Décembre, an I d'obsidienne


Cela faisait maintenant plusieurs mois que au cœur d'Althaia, dans ses profondeurs, cachés aux yeux de tous, fourmillait une nouvelle ville, une nouvelle vie, pour tous ceux qui voulaient résister à l'envahisseur alayens et à ses nouveaux alliés humains. Rien que d'y penser cela enfonçait un poignard dans le cœur de la princesse, mais l'évidence était là.

Aigue royal, ancien bastion de leur ancêtre. Refuge contre les vampires lors de la grande guerre contre eux ? Première fondation de la ville, trop archaïque qui laissa place à la beauté de la ville actuelle. Qu'importe. La vie sous terre était des plus rudimentaires et changeait de la vie dans le luxurieux palais de Gloria. Mais il allait falloir s'y faire, le quotidien de sa vie était maintenant ça. Une vie sous terre à s'occuper de la mise en place, l'organisation d'une vie plus que correcte dans la nouvelle ville résistante.

Certes depuis quelques semaines avant eux, un petit groupe, surtout des habitants d'Althaia, avaient investi les lieux, murmures d'un passé de leur parents et étaient par chance tombés sur le groupe composé d'un duc en fuite, une princesse déchue, deux vampires, une douzaine de soldat et un dragon. Chance, insufflé par le Dracos ou les Esprits, quoiqu'il en soit, une journée de marche plus tard, et Aigue Royal était à eux.

Les journées passaient et se ressemblaient, construire un semblant de vie dans l'espoir de jours meilleurs. Seraient-ils condamnés à vivre ainsi, sous terre, toute leur vie ?
Au fil des jours, des mois, la contestation grondait, l'empire humain subissait les affres de la nouvelle politique de son cousin, la rébellion augmentait et les afflux des nouvelles personnes s'alliant au véritable empereur grandissait. Soldats et nobles, conseillers et anciens dignitaires de l'empire dans un premier temps. Ce qui permit d'établir un nouvel ordre dans cet empire sous terre.
La princesse de son côté s’affairait à organiser la vie quotidienne : coucher tout ce petit monde, nourrir, les soins. Bref une vraie hôte d'un accueil qui devenait de plus en plus organisé et développer au fil des arrivées et des compétences de chacun. Les lieux permettaient aussi une sectorisation des lieux. C'était bien pensé de la part des ancêtres.

Pris dans le tourbillon de la mise en place du bastion de la rébellion, Esmelda cherchait ainsi à éviter de penser à Kylian et à ce manque. Quelques semaines après leur arrivé, son amant repartit en quête de retrouver son amie dragonne. La princesse ne dit mot quand à son choix. Pas besoin, ses yeux parlaient pour elle. Un déchirement, un abandon dans ces moments où elle avait tant besoin de lui, de sa présence, de ses bras, pour lui redonner courage. Mais son sens aigu du devoir et sa gentillesse légendaire emmenèrent ses pas loin de son cœur. Que pouvait-elle faire ? Se lancer à cœur perdu dans l’afflux des nouveaux arrivants, aidant à soigner les blessés et malades, afin de panser ses propres blessures.
Mais le soir, dans la pénombre de sa chambre, la jeune femme se laissait aller à sa tristesse, laissant glisser ses doigts sur son pendentif, seul lien avec son amant.

Mais elle continua a se sentir seule. Son cousin menant sa lutte de nouvel empereur, son ami le général et dragonnier Farkstein, organisaient de futur plan de bataille, entraînant parfois ses nouvelles lames rouges devenues soldats de l'empire. Lyssa se joint à eux, encore une arrivée massive de soldats. Nouvelles installations. De nouveaux réfugiés. Encore. Mais là, le flots des soldats laissa place à des civiles. Des paysans, des marchands, des enfants et des femmes, luttant pour fuir la pression fanatique du néant ou celle de l'empereur.
Un crève cœur pour la princesse. D'un murmure lointain des soldats c'était devenu une réalité. Il fallait agir.

La princesse alla voir son cousin, pour faire vite, cesser de parler, de s’entraîner, de récolter des infos, agir, ils pouvaient. Autant vous dire que le nouvel empereur remercia sa jeune cousine et la renvoya aider justement le peuple en allant soigner les blesser.
Et Kylian ne revenait pas. Il lui avait promis de partir que quelques mois. Il est vrai que le temps des vampires ne doit pas être le même que celui des humains, mais quand même. Il devait l'avoir oublié. Peut être préférait-il la vie libre à dos de dragon et pas enfermer avec elle. Doute quand tu nous tient. Il la tiraillait de toute part.

Et vivre enfermer entre ses roches, à ne pas voir le jour, à ne pas sentir le vent frais, à ne pas voir la pluie tombée ou le soleil se coucher, il y avait de quoi perdre patience. Et la princesse la perdait. Elle se sentait inutile, alors qu'à quelques kilomètres, elle pourrait faire plus. Ce n'était pas elle, à ruminer sur sa vie, sur elle et ne pas agir, alors action.

Alors elle profita du petit matin, des premiers allés et venus, pour se glisser vers la sortie. Capuche qui dissimula son visage, elle savait bien que cela ne suffirait pas. Pas pour passer les gardes sentinelles, véritables portes hermétiques et gardiens de leur sécurité. Mais la princesse avait plus d'un tour dans ce sac, notamment de magicienne.

Esmelda se mit en tailleur et récita une incantation durant quelques minutes afin de parfaire un sort d'illusion pour ressembler à une elfe. Les oreilles plus pointues, le nez plus fins, les cheveux plus clairs, elle ressemblait vaguement à une des anciennes diplomates d'Altahia arrivée il y a quelques lunes. Illusion pas des plus parfaites, mais cela ferait l'affaire.

Mais une fois dehors, les choses étaient bien autre que ce qu'elle pouvait s'imaginer. Déjà elle était seule. Les murs lointains d'Althaia derrière elle, les plaines face à elle, la foret bien au loin, un peu plus au nord Jamais elle ne se sentit aussi seule. Au final, elle ne l'avait jamais été. Ninna était toujours près d'elle, ou Kylian, ou...Gregorist.
Mais il lui fallait avancer, elle ne pouvait reculer, donc elle avança. Elle marcha toute la journée... le soir venu il fallait se rendre à l'évidence qu'elle n'avait nul par ou dormir ni même à manger.

Les jours passèrent. Esmelda avait fait la plus belle erreur de sa vie en quittant Aigue Royal. Perdue dans une petite foret, elle dormait dans les arbres pour éviter les bêtes, mangeait quelques baies et pleurait beaucoup. Si elle avait reprit un peu du poils de la bête durant sa vie au cœur du bastion de la résistance, les choses étaient autre aujourd’hui.

Elle se raccrocha à son pendentif seul assurance que son aimé était vivant. Et elle pas encore morte. Surtout que pour le moment à par fuir elle même et au loin une patrouille à cheval, Esmelda n'avait pas fait grand chose. Partie en valeureuse guerrière, elle avait froid, faim, mal partout et surtout elle était épuisée.

Dans la foret, non loin de ce qui lui servait d'arbre à dodo, la princesse entendit pleurer. Et elle avait des hallucinations en plus. Elle touchait le fond. Mais le cri reprit. D'un pas discret, sa dague à la main, Esmelda se rapprocha du cri. Tapis derrière un buisson, elle tendit le cou pour trouver dans une petite cavité un enfant, pas bien vieux, un an tout au plus. Esmelda rengaina sa dague et s'approcha pour le prendre et le calmer. Mais par tous les esprits qu'est-ce que faisait un enfant de cet âge dans une foret et seul. La mère était où ?

Un bruit derrière elle lui fit comprendre qu'elle n'était pas bien loin. Le bébé cessa de pleurer et gazouillait. Esmelda, quand a elle, avait le cœur qui palpitait. Ses habits montraient qu'il n'était pas issu du peuple, par contre la femme derrière elle, plus. Cet enfant avait aussi quelque chose de connu. Après tout, tous les enfants se ressemblent, non ?

La princesse mit quelque temps avant de répondre à la jeune femme qui venait d’apparaître devant elle. Celle qui était sa mère semblait bien jeune, ses vêtements tranchaient avec la bonne facture de ceux de l'enfant et elle avait un quelque chose de bien mystérieux au fond des yeux.
Ne s'attardant guère plus la dessus, Esmelda regarda l'enfant avant de revenir vers la jeune femme qui vraisemblablement était partie chercher de quoi le nourrir. La jeune Kohan chercha à se justifier en balbutiant.

« -Je ne lui veux aucun mal. Il pleurait, j'ai cru qu'il était seul, abandonné. »

Ce qui au final n'était pas vrai, mais n'aurait-elle pas apprécié que quelqu'un se soucie de lui si jamais l'esprit de la mort était venu lui apporter un baiser final. Sûrement. En attendant, il valait mieux se méfier d'une mère aux aguets. Esmelda se recula un peu de l'enfant, montrant ainsi sa non volonté d'agresser et embêter qui que se soit. Et pour preuve, à la question quand à sa présence en ces lieux, elle ne sut que répondre.

« -Je... »

Elle quoi. Que pouvait-elle bien lui dire ? Je suis la princesse des humains, bannit par mon usurpateur de cousin, j'ai fuit avec celui qui est le véritable empereur terrés dans une ville troglodyte, que j'ai fuit car mon fiancé vampire a préféré retrouvé un dragon comme la capitale qu'il a perdu et que je me sens inutile auprès de mon cousin. Non, ça faisait un peu faible, voir pauvre chérie face à ces simples mots. Peut être que la femme et l'enfant avaient vécu bien pire. Un père mort sous leur yeux, un mari contraint à rejoindre une guerre dont il se moque bien. Il devait y avoir bien plus de mille histoires, comme la sienne jetées sur les routes, et d'un coup d'un seul, Esmelda trouva la sienne bien faible.

« -A vrai dire, je ne sais pas trop. Je suis venue apporter mon aide à qui veut...si maigre et faible soit-elle et avoir des nouvelles de personnes chères à mon cœur. J'aimerai retrouver des connaissances mais avec la guerre.»

La guerre avait tout changé. Les amis d'hier devenus ennemis et vice versa. Sa famille éclatée, ses soutiens sûrement traqués. Alors retrouver une aiguille dans un champs de foin. Retrouver une Louve qui se cache de l'empire depuis des années, championne incontesté pour se cacher. Alors elle, jeune princesse, sur les route, ne connaissant de la nature que les parcs et les prairies environnantes de Gloria. D'ailleurs la nuit tomberait bientôt, encore une journée de perdue dans ses recherches, et encore un lieu à trouver pour se reposer sans craindre des prédateurs, soit-il bipède ou animal.

Esmelda eut envie de rajouter encore une fois, pour rassurer la mère, que ses intentions étaient vraiment tout sauf mauvaises. Puis la curiosité était là. Cette manie qu'avait la princesse d'aimer écouter les autres, leur vie, leur histoire.

« -Je ne lui voulais pas de mal, rassurez-vous. Est-ce le votre ? Ou la guerre a encore jeté sur la route des orphelins ? »

La jeune femme baissa les yeux, repensant aux enfants de l'orphelinat de Gloria. Que le Dracos les protège. Il y en aurait d'autres...
Se rapprochant de la mère qui donnait maintenant à manger à l'enfant affamé, Esmelda les regardait avec un sourire enfantin, presque amusé. La simple présence d'un enfant adoucissait les tensions, surtout quand il mangeait avec un plaisir tel, ses grands yeux ambrés ouvert sur ce monde en destruction dans lequel il était arrivé. Et pourtant, ce bébé était l'avenir du monde pour lequel ils se battaient à Aigue Royal. Un avenir auquel, elle ne pourrait apporter pierre à l'édifice. Son sourire devint plus triste à cette idée, mais elle l’effaça bien vite.

La princesse leva la main, puis se ravisa, avant de plisser les lèvres et se lancer.

« -Vous devriez lui faire une pause au milieu de son repas. Il ne faut pas qu'il avale trop d'air en même temps que le lait. C'est ce que me disait ma cousine quand je nourrissais le sien. Elle a eu un bébé il y a un an maintenant. Un garçon aussi.»

La princesse osa s’asseoir non loin de la mère et son enfant, pas très à l'aise sur une grosse souche en bois. Tout dans ses manières montraient qu'elle n'était pas une fille de la campagne, surtout assise de façon altière sur une simple souche. Puis reprit parole pour briser un peu la glace, elle n'avait parlé à personne depuis quelque jours et un peu de compagnie lui faisait le plus grand bien. Certes, en ces temps, il fallait se méfier de tout le monde, mais une mère avec son enfant...

«- Je m'appelle Esmel...Esmelina... »

Oui, aller dire qu'elle est la princesse recherchée ne serait peut être pas une bonne idée quand même.

« -Et vous ? »

« -Je me doute. Hélas les alayens n'ont apporté que le chaos et la désolation. Et ils se disent pacifiques. Certains devraient revoir la signification des mots. Mais, je ne perds pas espoir de les retrouver. Enfin je l'espère. Et de ne pas retomber sur ces maudits envahisseurs. »

Et se voir de nouveau en présence de ce prêcheur et ses coups. Loin de ces barbares qui n'ont apporté que violence et désolation au nom d'un esprit qui rejette la vie. Alors oui, elle était peut être pas la meilleure arme pour défendre la veuve et l'orphelin mais elle ferait tout pour.

« -En tout cas, j'aiderai qui se trouve sur mon chemin. Même si je suis seule et que cela paraît dérisoire, mais si tout le monde se donne la peine d'apporter une petite pierre à l'édifice peut être que bien vite nous retrouverons notre paix d'antan. »

On sentait dans sa voix sa détermination et sa volonté de le faire. Et ce malgré sa frêle carrure et ses moyens dérisoire. Il y avait que quoi en rire mais elle y croyait.

« -Je suis désolée, pour votre protégée. Ce sont les alayens qui ??? Pauvre enfant, ce sont les premiers touchés par la guerre. J'espère que l'orphelinat de Gloria aura les moyens pour... »

Les yeux compatissant, la princesse se rapprocha un peu de la femme et de l'enfant, en ayant toujours un œil bienveillant sur lui. Le regardant manger avec délectation, ne se souciant guère de ce qui pouvait se passer autour de lui.

«-Je suis désolée que vous ne puissiez avoir d'enfant. Je peux comprendre bien plus que vous ne le pensiez. Par un bien triste hasard vous avez une belle perle dans vos bras maintenant. »

Esmelda regarde avec amour le bébé. Elle espérait un jour. Mais à l'heure actuelle, cela était mis de côté. Le changement de pouvoir avait mis en berne son désir d'enfants. Faire naître un bébé au cœur d'une rébellion, il y avait mieux. Et puis, il y avait juste un détail qui compliquait légèrement les choses. Et les recherches de la princesse passait à l'arrière plan. Mais un jour, elle aimerait tenir le sien dans ses bras.
Avoir le même visage que Morgane quand elle regardait ses fils. Quand la reverrait-elle ? Allait-elle bien à Gloria avec Fabius et Logan sur elle à chaque instant.

« -Oui j'aimerai la revoir, mais je pense que cela soit impossible. Elle est à Gloria et... je ne dois pas y retourner. Elle a deux enfants dont un plus grand que celui de un an. C'est une femme des plus douces et aimantes. Elle était proche de ses enfants. »

La princesse se redressa un peu plus, étonnée, un peu décontenancée avant de reprendre.

« -Je... euh... j'ai été démasquée par quoi ?

Sa façon de parler ou sa voix. La princesse n'avait pas la le langage des rues ou bien des campagnes. Bien au contraire. Tout comme sa façon de se tenir. Droite, altière, des gestes précis, lents et maîtrisés. Ses cheveux qui malgré le fait de ne plus avoir de coiffeuses pour les tresser et les coiffer de différentes façons montraient qu'ils avaient toujours reçu des soins et jamais eu à souffrir des aléas de la campagne ou du travail. Tout comme ses mains fines et sans aucunes traces de travail. Quelques égratignures récentes dues à ses dernières cueillettes.

La princesse ne fut guère étonnée de la réponse de la femme de ne pas révéler son nom. N'avait-elle pas un peu modifier le sien ? Enfin, pour elle s'était différent. Elle était princesse. Un personnage public et recherché, avec sa tête mise à prix ou du moins recherché par son cousin. Bref, de quoi vouloir se cacher. Mais elle. Peut être une hors la loi ? Dans ce cas, elle était bien tombée. Esmelda ne la reconnaîtra pas et pour elle qui est devenu un lien avec la meneuse de la Horde, elle n'avait pas grand chose à risquer.

« -Pourquoi ? Vous avez des choses à cacher ? Vous êtes alayenne ? Ou bien recherché ? »

Esmelda n'espérait pas que la jeune femme soit alayenne. Ce serait vraiment une bien mauvaise chose. Surtout après tout ce que la princesse avait pu dire sur eux. Au moins elle était franche et spontanée.

La discussion prenait une tournures des plus étranges. Politique, fait pourtant refuser aux femmes, car soit disant pas capable d'y penser. Certes, discussion simple sur les événements présents.

« -Pourtant, ces envahisseurs tentent de prêcher une nouvelle parole, une nouvelle façon de penser, ils devraient se doute que par la violence cela ne passerait pas. Surtout sur un territoire si large et divers. Je ne suis pas en accord avec leur façon de faire et de penser. Je ne supporte pas qu'on impose par la force et la violence. Mais je peux respecter une façon différente de penser. Les elfes, les vampires, les dragons et les baptisrels sont différents des humains et j'arrive à composer avec cet éventail de personnalités. Mais pas la violence pour s'imposer. »

Même si Lorenz s'y employait, mais un nouveau courant était possible et elle ferait tout pour le mettre en avant.

« -Quand aux miens, si je m'inquiète, c'est qu'ils se révolteront face au changement qui s'est produit à Gloria et au nouvel empereur. Et pourtant, il faut mieux que je ne retrouve pas ces envahisseurs... »

Au mieux, elle restait leur prisonnière, au pire, ils la livraient à son cousin et là, Esmelda savait à quelle sauce elle serait mangée.

« -Si nous nous employons tous à être optimiste peut être que cela aidera à mieux être enclin à vaincre cet ennemi et non à se laisser aller à la fatalité. Et vous ? Êtes-vous une mauvaise personne ? Je ne sais toujours pas votre nom. »

Après tout, elle lui avait donné le sien. Enfin un faux mais qui le savait.

« -Le bébé a un frère ? Dracos qu'il ne lui soit rien arrivé. Pauvre enfant. Gloria n'a plus rien de magnifique. J'en ai hélas peur. Mais je pense que ma cousine par le statut de son mari et de son père vis à vis de ce nouvel empereur l'aidera. Mais plus rien n'est sûre. »

Avec Fabius et Logan tout était possible, le meilleur comme le pire. Morgane était un symbole pour sa cité, son peuple. Au delà de sa gentillesse, c'était une femme et une mère formidable.

« -Ma cousine est aussi d'une douceur légendaire, bien plus que moi. Elle est aussi belle que le blé et douce que la plus belle des caresses. Elle est digne de son statut de duchesse. Digne d'être aimée de ses sujets. »

Alors tout en elle inspirait qu'elle était de la noblesse. Mais comment devrait-elle autrement ? Changer sa voix rude, surtout avec son totem chantant. Son allure, pour une fois qu'on ne lui reprochait pas sa tenue. Assez pour être noble apparemment mais pas pour être princesse. Et oui sa peau, ses cheveux toujours soignés, même si là...ces derniers temps...

« -Je devrai donc à l'avenir faire bien plus attention. Si je veux me fondre dans la masse, je vous remercie. »

Donc, elle était vampire. Waaa. La surprise était de taille et elle ne put que l'afficher sur son visage. La princesse ouvrit la bouche un instant avant de la refermer se redressant encore plus que possible. Son cœur se mit à battre fortement. Et la jeune femme savait que la vampire ne pouvait que l'entendre. Inutile donc de cacher son émoi et son inquiétude. Mais en même temps, la vampire avait sauvé un bébé humain, aidé une jeune humaine, elle ne pouvait donc être que mauvaise et lié à Lorenz.

« -Et moi dois-je fuir aussi ? Ou êtes-vous de ces vampires que l'on dit libre de leur prince et prompt à mener la vie qu'ils leur semblent plus juste ? »

Peut être une des alliés de Kylian. Il ne lui avait parlé et présenté que Roëric et sa dragonne. Le rebelle ne lui parlait que rarement de sa guerre personnelle. Pourtant, il avait le même rêve qu'elle unir leur peuple, alors pourquoi la mettre de côté ? La question n'était pas là. Esmelda attendait la réponse de la vampire. Pour savoir si elle devait partir et vite ou bien rester.

L'espoir, cette chose si minime, que l'on garde bien au plus profond de soit comme un trésors caché. De peut de le perdre, de le voir partir, comme le reste de sa vie. Mais pas pour la princesse. Elle le portait en étendard, il le fallait, elle se le devait, si elle ne le faisait pas qui le ferait ? Même si cela semblait illusoire, utopique, enfantin ou naïf, qu'importe, il devait s'insinuer en chaque personne portant la liberté comme seul fin plausible. Et qu'importe ce qu'on pouvait penser dans cette haine et violence envers les autres, elle ne tomberait pas dans le piège... ou presque. La réalité revenait parfois vous frapper sans crier garde et la première réaction était de faire mal, autant, aussi, voir plus. Mais le ressentir, le penser et le faire, passer à l'acte, c'était bien deux choses différentes, non ?

« -Je suis pacifiste, car c'est le meilleur espoir contre la violence. Qu'ils usent de la violence, moi j'userai de ma non violence. Mais je sais me servir d'une arme, et je saurai me défendre, si je ne fais pas face à une armée. »

Depuis petite, à suivre son frère et ses cousins et en particulier Korentin, la petite princesse avait pris goût aux armes, à l'armée. Il n'était pas rare de la voir quitter ses cours de maintien, de couture ou de musique pour venir sur les terrains d’entraînements ou bien bavasser avec les soldats de l'empire. La petite princesse connaissait presque mieux chaque soldat que son empereur de père. Un des soldats, amusée de la voir toujours donner des conseils à son frères et cousins, la prit au défi de manier l'épée, mais celle-ci trop lourde et grande pour les mains de la petite fille se changea en une petite dague fine et légère. L'homme demanda à son souverain de lui enseigner cet art voyant la jeune princesse heureuse et plutôt débrouillarde. Après les réticences d'une mère inquiète, d'un conseil avisé et peu enclin à voir une princesse maniée des armes ( c'est le rôle des hommes pas d'une jeune femme, princesse de surcroît) mais face à l'empereur qui se voyait bien plus amusé par les facéties de sa fille, la laissa faire.

« -La bonne noblesse ne pense pas qu'une femme doit se servir d'une arme. Mon père a toujours pensé autrement. »

Douce et gentille, mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne savait pas se défendre et mordre s'il le fallait.
Esmelda ne pouvait lui en vouloir de ne pas donner son nom, après tout elle en avait donné un faux. Mais il était bien plus aisé de donner un nom que de l'appeler par des « hey » ou des « heps ». Puis si cette femme était une vampire nomade, peut être pourrait-elle rejoindre ou aider Kylian dans sa quête pas la suite. Et pour son aimé, elle avait envie de lui donner un coup de pouce.

« -Même si votre nom est faux, il permet de vous appeler autrement que par des noms communs et vous voir comme peu commune. Je vois que nous sommes donc semblable sur certains points. Je sais que cela doit vous paraître étrange de n'être que peu inquiète face à ceux qu'on nomme les créatures de la nuit. J'ai des connaissances auprès de vampires qui tout comme vous préfère vivre seul, sans l'autorité trop excessive de leur prince. Et je tente avec eux de pouvoir vivre en paix et harmonie, sans ce petit soucis culinaire entre nous. L'un d'eux est même dragonnier.»

Mais les mots qui sortirent ensuite de la bouche de la vampire eurent l'effet d'un poignard en plein cœur. Un de plus. Esmelda pensait ne plus pouvoir souffrir au vue de ce qui lui était arrivé ces derniers temps, mais c'était sans compter sur la vie et la guerre, la mort et son injuste venue auprès d'une femme qui avait tout pour faire une belle vie. La faute à qui.

« -Mo...Morgane... Morgane comment ? Comment était-elle ? Blonde très claire ? Répondez comment était la mère de cet enfant, je vous en prie. Ma cousine, ma cousine s'appelle Morgane. »

Les larmes arrivèrent dans ses yeux ambrés sans attendre la réponse. Non, non pas elle. Esmelda était prête à donner sa vie en échange de celle de sa cousine. Pas elle, pas le belle et douce duchesse d'Elena. Pas cette mère de famille irréprochable. Son mari, c'était lui, la princesse le savait. Cela ne pouvait être que ce fourbe. Maintenant qu'elle ne lui servait plus à rien, que Fabius était sur le trône, il avait osé. Elle le tuerait, oh oui Esmelda verrait son dernier souffle s'échapper de son corps pour avoir oser profaner la vie chérie de sa belle cousine.
Cela voulait dire que c'était Valen. Son petit cousin, son sang, sa famille. Le pauvre, non, la chance, son père aurait pu le tuer aussi. Cette vampire avait au moins eut la gentillesse de le recueillir, de prendre soin de lui. Pauvre enfant, il ne comprenait pas encore ce qui se tramait et la vie qu'il allait mener. Et son frère où était son frère ?

« -Son frère ? Il a un frère. Que s'est-il passé ? Co...comment ? »

Une pacifiste prête à tuer si besoin, le concept était pour le moins étrange énoncé ainsi, et pourtant Hyrriena pensait comprendre. Pacifiste ne voulait pas dire suicidaire ou stupide, c’était la volonté de ne pas prendre les armes quelle que soit la situation, hormis lorsque sauver sa vie ou celle d’une personne chère l’exigeait. En ce qui la concernait, la jeune vampiresse n’usait de ses lames que pour sauver sa vie, donc souvent, et si l’on faisait abstraction des nombreuses victimes vidées de leur sang pour le besoin de son corps, elle n’était guère portée sur l’utilisation des armes, leur préférant largement la fuite, souvent plus sûre, plus rapide et moins tentatrice.

Ah, que les humains étaient stupides, à croire que les femmes étaient incapables de se défendre. Bien sûr que si elles le pouvaient. Elles le devaient même. Pour elles, pour leurs enfants, leurs amis, leurs maris… Exactement comme le faisaient les hommes. Il n’y avait pas de différence. Au moins les vampires avaient-ils compris cela. Aussi détestable soit sa race, la voleuse devait bien reconnaitre qu’elle était un peu plus évoluée que celle humaine, enfermée dans des principes ancestraux et dépassés, qui puisaient leur source dans elle ne savait quoi.

-Sans vouloir vous offenser, la bonne noblesse ne pense pas beaucoup, de ce que j’ai pu en voir. Votre père avait raison de ne pas l’écouter.

Encore qu’il devait probablement faire lui-même parti de cette noblesse, c’était donc étrange que son opinion soit aussi différente mais peu importait, la vie de cette famille n’avait guère d’importance. De toute façon, la guerre allait prouver aux idiots que leur jugement primitif leur couterait peut-être la vie, à leurs épouses, sœurs, mères ou filles. Peut-être allait-ce annoncer une modification des mentalités mais rien n’était plus incertain. Quoi qu’il en soit, Hyrriena n’était pas concernée par cela ; c’était dans ces moments-là que bêtement elle se sentait heureuse de sa condition de sang-froid. Une vie sans ses dagues aurait été pour le moins étrange. Machinalement, elle passa un doigt sur la poignée de Tirmna, accrochée à sa ceinture, et en caressa l’argent. Contre son bras gauche elle sentait Firmament, la dague qu’elle avait récupérée à Gloria, planquée contre son corps et prête à être utilisée au moindre besoin ; mais pour l’instant, elle dormait dans son fourreau, protégée par l’épais tissu de la cape. Non, sans elles, elle ne serait plus grand-chose, si ce n’était une vulgaire fugitive apeurée aux dents pointues, quêtant un lieu dont elle ignorait l’emplacement exact.

-Soit, et bien dans ce cas, appelez-moi Hyrriena. Et si j’avoue être étonnée que vous n’êtes pas aussi effrayée que vous devriez l’être, je me dis aussi qu’en période de guerre comme celle dans laquelle nous sommes, une certaine tolérance s’installe entre deux peuples parfois ennemis héréditaires. Un dragonnier dites-vous ? Qui est-ce ?

Elle était consciente qu’il s’agissait de son vrai nom, mais personne ne le connaissait, ou très peu de gens. Elle ne craignait rien, et l’humaine ignorait s’il s’agissait d’un pseudonyme ou d’une réalité.
Même réalité qui les rattrapa bien vite lorsque la jeune femme mentionna le nom de la mère de l’enfant. Morgane. La réaction de la jeune Esmelina la déconcerta et elle observa les larmes qui perlaient dans ses yeux, écoutant sans savoir comment réagir la voix tremblante de la jeune femme. Elle n’avait jamais eu à faire face à pareille situation. Réconforter cette femme qui pleurait était quelque chose de… d’étranger, d’autant plus que l’enfant près d’elles commençait à s’agiter, sensible à la variation d’ambiance. Elle resta au sol, un genou à terre, et pressa doucement le bras du jeune bambin pour l’apaiser avant d’expliquer d’une voix calme, cherchant ses mots pour ne pas aggraver la peine de la petite humaine.

-Morgane, euh, Kohan. Elle avait des cheveux blonds très clairs, une peau pâle, des yeux bleus clairs. Petite et menue, mais très jolie et extrêmement douce.

Dans le regard humide, elle put voir la détresse de la jeune noble devant cette confirmation. De toute évidence, il s’agissait bien de la même femme. Elle fronça les sourcils, perplexe, et devant la demande s’approcha doucement et posa la main sur celle de l’étrangère. Elles n’étaient plus deux étrangères méfiantes mais seulement deux femmes pleurant la disparition d’une même amie.

-Je… suis désolée, je ne sais pas où est son frère. J’ignore même le nom de cet enfant.

Elle jeta un regard au concerné, qui le lui rendit sans ciller, avant de se lancer dans l’explication de la mort du Petit Oiseau.

-Elle voulait fuir le palais et rejoindre son cousin, Korentin Kohan, qu’elle croyait innocent. Elle est allée chercher ses fils pendant que je prenais des armes. Mais son époux est arrivé et elle a dû partir en abandonnant l’un des enfants. Nous sommes arrivée dans… j’ignore quel était cet endroit, une cache pour hors-la-loi je suppose, et quand son époux a surgit avec des soldats, elle n’a pu esquiver les lames qui se croisaient. J’ai récupéré l’enfant mais sa mère est morte sur le coup.

Prudente, elle ajouta, tentant de s’expliquer au mieux.

-Je crois que son époux, dont j’ignore le nom, est mort également. Quant à l'enfant, des nourrices prennent probablement soin de lui.

Il lui avait semblé avoir aperçu le corps du rat, et de plus personne n’était reparti en direction de la partie officielle du palais. La logique voulait donc qu’il ait péri également, entouré de ses gardes. Pour son fils, il ne s'agissait que de spéculations chargées de rassurer la cousine éplorée. La voleuse pressa légèrement de ses doigts gantés ceux d’Esmelina, cherchant elle aussi des réponses.

-Comment s’appelle l’enfant ? Vous êtes-donc également de la famille de l’empereur déchu ?

Si elle était cousine avec la cousine de Korentin Kohan, c’était surement le cas. Mais qu’était-elle par rapport à cet homme ? Sa sœur, sa cousine ? Une branche lointaine et créée par des alliances. Décidément ces histoires de généalogies… Elle s’y perdait.

Les larmes montèrent de plus en plus pour couler sur ses joues rougis de tristesse, sa voix se mit à trembler tout comme le reste de son corps. Non, non pas elle. Pas sa cousine, pas sa gentille cousine. Ce ne pouvait être elle. Impossible. Comment ? Pourquoi ? Qu'elle, Esmelda Kohan périsse sous les lames cela allait presque de soit. Mais Morgane.

« -Oui, les cheveux blonds très clairs, belle comme une journée de printemps, des yeux plus beaux que le ciel d'été et douce, si douce, une femme comme il en existe pas ou très peu. Non, non pas elle, pas ma cousine, elle ne mérite pas. Pas elle. Elle se moque de la guerre, elle ne vivait que pour ses enfants. »

Par tous les esprits, cela ne pouvait être qu'elle. Esmelda laissa ses larmes couler, mais en retenant sa peine et sa tristesse. Un Kohan ne pleurait pas devant quelqu'un, un Kohan ne pleurait pas. On ne montrait pas ses sentiments. Mais Morgane, après Gregorist... Une douleur, un déchirement de plus. La princesse évitait le regard de la vampire, par pudeur. Son cœur saignait et en cet instant elle n'avait plus envie de le sentir battre contre les parois endoloris de son être, même si la main de la jeune vampire sur son épaule lui fit un bien simple.

« -Morgane, c'est sa faute à lui, Logan, son mari. Il n'a eu que ce qu'il méritait et la mort est trop douce pour la vie qu'il lui a mené. Cette ordure n'a eu que du mépris pour elle. Elle était la meilleure femme que j'ai connu. Personne ne lui arrivait à la cheville, sauf ma mère et la sienne. Même genre de grandes et vraies dames. De vrais cœurs d'or. »

La princesse regarda l'enfant qui les regardait avec ses grands yeux bleus, ouvert sur un monde qu'il ne devait pas comprendre.

« -Valen. Il se prénomme Valen. Je peux...le prendre un peu ? »

La vampire lui sourit doucement comme pour lui affirmer sa demande et lui donna son petite cousin. Esmelda le prit dans ses bras et le regarda comme dernier souvenir de sa cousine. Elle lui caressa avec douceur le visage en le berçant tendrement. Qu'allait devenir ce petit être ? Puis comme une promesse, elle affirma.

« -J'irai chercher son frère que se soit à Gloria ou Elena, je ne l'abandonnerai pas. Morgane ne l'aurait pas voulu. Elle serait retournée le chercher par la suite. Je ferai de même. Je protégerai les siens. »

Comment, elle ne le savait pas encore vraiment, mais elle le ferait. Pour Morgane, pour Darius et les triplés, pour que sa famille ne subissent plus les méfaits d'un être malfaisant et que se moquait des siens. Pas elle. Puis elle répondit en souriant à l'enfant et jouant avec sa petit main qui se refermait sur la sienne.

« -Je suis cousine aussi de l'empereur déchu. Mais il est innocent. Notre autre cousin l'a piégé pour son propre profit et ses desseins. Korentin était un obstacle. Il l'a fait plonger. Je savais que Morgane ne croirait pas aux paroles de Fabius. Elle avait vu juste, elle voyait souvent juste. Korentin tente de faire établir la vérité et de ramener l'empire des Hommes sur le droit chemin de la vérité, ramener l'empire vers la paix, la paix entre les peuples. Tous les peuples. Voilà pourquoi je n'ai guère peur de vous, vampire, car j'en ai rencontré, luttant contre leur prince auto-proclamé. Le dragonnier est Roëric Alokor et sa belle dragonne sombre. »

Ses yeux ambrés toujours plongés dans ceux de l'enfant, elle essayait de ne plus pleurer dans l'espoir de le faire sourire, s'amusant un peu de ses gazouillis.

« -Fabius, tout est de sa faute, lui et sa perfidie, lui et sa folie de pouvoir. Je lui ferai payer la mort de Morgane. Elle ne sera pas morte en vain. Je vous remercie de ce que vous avez fait pour elle et pour Valen. Que comptez-vous faire maintenant ? Pour l'enfant et pour vous ? »

Voulait-elle le garder et en prendre soin, comme un fils, un apprentis ? Esmelda ne s'opposerait pas, après tout elle lui avait sauvé la vie et elle même n'était ni douée pour être mère ni pour élever un enfant au beau milieu d'un camp de rebelles. Pas tant qu'elle avait ses blessures au cœur. Elle était perdue totalement et ses yeux ne pouvaient que le confirmer. Et cette femme pourrait-elle les aider ? Si son but était le même pourquoi ne pas s'allier. Comme elle avait dit avec ces temps sombres la tolérance dépassait les limites des rancœurs d'hier.

La princesse essuya ses larmes qui coulait sur ses joues tout en souriant et babillant.

« -Je vous remercie. Pour tout. Pour Morgane et pour son fils. Mon petit cousin. Elle ne méritait pas cela. Et la mort de Logan n'est pas assez pour la vie qu'elle a mené a ses côtés. »

Le sale personnage qui lui a pourri la vie jusqu'à la fin apparemment. Le seul réconfort de la jeune princesse était que justice fut faites et qu'il ne survécut pas à la belle cousine Kohan. Il ne resterait pas aux côtés de leurs fils à médire sur leur mère. Et Esmelda ferait tout pour que les deux fils de la belle Morgane deviennent de beaux et adorables jeunes hommes aussi bon que leur mère, et pas affable et manipulateur comme cet horrible homme de mauvaise foi.

Revenant sur les questions de la vampire, Esmelda réfléchit aux dernières nouvelles sur ce dragonnier qu'elle n'avait rencontré qu'une seule fois. Quand la princesse avait aidé et soigné la chef et meneuse de la Horde. L'arrivée de son armée avait coupé court à toute plus ample connaissance, et Kylian ne parlait guère de ses connaissances. Au grand regret d'Esmelda. Lui connaissait presque toute sa vie, mais elle ne savait presque rien de lui.

« -Je sais que le dragonnier et sa dragonne était aux négociations interraciales auprès des chanteurs Baptisrels. Il est arrivé sur la fin pour chercher un ami. Mais je ne l'ai pas rencontré à ce moment. Je ne l'ai vu qu'une fois, quand je l'ai aidé auprès d'une de ses connaissances. Mais nous avons un ami commun. »

C'est ce que lui avait dit Kylian. Lorsqu'elle était aux négociations à proprement parler, le dragonnier et le rebelle s'étaient retrouvés. Il était venu le chercher. Esmelda sourit à cette idée, et encore plus à l'échec cuisant vu que le vampire avait encore échapper à la surveillance de son ami.

« -J'espère que les Esprits entendront vos paroles. Et que oui, les différentes races s'uniront pour revenir à une paix que nous désirons tous et à une vie remplie de tolérance et pas de mépris de la différence. »

Esmelda releva la tête, surprise, bloquant un instant avant de demander, hésitante presque bégayante.

« -Vous...vous connaissez Kylian... Kylian Wallam ? »

Son cœur se mit à battre plus vite et Esmelda savait que la vampire devait le sentir. Elle baissa les yeux pour se recentrer sur l'enfant. Il avait les mêmes yeux rieur et pétillant que sa mère. D'un air plus sombre et grave, elle réfléchit à haute voix, en laissant son esprit vagabonder à ce qu'elle allait faire.

« -Là où je vais, il n'y pas de place pour un enfant. Hélas, cela me déchire de vous demander une telle chose. Il est le fils de Morgane. Mais je cherche, je cherche à lui bâtir un avenir bien meilleur que celui qui lui est présenté actuellement et si vous pouvez pour le moment lui apporter la sécurité que je ne peux... Par la suite, je le prendrai sous mon aile si vous voulez. Avec vous. Si vous avez envie de garder un lien, un rôle dans sa vie, jamais, je ne m'y opposerai. Je veux que Valen grandisse en connaissant tout ce qui s'est passé dans sa vie. Le meilleur et le pire. Le plus étrange comme le plus horrible. Qu'il grandisse dans le respect de tous, comme sa mère était. »

Elle ajouta en grimaçant, faisant sauter le petit bonhomme sur ses genoux.

« -Je pars à la recherche d'alliés vers l'ouest, pas à Gloria. Ma tête y est mise à prix par mon cher cousin qui préfère me voir morte que luttant contre lui. Et Il sait que je n'hésiterai pas à le faire. Mon autre cousin est plus à l'est, à chercher de rendre justice à ceux qui ne peuvent le faire seul. Mais laissez moi lui annoncer pour Morgane. Même si ils n'étaient pas si proche que je pouvais l'être avec lui ou bien elle. Ils avaient beaucoup d'estime l'un envers l'autre. »

Oui, il valait mieux que se soit elle qui le dise pour la mort de Morgane. Une perte tragique, si proche devait s'apprendre par une personne proche. Korentin serait abattu d'une telle perte. Une de plus, une pour rien. Ils pourraient pleurer seuls, la mort des leurs.

« -Et je ne crains pas les foudres. Rien n'est plus important que de redonner à mon empire une vie décente et ne plus vivre dans le mensonge de son empereur et l’oppression alayenne. Quelque soit les conséquences. »

A tort sûrement. Mais la jeune femme était déterminée à y arriver. Et pour cela, Melusine et les siens seraient une aide précieuse.