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Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE

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Lorenz Wintel
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MessageSujet: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 19:07

La nuit était bien avancée, sans doute n'étaient-ils plus très loin de l'aurore mais il était difficile de s'en apercevoir au fin fond des galeries d'Aigue-Royal. Cela n'intéressait de toutes façons pas du tout le vampire. Il était rentré depuis peu, venant à peine de se séparer de Shadowsong et une nuée de sang-froids s'étaient aussitôt jetés sur lui pour lui transmettre des dizaines de rapports plus ou moins urgents, le plus notable étant sans doute celui qui précisait que le souverain humain l'avait bien convoqué suite à la destruction de Dévoreuse et qu'un autre vampire s'était déplacé à sa place. Achroma... Lorenz ne savait pas trop si il devait se réjouir ou s'inquiéter de cette rencontre qu'il n'avait pu voir ou prévoir, mais même cela devait passer au second plan. Un autre sujet d'inquiétude occupait toutes ses pensées, un sujet bien plus pressant. Plus douloureux, terrifiant même. Ambre... Ambre avait été blessée dans un éboulement.

Cette nouvelle avait occulté tout le reste et les conseillers qui papillonnaient autour de lui n'avaient pu que s'écarter dans la précipitation lorsqu'il avait soulevé le vampire concerné par le col afin de lui soutirer jusqu'à la plus petite miette d'information qu'il pouvait bien contenir. Ambre était en vie, une vampiresse était venue à son secours, mais il s'en était fallu de peu et elle avait probablement été blessée dans l'affaire, il n'en savait pas plus, pouvait-on le lâcher s'il vous plait ? La demande polie n'avait jamais atteint les neurones du prince, il avait rejeté son interlocuteur au sol sans plus de ménagement, déjà en route vers son humaine et trop plongé dans ses pensées tourbillonnantes pour seulement prendre garde à ce qu'on lui disait.

Son pas rapide n'avait pas tardé à le mener à la porte du petit appartement qui avait été octroyé à Ambre. Il fronça le nez presque aussitôt, identifiant sans la moindre difficulté l'odeur bien connue qui lui avait procuré tant de plaisir depuis qu'il avait capturé la jeune immunisée. Du sang... SON sang... Une indescriptible bouffée de rage s'empara de lui à cet instant, mêlée à la frayeur qu'il ne pouvait s'empêcher de ressentir malgré ce qu'on lui avait dit et il ne prit pas la peine de s'intéresser une seule seconde à la porte. Non pas qu'il aurait frappé, il ne le faisait jamais de toutes manières, à peine si il daignait se faire annoncer de temps à autre. Non mais au moins aurait-il pu la pousser avec ou sans douceur, ne serait-ce que pour ne pas faire mourir de peur l'occupante qu'il sentait à l'intérieur. Il ne s'attarda pas sur cette possibilité, pour tout dire il était déjà à l'intérieur.

Le sort d'évaporation avait été instinctif, il n'avait même pas songé qu'il pourrait avoir un effet imprévu vu l'état de la trame mais ce ne fut heureusement pas le cas. Il réapparu bel et bien de l'autre côté sans dommages, absolument pas concerné par le fait que cela aurait pu se passer bien plus mal. Son regard brûlant s'était déjà posé sur celle qu'il considérait comme sienne et qui achevait apparemment de changer ses bandages. Sans se préoccuper de l'arrêt cardiaque qu'il avait manqué lui provoquer ni de toute réaction de pudeur qu'elle pourrait avoir, il marcha droit sur elle et posa une main impérieuse sur le pansement qu'elle s'apprêtait à remettre et qui risquait de lui cacher la blessure qu'il voulait voir. Bon... Elle n'en mourrait pas. Elle s'était déjà fort bien soigné elle même évidemment, comment aurait-il pu en être autrement ? Son regard se fit moins fièvreux et en relevant ses prunelles d'acier vers elle, il s'aperçu enfin qu'il ne s'était pas autorisé à relâcher la tension douloureuse de ses muscles depuis qu'il avait apprit sa blessure. Ils protestèrent fortement lorsqu'il relâcha la pression mais il n'en avait cure. Il s'était emparé du bandage afin de le stabiliser pour lui permettre d'enfin parvenir à le nouer d'une seule main. Ce faisant, il commenta :

"Ne me regarde pas ainsi, j'ai senti ton sang à la porte."

Et il avait eu peur. Le dire n'était pas utile, il n'avait rien à lui cacher et il ne l'aurait de toutes façons pas pu après cela. Il mourrait d'envie de la serrer dans ses bras mais ce qu'il avait découvert depuis ce matin ne le lui permettait pas. Il relâcha la bandage lorsqu'elle eut terminé de le mettre en place, prenant bien garde de ne pas la toucher et prévenant :

"N'effleure pas ma peau. Mon totem est... Déréglé."

C'était le moins que l'on pouvait dire, et c'était sans doute aussi le cas du sien. Se mettrait-elle à faire peur aux animaux ? Elle en serait attristée, ça lui déplaisait. Mais ce n'était pas sa priorité première et il ne se priva pas d'interroger :

"On m'a dit pour l'éboulement, et pour l'aide qui t'a été apportée. Qui était-ce ?"

Un vampire, une vampiresse même à ce qu'il en savait. Il fallait qu'il sache qui, afin de la récompenser. Il la détaillait avec attention en attendant sa réponse, l'enveloppant d'un regard scrutateur qui allait sans doute la rendre rouge de confusion dans son état et sa tenue. En vérité il ne le remarquait même pas, trop occupé à chercher d'éventuelles autres sequelles. Ou presque pas... Il acheva enfin son inspection et s'autorisa finalement un demi sourire matois en commentant ironiquement :

"Ce sort là est peut-être bien mon préféré finalement..."

Il la dévorait franchement du regard à présent, s'amusant de la voir ainsi clouée sur place devant lui mais incapable d'oublier la raison première de sa visite. Plus sérieuses, ses prunelles s'assombrirent tandis qu'il interrogeait :

"Veux-tu que je fasse venir le baptistrel ? Il refermera ta plaie plus rapidement que les herbes..."

Et il contrôlerait que tout allait bien au passage. Ce qui ne serait pas du luxe...
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeDim 17 Aoû 2014 - 20:15

La douleur pulsait lentement sur son épaule, malgré les bandages entourant son épaule une partie de l’avant-bras. Le plafond qui l’avait entaillé avait laissé des morceaux de terre et de roches, miniatures, dans la plaie, et Ambre avait peiné à nettoyer tout cela, d’autant plus qu’elle avait le plus grand mal à voir distinctement la blessure, une partie se trouvant dans l’angle mort de sa vue puis que situé trop près de la base du cou. Pas de quoi la tuer, Dracos la protégeait sûrement, mais assez pour qu’utiliser son bras, lui aussi égratigné bien que légèrement, soit douloureux et fatiguant. Et sa magie qui ne servait absolument pas… Depuis qu’elle avait vu l’un des vampires faire les frais de sa magie après que celle-ci se soit retournée contre elle, elle avait préféré à son tour éviter de faire de même. Elle ignorait si cela provenait de la magie même ou de celui qui s’en était servi mais entre la chaleur, les comportements étranges et les tremblements de terre, elle songeait plutôt à la première option. Aussi la guérisseuse avait-elle estimé que rester sur les traditionnels cataplasmes et mélanges divers et variés était bien plus sécurisant. Restait que pour nettoyer les plaies, elle avait dû utiliser un petit miroir à mains guère pratique et se débrouiller seule pour désinfecter et bander tout cela. Elle aurait pu demander de l’aide, mais ne souhaiter pas déranger qui que ce soit et n’avait pas non plus l’envie d’attirer l’attention d’un vampire. En temps normal elle prenait déjà garde à ne pas se blesser ou faire quoi que ce soit qui puisse provoquer un saignement, hormis quand Dame Nature s’en mêlait douze fois par ans, mais aujourd’hui plus que jamais elle désirait se protégeait de l’appétit sanglant des sang-froids. Quelque chose s’était déréglé au sein des hommes, elfes et vampires et il était inutile de tenter le Néant.

Se débarrassant de son ancien bandage après avoir ôté le haut de sa robe, l’ancienne esclave fronça les sourcils en observant l’aspect peu agréable qu’avait sa peau. Elle n’était pas parvenu à nettoyer totalement la plaie semblait-il puisqu’il y avait un peu de terre collée au sang sur le tissu, et elle savait qu’il y avait donc un risque d’infection. Elle avait vidé sa gourde et n’avait pas souhaité se déplacer pour rechercher de l’eau, la seule chose qu’elle désirait était achever au plus vite ce travail pour retourner au plus vite auprès de sa jument. Elle avait souhaité apporter un chat avec elle mais les animaux étaient devenus étrangement nerveux, surexcités, et elle avait battu en retraite dans sa chambre pour ne pas perdre de temps. Mais elle ne pouvait le nier, suite à cela elle se sentait mal. Elle avait besoin d’un contact quelconque avec eux et avait la désagréable impression que quelque chose se crispait dans son ventre tandis que sa poitrine lui faisait mal. Mais il fallait prendre son mal en patience ; après tout, des centaines de personnes souffraient probablement plus qu’elle et ne se plaignaient pas, elle-même n’avait guère à s’apitoyer sur elle-même. Elle appliqua donc une nouvelle couche du baume qu’elle avait fabriqué elle-même avant de récupérer des bandes propres à appliquer sur la plaie. Elle avait perdu quelques-uns de ses stocks de plantes avec l’effondrement et le déplorait mais l’essentiel était intact, les esprits soient bénis. Elle terminait d’enrouler le tissu sur sa peau et s’apprêtait à nouer l’ensemble pour ne pas risquer de le perdre quand une présence déplacée fit son apparition. Lorenz. Qui, visiblement, n’avait pas compris que le principe d’une porte était aussi de demander l’autorisation pour entrer ; par exemple pour éviter de surprendre les jeunes filles en tenue guère présentable.

Les yeux écarquillés par la surprise, Ambre en lâcha son bandage pour sursauter en couinant d’étonnement, croisant les bras sur le bandeau entourant sa poitrine tandis que son cœur battait la chamade, peinant à se remettre de l’effroi causé par cette apparition soudaine. Certes, elle n’était pas nue et hormis ses épaules et une partie du ventre, il n’y avait rien de visible, mais elle rougit comme une tomate devant le regard bleu de son Prince. Dont la main s’était posée sur son bandage, ce qui l’aurait embarrassé encore davantage si la chaleur qu’elle sentait de sous le tissu n’avait pas été aussi perceptible, lui tirant une grimace de douleur. La chaleur était beaucoup, beaucoup trop élevée, bien plus que d’habitude même. Il ne la laissa heureusement pas longtemps, désireux de regarder la blessure, et la jeune fille le laissa faire sans piper mot, l’observant en silence. Il ne pouvait rien faire de plus de toute façon, mais en croisant son regard lorsqu’il releva les yeux vers elle, elle put lire de l’inquiétude. Inquiétude… Il avait d’autres personnes plus importantes, pourtant. Et elle-même n’avait pour ainsi dire presque rien. Un mélange d’interrogation, de timidité et d’incompréhension passa dans son regard bleu clair, se mêlant à une pointe de désapprobation pour l’intrusion surprise. Son cœur ne s’était toujours pas remit de la frayeur causée, et pourtant Dracos savait qu’il commençait à avoir l’habitude. Elle n’eut d’ailleurs pas besoin de parler qu’il lui répondait déjà, mais les mots étaient trop rapides, trop nombreux pour qu’elle les comprenne tous. Elle prit donc son temps pour les analyser un à un, profitant qu’il la regardat de face pour attacher rapidement son bandage, peinant à associer les termes à une signification particulière, et réussit tant bien que mal à reconstituer correctement le sens de sa phrase. Dracos, que c’était compliqué de ne plus avoir cette connaissance presque sans faute du langage. Depuis le début la nuit, elle peinait à s’exprimer comme à comprendre ce qu’il se disait autour d’elle. Elle lui fit signe de parler plus lentement, avec un « doucement » prononcé de façon presqu’inaudible et eut le soulagement d’entendre qu’il s’exprimait après cela plus posément. Totem. Bien sûr. Le sien était déréglé, celui de la jeune femme aussi probablement. Elle n’avait pas songé à cette hypothèse, y mettant sur le compte de la magie déréglée, mais sans doute était-ce pour cela qu’elle avait besoin d’une proximité animale. Elle hocha brièvement la tête avant de reculer d’un pas, les bras toujours croisés devant elle, avant de prendre le temps de lui répondre.

- Je… mon cheval... aussi.

D’accord, elle aurait pu être plus claire, mais elle savait que Lorenz comprendrait. D’autant que l’effort de concentration qu’elle faisait était visible sur son visage. Il finit toutefois par parler de l’éboulement, la raison de leur présence à tous les deux, et la jeune fille s’empressa de satisfaire sa curiosité. Elle-même était encore surprise du nom que ses lèvres prononçaient pour désigner sa sauveuse.

-.. dame Ullylan. Elle m’a.. Encerclé.

Elle-même fronça les sourcils en s’entendant avant de se reprendre. Il lui semblait légèrement plus facile de s’exprimer une fois qu’elle avait commencé (encore que), mais plus cela allait, plus augmentait la douleur diffuse du manque de présence animale. A présent, elle ne serait pas seulement les bras par pudeur mais aussi pour tenter de contenir cette pulsion latente et désagréable qu’elle sentait en elle.

- Protégée.

Le sujet redevint toutefois rapidement léger et la petite humaine baissa la tête en sentant peser le regard du vampire sur son corps. Quelques mèches s’échappaient du chignon qu’elle avait rapidement fait et elle se sentait vraiment imprésentable. Digne d’une esclave, en fait.

- Non, bredouilla-t-elle. Magie mauvaise.

Elle avait davantage confiance en ses plantes et ne voulait pas prendre le risque de voir le baptistrel, qu’elle appréciait beaucoup, se mettre en danger pour elle.

- Qu’est se passe ?

Savait-il, lui ? Pourquoi plus rien n’allait ? Frustrée de ne pouvoir s’exprimer correctement, le regard azuré d’Ambre se voila légèrement tandis qu’elle posait sur Lorenz un regard chargé d’incompréhension.
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeLun 18 Aoû 2014 - 22:43

Elle le regardait étrangement... Elle était surprise et gênée bien sur, il s'en serait doutée, mais pas seulement. Elle semblait peiner à le suivre. Eh bien, était-elle perturbée à ce point ? Il avait reculé d'un pas en constatant que son totem l'indisposait, il dégageait une chaleur moins maîtrisée qu'à l'ordinaire, pas de quoi la brûler sans contact mais le simple effleurement du bandade l'avait fait grimacer, pour le plus grand déplaisir du vampire. Il n'avait pas songé que ce petit problème serait aussi ennuyeux... Voir frustrant à moyen terme... Bref.

Il fronça les sourcils quand elle lui répondit, la comprenant sans mal mais s'étonnant de ses difficultés de diction. Apparemment ses propres problèmes de totem n'étaient pas les plus gênants, voilà bien un handicap qui risquait de compliquer sérieusement les discussions de la petite humaine ! Il ne pourrait pas y faire grand chose, mais au moins pouvait-il ralentir le rythme de ses mots et ainsi espérer qu'elle le comprendrait. Lui avait passé assez de temps à essayer de la cerner et de deviner ses pensées pour se sentir capable de traduire tout ce qu'elle pourrait bien lui dire. Pourtant il cru bien s'être trompé sur la suite et même son masque habituellement impassible n'y résista pas tout à fait. Une lueur plus incrédule dans le regard, il ne pu que répéter :

"Ullylan ? Norwen Ullylan ?"

C'était carrément improbable... Et puis que voulait-elle dire par "encerclée" ? Elle se reprit bien vite mais cela n'aida pas le vampire. Protégée... Norwen aurait protégé Ambre ? Ben voyons... Autant demander à un serpent à sonnette d'aller filer un coup de main à une petite souris de passage. Intuitif, Lorenz était parfaitement conscient de l'attirance de la vampiresse fanatique vis à vis de sa personne, c'était même une des raisons qui l'avait poussé à lui laisser son poste. Elle ne risquait pas de le trahir. Mais le revers de la médaille c'était qu'elle haïssait Ambre plus encore que tous les autres... C'était bien la dernière personne au monde qu'il aurait vue la sauver, et pourtant Ambre ne mentait pas. Elle en était parfaitement incapable, ou si elle s'y essayait alors ça donnait un résultat lamentable qui le faisait hésiter entre l'envie d'exploser de fureur ou de réprimer un fou rire tel qu'il n'en avait plus eu depuis... Jamais en fait. Il n'y avait vraiment qu'elle pour lui faire cet effet là...

"Soit. Elle sera récompensée au delà de ses espérances."

Car autant préciser qu'il n'était absolument pas dupe. Si la vampiresse avait accomplit une telle action, ce n'était certainement pas par bonté d'âme et sans arrières pensées plus ou moins intéressées. Elle voulait se faire bien voir, y gagner quelque chose aussi peut-être. Et éviter aussi qu'il ne passe la plus grande fureur de toute sa non vie sur le peuple vampirique en son entier... Elle avait réussi son coup, il savait châtier affreusement ceux qui le décevaient mais il prenait aussi grand soin de récompenser les autres. Après tout, le pouvoir était un savant jeu d'équilibre, et il excellait dans ce rôle.

Une flamme irritée passa brièvement dans ses yeux clairs lorsqu'elle baissa la tête, comme honteuse de son apparence. Avait-elle seulement conscience de sa beauté ? Sans doute pas... Il n'était pas un grand partisan de la modestie et aurait été plus que ravis qu'elle le sache, quitte à en jouer comme beaucoup de vampiresses le faisaient. Qu'y avait-il de mal à ça après tout ? L'apparence physique était une arme comme une autre et sans doute était-il temps qu'Ambre apprenne à prendre confiance en elle et à s'apercevoir qu'elle avait autant d'atouts que d'autres sinon plus. Il gronda donc en cet étrange mélange d'irrésistible d'autorité et de parfaite douceur qu'il savait prendre pour elle :

"Regarde moi."

Elle avait refusé son offre d'appeler le baptistrel, préférant éviter la magie, ce qu'il comprenait très bien. A peu près rassuré quand à son état de santé, il la couvait à présent de ce regard lourdement attentif qui lui était propre et qui ne changea de cible que lorsqu'il se décida enfin à le poser sur le chemisier de la jeune femme posé un peu plus loin. Il songea une seconde à l'ignorer, la jeune femme ne risquait absolument pas de prendre froid en sa présence et ça ne lui faisait pas de mal que de s'exposer un peu et de constaster sans doute possible qu'elle était plus que désirable. Néanmoins lorsqu'il ne tuait pas tout le monde il était un vampire relativement civilisé et c'est donc tout naturellement que l'habit prit le chemin de ses mains puis se déposa silencieusement sur les épaules de l'humaine. Une manche demeura pendante, il ne souhaitait pas lui faire mal et encore moins la brûler d'un mouvement maladroit, mais au moins était-elle moins dénudée. Tout le jeu à venir dans un futur plus ou moins proche consistant évidemment à faire ce répéter ce genre de vision, et si possible sans qu'elle en soit surprit. Mais il s'égarait encore...

Elle lui avait posé une question... Une question qui méritait réponse, mais encore fallait-il qu'il réfléchisse à ce qu'il allait lui dire exactement. Une demi vérité serait sans doute la meilleure solution, mais il répugnait à lui mentir depuis ces instants passés dans la bibliothéque des baptistrels. Il se décida donc à lui répondre d'une voix prudente :

"Il y a un déséquilibre dans la magie... Et dans l'équilibre du monde. Quelque chose de temporaire je pense, c'est lié à la destruction de Dévoreuse."

Oui bon, il n'avait pas été tout à fait complet là, mais on ne se refaisait pas... Il hésita un seconde avant d'hausser les épaules :

"Et sans doute aussi à la colère de Néant. Je pense que nous l'avons atteint assez gravement. Merithyn et moi. Nous avons utilisé la destruction de Dévoreuse afin de créer une sorte de passerelle vers elle, et nous avons frappé. Avec un peu de chance cela nous sera d'une grande aide dans les prochaines batailles contre les Alayiens."

Ou pas... Il savait à présent que le verre noir restait actif et c'était quand même ce qu'il avait le plus espéré désactiver. Une grosse déception donc, d'autant que les effets négatifs pour les Armandéens se faisaient durement sentir, mais il avait eu raison d'essayer non ? Il fallait bien faire quelque chose... La totale assurance en lui-même et en ses choix qu'il avait démontré jusque là se fendillait quelque peu à présent qu'il était seul... Ou presque seul, Ambre pouvait tout savoir de lui sans que cela ne l'inquiète. Il reporta un regard un peu incertain vers elle avant de reprendre :

"Nous sommes en guerre, et Néant s'est impliquée profondément dans cette guerre. Il est naturel que nous ayons cherché à atteindre la pièce maîtresse du dispositif ennemi. Je suis quasiment certain que ces effets négatifs sont temporaires, il n'y a pas de quoi s'alarmer."

Bon, peut-être que si, un peu quand même... Surtout lui et Merithyn d'ailleurs car ils avaient réussi l'exploit d'attirer toute l'attention des Esprits sur eux et il était clair que ce ne serait pas sans conséquences. Il n'avait pas peur néanmoins, il lutterait pied à pied quelque soit la puissance de ses adversaires. Il n'avait jamais rien regretté de ses gestes passés et il ne comptait pas commencer maintenant. Son regard se fit soucieux néanmoins quand il le reposa sur l'épaule blessée :

"Je n'aurai jamais imaginé que cela puisse te mettre en danger, j'aurais dû être plus prudent... Je le serais désormais, et je veux que tu apprennes à te débrouiller et à te défendre aussi bien contre les éléments que contre les êtres vivants ou morts."

Il avait prit cette résolution déjà bien avant qu'un plafond se décide à dégringoler sur son humaine, mais du coup l'occasion se présentait bien. Un nouveau regard circulaire lui permit de repérer un vieux drap qui traînait dans un coin et qui semblait tout prêt à être jeté. Il s'en empara avant de jeter un bref regard vers elle :

"Tu y tiens ?"

Devant le geste de dénégation, il se décida à tirer sur le tissu qui ne résista pas à sa force vampirique et se déchira dans un crissement plaintif. Amusé par la curiosité étonnée qu'il voyait luire à présent dans les yeux clairs, il enroula ses mains l'une après l'autre dans les bandelettes ainsi formées. Il n'aurait plus qu'à se trouver des gants pour la prochaine fois, il voulait pouvoir toucher son humaine sans la brûler toute vive. Sa peau protégée, il se décida enfin à s'approcher d'elle en sortant deux larges bracelets de cuir qu'il avait gardé sur lui jusque là. Conscient du souvenir qu'il risquait de lui rappeler alors qu'il s'approchait d'elle jusqu'à l'effleurer, il souffla :

"Ils ne t'entraveront pas. Jamais plus je ne t'entraverai."

Elle était habituée à ses cadeaux mais s'étonnerait sans doute du peu de luxe apparent de celui-ci. Rien à voir avec les bijoux et les robes scintillantes qu'il lui offrait le plus souvent. Sans être vilains d'apparence, ces objets restaient simples et uniquement ornés d'un symbole harmonieusement gravé dans le cuir. Assuré qu'il ne la brulerait pas, il lui emprisonna les poignets dans sa poigne ferme et pourtant pleine de délicatesse et c'est avec milles précautions quand à son épaule blessée qu'il les lui enfila. Ils lui allaient parfaitement, comme tous les objets qu'il lui avait offert jusque là. Il fallait croire qu'il avait un don dans ce domaine.. Satisfait du résultat, il croisa son regard perplexe et l'ombre d'un sourire en coin fit frémir ses lèvres tandis qu'il la contournait pour se placer derrière elle, soufflant chaudement dans son oreille :

"Comme ceci.."

Il avait croisé ses poignets devant elle en prenant bien soin de ne pas faire jouer son épaule. Les bracelets répondirent aussitôt et un bouclier protecteur se forma devant eux, aveuglant quelque peu le vampire qui détourna le regard jusqu'à ce qu'elle décroise les poignets et désactive ainsi le sort. Les objets n'étaient apparemment pas trop touchés par les problèmes magiques.. Bon point cela. Satisfait, il expliqua en repassant devant elle :

"Ce bouclier te protégera à la fois des sortilèges de faible niveau et des menaces physiques. Tu ne pourra l'utiliser qu'une fois par jour mais cela devrait suffire. Prends le au sérieux Ambre, c'est une arme même si elle est uniquement défensive."

Bien sur cela ne pouvait lui suffire à lui, même si il savait qu'elle se contenterait très bien d'un tel objet et qu'elle n'aurait jamais accepté la dague qu'il avait un instant songé à lui offrir. Accepterait-elle ses autres cadeaux ? Là question était d'importance... Surtout pour le dernier. Il décida d'attendre de voir ce qu'elle allait penser du second avant de se décider à le lui dévoiler. C'est ainsi qu'il se décida à sortir précautionneusement le pendentif qu'il portait dans sa poche.

Il l'avait enveloppé dans plusieurs épaisseurs de tissus plus ou moins magiques, ne tenant absolument pas à se retrouver en contact avec son contenu. D'aspect très banal, le pendentif était beau lui aussi sans être tape à l'oeil et semblait pourtant lui inspirer milles méfiances. Il le maintenait par la lanière, à bout de bras, sans le lâcher du regard et lorsque enfin il le déposa dans la main de la jeune femme, il alla jusqu'à reculer d'un pas prudent.

"C'est de l'ambre le plus pur, une larme d'ambre en vérité. Mais je ne l'ai pas pris simplement pour la poésie de la chose... Lorsqu'elle redevient sève, cette matière peut colmater une blessure et ralentir un poison, particulièrement le venin vampirique. Les miens n'aiment pas beaucoup cette chose, son contact ronge notre peau."

Il avait parlé d'une voix calme, sans la quitter des yeux et parfaitement conscient de l'étrangeté de la situation. Il n'offrait ni plus ni moins à son ancienne esclave qu'une arme parfaite contre les siens et contre lui-même. A nouveau, ses lèvres frémirent tandis qu'il ironisait :

"Evidemment et même si j'adorerai prétendre à une chamaillerie de couple avec toi, je ne l'ai pas acheté pour me la faire jeter au visage. Je préférerai que tu garde ça sur toi au cas où un membre de mon espèce oublierait temporairement ce qu'il pourrait en coûter de te toucher. Je sais que tu ne veux pas faire de mal Elisseï, mais tu es bien la seule à avoir ces scrupules. Tu es ma compagne, tu dois être en mesure de te défendre si c'est nécessaire."

Il pencha la tête comme pour mieux cerner ce qu'elle allait lui répondre :

"Tu le fera ? Si c'est ton seul choix ?"
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeLun 25 Aoû 2014 - 19:37

Lorenz était surpris, mais Ambre ne l’avait pas moins été lorsqu’elle avait compris que Norwen, la générale qui l’effrayait auparavant, était venue pour l’aider et la guider. De tous les vampires, c’aurait sans doute été elle que la jeune femme aurait le moins estimé capable de cela, mais elle l’avait mal jugée, elle le reconnaissait volontiers. Et le Prince aussi, à voir son air incrédule et la surprise qui transparaissait dans sa voix. Mais après tout, lui aussi pouvait s’être simplement trompé, bien qu’il ne l’admettrait sans doute pas. Il lui fallait toutefois une confirmation, encore que la question semblait être plus pour la surprise qu’en attente d’une véritable réponse, et la petite blonde hocha la tête fermement en signe d’acquiescement. Moins elle pouvait parler, mieux elle se portait. Et sans doute le Prince appréciait davantage cela plutôt que les seuls bafouillements qu’elle parvenait à produire. Elle en était désolée d’ailleurs, de l’embêter ainsi, alors qu’elle savait qu’il préférait les choses claires et bien expliquées. Mais malgré tous ses efforts, elle n’y pouvait guère grand-chose, ne parvenant pas mieux à le comprendre comme auparavant. D’ailleurs, elle avait l’impression que c’était ainsi depuis toujours. Elle ne parvenait plus à se souvenir de ce que provoquait la sensation de tout entendre, tout comprendre distinctement. C’était comme si elle reprenait son apprentissage de l’elfique, sauf qu’il s’agissait de la langue commune. Pourtant Lorenz ne semblait pas lui en vouloir le moins du monde. Au contraire, sans faire la moindre remarque sur ce fait, il parla de récompenser Norwen pour son geste. C’était normal, sans doute, il était leur chef, mais comme chaque fois qu’Ambre recevait quelque chose, un bien matériel, ou était la cause d’une dépense, elle se sentait gênée ; elle ne lui rapportait rien et lui dépensait pour elle. Oh, il savait bien qu’elle préférait la beauté simple d’un bouquet de fleurs à celle d’un collier richement ouvragé, et pourtant il continuait à le faire ; moins depuis quelques temps, certes, mais le problème était toujours là. Elle restait une source de dépenses un peu trop importante à son goût. Il aurait dû être à elle et non au vampire de remercier celle qui lui avait la vie. Peut-être trouverait-elle quelque chose ?

"Regarde moi."

Etonnée, elle releva sur celui qui la protégeait tout en l’enfermant dans une cage dorée un regard interrogateur. Elle ne se sentait pas vraiment à l’aise, debout devant lui et à demi-dévêtue. En réalité, non seulement sa pudeur se trouvait fortement touchée, mais elle avait également une impression de faiblesse tout à fait désagréable. Oh, non pas qu’elle se considère comme forte le reste du temps, loin de là. Mais à cet instant plus que d’habitude, elle se sentait petite, fragile ; inutile. Comme une brindille que l’on pourrait briser entre ses doigts sans même y songer. Une brindille attentive, en fait, à ce que pouvait vouloir lui dire l’homme en face d’elle. Silencieuse, mais observatrice. Discrète mais reconnaissante lorsque le tissu fin de sa chemise se posa sur sa peau. Il aurait pu profiter d’elle, probablement, mais ne l’avait pas fait ; et Ambre, innocemment, lui faisait confiance sur ce point. L’idée qu’il en aille autrement ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Doucement et lentement, prenant soin de ne pas se faire mal davantage, elle enfila sa chemise, s’assurant de ne pas déplacer ses bandages en le faisant avant de la boutonner et de repasser sa robe par-dessus. Ce n’était pas très aisé mais elle faisait comme le pouvait, et au moins la blessure était-elle correctement entourée. Elle murmura un discret « merci » avec un regard reconnaissant avant d’écouter ce que le vampire avait à répondre à sa question. Et ce qu’elle apprit lui noua la gorge. Un déséquilibre dans la magie, c’était pire que ce qu’elle avait cru. Elle s’était bien douté que quelque chose n’allait pas avec elle, mais ne s’était certainement pas attendu à ce que son prince s’en soit pris à un Esprit Supérieur. Néant, pas moins. C’était… C’était fou. Que le baptistrel Shadowsong en soit complice l’étonnait, même si elle avait remarqué combien ils étaient proches elle le pensait plus… mesuré, pour ne pas dire sensé. Plus à même d’évaluer les conséquences que leur acte pouvait causer, car tout le continent en payait le prix. Car peut-être cela les aiderait-ils plus tard dans la guerre contre les alayiens, mais en attendant ce moment, Armanda était sans dessus-dessous. Et puis il n’y avait pas que cela. Ils étaient tous en danger maintenant, mais ils l’étaient depuis la guerre. En revanche, deux personnes ayant atteint un esprit supérieur risquaient davantage que tous les autres. Alarmée, Ambre posa sur le vampire un regard chargé d’inquiétude.

-Vous… en danger ? Meri..thyn aussi.

Et bien qu’elle ait fini par faire confiance à la force non seulement physique et militaire de Lorenz, mais aussi mentale, elle craignait qu’il ne se trouve devant un ennemi aujourd’hui trop fort pour lui. Un être qu’il ne pourrait battre sans y laisser la vie ; enfin, la non-vie. Et à cette pensée, elle ne pouvait s’empêcher de se faire du souci. Elle ne pouvait rien pour l’aider, malgré qu’elle l’aurait voulu. Rien pour le protéger comme elle le souhaiterait. Elle ne pouvait qu’espérer de tout son cœur, de toute son âme qu’il ne lui arrive rien. Parce qu’elle ne pouvait tout simplement pas nier qu’il ne lui manquerait pas terriblement. Mais inutile d’aller plus en avant dans ses sentiments, Lorenz parlait d’un apprentissage dans la défense et cette idée ne lui plaisait que moyennement. En soit, le fait de pouvoir se protéger ne la contrariait pas le moins du monde, mais elle et son professeur improvisé avaient bien souvent des points de vue divergents sur ce qu’étaient l’attaque et la défense. Et les moyens que l’on pouvait se permettre d’utiliser comme telles. Intriguée malgré tout, Ambre l’observa attraper un vieux drap usagé ‒auquel, non, elle n’était pas particulièrement attachée, pourquoi ?‒ se les attacher autour des poignets et sortir des bracelets de ses poches. Deux. Le dernier qu’il lui avait mis s’était révélé particulièrement « attachant » et la demoiselle n’avait aucune envie de retrouver la prison invisible qui y était liée. Hésitante, elle lui laissa toutefois le bénéfice du doute mais garda un instant les bras serrés contre elle.

-C’est.. uneuh chaîne ?

Craintive, telle la biche effarouchée par le chasseur venu la caresser, la guérisseuse laissa Lorenz s’approcher et la rassurer, se détendant imperceptiblement en l’entendant. Plus jamais, cela sonnait comme une promesse implicite à laquelle elle voulait croire. Aussi le laissa-t-elle refermer sur elle les deux bracelets de cuir et lui montrer comment les utiliser, s’émerveillant de l’ingéniosité de l’objet. Pratique et sans danger pour l’extérieur, tout en lui permettant si nécessaire de sauver sa vie ou celle d’autrui. Un sourire se dessina sur son visage tandis qu’elle hochait la tête, enchantée de ce présent : Lorenz la connaissait bien dorénavant. Du moins partiellement, la suite la laissa plus hésitante. C’était une superbe présent, certes, et un très joli bijou mais si la première utilisation la ravissait, la deuxième un peu moins. Là encore il ne s’agissait que de se défendre mais elle savait qu’elle ferait mal en l’utilisant, très même si elle l’utilisait dans une partie fragile comme les yeux. Cela ôtait singulièrement de la poésie à cette petite perle si belle, quel que soit son nom. Hésitante, elle finit par prendre l’objet en l’observant attentivement, cherchant par quel mystère ce petit joyau pouvait posséder tant de vertus. Et se demandant si elle oserait s’en servir, et contre qui.

-Pas compagne, rectifia-t-elle machinalement en lui adressant un regard de reproche. Et si.. contre vous ?

Sans peur, elle planta ses yeux bleus innocents dans ceux brûlants qui lui faisaient face, attendant une réponse honnête. Oui, elle savait que Lorenz ne lui ferait pas de mal, mais s’il lui arrivait d’être.. possédé ? Que sa raison et sa volonté soient altérées par un quelconque sort ? Lui pardonnerait-il d’utiliser l’arme même qu’il lui avait offert contre lui ? Elle espérait d’ailleurs qu’il comprendrait ce qu’elle voulait dire et que ce n’était pas une marque de défiance envers lui. Toutefois, lui-même attendait une réponse à sa question et elle n’avait pas terminé d’y réfléchir. En cas d’attaque, elle aurait les bracelets après tout, et sa propre magie pour se défendre. Et trouverait toujours quelque chose d’autre pour s’en sortir. Elle ne craignait guère quoi que ce soit à promettre grâce à cela et quand bien même cela resterait la seule solution, sans doute le ferait-elle, même si elle sentait d’avance son ventre se serrer à cette idée.

-Oui. Pourquoi.. maintenant ?

Il avait tout à loisir de le faire plus tard ou l’aurait put auparavant. Pourquoi attendre la guerre et qu’un plafond s’effondre sur elle ?
Elle recula d’un pas, les bras croisés sur son ventre. Elle sentait toujours la palpitation de douleur, le malaise qui faisait qu’elle n’était bien qu’avec les animaux. Elle avait hâte de s’éloigner. Hâte de retrouver sa jument. Hâte de fuir ces armes silencieuses qui se dévoilaient au fur et à mesure.

hrp: désolée, pas terrible TT si tu veux que j'édite ou que tu n'as pas assez d'ouverture, n'hésites surtout pas à me mp ^^"
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeDim 31 Aoû 2014 - 15:52

Elle avait l'air gênée. Et il n'avait même pas besoin d'être devin pour savoir pourquoi... Elle faisait cette tête là à peu près à chaque fois qu'il lui offrait quelque chose. Comme si les biens matériels pouvaient vraiment intéresser un vampire... L'aurait-elle voulu qu'il lui aurait tout offert, rien de tout cela n'avait véritablement d'importance à ses yeux et il remplissait ses coffres si rapidement à chaque raid depuis le début de la guerre qu'il n'était pas certain de parvenir à les vider quand bien même il lui aurait fait cent cadeaux par nuit. Sa gêne était donc ridicule, mais c'était du Ambre tout craché. Etonnant comme il supportait bien ces petits traits de caractère qui, chez d'autres, l'auraient agacé prodigieusement. Elle ne se rendait sans doute même pas compte de tout ceci.

Cette pensée l'attrista quelque peu. Ce n'était pas son genre que de se décourager, bien loin de là. Mais il avait rarement été confronté à une telle résistance de la part d'une femme. Peut-être se trompait-il entièrement en pensant qu'elle l'aimait sans vouloir le reconnaître. A s'accrocher désespérement à ce nouvel amour qui lui était tombé dessus, il se faisait peut-être simplement des illusions... Que ferait-il alors ? Il ne voulait même pas y penser. L'acier de ses prunelles s'était obscurcit tandis qu'il analysait cette possibilité, songeant qu'il ne lui resterait alors plus rien à quoi se rapprocher si ce n'était sa vengeance. Mais c'était impossible. Il ne se trompait jamais et certainement pas sur ces sujets là. Elle l'aimait, il le sentait, il en était sur. D'ailleurs comment aurait-elle pu faire autrement avec toutes les attentions dont il la couvrait ? D'accord, l'amour cela ne fonctionnait pas ainsi mais tout de même ! Non vraiment, il était assuré de ne pas se tromper. Et d'ailleurs elle le lui démontrait souvent, comme à l'instant même...

Il avait reposé le regard sur elle au moment où elle avait posé sa question et se débattait à présent entre le plaisir qu'il avait à la sentir inquiète pour lui et donc assuré d'avoir eu raison et l'irritation que ça aurait dû lui causer. Comment pouvait-elle encore s'inquiéter pour lui connaissant sa valeur et sa force ? Comme si il n'était pas capable de détruire n'importe quel ennemi ! Bon d'accord, il s'agissait là d'un ennemi tout à fait particulier et elle ne s'inquiétait pas uniquement pour lui. Mais tout de même... Le moment de doute s'était dissipé et son regard avait retrouvé cet aplomb assuré qui le caractérisait si bien. Elle l'aimait, et même si ça n'avait pas été le cas il aurait tout fait pour que ça le devienne. Quoi qu'il en soit, il finirait par la convaincre de voir les choses en face, elle ne pourrait pas refuser la réalité éternellement. En attendant il se devait de ne surtout pas perdre patience, sous peine de perdre tout le chemin parcouru. Calmement, il la rassura :

"Je ne laisserai rien ni personne nous faire de mal. Ni à moi, ni à lui. Et encore moins à toi."

Elle s'étonnerait sans doute beaucoup qu'il ai englobé le baptistrel dans sa promesse, mais elle s'en réjouirait la connaissant. Sans épiloguer là dessus, il la fixa avec attention afin de s'assurer qu'elle appréciait son premier présent et fut satisfait de s'apercevoir que c'était le cas. Le second était plus problématique mais au moins ne le rejeta-t-elle pas avec horreur comme il l'avait un peu craint au moment de le lui mettre dans la main. C'était un bon début, même si il ne s'était pas du tout attendu à sa réplique involontairement (ou volontairement ?) acérée. Impassible mais intérieusement interloqué, il la fixa longuement comme pour mesurer le degré de sérieux de sa question. Est-ce qu'elle lui rendait simplement la monnaie de sa pièce pour l'avoir encore appelé sa compagne ou est-ce qu'elle songeait vraiment à lui balancer le pendentif ? Non pas qu'il le craignait vraiment mais le geste serait... Troublant. Choisissant finalement de penser qu'elle ne plaisantait pas tout à fait, il répondit d'un ton imperturbable :

"Cela n'arrivera pas. En admettant même que tu sois assez féroce pour faire du mal à quiconque, que je te blesse et que je te laisse l'occasion de me le jeter, tu n'y parviendrais pas."

Il l'avait emprisonnée dans ses claires prunelles, une flamme insolente y brûlant presque gaiement tandis qu'il assenait :

"Il est grand temps de te rendre à l'évidence, tu es folle de moi. Je t'ai proclamée ma compagne devant tout le peuple vampire sans même te demander ton avis, et c'est à peine si tu m'as fait la tête quelque temps. J'entend ton coeur, je vois tes regards, je sens ton souffle. Tu perds ton temps à me résister, tu aime jusqu'à mon arrogance. Qu'importe ce que tu me reproches, tu sais pertinemment que ça n'a aucune importance pour ton coeur. Il a déjà choisi."

Son assurance était tout bonnement insupportable. Lui-même n'aurait pu le nier, mais elle faisait aussi son charme. Il n'aurait de toutes façons pas pu la changer, quand bien même il aurait essayé. C'était ancré en lui, et là encore il était absolument certain de ne pas se tromper. Il fallait bien qu'il lui mette le nez devant les évidences où elle ne les verrait jamais. Conscient mais pas du tout apitoyé par la gêne qu'elle devait encore ressentir, il la défia du regard avec un petit sourire tout aussi exaspérant et prit le temps de répondre à sa dernière question :

"Et pourquoi pas maintenant ? Le moment est bien choisit. Le monde devient de plus en plus dangereux, même le fait que Norwen t'a sauvée ne veut pas dire qu'elle ne choisira pas la première occasion pour te faire du mal. Je ne veux pas que cela arrive."

Il ne doutait pas de ses capacités à la protéger de tout et de tous, mais ce qui c'était passé prouvait bien que le pire pouvait quand même arriver. Il la vit reculer, bras croisés, et son impertinence s'effaça aussitôt pour être remplacée par une lueur douloureuse assombrissant fugitivement l'acier. Douché et mortellement sérieux tout à coup, il implora presque :

"Ne me fuis pas..."

Il avait beau d'exhorter à la patience, il n'en pouvait déjà plus de la voir lui échapper ainsi depuis tant de temps. Il faisait tout ce qu'il pouvait pour lui être agréable malgré ses travers, alors pourquoi se sentait-il si indésirable aujourd'hui encore ? Tout orgueil ravalé, il tendit ses mains toujours protégées par le tissu afin d'y emprisonner la sienne qu'il pressa avec douceur :

"Ambre.. Je ne sais plus quoi faire pour que tu me crois. Pour que tu crois en toi. En nous. Je sais que c'est difficile, qu'une telle relation semble vouée à l'échec quoi qu'on fasse. Mais j'ai déjà accomplit des choses plus folles... Si tu voulais seulement essayer... Tu vois en moi le prince noir, celui qui t'a emprisonnée. Tu ne t'aperçois même pas que c'est le contraire et que tu as beaucoup plus le potentiel de me blesser moi que je l'ai de te blesser toi."

Il fit remonter une de ses mains, caressant son poignet là où le bracelet de contraire n'existait plus et murmura comme douloureusement :

"Belle ironie que tu craignes encore de me voir te mettre des chaînes. Je dois encore t'ouvrir les yeux puisque tu t'obstine à ne pas voir que je t'appartiens depuis l'instant même où j'ai posé les yeux sur toi. Oh non le Dracos n'a pas voulu que tu sois féroce, et c'est une bonne chose. Parce que dans le cas contraire, tu tiendrais le monde entre tes mains de par mon intermédiaire..."

C'était dans ses propres yeux qu'elle brillait, la férocité, alors qu'il disait ces mots. Il n'avait pas du tout eu le projet de lui dire tout ceci quand il était entré, surtout pas même. Qu'elle soit inconsciente du pouvoir qu'elle avait sur lui était une sécurité, mais il contrôlait mal ses propres pulsions lorsqu'il était avec elle. Parfaitement en paix avec lui-même, il plongea l'acier attentif de son regard dans ses prunelles claires, dans l'attente de sa réponse.
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeDim 7 Sep 2014 - 13:13

Rien ni personne… Mais les esprits supérieurs, dans quelle catégorie étaient-ils rangés ? Certes, Ambre savait que Lorenz était fort, suffisamment puissant pour se défendre contre n’importe quelle créature vivante, même les dragons, mais Néant, c’était une autre histoire. Il l’avait blessé avec l’aide du baptistrel Shadowsong, aussi étonnant que ce soit de la part de ce dernier, et à présent nul doute que l’esprit et ses adeptes allaient réclamer vengeance. Et un jour viendrait où Aigue ne serait plus à l’abri de leur colère et leur haine, et qu’il faudrait combattre de face sans plus de cachette où se réfugier. Ce jour-là, même Ambre perdrait espoir. Mais c’était peut-être pour éviter qu’un tel évènement n’arrive que, justement, le vampire et son étrange ami elfique avaient choisi d’atteindre l’Esprit. Ils en payaient, hélas, tous les conséquences aujourd’hui, et la blessure d’Ambre en faisait partie. Aussi la promesse du prince noir était-elle quelque peu ironique, sachant que s’il était ici à l’instant présent c’était, justement, parce que la jeune demoiselle avait été blessée. Mais cela importait peu, finalement, au vu de tous ceux qui avaient subi bien pire, et le vampire risquait de mal prendre ce fait. Elle hocha donc la tête, satisfaite et rassurée ‒du moins autant que faire se pouvait‒ et heureuse de voir qu’en plus d’eux deux, il incluait Merithyn. La petite humaine aurait été peinée de savoir que quelque chose était arrivé au baptistrel, non seulement parce qu’il était un rebelle et un être vivant doué de sensibilité, mais elle l’appréciait. Lui, sa douceur et pourtant une volonté de fer, et la gentillesse dont il avait toujours fait preuve à l’égard de la jeune fille. Oui, elle éprouvait envers lui un grand respect et une certaine admiration, et pas seulement parce qu’il était elfe. C’était bien plus que cela. Et que Lorenz décide veiller sur lui aussi ne l’étonnait qu’à demi en vérité ; après tout, un lien étrange semblait lier les deux, que la demoiselle ne comprenait pas mais que, pour autant, elle avait pu percevoir de manière plus ou moins floue.

Sérieuse, elle se repencha vers les objets offerts et s’enquit de ses… possibilités d’utilisation sur le Prince. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il accepte de se voir blessé par la jeune femme mais sa réponse lui fit froncer le nez tandis qu’elle piquait un fard magistral. Elle détestait qu’il se montre si sûr de lui alors qu’il n’en savait rien. Folle de lui ? N’importe quoi ! Et son arrogance, elle ne l’aimait pas, du tout même. Elle lui donnait juste envie de tourner les talons et de ne plus ni l’écouter ni même l’entendre. Vraiment ? Oui, vraiment. Que Lorenz en doute ou non, peu importait, et qu’elle-même en doute… non, non elle n’en doutait pas. D’accord, elle s’inquiétait pour lui, elle l’appréciait plus qu’elle ne le haïssait et lui avait pardonné… beaucoup de choses, mais ce n’était tout de même pas cela qui faisait qu’elle l’aimait. Le regard sombre, elle recula en croisant les bras devant elle, comme une protection de chair tout à fait risible. Elle ne voulait entendre les mots qui sortaient de la bouche dentue du vampire, elle ne voulait pas voir son regard brulant sur elle, elle ne voulait même pas sentir sa présence dans la même pièce qu’elle. La seule chose qu’elle désirait, c’était être seule. Mais cela faisait longtemps que le Prince n’était pas revenu à la charge, et elle savait qu’il était préférable de terminer cette conversation que de fuir ; d’autant que pour le prédateur qu’il était, il lui serait encore plus excitant de pourchasser sa proie ainsi. Serait-il blessé, s’il se trouvait seul ? Peut-être. Fichu vampire. Ambre n’avait aucune envie de lui faire du mal de quelconque façon que ce soit, et il ne le savait que trop bien.

- N’est pas…

Elle fronça les sourcils, chercha son mot, souffla d’exaspération et après un geste d’excuse sortie de la pièce pour s’engouffrer dans celle d’à côté, où elle savait qu’il y avait papier et encre sur une petite table d’angle en mauvais état, à demi recouverte de poussière du plafond. Elle trouvait dommage d’utiliser ces derniers à de pareilles fins mais le langage oral était trop compliqué pour elle à présent. Revenant dans la pièce, elle fut soulagée d’apercevoir Lorenz toujours présent et visiblement intrigué. Rapidement, elle se dirigea vers la petite mallette qu’elle avait prise pour se soigner et, s’appuyant dessus, traça rapidement quelques mots. Les automatismes de l’écriture lui venait beaucoup plus facilement que ceux du parler, et elle en fut soulagée, ayant craint un instant que son totem déréglé ne la gêne aussi dans cet art. Au moins une façon de communiquer qui ne posait pas de problème.

« Je vous crois, prince, et je m’excuse de vous avoir blessé si cela est un jour arrivé. Vous avez certes accompli des choses plus folles, mais votre peuple ne veut pas changer, et ce serait dangereux aussi bien pour vous, moi et tous ceux qui vous soutiendrez de faire pareille chose.

Elle s’arrêta un instant, les yeux dans le vague, fixant les lettres tracées avec une élégance toute féminine. Pouvait-elle vraiment lui dire qu’elle ne l’aimait pas ? Elle ne le savait plus elle-même. Elle s’était tellement persuadée de cela qu’aujourd’hui elle ignorait s’il ne s’agissait que d’un bouclier derrière lequel se réfugier ou bien d’une réalité que Lorenz ne comprenait pas. Elle savait en elle-même qu’en un sens, il lui plaisait, beaucoup même, quand il savait être doux et aimable. Le souvenir de ses yeux inquiets quand elle s’était blessée lors de leur escapade dans la montagne, ses gestes délicats, tendre même, après sa guérison, et même e baiser volé quelques mois plus tôt qui avait, colère et humiliation passées, prit place dans une partie de ses souvenirs pas si désagréables que cela. Et pourtant, il avait tant de sang sur les mains, tant de souffrances derrière ses pas. Beaucoup de choses qui se contredisaient, contrastes impressionnants pour une même personne. Et si elle était restée, elle, Ambre, c’était peut-être aussi pour cette complexité du personnage qui la fascinait, l’intriguait. Elle l’aimait à sa manière, c’était indéniable et cette prise de conscience était… perturbante. Il ne devait pas savoir.
La plume toujours en main, elle reprit sa réponse écrite, laissant de côté le sujet des sentiments, volontairement ou involontairement, qu’importait.

Vous savez que je ne veux que la paix entre les peuples, Sire. Que le vôtre est trop violent. Je ne veux pas du monde, juste essayer d’aider les autres. Sans doute ne me mettrez-vous plus de chaines, je vous fais confiance.

Confiance. C’était ce mot qui entrainait le plus de malheurs. La confiance et la trahison marquait les cœurs et les esprits plus profondément qu’une jambe coupée dans une bataille. Mais Ambre avait appris à voir que derrière le masque de toute puissance du vampire, il y avait de l’honnêteté dans ses paroles ; dans celles qu’il lui adressait du moins. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, elle finissait par le croire, quand bien même avait-elle parfois quelques doutes persistants.

Je suis humaine, vous êtes vampire, il n’y a aucune voie possible entre nous, et quel que soit le statut que vous ayez décrété m’octroyer, cela ne changera rien à ce que je suis. »

Se redressant, elle se tourna vers lui et son visage attentifs, lui présentant la feuille couverte de sa fine écriture. Elle attendait, espérant ne pas l’avoir blessé. Ne pas s’être perdue non plus.
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeJeu 11 Sep 2014 - 17:40

Elle n'avait pas eu l'air tout à fait convaincue par son assurance. Il fallait dire qu'il s'était dégoté quelques ennemis un peu plus dangereux qu'à son habitude pour cette fois. Les Esprits Supérieurs... Rien que cela. Mais après tout, il venait bien de s'apercevoir avec un certain désappointement qu'une dragonne aussi gigantesque que la capitale humaine voulait sa peau, il n'était plus vraiment à cela près. Sans compter le Dracos qui ne devait pas l'avoir dans ses petits papiers non plus, libre arbitre ou pas. Tant qu'à s'attirer des ennuis, autant le faire avec sérieux. Et un peu de chance peut-être finiraient-ils par s'entretuer en se disputant leur adversaire, voilà qui serait certainement amusant à voir. Ou pas du tout justement, mais il préférait ne pas trop y penser pour le moment. Il n'avait de toutes façons l'intention de se faire attraper par aucun d'entre eux, ayant bien d'autres projets plus intéressants sur le feu.

Sauf que le plus important lui résistait un peu trop à son goût, et que ça commençait à l'impatienter quelque peu. En fait non, ça le contrariait même carrément. Il avait été d'une patience incroyable jusque ici, et la lueur d'intense frustration qui s'alluma dans ses prunelles lorsqu'il la vit reculer ne présageait rien de bon. Il arrivait à bout de patience même si il avait sérieusement repoussé ses limites avec elle. Il avait serré la mâchoire en pressentant sa réponse mais elle s'était interrompu avant d'avoir aligné plus de deux mots. Un peu interloqué, il la suivit du regard tandis qu'elle disparaissait dans une autre pièce mais resta immobile, attendant de comprendre et y parvenant sans mal lorsqu'elle se décida à revenir avec de quoi écrire. Maline la petite humaine... Mais il était à peu près certain que ce qu'elle lui rédigerait lui déplairait, et il ne se trompait pas.

Il effleura les mots tracés d'un bref regard et sentit son irritation augmenter dangereusement à mesure qu'il les déchiffrait et prenait la mesure du mur qu'elle lui dressait encore. Perdait-il son temps au final ? S'acharnerait-elle à le repousser jusqu'à la fin des temps et ce quelque soit ses efforts ? Rien ne serait donc jamais suffisant ? Ses yeux butèrent sur une phrase et il dévoila ses canines en un rictus sardonique qui s'accentua lorsqu'il termina sa lecture. Un long silence suivit, il semblait chercher ses mots et tenter de discipliner son esprit mais il y renonça lorsqu'il s'aperçu que ce ne serait de toutes façons pas utile. Rien de ce qu'il pourrait ajouter ou expliquer ne la ferait changer d'avis. Ils arrivaient en bout de course, il ne pouvait relancer la balle qui gisait dans le camp de la jeune femme, pas tant qu'elle dédaignerait de la ramasser. Renoncer ? Ce n'était pas son genre. Mais s'acharner sur une cause perdue non plus, et elle venait de lui prouver superbement que rien n'avait la plus petite importance face à ses propres certitudes. Il ne les ébranlerait pas, pas maintenant, jamais peut-être. Et tout ceci le mettait dans une fureur si profonde qu'il craignait de la blesser pour peu que la conversation s'éternise. Il la toisa longuement, et la douleur furtive qui était passée dans ses prunelles s'éteignit dans la froideur du regard qu'il s'était recomposé. Enfin, il prit la parole. Et ses talents de politicien prétèrent un détachement si éloigné de la réalité à ses mots qu'il se demanda un instant si c'était bien lui qui parlait.

"La paix des peuples hein ? Après tout ce que tu as vu, c'est encore ce en quoi tu t'accroche ? Tu y crois encore, à cette vision ? Tu n'as pas encore compris que la violence fait partie du monde, qu'elle l'a forgé, et pas uniquement celle de mon peuple. Tu ne sais pas encore que le rêve dans lequel tu vis n'est que mensonge ? Grandis, Ambre. Ou c'est le monde qui te fera grandir."

Son ton était devenu impérieux sur les derniers mots, sa voix claquant avec plus de dureté qu'il n'en avait jamais déployé à son égart. Regretterait-il ses mots un peu plus tard ? S'en voudrait-il d'avoit fait voler en éclat la bulle de sécurité et d'espoir dans laquelle elle s'enfermait ? Sans doute pas... Il lui rendait service en vérité, il fallait bien que quelqu'un se charge de la tirer de l'enfance un jour ou l'autre. Et c'est ce qu'il faisait, aussi douloureux que ça puisse être pour l'un comme pour l'autre.

Implacable, il avait saisit son bras non blessé sans lui permettre de se remettre à écrire. Quand bien même aurait-elle eu la présence d'esprit de le faire, il ne voulait pas s'interrompre. Elle allait l'écouter jusqu'au bout, et ce qu'il lui avait dit resterait gravé en elle à tout jamais. Sans aucune trace de la douceur dont il faisait preuve avec elle en permanence, il la redressa, plongeant de force son regard brûlant dans le sien et serrant son bras avec à peine ce qu'il fallait de contrôle pour ne pas lui briser. Il ne la brûlerait pas, puisqu'il avait gardé la protection dont il avait entouré ses paumes. Mais elle garderait sans doute longuement la marque de sa colère. De cela il ne serait pas fier, c'était certain. Mais il ne s'en voudrait pas non plus tout à fait. Dressé face à elle, il la dominait de toute son écrasante autorité et ses canines brillèrent, suitante du venin de son énervement, quand il reprit la parole.

"Si tu veux aider les autres, il faudrait commencer par accepter la réalité de ce monde et par t'y adapter. La guerre est là depuis des siècles, depuis des millénaires même. Les vampires ont frôlé l'extinction par deux fois, dès leur création d'abord et suite à l'alliance humano-elfique ensuite. Nous n'accorderons pas de troisième essai à nos ennemis. Je ne crois pas aux inepties de l'empereur rebelle qui croit pouvoir bâtir un avenir radieux aux trois peuples. Je n'y crois pas une seule seconde, tu n'y crois pas non plus. Tu sais pourquoi ? Simplement parce que si tu y croyais, ma chère petite étoile, tu n'utiliserais jamais l'excuse de la différence raciale pour justifier qu'aucune voie ne n'offre à nous. Ton discours ne tient pas, tu devrais revoir ta copie."

La feuille brûla quand il la lui arracha des mains pour la serrer dans la sienne. Il avait arraché la protection précaire du lambeau de drap qui recouvrait sa main gauche et la retenait toujours de la main droite. Il la relâcha tout de même, sans brutalité excessive mais sans la moindre trace d'attachement non plus. Il s'était reculé, et la distance ainsi établie entre eux ressemblait à une frontière qui deviendrait difficilement franchissable. Il continua avec plus de calme mais toujours aussi tranchant dans ses propos :

"Je ne vais pas te changer, ce ne sera pas nécessaire. Tu va changer toute seule, parce que tu n'es qu'une enfant butée et qu'en tant que telle tu seras bien forcée à évoluer lorsque la vie t'aura écorchée. Cela ne me fait pas plaisir, mais c'est inéluctable et ce n'est pas le genre de choses dont je peux te protéger. Tout ce que j'espère Ellissë, c'est que tu ne t'apercevra pas trop tard de ce que tu es en train de perdre. Grandis vite Ambre, très vite. Avant que je ne m'éloigne hors de ta portée."

Cette idée le mettait au supplice, mais elle était parfaitement probable. Il avait sa guerre à mener, sa vengeance à accomplir, des ennemis prêts à l'abattre. Il ne renoncerait pas à tout ceci, et surtout pas à présent qu'il renonçait à Ambre. Elle viendrait vers lui, il n'en doutait toujours pas puisqu'il restait persuadé qu'elle l'aimait. Mais viendrait-elle avant qu'il ne soit trop tard ? Cela, c'était bien moins certain. Et il ne ralentirait pas son chemin pour autant. Il l'observa à nouveau froidement, arrachant douloureusement les derniers instincts qui la poussait vers elle et il se détourna. En passant le seuil il tomba nez à nez avec un vampire qui lui apportait le dernier cadeau qu'il avait voulu offrir et il se ravisa à demi. Il ne changeait pas d'avis bien sur, mais il voulait tout de même le lui donner.

L'arc du silence sembla vibrer entre ses mains quand il en caressa les courbes élégantes. Il repénétra dans l'appartement de son pas furtif, notant qu'elle n'avait pas bougé de sa place. Lentement et comme pour ne plus s'approcher d'elle, il déposa l'arme sur un meuble proche de l'entrée avant d'expliquer.

"Je suppose que ça te sera utile. Quand tu sera lassée de la paix des peuples."

De l'ironie ? Pas vraiment. Ou si il y en avait alors le coeur n'y était pas. Il quitta la pièce sans écouter sa réponse, sans même un regard d'ailleurs. Le portrait d'Ambre ne quitterait jamais les profondeurs de son esprit, mais ce qui était certain c'est qu'il ne s'y attarderait plus tant qu'elle le repousserait. Qu'elle reste parmi les vampires, qu'elle rejoigne sa famille, qu'elle rejoigne qui elle voulait. Aucun mal ne lui serait fait nul part. Lui par contre ne prendrait plus la peine de la rejoindre.
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MessageSujet: Re: Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Ou l'art de s'inviter chez une femme [PV Ambre] TERMINE Icon_minitimeJeu 18 Sep 2014 - 13:27

Une main posée sur l’autre bras, à l’endroit où Lorenz l’avait saisi sans douceur, Ambre observa sans bouger l’arc posé sur le meuble près de l’entrée. Pas plus que lui, elle n’avait bougé depuis que le vampire était parti. Immobile, silencieuse, pâle, son teint blanc soulignait les cernes qui entouraient ses yeux et la tristesse de son regard. Son prince avait quitté la pièce comme, semblait-il, elle-même avait quitté son cœur. Mais c’était ce qu’elle avait voulu, après tout. Qu’il la laisse en paix, et cesse de croire qu’elle lui appartenait. Une question idiote et très terre-à-terre effleura son esprit : à présent qu’elle n’était plus ni son esclave ni sa compagne, qu’était-elle exactement ? Pas grand-chose sans doute. Cela étant… elle serait bien plus tranquille à présent. Aurait du temps pour elle, mais surtout pour les autres. Et si elle se trouvait toujours sous l’autorité du vampire, il n’aurait sans doute plus de raison de venir, si ce n’était se nourrir ; encore que leur étrange et tacite marché allait peut-être se trouver mis à mal par cet échange orageux.

Cillant, elle toucha avec surprise la larme qui roula doucement sur sa joue à ce mouvement de paupières, se demandant pourquoi, finalement, cette petite perle transparente décidait de faire son apparition. Elle l’avait dit elle-même après tout, un vampire et une humaine, c’était risible, tout comme l’était un prince et une simple guérisseuse. Elle n’avait pas à être triste ; du moins la logique l’aurait-elle voulu. La réalité était qu’elle était effondrée, profondément bouleversée. Et en même temps, étrangement.... Vide. Fatiguée de la vie comme on peut l’être avec une centaine d’années, fatiguée de ce monde qui changeait trop vite, de ces guerres, de cette souffrance, de cette inconstance. Même les vampires changeaient de sentiments bien rapidement. Plus rien, semblait-il, n’avait de valeur autre que l’argent et le pouvoir. L’amour était une vertu oubliée par beaucoup. Un instant, le visage d’Esmelda, la princesse humaine, lui vint en mémoire. Une grimace tordit ses traits tandis qu’elle songeait qu’elle-même avait eu bien tort de ne pas croire la jeune noble. Oui, changer Lorenz était une utopie, un rêve stupide qu’elle-même, idiote petite humaine qu’elle était, avait voulu croire possible. Son poing minuscule se serra tandis que le regard d’Ambre se couvrait peu à peu d’une inhabituelle colère. Il avait joué avec elle, semblait-il. Le temps avait passé, lentement, et ses sentiments à elle s’étaient développés au fur et à mesure qu’il la séduisait. Aujourd’hui, elle avait prit conscience que oui, elle l’aimait. Et il était parti. Le cœur des vampires s’était éteint, et il semblait que cela était vrai dans tous les sens du terme. Hormis Derek, elle n’était pas sûre de pouvoir encore affirmer que ce peuple était réellement… vivant.

D’un geste rageur, elle essuya les larmes qui scintillaient sur sa peau, s’approchant de l’arc qu’elle contempla pensivement. Dracos, pourquoi Lorenz lui avait-il offert cela ? Il n’imaginait tout de même pas qu’elle allait tirer sur un autre être vivant… Hormis celui-là même qui lui avait déposé ce présent, et qu’à l’heure actuelle elle aurait volontiers criblé de flèches ; encore aurait-il fallu qu’elle sache se servir de cette arme.
Un geste du bras réveilla la douleur latente de sa blessure due au plafond, et la jeune fille rejeta une mèche de cheveux avant de reposer l’arc sur le meuble. Elle n’avait pas besoin de davantage d’occupation, mais elle devait avouer que l’idée de se détendre ainsi était alléchante. Oh, non pas tirer sur de véritables cibles en chair et en os ; mais sur une faite de paille et de bois, oui. Un sport, un divertissement et non une arme. Elle refusait catégoriquement de pointer le bout pointu et dangereux d’une flèche sur quelqu’un, et que les mentalités évoluent n’y changerait rien. Enfant butée… Qui était l’enfant, des deux, celui qui cherchait bêtement à venger un amour mort depuis longtemps et qui condamnait tout un peuple à cause de quelques responsables, ou celle qui tentait de faire changer le monde avec ce qu’elle avait en sa possession ? Lequel des deux était le plus capricieux ?

Redressant la tête, une main posée sur ses entrailles qui lui semblaient de plus en plus douloureuses, presqu’à vif, Ambre jeta un dernier regard à la courbure délicate de l’arc avant de quitter la pièce. Sa jument l’attendait, et elle, elle le savait, resterait la même, égale à elle-même. Il n’y avait, après tout, que ceux que d’aucuns appelaient « animaux » ou « créatures à l’intelligence inférieure » qui puissent mériter une pleine et entière confiance, un respect total ; et sans qu’elle ne s’en aperçoive, le cœur ouvert, si plein d’espoir, de la jeune fille, commença à se fermer, lentement.
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