regardant.

Un sourire gêné se dessina sur son visage. Elle savait que c’était les bons mots en elfique et qu’ils étaient dans le bon ordre. Cependant, elle n’était pas certaine qu’elle les avait prononcés parfaitement et avec son accent d’humaine, elle espérait que son soleil comprendrait ce qu’elle voulait lui dire. Elle n’était pas certaine non plus de la façon dont elle réagirait face à cette déclaration d’amour dans cette langue qui n'était pas la sienne. Trouverait-elle cela plutôt mignon ou se moquerait-elle plutôt?

Un instant plus tard, des pas retentirent dans le couloir. Évidemment, ils se dirigèrent vers la pièce où se trouvaient les deux rebelles.

- Vite! Cachons nous! Murmura l’humaine.

Une personne, plus précisément sa dame de compagnie qui avait également eu vent que Luna était de retour, allait entrer d’un moment à l’autre. Elles devaient se cacher si elles ne voulaient pas se faire surprendre ensemble.

Luna et les pommes, une grande histoire d’amour. Et Enetari ne le savait que trop bien. Elle avait toujours en mémoire le petit regard déçu que lui avait lancé la petite humaine lorsqu’un jour de beau temps… de mauvais temps… de ellenesavaitqueltemps puisque les deux amies se trouvaient alors dans les cavernes, l’elfette avait croqué avec appétit la dernière pomme qu’elle avait trouvé. Il n’avait pas fallu plus d’une fraction de seconde pour que, quartier du fruit déjà partiellement mâchouillé tendu à la protégée du Kohan, cette dernière retrouve un sourire éclatant et un regard pétillant. Après cela, le rapport entre les deux n’avait pas été difficile à concevoir. Et l’amour inconditionnel de la petite citrouille pour ce fruit rouge et rond en aurait presque rendu jalouse la blonde elfette. Après tout, c’était elle que Luna devant aimer plus que tout, rien de plus. Mais l’affection de la concernée lui était acquise, et cela lui plaisait. Si quelques pommes pouvaient terminer d’acheter son affection, après tout, pourquoi se gêner ? La regardant donc toute heureuse de ce cadeau fruité, elle éclata de rire après le baiser de sa tendre amie, l’enlaçant doucement et glissant un bras autour de la taille menue.

-Allons, vous devenez bien entreprenante, demoiselle. Que diraient vos dames de compagnie et votre tuteur de vous ainsi aguichante ?

La laissant toutefois s’échapper rapidement pour son grignotage, Enetari sauta sur le lit où elle s’affala de tout son poids plume avant de rester immobile, se prenant pour un coussin encore non-utilisé. Finalement, elle se redressa pour fixer Luna de ses grands yeux gris. Le petit baragouinage de son amie était très humain malgré la volonté de l’elfiser, mais qu’importait. Le sens était aisément compréhensible et le geste très romantique. Petite citrouille… Toute de finesse et de bonne volonté.

-Gerich veleth nîn, melitse. *

Lui prenant la main rendue collante par le jus de pomme, elle lui lécha chaque doigt avec un regard malicieux, embrassant la paume doucement. Comprendrait-elle ce que la jeune Terendul lui avait dit, ou bien n’avait-elle appris que cette petite phrase pour la répéter ensuite à l’elfette ? Si tel était le cas… Peut-être bien qu’Enetari lui moyennerait finance en échange de cette traduction. Après tout, si la vie était un jeu, l’amour aussi. Et il avait besoin du rire pour s’approfondir, tout comme la demoiselle estimait qu’un minimum de contact physique et intellectuel était nécessaire. Et encore… Ce n’était pas un véritable amour. En celui-ci, elle ne croyait guère. Tant de contraintes, tant de… d’exclusivité ! Oh non, Enetari vivait pour elle-même avant de vivre pour autrui, quand bien même son affection incluait une forme de possessivité et de protection envers l’objet de son attention. Luna était sienne, Luna était sa petite citrouille. Et elle l’aimait. Mais à sa façon.

-Viens, ton armoire sera parfaite.

Lui attrapant la main, la jeune fille se précipita au milieu des robes, jupes, pantalons, tuniques, ceintures et tout ce que pouvait posséder Luna qui puisse s’apparenter à un quelconque vêtement. Découverte, en ce qui concernait Ene, lors de sa première visite dans les appartements qu’elle connaissait à présent très bien, elle était bien assez grande pour les deux petites concernées. Et ce d’autant plus qu’elles avaient un bon prétexte pour se serrer l’une contre l’autre. Retenant leur rire, elles laissèrent la dame de compagnie entrer dans la pièce en cherchant l’humaine de retour, tandis que cette dernière se faisait délicatement grignoter l’oreille par une Terendul aux mains baladeuses. La peau douce de Luna courait sous ses doigts et, très amusée, elle la sentait s’empourprer plus qu’elle ne le voyait. Oh, petite créature toute d’innocence, dans quelle toile avait-elle couru s’engluer… Finalement, Enetari la lâcha pour observer la dame de compagnie au travers du jour apparent entre les deux portes de l’armoire. Il était temps que cett fouineuse fiche le camp, plutôt que de se permettre comme elle le faisait de regarder sur la petite table de Luna ce qu’elle pouvait bien posséder d’intéressant. Portant les doigts à ses lèvres avant de les poser près de son oreille droite, l’elfe laissa sa magie agir pour venir coller une ruche miniature de jolies guêpes sur la robe affreuse de sa victime. Qui ne tarda pas à s’agiter dans tous les sens pour échapper aux insectes. Terminant le tout sur un superbe sort de mutisme qui leur permit d’avoir enfin un peu de silence alors que la pauvre femme venait droit vers l’armoire dans sa panique, Enetari éclata de rire en voyant la silhouette repartir à toute vitesse hors de la pièce, une main sur une petite coupure au bras qu’elle s’était faite en se cognant contre un mur. Elle ne tarderait pas à pouvoir s’écrier à ses aises. Enetari l’aurait volontiers endormi mais le corps aurait encombré la pièce…

-Allez viens, Citrouillette, reprenons où l’on s’en était arrêté.

Ressortant en trombe de leur cachette, Enetari s’étira avec délice en observant Luna avec malice : elles étaient débarrassées de l’intruse, non ? Tout allait pour le mieux !



*Tu as mon amour, chérie.

En moins de quelques secondes, les gamines s’étaient enfermées dans l’armoire parmi les vêtements. Luna jeta un regard amusé à son amie tandis qu’elle voyait à travers la fente des deux portes sa dame de compagnie entrer dans sa chambre et se diriger vers le lit sans même se douter qu’elle était épiée. Elle voulut éclater de rire et s’en empêcha en embrassant sa complice, profitant de l’espace étroit pour se serrer contre elle et l’entourer tendrement de ses bras. Quel plaisir que d’être ainsi cajolée! Qu’est-ce que la citrouille l’aimait et adorait la sensation de ses mains elfiques sur sa peau. Elle lui rendit pleinement ses caresses et ses baisers, baladant amoureusement ses mains sur son dos et embrassant son cou parfait. Tâchant toutefois de ne pas faire de bruits pour éviter d’éveiller des soupçons chez la dame, le jeu lui parut des plus amusants et la complicité des deux jeunes filles encore plus. Ainsi cachées, il lui semblait encore plus excitant d’embrasser l’interdit alors qu’une adulte se trouvait à moins de quelques mètres des rebelles.

En espérant que cette dernière n’aurait pas l’idée d’ouvrir l’armoire pour y vérifier l’état des robes, car ça signerait la fin de la partie. Heureusement, Enetari prit l’initiative et arrangea la situation à sa façon. Luna plaqua une main sur sa bouche pour éviter de pouffer de rire lorsqu’elle vit Maryse courir dans sa chambre pour fuir les guêpes qui venaient d’apparaître magiquement. Mais où son amie trouvait-elle toutes ces idées? Elle posa amoureusement son regard sur elle, l’observant tandis qu’elle appliquait la suite de son plan. La protégée de Korentin se sentit un peu mal pour la dame muette qui sortait en trompe de ses appartements, mais était soulagée de se retrouver à nouveau seules avec sa partenaire de cache-cache.

La petite humaine attrapa la main de l’elfette et sortit de sa cachette. Elle affichait un grand sourire et ce qu’était devenue Maryse était alors devenue le moindre de ses soucis.

- Où en était-on? Prononça-t-elle, joyeuse.

Une lueur amusée traversa l’azur de ses yeux et s'approchant, elle lia sa bouche à la sienne, faisant parcourir en même temps les doigts de sa main droite le long de sa colonne vertébrale. Elle attrapa sa main avec sa main libre et la fit reculer de quelques pas tout en poursuivant de l’embrasser. Arrivée au lit, elle la poussa doucement pour la faire s’étaler de tout son long et continua de la couvrir de baisers. Avec la différence de force des deux races, son amie ne devait pas être contre l’idée de se retrouver sous Luna sinon elle ne l'aurait pas laissée faire, non?

- Im cengar anmelda. (Je te tiens pour aimé.) Prononça-t-elle lentement en un elfique humanisé.

Voilà qu’en quelques minutes, l’humaine avait formulé les deux seules phrases qu’elle connaissait en elfique qui signifiaient qu’elle l’aimait. Elle plongea son regard dans le sien et lui sourit tendrement.

- Je vais t’avouer un secret… dit-elle d’une voix espiègle. Elle baissa le ton de sa voix et s’approcha de son oreille pointue. Je n’ai rien compris de ce que tu m’as dit tout à l’heure. Tu veux bien me le répéter, soleil rayonnant de mon cœur? Et me dire ce que ça signifie? Murmura-t-elle.

Luna avait bonne mémoire. Elle tâcherait donc de graver la douce voix de son elfette ainsi que sa signification à jamais. Du moins, ça c’était si elle daignait lui traduire les paroles elfiques qu’elle avait formulées et qu’elle ne s’amusait pas à en changer la signification.

- En échange, tu pourras savoir ce qu’il y a dans cette boîte. Poursuivit-elle d’une voix taquine.

À ces mots, elle fouilla dans la poche de son pantalon et dévoila une petite boîte verte où de fines gravures argentées formaient un soleil. L’amoureuse avait fait faire le boîtier spécialement aux goûts de son amie et espérait qu’elle l’aimerait, de même que ce qui y était caché. Elle ne comptait pas lui laisser tant et aussi longtemps qu'elle ne lui répondrait pas. Mais au final, elle savait que tôt ou tard, Enetari l'aurait entre les mains et que ça ne pourrait en être autrement.

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[ À toi de voir si tu l'arraches des mains de Luna ou si elle te le remet gentiment. Mais peu importe, Luna finira par te le laisser volontiers ♥ À l'intérieur se trouve les bagues "Lunetari" ^^ ]

Lunetari:

Et voilà. N’importe qui d’autre aurait grincé des dents en songeant à cette pauvre femme qui, pleine de bonnes intentions, se faisait mettre à la porte, mais Luna pouffait de rire. Décidément, Enetari l’avait parfaitement bien trouvé. Elle était tout à la fois très fière d’elle-même et de se conquête à la chevelure de blé. Il suffisait de voir combien la petite humaine se montrait entreprenante… Renversée sur le lit, elle prit une mine faussement pudique tout en rosissant de plaisir sous les baiser de sa compagne. Elles jouaient toutes deux un jeu dangereux, elles ne le savaient que trop bien. Dire que la famille Terendul accepterait un mariage interracial en son sein était comme dire que les vampires sentaient bon. C’était totalement inimaginable. Et même sans aller jusqu’au mariage, la seule fréquentation d’une non-elfe risquait fort de faire s’attirer sur la coupable les foudres de ses chers géniteurs.

Attrapant finalement son amie par les poignets, Enetari la renversa pour se jucher à califourchon sur elle, observant avec un intérêt non dissimulé la petite boite reposant désormais sur le matelas, s’étant échappé des mains de la belle humaine lors du mouvement. Approchant son nez du sien, l’elfette eut un petit sourire avant de lui mordiller le bout avec gourmandise, prenant garde de ne pas la blesser malgré tout.

-Comment cela, en échange ? Que crois-tu ? Tu es ma petite prisonnière. Je fais ce qu’il me plait de toi et de ta boite.

Et, sur un baiser léger, elle lui lâcha les deux mains pour récupérer le présent si intriguant. Tournant et retournant, elle observa Luna un instant, pour la narguer un peu, admira les décorations qui ornaient le réceptacle avant d’ouvrir doucement le couvercle. Lorsque devant elle apparurent les deux anneaux, elle poussa une petite exclamation de joie avant de les prendre au creux de sa paume, reposant son écrin à côté d’elle. Magnifiques, délicats, étincelants, uniques à deux. Les bijoux étaient tout simplement époustouflants. Se jetant sur le côté, l’elfette attrapa délicatement l’une des mains de Luna, embrassant délicatement le bout de chaque doigt.

-Me permettez-vous, gente demoiselle ?

Devant son approbation, elle passa délicatement l’un des anneaux à l’index droit de la demoiselle, faisant glisser le bijou avec gravité, telle une cérémonie d’une grande importance. Mais après tout, cela en était presqu’une pour les deux jeunes filles. Elles marquaient leur relation et le lien qui les unissait. Tendant le sien à son amante, l’elfette sourit en la voyant effectuer le même geste et, ravie, elle plaqua sa main baguée contre la sienne. Il était amusant de ressentir qu’alors même qu’elle avait la porteuse du bijou jumeau devant elle, elle sentait le pouvoir de la bague le lui indiquer. Décidément, elle adorait les cadeaux, et encore plus lorsqu’il s’agissait de surprises auxquelles elle ne s’attendait vraiment pas. Et puis, elle pourrait s’en souvenir à tout moment, même dans plusieurs années ainsi. Quand bien même ne resteraient-elles pas ensembles.

-Elles sont magnifiques, presqu’autant l’éclat de ton regard à la pâle lueur des joyeux bleutés des cavernes.

Sa voix s’était faite murmure enjôleur tandis que d’un doigt mutin, elle caressait la courbe de la joue de la jeune fille, descendant le long de son cou frêle pour y laisser un sillon délicat, observant avec fascination la peau qui se soulevait à ce contact pour devenir une adorable chair-de-poule. Pauvre petit poulet si fragile… s’allongeant près d’elle, elle souleva la tête sur un coude avant de l’observer en souriant.

-Puisque tu es sage et que tu m’as fait une jolie surprise, je vais accéder, dans ma grande bonté, à ton souhait : Gerich veleth nîn, melitse. Tu as mon amour, chérie.

Déposant un baiser dans son cou, là où battait le sang, source de vie, la Terendul se redressa pour s’asseoir en tailleur sur la petite couche, curieuse et impressionnée malgré elle :

-Quand Dracos as-tu eu le temps de faire faire de tels bijoux ? Et qui Néant s’en est-il chargé ?


HRP : désolée de n'y répondre que maintenant du coup, j'étais persuadée de l'avoir déjà fait ^^'

En d’autres circonstances, Luna aurait détesté cette position et se serait débattue frénétiquement. Mais il y a toujours une exception à tout et cette fois-ci, l’exception était présentée sous la forme d’une jolie Enetari qui la maintenait en place sur le lit. Pour les fins du jeu, elle feinta de se débattre un peu pendant quelques secondes avant de se maintenir tranquille et de plonger son regard dans le sien. Qu’est-ce que le gris de son regard était envoûtant. Le rose de ses lèvres était irrésistible. Ses oreilles pointues dépassant légèrement de sa magnifique chevelure argentée étaient juste trop mignonnes.

- Que vas-tu faire de moi? Demanda-t-elle.

La petite humaine avait essayé d’insérer une once de terreur dans sa voix, mais la réalité c’était qu’elle avait du mal à cacher tout l’amusement qu’elle vivait. Elle savait très bien que l’elfette ne chercherait pas à lui faire de mal. Elle échangea avec plaisir un baiser avec elle et la fixa doucement tandis qu’elle venait de saisir la boîte, attendant sa réaction en retenant son souffle. Allait-elle aimer ce qu’elle s’était procurée pour elle? Elle sourit grandement en la voyant s’exclamer ainsi face aux deux anneaux. Elle ne mentait pas, sa réaction était sincère et elle aimait vraiment Lunetari. Quel bonheur!

- J’ignorai que l’on demandait maintenant la permission à ses prisonniers. Dit-elle en ricanant.

Toute souriante, elle offrit ses mains à sa douce afin que celle-ci place la bague jumelle à l’un de ses doigts et l’index droit fut l’heureux élu. Saisissant le deuxième bijou, la gamine prit délicatement la main droite de son amie. Le plus sérieusement du monde, elle joignit l’azur au gris.

- Mademoiselle Terendul, voulez-vous m’épouser? Demanda-t-elle doucement sur un ton cérémonial.

Elle connaissait déjà la réponse et elle n’avait pas besoin que leur union soit officialisée par une vraie cérémonie face à de nombreuses personnes. L’important c’était qu’elles savaient et ce moment intime avec son soleil était suffisant pour Luna. Faisant un clin d’œil et lui souriant, elle glissa à son tour l’anneau à son index droit. Elle scella finalement leur union par un long et doux baiser comme on pouvait voir les mariés faire lors de leur grand jour. Joignant leur main, elle approcha ensuite celle d’Enetari à ses lèvres et vint embrasser sa bague. Le pouvoir de Lunetari était étonnant. Ainsi, les deux adolescentes pourraient toujours savoir où se trouvait l’autre et elles pourraient toujours considérer qu’elles seraient ensemble quoi qu’il arrive. Elles seules seraient propriétaires de ce petit secret.

Luna ferma les yeux et se laissa cajoler par son petit soleil. Elle sentait son cœur s’affoler sous les caresses et des frissons parcourir sa peau à l’endroit où l’elfette passait son doigt. Instinctivement, elle se blottit contre elle lorsqu’elle s’allongea à ses côtés et elles s’échangèrent baisers, caresses et câlins. Son amie positionnée ensuite en tailleur qu’elle vint immédiatement poser sa tête sur ses jambes.

- Je les ai faits faire durant mon voyage. Ils sont uniques et il n’en existe pas deux comme ceux-là. Je ne sais pas si tu as vu, mais à l’intérieur de l’anneau, j’y ai fait inscrire Lunetari. Ne t’inquiète pas, je les ai faits faire dans le plus grand secret. Personne ne sait ce que ça représente… À part nous.

À part Dawan et Matis également qui avaient vu le couple fleurir lors d’une journée amusante en compagnie de robes et de produits de beauté. Mais ce n’était pas le moment de penser à eux et toutes les pensées de Luna étaient dirigées vers celle qu’elle aimait.

- Tu ne mérites que ce qu’il y a de mieux. Tu es la bonté incarnée même, rien de moins! Prononça-t-elle joyeusement, une lueur taquine dans le regard. Tu es la meilleure et je t’aime. Cheris velit nin, meliz. Essaya-t-elle de prononça à son tour en elfique.

La princesse des lumières éclata de rire face à son piètre elfique. Si elle, elle savait que ça ne ressemblait pas du tout à ce que l’Étoile filante avait prononcé, ça devait sonner plus que horriblement à ses oreilles pointues.

- Désolée! Prononça-t-elle entre deux rires. Je crois que je vais avoir besoin d’un cours de langue. Tu veux bien être mon professeure?

Sur ces mots, elle s’était redressée et avait tendrement lié sa bouche à la sienne afin que commence l’enseignement. Se détachant ensuite, elle s’était emparée de ses mains et les avaient couvertes de milles et un baiser.

- Tu crois que c’est tout ce que j’avais pour toi? Elle dessina un sourire malicieux sur ses lèvres et laissa un petit moment de suspens. Im cen mela! Ajouta-t-elle amoureusement.

Luna glissa une chaîne argentée autour du fin cou d’Enetari. Une capsule arrondie aux couleurs changeantes pendait au bout du bijou, enfermant des mots d’amour que seule sa destinataire avait le pouvoir de révéler. Saisissant ce moment de surprise, elle la serra dans ses bras et la fit basculer afin qu’elles tombent toutes les deux allongées sur le lit. Les mains de l’humaine se baladèrent sur la douce peau de son soleil, la caressant comme jamais personne ne l’avait fait auparavant et elle l’embrassa longuement, espérant que ce moment ne s’arrête jamais.

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Préfères-tu terminer sur cette note (je crois que ça concluerait joliment) ou préfères-tu continuer à ce qu'on s'échange des bizoux? Envoie-moi un MP avec la réponse ♥ Je suis partante pour tout

Citation :

Im cen mela Enetari, un « Je t'aime Enetari » prononcé en elfique
Une capsule de couleur changeante et de forme arrondie, pendant au bout d'une chaîne. Peut contenir un message que l'on dicte ou que l'on écrit. La capsule est enchantée pour ne s'ouvrir que sous la main de son destinataire, déroulant ainsi le message sous formes d'écriture magique bleutée.

-Oh, il y a tellement de choses que je pourrais te faire subir.

Ronronnante, la voix d’Enetari se glissa jusqu’à l’oreille de Luna, cherchant à envoûter. Toutefois la petite humaine trouva rapidement la parade en l’objet d’une certaine boite au mystérieux contenu. Tout à fait sa jolie princesse de lumières. Peut-être la connaissait-elle trop bien, finalement. Amusée mais surtout fascinée, l’elfette s’empressa d’ouvrir la boite sans se préoccuper de la taquinerie de son amie, heureuse en découvrant le présent qui l’attendait. Il fallait dire que le bijou était splendide. La finesse du travail dénotait un savoir-faire certain de l’artisan, et les gravures démontraient l’intérêt qu’avait porté son acheteuse à en faire deux anneaux tout à fait uniques. Quant au simple fait qu'elle ait prit le temps de faire fabriquer de telles merveilles... Pour une des rares fois dans son existence, Enetari fut presque décontenancée par une telle manifestation d'amour. Elle se reprit toutefois bien vite, Luna décidée à officier une cérémonie pour la moins singulière. Un mariage si rapide, avec une bague et sans personne d'autre, voilà qui était le plus singulier. Eclatant de rire devant l'absurdité de la situation et l'imagination de sa tendre amie, elle n'en répondit pas moins sérieusement en la regardant affectueusement.

-Avec plaisir, ô Lune de mes nuits et citrouille de mes jours.

Réprimant son rire en voyant le clin d’œil, elle imagina sa famille présente autour d’elle et ses yeux pétillèrent d’amusement. Ses parents en seraient tombés en pâmoison devant une telle scène. Qu’importait. Caressant doucement la petite tête posée sur ses genoux, elle lui chatouilla le creux du cou, troublée par les battements sanguins qu’elle sentait si ses doigts. Si frêle… Si délicat… Si pâle… Elle avait cette vie à portée de doigts. Il lui suffirait de serrer, inlassablement, pour sentir se tarir ce flot de vie. Que ressentirait-elle à plonger les dents dans cette chair tendre ? Les vampires le faisaient, et elle se demandait ce qu’ils y trouvaient.

-Ne t’inquiètes pas, cela restera à jamais notre secret. Après tout, nul autre n’a besoin de le savoir.

Effleurant le bout de son oreille ronde, elle s’était empressée de chasser cette étrange idée de son esprit. Elle essayerait, peut-être, un jour ; mais pas sur sa jolie Luna. Elle aimait ce pouvoir de vie ou de mort que celui lui procurait, l’insouciance de sa compagne. Mais elle l’appréciait trop pour jouer à cela. Son parfum étrange d’humaine, mélange de terre, de sueur, et de pomme, la fit sourire. Elle-même allait finir par empester l’oreille-ronde, mais cela ne la dérangeait pas beaucoup. Pas du tout, en fait. A sa façon, cette odeur bestiale avait son charme. Lui rendant son baiser, Enetari posa deux doigts sur les jolies lèvres de sa compagne, vaguement amusée par les difficultés qu'avait la petite humaine à s'essayer à l'elfique. Pourtant, lorsqu'elle lui répondit, ce n'était pas de cet apprentissage de la langue qu'elle parlait, mais davantage celui que maitrisait parfaitement son interlocutrice.

-Des cours de langue ? Tu te débrouilles très bien toute seule pourtant, silmenya*.

Elle laissa glisser les doigts le long de la paroi charnue, savourant la douceur de la peau délicate de cet endroit. Luna avait des lèvres à croquer, et l’elfette ne s’était jamais gêné pour le faire. Sa compagne finit toutefois par s’écarter légèrement, dévoilant un autre présent, et la Terendul plissa les yeux de bonheur.

-Je n’ai rien d’autre à t’offrir que mes bras, petite citrouille, mais je crois savoir qu’ils te plairont malgré tout.

L’étreignant et la serrant contre elle, elle roula avec elle quelques instants dans un mélange de tendresse et d’ardeur. Toutefois, elle avait une autre idée également. Se redressant à genoux et joignant les deux mains devant elle, elle lia les doigts puis ouvrit brusquement les doigts, laissant apparaitre entre ses doigts un bouquet de douze fleurs. Douze roses blanches et rouges. Douze. Remerciement et demande en mariage à la fois, fleurs d’amour pur et de passion mêlées. Le déposant au creux des bras de la belle Luna, elle frotta son nez contre son oreille, évitant avec précaution les fleurs délicates.

-Elles ne seront pas éternelles, mais le souvenir le sera, petite princesse aux lèvres de pêche.

La fixant dans les yeux, Enetari lui attrapa délicatement la main libre de sa citrouille, embrassant délicatement le bout de ses doigts. La lumière qui nimbait les fleurs se reflétait légèrement sur la peau blanche du coup de son amie et, y déposant les lèvres, sans plus songer à cette existence qu'elle effleurait et dominait ainsi, l’elfe y laissa un baiser tendre, aussi éphémère et doux que les pétales des roses tout près.



*Peut se traduire par une forme poétique de "Ma lumière d’argent"