Le temps semblait s'être arrêté parfois et quand plus le bleuté avait l'impression de ne pas avancer. La terre bien en dessous de lui et de son lié semblait rester fixe, seule la course du soleil lui prouvait que les jours s'écoulaient, mais les narguait tout comme l'horizon, cette forêt n'allait donc jamais montrer le bout de son nez ? Heureusement que oui, une semaine et un peu plus s'écoulèrent avant de voir apparaître au loin cette immense masse verdoyante.

Pourquoi ce trajet ? Pour la simple raison que Möebius avait vu et senti des changements parmi les bois qu'il gardait, un nuage dont l'apparition ne présageait rien de bon, malgré que son lié était loin de lui il avait réussi à le prévenir et à sa demande l'avait ramené pour qu'il puisse voir de ses propres yeux la réalité. Lui aussi au début n'avait pas voulu y croire et pourtant il s'agissait bien de la vérité : quelque chose avait changé et pas en bien. L'écailleux avait donc entreprit de faire l'aller et retour entre Aigue-Royal et la forêt elfique.

Au moins ce voyage lui avait permis de rectifier sa technique en vol, les souvenirs revenaient doucement, trop doucement pour un dragon qui à présent volait quasiment tout le temps, maintenant que Möebius avait retrouvé Elrond, les deux compagnons allaient sans aucun doute entreprendre ce voyage dont son lié lui avait parlé il y a déjà un moment : à la renaissance de leur lien. Un moment magique qui n'apaiserait en rien la dure réalité de la vie ...

Réalité qui commençait à montrer le bout de son nez, la brume encore loin n'était pas accessible aux yeux du sylvain ni du dragon, mais cela ne saurait tarder, la magie qui en émanait, le bleuté la ressentait étant lui-même une source de cette essence. À présent il fallait réveiller Elrond, ce que Möebius n'avait pas envie de faire, sa respiration était calme et son sommeil apparemment paisible, sa malédiction n'était toujours pas levé tout comme la sienne ... Cet esprit du Néant allait le payer ! Même Skade avait eu un profond dégoût lorsqu'elle avait compris pour Möe, si une dragonne millénaire pensait ainsi il valait mieux se contenter de suivre son avis : elle était la plus âgée en cette terre c'était donc elle a qui, il fallait obéir, du moins c'était ainsi que la hiérarchie s'organisait chez les dragons, non seulement Möebius l'avait accepté et puisque Skade c'était pris d'affection pour lui il n'y avait pas de raison de se méfier de ses dires ... Oui un jour cet esprit le payerait très cher !

Une fois cette petite parenthèse close dans l'esprit du bleuté, il entreprit de réveiller en douceur son lié, même si le voyage lui avait paru duré une éternité, il aurait aimé qu'il dure encore un peu pour qu'Elrond puisse continuer de se reposer. Il ressemblait à un enfant ainsi ... Mais il était temps : leur voyage touchait à sa fin, caressant avec douceur l'esprit de son lié il lui révéla où ils en étaient, à quelques instants du cauchemar. Affaibli son lié émergea lentement, d'un simple coup d'oeil Möebius l'observa. Même si la situation n'avait rien de comique, le visage à moitié endormi de son lié en avait, le bleuté se contenta de glousser en reportant son attention vers la forêt.

Elrond caressa ses écailles avec douceur, l'écailleux appréciait ses petites marques d'affection, certes rare, mais elles n'en devenaient que plus précieuses.

Le dragon lui ouvrit son esprit avec plaisir

Savoir que leur voyage touchait quasiment à sa fin donna un petit élan d'énergie à l'écailleux, celui-ci déploya entièrement ses ailes pour planer et se laissa aller à une descente rapide et précise vers le sommet des arbres, cela leur ferait gagner de la vitesse et donc du temps. Après quelques secondes d'accélération le brouillard devînt très vite visible même pour des prunelles elfiques, par prudence le bleuté se tînt à quelques mètres, ne sachant pas quels effets cela pouvait provoquer, il valait mieux garder Elrond loin de cette chose mystérieuse, accentuer ses souffrances, était loin d'être son but, le dragon augmenta ses battements d'ailes afin de faire du sur-place, rester immobile.

Très mécontent de cet événement le bleuté grogna et alla jusqu'à siffler envers le brouillard, cela ne servait à rien, mais au moins il évacuait sa colère. Sa si belle forêt, il lui restait temps de souvenirs à extraire de cet endroit et voilà qu'il lui devenait inaccessible ! Qui ne serait pas frustré en apprenant cette nouvelle ? Quelqu'un qui n'avait pas de coeur ...

En parlant de souvenir le bleuté ferma les yeux alors qu'une vision traversait son esprit, il se revoyait plus petit galopant dans ses bois à la recherche d'une proie, puis soudain un autre dragonnier accompagné de son dragonnet avaient fait leur apparition ... Un dragonnet d'or ? Möebius n'arrivait pas à se souvenir de son nom, il grogna une nouvelle fois d'agacement, mais une chose était sur celui-ci était encore en vie, du moins il l'espérait. Une fois cette image terminée, le bleuté ouvrit ses prunelles bleutées, non il ne voulait pas que cette forêt devienne, elle aussi, un souvenir il ne voulait pas la quitter, ce lieu l'avait vu grandir après tout. Mais qui sait avec un peu de chance Elrond jugerait que ce brouillard était inoffensif, Möebius en doutait, néanmoins celui-ci tourna la tête vers son cavalier pour l'écouter, l'écailleux attendait son verdict avec impatience et méfiance.

Qui ne tente rien n'a rien songea l'écailleux, il se doutait bien de cette réponse, il en était même sur au moment même où il avait interrogé son lié, mais une lueur d'espoir était et serait à jamais présente au fond de ses yeux bleus ...

Elrond utilisa la magie présente en lui, le crépitement au creux de sa main attira l'attention de Möebius, son dragonnier lança une petite boule de feu que le bleuté ne manqua pas de suivre la trajectoire, elle disparu à peine elle eu atteint ce brouillard étrange. Möe grogna instinctivement à sa disparition, ça n'était pas normal ... C'était comme si la petite boule ardente avait été avalé, une brume qui attirait la magie à elle ?

Une crainte que les deux êtres partageaient, non seulement ce brouillard ôtait la vie à tout ce qu'il rencontrait et sa progression ne cessait de croître. La lueur d'espoir disparu elle aussi, exactement comme le sort de son lié, comment ne pas perdre espoir devant un tel spectacle ? Cette forêt avait vu naître et grandir le dragon, que sa forêt disparaisse ? C'était bien la dernière chose à laquelle aurait pensée le bleuté ... Qui pourrait les aider ? Les elfes commençaient certainement à fuir, les alayens se moquaient bien de toute cette histoire et les vampires aussi ... Il n'y avait que Néant qui pouvait faire quelque chose, mais puis-qu'affliger des malédictions, lui faisait plaisir, les lever n'était guère dans ses projets.

Soudain Elrond eu le souffle coupé créant quasiment la même réaction chez le reptile ailé, Möebius sentit ses ailes faiblir, comme s'il n'était plus capable de les utiliser, une montée d'adrénaline lui mit encore plus la pression, son souffle devînt plus soutenu et toutes ses pensées se mélangèrent, à ça non il n'était pas question de tomber telle une mouche pour finir avalé par une telle abomination.

Luttant pour ne pas arrêter de battre des ailes le dragon sentit lui aussi son énergie drainée, ses forces l'abandonnaient trop vite ! Möe releva la tête en sifflant de mécontentement, au moins tout cela ne l'empêchait pas de râler, son dragonnier sur le dos lui rappelait qu'il avait sa vie entre les griffes et pour rien au monde il ne voulait être à l'origine de sa mort. D'un battement d'ailes énergique qui lui coûta beaucoup, il réussit enfin à s'éloigner par un demi-tour. Allant aussi vite qu'il en était encore capable, le dragon avait du mal à maintenir la tête droite pour regarder là où il allait. Cette chose était tout bonnement une malédiction oui, une plaie lépreuse qui n'irait qu'en grandissant pour le plus grand bonheur de tous !

Möebius s'éloigna jusqu'à ne plus sentir les effets négatifs de cette brume, pourquoi donc c'était-il autant approché !? Lui qui était en pleine possession de ses moyens avait tout de suite souffert, mais Elrond encore victime de son propre maléfice devait davantage souffrir. Le bleuté se posa dans une clairière avec douceur puis tourna la tête vers son cavalier. Il lui ouvrit complètement son esprit, laissant apparaître ses craintes sur sa santé et sa culpabilité pour avoir été trop curieux.

Inquiet pour son lié, Möe baissa la tête pour venir souffler sur la chaussure de son ami, une petite quantité de fumée noire et chaude sortit de ses narines, ses yeux bleus clair reprirent de la luminosité, l'espoir était revenu, il y avait peut-être une chance pour que cette mésaventure n'accentue pas les souffrances de son lié. Le dragon regarda son dragonnier, espérant qu'il lui dise que ça n'était rien, que tout allait bien.

Rassuré que tout aille mieux, le dragon c'était laissé faire lorsque son lié lui avait drainé un peu de son énergie pour retrouver plus rapidement ses forces. Agacé par son imprudence il grogna légèrement en fixant le point qu'il venait de quitter quelques instants plus tôt, le Néant avait de la chance d'être aussi puissant, autrement le bleuté se serait donné à coeur joie de lui régler son compte.

Oui le bleuté avait pensé pareil, mais sa tendance sur-protectrice aurait dû prévenir cet incident, mais rien ne servait de s'apitoyer sur le passé, heureusement Elrond était toujours là. Il avait raison d'ailleurs, cette brume n'était vraiment pas un mirage, il fallut quelques instants au bleuté pour récupérer son énergie volée, son regard reprit sa teinte habituelle et enfin il pu relever la tête, durant ce vol désespéré il avait eu l'impression qu'elle était devenue beaucoup, beaucoup plus lourd, presque impossible à soulever. Hormis côté peu esthétique, c'était impressionnant à quel point cette plaie avalait la vie. Cette brume allait très vite englobé tout Armanda ... Une situation inquiète il n'y avait que cela à dire. Il avait du temps, enfin pour le moment oui il avait un peu de répit.

Son lié ôta ses pieds des étriers et descendit du dos de son dragon, c'est à ce moment-là que le bleuté se rendit compte à quel point il grandissait vite, contraint de sauter le sylvain manqua de chuter à l'atterrissage, non pas que Möe était devenu immense, mais surtout que son lié aurait tout simplement pu lui demander de se baisser ! C'est pourquoi, l'écailleux ne bougea pas le temps que son cavalier se rattrape à sa patte. Décidément il ne pouvait pas s'empêcher de bouger, même les jambes coupées, Möebius était persuadé que celui-ci tenterait de faire un mouvement. Même si le dragonnier ne prêterait certainement aucune attention à son mécontentement, le dragon renâcla bruyamment comme pour insinuer : tu n'es pas doué.

Le dragon avait raison ... Son cavalier était réellement fatiguant, il savait qu'il avait besoin d'aide mais préférait toujours la rejeter. Néanmoins, la question n'était pas là, Elrond avait raison aussi, la forêt n'était plus sûr à présent, du moins quelques endroits étaient encore saufs, mais au fond de lui le dragon savait que cela ne durerait pas.

Le sylvain se coupa dans ses propos, Möe n'y prêta pas attention, le dragon en profita pour s'avancer vers lui, il mit un léger coup de museau sur l'épaule de son cavalier pour finir par passer une partie de son museau sous son bras tout en ouvrant son esprit.

Reculant d'un pas, le dragon laissa éclaté sa colère, cela faisait un moment qu'il la contenait, qu'il faisait comme si elle n'était pas là, mais elle non plus n'était pas une illusion tout comme ce brouillard. Möebius tourna la tête, tout en découvrant sa dentition, en direction vers la brume, il rugit de toutes ses forces. Qu'importe que le Néant l'entend, tout était de sa faute après tout ! Furieux le bleuté finit par levé la tête vers le ciel et finit par cracher un jet de flamme. Il n'y avait que quand il était dans un tel état qu'il parvenait à ce genre de chose, comme face à ce cher Christan. Le dragon déploya ses ailes, la seule chose qui le retenait c'était son cavalier, le laisser seul n'était pas une bonne idée, mais un jour le bleuté se vengerait ! Pour le moment, l'idéal était de se calmer, mais c'était assez mal parti ! Le gosier de l'écailleux était encore chaud, la lumière des flammes éclairait toutes ses belles dents blanches, un jour il aurait sa vengeance oh que oui ...

Möebius ne s'appaisa qu'au bout de quelques minutes, ses cordes vocales mises à rude épreuve en quelques secondes à peine lui intimaient de se calmer, les flammes projetées quelques secondes après n'avaient pas arrangées les choses. Et puis une chose l'intriguait, en temps normal Elrond se serait manifester pour tenter de l'arrêter, mais non ... Le bleuté se tourna vers son cavalier, celui-ci n'avait pas bougé d'un millimètre, que lui arrivait-il ? Surpris par un calme olympien l'écailleux se rapprocha lentement, l'elfe fit un pas. Il y avait quelques chose ici qui attirait l'attention de son lié, mais quoi ? Ou étaient-ils tombés ? Le dragon releva la tête pour observer le lieu ou ils se trouvaient.

Il régnait un calme plat en ces lieux, seul le chant des oiseaux venaient troublés le silence, une arche de pierre attira le dragon, celui-ci fit quelques pas pour s'en approcher. Curieux d'un tel objet, le bleuté souffla sur la pierre faisant voleté la poussière accumulée par le temps. Il y était écrit quelque chose, n'étant pas sur de quelle langue il s'agissait l'écailleux préféra s'abstenir pour ne pas écorcher ce qui semblait être un nom. Un hommage ? Möebius réfléchit, des mausolées ... Ils avaient atterris dans un cimetière ? Troublé il jeta un coup d’œil vers Elrond, celui-ci n'avait pas l'air de bougé.

Qu'est-ce qu'il lui arrivait enfin ? Il semblait totalement perdu dans le vague, son ton donnait également l'impression que plus rien ne comptait. Décidément ... Möebius ne prit pas cette phrase personnellement. Celui-ci regarda une nouvelle fois la mausolée puis rendit un brève prière afin de s'excuser de cette intrusion. Maintenant c'était d'>Elrond dont il devait s'occuper.

Le mal rongeait son ami, Elrond ne tenait quasiment plus debout, un mal de tête soudain était apparu. Möebius ressentait cette douleur aussi, mais de manière très atténué, pour lui cela ne lui donnait qu'une sensation de mal-être, comme s'il c'était pris un coup. Rien de comparable à son cavalier.

Möe accoura vers son lié pour le soutenir, celui-ci tremblotait comme une feuille à genou les yeux embuées par des larmes de douleur, le voir dans cette situation rendait l'écailleux vert de rage, il ne pouvait quasiment rien faire pour lui venir en aide ... La seule chose à faire était de patienter, à moins que par miracle le dragon ne trouve une solution. Le bleuté posa sa tête contre le dos d'Elrond, celui-ci frotta son museau contre lui. Finalement Möe avait eu raison ... C'était la malédiction de son ami qui était la plus dure de deux. À cet instant, le dragon supplia de tout son être un esprit bienveillant d'aider son lié. Il avait eu du mal à accepter le fait qu'il ne pouvait peut-être rien faire pour sauver la forêt, mais pour Elrond ça non !

Le dragon resta là collé à son ami plusieurs instants, espérant priant pour qu'il se rétablisse. Lui donner de son énergie pour qu'il aille mieux ? C'était une idée, au point ou il en était il n'avait plus que cela à faire. Au moment ou celui-ci se concentra, l'elfe se redressa et se mit à courir dans entre les arbres.

Mais de quoi parlait-il !? Intrigué et inquiet le bleuté ne se fit pas prier pour le suivre, il fallait qu'il le rattrape ! Bon sang jamais Möe n'aurait imaginé galoper après son cavalier, en général il s'agissait plutôt de l'inverse. Mais la n'était pas la question, cette femme ? Mais quelle femme ? Il n'y en avait pas. La malédiction du Néant ! La période des hallucinations ? Déjà ? Möe continua de poursuivre son lié à travers les arbres du mieux qu'il le pouvait. Au moins celui-ci n'avait perdu qu'une part de la réalité : son lié existait encore pour lui. Möe se voyait mal lui expliquer qu'il était un dragon, ça d'accord et qu'en plus il était lié, ses souvenirs lui jouaient des tours, il ne fallait pas que ceux d'Elrond s'y mettent !

Agacé par cette poursuite, l'écailleux déploya ses ailes à plusieurs reprises, ce petit sylvain courrait vite ! Mais il n'y avait pas assez de place, d'un bond Möe se rapprocha de son lié, emportant quelques branches avec lui, habile et précis, il étendit le cou autant qu'il le pouvait pour venir attraper la chemise de son cavalier pour le tirer vers lui, lui intimant calmement malgré une douleur à l'aile.

Möebius prenait quand même grand soin de ne pas trop tirer le vêtements de son ami, le dévêtir ne l'aiderait pas à calmer les illusions. Soufflant bruyamment le souffle court, le bleuté avait du mal à ignorer la blessure qu'il venait de se faire à l'aile droite, une branche plutôt solide c'était logée en dessous de son articulation, celle lui permettant d'étendre un maximum ses ailes. Mais le moment n'était pas à la plainte, il y avait plus urgent : comme s'occuper d'un certain sylvain.

Le dragon lui répondit, mais les mots résonnèrent dans sa tête au même titre qu'une enclume tombant au sol, lourd, pesant et difficile. Voir son lié ainsi ne lui faisait pas plaisir, au contraire il souffrait même. Lui qui ne voulait que le protéger et préserver son bonheur, malgré les temps qui courraient c'était compliqué mais pas impossible, là ... Il faisait vraiment tout le contraire.

Mais le laisser ainsi, se laisse sombrer dans son halucination et qui sait peut-être après la folie ? Pour que le réveil soit encore plus douloureux ? Non hors de question. Il était vrai qu'il n'avait pas ménager ses paroles, qu'il n'avait même pas réfléchi à la façon de lui annoncer cela, mais il l'avait fait, comme une armé plantée dans la chaire :  c'était à retirer rapidement pour ne pas laisser l'agonie s'intensifier et durer.

Sa mère ? Il n'eu même pas le temps de se poser la moindre question, que la chemise de son cavalier se déchira laissant son propriétaire mordre la poussière dans un gémissement de douleur qui souleva encore une fois le coeur du dragon. Celui-ci lâcha le bout de tissu rester dans son bec puis reporta son attention sur lui, il se mit à ramper vers une cible toujours invisible à ses yeux. Pourtant il possédait une vue hors paire comparé à celle de son lié, mais non il n'y avait rien, rien du tout.

Elrond leva la main, sans doute pour toucher sa mère, au lieu de cela il lança un sort, des boules d'énergie toutes très puissantes, sauf qu'au lieu de bombarder l'hallucination que Möe ne voyait pas les sphères magiques allèrent s'écraser contre un arbre, le tronc était littéralement dévoré par la magie lancée par son cavalier. Un grincement se fait entendre annonçant la chute imminente de l'arbre. N'hésitant pas une seconde le dragon bondit jusqu'à l'arbre pour s'interposer entre une sphère magique. Peut-être que la parole n'allait pas résoudre le problème, mais protéger son lié d'une mort par écrasement était plus important que tout le reste.

Le bleuté rangea soigneusement ses ailes contre son corps pour ne pas grande une boule d'énergie sur elles, il s'en prit une dans le poitrail. D'un grognement il recula donnant un coup de queue par la même occasion à l'arbre abîmé. Un lourd bruit attira l'attention du dragon, l'arbre s'écroula sur lui. À l'impact il s'aplati contre le sol en serrant les dents, sa tête cogna le sol l'étourdissant quelque peu. L'arbre quant à lui n'avait pas touché son cavalier : l'épaisseur du dragon l'avait empêché. Les paupières de l'écailleux se firent lourd, il ne prit même pas la peine de résister et sombra momentanément dans l'inconscience, sa dernière pensée se dirigea vers son lié, au moins celui-ci allait bien, mais il avait été stupide de s'interposer, il aurait mieux fait de l'éloigner ...

Perdu dans le vague, le bleuté semblait ne plus rien entendre, l'esprit embrumé et les paupières lourdes il tenta de bouger, mais sans succès, son corps ne voulait apparemment pas lui obéir, son souffle était lent voir peut-être un peu de trop, il y avait du mouvement non loin de lui, il le sentait, mais ne pouvait pas voir ni entendre. Seul son intuition lui permettait de deviner mais c'était approximatif. Un son très agressif lui parvînt quand il récupéra son ouïe, un son aiguë et désagréable pour ses pauvres tympans tout juste même pas remis du choc. De quel choc ? Ah oui ! Pris entre la somnolence et l'éveil le dragon commença tout juste à reprendre ses esprits, malgré la douleur que lui procurait son ouïe il réussit à y faire abstraction. Son lié ... Elrond ! Il avait failli être blessé ou pire ! Soudain une voix se fît entendre, était-ce la sienne probablement, quoi qu'il en soit Möebius se souvenait de ce qu'il venait de se produire : il s'était interposé entre un arbre centenaire et son cavalier qui manquait de se faire écraser par le géant de la forêt elfique.

Une sensation de bien-être l'envahie quand la masse qui l'écrasait disparut, un lourd fracas résonna plus loin, le centenaire terminait sa vie d'une drôle de façon tout de même. Soupirant de manière éxagérée Möebius ouvrit lentement les yeux, comme s'il n'était plus sur de ce qu'il était capable de faire, après un tel choc il était normal d'y aller en douceur. Recouvrant peu à peu ses forces il se rendit compte qu'il était aidé. Elrond chanta, sa voix mélodieuse et envoûtante accompagnait la vague d'énergie traversant le corps de sa monture. Pourtant, il n'en voulait pas de cette aide, il fallait qu'il la garde pour lui ! Sa malédiction était toujours là. Grognant à l'intention de son cavalier, Möe le regarda faire sans oser bouger, que pouvait-il faire de toute façon ? Il était tellement têtu.

Vidées de ses forces son lié tomba non loin de son museau. À présent il ne restait plus qu'à vérifier si oui ou non tout avait été soigné.

Möe bougea doucement chacun de ses membres individuellement avant de tenter de se redresser. Il prit appui sur ses deux pattes avant et poussa progressivement dessus pour relever les épaules, le poitrail. Seulement après il releva la tête. Tous ses sens semblaient de nouveau correct, son ouïe ne le faisait plus souffrir, ses yeux voyaient clairement hormis le nuage de poussière qui terminait de s'estomper tout allait bien.

Avec douceur il avança son museau vers son épaule, d'un petit coup il lui indiqua que tout allait bien, du moins pour le moment. Reconnaissant, mais aussi en colère contre lui il prit tout de même la peine de rester calme même si c'était difficile.

Avec tendresse il mordilla la chemise de son cavalier, il était têtu, imprudent, arrogant insouciant avec peut-être encore une longue suite de défaut, mais c'était lui et personne d'autre qu'il avait choisi.

Cette fois il voulu se mettre sur ses quatre pattes, mais une douleur au milieu du dos lui indiqua que ça n'était peut-être pas encore le moment. Möe tourna la tête pour se regarder, quelques branches avaient bougé ses écailles transperçant sa fine peau en dessous. Serrant les dents il imaginait déjà la longue séance à laquelle il allait avoir droit pour être entièrement remis sur ses pattes. La belle selle en cuir n'avait rien, quelques rayures et feuilles par-ci par là, un bon nettoyage suffirait amplement. Quant à ses ailes, la membrane s'était déchirée par endroit mais rien de plus, heureusement ! C'était la chose la plus précieuse qu'il possédait mis à part son ami et cavalier. Renâclant bruyamment les diverses branches fraîchement plantées dans son épiderme le faisant souffrir, très vite de petites tâches de sang se formèrent entre ses écailles. Le liquide chaud coulant jusque sur son flanc. La magie d'Elrond avait été puissante malgré tout, il lui avait certainement évité une belle fracture, un dragon cloué au sol était un dragon mort. Hors il ne pouvait pas se permettre de rester ici sans rien faire, c'était un écailleux il fallait donc qu'il agisse en conséquence et prendre son courage à deux pattes.

Reportant son attention sur son cavalier, il encouragea celui-ci à rester tranquille quelques instants pour se remettre de ses émotions. Peut-être qu'il avait de quoi manger dans une des sacoches qu'il transportait, ou une potion du même genre. Inquiet de son état, Möebius tenta de convaincre son lié de prendre un stimulant pour recouvrir plus rapidement son énergie. Ou alors, le bleuté pourrait très bien exécuté le transfert dans l'autre sens ? Même si cela faisait très dramatique en soit, y avait-il une autre solution ? L'un et l'autre ne supportait pas de se voir souffrir. Mais dans un lien aussi puissant c'était normal. Cela dit, Elrond était-il encore conscient, face à une telle dépense de soit il fallait que le dragon s'en assure. Möe tendit son esprit vers le sien, pour l'enserrer et le rassurer, sa caresse se fît douce et chaleureuse

Prenant son mal en patience le bleuté resta là, sur ses deux pattes avant avec la tête au-dessus de son cavalier, le reste du corps au repos il attendit que son lié lui répond.