--- Janvier ---

Kylian avait décidé de la quitter pour le moment afin de retourner auprès de sa princesse, dans les cavernes des humains rebelles. Elle ne le blâmait pas, même si ça ne lui faisait pas vraiment plaisir de le savoir loin d’elle, vulnérable à des agressions qu’elle ne pourrait pas empêcher dans cet espace ridicule et étriqué. Quelle idée était-ce là ? Se cacher dans un trou et trembler à la simple idée d’être découverts ? Qu’ils étaient peureux ces bipèdes, qu’ils étaient étranges et biaisés… Ils avaient déjà des nids très forts en surface, pourquoi chercher à rester dans la terre comme des larves ? Elle aurait bien questionné Kylian mais celui-ci était pressé de retrouver son humaine, aussi l’avait-elle laissé partir en sachant qu’il reviendrait forcément vers elle le moment venu. Ils étaient presque liés après tout, ils étaient futurs liés… un jour leurs âmes ne feraient plus qu’une, elle l’aurait indéfiniment pour elle avec tout le temps du monde pour lui poser toutes les questions qu’elle voulait. Il pourrait tout aussi bien emmener son humaine avec lui, ça ne la dérangeait pas vraiment, après tout si elle était sa femelle elle n’allait pas les séparer, incapacité de produire des petits ou pas. Pourquoi d’ailleurs restait-elle là-dessous elle aussi, encore une question qu’elle se posait franchement. Après tout elle n’était nullement vitale à cette ‘rébellion’ puisque les humains ne laissaient pas leurs femelles gouverner… une bien stupide idée que celle-ci mais les humains n’étaient pas connus pour leur intelligence, fort heureusement, donc ce n’était pas une surprise de les voir penser les mâles supérieurs aux femelles alors que c’était l’inverse. Enfin, pour le coup ce serait donc parfaitement possible pour cette humaine de venir avec eux, personne ne la pleurerait chez les bipèdes et elle serait bien mieux avec son vampire et elle. Il faudrait qu’elle le suggère sérieusement à Kylian le moment venu !

En attendant que son vampire reparaisse, cependant, il fallait bien qu’elle trouve à s’occuper. Après tout, elle n’était pas un gentil chien de compagnie qui attendait son maître où celui-ci l’avait laissé ! Elle était une dragonne et elle avait également ses propres considérations, qui n’avaient rien à voir avec Kylian. Retrouver sa fille par exemple. Estelen avait disparu voilà de longues, très longues semaines… Sa fille était parfaitement capable de se protéger. Bien sûr qu’elle l’était. Mais tout de même. Depuis leur arrivée, il y avait eu de quoi se méfier, même pour une grande dragonne adulte. Et Estelen n’était pas Verith. Elle était douce, paisible, pour une dragonne. Trop sans doute. Et aux dernières nouvelles, elle était en train de s’acoquiner avec une elfe. Et pas n’importe laquelle, Lyroë, l’ancienne dragonnière de Cymbor…Une chose qu’elle-même n’appréciait vraiment pas. Comment l’aurait-elle pu d’ailleurs alors que cette sylvaine était responsable de la mort de son premier fils. Aussi responsable que Lorenz Wintel, oui. Mais elle était morte depuis, lui avait-on apprit. Et Estelen alors ? Cette elfe maudite avait-elle emportée dans la mort un autre de ses rejetons ou sa fille avait-elle simplement porté son deuil ailleurs, solitaire ? Impossible de le savoir mais puisque Kylian serait absent un temps elle allait pouvoir chercher de son côté. Le continent n’était pas bien grand pour elle, surtout comparé aux nouveaux territoires acquis par les nuées, aussi pouvait-elle se déplacer très simplement d’un bout à l’autre des terres connues d’Armanda sans éprouver la moindre gêne. Et le plus simple pour débuter sa recherche, c’était le dernier lieu où Estelen devait se rendre, à savoir les bois elfiques pour rencontrer l’archère…

Elle avait donc prit cette direction, traversant en quelques jours la distance entre le nid humain appelé Althaïa et l’orée de la vieille forêt. Telle une ombre impressionnante éclipsant le soleil, elle survola la lisière plusieurs fois, observant les lieux autant avec ses grands yeux qu’avec son esprit qu’elle projetait au loin. Au début, rien ne vint, la frustrant profondément. Cependant, à force de s’entêter et de patienter, il lui sembla déceler quelque chose d’intriguant au loin, dans la trame spirituelle… Et d’un coup d’aile, Skade se dirigea vers le lieu où elle l’avait ressentis, se fichant bien de l’émoi qu’elle pourrait causer aux habitants des forêts et dédaignant comme une guigne les barrières ridicules des elfes. Elle était curieuse de savoir ce que c’était, cet esprit qu’elle avait ressenti. Fort heureusement, elle ne mit pas longtemps à advenir dans les parages immédiats de son but, et fut surprise de constater qu’il s’agissait de nul autre que Moëbius, le dragon bleu. Elle l’avait rencontré, rapidement c’était vrai, durant les négociations Baptistrale mais ils n’avaient guère échangés. Ils n’en avaient pas eu le temps à vrai dire… Néant c’était invité avant que l’occasion ne se présente. Mais pourquoi ne pas réparer cette erreur maintenant ? Grondante, elle tendit son esprit vers le sien pour le saluer. < Salutation Moëbius > C’était bien avec des mots humains que les liés s’exprimaient non ? < Nous ne nous sommes guère croisé, auparavant. Ton bipède n’est pas avec toi ? > Elle préférait ne pas avoir affaire à lui, mais si elle devait le souffrir pour discuter avec le bleu alors soit.

Tranquillement allongé près d'un bosquet, le dragon bleu se remettait d'un envol pour le moins périlleux mais mémorable accompagné de son lié. Son esprit était bien trop épuisé pour réfléchir à quoi que ce soit. Il se contenta de lever les yeux vers l'océan qu'était le ciel, sans fin, parfois capricieux, parfois clément. Peu importait au dragon comment il se montrait avec lui, être parmi ces longues étendues de nuages et ou parmi les étoiles, rien ni personne ne pourrait lui ôter cet amour qu'il avait pour l'envol.

Le bleuté espérait avoir réussi à partager cet amour avec son lié, lui qui avait ressenti de la peur lors du décollage ... Mais cela viendrait avec le temps, cela, il n'en doutait pas. Généralement, les premières expériences sont remplies de doute, de maladresse et d'erreur, il fallait faire plusieurs essais avant d'être pleinement à l'aise et vaincre ses angoisses. Au moins Möe était assuré qu'il y aurait d'autres vols avec son cavalier.

Le dragon somnola pendant plusieurs instants. Non, il s'endormit pour être plus précis. Lorsqu'un sommeil profond gagna le dragon, un rêve vint habillé son repos.

Tout était noir autour de lui, il ne pouvait même pas se voir. Et puis lorsqu'il tourna la tête, il ressentit comme de la faiblesse, oui comme s'il était dans quelque chose. Non pas de l'eau, il serait autrement déjà en train de suffoquer et d'appeler à l'aide. Cette sensation lui était familière. Cette solitude accompagnée de cette noirceur omniprésente. Il cogna du bout du nez ce qui le bloquait dans cette ombre. La limite était semblable à une protection, l'épaisseur de ce mur semblait pour le moins épaisse. Oui pour protéger des agressions extérieures. Mais pourquoi donc ce retrouvait-il coincé là-dedans ? Möe s'agaçait, mais il se trouvait dans l'incapacité de faire le moindre mouvement, était-ce liquide qui le maintenant dans cette position ? Enroulé sur lui-même ? Non ... Non, il y avait autre chose. Il se sentait anormalement petit.

Tout ceci était incompréhensible, qu'est-ce qu'il faisait là d'abord !? S'il avait pu il se serait révolté contre ce maudit rêve et se réveiller. Mais il n'en fit rien, incapable de bouger, incapable de penser dans son propre rêve. Comme si cette scène il l'avait déjà vécu, qu'elle était à présente faite etnon modifiable.
Alors le dragon cessa de lutter, il comprit enfin qu'il s'agissait tout simplement d'un rêve qui refaisait surface. Ainsi, Ian avait vraiment raison, il n'était pas question d'un coup de chance, sa mémoire verrouillée par l'esprit du Néant commençait tout juste à redevenir accessible. Comme si la clé avait été cachée et qu'à présent, il avait remis la patte dessus. À lui maintenant de retrouver la porte de ses souvenirs enfouis.

Un mouvement le sorti de sa torpeur l'arrachant à son souvenir. Le dragon se remit aussi sur ses pattes en secouant la tête, une aura, non loin se rapprochait. Une aura magique, il ne pouvait s'agir que d'un dragon ! Ravis de pouvoir rencontrer un de ses semblables, le bleuté oublia bien vite le fait qu'il avait rêvé. Après tout la nuit revient après chaque jour, il avait tout le temps de retrouver les morceaux de sa vie d'antan.

Soudain, l'arrivée d'un des siens ne fut plus tellement source de joie, plus l'aura s'approchait plus il se rendit compte que le dragon qui la possédait était grand, immense même ! Lui qui se jugeait plutôt imposant allait bien vite ravaler ses dites paroles. Face à lui une grande masse d'écaille noire se posa non loin de lui. Möebius resta pour le moins surpris de cette arrivé des plus ... Massive. Il garda la tête bien haute pour ne pas laisser paraître qu'il était terriblement impressionné.

Salutation Moëbius. Nous ne nous sommes guère croisée, auparavant. Ton bipède n'est pas avec toi ?

Le bleuté fixa le dragon face à lui comme s'il s'agissait d'une chose totalement inconnue de tous tant sa surprise était grandissante. Comment donc ce dragon connaissait-il son prénom ? Non-non ... La vraie question était quand avait-il croisé le chemin de ce reptile noir ? Son amnésie risquait de lui jouer des tours dans la discussion à venir avec ce dragon. Il était confus et profondément désolé de ne pas se souvenir qui était là, face à lui. Möe tendit avec hésitation son esprit vers le dragon et répondit avec hésitation.

- Salutation à vous. Navré, mais, je ne me souviens ni de vous, ni de notre précédente rencontre ...

C'est tout ce qu'il fut capable d'exprimer au dragon noir. D'ailleurs, il ne savait même pas s'il s'agissait d'une dragonne ou d'un dragon. Autant dire que le petit Möebius était vraiment perdu, entre son souvenir qui lui revenait et l'arrivée d'un dragon ... À ça, cette journée il s'en souviendrait toute sa vie reptilienne !

Non, de toute évidence, Moëbius n’était pas accompagné de son dragonnier, et c’était une bonne chose, très certainement. Pour son plus grand agacement, le jeune bleu s’était choisi un elfe de compagnie, chose qu’elle ne comprenait pas. Pour l’immense dragonne d’orage, accepter de se lier avec un mangeur de verdure était presque inconcevable quoi qu’elle ait vu, dans ses années de jeunesse, de nombreux ailés s’ébattant avec ces sylvains infâmes. Après tout ce qu’ils avaient fait, on leur offrait encore la chance, l’honneur sans pareil de porter la bénédiction de son peuple ? Ils n’avaient rien appris, durant toutes ces années, absolument rien. Aucun d’eux n’aurait dû avoir le droit de vivre en compagnie d’un dragon. Hélas on ne demandait pas son avis… bien dommage d’ailleurs. Cela dit, la question n’était pas là à présent, la vermine que portait Moëbius ne l’intéressait pas. Elle était simplement satisfaite qu’il ne soit pas présent, ainsi elle n’aurait pas à le tuer ou le renvoyer en risquant de perdre l’occasion de discuter avec le bleuté. Peut-être daignerait-elle lui demander, plus tard, ce qu’il pouvait bien trouver à cette odieuse créature mais pour le moment elle s’en fichait un peu, car c’était uniquement ce jeune dragonnet qui l’intéressait. La réponse qu’il lui fit chassa plus encore cette considération là, au profit d’une curiosité plus féroce encore. L’hésitation que marquait le jeune esprit, puis ses mots… Il ne se souvenait plus ? Comment cela, il ne se souvenait plus ? Un instant, bref mais redoutable, elle failli se vexer, pensant qu’il s’agissait d’une douteuse plaisanterie qu’on lui faisait. Il n’était pas possible de l’oublier tous de même ! Elle était la créature la plus formidable de ce continent ! Matriarche, dragonne des tempêtes, esprit de l’ancien temps… Non tout de même, il était impossible qu’il l’ait oublié ainsi, d’autant que la rencontre avait été plutôt mouvementée. Pourtant, Moëbius ne lui avait pas semblé être une créature capable d’un humour aussi biaisé et désagréable. Au contraire, il l’avait frappé de l’image d’un dragon plutôt sérieux et même extrêmement renfermé…

Si elle appréciait qu’il s’ouvre, et parle, elle espérait qu’il n’ait pas prit les mauvaises habitudes de certains bipèdes. Clignant de ses immenses yeux, elle l’observa un bref instant avant d’entourer son esprit d’une chape de réconfort, cherchant à dissiper son trouble et à le rassurer. Elle ne pouvait pas foncièrement se mettre en colère contre un petit d’écailles, c’était certain ! < Apaise toi, Moëbius aux écailles bleus > dit-elle avec toute l’aisance maternelle qu’elle possédait. Car après tout, elle avait toujours vu ces petits-là comme les siens depuis le début. Ils étaient de la même couvée que son Cymbor, des espoirs pour ce continent, qu’ils avaient souffert de laisser derrière eux sans pouvoir faire autrement. Reniflant les écailles de son petit museau, elle chercha de son esprit ce qui pouvait bien causer un tel trouble… Il ne pouvait pas subitement avoir perdu la mémoire, comme cela, sans aucune explication. C’était purement inconcevable. La mémoire des dragons était magie à elle toute seule, elle était intouchable ! Quel pouvoir abominable avait donc souillé ses pensées ? Elle le sentait, délétère, autour de lui et pourtant il semblait se dissiper, comme une vague empreinte de ce dont il avait été capable. Il lui semblait que c’était la même énergie qu’elle avait sentie, le jour de l’attaque du domaine des chanteurs… < C’est Néant qui s’est attaqué à tes souvenirs, petit d’écailles ? Cet esprit putride t’aurait donc ôté un bien si précieux ? > Elle en maudirait volontiers la créature en question, alors que les voix de ses ancêtres, frères et sœurs de nuées rugissaient de concert au fond de sa mémoire sous l’affront terrible que cela représentait. Grondant un instant passager, elle convint néanmoins qu’elle ne pouvait simplement se mettre en colère, et surtout pas contre lui qui n’y était pour rien.

< Je me nomme Skade de la tempête. Nous nous sommes rencontré lors du sommet des bipèdes sur le domaine de la Rhapsodie, tu participais au débat avec ton lié et moi seule. Tu es partis combattre Néant pour les esprits pendant que je retenais les armées des envahisseurs >

C'était tout ce que pouvait répondre le bleuté, il se sentait honteux, et totalement désœuvrer. Qu'est-ce qui allait se passer si cette gigantesque ombre l'attaquait pour l'avoir offensé ? Il ne savait pas, tenter de riposter était tout simplement inutile. Vu la carrure du dragon noir ... Bien plus grand et sans aucun doute plus fort. Il devait certainement s'agir d'un dragon adulte. Ou d'une dragonne ... Qui si ça trouvait avait des enfants presque du même âge que lui ? Autant dire que ce dragon avait dû vécu derrière lui, autant en savoir qu'en matière de combat, cela ne servait à rien d'accélérer sa perte. Quant à lui qui était tout jeune, en manque d'entraînement et d'à peine trois ans, c'était un peu comme la fourmi qui s'apprête à affronter une botte : sans aucun espoir, sans aucune échappatoire à elle. Les spectateurs, eux, avaient de quoi s'amuser, de rire de la situation du jeune dragon qu'était Möebius. Certains pourraient même prendre les paris ! Alors comment allait-il mourir notre novice ?? C'est ce genre de phrase qui tournait sans cesse dans l'esprit du jeune écailleux. À tel point qu'il ne savait plus ou il en était. Il respira lentement pour tenter de retrouver son calme. Une inspiration ... Une longue expiration et tout ceci les yeux fermés. Non, non ! Les yeux fermés, cela n'allait pas ! Il revoyait les parieurs tous hilarants prêt à rabaisser le petit dragon pour augmenter piment dans ce jeu mortel.

Une aura chaleureuse et douce vint sortir le jeune dragon de ce cycle infernal qu'avait fait son esprit. Il fut encore plus surpris et perdu qu'il ne l'était déjà. Le dragon noir quant à lui (ou elle) continua d'entourer Möe dans cette sphère de douceur. Si la situation n'était pas ainsi, le bleuté se serait volontiers laissé porter, cela lui rappelait la présence d'un Elrond près de lui. Une aura présente, là pour le rassurer, là pour lui remonter les bretelles aussi, quand ça n'allait pas. Comme une parenté, oui presque comme une mère ferait à son enfant. Ainsi donc cette immense ombre était une dragonne ? Möebius le voyait ainsi du moins.

- Apaise-toi, Moëbius aux écailles bleu. Ajouta la dite dragonne exactement de la même manière qu'aurait une mère pour endormir son enfant. Cela ne lui déplut pas ! Oh non ! Mais, Möe n'oubliait pas, tout de même qu'il s'agissait d'une dragonne qui lui était totalement étrangère, qu'il en ignorait même comment elle se nommait. Drôle de rencontre ! Ça, on pouvait le dire. Ceci dit le dragon ne fit pas le sourd, il regarda la dragonne noire dans les yeux puis s'apaisa progressivement, mais avec une pointe de méfiance dans les yeux.

C'est Néant qui s'est attaqué à tes souvenirs, petit d'écailles ? Cet esprit putride t'aurait donc ôté un bien si précieux ?

Il ne fit qu'acquiescé d'un simple hochement de tête, n'était-ce pas là un mouvement typique des humains pour approuver les dires de la personne en face d'eux ? Le peu dont se souvenait le bleuté, il l'avait enregistré à une telle vitesse. Il n'avait que cela à mémoriser à vrai dire. Il imita donc son lié dans ce geste, tel un modèle que reproduirait un enfant. En parlant de modèle, le dragon observa cette fameuse dragonne comme une œuvre d'art. En un rien de temps, elle avait su deviner qu'à l'origine de cette tragédie était l'esprit du Néant. À ça oui, il s'en souviendrait de cette journée.

e me nomme Skade de la tempête. Nous nous sommes rencontrés lors du sommet des bipèdes sur le domaine de la Rhapsodie, tu participais au débat avec ton lié et moi seule. Tu es parti combattre Néant pour les esprits pendant que je retenais les armées des envahisseurs

Voilà quelque chose d'intéressant ! Le dragon perdit tout méfiance envers la fameuse Skade de la tempête. Elle savait peut-être quelque chose sur cette fameuse bataille. Il voulait en apprendre plus par lui-même. Certes, l'avis d'Elrond comptait beaucoup à ses yeux, mais Möe tenait à en savoir plus de son côté. C'était une façon de se prouver à lui-même qu'il n'avait pas complètement perdu tous ses moyens et ses arguments.

Il se redressa puis s'approcha d'un seul pas de la dragonne, qui, prenait toute son admiration. Il lui répondit en laissant son esprit aller à la rencontre du sien.

- Ravis de ... Faire une nouvelle fois votre connaissance Skade de la tempête. Oui en effet ... C'est cet esprit qui est à l'origine de mes ennuis. Pourriez-vous m'en dire plus sur ce fameux événement ? Si cela ne vous dérange pas ?

Un enfant qui réclamait des bonbons, Möe, ressemblait à un gamin en train de quémander des friandises à sa " mère " Durant sa demande, il avait replié les ailes, avait légèrement baissé la tête en prenant le mieux qu'il pouvait un air totalement innocent et chétif. Non, il ne s'agissait pas de faire l'hypocrite avec Skade, mais de se montrer le plus aimable possible, car si tout se passait bien, il ne mourrait pas tout de suite.

Elle s’était immédiatement sentie proche des petits d’écailles, lorsqu’elle était arrivée sur le continent de ses ancêtres. Ils étaient tout juste éclos, aux regards des longs siècles qu’elle avait vécu. Lorsqu’elle avait croisée la route d’Atalos, le jour même de son retour et que lui et son lié l’avaient aidé à se remettre de l’attaque naturelle qu’elle avait subie. Depuis l’instant où elle avait posé les yeux sur cette petite boule d’écailles dorées, elle s’était prise d’affection pour lui et pour tous les autres et sa culpabilité d’avoir laissé Cymbor derrière elle n’avait fait que croître. Ces petits… elle et les autres les avait laissés là dans un but précis, dans un dernier espoir, une dernière chance imméritée pour les races mortelles du continent Armandéen. Une nouvelle graine pour un nouveau futur de la magie sur cette terre qu’ils aimaient tant. Ils avaient été seuls, sans parents, dépendant de leurs dragonniers et de leur mémoire ancestrale. Ce choix avait été le seul viable évidemment, le seul possible mais à présent qu’elle était revenue, elle entretenait réellement de l’affection pour eux. De l’affection, de l’inquiétude et la volonté de les voir prospérer. Les sentiments d’une mère et qui pourrait lui en vouloir ? Elle était mère… et l’un de ses enfants avait péris de la pire des façons possibles. Après cela, elle se devait de les protéger non ? Elle n’avait aucune mauvaise intention à leur égard, bien loin de là… et savoir que le Néant s’en était pris à eux, avait osé toucher ces précieuses jeunes vies, l’emplissait d’une colère sans borne contre l’esprit roi des alayiens. Les miasmes délétères qui émanaient de la malédiction placé sur Moëbius étaient forts et elle se demandait déjà si elle pourrait lui venir en aide, ne serait-ce qu’un peu… Avait-elle le pouvoir de défaire les actes d’un Esprit supérieur, toute dragonne ancestrale qu’elle fut ? Il était difficile de le deviner, mais quelque chose lui disait que la magie brute ne serait pas utile en ce cas précis.

L’observant avec attention alors qu’il s’approchait sensiblement d’elle, elle replia plus confortablement ses ailes, se reposant complètement sur le sol. < Cet évènement ? Tu veux parler de ce que les bipèdes appellent la bataille des bois sombres ? Je peux t’en dire plus, bien sûr > Elle n’avait après tout aucune raison de refuser et peut-être que lui en parler lui permettrait de mieux s’en souvenir. Et même si c’était le cas, ce serait tout aussi bien qu’il sache tout cela d’une manière ou d’une autre. < Lorsque le sommet a débuté, une armée d’humains alayiens campait à l’orée de la forêt. Pendant ce temps-là et sans que personne ne le sache, Néant livrait un combat contre Dracos dans le plan astral, le plan des esprits. Dracos a malheureusement perdu et sa défaite a entraîné une baisse énorme de la magie dans le monde. Vois-tu, jeune Moëbius, durant les années de disettes, lorsqu’aucun dragon ne foulait le sol d’Armanda et ne traversait les cieux, c’est Dracos qui, seul, a offert un peu de magie au continent. Vous êtes encore très jeunes, aussi continu-t-il de soutenir la magie en grande partie, chose que je ne peux faire. Sans lui, les mortels étaient presque sans défense, incapables d’avoir recourt à des magies même faciles. Les protections du domaine Baptistral ayant également été soufflées par cette perte de la magie, les Alayiens ont attaqués et les mortels présent lors de la réunion été voués à être tous massacrés > Elle s’interrompit un instant avant de reprendre sa voix mentale restant fluide et douce, égale. < Les Esprits supérieurs se sont alors incarnés sur le plan physique et ils ont aidés les mortels en permettant à leurs champions, les dragonniers et leurs liés, de passer sur le plan astral afin de combattre Néant et libérer Dracos >

Autour d’elle, naturellement, la nature s’accroissait, de par la magie naturelle qui émanait d’elle comme une aura et influençait les alentours. < Toi, et d’autres êtes allés sur le plan astral et vous avez permit la libération de Dracos. Pendant ce temps-là, je me battais sur la plaine pour repousser les Alayiens et vous gagner du temps. Lorsque Dracos a été libéré, vous êtes revenus et, avec l’aide de l’armée elfique, nous avons repoussés les Alayiens. De nombreuses vies ont étés perdues, parmi les délégations des différents peuples et parmi les sylvains. J’ai été blessée, et j’ai perdue quelqu’un qui m’était très important durant cette bataille > Elle s’arrêta de nouveau, laissant un silence passer avant de s’enquérir à son tour, curieuse. < Voilà ce que je peux en dire ainsi. Cela te satisfait ? As-tu des questions plus précises ? Si tu désir en apprendre davantage sur ce qui arriva dans le plan astral, il te faudrait retrouver l’un de ceux qui combattit à vos côtés >

Cet évènement ? Tu veux parler de ce que les bipèdes appellent la bataille des bois sombres ? Je peux t’en dire plus, bien sûr.

La dragonne de l'ombre se posa totalement au sol et enchaîna selon la demande de Möe, finalement il avait eu tort, pour le moment il l'a trouvait pas "gentille" mais aimable et généreuse, elle qui ne le connaissait que très peu acceptait de lui répondre. Autant en profiter pensa-t-il.

Lorsque le sommet a débuté, une armée d’humains alayiens campait à l’orée de la forêt. Pendant ce temps-là et sans que personne ne le sache, Néant livrait un combat contre Dracos dans le plan astral, le plan des esprits. Dracos a malheureusement perdu et sa défaite a entraîné une baisse énorme de la magie dans le monde. Vois-tu, jeune Moëbius, durant les années de disettes, lorsqu’aucun dragon ne foulait le sol d’Armanda et ne traversait les cieux, c’est Dracos qui, seul, a offert un peu de magie au continent. Vous êtes encore très jeunes, aussi continu-t-il de soutenir la magie en grande partie, chose que je ne peux faire. Sans lui, les mortels étaient presque sans défense, incapables d’avoir recourt à des magies même faciles. Les protections du domaine Baptistral ayant également été soufflées par cette perte de la magie, les Alayiens ont attaqués et les mortels présent lors de la réunion été voués à être tous massacrés

Möebius l'écouta attentivement, tout ces événements ... Il y avait participé mais même en parler, aucun souvenir ne lui revenait. Mais il se devait d'insister pour son lié et pour lui-même. En savoir plus sur le passé lui permettrait de soutenir son lié et de comprendre l'ordre des choses.

Les Esprits supérieurs se sont alors incarnés sur le plan physique et ils ont aidés les mortels en permettant à leurs champions, les dragonniers et leurs liés, de passer sur le plan astral afin de combattre Néant et libérer Dracos

Le Dracos ... Voilà un esprit, ou une créature qui attisait plus que tout la curiosité du bleuté, à quoi pouvait-il ressembler ? Y avait-il une limite à ses pouvoirs ? Bien d'autres interrogations se bousculaient dans l'esprit du reptile bleu, mais il se concentra une nouvelle fois sur Skade.

Toi, et d’autres êtes allés sur le plan astral et vous avez permit la libération de Dracos. Pendant ce temps-là, je me battais sur la plaine pour repousser les Alayiens et vous gagner du temps. Lorsque Dracos a été libéré, vous êtes revenus et, avec l’aide de l’armée elfique, nous avons repoussés les Alayiens. De nombreuses vies ont étés perdues, parmi les délégations des différents peuples et parmi les sylvains. J’ai été blessée, et j’ai perdue quelqu’un qui m’était très important durant cette bataille.

La vérité était bien triste mais cela l'apaisait quelques peu de savoir à présent ce qu'il c'était réellement passé. Jamais il ne pourrait remercier comme il se devait la dragonne noire, mais au moins il lui témoignerait toute sa reconnaissance. À présent le bleuté avait tout les éléments nécessaires pour comprendre ce dans quoi il allait très prochainement s'engager avec son lié. Il espérait simplement ne pas faire parti des innombrables pertes à venir, mais tout cela ne dépendait que d'eux seuls.

Voilà ce que je peux en dire ainsi. Cela te satisfait ? As-tu des questions plus précises ? Si tu désir en apprendre davantage sur ce qui arriva dans le plan astral, il te faudrait retrouver l’un de ceux qui combattit à vos côtés

Le bleuté tendit son esprit vers celui de Skade pour lui répondre.

- Non aucune question ne me vient pour le moment. Dit-il en s'inclinant. Comment pourrais-je vous remercier. Tout ses événements passés font parti de ma quête, pour le moment vous êtes la seule à avoir répondu à mes questions. Merci à vous.

Tant de politesse et de courtoisie, le bleuté pensait que pour l'instant c'était préférable, les familiarités se feraient d'elles-mêmes mais plus tard. Skade est une belle et immense dragonne, autrement dit plus âgée qui méritait le respect. Fort heureusement pour le petit Möe qu'elle n'éprouvait aucun sentiment agressif envers lui, il ne donnerait pas chère de ses écailles si ça n'était pas le cas.

Il n’avait donc aucune question ? Et bien soit. En un sens c’était peut-être un peu dommage car un récit d’une seule maille avait sans doute des défauts. Cela dit c’était surtout à lui d’y réfléchir, sans doute aurait-il des interrogations plus tard et rien n’interdisait de reprendre celle conversation et ce sujet en particulier à d’autres moments s’ils venaient tous deux à se recroiser. Cependant elle pouvait lui offrir une dernière chose afin qu’il ait une vision plus que complète de tout ce qui avait pu se passer. Aussi déploya-t-elle son esprit et lui transmit-elle des images et des ressentis de l’ouïe et du toucher, dépeignant au travers de ses souvenirs les évènements contés bien que la perspective puisse dérouter quelque peu Moëbius qui n’avait sans doute pas encore vu les choses d’aussi loin. En tous les cas, elle se montra la plus douce et paisible possible, harmonisant les souvenirs, les mémoires, afin qu’elles conservent un équilibre, une fluidité et une lenteur certaines, les empêchant par la même de noyer le jeune bleuté ou de lui faire perdre un fil impalpable et pas si simple à attraper. Ensuite seulement, lorsqu’elle eut conclu cette action, elle reprit la parole à la façon des bipèdes. < Je n’ai pas de raisons de refuser de répondre à tes questions, petit d’écailles. Pourquoi aurais-je réfuté ta demande, elle est bien naturelle. Je ne sais jusqu’où la malédiction de Néant se porte sur tes souvenirs, mais si ce que j’ai pu te dire permet de restaurer ce que l’on t’a pris alors j’en suis heureuse > En l’observant avec attention et un brin d’amusement, elle poursuivie. < Je suis surprise cependant que personne d’autre n’ait daigné adresser tes interrogations, qui ne voudraient pas venir en aide à un dragon ? Enfin, c’est rectifié à présent. Mais moi aussi j’ai quelques interrogations pour toi, alors si tu veux me remercier, pourquoi ne pas y répondre ? >

Oui, pourquoi ne pas profiter de ce qu’elle avait Moëbius sous la patte pour répondre à cela, ou du moins l’aider à y voir plus clair ? C’était après tout le moment ou jamais, il n’y avait pas beaucoup de petits dragonnets liés à des elfes. Il lui semblait même que le bleuté était le seul. Donc elle ne pouvait que lui poser la question à lui. Pourquoi simplement la poser d’ailleurs, et attendre une réponse qui ne viendrait peut-être pas ? Parce que ce qu’elle voulait c’était justement une réponse avec tous les travers et les imperfections que cela pouvait induire. < Tu es lié à un elfe, n’est-ce pas ? Je sais que vous ne choisissez pas raisonnablement vos liés, qu’il s’agit d’autre chose que cela… mais pourquoi un elfe Moëbius ? Penses-tu qu’il y ait quelque chose qui t’ait mené vers lui plutôt qu’un autre ? Que penses-tu qu’il vaille, ce bipède ? Ne penses-tu pas qu’il suivra la voie ouverte par ses prédécesseurs ? > Voilà bien une perspective qui ne l’enchantait pas, voir encore un dragonnier elfique se transformer en destructeur et en fou de guerre… < Que penses-tu du peuple elfique ? > Combattait-il uniquement pour son lié ou également pour tout le peuple dont il était issu ? Bien des détails au premier abord, mais qui au final pouvait très bien influer sur ce qu’ils deviendraient, plus tard… Et elle espérait ne pas avoir à croquer un dragonnier et un dragon de plus, surtout pas un petit comme Moëbius.

Visiblement la dragonne semblait intrigué, peut-être était-ce son absence de questions ? Qui sait ... Möebius avait bien des questions oui, mais la dragonne de l'ombre ne pouvait y répondre. Toutes ses interrogations concernaient principalement les personnes ou les autres dragons qu'il avait connu, il s'agissait de liens très personnel. Ainsi Skade n'était pas la créature à laquelle il pouvait s'adresser, même son lié ne pouvait répondre. Malgré leur lien très profond, le bleuté doutait du fait que le dragonnier en sache tout autant que lui. Comment Elrond aurait-il pu savoir ce que son dragon pensait réellement des personnes et créatures qu'ils avaient croisé ensemble ? Non il ne pouvait que donner ses impressions, son ressenti, qui hélas pouvait se révéler faux. Mais le doute de Skade incita le petit bleu à quand même tenter le coup, qui ne tentait rien n'avait rien.

C'est alors que la dragonne noire ouvrit son esprit jusqu'à Möe tant et si bien qu'il ressentait physiquement les événements qu'elle lui dévoilait. Il s'agissait tout bonnement du récit de la bataille du bois sombre. Le bleuté eu quelques frissons, comme s'il était en plein vol, que le vent frais soufflait sur ses écailles bleues et blanches. Il ressentait la peur des personnes présentes, la crainte de mourir maintenant se lisait dans leurs yeux. Le dragon secoua la tête, était-ce un rêve éveillé ? Non juste de la puissance d'un dragon adulte. La dragonne noire rendit ce partage de souvenir harmonieux, fluide. Une si grande créature, encore étrangère il y avait quelques minutes encore, se comportait avec le petit Möe comme une mère. Le dragon bleu profita de cette douceur pour recevoir sans crainte les visions. Il y prêta la plus grande attention dont il était capable.

Quand ce fut terminé il secoua la tête, un homme dans cette situation se serait pincer pour s'assurer qu'il était bien revenu de ce moment de vague, mais pas Möebius, quoi de plus normal puisqu'il s'agissait d'un dragon. D'ailleurs celui-ci leva la tête vers la dragonne, elle prit la parole.

- Je n’ai pas de raisons de refuser de répondre à tes questions, petit d’écailles. Pourquoi aurais-je réfuté ta demande, elle est bien naturelle. Je ne sais jusqu’où la malédiction de Néant se porte sur tes souvenirs, mais si ce que j’ai pu te dire permet de restaurer ce que l’on t’a pris alors j’en suis heureuse

Elle semblait s'amuser un peu de la situation, le petit dragon qu'il était n'était pas amusé mais touché de l'action de Skade, il se mit à réfléchir avec un peu plus d'application à une façon ou une autre de la remercier.

- Je suis surprise cependant que personne d’autre n’ait daigné adresser tes interrogations, qui ne voudraient pas venir en aide à un dragon ? Enfin, c’est rectifié à présent. Mais moi aussi j’ai quelques interrogations pour toi, alors si tu veux me remercier, pourquoi ne pas y répondre ?

Le bleuté acquiesça d'un hochement de tête comme l'aurait fait un bipède. Au moins il n'avait plus à réfléchir à comment prouver sa reconnaissance. Möebius se redressa fièrement sur ses pattes et déploya ses ailes pour les dégourdir, le stress provoqué par l'arrivée de la dragonne avait eu pour effets de donner quelques courbatures au petit jeune. À présent il se sentait un peu ridicule pour avoir paniqué pour si peu, finalement Skade était bien loin d'être méchante comme lui avait intimé sa première impression. Le bleuté se mit presque à espérer pouvoir créer un lien affectif avec cette dragonne noire, il se sentirait certainement honorer et fier, mais il devait en être digne, un point sur lequel il doutait fortement encore.

- Tu es lié à un elfe, n’est-ce pas ? Je sais que vous ne choisissez pas raisonnablement vos liés, qu’il s’agit d’autre chose que cela… mais pourquoi un elfe Moëbius ? Penses-tu qu’il y ait quelque chose qui t’ait mené vers lui plutôt qu’un autre ? Que penses-tu qu’il vaille, ce bipède ? Ne penses-tu pas qu’il suivra la voie ouverte par ses prédécesseurs ?

L'enthousiasme du bleuté disparue en un instant. L'écailleux observa le sol, c'était bien vrai cela : pourquoi Elrond et non un autre ? Möebius réfléchit quelques temps avant d'accorder une réponse à Skade, il ouvrit son esprit calmement.

- Il est celui qui m'a aidé à avancer, à lutter face aux épreuves, il est resté près de moi lorsque je n'avais plus aucun souvenir. Lui aussi a été frappé par une malédiction, néanmoins il me conta tout les bons moments que nous avons passé ensemble avant ce tragique instant, et cela durant plusieurs mois. Il m'a vu naître ... il s'agit de la personne la plus chère à mon coeur. Aux yeux de tous il ne vaut peut-être rien, mais aux miens il est une personne de grande valeur en qui j'ai grande confiance. Je souhaite juste qu'il suive le meilleur chemin pour lui-même. Et s'il sollicite mon aide je la lui offrirait.

Le dragon avait répondu avec son coeur, il n'avait jamais vraiment pris le temps d'analyser ce qu'Elrond représentait à ses yeux. Mais à présent il savait ...

- Concernant le peuple elfique et bien ... Je n'ai pas de souvenirs, la malédiction de cet esprit mais ôter absolument tout, depuis ma naissance, jusqu'à la seconde ou le mauvais sort nous à frapper mon dragonnier et moi-même.

Une question vînt à son esprit soudainement, visiblement la dragonne ne semblait guère apprécier les elfes, autrement pourquoi aurait-elle demandé l'avis d'un dragon lié à l'un d'entre eux ? Skade ne semblait pas très satisfaite de ce choix fait il y a maintenant un moment. Le bleuté la regarda droit dans les yeux et enchaîna avec sa question.

- Êtes-vous lié ? Si oui à une personne qui n'apprécie pas les elfes n'est-ce pas ?

Si tel était le cas, l'espoir de lié un quelconque lien d'amitié avec la dragonne s'envolerait presque aussi vite qu'il était apparu. Möebius, baissa la tête attristé, autrefois il avait peut-être croisé des dragons, mais sans souvenirs comment savoir ? Lier une amitié avec l'un de ses emblables était l'un de souhaits les plus chers, les questions qu'il se posait concernant sa propre race ne pouvaient obtenir de réponses d'un bipède, pas même de son lié. D'autant plus que cette fameuse Skade était adulte, elle aurait pu être son modèle et pourquoi une amie ? Mais une rencontre avec un certain Christan Weren avait appris au bleuté de ne pas être trop optimiste, visiblement la leçon avait été mal apprise ...

Elle écouta sa réponse avec grande attention, l’esprit braqué sur lui. Ce qu’elle demandait-là était sans précédent et elle le savait, en avait parfaitement conscience. Moëbius ne le savait pas, ne connaissait rien de son histoire, et c’était là l’un des facteurs qui la poussait à poser sa question. Libre de cette connaissance, le bleuté ne donnerait que ce qui lui venait naturellement. Elle écouta jusqu’au bout sans jamais l’interrompre, ne voulant surtout pas le couper. Ce qu’il disait-là était acceptable. Cela, elle comprenait. Ça n’expliquait pas la race, le fait que Elrond soit un elfe, une créature méprisable… mais cela expliquait l’absence d’explication, d’une certaine manière. Pondérant cela, elle se rendit compte qu’avec le début de lien qu’elle partageait avec Kylian, certaines choses lui étaient un peu plus claires et compréhensibles. Si Kylian avait été un elfe, sans doute l’aurait-elle sauvé quand même, attirée par ce petit quelque chose de spécial qu’il dégageait à ses yeux à elle. Et elle ne l’avait pas choisi parce qu’il était vampire même si il avait plus d’affinités avec eux. Kylian était Kylian un point c’est tout, ça n’allait pas plus loin et même si elle n’accepterait pas tout et n’importe quoi de sa part, elle ne le renierait pas pour son régime alimentaire. Le sien se composait bien par ailleurs d’alayiens écrabouillés après tout, chacun ses goûts. Finalement, elle répondit avec douceur.

< Non, je ne suis pas liée. Je suis une dragonne libre. Je viens du continent que notre race a découvert après son départ d’Armanda, j’y aie vécu de longues années et j’y ai même pondu un œuf. Mais je suis revenue ici, c’est là que j’ai vu le jour et j’aime ce continent, je vous le protéger > Pour ses ancêtres, pour elle, pour ses amis bipèdes et pour Cymbor surtout… Elle ferait ce qu’elle pourrait pour le continent. Les alayiens avaient déjà pu constater qu’elle ne plaisantait pas à ce sujet, justement. Armanda était un trésor en son entier, il fallait la préserver et lui permettre de prospérer, de s’enrichir encore davantage de tant de façons… < Avant je méprisais les dragons liés, et plus encore les dragons liés aux elfes mais… depuis mon retour, j’ai beaucoup appris sur vous, et j’ai commencé à comprendre au-delà de ce mépris. Il y a un bipède qui m’est cher et qui, je le pense, m’est destiné… l’avoir rencontré m’a ouvert les yeux. Et ce que tu me dis-là chasse les ultimes doutes que je pouvais avoir, je pense. Je n’aime pas beaucoup les elfes, non… mais ton dragonnier est ton dragonnier avant d’être elfe et j’ai foi en ton choix. Chérit-le fort, Moëbius, ce lien-là peut vraiment tout changer… même l’opinion d’une dragonne aussi vieille que je le suis > La fin de sa tirade vint avec humour, comme de l’auto-dérision si tant est qu’elle en soit capable.

< Tu me le présenteras, à l’occasion ? Et je pourrais te présenter mon bipède à moi > L’idée lui plaisait, à présent qu’elle était convaincu que cet Elrond n’était pas un mauvais bougre, elle apprécierait de le rencontrer. Et pourquoi pas, le mettre en garde contre les dangers de la soif de pouvoir. Elle doutait que l’histoire de Faëlin se soit transmise correctement. Tous les elfes n’étaient pas des dragonniers après tout. < Et puis tu sais… l’avis des autres importe peu non ? Tant que toi tu es en accord avec ton lié le reste n’importe pas. Il est difficile de comprendre des liés quand on ne l’est pas soit même, même pour des dragons…J’espère que, si je ne me trompe pas sur mon bipède, je parviendrais à une relation aussi harmonieuse que la vôtre >

Non, je ne suis pas liée. Je suis une dragonne libre. Je viens du continent que notre race a découvert après son départ d’Armanda, j’y aie vécu de longues années et j’y ai même pondu un œuf. Mais je suis revenue ici, c’est là que j’ai vu le jour et j’aime ce continent, je vous le protéger

Tout dragon finalement ne pensait qu'à une seule chose, protéger une terre autrefois si majestueuse d'après les dire des braves gens. Les dragons apportaient la magie qui manquait tant en ce continent, peut-être que malgré la différence de dragonnier tous les dragons pouvaient être à même de s'entendre ? C'était une question à laquelle, seul le temps et les rencontres futures, pourraient répondre.

Avant je méprisais les dragons liés, et plus encore les dragons liés aux elfes mais… depuis mon retour, j’ai beaucoup appris sur vous, et j’ai commencé à comprendre au-delà de ce mépris. Il y a un bipède qui m’est cher et qui, je le pense, m’est destiné… l’avoir rencontré m’a ouvert les yeux. Et ce que tu me dis-là chasse les ultimes doutes que je pouvais avoir, je pense. Je n’aime pas beaucoup les elfes, non… mais ton dragonnier est ton dragonnier avant d’être elfe et j’ai foi en ton choix. Chérit-le fort, Moëbius, ce lien-là peut vraiment tout changer… même l’opinion d’une dragonne aussi vieille que je le suis

Décidément petit Möe avait bien de la chance en ce jour, depuis qu'il avait rencontré cette belle Skade, rien de fâcheux ne lui était arrivé bien au contraire : elle était douce et presque affectueuse, comme le serait une mère avec son petit, de nombreuses questions que se posait le bleuté concernant cette fameuse bataille où il avait perdu tout souvenir avait obtenu justification et là encore, la dragonne avouait ne plus détester les dragons liés aux elfes. Un coup de chance mémorable pensa le dragon bleu. Mais surtout la dragonne révélait un tournant décisif dans sa vie, elle s'apprêtait à ce lié avec un bipède. Un moment que le dragon souhaitait se souvenir, il le souhaitait au plus profond de son coeur. Un moment certainement magique ou deux êtres lient leurs âmes pour l'éternité afin de partager tout et rien ensemble. Un choix que Möebius ne regrettait pas, pour rien au monde il ne voudrait échanger son dragonnier contre un autre elfe ou homme.

Tu me le présenteras, à l’occasion ? Et je pourrais te présenter mon bipède à moi

Le bleuté se contenta d'acquiescer, il considérerait ça comme un honneur qu'une telle dragonne lui accorde autant de temps, il ne savait plus tellement où il pouvait se placer par rapport à elle, ou du moins il ne savait pas comment il pouvait se comporter avec Skade : être familier ? Très réservé ? Ou simplement lui-même ? Dur choix ...

Et puis tu sais… l’avis des autres importe peu non ? Tant que toi tu es en accord avec ton lié le reste n’importe pas. Il est difficile de comprendre des liés quand on ne l’est pas soit même, même pour des dragons…J’espère que, si je ne me trompe pas sur mon bipède, je parviendrais à une relation aussi harmonieuse que la vôtre

Le dragon ouvrit son esprit pour répondre à la dragonne de l'ombre, mais ce timidement.

- Notre relation a peut-être été harmonieuse ... Mais à présent elle l'est beaucoup moins qu'avant. Du moins je le suppose. Je me contente de veiller sur lui et lui sur moi de toutes les façons possibles et imaginables ...

Est-ce qu’elle l’intimidait ? Était-ce pour cela qu’il parlait si peu et hésitait ? Peut-être bien oui… Elle était la seule ancestrale en ce continent désormais et la seule qu’il avait sans doute jamais vu, bien plus imposante en taille, mémoire et magie que les petits d’écailles qui avaient éclos en espoir pour Armanda. Sans doute que cela expliquait au moins en partie la façon dont il se comportait et elle ne le blâmait pas, même si son manque de répartie la gênait. Jamais Skade ne voulait être crainte des petits d’écailles, ils étaient un avenir dont elle ne faisait que peu partie. Ils étaient le futur, et puis, elle était elle-même la mère de petits, il ne lui viendrait jamais à l’esprit d’en bousculer un, à moins que celui-ci ne cherche ouvertement à la défier comme matriarche. Mais aucun n’aurait eu la folie de le faire, certainement, à part Verith son propre fils. Fougueux dragon rouge mais malgré ses blessures, elle restait la plus forte et ce pour encore quelques siècles ou millénaires. Elle était Skade de la tempête… Mais non, elle ne ferait pas de mal à un petit, autrement, et encore moins à celui-là en particulier, même si il était lié à un elfe. En fait, cette différence, et les autres, la rendait plus curieuse que colérique quand bien même elle avait toujours été ombrageuse. Sa façon d’être était étrange et elle l’avait été dès leur première rencontre, durant les négociations. Elle se souvenait d’un dragonnet fermé qui ne se mêlait guère aux autres et parlait peu… Il avait changé et pour le mieux. Peut-être que cette malédiction n’était pas totalement un mal ? Ou bien était-ce autre chose ? Quelque chose de plus naturel que cette malédiction ? Car il était difficile d’imaginer qu’il s’agissait d’une bonne chose. Elle-même avait déjà jeté une malédiction, il y a fort longtemps… et elle ne l’avait pas fait pour un espoir futur de ses victimes. Mais il y avait plus urgent que cela pour le moment, car elle ne savait guère comment le conforter ou même comment poursuivre leur discussion. Elle était une dragonne sauvage, encore pour quelques temps et à ce titre, elle différait beaucoup des dragons liés. A nouveau, la peur d’un changement trop profond la prit, mais elle l’effaça avec dédains. Kylian ne la changerait pas comme ça. Elle resterait qui elle était.

< Vos âmes sont liées, ne le sont-elles pas ? Un lien si profond ne se perd jamais. Il suffit de le refaire fleurir en le nourrissant de vos expériences et de vos vies > Elle lui toucha le museau du sien, en un geste affectueux qu’elle offrait souvent à Estelen quand elle était très petites. < On n’oublie jamais vraiment Moëbius, on a simplement du mal à se souvenir. Et même un Esprit supérieur ne peut changer cela et te voler simplement tes souvenirs. Ils doivent être dissimulés au fond de toi, quelque part… Peu à peu, tout reviendra. Vous êtes plus forts que cet esprit vain et malsain. Il ne devrait même pas se faire appeler Esprit supérieur ! > Elle eut un renâclement dédaigneux puis secoua la tête et étendit un instant ses ailes pour en chasser les tiraillements. < Allons pourquoi ne pas passer du temps tous les deux ! Je n’aime guère cette forêt mais nous n’avons pas forcément besoin d’y rester ! Il y a les plaines des hommes en boites de métaux et pleins d’Alayiens à chasser. Il y a aussi l’océan, s’ébattre au-dessus de l’eau est une chose magnifique… J’aurais bien voulu te montrer les montagnes et mon ancien nid, mais hélas, c’est loin pour un lié… je ne voudrais pas te voler à lui >

Le petit bleu resta songeur après cet aveu, au fond de lui cette malédiction le pesait, il avait changé à cause de cet événement. Il avait peur de ne plus convenir à son lié, de le voir s'éloigner à cause de son caractère trop différent du précédent. Beaucoup de questions en plus de cela sans la moindre réponses jusqu'à ce jour, grâce à Skade. Un modèle que Möe s'efforcerait de suivre au mieux à l'avenir. Chose difficile étant donné l'âge qu'elle avait, l'étendue de sa magie et de sa sagesse. Néanmoins, s'il survivait jusqu'à cet âge la, il pourrait peut-être. Tout n'était pas impossible en ce monde. Après tout, la magie était revenue sur cette terre, la nature s'épanouissait doucement, mais surement. Il fallait simplement faire preuve de patience. Quelque chose que beaucoup ne voulait pas faire. Mais tous n'avaient pas vraiment le choix. Möe devrait en faire preuve à l'avenir pour ressembler à la dragonne noire face à lui ... Il continua de songer quelques instants encore ne sachant pas quoi faire ou dire autre chose.

- Vos âmes sont liées, ne le sont-elles pas ? Un lien si profond ne se perd jamais. Il suffit de le refaire fleurir en le nourrissant de vos expériences et de vos vies

Oui elle avait raison ... Cela n'allait vraiment pas être chose facile, durant le vol avec son lié aucun souvenir ne lui était revenu. Parfois le dragon prenait peur, que jamais il ne retrouverait ses souvenirs, ces pensées morbides venaient par vague quand le bleuté n'avait pas le moral.

Skade sortit Möe de son chagrin en posant son museau contre le sien avec douceur. Totalement troublé il ne savait pas quoi faire ! Ce geste d'affection était complètement différent de ceux qu'Elrond lui témoignait parfois. Là il s'agissait plus d'une mère avec son petit. Möebius le fils adoptif de Skade ?! L'idée était réellement étrange, mais un peu plus tôt n'avait-elle pas adopté une aura douce et réconfortante ? Ne l'avait-elle pas mis à l'aise pour le rassurer ? En repensant à tout cela Möe se sentit pour le moins perdu, certes, perdu, mais touché de ce comportement d'une si grande dragonne pour lui. Il accepta ce touché avec un plaisir non dissimulé.

On n’oublie jamais vraiment Moëbius, on a simplement du mal à se souvenir. Et même un Esprit supérieur ne peut changer cela et te voler simplement tes souvenirs. Ils doivent être dissimulés au fond de toi, quelque part… Peu à peu, tout reviendra. Vous êtes plus forts que cet esprit vain et malsain. Il ne devrait même pas se faire appeler Esprit supérieur !

Ces paroles lui mirent du baume au coeur, toutes les idées noires s'envolèrent presque comme si jamais elles n'étaient venues. Comme Möe aurait aimé se blottir contre Skade pour la remercier et sentir son aura maternelle encore quelques temps. Le lien qu'il avait avec Elrond était particulier, mais jamais il ne pourrait voir le sylvain comme son "père" ils étaient bien trop différents l'un de l'autre et la taille posait un petit problème pour Möebius. Difficile de câliner un bipède lorsque l'on fait presque trois mètres de haut. Ce doux contact avec Skade lui avait donné l'impression d'être comme protégé. Cela lui faisait du bien, protéger son lié était son devoir, mais Möe aurait apprécié que juste pour quelques temps les rôles soient échangés. Chose impossible malheureusement.

Allons pourquoi ne pas passer du temps tous les deux ! Je n’aime guère cette forêt mais nous n’avons pas forcément besoin d’y rester ! Il y a les plaines des hommes en boites de métaux et pleins d’Alayiens à chasser. Il y a aussi l’océan, s’ébattre au-dessus de l’eau est une chose magnifique… J’aurais bien voulu te montrer les montagnes et mon ancien nid, mais hélas, c’est loin pour un lié… je ne voudrais pas te voler à lui.

Visiblement agacé Skade renâcla. Le bleuté c'était encore perdu dans son aura protectrice. Il secoua la tête pour remettre ses idées en place.

Le petit bleu acquiesça au dires de Skade, Möe n'avait pas à se laisser déprimer ainsi ! Comment pourrait-il devenir le grand dragon dont il rêvait tant !? Il ouvrit son esprit pour lui répondre.

- Je peux m'éloigner, je reviendrais toujours à lui, vous suivre serait un honneur Skade. Merci d'être aussi gentille et douce avec moi, j'avoue que ... J'en avais besoin, cela m'a fait du bien ...

Le bleuté détourna le regard gêné d'avoir osé dire le fond de sa pensée. Cela lui avait fait du bien de l'avouer, il se sentait plus léger, un sentiment dur à acquérir lorsque l'on pèse facilement une tonne. Cela dit, Möebius déploya ses longues ailes bleues et attendit que Skade face de même. Qui sait peut-être pourrait-il améliorer son envol avec celle qui considérait comme sa mère adoptive.

Si un dragon ne pouvait pas sourire comme un mortel, l’esprit de Skade transmit cependant cette impression-là, de celle que l’on dédie à quelqu’un que l’on affectionne et pour qui l’on peut être heureux d’un mieux quel qu’il soit. Il aurait été étrange d’ailleurs que le se satisfasse pas de le voir aller un peu mieux, un tant soit peu mieux mais tout de même… Ce petit bout d’écailles-là ne méritait pas la morosité et la tristesse. Il y en avait déjà tellement sur ce continent… Mais elle n’était pas uniquement satisfaite de le savoir allégé d’un poids. Elle l’était également car il avait accepté de voler avec elle. Quelle teneur cet agrément avait-il eu dans l’esprit du bleuté, elle n’en était pas certaine, mais il avait accepté en toute franchise. Dans son esprit à elle, dragonne sauvage, cela signifiait qu’ils étaient alliés et même plus, amis. Comme deux dragons pouvaient être amis, non comme deux mortels. Et elle voyait également en Moëbius un petit qu’elle protégerait, comme elle protégeait ses enfants. Elle ne remplacerait pas les réels parents du bleu, mais ça n’avait pas d’importance car ce n’était pas ce qu’elle cherchait. Elle ne supplantait personne, elle était, simplement, à la place qu’ils avaient tous deux choisis comme sienne. < Voyons, ne me remercie pas, je le fais de bon cœur > Elle déploya ses immenses ailes, éclipsant un instant le soleil alors qu’elle en battait pour décoller dans un mouvement puissant des pattes, propulsant son énorme corps en l’air sans mal, toute immense qu’elle fut. Le battement de ses ailes faisait vrombir l’air, si proche du sol, et faisait ondoyer toute la végétation, des herbes tendres aux arbres centenaires de la forêt. < Je serais toujours là pour toi, Moëbius aux écailles bleus, et tu pourras toujours compter sur moi > Oh elle serait là pour tous les petits, mais celui-ci en particulier, oui. Et que les elfes prennent gare si il leur venait l’envie de lui faire du mal car elle serait sans pitié. On lui avait ôté un petit, elle refusait d’en perdre un autre. Si on osait toucher à sa nuée, elle poursuivrait le moins que rien jusqu’aux confins du monde et plus loin encore sans la moindre pitié.

Elle attendit qu’il le rejoigne dans les airs au-dessus de la forêt puis prit la direction de la côte boisée qui servait d’accès à l’océan pour les elfes. Le peuple des bois n’était plus si bon en navigation, mais de toute façon cela ne l’intéressait absolument pas. Ce qui l’intéressait, c’était l’océan en lui-même. Ils y parvinrent après une trentaine de minute au moins, Skade s’ébattant dans les airs et goûtant une fois de plus la liberté de ne plus avoir si mal, son ancienne blessure presque un mauvais souvenir même si son souffle était parfois erratique. Bientôt, l’étendue liquide et salée apparue enfin, scintillante au soleil et ouatée d’embruns, le roulis profond des vagues leur parvenant comme étouffé depuis les hauteurs des cieux dans lesquels ils volaient. < Descendons un peu ! > Piquant vers l’eau elle s’amusa à fendre la surface ondulante de la pointe acérée de sa queue, traçant des gerbes d’eau sur son passage avec un plaisir simple. L’air pur et le vent iodé venaient s’écraser sur l’immense armure d’écaille et elle projeta une énorme flamme en relevant son vol pour reprendre de l’altitude. < Ici il n’y a aucune limite à notre domaine Moëbius. Il n’y a que nous, c’est un sanctuaire où rien ne vient nous ennuyer. J’y venais, il y a longtemps, lorsque j’habitais dans les forêts des sylvains > Elle pivota en un large arc de cercle et revint vers lui pour l’observer…

En tant que dragon les expressions explicites étaient quasiment impossible, seul le sentiment de colère et de peur pouvaient se lire sur un visage écailleux, pourtant Skade réussit à transmettre à Möe une impression de douceur. Möebius qui était déjà enchanté de compter Skade parmi ses alliés, il eu à présent la sensation que cette dragonne noire était comme une protectrice bienveillante, d'après les bipèdes il s'agissait d'un esprit protecteur, une personne sur lequel on pouvait avoir une absolue confiance. Désormais il comprenait ce que ressentait les humains quand ils disaient " mon ami".

Lui qui avait toujours eu peur concernant ses relations d'antan, il ne souhaitait pas remplacer les éventuels amis, qu'il avait eu, mais au moins se rassurer un peu, comme quoi cette solitude si longtemps accumulée ne reviendrait jamais. Ian le petit humain d'à peine seize fut le premier à entrer dans son cœur de glace pour y prendre la place qu'il méritait. Skade venait de faire la même chose sans même s'en rendre compte. Quoi que ... Claire voyante, la dragonne avait bien compris que le petit écailleux avait traversé de douloureuses épreuves c'était certainement pour cela qu'elle s'était montré si douce et attentionnée. Skade de la tempête ... Décidément il s'agissait d'un modèle plus que parfait pour le petit bleu.

Voyons, ne me remercie pas, je le fais de bon cœur

Le bleuté répondit timidement.

- Merci beaucoup, c'est un réel plaisir de vous avoir croisé, vous êtes, comme dirait les bipèdes un esprit bienveillant ...

Gêné de ses propres paroles, Möebius se fit la réflexion qu'il aurait mieux fait de taire ses pensées, mais heureusement pour lui la dragonne noire décolla au même moment, créant un vacarme impressionnant, le petit écailleux avait eu une fois une poussée de confiance et c'était mis à s'admirer lui-même, à présent il regrettait presque son audace. Skade était si grande ! Le bleuté restait quelques instants là, à fixer son modèle, comme il était impatient ! Pressé d'un jour pouvoir provoquer une tel sentiment chez les générations de dragons à venir. Être aussi impressionnant et dégager tant de force et de magie en un simple décollage. Que d'ailleurs la dragonne avait effectué avec habilité et souplesse. Malgré ses progrès il était encore loin d'un tel résultat !

L'herbe ondulait sous la force des battements d'ailes de Skade, Möebius réussit à sortir de ce moment d'admiration intense pour décoller à son tour, avec bien moins de facilité que son exemple. Il battait bien plus vite des ailes qu'elle, plus petit certes, mais plus vif aussi. Le contraste, entre deux dragons de deux générations différentes, était assez amusant. L'un semblait hyperactif tandis que l'autre donnait l'impression d'être bien plus lent. Leurs âges étaient également mis en évidence. C'est là que Möebius se rendit compte que malgré sa maturité des plus surprenante il restait tout de même une dragonnet de trois ans face à une dragonne millénaire.

Je serais toujours là pour toi, Moëbius aux écailles bleus, et tu pourras toujours compter sur moi.

Ne voulant pas plus les retarder que nécessaire le bleuté se contenta d'un hochement de tête, un tic de gestuel acquis au contact de son lié. Celui-ci s'empressa de la rejoindre au-dessus de la forêt. Il la connaissait presque par cœur, n'est-ce pas sa maison après tout ? Mais la survoler accompagné était une toute nouvelle expérience qui ne rendait que cette immense étendue verdoyante plus belle et lumineuse qu'au premier jour où il avait eu la chance de l'observer depuis les airs.

Skade pris les devants pour guider son compagnon de vol. Au moins cette fois-ci il avait un objectif, car voler en solitaire et sans rien de prévu n'était plus aussi passionnant qu'autrefois, là ? C'était stimulant ! Comme au départ d'une aventure : peur, rêve, joie et tristesse se mélangent ne faisaient qu'accentuer la montée d'adrénaline. C'était tout cela que ressentait Möe derrière Skade en direction de l'océan. Quel dommage que son lié ne puisse être avec lui, néanmoins il ne tarderait pas à tout lui raconter à son retour !

Au bout d'une bonne demi-heure de vol l'océan apparut. Comme il était bleu et scintillant ! Comme moi songea le dragon trop heureux pour se soucier de quoi que ce soit d'autre. L'air salé emplie les poumons du petit bleu lui donnant force et attisant son excitation. Sous la surface, des bancs de poissons nageaient gaiement, leurs écailles étaient semblables aux siennes. Il trouva la chose très amusante et Skade prit la parole.

Descendons un peu !

Un jeu ! Pensa-t-il tout heureux. La dragonne s'approcha du liquide salée pour venir le fendre du bout de sa queue. Le sillage qui émanait était somptueux. Sans attendre un instant de plus le bleuté fit de même, mais avec sa patte droite, celle qui avait souffert de son combat avec Christan. Le dragon frissonna : comme l'eau était froide en plus de la fraîcheur de l'air. Amusé Möebius se mit à décrire des cercles au-dessus de la surface pour dessiner dans cet océan si mystérieux et magnifique.

Ici il n'y a aucune limite à notre domaine Moëbius. Il n'y a que nous, c'est un sanctuaire où rien ne vient nous ennuyer. J'y venais, il y a longtemps, lorsque j'habitais dans les forêts des sylvains

À cela oui il n'y avait absolument aucune limite, une fois ses vrilles et loopings terminés le bleuté observa l'horizon. Son coeur se gonfla de bonheur et de liberté. Lui qui avait tant douté sur sa condition de dragon prenait désormais enfin conscience de la chance qu'il avait d'en être un. Le petit bleu plana jusqu'à Skade pour la regarder dans les yeux, c'est alors qu'il lui ouvrit son esprit sans aucune gêne. Afin de lui transmettre toute la gratitude qu'il y avait dans son cœur, sa joie d'être avec elle et d'avoir en quelque sorte trouvé une mère, une amie et une protectrice. Sa reconnaissance pour avoir effectué ce vol également. De tout il la remerciait. Si seulement il avait eu un autre moyen pour lui prouver à quel point ce qu'elle faisait pour lui, lui faisait plaisir. Il saisirait sa chance comme un vrai dragon ! Sans regret et sans peur !

Le bleu était encore jeune, et sa taille réduite en comparaison de la sienne lui permettait des acrobaties plus agiles que ce dont son énorme corps était capable. Joie pétillant dans son esprit, elle l’observa faire des loopings en l’air alors qu’elle-même fendait l’eau salée, effarouchant en sa compagnie les bancs de poissons et les oiseaux marins qui s’éloignaient en piaillant face aux deux dragons d’écailles qu’ils étaient. Elle se stationna finalement au-dessus des flots, la queue toujours dans l’eau, descendant profondément dans le royaume des profondeurs, les ailes battant lentement et la maintenant en vol, créant des vagues sur la surface aqueuse. En le voyant revenir vers elle, elle releva sensiblement le museau et l’observa sans hostilité, et même avec cette pointe d’affection toute draconique qu’elle possédait. Elle cligna de ses immenses yeux et lui toucha l’esprit avec interrogation avant de le sentir s’ouvrir à elle entièrement. Usuellement, lorsqu’il s’agissait d’un bipède, elle ne lui touchait jamais l’esprit que comme un frôlement, une caresse lointaine, et ne cherchait jamais un contact aussi ouvert car les mortels devenaient fous rapidement à devoir supporter le poids de son esprit ancestral. Cependant, c’était-là un dragon et son esprit était bien plus résistant que celui d’un mortel, il n’aurait sans doute pas plus de problème avec cela qu’avec les souvenirs qu’elle lui avait montrés. Elle approcha son esprit et accueillit ce qu’il désirait lui transmettre. Gratitude, joie, sa reconnaissance et son amour presque filial. Elle fut touchée par tout cela, comment ne pas l’être ? Ce qu’elle donnait, elle le donnait sans rien demander en retour si ce n’était de pouvoir contempler ses petits s’épanouir… mais il n’en restait pas moins que le voir si débordant de joie et de reconnaissance la touchait énormément. Avec un puissant grondement qui fit vibrer son poitrail et se répercuta dans ses écailles elle lui toucha à nouveau le museau. C’était un grondement protecteur et affectueux, de ce qu’elle utilisait pour assurer ses petits lorsqu’eux-mêmes étaient encore d’une si petite taille. « Vient avec moi Moëbius, profitons de ce ciel sans limites et dévorons le autant que possible, rien n’est meilleur que de célébrer notre liberté »

Et d’un battement d’aile, elle fut de nouveau dans les cieux, entraînant le jeune bleuté dans une danse virevoltante, faisant ployer le vent et emplissant le ciel de leurs ailes puissantes. Ballet aérien majestueux, que l’on n’avait pas vu en ces terres depuis longtemps, elle lui apprit à danser avec le vent comme la née des tempêtes qu’elle était. Consumant son énergie sans aucun regret, elle l’entraîna toujours plus haut, avant de plonger en des piquets vertigineux jusqu’à frôler l’eau, prenant des angles impossibles et brisant la surface aquatique de ses ailes en des gerbes blanches avant de bondir à nouveau vers les cieux immenses, jouant du vent comme une force destinée à la propulser plus vite encore, quand bien même son immense silhouette était difficile à manier. Puis, bien longtemps après, elle redescendit, portée par un courant tiède, revenant planer paresseusement au-dessus des flots. Elle était fatiguée, mais c’était une saine fatigue, uniquement due au fait qu’elle n’avait plus bougé comme ça depuis longtemps. Dérivant confortablement, elle finit par noter qu’ils s’étaient grandement éloignés de la forêt… ils arrivaient sur la péninsule où se trouvait des villages humains et plus loin, la ville qu’ils nommaient Lyssa. Ici, des navires aux voiles blanches s’ébattaient. C’était l’un de seuls lieu où l’on voyait ces petites choses de bois si frêles… Par jeu, elle descendit encore, effarouchant les pêcheurs et plongea la gueule sous l’eau pour gober tout un banc de poissons…

Après cette touchante déclaration le bleuté se sentit beaucoup plus gêné que jamais, aussi loin que remontait ses souvenirs il n'arrivait pas à se remémorer quand il avait été tout aussi embarrassé, à tel point qu'il préférait détourner le regard, mieux ne valait pas croisé celui de Skade pour éviter d'exposer sa gêne au grand jour. Même si la mère des tempêtes était prévenante et douce, cela restait tout de même une partie bien intime de son coeur qu'il ne voulait pas se dévoiler, oui le dragon très sensible ne voulait pas l'admettre. Cela était en lien avec son côté sur-protecteur avec son dragonnier : trop peur de le perdre, il préférait limite le brider plutôt que de lui dire tout simplement ce qu'il ressentait ... La même chose se reproduisait avec Skade, mais la seule personne qu'il bridait était lui-même.

Sortit de ses pensées par l'ouverture de l'esprit de la dragonne noire, il tourna la tête vers elle pour la regarder dans les yeux, le fait que Möebius lui ouvre son coeur était une chose assez rare, du moins il le supposait, il ne l'avait même pas fait à Elrond, mais cela ne serait tarder. Elle en revanche faisait de même, ainsi donc leur attachement était réciproque !? Tout excité la dragonne touchant du museau celui du petit bleu en émettant un grondement sonore, mais il n'inspirait que douceur et affection à Möe. Avec un immense plaisir il frotta son museau contre le sien, Skade de la tempête, son modèle, une grande dragonne et une mère pour lui.

« Vient avec moi Moëbius, profitons de ce ciel sans limites et dévorons le autant que possible, rien n’est meilleur que de célébrer notre liberté »

Sa mère reprit de l'altitude pour venir décrire de grands cercles dans le ciel, le dragonnet n'hésita pas une seule seconde et se joint à elle. Le vent soufflait gaiement leur donnant une difficulté supplémentaire en plus de la fatigue de plus en plus entêtante, trop comblé pour s'en pré-occupé il suivait Skade de loin pour s'appliquer dans chacun de ses mouvements. Le moindre geste de sa part venait du coeur, ses vrilles rapides et précises lui donnait l'impression d'avoir les pleins pouvoirs sur cette terre, les piquets vertigineux provoquaient chez le petit bleu la sensation que rien ne pourrait lui résister à l'avenir, bref que tout était tout simplement parfait.

Skade termina ses piquets avec élégance et habilité, c'était tellement impeccable que l'océan lui-même pliait sous ses figures, pas étonnant il s'agissait de la mère des tempêtes ! Malgré son admiration sans limite pour sa nouvelle mère, le bleuté commençait réellement à ne plus en pouvoir, toutes ses acrobaties avaient brûlé la quasi-totalité de son énergie et il n'avait aucunement l'intention de mourir ici ! Il imita Skade, qui elle se laissa plané sur un courant d'air tiède jusqu'à une drôle d'île visiblement habitée. Le dragonnet enjoué, observa sa mère plonger la tête sous l'eau pour gober tout un banc de poisson, cependant le bleuté eu une autre idée, celui-ci plongea la tête sous l'eau certes, mais il la ressortit aussitôt la gueule pleine d'eau pour venir la propulser sur le dos Skade. Amusé il continua cette fois-ci avec sa longue queue, il l'immergea presque entièrement et dû user de toutes ses forces pour pousser le plus de liquide pour avoir une chance de l'arroser. Il se doutait bien que la dragonne sortit à son tour la tête de l'eau pour le regarder. Heureux de sa bêtise il gloussa. Bien sûr qu'il s'attendait à un retour de sa part, mais au moins cela la rafraîchirait. Néanmoins, le but premier de cette action était de l'embêter

Alors ? Sommes-nous arrivée ? Que faisons-nous ensuite ? Comment se nomme cette île solitaire ?

Lui intima le dragonnet en retrouvant peu à peu son sérieux face à cette île pour le moins mystérieuse.

L’eau froide et iodée de l’océan glissa sur ses énormes écailles comme un courant léger et elle s’en amusa, se laissant arrosée avec bonne humeur. Elle goba les poissons remuant dans gueule et plongea de nouveau la tête sous l’eau, projetant des gerbes vers le dragon bleu pour lui rendre la pareille, avant de remonter un peu, un rire passant entre leurs deux esprits, prenant naissance dans le sien alors qu’elle s’ébrouait en hérissant les écailles. Pourtant il n’y eut pas de bataille prolongée, car Moëbius la questionna de nouveau et elle regarda l’étendue de terre désignée. Elle se rapprocha de lui sans quitter le paysage des yeux. < Ce n’est pas une île mais une péninsule, elle est rattachée au continent par une fine bande de terre contrairement à une île, mais le mode de vie y est très différent. Contrairement à la grande majorité des bipèdes, ceux qui vivent ici pratiquent la navigation et aiment l’océan et les rivières. Ce sont les seuls à véritablement avoir des bateaux ! Des constructions de bois pour flotter sur l’eau. Ils sont en bons termes avec les elfes il me semble et ils ont rejoint la rébellion. Je n’aime pas non plus beaucoup les humains en général mais ceux-ci me plaisent, ils ont de belles coutumes et sont très respectueux… Si tu as un jour la chance de voyager là avec ton dragonnier, je suis certaine qu’ils seront ravis de vous ouvrir leurs portes. Ils sont accueillant de nature… > Elle vola plus proche des embarcations humaines. < Il n’existe pas beaucoup d’îles si proches du continent. Une seule il me semble, on m’en a un peu parlé lorsque je suis revenue. L’île du Flocon, c’est là que Dracos a dissimulé vos œufs jusqu’au moment propice. C’est un ancien volcan, à présent éteint. Je ne m’en suis pas approchée, mais nous le pourrions à l’occasion si cela te fait envie. Il paraît que c’est un bel endroit > Elle huma l’air < Pour le moment, vient, approchons nous des bateaux ! > D’un coup d’aile, elle fut proche du navire de pêche qui flottait paisiblement, et dont les utilisateurs les regardaient avec des yeux pleins d’étoiles, les saluant et leur lançant des louanges avec respect. Elle s’en satisfaisait, ils étaient bien-élevés. Malicieuse, elle plongea entièrement dans l’eau, son immense corps disparaissant et assombrissant encore l’eau sous le navire alors que ses gestes faisaient de gros remous. Interloqués, les bipèdes se penchèrent en paniquant avant qu’elle ne ressurgisse dans une gerbe impressionnante et ne lance des poissons un peu partout en l’air, les faisant retomber dans les filets des humains ravis. Son regard brillant se tourna vers Moëbius. < C’est moins bon que le daim mais c’est toujours un en-cas de prit ! >

Ce n’est pas une île mais une péninsule, elle est rattachée au continent par une fine bande de terre contrairement à une île, mais le mode de vie y est très différent. Contrairement à la grande majorité des bipèdes, ceux qui vivent ici pratiquent la navigation et aiment l’océan et les rivières. Ce sont les seuls à véritablement avoir des bateaux ! Des constructions de bois pour flotter sur l’eau. Ils sont en bons termes avec les elfes il me semble et ils ont rejoint la rébellion. Je n’aime pas non plus beaucoup les humains en général mais ceux-ci me plaisent, ils ont de belles coutumes et sont très respectueux… Si tu as un jour la chance de voyager là avec ton dragonnier, je suis certaine qu’ils seront ravis de vous ouvrir leurs portes. Ils sont accueillant de nature…

La navigation ? Ainsi donc il n'y en avait qu'ici, pourquoi les hommes se battaient-ils entre eux au lieu d'avancer en matière de connaissances et d'invention ? Cela occuperait tout le monde et Armanda serait plus en paix. Mais cela ne servait à rien de creuser la question, les bipèdes étaient têtus, inutile d'en douter.

Möebius regarda Skade s'approcher des embarcations, ça n'était peut-être pas une si bonne idée ... Après tout, ces choses semblaient plutôt fragiles et les bipèdes à bord pas très habiles, néanmoins elle le fit quand même.

Il n’existe pas beaucoup d’îles si proches du continent. Une seule il me semble, on m’en a un peu parlé lorsque je suis revenue. L’île du Flocon, c’est là que Dracos a dissimulé vos œufs jusqu’au moment propice. C’est un ancien volcan, à présent éteint. Je ne m’en suis pas approchée, mais nous le pourrions à l’occasion si cela te fait envie. Il paraît que c’est un bel endroit.

Skade huma l'air, le goût salé de l'océan rendait le vent gouteux sur la langue, mais cela n'intéressait pas le bleuté. Au moment ou sa mère adoptive parla de l'île du Flocon, toute l'attention de Möebius se concentra en un seul point, ou était cette fameuse île !? Depuis si longtemps il se demandait ou son oeuf avait été trouvé, enfin il avait la réponse. Qui sait en allant sur cet archipel il en apprendrait plus sur lui-même ou sa vraie mère. Non pas qu'il la cherchait et même s'il adorait Skade il aurait tellement aimé savoir à quoi elle ressemblait ... Il ne se l'était encore jamais imaginé, mais pour sûr qu'elle serait la plus belle de toutes. Après tout Möebius ne se trouvait pas moche, il n'avait pas non plus l'impression d'être magnifique, normal en quelque sorte. Du moins si la normalité existait. Tant de questions et celles-ci Möe savait qu'elles demeureraient à jamais sans réponses, pourtant il mourrait d'envie d'aller voir ce si bel endroit. Demander à Skade serait de la folie ? Ou peut-être pas. En attendant la dragonne reprit la parole.

Pour le moment, vient, approchons nous des bateaux !

L'approche de la dragonne de l'ombre vers les embarcations créa l'euphorie totale chez ses passagers, de nombreux signes d'affection furent envoyé à ce qu'il voyait comme un miracle. Bien sur qu'elle était belle et majestueuse la belle Skade songea le bleuté. Lui aussi tenta une approcha. Elle se révéla plutôt compliquée, les battements puissants de sa mère le déstabilisaient tant elle avait de la force à revendre et lui de la maladresse en stock. Il se rattrapa comme il put, tomber comme une masse ne l'enchantait guère et sa chute ne ferait que créer le désordre parmi les navires et ses marins et en aucun cas il ne voulait faire des blessés. Têtu de base il insista, le voilà pile au-dessus d'un bateau, l'homme à bord regarda Möebius les yeux ébahie tant et si bien que le dragon se demanda s'il respirait toujours. Amusé il fit un signe de tête à l'individu puis reporta son attention sur Skade, finalement il avait encore un tas de questions à lui poser. Manque de chance pour le bleuté celle-ci s'était entièrement immergée, son immense corps noir donnait une tâche tout aussi sombre à la surface. Le petit bleu gloussa, lui qui était azur, il ne douta pas que contrairement à sa mère il serait plus compliqué à repérer.

C’est moins bon que le daim mais c’est toujours un en-cas de prit !

Skade n'eut même pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que Möe était déjà en train de rattraper le maximum de poissons pour les manger et il trouva cela excellent, certes cela ne valait pas un bon chevreuil ou encore mieux un sanglier, mais tout de même ! Trop heureux de ce nouveau met tout juste découvert, lui aussi finit par se laisser tomber dans l'eau, ses vives créatures marines s'enfuirent bien vite, mais quelques uns pas assez pour sauver leurs écailles. Möebius en englouti une dizaine puis secoua la tête, l'eau dans les yeux très peu pour lui, le bleuté se mit même à éternuer. Boire la tasse ? Encore moins à son goût.

Une fois remis de ses émotions il se tourna vers Skade en ouvrant son esprit.

- Puisque vous avez évoqué les oeufs sur l'île du Flocon, j'aurais aimé savoir si vous aussi vous avez eu des oeufs ? Ont-ils éclos ? Si oui où sont ces dragons, vos enfants ... Parlez moi d'eux, navré de ma curiosité mais c'est vraiment quelque chose qui m'intrigue, tout comme cette île ... Que j'espère nous visiterons d'ici peu, enfin seulement si vous le souhaitez ! C'était déjà très gentil de votre part de m'avoir emmener en ce lieu, je vous suis très reconnaissant, permettez moi de vous appelez mère ... Vous êtes comme cela à mes yeux à présent.

Il observa tranquillement les faits et gestes de sa nouvelle mère, il n'y avait ensoit aucune raison pour qu'elle refuse de répondre. Une aussi grande dragonne devait avoir des petits tout aussi majestueux. Cela permettrait à Möebius d'en savoir un peu plus sur ses semblables, depuis son amnésie il n'avait pas réellement pris la peine de chercher à les connaître, mais puisque l'occasion de présentait ... Néanmoins, le dragon se sentait assez anxieux et si Skade refusait qu'elle le considère comme son propre "fils" ? Et si ses vrais enfants ne l'acceptaient pas. Pourquoi donc avait-il poser cette question !? Maintenant il avait l'impression que sa tête reptilienne allait exploser, il lui fallait absolument trouver quelque chose pour détourner la conversation, qui sait peut-être que Skade ne tiendrait pas compte de sa demande. Embarrassé le bleuté se mit à regarder tout et rien à la fois, il lui fallait une diversion mais rien ne vînt ... Pour une fois Christan aurait été le bienvenu pour gâcher la situation, seulement avec son armure celui-ci coulerait en un rien de temps ... Une image assez comique qui fit glousser le reptile, au moins son anxiété avait quasiment disparue.

- Et pour revenir au daim, personnellement je préfère le sanglier ... Mais avouez que ces poissons sont très bons, les hommes d'ici devraient enseigner leur savoir aux elfes si ça n'a pas déjà été fait.

Il était vraiment vif, pour un mâle, cela faisait plaisir. L’eau trembla d’une onde singulière sous son rire, alors qu’elle l’observait en train de se repaître de poissons. Les petites créatures ne faisaient vraiment pas un bon repas, trop maigres et insignifiantes, même en grande quantité… mais elles étaient très bonnes pour un gourmet, ou une gourmette, voir pour les deux. Et cela changeait des viandes habituelles ! Satisfaite, elle replongea la tête dans l’eau pour en attraper de nouveau quelques-uns et savoura le goût mélangé à l’iode de l’eau salée. Elle gronda de contentement, causant une légère panique chez les marins qui ne se détendirent qu’en notant qu’elle ne montrait aucun signe d’hostilité à leur égard. La dragonne se tourna à nouveau vers Moëbius, qui s’adressait une fois de plus à elle. Encore en partie immergée, elle ne se priva pas de tourner autour des navires, en rabattant le poisson dans les filets des humains, tout en l’écoutant avec une vive attention. Elle finit par répondre après un instant, sentant son malaise et son questionnement, ainsi que ce qui en découlait. < Les elfes sont végétariens Moëbius, ils ne mangent pas de poissons > La pensée était douce, pas le moins du monde un reproche, simplement une affirmation. < Ils ne mangent pas la chair des animaux, seulement des fruits, du pain, du lait et des produits qu’ils créent de cette matière ainsi que des œufs non fertilisés. Je ne sais pas bien comment ils peuvent tenir debout et produire autant d’énergie avec simplement cela comme nourriture, mais c’est ainsi > Ondoyant dans l’eau comme un immense serpent de mer, elle sortit une aile alourdie d’eau et de poissons de l’océan et la tendit pour déverser son contenu sur un des navires de pêche, s’amusant de mouiller les humains qui étaient tout de même content de la prise.

< Et oui j’ai eu deux œufs. Mon tout premier œuf faisait partis de ceux que notre race a laissés ici, en espoir pour Armanda. Mon petit s’appelait Cymbor, lui aussi était lié à une elfe. Mais il est mort, tué par le prince des vampires, de même que sa dragonnière, un peu plus tard… > Elle mura la vive souffrance que l’évocation lui coûtait, ne désirant pas accabler Moëbius d’un pareil sentiment de désespoir, celui d’une mère d’un on avait pris le petit. < J’ai eu un autre œuf, bien des années plus tard… il a éclot et mon petit est toujours en vie, fort heureusement. Il se nomme Verith > Elle lui transmit une image du dragon rouge telle qu’elle le voyait, fier, au sortir d’un combat dont il était victorieux, contre un autre dragon plus âgé. Grande silhouette couleur de sang dans le crépuscule enflammé. < Il est ici, avec moi. Il m’a accompagné depuis la terre nouvelle de notre race afin de découvrir ce continent dont je lui ai beaucoup parlé. Que puis-je dire sur lui… il est ma fierté, fort, endurant, majestueux. Il me fait honneur oui, même s’il se laisse un peu trop porté par la colère. J’espère qu’il fondera une nuée et participera du futur d’Armanda… Il était lui aussi à la bataille des bois sombres, d’ailleurs. Il parcourt Armanda de son côté… Mais il n’aime pas beaucoup les bipèdes, je dois l’avouer. Tout comme moi. J’espère là encore, que cela changera. Mais Armanda n’est-elle pas une terre de changement, après tout ? J’ai espoir oui… > Quelque chose, dans sa voix, prouvait un sincère sourire

< Quand à m’appeler mère… j’en serais honorée. Si tu veux de moi comme mère, je serais ravie de t’adopter… Ce ne serait nullement la première fois, tu sais. J’ai pris sous mon aile une jeune dragonne, tout juste éclose, là-bas par-delà l’océan immense. Je connaissais bien sa mère, elle était mon alliée et une compagne de nuée. Elle avait un dragonnier et a préféré le laisser sur le continent Armandéen, partant seule. Elle s’est arraché l’âme pour permettre à son petit de grandir dans un meilleur environnement. Et elle est morte après avoir pondu. Alors j’ai pris sa petite née avec moi et je l’ai préservée. Elle aussi est venue avec moi ici. Elle se nomme Estelen. Tout comme moi, c’est une dragonne d’orage. Je te les présenterais, tous deux, si tu veux > Revenant vers lui, elle lui toucha une fois de plus le museau du sien < Et si je puis être mère pour toi alors je ce sera avec joie… Ne t’excuse pas de ta curiosité auprès de moi, n’ai pas peur de moi. Si je ne puis répondre à tes questions, tu le sauras car je te le dirais simplement, mais interroger n’a jamais été un mal >

Les elfes sont végétariens Moëbius, ils ne mangent pas de poissons

Ah oui ... Durant quelques secondes le dragon se sentit un peu idiot ! Il y avait de quoi : avoir un dragonnier d'origines elfe et oublier qu'il ne mangeait pas de viande ... Mais dans ce cas ils sont végétaliens ? S'interrogea-t-il. Cependant, Skade continua de lui répondre alors il détourna vite la question, c'était peut-être mieux plutôt que de sombrer un peu plus profondément dans l'idiotie dont il était actuellement victime

Ils ne mangent pas la chair des animaux, seulement des fruits, du pain, du lait et des produits qu'ils créent de cette matière ainsi que des oeufs non fertilisés. Je ne sais pas bien comment ils peuvent tenir debout et produire autant d'énergie avec simplement cela comme nourriture, mais c'est ainsi

Effectivement c'était une question intéressante, la magie très certainement ? Qui sait

- Et oui j'ai eu deux oeufs. Mon tout premier oeuf faisait partis de ceux que notre race a laissés ici, en espoir pour Armanda. Mon petit s'appelait Cymbor, lui aussi était lié à une elfe. Mais il est mort, tué par le prince des vampires, de même que sa dragonnière, un peu plus tard...

Möebius très attentif la regarda avec attention et curiosité, ainsi dont tous les dragons en ce monde ne provenaient pas de couple à présent disparus ? C'était une chance énorme qu'il avait ! Néanmoins, la pointe de joie s'envola bien vite lorsque Skade annonça la mort de l'un de ses aînés, il baissa la tête en signe de compassion, il avait bien senti qu'elle avait coupé court à quelque chose, sans aucun doute à de la tristesse. En plus de cela Möe et ce fameux Cymbor aurait peut-être pu s'entendre, lui qui était également lié aux elfes, à présent seul le bleuté demeurait ... Cela expliquait pourquoi la mère des tempêtes s'était montrée si compréhensive ! Qu'elle n'avait pas si mal réagit que cela à l'annonce des origines d'Elrond. Une chance pour le reptile azur.

-J'ai eu un autre oeuf, bien des années plus tard... il a éclot et mon petit est toujours en vie, fort heureusement. Il se nomme Verith.

Le bleuté releva la tête pour regarder Skade, il compatissait énormément pour elle, mais elle n'avait pas tout perdu heureusement ! Il essayait tant bien que mal de paraître heureux pour elle, mais il n'arrivait pas à imaginer ce qu'il se passerait si Elrond venait à mourir, comment le bleuté réagirait ... Ou tout simplement allait-il mourir en même temps que lui ? C'était horrible de penser à cela des à présent, mais indispensable pour les combats à venir.

Soudain ses pensées se coupèrent pour laisser apparaître un immense dragon rouge, Möebius fut impressionné par son caractère des plus ... Flamboyant, il avait l'air d'être assez coriace malgré tout très habile de ses griffes, quoi de plus normal pour un aîné.

- il est ... Très impressionnant, c'est à cela que je souhaiterais ressembler : fort et sur de moi-même.

Et oui la prudence n'avait pas toujours du bon, un jour au fond de lui il le savait, Elrond se jouerait de ce côté protecteur, une qualité, mais aussi un défaut. Ce Verith avait tout simplement l'air de s'en moquer, il semblait tellement puissant que rien ne pouvait l'arrêter sauf sa mère et encore ...

Il est ici, avec moi. Il m'a accompagné depuis la terre nouvelle de notre race afin de découvrir ce continent dont je lui ai beaucoup parlé. Que puis-je dire sur lui... il est ma fierté, fort, endurant, majestueux. Il me fait honneur oui, même s'il se laisse un peu trop porté par la colère. J'espère qu'il fondera une nuée et participera du futur d'Armanda... Il était lui aussi à la bataille des bois sombres, d'ailleurs. Il parcourt Armanda de son côté... Mais il n'aime pas beaucoup les bipèdes, je dois l'avouer. Tout comme moi. J'espère là encore, que cela changera. Mais Armanda n'est-elle pas une terre de changement, après tout ? J'ai espoir oui

Ainsi donc Verith et lui se connaissait ... Du moins de vu certainement, un bon point pour le bleuté le jour ou il croiserait cette écaille rouge.

- Les bipèdes sont étranges parfois je l'avoue, seulement il faut apprendre à les connaître pour pouvoir les apprécier à leur juste valeur.

Cela dit, certain, même après avoir cherché, n'en avait aucune, Möebius se laissa penser à une certaine personne qui lui avait laissé une belle cicatrice sur la patte droite ... Un dénommé Christan Weren non ? Oui quelque chose comme ça, se dit-il avec une pointe d'ironie dans les pupilles.

Quand à m'appeler mère... j'en serais honorée. Si tu veux de moi comme mère, je serais ravie de t'adopter... Ce ne serait nullement la première fois, tu sais. J'ai pris sous mon aile une jeune dragonne, tout juste éclose, là-bas par-delà l'océan immense. Je connaissais bien sa mère, elle était mon alliée et une compagne de nuée. Elle avait un dragonnier et a préféré le laisser sur le continent Armandéen, partant seule. Elle s'est arraché l'âme pour permettre à son petit de grandir dans un meilleur environnement. Et elle est morte après avoir pondu. Alors j'ai pris sa petite née avec moi et je l'ai préservée. Elle aussi est venue avec moi ici. Elle se nomme Estelen. Tout comme moi, c'est une dragonne d'orage. Je te les présenterais, tous deux, si tu veux

Estelen ... Ce nom tourna en boucle dans sa tête jusqu'à lui donner la migraine, il avait déjà entendu ce nom quelque part, il ferma les yeux en secouant la tête, chercher lui provoquait des maux, mais en même temps cela pouvait éventuellement signifié que c'était ses souvenirs ? Relevant la tête brusquement, il cogna la tête de Skade au passage, confus il la regarda d'un air embarrassé, en plus d'être passé pour un idiot quelques instants plus tôt là il passait pour un maladroit, quelle belle image Möebius ... Bravo à toi ...

Et si je puis être mère pour toi alors je ce sera avec joie… Ne t’excuse pas de ta curiosité auprès de moi, n’ai pas peur de moi. Si je ne puis répondre à tes questions, tu le sauras car je te le dirais simplement, mais interroger n’a jamais été un mal.

Möebius laissa Skade s'avancer vers lui pour toucher son museau, à ce contact à la fois froid mais chaleureux, le bleuté ferma les yeux comme à chacun de ses gestes, tout semblait s'effacer autour de lui, comme s'il n'y avait que cela d'important. Les humains pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient, en rien le petit bleu ne se laisserait perturber, lui et sa ... Mère à présent. Möe fit bien mieux, il nagea pour s'approcher de Skade pour venir poser sa tête sur son épaule juste avant son aile, il écouta ses battements de coeur. Les bipèdes faisaient souvent cela pour exprimer leur affection, maintenant qu'il savait que celle de Skade était réciproque il pouvait se permettre de le faire.

Néanmoins,son mal de tête revînt à la charge presque aussi vite qu'il s'était envolé. Il se redressa et battit des ailes pour reculer, arrosant la dragonne de l'ombre au passage. Estelen ... Estelen ... Estelen ! Ce nom ne voulait tout simplement pas partir ! Le bleuté secoua encore une fois la tête dans tous les sens jusqu'à s'immerger la tête sous l'eau, bien sûr il savait que le fait d'observer des poissons n'enlèverait pas ce maux, mais c'était une idée à tenter.

Soudain il se remémora, il sortit la tête du liquide, car de toute façon il ne pouvait pas tenir plus longtemps sans respirer, il regarda sa mère avec une expression emplie à la fois, de joie, d'angoisse et de rêve, il ouvrit son esprit pour lui expliquer la situation, la pauvre ne devait pas comprendre pourquoi un câlin son fils voulait se noyer.

- Estelen ! Une dragonne grise aux ailes immenses ! Je l'ai rencontré une fois et nous avions beaucoup parlé et même sympathisé ! Je ...

Il était tellement perdu qu'il n'arrivait plus à se remettre les idées en place, tout semblait à la fois s'écrouler autour de lui, mais en même temps se reconstruire ... Quelle drôle de sensation.

Soudainement, Moëbius ne semblait pas aller bien. Que lui arrivait-il exactement ? Elle resta immobile et silencieuse, véritable statue, l’esprit tendu vers le sien et l’observant avec intensité, prête à le soutenir si véritablement il ne s’en sortait pas. Mais elle n’aimait pas l’idée de le faire. Certes, elle protégerait le bleuté mais elle ne voulait pas le couper du danger en l’empêchant de développer ses propres capacités, sa force, son esprit… Il ne fallait pas l’handicaper. Et elle était convaincue que c’était la meilleure attitude à adopter. Preuve en était, Verith et Estelen étaient deux grands dragons forts et dignes, qui feraient d’excellents chefs de nuées s’ils décidaient d’en créer. Ils ne craignaient rien ou presque. Moëbius aussi deviendrait très fort, elle n’avait aucuns doutes. Quand enfin il revint à lui, elle souffla légèrement et le laissa approcher d’elle sans plus bouger et abaissa légèrement sa tête pour feindre de s’enrouler autour de lui. Elle était surprise du geste dont elle n’avait nullement l’habitude… c’était un geste de bipède, de mortel. Un geste qu’elle n’avait jamais vu faire d’ailleurs, les bipèdes qu’elle avait côtoyés n’étaient pas ainsi. Ils étaient très différents, et d’une sorte qui se passait de ces gestes étranges. Elle n’avait pourtant pas besoin de l’avoir vu réalisé auparavant pour savoir qu’il s’agissait d’une attitude de bipède… elle était dragonne depuis des millénaires après tout. Pour autant, elle décida de ne pas se vexer qu’on agisse comme cela avec elle. Si la forme n’était pas la meilleure qui soit, le fond lui était quelque chose qu’elle pouvait parfaitement comprendre…

Néanmoins il ne resta pas bien longtemps contre elle et recula, se cognant au passage contre son museau et l’éclaboussant. Surprise, elle arqua le cou, se tassant sur elle-même en une masse immense d’écailles luisantes et humides. Quand enfin il se décida à lui donner l’explication de son soudain désir de posséder des branchies, elle cligna encore des yeux. < Oui c’est bien elle > confirma-telle avec calme. < Une dragonne d’orage, comme moi > Une des dernières d’ailleurs. Elle avait été très surprise de voir Estelen se révéler de la même nature qu’elle mais pas moins fière pour autant. Serrant son esprit autours du sien, elle reprit la parole. < Vient, retournons vers la forêt à présent, la journée est bien avancée. Voler te fera du bien et tu ne risqueras pas de te noyer dans de l’herbe… > Elle ouvrit ses grandes ailes et en battit pour s’extirper péniblement de l’eau, créant des vagues et de l’émoi chez les oiseaux alentours revenus pour le poisson. Elle attendit de savoir si Moëbius pourrait s’en sortir également, l’aidant au besoin, avant de reprendre de l’altitude…