[right][i]15 Janvier de l'An V


Sighild s'étira doucement le haut de son corps. Soupirant d'aise, elle regardait pendant ses petits exercices d'assouplissement les couleurs chatoyants d'un matin ensoleillé qui pointait déjà le bout de son nez. Encore une journée qui sera chaude. Dire qu'elle s'était couchée tôt la veille pour espérer se lever quelques heures avant le lever du jour et elle s'était laissée un peu aller. Elle se l'avoua à elle-même et dans un bref sourire qu'elle ne devrait plus faire cela. Mais qu'il était bon de dormir de tout son soûl de temps à autre sans être dérangé par des soldats qui rentraient de patrouille en pleine nuit ou par des ronflements des tentes voisines. Et là, elle était de bonne humeur et comme elle avait sa journée de repos, elle avait décidé d'aller s'entraîner au tir à l'arc. Même si elle était douée dans le maniement de cet arme, les acquis devaient être entretenus. Et cette matinée semblait parfaite pour s'exercer.

Une fois qu'elle eut mangé quelque chose pour combler l'estomac, elle attrapa ses effets et se rendit sur l'aire d'entraînement, sommairement aménagé pour être démonté ou abandonné rapidement en cas de nécessité absolue sans que cela prenne sur les denrées des Protégés déjà très limitées. Elle lorgna d'un air sceptique les tonneaux éventrés par endroit qui servaient de cibles. Des rochers avaient été garnies sur leur surface de ballots de broussailles sèches ramassées dans les parages. Elle haussa les épaules. C'était mieux que rien. Elle devra veiller à ce que l'empennage de ses flèches ne s'abîment pas dans ces cibles très très... basiques.

Au début, pour s'échauffer, elle tira quelques flèches en restant immobile. Puis elle décida de corser un peu l'affaire en faisant quelques pas de côté. Les tirs étaient corrects. Bien. Elle ne perdait pas la main. D'un autre sourire aux lèvres, elle amplifia sa vitesse de marche jusqu'à courir. Chaque flèche touchait la cible là où elle le désirait. Puis vint le moment de récupérer ses flèches. Une après une, elle les retira avec précaution pour ne pas les endommager. chaque flèche était précieuse et un archer ne pouvait se permettre de les retirer n'importe comment. Une pointe retiré de sa hampe ou une plume broyée et la flèche était fichue. Une fois cela de fait, elle décida de tester quelque chose. Et si elle testait le tir tout en reculant d'un pas rapide ? C'était risqué, certes, mais il fallait être prêt à n'importe quelle situation sur le terrain.

Une fois en place face à ses cibles, elle commença à reculer pas à pas, puis de plus en plus vite. Elle tendit la corde de son arc, flèche en place, visa et au moment de lâcher la corde, son talon se cala dans une pierre à fleur de sol. Surprise de perdre son équilibre ainsi, elle lâcha malgré elle la corde qu'elle retenait entre ses doigts et le trait fila dans l'air, oscillant sur sa trajectoire indéterminée... pour aller se planter juste au pied d'une jeune femme qui longeait en toute innocence le bord extérieur de l'aire d'entraînement, dans un angle où elle aurait dû être en toute sécurité. Hormis cette flèche figée à ses pieds, provenant d'un tir lâché par un bête accident.

Sighild prit un air contrit en se redressant, frottant le bas de son dos qui protestait d'avoir rencontre une pierre plate qui lui était rentrée dans les reins....elle chercha la flèche et se pinça les lèvres en voyant le drame qui a été évitée de justesse. Tu parles d'un tir de professionnelle. La prochaine fois, elle regardera mieux l'état du terrain avant de prendre une idée folle...

''Euh... désolé....''

Elle posa son coude sur sa cuisse, tenant maintenant sa tête en se mettant sur la pointe des pieds afin de redresser ses jambes. La baptistrelle tentait de se faire toute petite, assise sur un rocher près des cibles de pratiques. Aléria se demandait si l’utilisation d’une telle arme était bien difficile, elle qui n’y avait jamais touché, ni à cela ni à tout autre arme d’ailleurs. Elle se souvenait de son ancienne maîtresse et de sa lance, même si ça lui semblait intéressant de savoir jusqu’ou la force humanoïde pouvait aller, elle n’avait pas envie d’essayer.

La Chanteciel sourit en portant son regard vers l’archère aux mèches dorées. Comme un prodige, elle s’exerçait et atteignait ses cibles. Cette femme devait être bien utile au protectorat, de plus, sa taille devait faire courber l’échine de plus d’un ennemi. Pourrait on vraiment dire que si l’on éliminait les tranchants, les personnes cesseraient de tuer? Ils trouveraient probablement d’autres moyens, moins faciles, mais ensuite, comment était-il possible de les arrêter? Il y avait forcément d’autres solutions. Certains proposaient l’amour, d’autres la magie, qui était tout autant destructrice. La solution n’était tout simplement pas encore pensée, ni trouvée.

La femme fut légèrement repoussée vers l’arrière dans son sursaut, puis se retint en posant les mains sur la paroi rocheuse, derrière son dos. Ses yeux étaient restés fixés quelques secondes sur la flèche, se demandant presque si elle l’avait atteint. L’évènement était tellement surprenant qu’elle ne prenait même pas conscience de la douleur, sur le coup. En se détendant, elle comprit que la flèche l’avait manqué de peu. La Chanteciel n’avait pas envie de savoir ce qu’elle aurait ressenti si l’archère avait commis une erreur plus grave. Non, elle allait se passer de l’expérience d’une flèche dans le pied. Aléria se leva, doucement, évitant la flèche de pieds légèrement chancelants. La baptistrelle sourit, sans remords et ne voulant pas inquiéter la jeune inconnue.

-Ce sont des choses qui arrivent. On commence tous quelque part et on fait tous des erreurs. Heureusement pour moi, votre expérience formative n’as pas fait de blessés.
Les yeux rieurs, elle se permit de regarder plus attentivement l’archère.

-Enfin, je m’avance, mais vous n’êtes peut-être pas débutante. Je me trompe? Je n’y connait rien aux armes.

A voir les petits pas chancelants de la jeune inconnue pour l'éloigner de la flèche, Sighild comprit vite que la nouvelle venue avait du avoir un gros et intense moment de solitude effrayée en voyant une flèche venir de nulle part se planter devant ses pieds. Mais ce qui fut le plus déconcertant était qu'elle ne paraissait pas plus apeurée que cela, et au contraire d'être en colère, elle était posée et très sereine dans la conversation qu'elle lançait. Sighild cligna plusieurs fois des paupières avant de se ressaisir. D'ordinaire, dans un tel acte de maladresse, ça gueulait, cela vociférait, autant dans la colère que dans l'expression de la peur panique subie. Et là non... C'était tout le contraire. Au final ce n'était pas plus mal. Elle se gratta encore la nuque gênée d'avoir apporter un instant d'émotions fortes à cette venue et se rapprocha de là où sa flèche était tombée

''Je dirai que c'est la chance qui a dévié cette flèche pour pas qu'elle vous blesse, voir pire. Non sérieusement, je suis vraiment confuse. J'ai pêché par excès de confiance en testant un tir en mouvement sans évaluer le terrain...''

Elle se serait senti vraiment mal en ayant un tir accidentel. Jamais encore cela n'était arrivé et elle tenait pas à avoir un début de tir de ce genre pour ne pas avoir à traîner une mauvaise réputation toute sa vie...

''Mon expérience me permet de tirer sur des ennemis. Pas sur des alliés ou des amis. ''

Elle attrapa aussitôt la flèche pour la sortir du sol et la ranger aussitôt dans son carquois. Ainsi, elle n'aurait plus à voir le trait résultant de sa maladresse par excès de maîtrise arrogante de la corde de son arc

''Je fais rarement des erreurs, mais je suis heureuse que celle-ci ne vous ait pas atteinte. Je ferai doublement plus attention la prochaine fois et je veillerai à pas trop être téméraire sur mon entraînement. Et en effet, je ne suis pas une débutante, mais j'ai commis une faute de ce niveau.... ''

Le fait que son interlocutrice ne connaisse pas les armes la surprit qu'à moitié. Bon nombre de civils étaient dans les camps pour apporter des savoirs-faire comme la forge, la cuisine... et même apporter des soins. Parmi les guérisseurs, il y en avait d'excellents.

''Mais je suis impolie. Je me nomme Sighild. Je sers de temps à autre d'éclaireuse et d'archère pour les petits groupes. Et vous ? ''

Si la femme avait semblée un peu craintive et renfermée en première impression, elle avait changé d’attitude lors de la réaction de la baptistrelle. Aléria se rapprochant, souriant en levant la tête afin de regarder le visage de la jeune femme. Elle n’était pas offensée et ne voulait pas que la femme s’inquiète pour elle ou se sente coupable. Elle avait été maladroite, ce n’était pas la fin du monde, et de toutes manières, la Chanteciel n’avait pas été atteinte par la flèche, alors pourquoi s’en faire? Maintenant qu’elle avait fait l’expérience, elle savait que la prochaine fois elle devrait soit faire plus attention soit s’abstenir.

-Ne pas avoir confiance en soi, c’est comme aller dans le camp adverse pendant une bataille et porter une arme contre soi même. Ce ne serait certainement pas plus utile, pour vous ou pour le protectorat, de vous sous estimer un peu plus. Cela aussi, fait partie de votre expérience.

Elle devrait être heureuse que ça ne soit pas arrivé dans une bataille, dans une situation ou ça aurait fait beaucoup de dégâts.

-Mais non voyons, je n’y ai moi-même pas pensé. Je suis Aléria Blanchécume, Chanteciel de l’ordre baptistral. Je sers entre autres de guérisseuse…J’imagine que j’avais besoin d’une pause…

Les yeux rieurs, Aléria songea qu’elle n’avait pas vraiment d’affaire ici en fait, elle devrait être occupée avec des blessés mais s’était permise de rêvasser…et peut-être de s’égarer un peu. Autant dans ses pensées, que sur le chemin. Il faudrait peut-être qu’elle soit plus prudente la prochaine fois, elle aurait pu tomber sur un théocrate. Mais quel était l’intérêt de rêvasser si l’on était accompagné? C’était légèrement impoli, surtout si la personne à côté de vous tente de converser.

-Vous entraînez vous toujours si tôt le matin? Personnellement...à cette heure, je dors. Mais …je crois qu’en divaguant, je ne sais plus tout à fait ou je suis par rapport aux campements. Seriez vous embêté de m’aider à rentrer?

Même si ca ne devait pas être bien compliqué

Ne le prenez pas personnel, mais je préfère ne pas rester à vous regarder vous entraîner, ria elle amicalement, sérieusement, vous avez peut-être aussi besoin d’une pause.

Sigihild se gratta encore la nuque, pour cacher sa gêne. Pour elle, ne pas la réprimander, même par la colère ou le contrecoup de la surprise et de la frayeur n'était pas naturelle. En même temps, ce genre de comportement apparaissait souvent comme tel. En somme, les personnes pris au dépourvu comme cela fut le cas pour Aléria réagissaient négativement. Hors ce n'était pas le cas de la jeune femme, qui se montrait calme et même avenante. IL y avait de quoi être perturbé. Malgré tout, Aleria se montra presque philosophique dans ses paroles. Sighild prit un court moment avant de répondre simplement.

''Peut-être qu'il y a une différence entre manquer de confiance en soi et ne pas en avoir assez. Là sur ce coup ci, je n'ai pas su faire la part des deux côtés. Mais vous avez raison. Je devrai me remettre un peu plus en question la prochaine fois et m'assurer que je sais où me placer sur cette confiance et ne pas pêcher par excès comme là. Et je ne sais pas éviter de commettre des fautes sur un terrain d'entraînement comme aujourd'hui, je ne saurai pas protéger les nôtres durant une mission. Hors je ne puis me le permettre. Je vous remercie de ces paroles sages. ''

Elle inclina la tête en signe de remerciement. Ces mots étaient à prendre en compte pour la prochaine fois. Elle hocha de la tête une nouvelle fois quand Aleria vient à se présenter ainsi que sa fonction. Une baptistrelle ? Une guérisseuse ? Elle qui pensait toujours les voir auprès des blessés et des malades et donc jamais en dehors des tentes en question. Elle retint un sourire niais à l'image qu'elle s'était toujours faite sur leur dos.

''Une pause qui vous a mené un peu plus loin que prévu on dirait. je vais finir par croire que le hasard a poussé à cette rencontre, même si les circonstances ne s'y prêtaient pas vraiment. Et je pense que vous avez raison. Une pause m'est aussi nécessaire. Si je me prends la tête aujourd'hui avec cette entraînement....''

Et pour ce faire, elle rangea son arc en y passant la tête pour qu'il repose sur son torse, son dos sans avoir besoin de le décorder de ses pointes boisées.

''Enchanté de faire votre connaissance, Aléria Blanchécume et oui, je préfère commencer tôt, car ainsi j'ai tout l'espace pour mou et surtout... le calme. Je ne vous reprocherai pas de dormir, car votre tâche est d'une nature très importante qui dépasse le respect des heures de travail. Soigner les gens demande de se dépasser et de réussir à se reposer dès qu'on le peut. Sans vous et vos pairs, je ne sais pas combien des nôtres auraient perdu la vie...Je trouve qu'on ne vous remercie pas assez de votre mission si vital pour les Protégés. ''

et avec la fatigue, Sighild comprenait qu'on pouvait se perdre. Elle eut un franc sourire à l'égard d'Aléria.

''Je pense que j'ai assez commis de bourdes pour ce matin. Je vais vous raccompagnez. Désolé si je ne vous prête pas le bras comme un galant chevalier. Dites moi les détails du lieu où vous souhaitez vous rendre et je saurai vous y mener''

Elle avait pensé tout haut et ses pensées s’étaient avérées à être un peu philosophiques. Pourquoi n’était-ce pas naturel de chercher la rationalité de toutes manières? La femme avait simplement tenté de rassurer la personne qu’elle venait rencontrer, elle pensait ce qu’elle avait dit et n’avait pas envie qu’elle devienne hésitante dans ses combats. Il était important de foncer, même s’il fallait réfléchir, l’angoisse n’était en aucun cas utile…même s’il pouvait le sembler, aussi farfelue cette idée pouvait être. L’angoisse pouvait être rassurante si elle empêchait de se rapprocher du danger.

-N’est ce pas plutôt le destin qui pousse les choses, ricana-t-elle, cessez donc de vous inquiéter, c’est futile et passé.

Elle baissa la tête en souriant, comme reconnaissante des paroles de la jeune femme, objectivement guérir les blessures superficielles ne prenaient que quelques instants, et ne requéraient pas vraiment des maîtres baptistrels. Mais les blessures plus importantes étaient plus difficiles à guérir et énergivores. Néanmoins, elle ne faisait pas vraiment cela pour avoir de la reconnaissance, ou des remerciements…ou alors quel était le réel intérêt? Ce n’était pas être charitable si le but des actions était d’avoir une certaine approbation. Le monde avait besoin d’aide, mais il ne le savait pas et n’était pas prêt à l’accepter.

-C’est très gentil à vous, Sighild, mais je crois que ma fatigue ne tient qu’à moi et pas à ma charge de travail…Avez-vous déjà tenté de dormir lorsque votre tête semble…ne pas vouloir cesser de fonctionner…et se mettre à avoir toutes sortes d’idées, ou parfois simplement être nostalgique.

Elle était lunatique, certes, mais elle était certaine que quelqu’un pouvait comprendre ce qui se passait dans sa tête…et qui restait néanmoins à l’abri à l’intérieur de son crâne, puisqu’elle restait très calme et réservée. Mais la Chanteciel ne condamnait pas son côté rêveur, c’était toujours agréable lorsqu’elle n’avait rien à faire ou à penser. Et après tout, l’effort intellectuel ne se faisait pas qu’en lisant mais en réfléchissant, elle qui aimait apprendre. Bon, peut-être qu’une archère combattante dans l’armée du protectorat n’allait pas exactement comprendre ce qu’elle vivait, mais ce n’était pas grave, elle allait vivre avec.

-Un Chevalier, ria-t-elle, et pourquoi pas?

En fait je crois que si je retrouve ma tente, je vais pouvoir m’orienter, mais je devrais en fait rejoindre la tente des blessés.

L'archère prit un air contrit. Aleria avait raison. Elle n'avait pas à se morfondre et à se justifier de la sorte. Une erreur avait été commise et l'essentiel était que personne n'avait été tuée ou blessée par son malencontreux tir maladroit. Cela lui servira de leçon et elle sera moins audacieuse. Un petit pic de rappel qu'il fallait après gérer : à savoir le prendre comme tel et à ne pas se culpabiliser en sortant un chapelet d'excuses qui finissaient par être lassantes. Comme si elle se plaignait en fait ! Voilàa, c'était cela aussi qu'elle devait éviter. Et à voir l'humeur détendue de la jeune femme, Sighild se mit en devoir immédiatement de se détendre complètement.

''Oui vous avez raison. C'est relégué au passé. Je dois rester accrochée dans le présent, pour avancer dans un avenir proche.... hum... sans vouloir entrer dans une conversation philosophique..''

La Montagnarde ne put s'empêcher de sourire en voyant la guérisseuse poindre un peu la tête vers le bas, elle aussi un sourire à ses lèvres. Quand une personne méritait des remerciements, Sighild les donnait, mais à juste dose. Des personnes modestes pourraient en rougir et se sentir mal à l'aise. Peut-être que la Baptistrelle pouvait être de ce bord, mais ne la connaissant pas assez... et puis elle devait parfaitement se contrôler, car aucune rougeur ne venait à ses joues. Savoir gérer son stress, sa timidité... et bien d'autres choses encore était primordial pour exécuter son rôle de guérisseur. Elle avait fini par hocher la tête, pour confirmer qu'elle connaissait les maux qui troublaient le sommeil, vous offrant une insomnie durant toute la nuit.

''A ressasser ce qu'on a eu dans la journée, à revoir des images du passé. Oui j'ai déjà ressenti cela quelques fois et je vous confirme que cela n'aide en rien à trouver le sommeil. Et quand on croit réussir à faire le vide dans son esprit, on ne peut s'empêcher d'avoir une brève lueur de ce qu'on songeait et nous revoilà repartie pour un nouveau tour. J'avais entendu parler de méthodes de méditations et de respirations pour chasser les mauvaises pensées justement, pour aider à se plonger dans les songes du sommeil en toute quiétude. A moins de trouver la bonne personne qui permette d'apprendre un tel procédé, seule, j'y suis jamais arrivée. Sans doute trop impatiente de m'endormir''

Elle ne put s'empêcher de glousser à cette idée d'impatience. S'énerver pour espérer trouver le sommeil était tellement stupide en plus.

''Allez, une pseudo chevalière. Je ne ressemble guère un homme et ma haute taille aura le mérite de vous épargnez quelques malandrins en manque de conversation séductrice. Donc votre tente des blessés ? Bien, je vais vous y mener de ce pas, je crois savoir où elle se trouve. Comme je n'ai pas encore eu besoin d'y passer, c'est juste d'un coup d'oeil que j'ai du l'apercevoir. ''

Elle fit le premier pas et se retourna pour s'assurer qu'Aleria acceptait toujours de la suivre. Elle en profita pour poser une question :

''Il y a longtemps que vous êtes parmi les Protégés ? ''

Ce n’était pas vraiment une question d’angoisse, ou d’insomnie, mais peut-être un rythme de sommeil qui changeait un peu. Elle n’avait simplement pas envie, après une journée chaude et difficile, d’aller dormir sans profiter d’un peu de temps libre. Alors elle se laisser aller dans ses rêveries et ses divagations, sans prêter attention au temps même si à un moment ou un autre, elle devait bien se résigner à s’endormir. Non elle ne parlerait pas d’impatience, mais bien de refuser de voir le temps passer, puisqu’il lui semblait que le monde tournait un peu plus lentement la nuit.

Elle sourit à l’archère, avait-t-elle vraiment besoin d’être ou de ressembler à un homme pour être chevalier? Qu’importe, sérieusement, ce n’était qu’un titre, un nom, pourquoi y chercher le féminin? La Chanteciel ne connaissait pas les capacités de la jeune femme en temps normal, mais si elle était douée, quel roi refuserait sérieusement de nommer une femme chevalier simplement parce qu’elle appartenait à un sexe et pas à l’autre? Probablement que certaines femmes n’Avaient pas eu leur chance, ou n’avaient pas eu l’occasion d’être crédule en tant que guerrière aux yeux de certains, mais la baptistrelle était certaine que si on laissait quelqu’un faire ses preuves…On ne pouvait pas lui refuser de nous aider.

-Soyez rassurée, vous n’avez pas manqué les aventures les plus passionnantes. Hmm…Peut-être certaines histoires épiques par contre. Mais je ne vous tiendrai pas compte si vous n’avez pas envie de jeter un coup d’œil, ce n’est pas très joli... Et je suis certaine que vous trouverez la motivation ailleurs pour vos combats.

Elle plaisantait un peu, mais elle ne pouvait pas parler d’une chose aussi délicate sans être un peu rieuse, ou alors l’atmosphère devenait trop lourde. La Chantciel n’était pas là pour se plaindre, mais elle n’avait pas non plus envie de décourager ou de faire peur à l’archère avec des histoires et des images sanglantes. C’est ensuite qu’elle répondit à sa question, hochant calmement la tête en souriant plus légèrement.

-Eh bien, dépendant de ce que vous considérez comme longtemps…Mais je n’ai pas pu rejoindre le désert immédiatement après l’arrivée de Vraorg. J’ai dû me cacher et le rejoindre le plus vite possible. Mais disons que je peux dire que je suis une habituée du coin.

Elle ricana, baissant la tête quelques secondes, elle se promit de plaisanter un peu moins, à moins que Sighild ne déteste pas son humour.

-Je crois qu’on est chanceux d’avoir au moins cet endroit, le désert est chaud, mais c’est rassurant de pouvoir être à l’abri.

Elle s'était placée à côté de la jeune femme, le temps de la mener vers la tente visée. Même si elle avait toujours le sourire aux lèvres et qu'elle cherchait à faire un brin d'humour pour détendre l'atmosphère, car doucement, elle évoquait sans entrer en détail les horreurs auxquelles elle était confrontée quasiment tous les jours, en passant par les blessés des combats contre les impériaux, que d'accidents ou de prisonniers qu avaient réussi à les rejoindre... ou alors pour les malheureux réfugiés qui avaient perdu des êtres chers. Une atmosphère donc qu'Aleria devait subir malgré elle, d'où pour Sighild, ce petit trait d'humour. Un remède bien faible par rapport à la dureté de la réalité, mais qui restait encore malgré tout efficace.

''Le champ de bataille n'est guère un lieu propre quand les combats virent au carnage... Tout jeune, on apprend à ne pas craindre certaines aspects...hum...''

Elle hésita sur le mot à employer, ne voulant pas brusquer Aleria. Mais sous ses allures de frêle et timide jeune femme, Aleria devait posséder un caractère bien plus solide qu'en laissait croire son physique. Bien des femmes se dévoilaient plus courageuses que des hommes, même face à la vue du sang.

''...peu ragoûtants. J'aviserai si jamais mon regard n'arrive pas à supporter. Mais je pense qu'au contraire, cela m'aidera à trouver une plus forte motivation pour tuer l'engeance qui sert Vraorg et malmène les nôtres. Et cela me marquera assez mes souvenirs pour que je puisse un jour le narrer. Les Glacernois sont très friands d'histoire au coin d'un beau et grand feu. Des anecdotes, des récits épiques, d'autres plus tragiques. Peut-être que j'entendrais quelques uns de ces récits que vous dites ''épiques'' pour narrer un jour une histoire aux mieux et à ceux qui auront la curiosité de m'écouter. Les histoires qu'on raconte aide à nous construire''

Là où Aleria paraissait plaisantine, Sighild le prenait avec plus de sérieux mais elle se rattrapa avec un sourire léger et un retour à cette petite ambiance avec ceci :

''Je présume que vos parents vous racontaient de belles histoires pour vous faire rêver non ? ''

Une bonne vieille histoire avec une bonne morale en son sein. Puis elle continua de se rattraper dans sa lancée, toujours avec un léger sourire, espérant rester dans la petite note d'humour donné par Aleria

''On dirait qu'on ne vous a guère laissé le temps de l'agrémenter à votre convenance, à peine débarquée, pour donner une touche plus personnel. On devrait aller en toucher deux mots à nos responsables réciproques. Vous pensez qu'ils apprécieront si je suggère qu'on mette des bouquets de fleurs sauvages jaunes pour aller avec la nuance sableuse qui nous environne ? ''

A l'idée qu'elle aille demander des fleurs la fit glousser. Comme si c'était son genre de toute façon

''Le désert es un rude milieu, mais comme vous le dites si bien, il nous rend bien des services. Une fois dompté ou presque, il nous sert beaucoup. A nous de veiller de pas trop en abuser non plus. Je suppose que vous avez eu à traiter des coups de soleil pour les gens qui pensaient mettre le nez sous un soleil normal ? Ah, tiens n 'est ce pas votre tente que je vois là-bas ? Je m'attendais pas à y arriver si tôt. Je parle et je parle. C'est tout moi cela''

Elle parlait beaucoup en effet, quand elle se sentait bien avec une autre personne oui. Une vraie pipelette.

Elle écouta plus sérieusement ce que la guerrière avait à dire, comprenant que cette femme venait de plus loin qu’elle n’aurait pu s’en douter. Elle était une habituée des combats, une habituée du sang…des carnages. Sighild comprenait la réalité de la guerre et savait la motivation dont plusieurs se servaient…La rage, ou bien une espèce d’adrénaline, de principe primaire de devoir être solidaire. La baptistrelle se demanda ce que la femme avait vu, ce qu’elle avait vécu et si elle avait dû apprendre cela à cause de Vraorg. Aléria tourna la tête, interpellée par la question de la jeune femme. Elle sourit ensuite discrètement en baissant la tête…ses parents, oui, plus ou moins. Elle s’était plus battue qu’eux pour pouvoir continuer à rêver, et ses prédécesseurs l’avaient beaucoup plus encouragé que ses géniteurs.

-En fait…Pas vraiment. Je n’ai fais qu’à ma tête…ou alors en ce moment je serais mariée et j’aurais déjà eu plusieurs enfants.

Mais ses parents n’étaient pas des mauvaises personnes. Ils étaient simplement normaux et conformistes, ce n’était pas de leur faute. Ils vivaient selon leur temps et leurs traditions. Ils ne lui avaient pas pour autant empêchés de vivre sa vie, de réaliser ses rêves et de quitter le nid.

-Mais j’ai insisté pour connaitre plus d’histoires…et mon père me les a offerts.

La jeune femme ricana doucement à la proposition de fleurs dans sa tente, quelle drôle d’idée…Surtout pour quelques jours. Elle ne passait pas énormément de temps dans cette tente, à part pour dormir et encore, son vrai chez elle était dans le désert. Les plaines…c’était comme un campement temporaire, un endroit pour poser l’oreille sur quelque chose, pas pour re décorer.

-Je crois qu’ils ont probablement autre chose à faire, mais si vous y tenez, nous pouvons partir à la cueillette.

Ce serait toujours bien comique, mais un peu stupide d’aller cueillir des fleurs et des myrtilles pendant que des gens blessés avaient besoin d’aide de toute urgence. Aléria n’avait pas envie de s’absenter trop longtemps, elle savait que quelques minutes pouvaient faire une grande différence.

-Oh, je préfère que vous parliez vous savez…Je ne suis pas toujours aussi bavarde, mais c’est toujours agréable de savoir qu’on peut discuter, sans trop de prise de tête…

Sighild ne put s'empêcher de sourire en imaginant la guérisseur être une forte tête quand elle était encore enfant. Dans un sens, être têtue, ne pas se plier aux traditions apportaient un destin différent. Aléria ne donnait pas en première image une image de jeune femme forte et dévouée. Mais une fois qu'on commençait à la connaître, sous sa frêle apparence se cachait une âme bien plus forte qu'elle ne voulait se l'avouer. Vivre dans des conditions comme les leurs, voir le sang et entendre les cris de souffrance des blessés....Oui, ses parents avaient sans doute souhaité une autre vie pour elle, et comme le disait si bien, si elle n'avait pas suivi son coeur, elle serait dans une maison, à la tenir et à s'occuper de ses enfants et de son mari.... La vie offrait tellement de chemins qu'on se découvrait très heureux d'avoir choisi le bon et pas forcément celui espéré par les géniteurs.

''Vos parents malgré tout, si vous avez encore la chance de les avoir encore, doivent être malgré tout fiers de vous. Ce n'est pas donné à tout le monde d'être auprès de gens pour leur apporter soins, soutien et réconfort. Enfin... J'espère que je ne commets pas de bourde en disant cela...''

Elle se senti un peu contrit en parlant sur ce sujet là. Bon nombre de Protégés avaient perdu les leurs au fil des années, dans bien des drames. Elle-même avec son père.

''Enfin je m'excuse si je me suis avancée là où j'aurai pas dû. Néanmoins, votre père a du vous conter bien de belles histoires pour que vous en demandiez plus. Mon père m'en narrait quelque fois, même si elles n'étaient pas toutes avec une fin heureuse. Il ne voulait pas que la vie m'apparaisse trop... gentillette. En même temps, au sein de mon peuple, on apprend tôt à être des femmes et des hommes...''

Voila, elle espérait s'être rattrapée. Depuis qu'elle vivait plus au contact des Armandéens, elle avait appris que certaines choses ne se disaient pas de coutume, à cause des gênes que cela pouvait provoquer. Les Glacernois n'avaient pas autant de tabou. Que la société des autres peuples pouvaient être difficile à cerner parfois....Au moins Aléria avait ri de sa petite plaisanterie quand aux fleurs. Autant se rattraper sur ce sujet pour rester dans l'amusement. C'était bien plus gratifiant et plus détendant.

''C'est vrai, autant le faire. Ce ne sont pas les fleurs qui manquent dans les parages et je connais quelques variétés qui une fois séchées, tiennent assez bien et avec de jolies nuances ambrées et brunes. Si jamais cela vous tente, on pourra faire un tour ''

Elle ne put s'empêcher de rire à son tour. Elle une archère, aller cueillir des fleurs ? De quoi bien ricaner en effet. Elle était peut-être Glacernoise, mais elle savait apprécier la nature à ses heures perdues. Alors pourquoi pas hein ?

Elle ne fut guère stupéfaite que sa compagne lui affirma que de parler de la dérangeait pas. Au contraire. Tant qu'il n'y avait de prise de tête qu'elle avait précisé. En ces temps difficiles, parler en tout insouciante, sans que le ton ne monte à cause de différentes de mentalité, des tensions et bien d'autres facteurs.

''Et sans que cela se porte sur le travail que chacun fait... C'est ma foi aussi véridique. C'est détendant et cela permet d'apprendre à se connaître, de renforcer les liens. Nous venons tellement d'horizons différents. Puisque je parlais de fleurs, je présume que vous avez toujours besoin de certaines plantes médicinales pour les soins. Durant mes escapades, je puis vous ramener certains végétaux. Il suffit de me montrer ce qu'il vous faut exactement et à mon retour, si j'en croise, je pourrai vous les ramener. Qu'en dites vous ? ca remplacera pas la beauté des fleurs à l'entrée des tentes, mais ce sera bien plus utile pour vous et vos collègues guérisseurs''

L’humaine sourit doucement en pensant à son père, non, elle avait raison, il était clair qu’il n’allait pas se plaindre que sa fille ne soit devenue ‘’qu’une’’ Chanteciel. Par contre elle savait pertinemment que sa mère attendait impatiemment des petits enfants, chose qui n’arriverait probablement pas s’il ne s’agissait pas de son petit frère. La femme se demanda si l’archère avait encore ses deux parents en vie, elle…Son sourire s’élargit en songeant à un père qui raconte une histoire d’horreur au chevet de sa petite fille un peu traumatisée…À croire qu’on en riait, c’était presque mal.

-Ma famille a survécu jusqu’à maintenant. Je crois être plus proche de mon père, il était moins...pas stoïque mais…les deux pieds bien ancrés sur la terre, la réalité et les conventions. J’imagine que pour un enfant c’est plus facile de s’identifier à quelqu’un qui sait laisser aller…Et plus difficile de comprendre pourquoi certaines choses sont si importantes dans la société bourgeoise.

Elle se serait peut-être un peu plus attachée à sa mère si elle était restée à la maison plus longtemps, mais toute jeune elle était déjà partie à la recherche de plus de connaissances. La baptistrelle hocha la tête aux derniers propos de la jeune femme. Elle pouvait certes guérrir à l’aide de sa magie, mais il était moins épuisant d’utiliser des plantes pour les blessures moins importantes, et elle n’était pas la seule guérisseuse, d’autres n’avaient pas les mêmes capacités qu’elle. Aléria observa autour d’elle, cherchant dans sa tête ou elle avait planté la tente ou elle dormait. Demandant à la jeune femme de la suivre, elle se dirigea vers l’endroit en question ou elle savait avoir posé un livre de notes. Aléria se pencha afin d’entrer dans la tente, puis elle s’assied en cherchant l’ouvrage en question. Lorsqu’elle le trouva enfin, elle l’ouvrit et fit une place à Sighild afin qu’elle s’assoit près d’elle.

-Si vous voulez, vous pouvez venir me l’emprunter lorsque vous en avez besoin…Tâchez simplement de le replacer au même endroit. J’y ai écrit quelques notes sur un peu tout et n’importe quoi. Quoi qu’il en soit, tout est ici…

La femme tourna sereinement quelques pages, appréciant l’odeur du papier. Elle tenait précieusement à ce livre, le bois étant tellement rare et précieux, elle ne gaspillait aucune de ces vielles pages. L’envie de dessiner lui brûlait souvent les mains, mais elle ne savait pas quand elle pourrait avoir un livre comme celui-ci de nouveau. Elle était déjà chanceuse de l’avoir gardé d’avant l’arrivée de Vraorg.

Les parents d'Aléria vivaient encore. Cela devait être un pilier primordial pour la vie de cette jeune femme, qui avait connu un début de vie paisible au sein d'une famille à l'aisance affirmée. Le confort de la vie et la paix loin de la rudesse de la vie... et pourtant, elle se retrouvait là à vivre dans des conditions plus difficiles, à aider des blessés ou des mourants comme elle le pouvait, n'ignorant pas les dangers que représentaient les Théocrates.

''Il est naturel pour un enfant de se raccrocher à l'image qu'il jugera presque instinctivement être la meilleure pour lui. Peut-être qu'en vous rapprochant de votre père, par certains aspects de ce qu'il est, cela vous a permis d'être là, d'être au-delà de ce que les bourgeois cherchent à afficher pour se donner... hum... comme le dire. Un genre. Oui voilà, pour se donner une apparence qui n'est pas la leur. Être naturel ne parait être quelque chose de normal. Il faut être différent de ce qu'on est. ''

La noblesse, les titres.... pourquoi s'attribuer bien des choses alors qu'on était pas capable d'allumer un feu, de se battre dans la bout ou tout simplement d'accepter que la vie n'était pas forcément consacrée au fard et au luxe ? Sighild aussi n'arrivait pas à comprendre que des points qui lui étaient futiles avaient de l'importance pour les personnages de l'aristocratie. Peut-être par l'éducation qu'elle reçut, de la formation militaire qu'elle suivit. Personnellement, elle ne changerait pas pour jouer un rôle mensonger auprès d'un bourgeois...Et voir que des personnes comme Aléria allaient au-delà de ces fausses apparences qu'on leur inculquait

''Votre père ne doit pas regretter ce que vous êtes devenue, c'est à dire vous même. Le mien serait sans doute fier aussi de voir que je reste moi-même. Malheureusement, il n'a pas survécu à la venue au pouvoir du Vil Blanc....''

Le pincement à son coeur fut douloureux, mais elle réussit à garder le sourire. Elle finit par suivre donc Aléria qui dut se baisser pour entrer dans la tente qu'elles rejoignirent. Sighild l'imita et s'assit à côté d'elle, pendant que la guérisseuse tournait précautionneusement les pages d'un livre qui semblait assez ancien. La Montagnarde lorgna quelques images, pendant que les feuilles étaient tournés lentement, l'une après l'autre.

''Je sais un peu lire, grâce à mon père. Mon peuple accorde moins d'importance à ce qu'on trouve sur le papier, car nous transmettons nos savoirs et nos histoires par les mots et la voix. Là je reconnais quelques plantes qu'on trouve aux abords des marais. Je prendrai le temps de le feuilleter plus en profondeur et mémoriser les plantes à vous rapporter. ''

En même temps, elle pourrait ainsi apprendre à trouver des plantes pour son usage personnelles. Certaines étaient simples d'usages comme de les faire sécher ou les faire infuser pour profiter de leur biens faits.

''C'est un bien qui vous est précieux. Je veillerai à le remettre à sa place une fois terminé. Un tel livre, avec des connaissances vitales, ne doit pas se perdre. Je sais que beaucoup des vôtres apprennent par les livres et quand ses derniers se perdent, des années et des années d'enseignement se perdent à jamais... ''

Elle se demanda alors sur le coup si ce n'était pas la même chose quand un membre de son peuple perdait la vie sans avoir transmis son savoir... Un forgeron qui ne confiait pas ses secrets à son apprenti emportait à tout jamais ses acquis... Oui, elle trouva la réponse. C'était la même chose. Les dragons n'avaient pas eux ce genre de soucis.

La baptistrelle eut un regard compatissant pour la jeune archère qui venait tout juste de perdre son patriarche, elle ne voulait même pas penser à voir le sien disparaître, trop attachée quand bien même elle avait le choix de ne pas y dédier sa vie, sacrifiant du temps en sa présence. Elle sourit doucement, constatant un désir de sagesse dans les paroles de Sighild. En fait, elle était heureuse pour elle, la jeune femme s’en sortait en gardant son sourire et sa vivacité d’esprit, Aléria ne s’inquiétait pas pour elle.

-Je suis désolé pour votre père, je suis certain qu’il ne serait pas déçu de ce que vous êtes devenue, et ce pourquoi vous vous battez...

C’était une preuve de courage de s’opposer à la théocratie, de se rebeller contre ce qui était mal, mais c’était aussi une preuve d’intelligence de ne pas se laisser ruer par sa haine et de foncer comme un taureau vers son ennemi. Cela se voyait dans la manière d’être de la jeune femme, sa manière de parler que son père avait été une personne importante dans sa vie, il lui manquait probablement beaucoup. Mais elle ne la voyait pas perdre la forme pour autant en faisant référence à lui.

-Il y a toujours quelques dessins, mais si vous avez de la difficulté à lire, je pourrais accorder un peu de mon temps à vous apprendre les lettres et les mots. C’est beaucoup plus pratique ensuite pour apprendre de soi-même…surtout lorsqu’on comprend que chacun apprend à sa manière.

Certains élèves ne comprenaient rien du tout lorsqu’on ne s’adressait pas directement à eux, d’autres avaient besoin de se détacher d’une relation professeur/élève et de prendre des notes en laissant leur tête mijoter. L’important, c’était de savoir comment apprendre et de maîtriser nos propres études.

-Je vous fais confiance, Sighild. Cela me fait plaisir de partager des connaissances, elles ne servent à rien lorsqu’on les garde pour soi…


(HRP-Je crois qu’on s’approche d’une conclusion, à moins que tu ne veuille cueillir ses fleurs maintenant x) Sinon, tu pourrais conclure à ce post ou me demander d’éditer au choix. )

''Le connaissant, il aurait été fier oui. Il aurait été capable de continuer à me prodiguer des conseils pour me rendre encore plus efficace. ''

Elle se permit un léger petit rire. Il valait mieux se rappeler de ses proches disparus par de doux et bons souvenirs que le contraire. Ainsi, elle ne perdrait pas le moral, même si de toute façon, son coeur se pincera une fois encore de la perte de son père. Chose certaine était qu'Aléria semblait comprendre la part que son paternel avait eu dans sa tranche de vie, car elle ne revint pas dessus. Savoir rester à bonne distance de certaines choses avait du bon, au lieu de s'apitoyer sur le sort malheureux des personnes qu'on croisait. Une bonne chose aux yeux de la jeune Nordique qui eut que plus de respect encore pour la guérisseuse.

Un sourire un tout petit peu espiègle naquit par la suite au visage de la Montagnarde, quand elle tourna les pages une à une, survolant à peine les mots qui décrivaient les plantes; C'est vrai que de lire n'était pas dans la coutume des gens de son peuple, mais elle avait eu un avantage avec son père, qui n'était pas Glacernois d'origine. Un instant, elle s'arrêta sur un petit paragraphe décrivant une racine brune et tenta de lire mentalement les mots. Il y avait bien longtemps qu'elle ne s'était pas rompu à cet exercice et ses sourcils se froncèrent avant de se remettre tranquillement à leur place. Quand on avait appris une chose, elle revenait très vite.

''Peut-être pour des termes plus techniques, pour ce qui est de les prononcer. Là j'ai vu le mot.... éthy... je ne sais pas quoi, pour parler d'une partie de cette racine en dessin là... Mon père m'a appris à lire et à écrire, même si j'avoue que de gratter des ''lettres" sur du cuir ou du parchemin n'est pas mon fort. C'est gentil de vous proposer si jamais en repassant pour lire votre ouvrage, je peine à lire des mots plus savants. ''

Elle tourna encore une ou deux pages et reconnut des plantes qu'elle avait vu dans les marais, encore une fois. Elle reviendrait avec un sac entier de plantes si elle continuait. Elle referma l'ouvrage et le remit délicatement à sa place.

''Le partage des connaissances est une bonne chose. Elle améliore la capacité d'un groupe, car chacun apprend des uns et des autres et tous deviennent plus efficace pour faire marcher la petite communauté. Se sentant en confiance, on arrive à faire bien plus de chose qu'avec des êtres individualistes. Ce fut un plaisir de vous rencontrer Aléria. Nous nous reverrons bien assez tôt, et qui sait, avec une telle charge de plantes médicinales que vous pourriez m'en maudire. ''

Elle lâcha un petit rire cristallin.

''je reviendrai très vite, dès que ma patrouille sera terminée. Si on ne traîne pas d'ici là. ''


[HRP : j'ai conclus, simplement je l'admets ^^'. Je poste là où il se doit. Merci pour ce rp.Il fut très agréable, faudra remettre cela ]