|
| Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir | |
| Auteur | Message |
---|
InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Mer 29 Avr 2015 - 13:33 | |
| 1 Janvier de l'an 5 de l'âge d'obsidienne
Le temps était encore plus pluvieux que d'ordinaire, ce qui n'était pas peu dire dans cette partie du continent. Sombreval comme les appelaient les humains et les vampires. Le val sombre. Pas vraiment un val en vérité, quoi que… la région se creusait effectivement, profonde, et une brume persistante stagnait là, rendant le paysage sinistre et déprimant. Elle n'aimait pas ces lieux et pourtant, elle n'était pas créature à se plaindre de la nature. Mais était-ce vraiment le fait de la nature ? Elle en doutait, c'était trop mauvais pour l'être. La nature n'était pas mauvaise, simplement franche. Peu importait de toute façon, elle ne pouvait guère quitter son lieu de repos. Enroulée à demi sur la ville, elle somnolait vaguement sous la pluie battante, diluvienne, qui lui lavait les écailles. Ou les salissait. Il y avait quelque chose dans cette pluie. Quelque chose qu'elle n'aimait pas. Elle n'aurait jamais accepté de boire quelque chose venant de cette pluie. Quand elle voulait s'abreuver, elle allait ailleurs. Il pleuvait très souvent ici. Pour les humains, c'était compliqué, car cela apportait des maladies et des dangers. La magie ne les protégeait plus autant. Elle ? Elle faisait ce qu'elle pouvait, quand elle le pouvait.
Il y avait une odeur, au travers de la pluie. Une odeur étrange. Pas étrange par sa saveur, mais par le fait qu'elle apparaisse ici. Elle la connaissait en partie, cette odeur. Mais elle était caractéristique. Eliowir ? Mais pourtant il y avait autre chose dans son odeur, qui ne collait pas totalement avec ce qu'elle connaissait de son elfe à la langue agréable. Relevant finalement le museau, elle allongea le cou en provoquant une certaine panique dans les murailles et arrêta finalement le bout de son énorme museau sur la créature qu'elle avait senti et qu'elle observa avec circonspection. D'abord de l'œil, elle le caressa ensuite de son esprit pour se faire une idée différente de ce qu'elle avait là… L'évidence même la frappa rapidement. Un vampire. Il était vampire. C'était surprenant, elle avait cru comprendre qu'il avait très peur de pareil destin. Avait-il été forcé par le traître aux écailles sales ? Ou était-ce par choix ? Voilà qui la faisait s'interroger. Etait-elle déçue de le voir vampire ? Un peu… il avait été l'un des très rares elfes qu'elle avait apprécié après tout. Alors oui ça la décevait un peu, mais encore fallait-il savoir ce qui s'était passé.
< Autrefois quand je posais les yeux sur toi, bipède, je t'appelais elfe. Comment se fait-il qu'aujourd'hui je ne le puisse ? > Elle releva le museau, se dégageant de la ville, répugnant à y rester ainsi, le museau plongé dedans. Elle se réinstalla à l'extérieur de la ville et prit le parti de dégourdir son corps en changeant de position tandis qu'elle parlait à nouveau dans l'esprit du sang-froid, l'effleurant à peine pour lui épargner la folie. < Vient à l'extérieur de la ville, ce nid de bipède n'est pas fait pour moi. Allons, vient me voir vampire, je te le demande >
@Eliowir Serillëiel
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Dim 3 Mai 2015 - 2:12 | |
| Il était plus que temps qu'il se décide. Il ne pouvait rester ainsi, il avait déjà bien trop trainé. Trois ans à expérimenter, à tâtonner sans cesse pour apprendre et comprendre. Réapprendre la magie qui était en lui mais dont il semblait avoir perdu quasi tout contrôle à sa sombre renaissance. Réapprendre à parler, presque à écrire et lire, réapprendre quelque maigre savoir, d'autant plus lui aveugle qu'il était devenu... Réapprendre tout et plus encore.
Apprendre aussi à exister dans cette non-vie étrange et déroutante où tout n'était que soif intense et dévorante. Soif de savoir, de connaissance, avait certes apparemment toujours été sienne, du peu qu'il avait compris, mais s'était ajouté à cela une soif de sang intenable, qui ne cessait de le hanter.
Trois ans pendant lesquels il avait été éloigné de son Père, de son bien-aimé... Trois ans pendant lesquels à lui seul il avait alors été livré. Seul, oui, seul, pour apprendre à museler, ne serait-ce qu'un tant soit peu, la bestialité qui parfois le rongeait, apprendre seul à maitriser cette soif animale qui sans cesse de sa douce voix suave l'appelait, ce doux chant du flot carmin, cette savoureuse saveur qui sans cesse ses sens titillait... Seul pour grandir, apprendre à devenir un vampire digne de ce nom, qui en tout cas n'entacherait pas le nom de la lignée d'Achroma. Seul pour tenter de se souvenir, chaque fois que sa voracité affamée menaçait de le submerger, le maigre enseignement que son doux prince avait pu lui délivrer avant qu'ils ne soient ainsi séparés.
Seul, si longtemps, si... Tout réapprendre, tout apprendre, seul, encore et encore... erreur après erreur... errance après errance... Et se souvenir aussi. Seul encore et dirait-on à jamais. Souvenirs qui le hantaient par la pâle opalescence de leur timide réminiscence. Soif d'eux aussi le rongeait, presque autant, plus peut-être même, que cette soif de sang. Une certaine vampiresse, Vanaël de son nom chantant, avait bien tenté de l'aider sur ce laborieux sentier. Dans sa quête du passé, sa quête du savoir, sa quête des souvenirs... sa quête de soi aussi. Elle lui avait ainsi appris l'usage d'un objet magique qu'il avait en sa possession sans être parvenu alors à trouver de quoi il s'agissait. Des grelots des Souvenirs... qui lui avaient permis alors de recouvrer quelques uns d'entre eux, secrets qu'ils étaient. Eliowir avait alors joué au chat et à la souris avec ceux-ci, les traquant dans les contrées bien obscures de son esprit. Qui était le chat et qui était la souris ? Parfois il se le demandait...
Mais s'il était parvenu à en retrouver quelques uns, cela n'allait pas assez vite selon lui. Pas assez de souvenirs, pas assez de savoir, pas assez de connaissance, pas assez de maitrise, pas assez... Pas assez, jamais assez... sans doute était-il trop impatient. Certainement même, cela n'avait jamais été son fort, arrogant qu'il était. Mais il ne pouvait plus attendre. Seul qu'il était, il n'avançait guère, ca n'allait pas assez vite, surtout en ces temps noirs et sombres où bien d'autres projets l'attendaient. Il devait savoir, il devait retrouver ses souvenirs, il devait retrouver qui il était, qui il avait été, pour pouvoir pleinement réaliser ses plans à venir. Des plans où enfin il pourrait...
Une forte douleur le vrilla alors que se dessinaient en son esprit mille et un plans de vengeance et de trahison éhontées. Maudissant cette vile marque qui soudain le fouettait de son fer chauffé à blanc, il serra les dents, ferma les yeux, et se força à chasser toutes ces funestes pensées de son esprit. La douleur se calma quelque peu au bout de ce qui lui parut une éternité, et il put alors reprendre son chemin. Faisant fi du regard étonné que certains compères de la Sombre Garde lui jetèrent.
Oui, il était plus que temps qu'il se décide à demander de l'aide. Une aide rapide, efficace et puissante. Une aide qui... Oui, il était plus que temps. Et fort de cette résolution, il s'avançait vers les hautes murailles de la ville dépravée. Elle était là, il la voyait de loin, même si la magie du diadème ne rendait guère hommage à la beauté majestueuse qu'elle était. Il ne pouvait la manquer, à vrai dire, même à travers et la brume des plaines et la brume de sa vision altérée.
Grande montagne grise telle la roche intemporelle d'un temps passé... Et à cette idée, un fin sourire étira ses lèvres couturées, alors que les rares souvenirs qu'il avait d'elle lui revenaient. Oui, il se souvenait d'Elle, même si par bribes décousues et décharnées de toute image. Il se souvenait vaguement l'avoir confondu avec une roche la première fois qu'il l'avait rencontrée. Il se souvenait aussi d'une rose d'éon qui entre eux une sorte d'amitié étrange scellait. Guère plus, à vrai dire. Bien peu. Mais...
Mais pour l'aide dont il avait besoin, il lui fallait un dragon. Ni plus ni moins. Et hors de question de demander quelque aide que ce soit au Grand Sans-Coeur. Non. En temps ordinaire, sans doute se serait-il tourné vers Silarae, mais... Une autre douleur, cette fois de peine et de nostalgie, s'empara de lui et de son coeur mort meurtri. En dragon près de lui, la seule qu'il connaissait alors et qui pourrait... aurait la force et la puissance... la sagesse aussi... mais surtout la seule qui le connaissait et accepterait... sans le trahir si possible... Oui, c'était là la seule à qui il pouvait demander.
Alors qu'il s'avançait doucement d'un pas faussement assuré vers les murailles et la haute silhouette qui les dominait, faisant fi de la pluie diluvienne et poisseuse qui ruisselait sur lui, il se demanda comment il allait parvenir à attirer son attention. Après tout, lui, simple petit vermisseau dégoulinant au fond du caveau qu'était cette misérable et exécrable ville...
Mais il n'eut guère longtemps à se poser la question. Visiblement elle l'avait détecté, aperçu, ou il ne savait trop. Elle l'avait reconnu. Oui, elle le connaissait bien apparemment, il ne s'était pas trompé. Et tandis qu'elle avançait son long cou vers lui, faisant "fuir" nombre de gardes autour, l'ancien elfe sourit. Idiots qu'ils étaient d'avoir peur ainsi. Comme si, dragonne liée qu'elle était, elle pouvait leur faire le moindre mal, à eux de la Sombre Garde que le seul nom de Vraorg protégeait... en quelque sorte du moins. Mais qu'importait. Qu'ils fuient donc, songea-t-il, ronronnant presque qu'elle lui accorde alors tant d'attention.
< Autrefois quand je posais les yeux sur toi, bipède, je t'appelais elfe. Comment se fait-il qu'aujourd'hui je ne le puisse ? >
- Digne Mère des Tempêtes, je suis confus de me présenter à vous ainsi. J'ai effectivement bien changé et ai beaucoup oublié. Mais c'est une longue histoire que je devrais là vous compter. C'est en tout cas une joie que de me souvenir quelque peu de vous, Belle Grise de Nuit.
Il crut un instant l'avoir vexée ou que soudain elle se fut lassée, alors qu'elle retirait son museau et semblait s'écarter. Mais quand la voix profonde en lui de nouveau résonna, il fut vite rassuré.
< Viens à l'extérieur de la ville, ce nid de bipède n'est pas fait pour moi. Allons, vient me voir vampire, je te le demande >
Expirant un soupir soulagé, il s'empressa d'obtempérer, courant presque et bousculant quiconque se trouvait sur son passage. Faisant toutefois attention à ses pas. Son diadème lui permettait certes de "voir" quelque peu mais les images que ses yeux percevaient étaient toujours embrumées, fragmentées, peu détaillées, aux contours parfois floues et confus. Sans compter que cela lui demandait un constant effort de concentration et éprouvait ses forces mentales.
- Mère des Tempêtes, souffla-t-il d'une voix rauque d'une certaine émotion contenue, quand enfin il arriva près d'elle.
Il leva les yeux vers elle et tenta de la détailler. Tenta. Tout était si confus, si... et toute cette brume...
- Me voilà enfin devant vous et vous prie de bien vouloir me pardonner, fit-il en langue elfique, préférant ce doux parler, tout en lui offrant un salut tout ce qu'il y avait de plus elfique aussi. Je suis honteux de ne pas être venu plus tôt vous saluer. Mais... mes souvenirs me fuyant ne sont revenus, en partie, qu'il y a peu. Et comme vous pouvez le constater, aveugles aussi sont mes yeux.
Il se releva lentement, une certaine appréhension enserrant son âme assombrie par les doutes et les peines.
- Si magie me permet de voir quelque peu, ce ne sont alors qu'images tronquées. Elles ne doivent en rien rendre justice à votre somptueuse majesté, ajouta-t-il, tout en avançant une main tremblante.
Une main qui, elle aussi, voulait voir... Voir au toucher. Un voir, qui pour lui était presque devenu plus familier. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Mer 6 Mai 2015 - 21:36 | |
|
Elle s’était installée près de son côté ‘préféré’ de la ville. Du moins était-ce celui qu’elle détestait le moins. Il y avait là, dans les masures, des bipèdes qu’elle commençait à apprécier. Des bipèdes sans prétentions, qui luttaient pour vivre et pour se protéger. Des bipèdes qui n’avaient rien demandé à personne et qui subissaient sans un mot la domination cruelle de Vraorg. Pour cela, parce qu’elle avait de la bienveillance à leur égard, elle leur accordait un peu d’aide, autant que son sauvage caractère acceptait de le faire. Ce fut donc là qu’il put la trouver, installée et une aile à demi déployée pour protéger les piètres nids des mortels de la pluie battante. Le cou arqué, elle observa le vampiret venir jusqu’à lui sans ciller un seul instant, ses grands yeux illuminant les environs. Il y avait quelque chose d’étrange autours de lui… une magie qu’elle ne connaissait pas bien et pourtant, elle était puissante. Laissant son esprit l’effleurer, elle étudia un instant cette magie, qui semblait entourer sa tête en particulier. Curieux cela, vraiment… Elle voyait la magie mais n’en comprenait pas l’usage en cet instant.
< Vampire à la rose > rendit-elle en guise de salut. Elle ne savait pas si elle aimait vraiment sa nouvelle odeur. Son odeur d’elfe était agréable, et elle aimait sa façon d’être. Que serait-il, en tant que vampire ? Elle ne le savait pas et ne savait pas non plus si elle allait l’apprécier avec des crocs et plus de cœur battant. Elle ne pourrait le constater qu’à l’usage car elle n’avait pas l’intention de le repousser simplement parce qu’il était devenu vampire. Ne les aimait-elle pas, les vampires, après tout ? Oui mais… elle les aimait libres et à l’état ‘naturel’ si une telle pensée bipède pouvait convenir à son esprit. Elle aimait des vampires entiers et non asservis et s’humiliant au service d’une abomination. Tout cela… non elle n’aimait pas les vampires tels qu’ils étaient en ce moment. Son instinct grondait que ce n’était pas ainsi qu’ils devaient être. Et elle n’aimait pas savoir la soumission qu’ils avaient acceptée. Ils n’avaient pas d’autres choix, lui dirait-on certainement. Et elle rugirait que si.
Voulait-elle qu’ils se fassent tous tuer ? Aurait-on pu l’accuser à demi-mot. Elle aurait rugit que cela valait mieux que de s’avilir. Si on lui avait laissé le choix… mais non, elle n’avait pas eu le choix, parce qu’elle était dragonne. Elle aurait pourtant embrassé la mort, pour conserver ce qui faisait son essence, sa sauvagerie malgré le lien. Mais non. Vils êtres alors. Mais elle ne le repousserait pas pour autant. Parce qu’un jour elle l’avait estimé, elle lui laisserait le bénéfice du doute. Elle attendrait de voir et de savoir. Aveugle donc. Voilà qui expliquait certaines choses. Comme la magie autours de lui, du moins le pensait-elle. Oui c’était probable, pourquoi le flux aurait-il eu cet aspect alors ? Pour autant, était-ce une raison suffisante à le blanchir ? Devait-elle vraiment le blanchir ? < Dois-tu vraiment t’excuser pour d’illusoires fautes ? Même si tu avais eu tes souvenirs il y a fort à parier que tu n’aurais pu venir, à quoi bon perdre ton temps à te lamenter sur ce qui fut >
Elle souffla de l’air pas les naseaux, ne regrettant absolument pas la dureté de sa voix. Si ce n’était pas lui, c’était elle qui n’aurait pu recevoir, avec ce que Vraorg demandait. Et puis aurait-elle seulement voulu le voir ? Un doute persistait. Non sans doute pas, elle n’émergeait qu’à présent. Elle le vit s’avancer, gronda un bref instant, puis le lui permit finalement tandis qu’elle répondait à nouveau, d’une voix plus lasse que dure < Sont-ce seulement tes yeux qui sont aveuglés, toi qui un jour m’apporta la beauté ? Majesté n’est plus mienne, pas sous ces entraves et la menace planant sur mon lié. Il n’y a nulle majesté en ces lieux, toi à qui j’ai remis une écaille, il n’y a plus que le chagrin et l’amertume, et la promesse de vengeance si je me libère un jour. Rien d’autre. Un dragon aux ailes coupées n’est pas majestueux, il est mort… Aimes-tu tant la mort que tu la trouverais belle chez moi, vampire ?>
Elle souffla sur sa minuscule forme < Tu cherches à retrouver tes souvenirs ? >
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Mer 13 Mai 2015 - 0:22 | |
| Vampire à la rose... Quel beau nom qu'on lui offrait là. Oui, il aimait bien ce titre-là, décida-t-il. Cela le changeait de l''"Infanticide" qu'on lui servait souvent, sans qu'il parvienne encore à en comprendre tout le comment. Maudis souvenirs qui le fuyaient... Voilà en tout cas qui augurait du bon. < Dois-tu vraiment t’excuser pour d’illusoires fautes ? Même si tu avais eu tes souvenirs il y a fort à parier que tu n’aurais pu venir, à quoi bon perdre ton temps à te lamenter sur ce qui fut > Ou pas. Il reçut les dures et âpres paroles de plein fouet et manqua de flancher sous la force de ce courroux tranquille. Oui, courroux tranquille. Les mots en eux-mêmes, pris seuls, n'avaient rien d'acérés, il était vrai. Et le tout avait été dit d'une force tranquille telle une antique sagesse daignant s'adresser au monde lointain des inférieurs qu'ils étaient. ce qui n'était pas loin d'être le cas, devait-il admettre. Mais cette voix... si dure, si coupante, si cinglante... Comme si une traitresse tempête sommeillait dans ses abysses obscures et menaçait de le submerger de ses terribles lames de fond. Sans qu'il ne sût pourquoi, Eliowir s'en trouva blessé et en aurait senti son coeur saigner s'il en était encore capable. Et même quand elle reprit, plus douce, plus calme, il en resta toujours aussi perturbé. Il se sentit happer de l'air en un futile geste, tel un vieux réflexe de sa vie d'antan, lui pour qui respirer ne signifiait plus rien, et resta un instant tétanisé devant la majestueuse montagne qui le dominait. Car oui, elle avait beau dire, elle avait beau s'indigner, pour lui elle restait une Majesté d'une beauté sans faille. Quand elle en eut fini, il laissa planer un lourd silence. Incapable tout simplement, l'espace d'un instant, de prononcer le moindre mot, la moindre syllabe. Rendu soudain muet, réduit au silence abrupte de la pure vérité. car oui, elle ne disait que vrai. Du moins en partie.. Oui, seulement en partie, décida-t-il. Cette vérité-là n'était que tronquée. Elle ne pouvait qu'être tronquée. Car si elle s'avérait pleine et entière, alors plus aucun espoir ne leur serait permis si même les dragons avaient baissé les ailes et abandonné la bataille... Non, cette vérité n'était qu'à demi. Il leur revenait alors de construire l'autre moitié... ou reconstruire, peu importait, se dit-il en son for intérieur, sans même prendre garde que ses pensées voltaient si fort qu'elles pouvaient fort bien être perçues par la dragonne. - Mère des tempêtes, reprit-il enfin d'une voix qu'il tenta de rendre déterminée. La mort semble errer dans mon sillage depuis bien des années. Un sourire nostalgique, mélancolique, pire même presque triste, effleura son visage balafré et ses lèvres violacées. - Infanticide l'on me nomme, mon enfant j'ai dû tuer dans ma vie passée. Mais sans compter cela qui sont encore souvenirs envolés, je suis devenu corbeau qui entend Mort étendre ses ailes sur les condamnés. Et ne suis-je pas aussi vampire d'une non-vie maudit et à jamais damné ?Il soupira lourdement, encore un vieux réflexe inepte, avant de reprendre, baissant la tête, affligé en son âme et peinant à repousser le désespoir qui le consumait. - Mais vous avez sans doute raison, digne dragonne aux écailles grises. Aveugle je suis, oui, et l'irraison a dû soufflé sur mon âme sa traitre bise. Je pensais effectivement venir vous demander de m'aider pour mes souvenirs perdus. Mais... à vous entendre... je songe maintenant que cela est sans doute superflu. A quoi bon se battre et se révolter, quand nous sommes ainsi enchainés ? A quoi bon...Une vive douleur le vrilla soudain alors que maintes et maintes projets de trahison le traversaient. Maudite marque qui sans cesse le rappelait à l'ordre quand il pensait à fomenter quelque plan que ce soit. Dès qu'un projet se dessinait plus clairement en lui, la douleur l'attrapait tout aussi vivement pour mieux le chatier. Il se força à inspirer, et expirer pour mieux la controler. Mais... Mais au lieu de l'asservir à plus de docilité, au lieu de l'inciter à taire ses projets et à revenir dans le droit chemin, au lieu de le faire plonger en plein désespoir en voyant les dragons eux-mêmes abandonner, il sentit une petite voix en lui s'indigner. Cette petite voix souvent arrogante et mesquine qui se rechignait toujours à le voir plier. Cette petite voix qui lui soufflait qu'un Serillëiel n'était que fierté, grande noblesse et dignité. Qu'un Serillêiel jamais ne se pliait et qu'à lui seul il obéissait. Une petite voix qui en cet instant lui soufflait encore de se rebeller. Oh certes pas ouvertement. Eloignons donc les plans fourbes et impossibles à concevoir sans se voir consumer sous une douleur sans nom. Mais rebellons nous contre cette douleur et le tyran qui la leur infligeait. Oui, rebellons nous, rebellez-vous, avait-il envie de hurler. Même si... Même si, pour tout avouer, il ne savait pas comment se rebeller. Et à cette pensée, la douleur commença enfin à s'estomper. Ce n'est qu'à cet instant-là qu'Eliowir se rendit compte qu'il était plié en deux, un genou à terre, tant la douleur s'était fait forte visiblement. Il souffla fortement, jusqu'à ce que douleur reflue complètement, et enfin tenta de se relever. Légèrement chancelant. Ce furent deux yeux d'orbe polaire qui irradièrent d'une énergie nouvelle et déterminée vers la dragonne. Il voulait lui dire, lui faire comprendre... lui insuffler quelque espoir aussi. Ne serait-ce que pour lui ne le perde pas complètement avec elle... mais... Non, pas douleur, pas encore. Refoulant alors toute pensée véhémente envers le Dragon Blanc, refoulant toute pensée de rébellion trop franche, ou tout projet de trahison trop concret, il se força à peser et ses songes et ses mots. - Je suis toutefois désolé, noble dragonne, de vous détromper pour une fois. Mais je puis vous assurer que pour nous vous êtes toujours parée d'une digne majesté et porteuse d'une noble foi. La foi de vos paires, la foi de vos liés. La foi de ceux qui croient encore en votre puissance. La foi de ceux qui croient encore en ce monde et son essence. La foi enfin de moi, un pauvre vampire tout juste né."Et complètement perdu, dans des errances sans fin, dans des limbes saugrenues", eut-il envie d'ajouter. Chassant de nouveau ces pensées noires, il se força à rester concentré. Il n'avait pas encore envie de subir le fouet acéré de la tyrannie. - Je puis également vous plussoyer quant à Vengeance, qu'avec vous j'aimerais un jour chanter.La douleur de nouveau le vrilla, le forçant un instant au silence. Mais il s'efforça de ne pas s’effondrer cette fois-ci et de garder son regard aveugle ancré dans les flammes ardentes de la dragonne. - Si je me suis lié ainsi à une certaine engeance...La douleur s'intensifia, lui coupant le souffle momentanément, l'obligeant de nouveau à se discipliner... - Ce n'est que pour un être cher que je souhaite un jouri libérer.Voilà, tout était dit. Qu'elle en fasse maintenant ce qu'elle souhaitait. Il ne pourrait en dire plus sans devenir fou ou pire sous ce que la marque lui infligeait. Qu'elle le rejette s'il le fallait. Cela le peinerait, certes, grandement même. Cela l'affligerait plus qu'il ne voudrait bien l'avouer. Mais le rejet, l'ignominie, il connaissait. Ce ne serait pas la première fois qu'il les subirait... Il lutta encore quelques instants jusqu'à ce que le fléau s'estompe. Et de nouveau sa voix grave se parant de ses plus beaux accents s'éleva. - J'ai cru entendre toutefois certaines légendes qui comptent de belles histoires. De ces histoires où l'on voit les ailes des dragons repousser, pour que leur sombre silhouette dans le ciel viennent se dessiner, et qu'en ce monde de nouveau ils insufflent espoir. Il parait qu'un soleil se lève déjà à l'Est, dans certaines contrées. Mais pour avoir la chance là-bas de le rencontrer, pour pouvoir l'inviter à se lever aussi à l'Ouest en nos terres oubliées, je voulais avant retrouver tout mon moi passé.[HJ : dans la marque, il est précisé "Mensonges et projets de trahison provoquent une douleur intense et extrêmement difficile à cacher". Je pense donc que toute pensée de trahison un peu trop dessiné, ou tout propos s'y rapportant, entrainent ces effets. Mais si je me suis trompé, je peux bien sûr éditer^^ ] |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Mer 20 Mai 2015 - 21:18 | |
|
Elle souffla, gronda. Bêtise que tout cela. Voilà bien une pensée de bipèdes. Souvent de bipèdes humains d’ailleurs. Elle se trouvait bien lasse de voir toutes les races y adhérer, même celles qui étaient si proche de Mort. C’était voir les choses d’une telle façon… < Maudit et damné, vraiment ? > fit-elle, platement, la voix mentale un peu sèche mais pas agressive. Pourquoi donc serait-il maudit, bonne question. Elle n’en voyait pas la raison. Mais après tout, cela pouvait certainement paraître ainsi aux bipèdes, ils pensaient tellement différemment. Bêtement selon elle, parfois, oui. Ou peut-être était-ce simplement qu’il y avait bien assez de désespoir alentour sans qu’on en rajoute en plus quand il n’y avait aucun besoin de le faire. Pourquoi voulait-il se charger d’un poids supplémentaire ? Elle se détourna à demi de lui. A quoi bon, effectivement ? Mais oh… elle aurait voulu se battre, elle l’aurait fait si on lui en avait donné la possibilité ! Mais elle ne l’avait même pas ! On avait écrasé la moindre liberté de combattre ses chaines. Elle n’en avait même pas la capacité, quant bien même elle était intérieurement furieuse. Et même si elle avait pu faire quoi que ce soit, son dragonnier était asservis et la femelle de celui-ci également. Que restait-il donc ? On la tenait, d’une manière ou d’une autre. Et la voix de commandement était absolue…
Fatiguée, elle lui laissa tout le temps qu’il voulait, perdue dans ses propres affres. Ah oui, elle aurait aimé combattre… mais elle ne pouvait pas, aussi doux qu’aurait été le bruit de l’orage. < Je ne sais pas si je dois appeler cette personne chanceuse d’avoir un être aussi loyal pour elle, ou malchanceuse qu’on tente de l’extraire d’une nasse si serrée… mais peut-être y parviendras-tu. Son emprise sur les bipèdes semble plus faible que sur nous autres… aussi impossible que cela puisse sembler > Oui pourquoi, alors que les dragons étaient bien plus puissants que les mortels, que les insignifiants petits bipèdes. Et pourtant cette fois c’était eux qui étaient totalement impuissants. C’était eux qui étaient à la merci du prédateur. Comme de frêles petites choses. Et c’était un sentiment, une sensation, qu’elle n’appréciait absolument pas. Elle resta complètement silencieuse, l’esprit toujours plus lourd, toujours plus las… elle sentait soudain toutes les années peser sur ses ailes, mais plus encore la malfaisance de Vraorg. Ce n’était pas un véritable dragon, c’était autre chose. Un dragon n’aurait pas agis ainsi…
< Les histoires ne sont que cela. Les mots, bipèdes, peuvent être agréables mais ils ne sont que du vent. Tu veux tes souvenirs, je puis t’aider à les retrouver oui, le reste nous verrons bien… > Elle tendit son esprit, au moins en considération de leur passé et de ce qu’il avait fait pour elle. Longuement, elle le baigna de l’océan de ses pensées, essayant de réveiller la magie en elle. Puis elle parvint à pénétrer le brouillard de son oubli, quant bien même elle répugnait à cela. Elle y répugnait pour lui, parce que l’acte n’était pas ce qu’il devait être, et parce que la magie, son retour, avait apporté dans un sens plus de malheur qu’autre chose… Elle le pénétra profondément, puis s’attacha à réchauffer la glace qui se trouvait là, préservant les souvenirs figés…
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Lun 8 Juin 2015 - 0:14 | |
| Oui, maudit et damné, ne lui en déplaise. Il ne savait d'où lui venait cette... cette sensation de savoir inébranlable qui l'avait toujours agité, mais elle était là, en lui, bien enfoui, depuis.... depuis tout temps aurait-il dit. Oh certes, il n'aurait su l'argumenter avec des éléments tangibles et raisonnés, même s'il croyait se rappeler un vieux conte... une très vielle histoire... d'elfes maudits sur une autre terre ancienne... histoire d'un autre temps dépassé ? Histoire réelle ou par son imagination façonnée ? Il n'aurait su dire. Et parce qu'il ne pouvait ainsi pleinement exprimé cette sensation ancrée en lui... il garda silence et face à la froide colère se tut.
Mais, même si être vampire n'était en rien une malédiction... être séparé de son amant, de son autre, de son lié... n'était-ce pas une réelle damnation ? Son coeur écorché, épleuré, désespéré, n'avait cessé de le lui crier depuis trois années. Amants maudits, amants damnés ! Voilà ce qu'ils étaient ! Depuis sa sombre résurrection, combien de moment de paix et de douce félicité avait-il pu compter ? Peu... Bien peu. A peine était-il né, que quatre jours après éclataient un âpre combat d'une guerre... A peine se remettaient-ils de celui-là, qu'ils courraient ensuite après des néantiques perles... et à peine pensaient-ils parvenir à les détruire qu'un dragon blanc sur un sombre rivage les cueillait... Non, maudits, vous dis-je. Et la dragonne pouvait gronder tout ce qu'elle voulait, il serait dur de l'en faire démordre...
Toutefois s'il s'était attendu à ce qui suivit... L'encourageait-elle ? Ou cherchait-elle à l'en dissuader ? Peu importait, elle semblait dire que... peut-être il y avait une possibilité... que peut-être échec ne lui était pas encore voué... Espoir de nouveau tenta de s'insinuer en lui aux paroles de la belle écailleuse.
Les mots et les histoires étaient importants, eut-il envie de répondre. Ils étaient la mémoire, le passé, et avec eux on pouvait éviter à l'avenir de reproduire les mêmes erreurs éculées... mais il n'en eut guère le temps. Avant même qu'un mot ne puisse franchir ses lèvres, avant même qu'une pensée ne parvienne à clairement se former en son esprit, il sentit une force sur lui. Etranges pensées semblèrent le submerger, étranges... sensations, vagues d'images, impressions vagues... Il ne put résister, et se laissa alors porter par ce vent d'orage. Un vent d'orage qui lentement se levait en lui, au fond de lui, le happant dans son étreinte envoutante, tentant de s'infiltrer dans chaque parcelle de son esprit, dans chaque méandres obscures, chassant de son souffle brulant les brumes opaques qui semblaient le voiler. Un souffle qui fut de plus en plus fort, de plus en plus violent, de plus en plus enflammé. Et soudain réelle tempête de feu se rua sur lui, sans préavis, semblant tout vouloir consummer sur son passage.
Il sentit quelque chose fondre en lui, se craqueler, se morceler, et s'écrouler... avant que finalement... mille et une pensées, mille et une images, mille et un passés, vinrent déferler sur lui en un raz de marée enfin libéré de sa digue embrumée. Souvenirs d'une femme, d'une elfe, d'un fils... souvenirs d'une belle impératrice, d'une soeur, d'une amie... souvenirs de peine, de joie, de souffrance, d'émois... souvenirs d'une musique, d'une symphonie, d'une dissonance, d'une harmonie... souvenirs d'une danse, d'une lune, d'un ballet, d'un astre diurne... souvenir de sang, de guerre, de douleur, d'éphémères... souvenirs, souvenirs, souvenirs, dansant, encore et encore, en une chorégraphie enfiévrée qui l'emporta dans son effervescence et noya tous ses sens.
Il n'eut pas conscience de tomber sous la douleur et sous la force de sa terreur. Il n'eut pas conscience de presque se tordre au sol, son corps comme pris de spasmes, son être semblant se consumer telle une frêle luciole. Il n'eut pas conscience de laisser échapper traitresses larmes de sang, ni même de se mordre ses lèvres balafrés pour ne pas hurler ses mots impuissants...
Il n'eut conscience que de ses visages qui devant lui valsaient, riaient, se moquaient, l'observaient, le bannissaient, le recueillaient, l'aidaient, le soignaient, l'empalaient, le blessaient, le rejetaient, l'enserraient... Il n'eut conscience que de ses voix l'appelant, le nommant, le proscrivant, le maudissant... Il n'eut conscience que de ses corps contre lui suivant avec lui cette danse de tous les temps... Il n'eut conscience que de ses yeux, magnifiques, dans lesquels il aurait voulu se perdre à jamais... Il n'eut conscience que de couleur du passé, d'esquisses à peine dessinées, de tableaux à peine achevés, de scènes s'ensuivant en un rythme effréné, de vieilles pages de parchemins poussiéreux, de belle magie l'envoutant dans leur majesté ténébreuse, de longues errances de solitude désespérée, d'anciens élans de rares bonheurs écartelés... Il n'eut conscience que du sang maculant ses mains quand il tint son fils contre lui... Il n'eut conscience que du sang maculant ses mains quand il pleura sa femme contre lui...
Il n'eut conscience que d'un désespoir sans nom qui... doucement... faisant écho à celui présent, ne faisant plus qu'un avec lui, passé, présent et avenir n'ayant plus sens dans son esprit à l'agonie... l'entrainait dans son tourbillon féroce lentement, insidieusement, traitreusement... inexorablement...
Un visage sembla se dessiner au milieu de cet immense oeil qui semblait vouloir l'engloutir dans son ouragan coléreux... un visage beau, altier, tout de noblesse et de majesté, un visage au regard céladon qui semblait le dévorer, un visage qui semblait l'appeler... Le tourbillon rugit plus fort encore, plus violemment, le visage sembla s'estomper... pour revenir, tel un pâle spectre du passé, plus présent que passé mais peut-être à jamais passé dans son présent esseulé... un spectre qui lui souriait, même quand son image vacillait dans les affres du tourment...
Un visage auquel il tenta de se raccrocher, avec toute l'énergie qu'il avait encore. Bien peu à vrai dire, si peu... pas assez... Il lutta, cria, appela ce visage tant aimé... mais lui aussi sembla finalement l'abandonner, dans un sillage d'or... Seul, il se sentit seul... et eut envie soudain de ne plus lutter... de se laisser emporter par cette tempête rugissante des errances de son passé, de son âme désorientée, et des spectres de ses erreurs ensanglantées...
|
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Ven 12 Juin 2015 - 22:10 | |
|
Comment faisait-elle cela ? Elle ne le savait pas du tout en vérité. Elle le faisait voilà tout. Elle en avait l’inspiration, elle en avait la possibilité, et cela semblait le bon moment, alors magie s’opérait, sans qu’il y ait besoin de plus d’explications. Elle ne savait pas exactement ce qu’il vivait ni comment il le vivait. Mais ce dont elle était certaine, c’était que son esprit serait mis à rude épreuve… Il ne pouvait pas en être autrement. Il était trop jeune pour que ses souvenirs ne le blessent pas, ce n’était pas pour rien que les vampires mettaient des années à retrouver des parcelles de mémoire d’antan. La nature était bien faite, et parfaitement logique, même pour eux, et aller contre son égide n’apportait rien de bon. Néanmoins, elle n’était pas de ceux qui empêchaient les autres de faire leurs choix. Alors elle usait de sa magie pour lui, sachant qu’un contact aussi profond avec son esprit pourrait le rendre plus fou encore, si ses souvenirs n’y suffisaient pas. Elle le voyait se tordre et le sentait souffrir, mais pas une fois elle ne l’aida ou ne chercha à soulager ses affres. Il avait choisi et devait vivre cela jusqu’au bout.
Pour autant, elle ne manqua pas de l’avertir quand il failli se perdre et abandonner. Elle ne pouvait pas l’en empêcher, si c’était ce qu’il voulait, mais elle se devait de lui faire savoir quand il se délitait. Etait-ce là toutes ses belles paroles ? Etait-ce là leur essence ? Non, certes pas. Elle l’estimait assez pour jauger de sa sincérité et de la force de ce qu’il pouvait penser. Oh elle ne disait pas qu’il pensait juste. Mais il pensait fort. Et cette force, où était-elle ? Il allait devoir la trouver. Et elle ? Elle ne le laissa pas se reposer. Sa magie n’était pas un flot qu’elle pouvait tarir aisément, ou même volontairement. Il fallait aller au bout quoi qu’il lui en coûte. S’il ne parvenait pas à supporter alors elle devrait le tuer. Mais pour l’instant elle laissait simplement le courant magique se poursuivre et raviver ce qui avait été engourdis par le venin. Qu’était le venin, comparé à ce souffle brûlant ? Sans le quitter des yeux, sans compassion mais sans hostilité, elle le laissa revivre cette existence perdue par-delà la mort.
N’ayant aucune notion précise du temps, elle ne sut aucunement la durée exacte de son agonie. Mais finalement, après cette indistincte durée, elle sentit la rivière de magie tarir et releva le museau. C’était une étrange sensation que de se sentir le vecteur d’une puissance pareil sans avoir de contrôle dessus… mais elle l’avait toujours accepté et vu comme une partie d’elle-même. Elle n’aurait de toute façon pas pu le rejeter, pas plus qu’elle ne pouvait rejeter le feu de ses entrailles ou ses ailes. Il s’était remis à pleuvoir dru, et des flaques s’étaient formées dans l’herbe, là où la terre était creusée par sa présence. Le vampire ne bougeait plus… avait-il était vaincu par ses souvenirs ? Non, une caresse légère sur son esprit lui apprit qu’il était encore bel et bien présent et avec elle. Avec un grondement, elle vint enrouler sous corps autours du lieu de sa chute et le couvrit de son aile, comme une tente vivante et lointaine.
Posant le museau sur sa patte, elle soupira lourdement et lui laissa le temps de se remettre, de revenir parmi eux. Cela allait lui demander du temps, mais il y parviendrait certainement. En attendant, il était en sécurité, loin des possibles prédateurs. Là encore, elle attendit, jusqu’à ce qu’elle le sente bouger, et seulement alors revint-elle vers lui. < Et bien ? Tu te souviens ? >
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Dim 21 Juin 2015 - 2:38 | |
| Et il le vécut jusqu'au bout. Il le vécut, le subit, l'affronta, le combattit, se débattit, lutta, se délita, se perdit... trouva une force, s'y accrocha... suivit cette voix qui le guida. Une voix lointaine, très lointaine, qui lui semblait inconnue, mais qui semblait si bien l'avoir connu, qui l'avertit du sentier délétère sur lequel il s'engageait, qui lui rappela promesses et belles paroles qui siennes jadis étaient... Elle lui insuffla force, ou du moins le guida vers elle... Elle le guida oui vers les sentiers de cette force immortelle...
Non, la voix ne lui donnait pas cette force, perçut-il de façon si volatile, cette voix ne la lui donnait, ne l'était pas... elle lui montrait juste la force qui l'habitait, lui, la force qui était là, en son esprit éperdu et affaibli. Et quand il semblait vouloir de nouveau se laisser éparpiller, aux vents rageurs de ses souvenirs ravageurs, elle l'appelait inlassablement, inexorablement, le poussant fermement sur le sentier qu'il avait voulu emprunter. Il n'était plus temps d'abandonner, semblait-elle lui dire, péremptoire et intransigeante dans ses belles harmonies.
Et il la suivit, s'agrippa à elle et continua le chemin de cette lente agonie. Il sentit un feu bruler en lui, tandis que la gangue fangeuse qui engluait ses souvenirs fondait sous ce brasier enragé, ce brasier qui avançait de toute sa puissance et sa magnificence indomptable, libérant sa mémoire de ce venin à l'acidité effroyable, lui rendant son être, son essence, par ce simple souffle embrasé. Si un instant, de vive peur agité, il tenta de lutter... il comprit que si libéré il voulait être, il devait s'y consumer pour mieux renaitre.
Et alors... alors tout ressurgit. Avec une netteté inouïe. Il se vit elfe, il se vit naitre, grandir, apprendre, se marier, vaincre, se quereller, rire, danser, virevolter, exulter, enrager, s'enflammer, rougir de honte, mourir de culpabilité, se perdre à guerroyer, durement se blesser, souffrir, agoniser, presque ressusciter, en exil dépérir, s'offrir à un aimé... mourir pour lui, renaitre pour lui, non-vivre pour lui, n'exister que pour lui. Lui, Lui, encore Lui, toujours Lui. Il semblait ne plus être que pour Lui. Son agonie actuelle était pour Lui. Retrouver ses souvenirs, oui, c'était pour Lui aussi. Pour Lui alors il devait lutter. Pour Lui, il se devait de ne pas se noyer.
Maintenant que souvenirs lui étaient rendus... Pour Lui, il se devait de retrouver le chemin perdu. Il devait dans la dure et âpre réalité retourner. Il devait de cette douce folie se libérer. Il devait... oui, là, ce sentier... Oui, là il pouvait remonter... Il pouvait... Il pouvait revenir. Repousser ses images fugaces qui voletaient en lui. Repousser tous ces visages moqueurs, tous ces visages rageurs... même tous ces visages souriant ou toutes ces voix l'appelant... les repousser, et reprendre le chemin du retour. Il serait temps peut-être de les écouter un autre jour. Ou une autre nuit, peut-être. Mais pour l'heure il se devait de revenir et de renaître.
Douloureuse renaissance encore que celle-là. Douce résurrection aussi, de son corps las. Il se sentait encore brumeux, mais percevait l'odeur de pluie, cette averse poisseuse qui près d'eux se déversait, et qui pourtant ne ruisselait pas sur lui. Il sentit le parfum délicat de l'herbe mouillée, il perçut quelques bruissements d'insectes fourrageurs par la pluie éveillés... il entendit le clapotis des gouttes tout autour de lui, il sentit la douce caresse du vent sur son corps alangui. Ses yeux s'ouvrirent, en un bestial réflexe, mais seul le noir devant lui s'offrit. Un amer sentiment à ce constat s'insinua en son coeur honni. Aveugle, il était, aveugle, il resterait, et retrouver ses souvenirs en rien ne changerait cet état de fait. Il tata l'herbe autour de lui, la caressa presque comme pour mieux la connaitre, comme s'il... comme si de nouveau il la découvrait. Il peina alors à comprendre où il était, ce qu'il était, ce qu'il faisait là, couché dans l'herbe, sous la pluie, au vent battant, ce qu'il...
Sous la pluie ? La pluie tombait autour de lui, et pourtant... Et pourtant les gouttes ne tombaient pas sur lui. Comme si... Comme si... quelque chose le protégeait. Ce n'est qu'alors qu'il sentit une présence. Imposante, majestueuses, puissante, là, à ses cotés. Toute de magie pétrie, puissante magie qui auprès de lui palpitait. Oui, là, au dessus de lui, autour de lui, à ses côtés... Un dragon, comprit-il abruptement, avec un sursaut de joie surprise et émerveillée. Un dragon... une dragonne... qu'il connaissait...
Souvenirs brumeux s'infiltra dans ses pensées éparpillées. Souvenirs oui... lointains et pourtant si proches aussi. Souvenirs de quelques instants à peine, et pourtant d'une éternelle nuit... Souvenirs oui... d'une Mère des Tempêtes... d'une grise écailleuse... d'une force l'appelant, d'une voix le guidant. C'était elle... Oui, c'était elle, sut-il alors. Elle l'avait guidé, brisé, poussé, et sa force lui avait insufflé. Ou plutôt l'avait guidé à trouver sa force en lui ? Il ne savait pas, ne savait plus, n'aurait su dire, soudain perdu... Mais... Oui, c'était elle. Elle avait été là, tout le long durant, et ne l'avait pas abandonné.
Et visiblement de la pluie l'avait protégé. Une bouffée de reconnaissance infinie et de joie immense, un élan puissant d'affection dévouée, l'enivrèrent alors de leur essence.
Doucement il bougea, tenta de se relever, échoua, le monde semblant dangereusement tanguer, ses sens en tout sens valsant une danse insensée. Il dut se contenter de doucement se relever sur un coude, incapable toutefois de ne serait-ce que réellement s'asseoir.
< Et bien ? Tu te souviens ? >
Oui, il se souvenait. Oui, souvenirs de nouveau en lui étaient. Entiers, même si éparpillés, de nouveau là, en miettes virevoltantes sous les vents de sa raison agitée, mais pleinement présents, omnipotents dans leur intégrité. De nouveau souverain de cet esprit qui la Mémoire des Elfes aimait s'appeler. Mémoire des vampires dès lors devrait-il dire, douce ironie. Mémoire, Mémoire de nouveau était sienne, doux rêve réalisé. Mémoire était là, oui, même si d'un autre lui. Un lui qui était mort, un lui révolu, un lui perdu, un lui d'un autre temps alors. Mais un lui qui avait été, un lui qui l'avait forgé, et finalement le forgeait encore... un lui qui même s'il était autre était lui aussi en son âme et son corps...
Oui, il se souvenait. Même si ces souvenirs le troublaient, le perturbaient, ne semblait pas lui appartenir et pourtant lui appartenaient, même si.... Et le voilà qui de nouveau se perdait.
Sans compter qu'il n'avait pas répondu... Impolitesse absolue.
- Oui, souvenirs me sont revenus, croassa-t-il d'une voix cassée.
D'avoir trop crié ?
- Oui, et grâce à vous, je ne me suis pas perdu.
Pas complètement du moins. Il était là, conscient, même si l'esprit un peu embrumé... il était là, et il parlait. Si sa raison avait tendance à voleter d'une pensée à l'autre, au moins parvenait-il encore à parler.
- Oui, grâce à vous Mère des Tempêtes, à la puissance infinie. Vous m'avez guidé, protégé, et vous m'avez sorti de cette étrange nuit.
Nuit de son agonie, mais aussi nuit de son amnésie.
- Je me souviens oui... je me souviens d'une montagne grise que j'ai voulu gravir...
Des images dans son esprit s'imposèrent à lui, et semblèrent presque danser devant ses yeux en sommeil. Certes réalité il ne voyait plus, par ce sens à jamais perdu. Mais une autre réalité passée se jouait pour lui, tel le théâtre des souvenirs en éveil.
Un léger sourire naquit sur ses lèvres balafrées, alors que la fièvre des souvenirs l'enflammait.
- Je me souviens oui... je me souviens d'une fleur d'éon que je suis parvenu à lui offrir... Je me souviens d'une belle écaille grise offerte en un don sans pareil. Une écaille qui en ma possession est encore, et qui souvent m'émerveille. Je me souviens... Oh oui je me souviens Mère des Tempêtes. Souvenirs qui s'agitent, et qui sonnent milles trompettes. Oh, oui, Mère, je me souviens, noble dragonne, je me souviens, joie sans vergogne... Je me souviens... En ces souvenirs je me perds, j'erre, en une joie délétère... je me souviens, oui, Mère, je me souviens, je me souviens, exultait-il presque dans une folle litanie, se laissant aller à toutes ces images, tous ces sons, toutes ses sensations, toutes...
Toutes... tous... tant... trop... souvenirs... mort... son fils... tué... son fils... qu'il avait tué... sa femme... suicidée... tant de morts... trop de morts... était-ce lui... ? était-ce ... quel était ce qui soudain le rongeait ? Monstre on lui criait.
Toutes... tous... tant... trop... TROP ! TROP !
Il se laissa aller en arrière, portant ses mains à son visage, et larmes carmines coulèrent sur ses joues pâles tandis qu'il hoquetait ce soudain trop plein qui l'enivrait et l'étouffait, incapable soudain de savoir ce qui l'envahissait. S'il était joyeux, heureux, ou peiné, consterné, s'il était coupable, ou indifférent, s'il était désespéré ou exultant... Il ne savait plus. Se sentait perdu. Finalement, peut-être s'était-il quand même perdu.
Fou qu'il était... Oui, fou que tu es... Oui, fou que nous sommes... |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Mer 24 Juin 2015 - 18:48 | |
|
Il avait donc retrouvé ces pans disparus de sa mémoire que le venin avait effacé. Bien, au moins avait-il eut ce qu'il désirait et était-il toujours en vie. Dans quel état relevait d'une autre question, et d'une toute autre dimension, mais si son corps n'était pas endommagé, elle voulait croire que l'esprit pourrait se remettre. Le remerciement sous-jacent à ses paroles la fit grogner vaguement et elle relâcha un panache de fumée noire qui se délita dans l'atmosphère pluvieuse. Grâce à elle ? Pas tant que cela, la part qu'elle avait eu dans son émergence n'était que minime et c'était très bien ainsi. Elle n'avait pas à faire son travail à sa place. En particulier quand le vampire désirait arpenter des sentiers que même ses aînés n'osaient pas toujours. Elle ne le martela pourtant pas de son opinion, d'une part parce qu'elle n'en ressentait nul besoin, d'une autre part parce qu'il était bien trop têtu, à son avis, pour l'écouter. Fort heureusement, il changea de sujet, la faisant cette fois gronder d'un rire profond. Ah oui, quelle idée il avait eu là, escalader un dragon ! Tout de même, venant d'un elfe c'était surprenant comme méprise et d'ailleurs c'était ce qu'elle avait alors exprimé. Pour autant, elle ne répondit pas, car qu'aurait-elle eu à répondre ? Oui, il se souvenait. Et elle était satisfaite de savoir qu'il avait encore son écaille. Elle ne lui aurait pas pardonné de l'avoir perdu, même à cause du venin. Tout de même ! C'était d'une de ses écailles que l'on parlait-là !
Pourtant il sembla à nouveau couler, et, mécontente, elle frappa contre son esprit, le sonnant sans doute, mais chassant surtout ce fiévreux bourbier. < Sottises et sornettes > fit-elle, empruntant à son ancienne amie à long crocs une de ses expressions favorite < Sottise et sornettes que cela vampire-qui-fut-elfe Eliowir. Toi qui voudrait que je me rebelle contre mes chaînes, ne te laisse donc pas noyer par celles de ton propre passé > Hérissant un bref instant ses écailles, elle en chassa l'eau d'un profond tremblement, suivit d'une cascade de gouttes venant s'écraser un peu partout avant que l'armure lisse et grise ne reprenne son aspect quotidien. Décidément ! Il était dit qu'elle aurait à vivre avec des vampires écervelés. < Les souvenirs de ton ancienne vie n'auraient pas dû te revenir, si tant est que tu les ai cherché, avant de longues années… Ton esprit de vampiret tout juste sorti de l'œuf a dû mal à les supporter parce qu'ils ne correspondent pas à ce pourquoi tu es fait. Tu es comme un dragonneau à qui on aurait donné des ailes d'adulte. Tu voudrais les utiliser mais tu ne sais pas comment et tu ne sais pas t'équilibrer. Si tu as l'impression d'être perdu ou fou c'est pour cela, sans compter que je ne t'ai pas ménagé, ne t'en déplaise > Elle n'avait eu aucune raison de le faire après tout. Ce n'était pas parce qu'elle l'avait apprécié étant elfe qu'elle se montrerait plus douce. Son dragonnier subissait le même sort.
Plongeant le museau sous son aile, le cou tordu, elle vint lui souffler dessus par les naseaux et le toucha des écailles de son 'bec' comme d'un doigt enfoncé dans son torse < Tu vas me faire le plaisir d'arrêter de faire gesticuler ton esprit comme un poisson serpent prit par les griffes d'un ours. Si tu volète d'un souvenir à l'autre maintenant la seule chose que tu y gagneras sera d'endommager ton esprit pour de bon, ce n'est pas ce que tu veux, non ? > Parfois les bipèdes étaient vraiment étrange, donc ça ne l'aurait pas tant étonné de l'entendre lui signifier que si… mais mieux valait pour lui que ça ne soit pas le cas. Se creusant les souvenirs, la dragonne grise revint aux nombreuses occasions où Tisse rêve avait officié comme guérisseur pour des cas de maladies qui avaient traits à l'esprit. Que disait-il alors ? Cela dépendait évidemment, mais elle avait une idée précise de ce qu'elle cherchait, une amnésique à qui il avait rendu son identité… Et elle le trouva enfin, avec une satisfaction ronchonne, revenant finalement au vampiret qu'elle toucha de nouveau du bout du museau. < Concentre toi sur le présent pour le moment, tu auras bien le temps de décortiquer ta mémoire plus tard, pour l'instant tu as besoin de réaliser que tu as encore les deux pattes sur terre. Vide toi l'esprit et regarde autours de toi Eliowir ! >
C'était bien tout cela mais est-ce que cela lui suffirait ? Elle avait un doute, mais fort heureusement, elle avait aussi une idée pour l'encourager. Clignant des yeux, elle dit < Je sais ! Compte mes écailles ! Je vais te surveiller, et je t'accorderais d'examiner UN de tes souvenirs précis que nous choisirons si tu arrives à me dire combien j'ai d'écailles sur le museau ! > Voilà, il avait son défi, cela ne lui ferait pas de mal de se vider la tête avec quelque chose de répétitif et de simple. En plus, elle était presque certaine qu'il n'y arriverait pas du premier coup, voire pas du tout, ce qui lui laisserait le temps de tout remettre à la place adéquate.
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Mar 30 Juin 2015 - 23:14 | |
| Une vive secousse tonitrua en lui, en un véritable séisme, qui menaça de le faire définitivement chavirer dans l'abyssal précipice au bord duquel il errait. Un grondement, presque lointain, vibra en son esprit...
< Sottises et sornettes >
Sottise, sottise, sottise... voilà un mot dont il aimait bien la consonance. Sottise d'elfe disait-elle. Ou semblait-elle dire.
Des oreilles pointues parmi une chevelure de feu, avec laquelle il dansait au clair de lune chatoyant...
Ou était-ce sottise de vampire ?
Un doux sourire aux dents pointus encadré d'une longue chevelure blonde qu'il aimait tant...
Elfe ou vampire, vampire ou elfe ? Un passé déchainé ? Un noyé rebelle ?
Une lame lui vrillant le visage, une lame l'empalant sans ambage... Douce douleur qui le disait vivant, vile souffrance qui lui criait cette non-vie en cet instant...
Etait-il sottise ? ou peut-être était-il le rebelle ?
Un anneau secret, discret, brillant à son doigt, un autre qu'il aimerait porter pour Achroma...
Ou peut-être était-il... Quel était-il en fait ? Et qui était-elle ? Il, elle, eux, nous, eux, vous...
Oui, nous, nous sommes nous. Tu es nous, et nous sommes toi. Valse avec nous et nous t'apprendront nos pas, chantaient soudain mille voix.
Eux ensemble ? Eux en une belle danse ? Eux dans un maelstrom des sens ?
Folie des sens dans lequel il se revoyait vibrer, dans lequel il avait tant aimé, aimait tant et aimerait tant encore se noyer, encore, et encore, pour toute l'éternité, aux côtés de son bel amant volé. Folie des sens qu'il avait cru connaitre mais n'avait finalement appris qu'avec lui... Oui, douce folie que celle qui soudain l'invitait pour cette éternelle nuit...
Et alors que son esprit éperdu tentait de définir qui était eux, alors que son irraison se laissait bercer dans ses viles oraisons, une tornade d'eau froide vient ruisseler soudain sur lui, l'emportant dans son torrent glacé, l’agrippant fermement pour mieux le remonter à la surface de la sinistre vérité.
<Ton esprit de vampiret tout juste sorti de l'œuf >
Un oeuf ? Un dragonnet ? Un oeuf pour lui ?
< Tu es comme un dragonneau à qui on aurait donné >
L'oeuf était donc lui ? Il était un dragon alors ? Il était un dragon, exulta-t-il transporté de joie. Et de folie encore.
< Si tu as l'impression d'être perdu ou fou >
Oui fou. Oui, il était fou. Il l'était assurément. Il en avait conscience, même en plein tourment. Il était fou. Qu'importe qu'il soit il, je, eux, nous ou vous, qu'importe qu'il soit oeuf ou dragon, elfe ou vampire, il était fou. Il était fou !
Un souffle chaud et presque humide vint de nouveau l'extirper dans la poisseuse réalité qui l'entourait. Fou il était, mais avec une dragonne à ses côtés. Une forte, mais non violente, pression sur son torse, le museau du dragon si près, si... là, devant lui... qu'il pouvait toucher. Non, qu'il toucha, timide, tel un gamin effarouché, émerveillé alors de ce qu'il découvrait.
< Tu vas me faire le plaisir d'arrêter de faire gesticuler ton esprit comme un poisson serpent prit par les griffes d'un ours. Si tu volète d'un souvenir à l'autre maintenant la seule chose que tu y gagneras sera d'endommager ton esprit pour de bon, ce n'est pas ce que tu veux, non ? >
Ne plus gesticuler. Ne plus voleter. Couper les ailes de ses souvenirs, comme on couperait les ailes d'un dragon ? Ou peut-être les faire s'arrêter de battre le temps d'apprendre à voler dignement et non plus à tâtons ?
< Concentre toi sur le présent pour le moment >
Le présent... Mais que le présent était laid, ne put-il s'empêcher de penser.
< Vide toi l'esprit et regarde autours de toi Eliowir ! >
Regarder... Regarder ? Mais tout était noir... Que pouvait-il regarder ? Le diadème, pensa-t-il subrepticement. Oui, le diadème, là... se concentrer...
Une vague silhouette à ses côtés de nouveau se dessina, s'esquissa, doucement, lentement, timidement, dans une brume étrange et déroutante qui envahissait ses sens indument. Une image qui... soudain trembla, s'estompa, menaça de disparaitre...
< Je sais ! Compte mes écailles ! Je vais te surveiller, et je t'accorderais d'examiner UN de tes souvenirs précis que nous choisirons si tu arrives à me dire combien j'ai d'écailles sur le museau ! >
Combien d'écailles ? Comment donc pouvait-il compter ? Comment... s'il ne voyait ? Et peu à peu, se concentrant, il vit l'image renaitre...
Belle et imposante silhouette... brillantes et grises écailles. Combien d'écailles demandait-elle ? Beaucoup... tant et tant encore... Sur le museau, avait-elle dit... Et il compta. Une, deux. Lutta, l'image trembla. Trois, quatre. Beaucoup, vraiment beaucoup. Il dut se concentrer pour que l'image reste, cesse d'ainsi palpiter. Cinq, six... Beaucoup. Vraiment trop...
- Mais jamais je ne pourrais, murmura-t-il à voix basse, décortiquant presque chaque syllabe comme si parler lui coûtait. Il y en a tant et plus encore. Une éternité il me faudrait, et encore...
Il se força toutefois à la dure tache. Compta. Perdit le compte. Sentit l'image floutée devenir plus nette et moins embrumé. Son esprit voltigeant se calmait, s'apaisait. Il compta, perdit le compte, mais recommença... et finalement, peu sûr de lui, manquant de peu d'abandonner, il se risqua, d'une petite voix, à déclarer :
- Trois cent quatre, je dirais.
Vaguement. Il n'en était pas sûr. Mais du moins avait-il essayé, relevé le défi, et s'y était escrimé dignement. N'est-il pas ? Au moins n'avait-il pas abandonné. Et se sentait dans l'âcre réalité de nouveau ancré. Même si quelques pensées menaçaient de voltiger, ou quelques souvenirs voletant de le hanter... |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Jeu 2 Juil 2015 - 17:40 | |
|
Elle suivait attentivement son esprit mais ne l'aida nullement à se concentrer. Il devait réussir seul, il devait réussir cela, dompter son propre esprit. Elle pouvait lui donner un but pour y parvenir, mais elle ne pouvait le faire à sa place. Impossible. Tout comme elle n'avait pu lui donner une force qui n'était pas la sienne, car ce n'était pas le servir. Il devait apprendre oui. Aux yeux des elfes, il avait été vieux… il était déjà vieux aux yeux des vampires, un vieux nouveau-né… mais en réalité il était un petit dragonneau tout juste sorti de sa coquille, oui. Un grondement vibrant ponctua les protestations. < Et bien éternité tu as, dragonnet, maintenant compte et cesse de te lamenter ! > Tant et plus encore, oui, mais il devrait y parvenir, et il se remit à la tâche, s'attira un souffle satisfait de la mère des tempêtes. Elle l'observa, observa son esprit voletant se calmer progressivement, elle le vit perdre ses comptes plusieurs fois… mais jamais elle n'intervint, jusqu'à ce qu'enfin, il lui propose un chiffre. Clignant de l'œil, un commentaire fusa < Tu n'es pas très assuré… voyons …> Elle se passa une langue bardée de picots sur le museau, puis après un long instant de silence, déclara < Recommence > Et elle ne lui laissa aucunement la possibilité de s'échapper. Il allait recommencer jusqu'à lui donner le nombre exact. Où aurait-il pu s'enfuir de toute façon ? Elle s'était enroulée sur lui totalement et lui bloquait le passage. Il n'irait nulle part.
De nouveau, elle le surveilla, de nouveau elle attendit, et lorsqu'un nouveau chiffre lui fut proposé, elle agit de même, passa sa longue langue sur son museau pour estimer, puis déclara une fois encore < Recommence > Sans cruauté aucune, mais avec la fermeté d'un professeur voulant un résultat quoi qu'il arrive. Combien de fois lui demanda-telle de compter ? Un certain nombre. La pluie avait de nouveau cessée, quand enfin, alors qu'elle estimait ses écailles, un ronronnement lui échappa. Avec affection, et fierté, elle vint lui tapoter le torse du bout du museau. < Félicitation, tu as réussi > Il y avait mis le temps, mais il avait fini par réussir. Se redressant, elle libéra le vampire-sorti-de-l'œuf pour qui puisse profiter de l'accalmie. Un timide soleil brillait à présent au-dessus de la ville, et l'air humide se chargeait de senteurs terrestres, apaisantes par leur naturel. Un beau cadeau pour lui après son effort, estimait-elle, mais elle lui avait promis autre chose, évidemment. Un souvenir. Il fallait trouver un souvenir à examiner ensembles. Se recouchant dans le lit de verdure issue de sa magie latente, elle prit ses aises Humant l'air alourdis d'humidité, la dragonne attendit, lui permettant un peu de liberté et de détente, après ce qu'elle lui avait imposé. Elle-même avait envie d'observer un peu le reste du monde, et elle ne s'en priva pas.
Puis, quand elle estima qu'il était temps, elle revint au vampire-dragonnet et reprit la parole < A présent, comme promis, un de tes souvenirs recouvré. Je t'aiderais. Y a-t-il quelque chose de ta vie passée que tu voudrais retrouver plus que le reste ? Si c'est le cas, nous chercherons à raviver celui-ci avant les autres. Si tu n'as pas d'idée précise sur la question, je suggère que nous nous attachions au premier qui te viendra. Est-ce que cela te convient ? > Il n'y avait, de toute façon, pas tant de manières de procéder, à son sens. Elle attendit, alors, de savoir ce qu'il déciderait, avant d'entamer cet acte délicat. < Rappel toi également : je serais là pour te guider, mais c'est à toi de dompter ta mémoire. Si tu sens que son contrôle t'échappe, compte de nouveau et ce jusqu'à ce que tu te sentes fort une fois de plus. Quelle que soit la valeur que tu accordes à ta mémoire, ce ne sont que des images d'un passé révolu, et elles ne doivent en aucun cas prendre l'ascendant sur toi. Elles t'appartiennent, pas l'inverse… >
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Lun 13 Juil 2015 - 1:18 | |
| Recommence. Recommence. Recommence encore. Il avait l'impression de ne plus entendre que ce mot-là. Mais jamais il ne se rebiffa, jamais il ne tenta de contrer, s'esquiver ou fuir, et encore, et encore, et encore, recompta. Jusqu'à ce qu'enfin...
Enfin cet imposant museau qu'il semblait soudain devoir connaitre par coeur vint lui tapoter le torse, manquant de peu de le faire vaciller. Il avait réussi, disait-elle. Enfin il avait réussi. Et ce fut avec une once de fierté qu'il sourit. Fierté mal placée, sans aucun doute, quand on songeait au nombre incommensurable d'essais qu'il lui avait fallu. Le temps semblait avoir lui aussi défiler, les grains du sablier s’égrainant bien plus vite que les écailles ne se comptaient. Mais il avait réussi, une réussite sur bien des aspects, réalisait-il soudain, alors que son esprit semblait avoir trouvé un certain salut.
Oui, un certain salut. Ce n'était pas une paix complète, ce n'était pas un apaisement total, alors que ses souvenirs continuaient à voltiger sans cesse... mais du moins ne lui chuchotaient-ils pas leurs éternelles complaintes, du moins ne venaient-ils plus l'aveugler de leurs mille reflets de ce passé en pièces. Il sourit alors à la dragonne, pleinement conscient, seulement en cet instant, de ce qu'elle venait de faire, relevant vers elle un regard étonnamment transperçant. S'il ne la voyait qu'à travers les brumes de son diadème, qu'à travers les opacités de son aveuglement, il la contemplait de toute son âme lui offrant alors son plein dévouement. Un dévouement sans faille, une adoration inextricable, un fort sentiment inexprimable... Il lui devait tant. Tant et plus encore. Le savait-elle seulement ?
Tout à sa contemplation de la belle écailleuse, il sentit la douce et terrible chaleur du soleil lui chatouiller la peau. Il en frissonna tout d'abord, appréhendant quelque peu la faiblesse qui ne manquerait pas de le frapper, sous les ardents rayons qui venaient le happer. Mais... Mais quelques vieilles sensations d'un temps passé s'insinuèrent en lui, s'infiltrèrent dans tous ses pores, et il se laissa quelques instants entrainer dans ces étranges sentiers. Ouvrant grand les bras, il inspira fortement, s'enivrant du parfum de la terre alors détrempée, de ce merveilleux parfum de pluie passée, et se mit lentement, doucement, à petits pas, sur lui-même à tournoyer. un doux sourire flottait sur ses lèvres balafrées, et la décence ne l'aurait pas retenu, il aurait ri à gorge déployée. Ri de cette liberté recouvrée, ri de ces souvenirs de nouveau retrouvés, ri de sa folie à demi contrôlée...
Il dut tournoyer un peu trop vite toutefois, pour lui qui si peu ne voyait, et tomba sur le sol. Loin de s'en déconcerter ou de s'en mortifier, il se laissa tomber plus encore, et tenta, allongé ainsi sur le dos, de ne faire qu'un avec cette terre qui.... oui, qui lui avait tant manquée. Il avait tant aimé la terre, en tout temps. Mais depuis sa renaissance vampirique, il semblait avoir quelque peu perdu tout contact avec elle. Comme si...
Comme si perdu dans d'autres attraits, d'autres viles attirances enivrantes, comme si par le sang sans cesse appelé, il en avait oublié d'observer et d'écouter la nature autour de lui. La terre si riche, si belle, si puissante, pulsant sous milles ondes. Il avait l'impression soudain de retrouver une vielle amie, une vielle alliée, un autre monde. Ecartant les bras, il en caressa les petites herbes, s'enivra encore de son parfum enrichi, et se laissa emporter en ces instants par tous ses sens enivrés, par la chaleur douce et amère du soleil timoré, par la douceur soyeuse et rêche des herbes mouillées, par les senteurs douceâtres et suaves de la terre imbibée...
Combien dura ce moment de paix ? Il n'aurait su le dire. Eternellement se surprit-il à espérer. Mais une douce voix, profonde et grave, déjà l'en extirpait. Sans brusquerie aucune, bien au contraire. Elle était chaude et suave, une voix qu'il aimait tant écouter.
Oui, cela lui convenait, acquiesça-t-il silencieusement, d'un simple signe de tête, tout en se rasseyant plus décemment. Un souvenir donc. Un souvenir, un seul. S'il en avait un qu'il aimerait le plus retrouver ? Il y en avait tant... tant et tant encore... Mais un seul, avait-elle dit. Le premier qui lui venait à l'esprit ? Mais tant semblaient battre en lui... Il y 'en avait un, entre tous, qui toutefois l'intriguait. Lui faisait battre le coeur pourtant censé ne plus jouer tambour. Un souvenir qui, entre tous, du peu qu'il en avait entrevu, le remuait profondément, l'émouvait, empoignait son âme en même temps qu'elle l'empalait. Cet acte étrange, déroutant, déconcertant, cet acte honni. Ce meurtre... cet infanticide, comme on l'appelait, en cette sinistre nuit. Oui.... ce souvenir-là peut-être ?
Mais rien qu'à cette pensée, il sentit son esprit vaciller, vers le gouffre de la folie menacer de basculer, alors que mille voix semblaient vouloir se réveiller.
< Rappelle-toi également : je serais là pour te guider, mais c'est à toi de dompter ta mémoire. >
Dompter sa mémoire.... dompter sa mémoire... Tout ce sang. Ces feuilles mortes éparpillées par terre. Ces feuilles meurtrières... Feuilles meurtrières.... oui, il se rappelait... vaguement... Ce sort funeste... ce...
Tout ce sang. Son fils... Un fils tué. Un fils mort. Par lui, de ses mains, de son sort... C'était à la fois lui sans être lui. Un autre lui. Son lui elfe. Il se revoyait, il revoyait l'autre, il revoyait le sort, l'elfe mort, son fils mort... Son fils... qui ne l'était pas, ne l'était plus ? Qui... un autre que lui... Un autre lui. Un autre mort. Tant de sang. Et quelle était cette étrange culpabilité ? Coupable il s'était senti. Coupable se sentait-il encore ? il ne savait pas... c'était si... lui sans être lui...
< Si tu sens que son contrôle t'échappe, compte de nouveau et ce jusqu'à ce que tu te sentes fort une fois de plus. >
Compter. Oui, compter les écailles... recompter.... Et il recompta. Chassa les images, les voix, les accusations sans nom, les sentiments palpitants, les sensations déroutantes. Chassa et recompta, jusqu'à... mais quelle irraison...
Non, il n'était pas coupable. Pas réellement. Plus réellement. Oui, il avait commis un acte irréparable, même aux yeux des vampires pour qui la notion de famille était tout aussi importante, même si de manière différente. Du moins pour des vampires comme son millénaire de Père. Oui, cet acte de tuer un fils était... indescriptible. Un geste honni. Un geste qui... oui le hantait. Un geste qu'il regrettait. Même maintenant vampire. Même pour ce fils-là pour qui il ne ressentait... et bien il ne savait ce qu'il ressentait pour lui. Mais, si coupable il avait été, c'était son moi elfe que cela concernait. Lui se devait... de ne pas oublier. Non. Mais s'en mortifier encore ? Oui, sans doute encore. Il n'aurait su dire. Tout cela le déroutait, tout cela le...
Recompter... recompter... et se forçant à voir les écailles devant lui il recompta.
< Elles t'appartiennent, pas l'inverse… >
Son passé, sa mémoire, ses images... Oui, tout cela devait lui appartenir, mais il ne devait pas leur appartenir à son tour. Les faire siens, oui, mais non pas devenir leur. Oui, elle avait raison, songea-t-il, tout en chassant au loin ce souvenir qui l'éprouvait. Ce souvenir qui l'agitait, alors qu'il se demandait ce qu'en penserait, ce qu'en pensait ?, son père Achroma. Achroma...
Et, alors même que ce nom résonna en son esprit, un autre souvenir s'imposa. Un souvenir bien plus...
Bien plus... apaisant. Tout aussi troublant. Mais bien plus... oui, bien plus agréable et réconfortant. Un souvenir puissant. Enivrant. Intime aussi, rougit-il presque en songeant que, peut-être, sans doute même, la dragonne avait suivi le fil de ses pensées et ce souvenir agité. Un souvenir osé... ce souvenir où... pour la première fois le dragonnier l'avait possédé. Possessif oui, il l'avait dévoré, entièrement, sans concession aucune. Sans concession voulue d'ailleurs. Lui révélant alors le dragon qui l'habitait. Et le lion, loin de s'en offusquer, en avait ronronné.
En ronronnait encore, se surprit-il, alors qu'enfin, il rouvrait les yeux vers la dragonne. Mortifié. Il dut faire un effort extrême pour ne pas se laisser de nouveau enivrer par ce souvenir imposant et pour revenir dans le temps présent.
- Mère des Tempêtes, je suis... je vous prie de bien vouloir me pardonner cet égarement. Je me suis laissé emporter... et vous ai entrainé dans cette intimité indument. J'en suis... désolé.
Honteux. Mais heureux aussi, dut-il avouer. C'était là un souvenir recouvré qu'il chérissait et qu'il chérirait à jamais, tel un trésor inespéré.
Et un fin sourire se dessinant sur ses lèvres bien malgré lui, il ajouta d'une voix chaude qui cachait mal les pensées bien peu chastes qui voltigeaient en son esprit au seul nom d'Achroma :
- J'en suis troublé.
|
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Lun 13 Juil 2015 - 17:53 | |
|
Elle suivit le souvenir avec amusement, loin de s'en offusquer, de s'en choquer ou de s'en gêner. Sans doute était-ce purement draconique que de n'avoir pas le sens de l'intimité dans cet aspect-là… mais après tout, elle était dragon, donc elle n'avait rien à se reprocher. Et elle n'avait certainement rien à reprocher à Eliowir non plus. C'était mignon, en un sens, pour des bipèdes. Elle préférait amplement cela à ces souvenirs plein de désespoir qu'il semblait dissimuler dans son crâne. Au moins était-ce là un souvenir positif sur lequel il pourrait s'appuyer et duquel il tirerait de la force. Clignant de ses grands yeux, elle répondit donc sans ambages : < Pourquoi t'excuser de tes souvenirs ? Ne t'en fait donc pas pour ça ! Tu es loin d'être le premier bipède que j'aurais vu s'accoupler, souvenir ou pas. Il n'y a pas de honte à avoir à de tels souvenirs, et c'est moi qui t'ai suivi. > Le voir ainsi la satisfaisait. Oui c'était bien plus positif que son précédent état. Et d'après elle, cela suffisait pour cette fois. Aller plus loin aurait été imprudent et inutile pour le moment.
Avec douceur, elle posa le bout du museau sur sa minuscule épaule. < Tes sentiments pour lui sont forts… Ils sont ce que tu chéris le plus. C'est naturel qu'ils te troublent alors, en recouvrant de tels souvenirs > Elle l'entour d'une bouffée de fumée chaude < Je pense qu'il ne serait pas bon d'aller plus loin pour le moment. Ce que tu as accomplis, aucun autre à ma connaissance ne l'a fait. Tu as besoin de pouvoir te reposer, tout vampire que tu sois. Te reposer et profiter de ton souvenir clarifié… > Avec une pointe de taquinerie, elle ajouta < J'ai l'impression que celui-ci t'occupera un moment > Elle releva le museau et observa la triste ville qu'était devenue Gloria. Auparavant, elle avait été humaine donc peu agréable, mais au moins était-elle un tant soit peu positive. Ce n'était plus guère le cas. Il aurait mieux valu qu'elle reste aux mains des humains. Mais ce serait peut-être de nouveau le cas plus tard. Bien des heures avaient passés, depuis l'arrivée d'Eliowir, et il était grandement temps qu'il retourne à ses obligations… même si elle aurait bien accepté qu'il reste plus longtemps.
< Tu dois me quitter à présent. Tes devoirs t'attendent, et tu as bien assez à faire avec ce que nous venons de créer. N'oublie pas de compter, si tu te sens basculer…. Et revient me voir, à l'occasion, je serais ravie de ta compagnie, comme toujours > Avec une dernière délicatesse caresse mentale, elle se releva et s'ébroua < Je vais aller voler, je pense… > L'air sembler l'appeler. A défaut de liberté elle pourrait au moins s'offrir le luxe de quelques instants entre ciel et terre.
|
| | |
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir Sam 18 Juil 2015 - 22:46 | |
| Que la dragonne ne semblât pas s'émouvoir plus que cela d'avoir assisté à pareils souvenirs licencieux, ne l'en fit pas moins rougir d'embarras confus et un peu honteux. D'autant plus quand elle osa prononcer quelques mots bien choisis. S'accoupler... Ce seul mot suffit alors à raviver ses souvenirs épanouis. Il fut un instant tenté de se laisser de nouveau happer.. mais la décence le retint, la confusion aussi, et il chassa les images osées.
Il huma profondément la chaude brume qui l'enveloppa et tenta d'identifier toutes les saveurs évanescentes qui s'y distillaient. Oui, se reposer, elle n'avait pas tort, il se sentait las. Tous ses sens embrumé dans une douce déliquescence enfiévrée.
Non, effectivement, il ne serait pas bon de pousser sa raison dans d'autres contrées. Elle avait déjà failli bien des fois vaciller au bord de ces gouffres abyssaux qui l'habitaient. Il ne put s'empêcher de ressentir une pointe d'orgueil déplacé quand elle affirma qu'il venait d'accomplir ce qu'aucun autre n'avait fait. Ce qu'aucun autre... Il n'était donc aucun autre, songea-t-il d'un air rêveur, arrogance reprenait ses droits et son emprise sur son noir coeur.
< J'ai l'impression que celui-ci t'occupera un moment >
Nouveau rougissement, nouvel embarras. Mère des Tempêtes semblait douée pour le toucher en ce point-là.
Oui, malheureusement, il devait la quitter. Oh qu'il aurait aimé ne jamais partir, sous ses ailes protectrices rester, compter ses écailles grises encore et encore sans s'arrêter... Il n'avait aucune envie de retourner à la sinistre existence du Sombre Garde qu'il incarnait. Mais... avait-il seulement le choix ? Et s'il abandonnait tout cela... Cela serait aussi trahir son bel Achroma, n'est-ce pas ?
Non, il ne serait pas dit qu'il le trahirait. Il ne faiblirait pas. Il retournait à sa réalité oui, et tout comme il avait terrassé ses souvenirs, du moins en cet instant de paix, il la terrasserait elle-aussi, quand le temps viendrait.
Il ferma les yeux à la douce caresse qui l'effleura, s'abreuvant de cette étonnante démonstration d'affection, qu'il aurait tant voulu rendre lui aussi, lui offrir également de belles attentions. Et, n'écoutant que son instinct alors presque enfantin, il approcha une main un peu tremblante et à son tour en une douce caresse la frôla.
- Je ne pourrais jamais assez vous remercier, Noble écailleuse grise. Vous venez de m'offrir un cadeau si beau... en libérant mes souvenirs d'une si sombre emprise...
L'emprise du passé, des souvenirs perdus, du venin les confinant dans des limbes bien obscures...
- J'espère pouvoir un jour vous rendre pareille offrande. Oh Mère des Tempêtes, ma non-vie, mon âme, vous sont acquises. Vous honorer à mon tour sera une joie exquise. Même si je doute pouvoir un jour tout cela vous rendre...
Il ôta sa main, comme à regret, et leva ses pâles orbes vers ses sombres iridescences.
- Vous avez raison, toutefois. Devoirs m'appellent de nouveau, et si rester avec vous me taraude, leur répondre malheureusement je me dois.
Et se disant, il lui offrit une digne et elfique révérence. La regardant ensuite s'envoler dans un beau drapé d'ailes, le vent battant soudain furieusement sous elle. Magnifique dragonne qui un instant obscurcit le ciel, avant que finalement belle silhouette n'esquisse une étrange danse éternelle... |
| | | Contenu sponsoriséMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir | |
| |
| | | | Souvenirs, souvenirs - PV Eliowir | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |