La journée avait été longue. Longue et fatigante. La nuit commençait à tomber sur Sandur, plongeant peu à peu la cité des Esprits dans l'obscurité. A grande foulées, Orfraie traversait la cité en direction de Fort Espérance. La main gauche sur la garde de son épée, la guerrière semblait pressée. Toutefois, aussi vite pouvait-elle marcher, sa démarche n'en restait pas moins fluide et aérienne, typique des Elfes. Les marches de Fort Espérance furent gravies deux à deux, puis la guerrière se dirigea rapidement vers ses appartements. Elle salua les deux gardes Elfes en faction, puis ouvrit la porte et la referma derrière elle.

Au calme, la guerrière se déchargea de ses armes. Elle entreprit ensuite de retirer son armure, qu'elle déposa sur un mannequin prévu à cet effet. Débarrassée de son carcan d'acier, l'Elfe fit quelques pas dans ses appartements, nue. C'est à cet instant qu'elle entendit quelques coups à sa porte. La guerrière se figea, puis se rendit rapidement dans sa chambre où elle passa le premier vêtement qu'elle trouva. Il s'agissait de cette robe Elfique blanche, qu'elle avait mit le soir où elle avait rencontré la jeune Luna, quelques jours plus tôt. Le lacet situé sur le devant de la robe n'était pas resserré et laissait entrevoir un décolleté fort appréciable, sans toutefois être vulgaire. Il était rare de voir la princesse dans une telle tenue, ce vêtement la rendant immédiatement plus fragile qu'elle ne l'était en réalité. Orfraie ouvrit sa porte et un garde se plaça aussitôt dans l'encadrement de la porte. En Elfique, il lui expliqua d'un Alayien souhaitait lui faire part d'une importante affaire, de toute urgence. Lorsqu'il se décala d'un pas pour la laisser voir Christan, le sourcil gauche d'Orfraie s'arqua dangereusement.

" Entrez. " Fit-elle à Christan, en s'écartant afin de le laisser entrer.

Chose faite, l'Elfe referma la porte en bois derrière lui, non sans dire aux gardes – en Elfique – qu'elle les appellerait s'il y avait un problème. Désarmée et vêtue d'une simple robe immaculée, Orfraie se sentait soudainement bien petite par rapport à l'Alayien, qu'elle dominait toutefois d'une tête. Que lui voulait-il ? Elle savait que Weren n'était pas du genre à lui rendre visite par courtoisie, d'autant qu'elle avait sentit son regard noir sur elle plus tôt dans la journée.

" Suilad*, Homme de Métal. Que me vaut cette visite tardive ? " Demanda la guerrière en croisant les bras sur sa poitrine, son regard se plantant dans les yeux de Weren, ou du moins là où ils se trouvaient.

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* Suilad : Salutation (Elfique)

La tenue actuelle de la Générale Elfique la rendait moins impressionnante, plus fragile. Toutefois, sa posture ne laissait aucun doute sur sa capacité à se défendre en cas de besoin. Cependant, Orfraie savait Weren suffisamment intelligent pour ne pas la provoquer et surtout pas ici. De plus, si ce dernier était venu jusque dans ses appartements pour s'entretenir avec elle, c'est que la situation devait être préoccupante. L'Homme de Métal salua la générale, qui esquissa un léger sourire. Il était vrai qu'à présent, c'était elle la plus gradée. Toutefois, Orfraie n'avait guère envie de charrier l'homme à ce sujet, surtout depuis qu'elle avait apprit la mort de Néant. Une triste nouvelle.

L'Alayien enchaina rapidement sur l'objet de sa visite, aussi tardive soit elle. Ainsi, il cherchait quelqu'un. Après avoir fouillé tout Sandur sans parvenir à retrouver cette femme, il était venu a penser que celle-ci avait quitter la cité et comptait sur les compétences de l'Elfette pour l'aider à la retrouver. L'idée que Christan lui demande son aide était amusante, toutefois elle ne fit aucune remarque à ce sujet là.

" Si vous ne l'avez pas trouvé dans Sandur, il est effectivement fort possible qu'elle ait quitté la ville. Avez-vous interrogé les gardes en faction ? " Demanda l'Elfe, par principe. C'était là la première chose qu'elle aurait faite à sa place, toutefois l'Alayien attiré davantage la méfiance que l'Elfette, en cela avoir des réponses pouvaient être difficile … " Si elle a quitté la cité, je suppose qu'elle l'a fait très tôt ce matin, alors que le soleil n'était pas encore lever. Le désert est impraticable la journée. Elle a forcément du s'abriter et ne peut donc pas être très loin." Ajouta Orfraie tout en se dirigeant vers sa chambre. " Laissez moi mettre quelque chose de plus adapter, je vais vous aider à la retrouver. " Fit-elle avant de disparaitre, tandis que Weren ajoutait sombrement qu'elle risquait de mourir si rien n'était fait. Sur cela, l'Elfe était d'accord… Elle aurait pu laisser l'Alayien se débrouiller seule, elle n'avait – après tout – aucune dette envers lui … Mais le sens du devoir de l'Elfe lui dictait de venir en aide à l'humain.

Dans sa chambre, la princesse quitta sa robe et passa son armure. L'habitude aidant, elle fut équipée en quelques minutes. Le poids de la maille et de l'acier Elfique sur ses épaules lui fit du bien, comme si elle se retrouvait dans un cocon protecteur. Cette armure ne l'avait pas quitté depuis des siècles, l'Elfette préférant l'améliorer au fil du temps plutôt que de s'en procurer une nouvelle. Le fait qu'elle combatte avec le même équipement depuis tant d'années était non négligeable, cela ne la rendait que plus habile.
Orfraie referma finalement ses doigts sur Palantir et passa l'arc en bandoulière, alors qu'elle rejoignait Christan. Elle lui fit ensuite signe de la suivre, alors qu'elle quittait ses appartements. Dehors, il pu récupérer ses armes tandis que la guerrière avertissait les deux Elfes qu'elle allait l'aider dans sa quête.

" Je suis vraiment navrée, pour la perte de Néant. " fit doucement Orfraie, son regard se posant brièvement sur l'Alayien qui se trouvait à ses côtés. Elle ne savait pas comment il allait prendre ses mots, mais l'Elfette trouvait qu'ils étaient – tout de même – de circonstances. Elle savait Weren un grand fidèle et la disparition de cet Esprit lui avait sans le moindre doute porté un grand coup, même s'il ne le montrait pas. " Dites m'en plus sur cette femme. A quoi ressemble t-elle, son identité, ses habitudes si vous les connaissez … " ajouta la guerrière après quelques secondes. Elle aurait pu demander des informations sur le lien qui les unissait, sur le pourquoi d'une telle recherche… Toutefois, Orfraie ne voulait pas braquer Weren, ou pas trop vite. Elle savait l'Alayien peu prompte à coopérer avec un Elfe, que venir quérir son aide avait du être un vrai challenge pour lui. " Nous allons aller questionner les gardes a l'entrée de la ville, peut être ont-il des informations utiles. " Elle jeta un coup d'œil vers l'Alayien. " Il serait préférable de me laisser parler, je crois savoir que des Elfes était à la porte aujourd'hui. "

Le regard d'Orfraie croisa celui de l'Alayien et pour la première fois, celle-ci pu voir son visage. Un visage marqué par le temps et les combats. Christan avait le crane rasé et ne portait pas la barbe, comme elle s'y était pourtant attendu. Trois cicatrices lui barraient le visage et il manquait un morceau à son oreille gauche. L'espace d'un instant, l'Elfette fut impressionné. Puis ses iris bleu glacier rencontrèrent ceux du guerrier. Ses pupilles étaient comme deux fenêtres jusqu'à son âme. L'Alayien semblait vide, à l'instar de son regard. La mort de Néant semblait avoir éteint sa flamme.

Le guerrier en armure remit son casque puis reprit la parole, décrivant très sommairement la jeune femme qu'il recherchait. Toutefois, le fait qu'elle soit enceinte représentait un signe distinctif très important… et également une vrai préoccupation. Il était inconscient, pour une futur mère, de se promener dans le désert. Les risques pour elle et l'enfant étaient grands. L'Alayien tira Orfraie de ses pensées lorsqu'il reprit la parole. Il ne la pensait pas sincère, il pensait que sa compassion était une faiblesse. L'Elfette soupira. " Nous sommes ensembles, des frères contre les forces du Blanc. Et je ne tue pas mes frères, je protège leurs arrières. " répondit la générale avant de presser le pas, distançant l'Alayien. Cela lui laisserait le temps de méditer ces paroles.

La guerrière se dirigea directement vers les portes de Sandur, son ouïe lui permettant de s'assurer que Christan la suivait sans qu'elle ait besoin de se retourner. Comme elle l'avait dit, elle trouva trois Elfes en faction à la porte. Lorsqu'elle se présenta à eux, ces derniers s'inclinèrent et se relevèrent lorsqu'elle le leur permit, d'un geste rapide de la main. Un geste qui traduisait un certain agacement. Orfraie préférait être traité en guerrière. En Elfique, elle leur demanda s'ils avaient vu sortir de la ville une femme, qu'elle décrivit en reprenant les mots de l'Alayien qui l'avait finalement rejoint. Elle rajouta que la femme était enceinte et tentait peut être de le dissimuler à l'aide de vêtements amples. Ce détail fit tiquer l'un des garde, qui avoua avoir vu passer une telle femme plus tôt dans la soirée, lorsque le soleil commençait à décliner. Elle devait avoir plusieurs heures d'avance sur eux… Finalement, le garde pointa un doigt dans la direction qu'elle avait prise et Orfraie s'élança hors de Sandur après les avoir remercié. La main gauche sur la garde de son épée, elle trottina le long de la route quittant la ville jusqu'à gravir une dune, suivant la direction indiquée par le garde. En haut, elle se retourna et observa Christan gravir la montagne de sable, un sourire narquois aux lèvres. "Vous auriez dû laisser votre armure de plaque pour cette expédition. Elle va vous ralentir." Commenta la guerrière, amusée. Orfraie pour sa part, ne s'enfonçait guère dans le sable, son pas étant léger, aérien.

" Elle est parti dans cette direction. " Fit Orfraie en pointant l'horizon du doigt. Là bas, haut loin, se trouvait l'océan. " Si elle est enceinte, elle n'a pas dû aller très loin. Porter un enfant est fatiguant. Et dangereux, dans ces conditions. " ajouta l'Elfette, dont le regard scrutait les alentours. " Là bas, il y a quelque chose. " indiqua Orfraie avant de s'élancer au pas de course, dévalant la dune. La guerrière se dirigea vers un cactus, lui-même entouré de plusieurs autres. Là, elle récupéra un morceau de tissu couleur sable. Seul un Elfe aurait pu voir un si petit morceau de tissu – surtout de cette couleur – à une telle distance. " Elle est passé par là. Elle courait." fit Orfraie en s'accroupissant au pied du cactus lorsque Christan fut près d'elle. "Voyez les empreintes. Petite, peu profonde, espacées. Une femme qui courrait. Mais pourquoi ? " Demanda t-elle à voix haute, plus pour elle que pour l'Alayien. " Continuons. Pourquoi fuirait-elle Sandur, à votre avis ? " Questionna finalement la rôdeuse sans regarder l'homme de métal, son regard scrutant les alentours tandis qu'elle suivait les traces encore apparentes dans le sabre. Toutefois, le vent les avaient partiellement recouverte et il était facile de les perdre de vue…

L'Alayien avait répondu, comme elle s'y était attendue, à sa pique. L'homme était prévisible. Mais ce dernier pouvait se targuer d'avoir fait rire l'Elfette, qui observa Christan gravir la dune avec plus ou moins de difficulté, le sable s'écoulant vers le bas à chacun de ses pas.

L'Elfette était désormais immobile, cherchant du regard d'autres traces laissées par la jeune femme. Dommage que le duo n'ait pas sous la main un chien renifleur – ou un vampire – il aurait alors était plus facile de retrouver la trace de l'Alayienne. En effet, comme Orfraie le redoutait, le vent avait fini d'effacer les traces de pas que le duo avait suivit jusqu'ici. Christan entreprit d'expliquer ce qui était arrivée à la jeune femme tandis qu'Orfraie avançait désormais à l'aveugle, se fiant à son instinct. Ainsi, l'Alayienne était enceinte depuis plusieurs mois, enceinte de son violeur. A ses mots, la guerrière serra le point et ferma les yeux. Les Hommes la répugnaient, parfois… Le déshonneur ressenti pouvait être grand, comme l'expliqua Christan, et l'Elfette ne tarda pas à imaginer ce que la jeune femme avait en tête : se débarrasser de l'enfant. Tuer un fœtus n'était pas si compliqué, une mauvaise chute pouvait suffir… Mais cela finissait généralement mal pour la mère si elle n'était pas soignée à temps. L'image d'une femme baignant dans son sang s'imposa à Orfraie, qui pressa aussitôt le pas.

Le duo aperçut rapidement l'entrée d'un tunnel. S'agissait-il d'un conduit menant aux galeries des vampires ? C'était possible … Toutefois, avant que l'Elfe s'élance, l'Alayien l'interpela. Orfraie se tourna vers lui tout en rassemblant sa chevelure qu'elle jeta par-dessus son épaule droite. Des sables mouvants ? Splendide ! Cependant, Christan lui expliqua que ce tunnel était sensé les contourner, justement.

" Je pense qu'elle va tenter de se débarasser de l'enfant. Si j'étais elle et si j'étais dans son état d'esprit, je le ferais à l'abri des regards indiscrets… autrement dit, je serais là dedans. " Exposa Orfraie en se tournant vers l'entrée du tunnel. Il lui semblait d'ailleurs sentir une odeur familière. " Allons-y, j'ai un mauvais pressentiment."

L'Elfette n'attendit guère la réponse de l'Alayien pour s'élancer vers le tunnel. Une fois de plus, au pas de course. Toutefois, Orfraie fut dans l'obligation d'attendre Christan car après avoir fait quelques pas à l'intérieur, elle dû se rendre à l'évidence : il faisait trop sombre pour que l'humain puisse y voir, elle allait donc devoir le guider. Lorsque celui-ci arriva à sa hauteur, elle ne perdit pas de temps. " Il fait trop sombre pour que vos yeux d'humains puissent discerner quoi que ce soit. Je vais vous guider. Donnez-moi votre main. " Demanda l'Elfe, même si toutefois cela ressemblait davantage à un ordre. Et avant que Christan émette une objection, la Rôdeuse saisit sa main gantée de métal et l'entraina à sa suite. Elle-même n'y voyait pas parfaitement, mais suffisamment pour ne pas trébucher sur d'éventuel obstacles et voir où le tunnel la menait.

Bientôt, l'effluve qu'elle avait sentit quelques minute plus tôt fut plus forte. L'odeur n'était pas suffisamment forte pour que l'Alayien puisse la percevoir, mais l'Elfette la reconnue sans mal : c'était l'odeur d sang… Orfraie inspira alors longuement afin de suivre cette piste. Cette façon de procéder n'était pas habituelle, mais c'était là la meilleure piste que la Rôdeuse avait. " Vous sentez ? C'est l'odeur du sang … " commenta sombrement l'Elfette après quelques pas, l'odeur de plus en plus forte. Sa voix n'était qu'un murmure, mais la caverne l'amplifiait incroyablement bien. D'ailleurs, il était impossible pour le duo d'être silencieux à cause de l'armure de l'Alayien…

Cinq minutes supplémentaire furent nécessaire, Orfraie se guidant désormais qu'avec son odorat, sa vue ne lui servant plus qu'à éviter les obstacles… La rôdeuse s'arrêta soudainement lorsqu'elle bifurqua à quatre vingt(dix degrés, le tunnel se coupant en deux. Elle ignorait où menait ce chemin, mais ce qu'elle parvenait à distinguer la laissa sans voix, l'espace d'un instant.

" Par Dracos…"

Devant elle, allongée dans le sable et la poussière, se trouvait la jeune femme. Son bas ventre était tachait de sang, tandis qu'à côté du corps étendu, Orfraie distinguait vaguement une petit forme. Un bébé.

Il était rare que l'Elfe jure par Dracos. Et pourtant, elle venait de le faire, signe que ce qui se trouvait devant elle l'avait suffisamment choqué. Même si Orfraie ne voyait pas parfaitement dans le noir quasi complet, sa vision était suffisamment bonne pour qu'elle ait une assez bonne idée du triste spectacle qui s'étendait à ses pieds.

La Rôdeuse reprit, toutefois, rapidement ses esprits. Christan ne devait strictement rien voir, Orfraie entreprit donc de faire un peu de lumière. L'Elfe aurait pu faire cela plus tôt, mais elle avait préféré économiser son énergie, même si le sort qu'elle aller employer n'était pas gourmand en énergie pour une Elfe ayant son entrainement. La guerrière approcha donc sa main de son visage, les doigts bien écartés, puis se concentra quelques instants. Des petites flammes apparurent quasi instantanément au bout de ses cinq doigts, offrant suffisamment de lumière pour éclairer le couloir.

La scène se révéla enfin complètement et ce n'était pas beau à voir. Orfraie avait déjà vue des marres de sang, des corps broyés, déchiquetés, démembrés… Mais la vision de cette femme lui fit grande peine. Elle savait que l'enfant était le fruit d'un viol, elle pouvait se douter de la douleur que cela avait été de porter cet enfant... Orfraie prit donc un instants pour prononcés quelques mots en Elfique, une prière pour la jeune femme.

" I Melain berio le (Puissent les Esprits veiller sur toi)."

Orfraie savait que les Alayiens n'avaient foi qu'en Néant, mais celle-ci était morte. La guerrière espérait donc que les Esprits prennent tout de même soin de la jeune femme, peu importe son origine…
Le regard de l'Elfe se porta sur Christan, qui avançait en titubant vers la jeune femme. Était-il si touché par sa mort qu'il avait des difficultés à marcher ? Cela était possible, le guerrier faisant grand cas de l'honneur. C'est avec un regard différent, qu'Orfraie observa l'Alayien découvrir le visage du bébé puis le prendre dans ses bras. Cette vision était étrange, mais très attendrissante. L'Elfe acquiesça d'un simple hochement de tête, prenant le nouveau né sur son bras gauche lorsque Christan lui tendit. De son autre main, elle continuait à éclairer le couloir.

Le regard aigue-marine de l'Elfe se posa sur l'Alayien alors que celui-ci parlait. Ses mots sonnaient comme du vécu, et la princesse comprit que l'enfance de Christan n'avait pas été de tout repos. Orfraie reporta rapidement son regard sur le nouveau né qu'elle portait sur son bras gauche. Celui-ci était faible, et respirait à peine, mais il était vivant. Il aurait dû rapidement mourir après sa naissance, vaincu par le froid de ce tunnel, par la faim, la soif, la maladie même. Mais il était vivant. Et c'était sur elle que Christan comptait pour décider du sort de cet enfant.

Le choix était tout réfléchi. Orfraie était une guerrière, elle avait déjà tué… mais elle ne pouvait tuer de sang froid un nouveau né. Elle se devait de lui laisser une chance. Alors, forte de ce choix, la Princesse se mit à chanter. Un chant Elfique. Sa voix était douce, presque un murmure et résonnait dans le tunnel. Par ce court chant, elle entreprit de soigner ses blessures, internes et externes.

Un instant, le regard de l'Elfe se posa sur Christan, puis se reporta sur l'enfant qui semblait respirer avec davantage de facilité. Lorsqu'Orfraie se tut, le nouveau né respirait normalement. Les Alayiens exécraient la magie, cela Orfraie le savait, mais c'était la seule solution qui s'était présentée à elle sur le moment. Le porter aux Baptistrels aurait été risqué, le temps étant alors compté. Avec douceur, l'Elfe replaça le tissu qui couvrait l'enfant, et en profita pour connaître son sexe.

" C'est un garçon. " Indiqua t-elle à l'Alayien. " Il vivra, mais il a besoin d'être nourrit. Il faut le ramener à Sandur, trouver quelqu'un pour s'en occuper. Que ce soit parmi les Alayiens, ou parmi les Armandéens." Poursuivit Orfraie, son regard trouvant celui de Christan, ou du moins là où il aurait dû se trouver. " Je peux le confier aux miens. Ils en prendront soin, il grandira, deviendra un homme et sera entrainé pour devenir un guerrier. "


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Citation :

[Contrôle] Flammèches
Fait apparaître cinq petites flammèches, une pour chaque bout de doigts, sur la main droite ou gauche. Utile dans l'obscurité ou pour apprendre le contrôle à un jeune élève. Le feu peut brûler ou s'éteindre très vite à ce niveau, mais une fois magicien, il est inoffensif et peut rester durant des heures.

Geste clé : Porter la main en question devant son visage (pas trop près évidemment), les doigts bien écartés les uns des autres.

Citation :

[Soin] Soins
Referme les blessures à condition qu'elles ne soient pas trop graves, répare les os. Marche aussi sur les végétaux et animaux.
Geste clé : Chant elfique.

L'enfant dans un bras, Orfraie attendait désormais la réponse de l'Alayien. Elle ne se sentait pas le droit de décider pour la petite chose qu'elle portait contre elle. Elle avait proposé des solutions, c'était désormais à Christan de décider.

Celui-ci ne perdit pas de temps et, sans surprise, dit qu'il aurait préféré que l'enfant décide de lui-même de son destin. Toutefois, cela était impossible, comme le commenta lui-même l'Alayien. Désormais, il fallait savoir quoi faire de lui. Il vivrait, mais où ? Orfraie imaginait mal Christan s'occuper de ce nouveau-né ...
Lui-même avoua ne pas pouvoir le prendre avec lui avant d'ajouter que son peuple ne pouvait s'occuper d'un enfant pour l'instant. Orfraie ignorait s'il s'agissait d'une simple excuse ou d'un fait mais demeura silencieuse, gardant ses questions pour elle. L'Alayien s'avança alors vers elle, imposant malgré sa taille inférieure à la sienne.

Il lui rappela avoir promis de protéger la mère de l'enfant et désormais, cette protection se portait sur lui. Ainsi, le guerrier révéla avoir trois demandes à soumettre à l'Elfette, qui l'incita à parler d'un hochement de tête. La première, sans grande surprise, était de garder ses origines et son passé secrets. Cela, Orfraie le comprenait et de toute façon, elle n'avait jamais eu l'intention de le révéler. Ainsi, cet enfant serait un orphelin de guerre, ce serait mieux pour lui. Ainsi, ses chances de se construire seraient peut-être meilleur…

Le deuxième point évoqué par Christan était plus compliqué. En effet, si d'aventure les Protégés parvenaient à vaincre le Blanc, les Elfes quitteraient le désert vers un nouveau royaume… et alors, l'enfant suivrait. Si l'Alayien souhaitait lui enseigner tout au long de sa croissance, il allait devoir faire un long travail sur lui-même.

Le dernier point coulait de source pour Orfraie. Qui était –elle pour lui dicter quoi faire le moment venu ? Temps qu'il n'aurait pas fini de grandir, la Générale s'assurerait de sa bonne santé et de son éducation, mais lorsqu'il serait un homme, cela ne sera plus de son ressort.

" Il sera un orphelin de guerre. Je ne parlerai pas de ses origines. Pour les miens, il sera simplement un enfant dont la mère humaine est morte en lui donnant la vie. Vous pourrez bien entendu lui enseigner ces choses qui vous tienne à cœur, toutefois votre présence pourrait éveiller les soupçons. De plus, il vous faudra faire un long travail sur vous pour "supporter" la présence des miens. Tous les Elfes ne sont pas aussi sympathiques que moi à l'égard des Hommes. " Elle fit une courte pause " Comprenez bien que, si nous parvenons à vaincre le Blanc, mon peuple quittera ce désert vers un nouveau Royaume. Vous devrez venir à nous et respecter nos us et coutumes si vous tenez à voir cet enfant. " Expliqua calmement Orfraie. " Enfin, vous avez ma parole : Lorsqu'il sera grand, son destin lui appartiendra. Actes, comme conséquences. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises. " promit l'Elfe en berçant doucement le bambin. " Si cela vous va, je vous propose de quitter cet endroit. Emmenons le corps de sa mère pour que votre peuple s'en occupe. Ensuite j'irai le confier cet enfant à la bonne personne."

Spoiler:

Telle une mère attentive, Orfraie continuait de bercer le nouveau-né, son regard aigue-marine se posant sur lui de temps à autre pour s'assurer que tout aller bien. La princesse n'avait jamais désiré d'enfant, en grand damne de ses parents. Avec elle s'éteindrait la lignée Ataliel si elle persistait dans cette voie… Mais la princesse n'avait jamais trouvé la personne avec qui elle voudrait construire sa vie, concevoir une enfant. Plus jeune, elle avait cherché cette personne. Aujourd'hui, elle s'était résignée à ne peut être jamais la trouver et vivait donc sa vie comme elle venait, sans vraiment penser à cela… Et cet enfant, qu'elle tenait sur son bras, n'éveillait aucune envie particulière si ce n'était celui de le sauver.

L'idée de devoir se rendre chez les Elfes semblait répugner Christan, qui fut soudain très indécis. Orfraie comprenait le problème, toutefois. Il était vrai que Weren était un criminel pour son peuple et si ce dernier pouvait côtoyer des Elfes sans être percé de milles flèches, c'était bien parce qu'il était aussi un protégé. Cependant, il y avait bien une façon de permettre à l'Alayien de s'approcher de l'enfant, le moment venu. En effet, le guerrier était particulièrement connu avec son armure, de ce qu'Orfraie savait. Ainsi, s'il ne la portait pas, les chances d'être reconnu étaient minces. Il y aurait toujours un risque, mais minime. C'était là, la seule solution envisageable aux yeux d'Orfraie. Celle-ci préféra, toutefois, la garder pour elle pour l'instant. Weren ne semblait pas réellement concerné, pour l'instant… Ainsi decida t-elle de lui en parler lorsque l'homme emmétrait le souhait de voir l'enfant.

L'Alayien s'occupa ensuite du corps de la mère, qu'il souleva sans aucune difficulté. Rien d'étonnant venant d'une montagne de muscles telle que Christan. " Allons-y " approuva Orfraie avant de se retourner, éclairant le chemin des cinq flammes qui dansaient encore au bout de ses doigts. Faire le chemin inverse fut beaucoup plus rapide et le duo se retrouva rapidement à l'extérieur. Avec avidité, l'Elfe inspira longuement l'air frais du désert, la nuit étant désormais bien installée.

La rôdeuse commença à marcher, ses pas toujours aussi légers dans le sable. C'était à peine si elle s'enfonçait un peu plus à cause du poids de l'enfant, qu'elle portait désormais dans ses deux bras afin de le tenir bien au chaud dans la fraicheur de la nuit. Elle n'allait – également – pas trop vite, attendant l'Alayien. Lui qui s'enfonçait déjà dans le sable, avait désormais un poids supplémentaire qui rendait sa marche un peu plus difficile. " Je vais confier cet enfant aux Baptistrels pour la nuit. Demain, j'irai quérir ma mère, elle saura à qui le confier. "

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HRP : On peut conclure si tu veux, oui. ^^