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| Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE | |
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Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Mar 25 Nov 2014 - 22:02 | |
| --8 mai, an 2 de l'ère d'Obsidienne De fines ridules striaient la surface claire du lac. Il était tôt, très tôt. Trop tôt. Trop tôt pour oser réveiller les camarades de dortoir, sans argument "valables" aux yeux du commun des mortels. À pas de loup, comme un voleur, le jeune elfe s'était glissé hors du dortoir alloué aux baptistrels. Une fois dehors, une étrange mélancolie l'avait pris, devant les pierres bleues qui éclairaient Aigue-Royale, sans qu'il puisse l'expliquer. Son envie de jouer courait encore dans ses bras, et au bout de ses doigts. Mais… Pas ici. La mine basse, un peu rêveuse, il s'était dirigé vers Coeurempire. Quelques instants plus tard, il y était. Il avait marché le long du Lac sans vraiment prêter attention à son environnement, au Fort qui le jaugeait, aux habitats de l'autre côté, aux cavernes et galeries qui s'ouvraient. Finalement, il avait jeté son dévolu sur un coin de Coeurempire où la rive du Lac longeait de trop près une paroi verticale de caverne, permettant tout juste le passage d'un bipède pas trop large. L'elfe était assez étroit et agile pour s'y glisser sans se soucier de quoi que ce soit. Là, il serait bien, il le savait. Lentement, il s'assit, sortit la vièle de son étui, l'archet qui allait avec, et commença à jouer, un air tout aussi lent, et grave. Non, définitivement, il n'aurait pas pu jouer, dans le dortoir. Il était si tôt… Pour que même les soigneurs dorment. Aigue paraissait bien vide, et bien fade, ce matin. Cela allait passer, sans doute. Peut-être même que ce n'était qu'une impression. Il joua l'air lourd et lancinant qui lui pesait sur le coeur, espérant se libérer ainsi de cette triste humeur… Alors il était là, le musicien, le petit elfe. Dawan avait l'air bien jeune, pour un elfe de cent quarante ans. Un diadème d'argent lui ceignait les cheveux, dans une tentative un peu vaine d'éviter que les mèches blondes indomptables se rebellent. Ses yeux gris semblaient mi-clos. Il était vêtu ce matin-là d'une tunique courte, malgré la fraicheur relative, et... Ne portait pas de bottes. Ses pâles et fines mains jouaient un air sinistre. Il joua un moment, laissant ses notes se répercuter le long des parois de pierre. Un moment... Il perdait la notion du temps, dans ce genre de situations. Les secondes pouvaient devenir des heures, tout comme les heures pouvaient devenir secondes. Il émergea de ses rêveries aussi perdu qu'après un sommeil trop long, se demandant l'heure qu'il était, ce qu'il devait faire... En apparence, l'heure ne devait pas avoir tant avancé. Sans doute avait-il le temps de se reposer un peu, maintenant qu'il était assez fatigué pour pouvoir s'endormir malgré les pensées qui se bousculaient dans son petit crâne. Voilà comment il était possible de le trouver. Allongé le long d'une paroi étroite, sa vièle, rangée dans son étui, posée au sol, au niveau de sa tête, endormi à poings fermés... |
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| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Mar 2 Déc 2014 - 20:40 | |
| Le trajet avait été long, pénible. La jeune elfe n’avait pas l’habitude de voyager, pas plus que ses frères jumeaux, mais au moins avaient-ils vu du pays. Ils avaient alterné excitation, ennui, lassitude et curiosité, mais ils étaient arrivés sans mal, ayant échappé à toute attaque ennemie. Un mois sur selle, Enetari devait toutefois reconnaitre que cela était quelque peu long, bien que sa jument se soit montrée docile et posée ‒ou presque. Une tunique verte faisant ressortir ses cheveux blancs, un pantalon marron pratique et ses bottes de cuir usées, la jeune fille était habillée de façon on ne peut plus passe-partout. Elle finissait de découvrir, les yeux écarquillés par la fascination et l'enthousiasme, la ville dans laquelle ils allaient vivre, et devait reconnaître que malgré la frustration de se trouver ainsi sous terre, les lumières bleues étaient fort jolies. Pas de quoi rivaliser avec le royaume elfique et sa verte forêt mais il y avait toujours pire. Ils étaient arrivés dans la semaine, et la jeune elfe devait bien reconnaitre qu’elle avait mis un certain temps à tourner en rond, avant de se précipiter dans les galeries qui s’ouvraient à elle sans chercher à savoir si l’une d’elle lui était interdite d’une façon ou d’une autre. Si ses parents avaient souhaité la rattraper, et bien… heureusement pour eux qu’ils ne l’avaient pas voulu.
Mais aujourd’hui, la petite blonde avait décidé de profiter de l’heure précoce pour se diriger vers le lac souterrain. Ses eaux claires et paisibles l’avaient interpellé dès que son regard de perle s’était posé sur elles, mais elle avait été déçue du monde autour. A croire que tous s’étaient donné rendez-vous là où elle allait. Certes Aigue était bien remplie, que ce soit de vampires, d’elfes ou d’humains, mais quand même, elle était une Terendul, Dracos de Dracos ! Elle avait droit à un peu de répit au milieu de ce bain de foule ! Les seuls qu’elle aurait réellement apprécié de croiser étaient les dragons mais hélas, si elle avait cru apercevoir des écailles blanches l’espace d’un instant lors de sa première visite, impossible de recroiser cette grosse bête. Elle avait après quelques secondes de réflexion songé à creuser le sol pour vérifier qu’elle n’était pas enfouie dessous, avant d’abandonner. Si tel avait été le cas, évidemment qu’il y aurait eu une bosse. Dès cette brillante supposition en tête, elle avait retraversé en long, en large et en détail les couloirs dans l’espoir de trouver un épais monticule de terre qui supposerait un dragon endormi. Mais, surprise, elle n’avait rien trouvé. Assurément elle avait eu le nez en l’air pendant la moitié de ses recherches pour comprendre comment fonctionnait les pierres lumineuses, tenter de les tripoter et récupérer pour les étudier ou jouer avec, mais elle ne doutait pas que ses pieds auraient senti ce fichu mamelon terreux ! Cependant, cette lubie était passée bien vite dès lors qu’autre chose avait détourné son attention, la laissant reprendre ses explorations.
Les ondes calmes apparurent devant la plus jeune des Terendul, lui tirant des étoiles dans les yeux. Si tôt, le lieu était désert, et elle en était bien aise. Se mettant à courir, elle s’agenouilla pour plonger le visage dans l’eau, ses mèches claires ressemblant à des algues scintillantes, avant de relever la tête brusquement et de regarder autour d’elle. Elle voulait un endroit réellement tranquille, d’où elle pourrait voir sans être vue. Se relevant, Enetari longea le bord du lac souterrain en fredonnant, sautillant dans les faibles vaguelettes venant s’éteindre contre le rebord. Là ! Son regard acéré décela sans mal un étroit passage qui semblait prometteur. Avec l’agilité que lui avait procuré ses longues séances de vagabondage au cours de sa jeune vie, la jeune fille se faufila le long de la paroi rocheuse, atteignant une petite zone plus large où… où quelqu’un dormait. Ah non alors ! Il ne pouvait tout de même pas dormir là où elle voulait être ! Commençant à le faire rouler sans cérémonie pour le pousser à l’eau, elle s’arrêta in extremis, laissant le corps en dangereux équilibre au bord du lac, en apercevant l’étui qui trainait au sol. Qu’est-ce que c’était que cela ? Curieuse, la jeune fille l’ouvrit sans honte ni gêne. Un truc ! Un truc en bois même ! Et des cordes ! Un instrument, donc ? Oh, oui, il y avait un archet également, ce devait donc être… hum… bon, le mot lui échappait, elle avait déjà vu cet instrument mais c’était la première fois qu’elle le touchait. Et bien c’était parti ! Calant l’engin comme elle se souvenait avoir vu de vrais musiciens le faire, la petite fouineuse promena l’archet en un grincement atrocement mélodieux, quoi que plus atroce que mélodieux, en prenant l’air d’une grande professionnelle. Devait-elle chanter ? Moui, non, il y aurait trop de monde qui viendrait l’applaudir après, c’en deviendrait sans nul doute gênant, vraiment. Déjà que son spectateur particulier commençait à se réveiller… |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Mer 3 Déc 2014 - 22:28 | |
| Quelle tristesse, tout de même. Un si beau sommeil, si doux, si bienvenue, et soudainement, ce son horrible ! Dawan grimaça, émit un grognement de mécontentement. Dracos, même lui, après bientôt cent ans passés une vièle à la main, n'avait pas réussi à produire un son si atroce ! Un tel grincement de porte ! Rah, et encore, c'était insulter le son des portes ! Quand Dawan comprit que ce son était réel, quand il se souvint de sa position, alors il réalisa ce qu'il fallait réaliser: SA vièle était en danger ! Il eut un violent sursaut, et chercha à se relever… Appuyant une de ses mains dans le vide. Il bascula dans l'eau, avec un grand "plouf" qui résonna dans une bonne partie de la caverne. C'était plus ou moins le pire réveil du monde, disons-le. Malgré tout l'amour que Dawan pouvait avoir pour l'eau, y être ainsi projeté sans être prévenu n'était que peu plaisant. Il avala de l'eau tant par le nez que par la bouche, se débattit comme un beau diable pour émerger. Par réflexe, il trouva la berge et s'y accrocha, toussant, reprenant de grandes inspirations. Là. Tout allait bien. Son coeur battait encore trop vite sous le coup de l'émotion, mais il ne risquait plus rien… Non ? Ses cheveux trempés barraient son regard, collaient à son front, ses tempes, sa nuque. L'eau l'alourdissait. L'air hagard, il observa devant lui, et vit bien vite la jeune femme. Une elfe... L'air jeune. Peut-être le même âge que sa soeur, à lui. Mais très différente. Sa soeur, elle était solide, d'apparence, à force de jouer avec les arcs, à force d'escalader tout ce qui était végétal ou minéral. Puis, sa soeur aimait à se donner des allures d'adulte. Ca ne semblait pas être le cas de celle-là... Sans doute une des exilées du Royaume Elfique. Sans doute quelqu'un de très agréable compagnie ! Le souci principal étant qu'elle tenait sa vièle. Autant Dawan n'avait aucun souci à montrer sa vièle, à la mettre entre les mains des curieux et à expliquer comment on en jouait. Autant que quelqu'un, si elfe et si adorable soit-elle, abuse de son sommeil pour s'en emparer et la malmener, c'était autre chose, autrement moins défendable. dawan n'appréciait que peu que l'on abuse de lui, ou d'autres personnes d'ailleurs. Et bon sang, la vièle était une chose sacrée ! Le prolongement de son bras, non, de son âme ! Y toucher, c'était le toucher ! Elle s'était emparée d'une partie de lui sans son consentement ! Un instant, Dawan resta immobile à l'observer, l'air un peu effrayé. Allez, elle était jeune, sans doute ignorait-elle encore certaines choses. Sans se défaire de son expression apeuré, Dawan tendit la main vers elle, paume vers le ciel. Aidé par son sort de télékinésie, il chercha à défaire sa vièle de l'emprise de la jeune femme. Il n'insista pas trop néanmoins. Mieux: il cessa. Pas question de briser sa vièle en opposant une résistance trop forte à la petite. Non, il voulait surtout pour le moment qu'elle cesse de la malmener, pour le bien des oreilles de tous (même si tous, en l'occurrence, c'était surtout eux deux). Et qu'elle s'éloigne d'elle. Dawan ignorait si oui ou non la petite était faite de douceur, mais n'avait pas envie de le découvrir avec le "crac" de l'instrument qui avait partagé plus de la moitié de sa vie. "- Ne la tuez pas, s'il-vous-plait..."Avait-il demandé de sa voix trop aiguë. Alors seulement il avait songé à se hisser hors de l'eau. Il n'avait pas défait cet air inquiet de son visage, et ses yeux gris fixaient sa propre vièle bien plus que sa tortionnaire. Il tendit une main vers son instrument, une main un peu tremblante, et humide. "- Doucement, je vous prie. Doucement... Tout ira bien." Il parlait tout doucement. La dernière paraissait plutôt destiné à l'instrument. Il eut alors une idée. Une idée très simple, pour laquelle il ne pesa pas le pour et le contre. Il ne s'en offrit pas le temps. Comme si la vitesse d'exécution qu'elle allait réclamer demandait à ce que sa vitesse de réflexion soit équivalente. Ce qui, quand on y pense, n'a pas de sens. Vif, il tendit la main juste à côté du visage de sa cadette, et claqua des doigts, son regard paraissant indiquer quelque chose. Et ce faisant, son autre main cherchait à se ré-approprier la vièle. [HJ: si ton personnage "force", le mien n'insistera pas, pour ne pas casser la bête ] |
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| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Mar 9 Déc 2014 - 23:18 | |
| Dérangée ! Il l’avait dérangée ! Elle avait tranquillement commencé sa douce et mélodieuse symphonie et cet hurluberlu avait osé tomber dans l’eau en pleine mélodie ! Aucun savoir vivre, aucun respect d’autrui… Vraiment… S’arrêtant, Enetari posa sur son semblable un regard outragé, ses yeux gris oscillant entre franc amusement devant sa figure dégoulinante et agacement d’être détourné de son jouet premier. Il fallait dire qu’il avait vraiment l’air minable et pitoyable, avec son air perdu et encore à demi ensommeillé, accroché tant bien que mal à son rebord de pierre pour ne pas dégringoler complètement dans l’eau ! Pourtant, c’était lui qui avait décidé d’aller baigner à cette heure-ci, la demoiselle n’avait rien demandé, elle, s’il oubliait que trente secondes plus tôt il se précipitait dans le lac c’était de sa faute ! Et pourtant il ne semblait pas en âge de perdre la mémoire… Encore un fou, probablement. Avec un peu de chance, il pourrait être intéressant. S’il voulait bien sortir de là. Hésitante, la petite blonde fronça le nez, baissant la vièle qu’elle avait toujours en main pour poser la dextre sur sa hanche. Elle pouvait toujours lui proposer de l’aider à sortir mais s’il s’agissait de son bain annuel, mieux valait sans doute qu’il en profite… pour le bien de tous. Etait-c pour cela qu’il avait l’air effrayé ? Il craignait qu’elle ne remarque sa mauvaise odeur, sans doute. C’était très gentil à lui, vraiment ! Mais qu’il ne s’inquiète pas pour cela, elle ne lui en voudrait pas. Elle avait déjà trouvé de quoi se divertir. Même si l’autre essayait de récupérer SON objet par la magie, ce qui était hors de question. Dracos merci, la tentative ne dura pas longtemps. Sans quoi elle se serait probablement vu dans l’obligation de la lui fracasser sur le crâne.
-Ne la tuez pas, s’il-vous-plait…
La tuer ? Qui donc allait mourir ? Les yeux écarquillés, la jeune Terendul se demanda si son interlocuteur n’était pas ici simplement parce qu’il avait réellement quelque de dangereux. Rho, si tel était le cas, c’était formidable, elle pouvait l’étudier ! Mais tout de même… Il devait être réellement traumatisé. Il parlait de toute évidence de sa vièle, à moins qu’il n’ait d’autres visions que la concernée ne pouvait voir. Mais dans ce cas, elle pouvait difficilement faire quoi que ce soit.
- Je ne vais pas la manger, vous savez. Je n’ai rien pour accompagner et elle n’est pas lavée.
Toujours laver la salade, avait-elle déjà entendu dire sa mère. Elle supposait qu’il en était de même pour les autres aliments. Mais pouvait-elle réellement considérer la vièle comme un aliment ? Hum… Non, probablement pas, même si elle avait justement de l’eau juste en face. Ses mignonnes petites dents n’étaient pas faites pour être ainsi martyrisées. Pourquoi le mangerait-elle, d’ailleurs ? Il avait de ces idées, cet elfe ! Il devait effectivement être dangereux ! Mieux valait le neutraliser de suite, comme le prouva la suite. Le claquement de doigt près de son visage lui fit reculer le sien et, lorsqu’elle sentit la main tenter de récupérer l’instrument, elle lutta de son côté pour l’en empêcher. Elle avait perdu de son emprise sous l’effet de surprise et s’apprêter à lâcher mais, sans s’avouer vaincue, Enetari planta vigoureusement ses dents dans la chair tendre de la main de l’autre elfe et tira en même temps sur son bien approprié. Sans savoir s’il lâchait sous l’effet de la douleur ou pour ne pas abîmer ce qu’il croyait qui lui appartenait toujours, elle récupéra l’objet et repoussa son adversaire dans l’eau. Finalement, c’était sans doute qu’elle allait manger, elle avait déjà commencé et il devait être propre après tous ces bains.
- Je veux en jouer. Laissez-moi en faire.
Une moue boudeuse aux lèvres, elle se recula et reprit sa musique, avant de s’arrêter en plein milieu pour le fixer avec intérêt, cessant soudainement de faire la tête :
- Elle est âgée, n’est-ce pas ? Si vous craignez qu’elle ne meurt ainsi… Comment s’appelle-t-elle ?
C’était tout de même plus important que de savoir comment lui s’appelait, après tout la première semblait plus intéressante que son ancien propriétaire… Propriétaire qui avait l’air profondément désespéré, pauvre petit… Allons, la jeune terendul n’était pas si méchante que cela, elle lui sourit même avec douceur et, pour une fois, sans malice, en le reconfortant.
- Ne vous attristez pas, je vous la prêterai si vous voulez.
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Sam 13 Déc 2014 - 12:54 | |
| [HJ: Interlude musical de circonstance ] Mais ! Elle était malade, par Dracos ! Elle l'avait mordu, là ! Les Esprits soient témoins: elle l'avait mordu ! Avait-il été si violent que cela, lui ? Peut-être bien. C'est vrai qu'il aurait pu être plus doux, il s'était laissé emporter par sa crainte. En même temps, cette vièle, elle faisait partie de lui ! Autant qu'elle joue directement avec son corps: cela serait plus simple, et il aurait moins peur d'une quelconque brisure ! Ramenant vivement sa main contre lui, Dawan songeait pourtant à corriger son erreur. Il aurait pu le faire, il aurait pu. Sans avoir le temps de se préparer à quoi que ce soit, il se retrouva à nouveau dans l'eau, avec un grand bruit d'éclaboussure. Bigres, cette jeune femme n'avait pourtant pas l'air d'une combattante ! Foutues apparences, il savait pourtant qu'elles étaient trompeuses ! Il but la tasse, battit des bras et des jambes pour revenir à la surface, avec moult éclaboussures, et revint s'accrocher au bord. Il se frotta les yeux. Ces sons…! Elle avait recommencé ! Dracos, n'entendait elle pas combien cela sonnait mal ? Dawan voulait bien croire que les seuls mouvements utilisés pour jouer de la vièle pouvaient être plaisants, mais tout de même, là, c'était se faire du mal ! Qu'elle le laisse au moins lui montrer comment positionner ses mains ! L'Enwr se hissa à nouveau hors de l'eau, mais ne prit pas la peine de se lever, cette fois. Il resta assis par terre, le nez levé vers elle. Enfin, "elle"… Sa vièle. De son petit regard qui disait "ne t'en fais pas, ma toute douce, je vais te sortir de là". À nouveau il se sentait alourdi d'eau. Et rafraichi, aussi. Mais ça, c'était bien le dernier de ses soucis. Il cherchait comment récupérer son dû. Oh, sa jolie vièle… Il allait falloir être très doux pour appâter ce petit animal-là. Ce vil prédateur… Cette prédatrice. Mais avant que les pensées de Dawan, occupées à créer des métaphores sur son malheur plus qu'à réfléchir, n'ait pu forger un plan, ladite prédatrice s'exprima. Dawan porta une main à une mèche de cheveux qu'il essora nerveusement. Son autre main se porta devant sa bouche. Gêné ? Intimidé ? Il en avait l'air. Ses yeux fuirent un moment le regard de sa congénère, avant de se reporter sur elle. Ils pétillaient du souvenir du jour de sa rencontre avec sa vièle. "- Elle doit avoir aux alentours de cent ans. C'est Olosir."Il était très jeune lorsqu'on lui avait mis l'instrument entre les mains. Moins de quarante ans. Et déjà, il ne parlait plus. Ces quelques premières années de silence, d'ailleurs, il rechignait à s'exprimer, même sans mots. Rencontrer sa chère et tendre vièle lui avait offert une nouvelle voix, qui lui plaisait bien plus que l'ancienne. Il fallut un peu de temps, bien sûr, pour s'accorder l'un à l'autre, mais dès que ce fut fait... Dracos ! C'était vraiment mieux que les mots. Plus sincère, plus juste, la musique était ce qu'il aurait toujours dû avoir avec lui. Le nom de son instrument lui était venu tout seul, un jour où il ne l'attendait pas. Mais bon, ç'avait été grandement inutile, étant donné qu'il n'allait pas re-parler avant un bon demi-siècle environ. Et la première personne à avoir entendu ce nom, "Olosir", flot des rêves, c'était son actuel Cawr... Belle histoire que cette histoire-là. Sa vièle l'avait suivi plus ou moins partotu, avait été là aux moments les plus cruciaux de sa vie. Il détacha timidement la main qui tenait ses cheveux, fit mine de la tendre vers sa vièle, puis se ravisa. La jeune femme lui souriait étrangement. P-prêter ? Elle… Elle s'était approprié SA vièle ? Oulala, non, ça n'allait pas être possible. Les traits de Dawan parurent tendus, ses petit doigts se crispèrent. Être doux. Il fallait être doux avec elle. Ou elle serait violente avec lui, et peut-être même avec la vièle ! L'Enwr ferma un instant les yeux, calmant sa propre respiration. Il allait récupérer sa vièle. Si elle ne la lui donnait, il savait que son maitre pouvait lui venir en aide, mais... C'aurait été dommage d'en arriver là. D'autant plus que son maitre avait mille autre soucis en tête... Non, mieux valait se débrouiller seul, d'abord. Il avait ramené ses deux mains devant son cou, et paraissait ne plus faire attention à son monde -erreur: il écoutait. La jeune femme... Elle avait l'air de tenir à l'objet qu'elle lui avait chapardé. Se pouvait-il qu'elle n'ait pas d'argent ? Et qu'elle ait toujours rêvé de faire de la musique ? Ce monde était bien cruel. Chaque enfant devrait pouvoir naitre avec un instrument... D'un bond preste, Dawan se remit debout. Ses yeux gris ne regardaient pas vraiment Enetari, et il paraissait bien plus sérieux que... Que quelques instants plus tôt. Sa voix, en revanche, avait encore les mêmes intonations, rêveuses. "- Venez. Allons dans la Caverne de Feu et d'Acier. Je vais vous trouver un cadeau. Quelque chose qui vous plaira plus que ma vièle, et vous pourrez me la rendre. Cela vous irait…? Demanda-t-il, tout doux. Il ne prit néanmoins pas les devants en se dirigeant vers ladite Caverne, pour la simple et bonne raison qu'Enetari était en travers du chemin, trop étroit pour qu'ils passent à deux. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Ven 19 Déc 2014 - 13:20 | |
| Cent ans, avait dit l’autre. L’instrument qu’Enetari tenait dans les mains était donc plus vieux qu’elle. C’était amusant. D’autant que le premier propriétaire ne devait lui-même pas être beaucoup plus vieux qu’elle. Enfin, maintenant, le vièle était à elle de toute façon. Fixant son semblable qui la fixait, trempé, avec inquiétude, la jeune elfe eut un large sourire de contentement en secouant l’instrument qu’elle avait dans les mains, se demandant si elle faisait du bruit autrement que l’usage habituel prévu. La réponse était non et pour ponctuer cette constatation d’une conclusion décidée, elle en tira un grincement abominable qui semblait être un cri d’agonie de la part d’Olosir. Oh, elle était en train de mourir ? Mais non ! Elle ne devait pas ! La secouant derechef mais beaucoup plus fort, la jeune fille la fixa avec inquiétude, se demandant que faire. L’enterrer de suite ? Autant l’achever et en prendre une autre. Aussitôt pensé, aussitôt fait ; ou plutôt amorça-t-elle le mouvement de le faire avant de s’arrêter net en entendant sa proposition. - Feriez-vous vraiment cela pour moi ? Vous êtes trop gentil !Avec un sourire jusqu’aux oreilles, elle lui sauta dans les bras pour le remercier d’un câlin amical avant de fredonner joyeusement une chanson de son cru. Qui ne voulait absolument rien dire mais cela n’avait pas la moindre importance. La vièle en main, telle une prisonnière de guerre afin de s’assurer qu’il ne reviendrait pas sur sa décision, Enetari attrapa d’office la main de son nouvel ami avant de s’extirper tant bien que mal de la petite plate-forme, tenant par Dracos savait quel miracle en équilibre sur la roche alors même que ses deux mains étaient prises. Il fallait aussi dire qu’elle se servait de sa victime comme d’un balancier, le faisant dangereusement tanguer lorsqu’elle se sentait déséquilibrée. Mieux valait que ce soit lui qui chute plutôt qu’elle, après tout il était mouillé. Enfin, elle mit pied sur une zone un peu plus large, arrivant sur le rivage habituel du lac souterrain. Tiens, cette silhouette au loin, qui les avait de toute évidence vu et pas qu’un peu, serait-ce… ? Décochant un éblouissant sourire à son compagnon momentané, elle posa la tête sur son épaule en ronronnant presque, appréciant cette nouvelle peluche qui commençait à comprendre qui était la maitresse et qui devait obéir. Il était sage, c’était parfait. Et il le serait encore un peu plus dans quelques instants quand il verrait à qui il aurait affaire. Cette partie du programme n’était pas du tout, du tout, prévu, et l’embêtait même plus qu’autre chose, mais elle pourrait sans doute en extraire quelque chose de bénéfique. S’assurer que le petit elfe ne protesterait pas, par exemple. - Dites, je peux vous garder ? Je prendrai soin de vous ! Vous serez nourri, lavé, vous apprendrez à faire le beau, à être sage, je vous emmènerai jouer…Cela lui rappelait sa carotte vampirique qu’elle avait failli adopter alors qu’elle était encore chez elle, dans sa forêt, son royaume. Que c’était triste… Celui-ci, pas question de le laisser filer, elle le voulait ! L’attachant fermement à elle par le bras, en attendant de lui trouver une laisse, elle se tourna pour se remettre en route en direction de la caverne du marché noir et fit la moue en remarquant que la haute stature de son père s’avançait à grand pas furieux. Il ne pouvait donc pas rester calme quelques instants ? Cela ne dura toutefois pas longtemps et elle lui adressa un large salut du bras, le visage pétillant, avant de lui décocher son sourire le plus innocent tandis qu’il se plantait devant eux. Au moins, elle était certaine que le vièleur ou ellenesavaitcommentsedisaitunjoueurdevièle serait intimidé. - Oh, bonjour père, quelle surprise! Tu viens te baigner ? Tu as raison, tu en as besoin… Regardes, j’ai trouvé un nouvel animal de compagnie ! Je peux le garder, dis ?Inutile de le laisser râler en premier, elle préférait prendre les devants et l’amadouer. Mais par tous les Esprits, que faisait-il debout à cette heure-ci ? Sa fille avait souhaité être tranquille, pas surveillée quand elle s’amusait ! Enfin… A elle de faire comme elle pouvait. S’il l’embêtait, le lac n’était pas très loin, peut-être qu’en le prenant par surprise, elle pouvait le pousser dedans et prendre la poudre d’escampette. Son elfe de compagnie témoignerait que l’eau n’était pas mauvaise. D’ailleurs, pour s’assurer qu’il ne protesterait pas alors qu’elle était en pleine négociation, la jeune Terendul lui écrasa vigoureusement les pieds toujours nus ; quand on souffre on ne parle pas, c’était bien connu. - Il m’a même offert ça, c’est gentil, n’est-ce pas ? C'est une machine pour nettoyer les oreilles. Il restera propre, je le promets !Et une fois qu’elle n’en voudrait plus, elle s’en débarrasserait sans embêter sa famille avec ! D'ailleurs, Artaher voulait peut-être un peu de "musique" pour se détendre? - Spoiler:
@Artaher
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Ven 19 Déc 2014 - 21:02 | |
| Avant qu'il ait pu dire "ouf", l'Enwr se retrouvait dans les bras d'Enetari. Au moins, elle était pleine de vie, c'était agréable à voir ! Enfin, ç'aurait sans doute été agréable à voir, si elle n'avait pas eu sa précieuse vièle dans ses mains ! C'était d'ailleurs elle qu'il regardait, lors du câlin. Oh, petite vièle… Il avait très bien perçu son cri, son appel au secours quand la malheureuse avait essayé d'en jouer. Diantre, qui s'était occupé de l'éducation musicale de cette enfant ? Le charlatan ! Si Dawan le croisait, il… Il…! Mh. Il ne ferait rien de particulier, sans doute. Attrapé, baladé comme une poupée de chiffon, dans un premier temps, l'Enwr suivit sa "camarade" de "fortune", sans vraiment se questionner, sans réaliser ce qui se passait. Il ne prit garde à son environnement que lorsqu'à nouveau il manqua de rejoindre les flots. Le sol se rapprocha dangereusement de lui, et si la force d'Enetari ne l'avait pas aidé, sans doute n'aurait-il pas réussi ces deux-trois pas de danse qui lui permirent de retrouver une course relativement stable. Enfin, "stable", jusqu'à ce que la petite commence à tanguer également, et que ce soit à lui de la sauver (et surtout, de sauver le précieux bout de bois qu'elle menaçait de mort à chacun de ses mouvements). Par plusieurs fois il poussa de petits cris effarés devant le péril de leur situation. Par plusieurs fois l'angle de son corps par rapport au sol se trouva dangereusement aiguë, et il ne put que remercier les Esprits et le Dracos de le maintenir debout.
Aussi son soulagement fut grand lorsqu'enfin ils rejoignirent un lieu plus sûr à la course. Il oublia de répondre au sourire d'Enetari, occupé qu'il était à se tourmenter à base de "on auriat pu y passer" et de "Olosir, ô Olosir, pardonne-moi". Brusquement, il se retrouva à nouveau tout près d'elle. Il était malaisé d'avancer ainsi et après leur escapade, il n'aspirait plus qu'à une allure normale ! Il n'osa pas protester ou se libérer, néanmoins. Pas tellement parce qu'elle avait sa vièle, cette fois, mais plutôt parce que pour lui ce n'était qu'un mal-être, et elle, cela avait l'air de lui faire plaisir… Puis il parut un moment contrarié. Que voulait-elle faire de lui ? Un animal "de compagnie", comme ceux qu'avaient les humains ? Ce sort-là ne l'attirait que très moyennement, à vrai dire. Ses ambitions actuelles étaient plus attrayantes, plus en accord avec lui-même. Et il doutait que la petite soit réellement malheureuse s'il refusait. Il voulut protester, mais au lieu de produire une phrase complète, il ne parvint qu'à extraire un seul mot:
"- Foin."
…Foin. Il avait dû penser à cet humain qui une fois avait tiré sur la bouche d'un cheval comme un forcené pour l'écarter de son foin, en même temps qu'il pensait à ce qu'il voulait réellement dire ("cela me siérait fort peu tant cela diffère de mes intérêts premiers"). Et le foin l'avait emporté. S'il le réalisa, en tout cas, il n'eut pas le temps de se corriger. Son "amie" faisait de grands signes à quelqu'un. Un elfe qu'il avait déjà vu, mais dont il peinait à se souvenir de l'identité. Il attendit un peu, et quand ledit elfe fut à hauteur d'oreille, cela lui revint alors. Il revit son copain Enwr lui montrer cet homme, et… "Artaher Terendul". Son esprit fit vite le lien entre les paroles de la petite et l'adulte qui leur faisait face. La fille d'Artaher Terendul. Soit. Les mots du copain Enwr revinrent à nouveau à sa mémoire: "on dit de lui qu'un rien l'agace". Oh, Dawan n'avait pas de raison de l'agacer, non ?
"- Je ne veux pas vraiment être son anima-…"
Alors que, calmement, doucement et pour ainsi dire assez sérieusement, Dawan allait exprimer l'absence de son consentement dans la décision d'Enetari, une violente douleur apparut au niveau de son pied. Il l'exprima d'un cri aiguë qui pouvait également paraitre pour une sorte de glapissement, alors qu'il tentait de dégager son pied, pour soulager ses pauvres orteils. Et alors qu'il gesticulait dans ce sens, les mots d'Enetari lui parvinrent. La gorge étranglée par la douleur, il ne put que faire des signes vifs de tête pour signaler à Artaher Terendul que non, ce n'était pas le cas, et cette petite mentait. Un mensonge éhonté et… Il ignorait s'il devait prendre la métaphore désignant sa vièle comme un compliment ou une insulte. Dans tout les cas, il n'avait pas la tête à prendre quoi que ce soit: il avait mal, peur pour Olosir, et peur d'une horrible méprise si chère amie parvenait à faire passer son mensonge pour vrai auprès de son père !
Dernière édition par Dawan Sywel le Dim 4 Jan 2015 - 20:05, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Dim 21 Déc 2014 - 20:51 | |
| Comme Artaher l'avait affirmé à son épouse quelques semaines auparavant tandis qu'ils préparaient le départ de leur famille, la peur de l'inconnu et la perte de repères due à ce déracinement culturel forcé avaient rapidement laissé la place à l'excitation de la nouveauté dans l'esprit aventureux des triplés. A peine avaient-ils reçu leurs anneaux de la résistance que les trois garnements rebelles s'étaient empressés de se soustraire à la vigilance de leurs parents pour tout explorer, tout découvrir, tout rencontrer. On aurait pourtant pu penser que, la fatigue du voyage aidant, les trois adolescents accorderaient à leurs parents quelque répit, mais c'était sous-estimer la fougue de la jeune génération Terendul. Oublié l'épuisement, l'aventure attendait ! A croire que les siècles d'avenir qui s'étiraient encore devant eux ne suffiraient pas à leur laisser le temps de voir tout ce qu'il y avait à voir, mais Artaher pouvait-il décemment leur en faire le reproche ? Lui dont l'impulsivité et l'impatience étaient célèbres dans tout le royaume ? Probablement pas, peut-être même aurait-il pu s'en amuser s'il n'y avait dans son esprit la menace constante que faisait peser sur sa progéniture la proximité des vampires. Certes, on les disait leurs alliés dans cette guerre, on lui avait décris avec force détails les accords et en particulier, l'interdiction formelle pour les créatures de la nuit de s'attaquer à quiconque possédait l'anneau symbolique de la rébellion. Mais sérieusement, il y avait-il quiconque ici pour croire qu'il suffirait d'une bague pour retenir la bestialité vampirique ? Artaher en tout cas n'y croyait pas, ne pourrait probablement jamais y croire d'ailleurs, aussi garderait-il un oeil attentif sur les agissements des prédateurs et gare alors à celui qu'il surprendrait à ne serait-ce que poser le regard sur la nuque de son épouse ou de l'un de leurs enfants.
Et cette journée débutait justement de bien inquiétante manière : Enetari avait disparu avant même le premier repas de la journée et demeurait jusqu'alors introuvable. Certes, cela n'était finalement rien de très inhabituel la concernant, elle qui était toujours à l'affût d'une nouvelle péripétie dans laquelle s'élancer, mais ils n'étaient plus désormais à l'abri de leurs précieuses forêts et le danger rôdait partout ici : pour sa propre sécurité, la demoiselle devrait rapidement apprendre à modérer ses élans aventureux. Et la plus élémentaire prudence commençait par informer ses parents des endroits où elle se rendait plutôt que de filer telle une voleuse avant les premier rayons du soleil... enfin, si tant qu'il put encore s'exprimer de la sorte à présent qu'ils passaient le plus clair de leur temps sous terre. Fichue forteresse souterraine. Toujours est-il que la haute silhouette du général elfique s'était lancée à la recherche de la cadette de la famille sitôt sa disparition avait-elle été remarquée. Questionné à ce sujet, un garde humain avait mentionné avoir effectivement aperçu une jeune elfe aux cheveux d'argent se diriger vers la caverne de Coeurempire et son lac souterrain. Bon, au moins, il progressait, mais en arrivant sur les rives du lac en question, point d'Enetari. Soucieux, Artaher demeura quelques instants à scruter l'étendue liquide et ses abords. L'eau paraissait calme et à supposer que la jeune fille eut l'idée de s'y baigner, on imaginait mal qu'elle ait pu s'y noyer, alors...
Alors rien, le regard aux reflets azurés du colosse venait de se poser sur une chevelure éclatante qui ne pouvait appartenir à nulle autre que sa fille, laquelle venait de surgir d'un endroit reculé jusqu'alors à l'abri des regards. Et la demoiselle n'était de toute évidence pas aussi seule qu'il aurait pu le penser. A qui donc appartenait la frêle silhouette qui accompagnait la jeune adolescente ? Un elfe, de toute évidence, mais aussi étrange que cela put sembler, cette constatation ne rassura pas le général autant que celui-ci l'aurait souhaité. Sa fille en compagnie d'un elfe, d'un jeune elfe même, probablement pas beaucoup plus âgé qu'elle, si ce n'était plus jeune encore, voila qui ne manquait pas interpeller la méfiance paternelle du colosse qui s'approchait rapidement des deux jeunes gens. Pétillante, désarmante même, Enetari ne lui laissa guère l'opportunité de réclamer des explications et s'empressa de lui présenter sa nouvelle découverte. Un animal de compagnie ? Qu'elle voulait garder ? Et qu'elle empêchait manifestement de s'exprimer par crainte qu'il put la contredire, par exemple ? Sans oublier cet instrument qu'elle lui vendait comme un outil pour se nettoyer les oreilles. C'en devenait totalement absurde, un peu trop à son goût d'ailleurs.
L'imposant père de famille se fendit d'un regard inquisiteur, pour ne pas dire accusateur, tandis qu'il passait alternativement de l'un à l'autre des deux visages qui se tenaient devant lui. Les traits juvéniles du compagnon de sa fille ne lui étaient pas familiers, aussi put-il rapidement écarter l'hypothèse qu'il fut militaire ou membre d'une famille influente du royaume. Bonne ou mauvaise chose ? Difficile à dire et ce quand bien même il n'appréciait que très modérément la voir agir de la sorte envers l'un de ses semblables. S'inclinant, le général salua le jeune elfe et se présenta conformément aux règles en vigueur dans la société elfique avant de tourner son attention sur le joli minois de son enfant pour la sermonner :
« Cesse un peu de dire des bêtises, je croyais que nous avions convenu que vous ne quitteriez pas la caverne des songes sans nous en avertir au préalable. Ta mère se fait un sang d'encre. »
Et lui aussi, quoique lui ne l'avouerait certainement pas si facilement. D'un geste, Artaher incita la demoiselle à lui remettre le fameux instrument dont il s'empara délicatement. Le bois grinça légèrement tandis qu'il refermait les doigts dessus : s'il peinait encore à maîtriser sa force, il n'en brisait plus pour autant le moindre objet qu'il effleurait. Ramenant ensuite son attention sur le bienfaisant donateur, il commenta :
« C'est un beau cadeau que celui-là, très généreux de votre part. Pourrais-je savoir à quelle occasion ? »
A en juger par l'humide tenue du jeune musicien, ce qui s'était déroulé de l'autre côté des rochers devait avoir été particulièrement animé, le tout à présent était de déterminer à quel point. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Sam 3 Jan 2015 - 20:28 | |
| Foin ? Eh bien, il se croyait déjà à l’écurie ? Dracos, qu’il était docile ! Il n’avait de toute évidence pas fallu longtemps à Enetari pour convaincre son nouvel « ami » de sa nouvelle identité. Brave bête. Dommage qu’il ne paraisse pas assez musclé pour la porter ni pour quoi que ce soit d’autre. Mais s’il voulait tout de même se nourrir de fourrage, ce n’était pas un souci ! Tirée de ces problèmes d’intendance par la silhouette de son père approchant, Enetari réfléchit rapidement à une façon de limiter la casse. Nul doute que son géniteur n’apprécierait que moyennement la situation, ce n’était pas le moment d’avoir une bouche de plus à nourrir, quand bien même resterait-elle avec les chevaux. Il allait encore râler en invoquant les bonnes mœurs, la facon de se comporter… Mais pourquoi s’était-il levé si tôt ? Toutefois l’accueillir avec le sourire semblait être une très bonne idée pour tenter de désamorcer le conflit avant qu’il n’apparaisse. Ce qui, de toute évidence, était raté. Avec une moue chagrine, elle posa de grands yeux tristes sur Artaher, jurant intérieurement. Par tous les esprits, elle n’allait tout de même pas rester enchaînée à la surveillance parentale toute sa vie, non ? Elle était désolée ‒ou pas‒ pour sa mère qui s’inquiétait mais il faudrait bien que le couple adulte comprenne que leurs enfants avaient besoin de liberté. Après tout, elle était libre de se promener dans les bois, lorsqu’ils étaient encore chez eux. Ils avaient grandi entre temps, mûri (enfin presque), Enetari ne comprenait absolument pas pourquoi cette habitude devrait changer. Ils n’étaient pas en danger dans la ville enterrée et quand bien même cela aurait-il été le cas, il fallait bien qu’ils apprennent à se défendre.
-Ce n’est pas grave, elle est archiviste, elle comprendra mieux ses livres comme cela.
Avec une nouvelle moue digne d’une grande comédienne et assez touchante pour faire rebattre un cœur de vampire, la jeune demoiselle tendit la vièle si convoitée à son père, serrant dans sa main les doigts délicats du musicien à ses côtés comme pour le rassurer. Mais non, son père ne ferait pas de mal à son instrument tant aimé. Encore que… Ce serait amusant, s’il le faisait. Comment le petit être si frêle et si paisible réagirait-il ? Se laisserait-il toujours faire ? Elle avait presque envie d’énerver son paternel juste pour voir s’il serait capable de se retenir, avec sa force d’ours.
-Parce que c’est mon ami de compagnie, il me fait connaitre Aigue et plein de secrets ! D’ailleurs, il parait que l’eau de ce lac est très agréable pour se baigner. Mais vous devriez poser cela, Père, elle va finir en miette. Comme la salle de bain, vous souvenez-vous ?
Elle lui décocha un nouveau sourire, emplit de moquerie malicieuse cette fois. Ce n’était pas méchant et son père la connaissait assez pour le savoir, mais cela n’en demeurait pas moins un brin insolent. Et totalement provocateur. Elle savait parfaitement que ses paroles n’auraient pour tout résultat que d’inquiéter Dawan. Et elle voulait voir sa réaction ; à moins, bien sûr, qu’elle ne trouve un moyen de tirer profit de tout cela. Reculant légèrement avec une fausse moue inquiète, la jeune fille passa derrière sa victime du moment pour se hisser sur la pointe des pieds, collant ses lèvres roses et délicates contre l’oreille du jeune homme pour n’adresser son murmure qu’à lui.
-Il a tendance à casser tout ce qu’il trouve quand il se fâche. On ferait mieux de partir et récupérant ton jouet, mais je ne t’aiderais que si tu m’offres quelque chose ensuite.
Rayonnante, elle lui décocha un sourire d’une pureté hypocrite au vu de son chantage précédent avec de prendre son visage de petite fille sage pour s’adresser à son père, qui avait visiblement peu apprécié cet échange mystérieux, d’une voix candide.
-Est-ce déjà l’heure du petit déjeuner ?
Bon et bien à présent, il allait falloir que son compagnon du moment se débrouille pour récupérer son jouet et paraitre le plus innocent qu’il puisse le faire, si possible en quittant son air un peu perdu. Après tout, Enetari l’avait aidé non, et elle avait accepté de renoncer à la possession du nettoyeur d’oreilles. Il lui devait bien cela, en échange, l’aider à se débarrasser de son père si sévère. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Lun 5 Jan 2015 - 22:44 | |
| Un couinement de douleur échappa à Dawan lorsque le bois de sa vièle grinça, entre les mains du père Terendul. Son regard passait rapidement de sa vièle au général. Comme si regarder Artaher pouvait empêcher ce dernier de briser Olosir en deux sous ses yeux ! Il fallait sortir la belle de ce pétrin ! Les énormes bras du père de son amie évoquaient à Dawan les membres puissant d'un cheval de combat. Or, ces derniers n'étaient pas réputés pour leur délicatesse, la finesse de leurs mouvements… Ohlala, qu'il écarte ses sabots d'Olosir, un faux mouvement était si vite arrivé ! Ce n'était donc pas qu'il n'aimait pas cet elfe-là. Il n'avait rien non plus d'ailleurs contre sa fille, bien que cette dernière soit pour le moins… Vive. Non, ils étaient sas doute plein de qualités ! Surtout si l'on fermait les yeux sur le nombre de morts dus à ce Sieur Terendul ! Non, le vrai souci n'était pas son amour ou non, le souci était qu'ils soient si près de lui faire un très grand mal, qu'ils le veuillent ou non. L'inquiétude s'était posée sur les traits de Dawan, mais pouvait très bien passer pour de la terreur. Dire que la petite parlait encore avec tant d'enthousiasme ! Il ignorait comment elle y parvenait. Quelque part, c'était une chance qu'il soit autant occupé à comparer mentalement leur ainé à un cheval de trait. Au moins il ne perçut pas totalement ce que racontait Enetari. Une complainte se mêlait à ces pensées, comme une musique qu'aurait joué Artaher avec sa vièle, sans le vouloir. Il eut une grande inspiration, surpris, lorsque sa cadette murmura à son oreille. Que… Il allait se fâcher ? Et casser sa Vièle ? Le peu de couleur qu'il restait à sa peau disparut, il devint livide. Non…
"- Entendu."
Murmura-t-il, sans détourner son regard du général. Il remarqua alors seulement que ses mains (à Dawan) étaient occupées entre elles, à tordre gentiment ses doigts dans un sens, un autre, nerveusement. À contrecoeur, comme si quelqu'un le poussait dans le dos, il s'approcha de Messire Terendul, et lui rendit le salut protocolaire qu'il lui avait adressé. Il ignorait dans quoi il s'était engagé. Mais c'était pour sa mie !
"- Je suis Dawan Sywel, Messire. Second fils d'Eshil Sywel, et Enwr." La politesse ne pouvait que jouer en sa faveur, non ? "Je crains que vous vous fourvoyiez, Messire. Cette vièle a environ cent ans, et c'est un cadeau..." Son esprit s'évada. Etait-ce un moyen pour lui de se protéger de l'idée d'Artaher brisant ce qu'il avait de plus précieux ? D'économiser ses forces ? En tout cas, cela se sentit quand, durant un court instant, il se tut, et parut plus ou moins absent. Coup de chance, il se reprit. "C'est un cadeau que l'on m'a fait, je ne peux l'offrir. Mais votre fille ayant l'air de beaucoup apprécier les cadeaux, je compte bien profiter de cette occasion pour lui en faire un ! Ne vous en faites pas, je ferai de mon mieux pour ne point la décevoir !"
Déjà il tendait une main vers Artaher, dans une demande tacite, le regard encore habité de l'inquiétude qu'il avait. Mais, comme s'il réalisait l'impolitesse d'un tel geste, celui de sa main, il l'utilisa finalement en faisant un demi-rond avec, comme s'il s'apprêtait à faire une courbette ou un pas de danse. "Mais vous avez raison ! La famille avant tout ! Peut-être voudriez-vous un cadeau vous aussi ? Peut-être que je peux vous offrir quelque chose, à vous aussi ! Dites-moi donc ce qui vous ferait plaisir, et nous l'irons chercher dans l'heure !" Pourquoi ne gâter qu'Enetari, au fond ? Surtout après l'avoir dit devant son père ! Ce dernier était en droit d'être envieux, de voir quelqu'un couvert de belles intentions, et pas lui. Alors il voulait réparer également cette erreur qu'il venait de faire ! Et sa voix en était témoin, elle portait quelque chose qui témoignait de son engouement. Son regard, en revanche, ne quittait pas les doigts du père Terendul, ceux sur sa vièle. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Lun 12 Jan 2015 - 18:21 | |
| Sa fille avait ce talent, proprement insupportable au demeurant, de saisir la moindre perche qui lui était tendue pour amener à une conversation tout ce qu'il y avait de plus sérieux un côté passablement ridicule. C'était ainsi pratiquement depuis qu'elle avait commencé à parler, Artaher en était donc parfaitement conscient et l'on pouvait penser qu'avec les années, il serait parvenu à s'y habituer, à surveiller ses mots. Mais rien n'y faisait, l'imagination de la jeune fille parvenait toujours à s'emparer d'un détail auquel il n'avait pas pensé. Le pire, c'était qu'il était bien incapable de le lui reprocher plus de quelques secondes et l'incident passait le plus souvent sous silence, comme ce fut le cas cette fois encore. Intrigué par les explications qui lui étaient données, le général elfique laissa son regard clair aller et venir pendant quelques instants, de l'un à l'autre des deux visages levés vers lui, avant de lever un sourcil franchement méfiant à l'égard du jeune elfe. Un ami de compagnie, des secrets, une baignade dans l'eau du lac, voila bien plus qu'il n'en fallait pour éveiller la curiosité du père d'une adolescente aussi pétillante que celle-ci. Et comme si cela ne suffisait pas encore, voila qu'elle se permettait de glisser un murmure complice à l'oreille de ce nouvel ami. Instinctivement, Artaher écarta les épaules et releva le menton, baissant les yeux vers ceux du jeune musicien tandis que celui-ci se présentait. Sywel, Dawan Sywel. Le patronyme ne lui était pas inconnu et pour cause : il s'agissait d'une famille qui, à l'instar des Terendul, avait eu la chance de fêter plusieurs naissances ces derniers siècles.
Immobile, Artaher considéra silencieusement le petit bout d'elfe qui se trépignait devant lui avec nervosité. La vièle lui semblait particulièrement précieuse, et ses explications n'en paraissaient que plus nébuleuses : s'il ne pouvait l'offrir, pourquoi était-ce dans les mains d'Enetari que le général l'avait retrouvée ? La réponse à cette question, le Terendul la trouva d'un simple coup d'oeil en direction de sa fille, dont le regard se révéla un peu trop innocent que pour être parfaitement honnête. Lèvres scellés, le général accorda un regard sévère à son enfant avant de ramener son attention sur l'apprenti baptistrel qui ne ménageait pas ses efforts pour s'attirer la sympathie du colosse. Non seulement il insistait pour faire un cadeau à Enetari, mais plus encore, il ferait de son mieux pour ne pas la décevoir ? Voila un bien noble sentiment de sa part, si tant est qu'on ne se risque pas à s'intéresser aux différentes interprétations qu'il était possible de donner à une telle affirmation. En revanche, toute la maîtrise que pouvait avoir Artaher sur ses faits et gestes n'eut pu retenir l'expression de franche stupéfaction qui venait de se glisser sur son visage : avait-il bien entendu ? Un cadeau ? Le jeune elfe proposait de lui offrir un présent ? Ce devait être une plaisanterie, mais le sérieux avec lequel la proposition lui avait été faite semblait plutôt indiquer qu'il n'en était rien. Mais à quel jeu jouait donc cet hurluberlu ? Et par le Dracos et tous les Esprits, à qui croyait-il s'adresser exactement ?
« Ce qui me ferait plaisir... »
Il avait prononcé ces mots machinalement, d'une voix grave et pensive, comme s'il espérait par ce stratagème gagner les quelques secondes de réflexion dont il avait besoin pour formuler une plus juste réponse. Finalement, il reprit avec une rigueur typiquement militaire :
« Ce qui me ferait plaisir, jeune Sywel, serait que vous vous absteniez à l'avenir d'encore essayer vous attirer ma considération par de tels moyens. »
Son regard se fendit d'un soupçon de menace tandis que ses doigts resserraient un peu plus encore la pression qu'ils faisaient peser sur le bois de l'instrument qu'il tenait toujours entre ses mains :
« Je ne suis pas de ceux qui s'achètent au travers de cadeaux, aussi j'aime autant vous prévenir, si nous devons être amené à nous côtoyer... »
Pas un geste, pas un regard, le seul timbre de voix sur lequel ces mots avaient été prononcés suffisait à faire comprendre que le Terendul désignait indirectement les accointances que pouvait envisager l'apprenti chanteur vis-à-vis de sa fille.
« ... mieux vaudrait pour vous apprendre à mesurer votre ... enthousiasme, si tant est que je puis user d'un tel qualificatif. »
Considérant l'incident clos, Artaher consentit à restituer sèchement l'instrument à son légitime propriétaire, non sans laisser peser sur ce dernier un regard particulièrement lourd. Ce n'était plus un secret à présent qu'Artaher n'appréciait pas beaucoup ce prétendant, mais d'un autre côté, pourrait-il jamais apprécier voir un jeune homme dans l'entourage de sa fille ? Lorsqu'il abordait le sujet avec son épouse, Lisaë semblait lui faire confiance sur ce point, mais lui, pour sa part, restait sceptique. Et ce d'autant plus si l'heureux élu devait ressembler à celui qui se tenait devant lui.
Finalement, le colosse ramena son attention sur l'adolescente qui n'avait semblait-il pas loupé une miette du spectacle qui venait de lui être offert, lui intimant fermement :
« Le repas sera servi dans une quinzaine de minutes et je veux t'y voir, alors tâche de ne pas être en retard. »
Et cette fois, toute l'insouciance et la candeur du monde ne suffiraient pas à amoindrir l'intransigeante sévérité avec laquelle le paternel avait donné ses consignes.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Jeu 15 Jan 2015 - 19:25 | |
| Ah, Lalalala ! Mais pourquoi n’était-il pas muet ? Le regard inquiet, Enetari observa Dawan en se demandant si l’assommer purement et simplement pouvait être discret. Le seul problème était qu’elle n’avait absolument rien pour le faire et que son père avait hélas un regard trop perçant. A moins qu’elle ne fasse semblant de s’intéresser à un problème dentaire et qu’elle ne lui tranche la langue par mégarde ? Histoire qu’il cesse ses bêtises avant de finir de nouveau dans le lac des mains d’Artaher ; encore que la fille de ce dernier serait par trop hilare d’assister à une telle scène. Savait-il seulement à qui il s’adressait ? Non, évidemment, mais ce n’était pas excuse pour avoir un tel comportement. Lui proposer un cadeau… Vraiment, il avait de ces idées étranges ! Un œil attentif sur son père, l’autre ‒enfin, c’était imaginé, quoi qu’elle aurait largement apprécié être un caméléon ; piquer dans les cuisines en toute discrétion grâce à une langue immense et rétractable, cette idée était pour le moins amusante‒ sur son nouvel ami forcé, la petite elfe attendit de voir la suite des évènements, ne doutant pas que l’esprit militaire et très droit de son géniteur n’apprécierait guère cette façon de faire. Ah ? Ce n’était pas le c… Ah si. Cela lui avait paru louche, aussi, ce soi-disant moment de réflexion. Après tout, après plus de quatre-vingts ans à le côtoyer, la demoiselle commençait par suffisamment bien connaitre son père. Fascinée, elle glissa, mine de rien (à défaut d’avoir un crayon), un regard vers la vièle désespérément coincée entre les doigts d’Artaher : combien de temps résisterait-elle à la pression ? Cette dernière allait augmenter ? Si tel était le cas, qu’est-ce qui cèderait en premier ? A moins bien sûr qu’elle n’éclate complètement. Tout cela était réellement fascinant, elle devait bien l’avouer. Cette scène était pleine de suspense, de tensions mal dissimulées et de colère rentrée. Quels étaient les secrets de chacun des deux protagonistes ? Lequel gagnerait ? Les paris étaient lancés. Et sans doute la demoiselle aurait-elle pu, ou dû, aide son elfe de compagnie mais après tout, puisqu’il avait décidé de se mettre seul dans cette pénible situation, autant l’y laisser. Il fallait savoir se défendre contre les bêtes sauvages, et un ours était un bon entrainement !
« […] si nous devons être amené à nous côtoyer… » oh mais finalement, tout n’était pas si mal que cela ! Le soldat appréciait finalement le petit futur-baptistrel, bien qu’Enetari ne voit pas vraiment comme les deux pourraient se côtoyer. A moins que son géniteur ne devienne lui-même l’un de ces maitres de douceur, mais elle avait, comment dire, quelques doutes. Vraiment. Donc, possiblement se faisait-il des idées, fausses bien sûr ? Cela lui ressemblerait bien, après tout. Ah, les parents, toujours à s’inquiéter pour un oui ou un non. Même pour des peut-être parfois, c’était peu dire. Il aurait tout de même pu être heureux de voir que sa fille se faisait des amis, mais non, il fallait qu’il se tracasse.
-Bien sûr père. Je ne voudrais pas vous causer le moindre chagrin en vous privant de ma céleste présence.
Le visage parfaitement impassible mais toute la moquerie du monde dans le regard, Enetari effectua un splendide salut militaire à son père avant d’attraper Dawan par la manche et de l’entrainer en courant derrière elle, non s’en s’être assurée qu’il avait bien récupéré sa chère vièle. Il aurait été capable de faire demi-tour pour la chercher, cette andouille. Laissant planter là son paternel sans le moindre remord, elle finit par s'arrêter dans l'une des galeries en pouffant de rire, pas le moins du monde inquiète à l'idée du dîner qui l'attendait.
-Remercies-moi, je suis sûre qu’il t’aurait tranché la gorge si je n’avais pas été là, exagéra-t-elle sans remords ; maintenant, tu me dois un cadeau ! Il est amusant, mon père, n'est-ce pas?
Trépignante d’impatience, la petite blonde le fixa avec de grands yeux brillants avant de se diriger en sa compagnie vers le marché noir. Que pourrait-il lui offrir ?
-Je ferme les yeux et tu choisis pour moi, d’accord ? Mais quelque chose de bien !
Après tout, elle lui avait gracieusement laissé la vièle, ce n’était pas pour rien. Elle escomptait bien avoir un beau cadeau, et de toute évidence Dawan avait compris le message. Les mains devant les yeux avec le sourire innocent d’une enfant de trois ans recevant des sucreries, sa longue chevelure argentée ondulant dans son dos, la demoiselle Terendul attendit patiemment, du moins autant qu’elle en était capable, que le jeune apprenti baptistrel fasse son choix. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Ven 16 Jan 2015 - 19:51 | |
| Inutile de dire que Dawan ne s'était pas vraiment attendu à cette réaction, venant d'Artaher. Bon, il le connaissait trop peu pour que ses attentes tombent juste, de toutes manières. Mais habituellement, les cadeaux plaisaient toujours ! Il n'y avait qu'à voir l'enthousiasme manifesté par Enetari pour s'en convaincre. En tout cas, le ton brusquement militaire d'Artaher figea son visage dans une expression neutre, et son coeur dans l'expression de sa déception. Lui qui espérait faire plaisir, voilà qu'il produisait le contraire de l'effet escompté. Quelle guigne ! Il avait vraiment le chic pour blesser les gens sans le vouloir ! Il aurait pu s'en douter, tout de même, qu'Artaher devait avoir l'habitude d'être couvert de cadeaux par des subordonnés avides de promotions. Un grincement du bois de la vièle trouva son écho dans le coeur de Dawan. Les lèvres mordues, il mourrait d'envie d'expliquer au père Terendul combien il se fourvoyait, mais quelque chose en lui murmura qu'il ne serait pas cru, quand bien même il était Enwr. Paradoxalement, alors qu'on aurait pu l'imaginer fuir le regard de ce père au ton bien trop sec à son goût, il leva le nez vers lui. Il aurait bien aimé être compris sans avoir besoin de parler. Mais pour parvenir à ces fins, généralement, il utilisait sa vièle. S'il perçut les menaces dans le ton d'Artaher ? Assurément. Sa vièle était cependant assez menacée pour que cela ajoute à ses craintes. De même il sentit qu'il y avait un sous-entendu, quand il parlait de côtoyer Enetari. Si Artaher n'avait pas mis autant de soin dans ces mots, il n'aurait sans doute pas compris. Il en vint à se demander ce qu'il avait pu faire aux esprits pour être si peu compréhensible, lui. Déjà, on l'imaginait capable d'acheter les gens par des cadeaux, et maintenant, potentiel prétendant de cette enfant qui le malmenait !
Olosir revint entre ses mains. Enfin ! Jamais plus il ne l'écarterait de lui, oh non ! Il laissa ses doigts courir sur le bras, vérifia qu'elle n'avait rien de cassé. Autant dire qu'il la mirait avec mille fois plus d'amour qu'il avait pu mirer Enetari. Alors les regards lourds d'Artaher, ses paroles, la réponse d'Enetari..! Cela lui importait si peu ! C'était si loin ! Au moment où Enetari attrapa sa manche, encore humide de son séjour lacustre, il était bien trop occupé à fredonner mentalement une sérénade à sa vièle pour réagir de façon adéquate. Lorsqu'il songea qu'il devrait saluer le père de sa Dawanappeuse, il était déjà trop tard, trop loin. Il n'avait même pas eu le temps de remettre Olosir en sûreté, dans son étui. Guidé par son instinct plus que par sa raison, il "suivit" Enetari, jusqu'à ce qu'elle le laisse enfin souffler, quelques galeries plus loin. "Amusant", son père ? Ce n'était pas du tout le terme qu'il aurait employé.
"- Il n'a pas l'air de beaucoup aimer rire", confessa Dawan, à mi-voix, comme s'il craignait d'être entendu.
Le beau duo avança donc jusqu'à la caverne de feu et d'acier, jusqu'au marché noir, comme convenu. Elle ne perdait pas le nord, cette petite. Lui, avec ces histoires, avait failli ne pas s'en souvenir. En chemin, il remit sa vièle sur son dos, essaya en vain d'essorer ses cheveux, lesquels s'agglutinaient les uns aux autres pour ne plus former qu'une masse difforme posée sur sa tête. Ses habits peinaient à sécher. Il serait volontiers retourné dans la caverne des Songes, récupérer quelque chose de plus confortable. Finalement, la jeune fille lui offrit le choix du cadeau. Erf. Il avait intérêt à ne pas se tromper, sans quoi sa vièle risquait encore d'y passer ! À toute allure, Dawan observa autour d'eux. Indécis… Il y avait tant de choses ici, tant de choses qui pouvaient plaire et déplaire ! Un vendeur dû percevoir sa détresse, car il l'aiguilla dans son choix. Ce qui fait que Dawan se décida plus rapidement… Sur un objet qui n'avait pas été désigné. Tintement de pièces, sourire de Dawan, remerciements. Il se tourna vers Enetari, le torque en main, avec un sourire tout doux. |
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| Sujet: Re: Les sceaux de la jeunesse [Enetari] TERMINE Ven 23 Jan 2015 - 12:01 | |
| Les paupières abaissées de la jeune elfe dessinaient sur ses pommettes l’éventail de ses cils fournis, sa petite bouche légèrement arquée en un fin sourire enthousiaste adoucissant le visage clair encadré de la rivière argentée qui coulait sur ses épaules. Quelques visages se tournaient, curieux et fascinés, vers ce beau visage immobile figé au beau milieu du marché noir, comme dans l’attente de voir cette statut étrange s’éveiller à la vie. Exceptionnellement patiente pour une fois, Enetari attendait patiemment, tout simplement, le retour de son nouvel ami. Un cadeau il lui avait promis, un cadeau elle aurait, mais plus que cela c’était une surprise qui l’attendait et cette idée la ravissait. Elle adorait les présents. Qu’importait de quoi il s’agissait précisément du moment que c’était joli et désirable, la demoiselle se trouvait satisfaite du simple fait de recevoir une babiole. Donner, moins ; sans doute cela pouvait-il paraitre très égoïste de sa part, mais qu’y pouvait-elle ? Elle ne souhaitait pas changer, et trouvait normal que ce soit aux autres de chercher à la combler. Peut-être, un jour, cela se retournerait-il contre elle, mais pour l’instant, peu avaient su résister à son regard perle et au charisme qu’il dégageait. Un jour, se promit-elle, un jour le monde entier serait à ses pieds. Nul roi, nul chef de guerre, nul prince ne pourrait être au-dessus d’elle, aucun ne résisterait à la plus jeune des Terenduls.
Dawan était revenu, le cadeau en mains. Se décidant à ouvrir les yeux sur son invitation, Enetari les posa sitôt sur le magnifique torque qu’il lui présentait, un bijou épais d’argent et d’or. Ce n’était pas vraiment le genre de parure que la demoiselle aurait choisi, elle leur préférait les ornements plus délicats, mais il était joli, si particulier soit-il. D’une beauté un peu sauvage, si particulière à ces ouvrages un peu rustiques. Il dégageait une certaine puissance, et, finalement, se trouvait digne d’une future reine, ce d’autant plus que le jeune elfe lui montra comment le transformer en une cordelette aussi fine que cela pouvait être utile. Un objet magique donc, voilà qui plaisait doublement à la jeune fille. Un sourire ravie étira ses lèvres et, pleine d’une gracieuse dignité, demanda à Dawan de le lui mettre. Le laissant s’exécuter, elle finit toutefois par perdre cette gravité momentanée pour reprendre cette habitude qu’elle avait de sauter partout : au cou de l’apprenti baptistrel, en l’occurrence, à qui elle collait un touchant baiser sur la joue avant de le faire tourner autour d’elle sans lui demander son avis. Le pauvre avait heureusement rangé sa vielle, mais cette dernière n’intéressait de toute façon plus l’adolescente ; du moins plus pour l’instant.
Le temps avait passé, néanmoins, et les quinze minutes arrivaient à leur fin. Le temps de faire demi-tour, de folâtrer un peu, Enetari serait en retard malgré l’avertissement de son père. Mais qu’importait ; si ce dernier pouvait effrayer le jeune compagnon de la jeune demoiselle de cette mouvementée matinée, il ne parvenait pas à affoler de quelque façon que ce soit sa propre fille. Cette dernière, prenant congé de son ami avec la vivacité et la gaieté qui étaient siennes, le décoiffa avant de filer, décochant un clin d’œil tandis que ses pieds dansaient sur le sol pour l’éloigner en direction de sa famille. Après tout, ils se reverraient, elle en était sûre. Elle n’abandonnait pas si facilement ses jouets tant qu’elle ne s’en était pas lassée.
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