Les nuits étaient fraîches en ce moment, et celle-ci ne faisait pas exception comme le prouvait le léger frisson qui venait de faire tressaillir Sindar. D'un geste furtif il releva le col de sa tunique afin de se protéger de l'air glacial et c'est avec lenteur qu'il se déplaça sur la solide branche du chêne centenaire afin de se retrouver en position accroupie et d'ainsi limiter la prise qu'il offrait au vent. Perçants, ses yeux verts trouèrent la semi-obscurité et ce ne fut qu'après s'être assuré que la clairière était parfaitement vide qu'il se laissa tomber, s'offrant un atterrissage nonchalant et parfaitement silencieux sur l'herbe à peine humide.  Il ne se faisait pas de réelle illusion sur les capacités des Baptistrels et sur la magie qui protégeait ce lieu, les elfes chanteurs étaient sans doute tout à fait conscient de sa présence ici mais ils respectaient apparemment son désir de ne pas les rencontrer et il leur en était gré. Depuis des années qu'il venait ici jamais personne ne s'était mis sur son chemin et jamais on ne lui avait demandé les raisons de sa présence. Peut-être parce qu'ils savaient qu'il venait voir Merithyn, ou peut-être simplement parce qu'ils avaient lu en lui qu'il n'était pas dangereux et qu'il n'y avait aucune perfide malice dans son désir de discrétion, il était ainsi et c'était tout, eux au moins le comprenaient. Instinctivement il sentait qu'aucun d'entre eux ne se montrerait jamais tant qu'il n'en avait pas le désir, et c'était très bien ainsi.

Calmement, il observa son environnement. Il avait passé les portes du sanctuaire sans que rien ne vienne l'arrêter. La magie qu'il avait ressentit en traversant cette limite n'était pas différente de d'habitude et le souvenir de son hésitation la première fois qu'il avait dû la franchir fit monter un sourire sur ses lèvres cachées par son foulard. Merithyn avait beau lui avoir dit que cette magie ne lui ferait aucun mal il était de nature méfiante et ce n'était que petit pas par petit pas qu'il avait avancé pour au final se retrouver à l'intérieur du sanctuaire en se demandant pourquoi cela avait été si facile. Ici il était... Toléré... Non mieux que cela, il était accepté. Bien sur il était aussi chez lui dans le royaume Elfique qui l'avait vu naître mais ce n'était qu'ici à Tomingorllo qu'il se sentait à tel point le bienvenu, comme si la magie Baptistrale avait fini par le jauger et par conclure qu'il avait parfaitement sa place en ce lieu. Cet honneur l'emplissait d'un bonheur simple qu'il préférait ne pas analyser. A la place il promena son regard sur la beauté de cet endroit, se déplaçant avec lenteur sans jamais quitter l'ombre rassurante qui le rendait presque invisible aux yeux des possibles promeneurs qu'il pourrait croiser mais il n'y avait absolument personne pour troubler sa tranquillité, et cela lui convenait parfaitement.

Il ne lui fallu que quelques pas de plus pour arriver en vue de son but. La demeure de Merithyn était  très simple et ne différait en rien des habitations Elfiques traditionnelles. Sindar aurait pu s'y rendre les yeux clos, il y avait bien longtemps qu'il considérait ce lieu comme l'une de ses propriétés où il pouvait s'installer et s'étaler tout à loisir. Bon d'accord il se sentait chez lui n'importe où mais étrangement il avait quand même un attachement plus particulier pour cet endroit, peut-être était-ce le côté accueillant de Merithyn après tout, le pauvre chanteur s'était révélé un hôte formidablement accueillant, parfaitement incapable de se fâcher pour finir par le jeter dehors comme le faisait parfois certains. Ou alors il ne le souhaitait pas... Enfin dans tous les cas il était ici chez lui, et cela ne risquait pas de changer. Il poussait déjà la porte avec cette certitude de propriétaire lorsque un bruit soudain vint le figer dans son geste. Merithyn ? Non... Sindar savait que le chanteur n'était pas là pour le moment, il avait même résolu de l'attendre confortablement installé dans son lit alors bon... Un autre baptistrel ? Cette possibilité l'amena à se renfrogner. Eh quoi ? Les chanteurs avaient soudainement décidé de rompre l'accord tacite qu'il avait avec eux et de finalement le rencontrer ? L'idée ne lui plaisait pas du tout et c'est d'un pas effarouché qu'il recula, déjà prêt à ficher le camps pour ne plus jamais revenir en ce lieu. Mais en y réfléchissant cette idée ne lui semblait pas coller, pourquoi les Baptistrels changeraient-ils soudain d'attitude ? Non, c'était autre chose... Un voleur ? Il voyait mal comment un être animé de mauvaise intention pourrait parvenir à entrer dans le sanctuaire mais aussi improbable que cela puisse paraître il avait des principes ! On ne volait pas son hôte ! Même si l'hôte en question n'était pas au courant qu'il était là. Résolu, il entra.

Il ne lui avait fallu qu'une seule seconde pour tirer son poignard fétiche de sa manche, la lame enchantée et empoisonnée promettait un trépas rapide à l'intrus pour peu qu'il s'avère dangereux. Dans son autre main brillait sa dague, il n'était pas du genre à chercher la bagarre mais il savait se défendre lorsque le besoin s'en faisait sentir. Brièvement, il cligna des paupières pour s'habituer à la lumière un peu plus importante à l'intérieur et ce qu'il vit lui fit froncer les sourcils :

"Qui êtes vous ? Et que faites vous ici ?"

Autoritaire, sa voix exigeait une réponse rapide. L'être qui se trouvait là n'avait pas l'air bien dangereux, il semblait très jeune et pas vraiment elfique. Un humain ? Si oui alors pourquoi lui faisait-il une impression si étrange ? De plus en plus méfiant, il se déplaça d'un pas léger et agile, souple comme un félin et prêt à décocher son poignard si l'autre faisait preuve du moindre geste agressif.

Il se sentait bien ici. C'était comme... un petit morceau de bonheur, sur lequel il pouvait se reposer en paix. Il ne se sentait pas chez lui, et d'ailleurs, il n'avait guère jamais senti ce genre de choses, excepté chez Achroma son père, sûrement. Non, ici n'était pas chez lui. C'était chez Merithyn. Mais qu'il ne soit pas chez lui ne voulait pas dire qu'il n'était pas bien. Il y avait, ici, cette sécurité douce, et ce calme reposant. Et pourtant, Zaphirel sentait qu'il lui manquait quelque chose. Il manquait d'un sentiment. Le danger n'avait jamais été agréable, et ce n'était pas ça qui lui manquait. C'était plus... animal. Il avait besoin d'agir. Besoin de vivre comme il devrait vivre, besoin d'une enfance de vampire normale, besoin de poursuivre une proie sur une distance plus ou moins longue, besoin de se dépenser dans la nature, libre. Il ne se sentait pas enfermé, ici, car le domaine était grand et il pouvait s'y déplacer relativement comme il le désirait. Mais si tout en lui disait fermement qu'il devait rester ici, en sécurité, le temps passant... il ne le supportait plus. Il trouvait cela idiot. Idiot ! Parce qu'il était bien mieux ici qu'ailleurs. Même si père lui manquait, Merithyn et les autres chanteurs veillaient sur lui. Et il n'arrivait pas à s'expliquer ces besoins tout sauf naturels...

Alors il était venu voir si Merithyn était rentré et, le cas échéant, l'attendre. Il s'était installé de longues minutes durant sur un fauteuil, observant le plafond en ressassant toutes ses interrogations. Pourquoi rien n'était-il jamais simple ? Pourquoi devait-il être si identique à n'importe quel vampire, et pourtant, si différent qu'on pouvait presque douter de sa réelle nature ? Pourquoi l'avait-on doté des mêmes envies que ses semblables, si on avait omis d'en donner les qualités nécessaires ? Pourquoi lui avait-on donné ces penchants prédateurs, si on avait oublié de lui donner la force et le courage qui allaient avec ? Merithyn aurait peut-être les réponses, et même s'il ne les avait point, il arriverait à le calmer, à répondre à ses questions, à le réconforter de quelques mots justes et véridiques. Le jeune vampire fit alors craquer son dos en s'étirant, et se redressa dans la pénombre. Du mouvement attira son attention dehors, il sursauta et fit tomber un objet, qui ne se brisa pas. Il y avait quelqu'un dehors, le Baptistrel était peut-être rentré ! Il s'approcha de la porte en s'efforçant de paraître dans la lumière.

« Merit... ! » commença-t-il, avant de comprendre son erreur.

Il fronça les sourcils et recula pour se sentir hors de portée. Il allait ouvrir la bouche, mais les questions posées furent celles de l'individu inconnu. Il l'avait devancé, et pourtant posait ce que Zaphirel allait demander. Ce n'était donc, logiquement, pas un intrus.

« Je suis Zaphirel, un ami de Merithyn. » Il insista bien sur le mot « ami » et continua après une pause : « Qui êtes-vous, vous ? Et que voulez-vous ? Merithyn n'est pas encore rentré, je l'attendais. »

Nombre de questions se bousculaient dans sa tête autour de cet étrange inconnu. Mais il s'avérait qu'il était peut être – sûrement – dangereux, au moins pour lui. Si Zaphirel avait laissé ses armes dans sa chambre et s'il ne comptait pas les en sortir tant qu'il vivrait ici, cela ne semblait pas être le cas de tout le monde. C'est pourquoi il gardait ses mains devant lui, pour se protéger si jamais les présentations n'étaient pas... au goût de l'autre.

L'être l'avait prit pour Merithyn, au moins ça excluait l'hypothèse du voleur et d'ailleurs il venait de lui dire qu'il était un ami du maître des lieux. Diantre ? Un ami dont on ne lui aurait pas parlé ? Sa pointilleuse curiosité ne pourrait pas accepter un tel affront, si lui-même n'acceptait pas du tout qu'on fouille dans sa vie ou qu'on en sache trop sur lui ce n'était absolument pas une réciproque. Il aimait tout savoir et tout comprendre, si possible avant les autres et quoi de plus passionnant que la vie d'un baptistrel pour une commère tel que lui ? Encore que... La vie de la majorité des baptistrels ne semblait pas des plus intéressante mais celle de Merithyn si ! Ce cher garçon avait un talent certain pour se fourrer dans les pires ennuis et dans les situations les plus improbables, pour ne pas dire inextricable. Oh bien sur il cachait jalousement les détails de sa vie privée mais rien ne résistait bien longtemps aux enquêtes de Sindar ! D'autant plus qu'il n'avait pas le moindre scrupule à poser les questions les plus gênantes à n'importe quel moment du jour ou de la nuit et à fouiller partout avec une forte propension à tomber toujours sur LA chose que l'on ne voulait surtout pas qu'il découvre. Son sixième sens sans doute, posséder un totem chat avait quand même parfois une sacrée utilité... A moins que ce ne soit une malédiction pour son entourage, tout dépendant du point de vue en réalité. Néanmoins il faisait cela avec un tel naturel et avec si peu de malice que personne, Merithyn le dernier ne trouvait le courage de lui en vouloir très longtemps. Cela aussi c'était l'effet Sindar.

« Qui êtes-vous, vous ? Et que voulez-vous ? Merithyn n'est pas encore rentré, je l'attendais. »

La voix du petit être le fit revenir sur terre et il pencha la tête sans chercher à cacher la curiosité qui dansait dans ses yeux verts. Quoi il devait vraiment répondre à ces questions avant d'en savoir plus ? Soit

"Je suis Sindar bien sur"

Réponse laconique offerte comme une évidence capable de se suffire en elle même. Et bien voilà il était Sindar, cela expliquait tout non ? Il n'ajouta aucun nom comme à son habitude et négligea tout à fait l'autre question. Etait-ce volontaire ? Non pas vraiment, en fait il l'avait déjà complétement oubliée pour tout dire. D'un bond léger il s'approcha encore tandis que la porte se refermait dans un grand claquement, victime d'un courant d'air. Il ne sursauta même pas, trop occupé à dévorer des yeux son nouveau centre d'intérêt.

"Un ami donc ? Un ami d'où ? Un ami de quand ? Merithyn ne laisse pas souvent ses amis seuls chez lui..."

Lui mis à part bien entendu, mais ça c'était autre chose puisqu'il passait sa vie à s'installer chez les gens sans leur demander leur avis. A ce qu'il lui semblait ce genre de comportement était assez rare et ne concernait que lui, mais après tout ce n'était pas de sa faute c'était son totem qui le rendait ainsi. Une excuse toute trouvée n'est-ce pas ? Mais avait-il besoin d'une excuse ? Cette pensée s'envola loin de sa concentration, il était bien trop occupé à dévorer l'autre du regard. Comme par enchantement ses lames avaient disparu, sans doute dissimulées dans les milles et unes cachettes de ses vêtements. Instinctivement il pressentait que l'autre ne présentait pas un danger même si une part d'ombre étrange continuait à l'intriguer chez lui. Pourquoi était-il seul dans cette maison ? Il semblait bien jeune même pour un humain. De plus en plus passionné par cette rencontre l'elfe s'empara joyeusement du premier fauteuil qui lui tombait sous la main et s'y installa d'autorité, disparaissant presque dans son moelleux et ne se formalisant pas le moins du monde du fait que son interlocuteur soit encore debout et certainement abasourdi devant cette tornade verte qui posait à présent ses pieds sur une table basse. Ce n'est qu'une fois confortablement installé que Sindar se décida à reprendre avec un naturel parfait :

"Vous tardez à me répondre, c'est impoli..."

Magnifiques d'innocence, ses yeux se plantèrent dans ceux du garçon qui cherchait sans doute à retrouver ses esprits

« Je suis Sindar bien sûr. »

Bien sûr. L'étonnement pris le pas sur l'inquiétude. Cet inconnu était étrange. S'il ne sursauta pas, Zaphirel lui, fit un bond de côté, surpris par le claquement soudain. Il écouta la soudaine avalanche de questions, qui ne lui laissèrent pas une minute de répit pour y répondre. Abasourdi, il laissa passer l'elfe, qui alla s'installer dans le fauteuil où lui-même s'était installé avant d'être dérangé. Tout était allé si vite, qu'il ne comprenait absolument pas qui était cet intrus dans sa tranquilité, qui il était par rapport à Merithyn, et surtout pourquoi il prenait ses aises ainsi. Sindar finit cependant par reprendre la parole, lui faisant remarquer sa soit-disante impolitesse. Zaphirel referma la bouche sans prononcer le moindre mot, se rendant compte par la même occasion qu'il l'avait ouverte. Probablement pour accompagner sa stupéfaction, mais il ressemblait alors à un poisson hors de l'eau.

A vrai dire, c'est exactement la façon dont il se sentait. Cette soudaine bourrasque de vie et de mouvements avait détruit sa petite sphère de tranquilité et de paix, et cela lui déplaisait, sans qu'il n'ose en dire un mot. Une pointe de jalousie s'enfonça douloureusement dans sa poitrine quand il pensa à la relation, amicale, qui devait lier Merithyn et ce Sindar. Malgré tout les évènements passés, et, sûrement, à cause de tous ceux qui s'étaient passés avant, Zaphirel ne se sentait chez lui nulle part, et ne se sentait totalement bien avec personne. Il était étranger ici. Il s'approcha, à distance raisonnable.

« Je suis... un ami. Récent. Deux mois. Je suis venu pour voir Merithyn, il ne sait pas que je suis chez lui. »

Somme toute, aucun mensonge dans ces mots. Peut être si, car il doutait être réellement un ami de Merithyn, mais plutôt... un protégé, une responsabilité supplémentaire, dont le Baptistrel se serait sûrement passé. Un soupir s'échappa de ses lèvres, et il fit le tour de la pièce pour s'installer dans un autre fauteuil, de manière moins... possessive et à l'aise que son vis-à-vis. Il était mal à l'aise.

« Vous êtes un ami de Merithyn ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? »

Il se mordit la lèvre, l'esprit chamboulé de questions diverses et nombreuses. De regrets, de doutes et de jalousie d'enfant. D'angoisse, et d'une sourde pulsation qui l'incitait toujours à faire de mauvaises choses. De mauvaises choses, si belles pourtant. En réponse, comme un écho, à la soif incessante qui le taraudait. Et pourtant, il était nourri ici, sans avoir à chasser, à être en danger. Mais il y avait toujours cette... insatisfaction. Quelque chose n'allait pas, et il ne parvenait jamais à mettre le doigt dessus, à comprendre ce qu'il ressentait. Il avait besoin d'aide, de conseils, de compagnie... mais il craignait d'embêter Merithyn avec ses doutes et ses envies, alors qu'il avait tellement... tellement de choses à faire ! Il avait entendu parler de tant de choses, et, au fond de lui, il espérait que son père vienne le chercher. Il l'espérait... et craignait quelques représailles. Face à sa faiblesse, face à ses pensées proches de la trahison. A ses idées, échangées avec Elrond. Il était préoccupé, et il ne parvenait, malgré sa curiosité, à se concentrer pleinement sur cet individu légèrement envahissant qui s'était introduit soudainement.

« Vous savez si... s'il va revenir bientôt ? »

Pourquoi donc avait-il l'air si étonné ? Sindar venait ici depuis des années et des années, ce n'était pas comme si il était entré par effraction dans une maison qui ne lui appartenait pas ! Bon, il en était capable bien sur mais là ce n'était pas le cas. Réprobateur, il observa la bouche grande ouverte de son interlocuteur en se demandant si il devait lui expliquer que c'était très malpoli de rester ainsi. Néanmoins l'autre ne lui en laissa pas le temps, il s'était enfin décidé à s'approcher même si il y restait apparemment méfiant, pourquoi cela ? Après tout il semblait bien qu'ils avaient au moins un point commun, ils étaient tout les deux chez Merithyn sans que celui-ci ne soit au courant ! La réponse de l'autre le laissa quelque peu perplexe et il ne pu s'empêcher de répondre :

"Peu d'elfes accepteraient de parler d'amitié au bout de deux mois à peine... Pour nous il ne s'agit guère plus que d'un clignement de paupière... Mais Merithyn n'a jamais été un elfe comme les autres alors je veux bien vous croire..."

La question qui suivit était le prolongement naturel de ce qu'il venait de dire. Il haussa les épaules avec négligence :

"Je ne sais plus, un siècle, peut-être un peu moins..."

Le temps se confondait dans son esprit, il n'y avait jamais vraiment prêté attention pour tout dire que ce soit pendant ses longs siècles d'ermitage ou après pendant sa vie trépidante. Curieux, il observa la façon dont l'autre se mordait les lèvres, comme torturé par de nombreuses pensées plus ou moins contradictoires. Cet humain était décidément très étrange, quels secrets cachaient-il et que faisait-il chez les baptistrels ? S'y cachait-il ? Si oui, de qui ou de quoi ? A moins qu'il ne veuille simplement devenir un chanteur lui même... C'était plausible après tout mais son instinct lui soufflait que ce n'était pas cela, en fait son sixième sens était tout simplement en train de lui hurler dans les oreilles pour essayer de lui faire comprendre que quelque chose clochait avec ce Zaphirel. Il ne lui répondit donc que distraitement :

"Non je n'en ai aucune idée, je pensais rester quelques jours ici en espérant tomber sur lui..."

Mais il avait changé d'avis, une fois que sa curiosité serait satisfaite au sujet de cet être il repartirait, il finirait bien par tomber sur Merithyn à un endroit ou à un autre de toutes façons. En attendant il fronçait les sourcils comme pour mettre un doigt sur ce que voulait lui dire son instinct :

"Pourquoi êtes vous ici ? Les baptistrels sont accueillants, mais on vient rarement les voir sans une bonne raison... Vous fuyez quelque chose ? Je sais que l'empire est actuellement dans une situation difficile mais si tous les humains étaient venu se réfugier dans nos forêts je serais au courant... Etes vous en danger ?"

Deux mois. Oui, c’était court pour la vie d’un elfe ou même d’un vampire, mais lui… lui n’avait que huit mois, et deux mois étaient pour lui très importants. Il ne comptait pas l’âge qu’il avait eu humain, d’abord et surtout parce qu’il n’en avait aucun souvenir, mais aussi parce que tout avait tellement changé, qu’il commençait une nouvelle vie, une nouvelle existence, de l’enfance, et que dans sa tête tout était reparti de zéro. Triste constatation, mais réelle. Son existence jusque-là n’était rien. Savoir que Merithyn et Sindar se connaissaient depuis environ un siècle avait une curieuse façon de le faire réagir, partagé entre l’envie et l’admiration d’avoir maintenu une amitié aussi longtemps. Mais ces sentiments ne durèrent pas.

Zaphirel pinça les lèvres, soudainement plus mal à l’aise encore. L’elfe le prenait pour un humain. Cela avait un arrière-gout amer, de se dire qu’il l’aurait certainement moins bien « traité » dans ses gestes et paroles s’il l’avait tout de suite su. Il baissa les yeux.

« Je ne suis pas sûr que Merithyn me considère comme un ami. Il m’a sauvé et recueilli ici, en attendant de pouvoir retrouver mon père et que je puisse le rejoindre… »

Quelle allait être sa réaction quand il lui dirait ? Ce Sindar avait-il une dent contre son espèce ? C’était le genre de questions qui lui nouait chaque fois la gorge, et qui le dissuadait de rencontrer des gens. Leur réaction pouvait être très bonnes, comme celles d’Elrond, bien qu’il s’agisse également de culpabilité. L’elfe dragonnier se sentait apparemment coupable de la perte de son humanité. Mais d’après ses dires, cela lui avait donné un peu plus de courage et de force – évidemment – et quel était la valeur d’une pauvre vie humaine face à ce qu’était le grimoire ? Son estomac se noua en se disant qu’il aurait pu tomber humain entre les mains de Lorenz, sans plus de résistance qu’un fétu de paille dans les flammes. Les conséquences auraient pu être terribles. Lorenz était leur Prince, mais s’il le respectait et s’il obéissait face à sa force… il ne l’appréciait pas pour autant. Lorenz le terrifiait. Il prit une inspiration, puis expira calmement, comme Père lui avait appris pour se calmer. Rassemblant son courage, il répondit à Sindar :

« En fait… je ne suis pas humain. Merithyn me protège mais… en dehors du Domaine, on risque de m’exécuter sans même me demander ce que je fais là… Et même si je m’échappais… il me faudrait traverser tout le Royaume humain en guerre avant de retrouver les miens. Et même si je réussissais… après ce qui s’est passé, je doute que l’on m’accueille à bras ouverts… Alors, oui je suis certainement trop en danger pour avoir une autre solution que de suivre Merithyn et de lui faire confiance. »

Voilà, c’était dit, et il attendait la réaction de l’elfe avec anxiété. Il savait depuis des jours et des jours tout ce qu’il venait de dire, ces évidences, cette sorte de fatalité qui faisait que, quoiqu’il tente, il se confronterait à un mur bien trop dur et haut pour lui. Mais énoncés à voix haute, ces quelques phrases avaient complètement miné ses pensées, à tel point que la présence de Merithyn se faisait de plus en plus nécessaire.

L'elfe pencha la tête avec beaucoup d'intérêt suite à la réponse de son interlocuteur, l'ancien Merithyn avait eu tendance à considérer tout le monde et même n'importe qui comme un potentiel ami alors cela n'aurait pas été étonnant que cette connaissance vieille de deux mois en soit un mais il était vrai qu'il avait changé depuis quelques années et sans doute ne se faisait-il plus des amis aussi facilement... Intéressant cela d'ailleurs... Si leur rencontre avait eu lieu après les changements qui s'étaient opérés en Merithyn alors les choses auraient-elles été différentes ? Peut-être... Et peut-être pas... Un être pouvait changer mais la base même de son caractère restait toujours la même, c'était ainsi.

“Votre père ? Pourquoi ne pouvez vous pas le rejoindre maintenant ?”

Sa question se perdit dans les explications quelque peu nébuleuses du jeune homme. Comment ça on risquait de l'exécuter sans autre forme de procès en dehors du sanctuaire . Prenait-il les elfes pour des barbares ? Ils n'étaient pourtant pas des adeptes de la peine de mort, c'était bien connu et il voyait mal ce qu'un petit machin comme ça pouvait bien avoir pu commettre comme crime pour risquer un tel chatiment quelque soit le peuple concerné. Mais la suite l'étonna bien plus encore, comment cela il n'était pas un humain ? Il se prenait pour un elfe peut-être ? Devait-il lui expliquer gentiment qu'ils n'avaient pas précisément les attributs elfiques habituels ? Quand à l'autre explication il avait bien du mal à y croire... Et pourtant... Ce malaise qu'il ressentait depuis le début, ce mystère qui planait et qu'il ne parvenait pas à percer... Etait-ce possible ? Merithyn était connu parmi les elfes pour avoir passé des années chez les vampires et s'être même lié d'amitié, voir plus, avec l'un d'eux. Mais de là à en ramener un dans le sanctuaire des baptistrels... C'était difficile à avaler. Mais son instinct le trompait rarement, et il avait senti dès le début qu'il y avait un problème avec ce garçon.

“Donc vous êtes... Un vampire...”

Il n'avait pas bougé de son fauteuil et semblait toujours aussi nonchalant, pourtant en réalité il était tendu comme un arc. Ses muscles s'étaient crispés et toute son attention était désormais porté sur le petit vampire et sur la moindre tentative d'agression qu'il pourrait tenter. Sindar n'était pas un grand connaisseur de cette race, il n'avait pas non plus de véritables préjugés mais il n'ignorait rien de la sauvagerie qu'ils pouvaient montrer en particulier lorsqu'ils étaient poussés par la soif. Calmement, sa main s'était posée au niveau de sa ceinture, là où un poignard qu'il avait soigneusement empoisonné le matin même se trouvait caché. Bien sur il était difficile d'empoisonner un vampire mais celui-ci parviendrait sans doute à paralyser au moins temporairement un poids plume pareil, et si ce n'était pas le cas Sindar possédait des dizaines d'autres armées dissimulés aux endroits les plus incongrus. De plus Merithyn n'aurait sans doute pas fait entrer une menace dans le sanctuaire des baptistrels donc il pouvait se permettre de rester encore un peu et d'essayer de rassasier l'insatiable curiosité qui faisait le fondement même de son être.

“Je savais que les baptistrels étaient des hôtes courtois mais de là à accueillir un vampire... Certains membres de mon peuple seraient furieux si ils l'apprenaient. Comment avez vous été séparé des votres ? Et pourquoi seriez vous mal reçu ? Vous n'avez franchement pas le tête que j'imagine à un farouche opposant de Lorenz Wintel... Quoique d'après ce que j'ai appris de lui il vous tuerait peut-être simplement parce que vous correspondez mal à l'idée qu'il se fait d'un vampire....”

Son regard se fit plus doux et compréhensif tandis qu'il le plongeait à nouveau dans les yeux de l'autre. Plus calme et concentré, il semblait à présent beaucoup plus âgé et sage que l'image qu'il avait donné depuis le début :

“Vous êtes un égaré n'est-ce pas ? Vous n'avez votre place nul part... Merithyn a dû le sentir... C'est dans sa nature. Votre place, enfant, se trouve là où vous vous sentez bien. Qu'importe votre race et qu'importe ce qu'on en dit... Ce que vous êtes, c'est vous qui le décidez et pas le destin. Vous semblez subir la vie, la mort et les événements comme si aucun de vos actes ne pouvait avoir de prise dessus, que faites vous pour forger votre destin ?”

Les mots tombèrent, implacables, comme un jugement des esprits. Il était un vampire. Zaphirel hocha la tête en silence à cette affirmation, sentant à nouveau ses entrailles se nouer, en attente du juste châtiment destiné à ceux de son espèce. Mais rien ne vint, mis à part des questions. La peur se mua en soulagement, puis en une douce tristesse, pleine de regrets. Ils l’accompagnaient depuis longtemps, comme de collants compagnons de voyage.

« J’ai été trahi, et… et j’ai dû voyager avec ces traitres, des ennemis de Lorenz, le Prince. Mais je ne les ai pas battus : je suis faible, jeune, très jeune, et inutile. J’ai à peine pu fuir. »

Il n’ajouta pas qu’il pensait, tout comme l’elfe, que c’était un motif suffisant pour le tuer. Il était trop faible pour servir son Prince, d’aucune manière que ce soit. Il avait trahi et espionné son propre Père, pas pour plaire à Lorenz, non, pour garder sa misérable vie, pour prolonger cette lente agonie, pour sentir le vent dans ses cheveux, pour souffrir encore et encore de cette insatiable soif. Il avait détesté faire ça, mais il l’avait fait. Et il s’en voulait. Il se sentait… pitoyable.

Puis, il sentit quelque chose chez Sindar, quelque chose de doux, un changement agréable. Et ses paroles, pleines de vérités, enfoncèrent plus profondément encore le pieu de tristesse, dans son cœur, immobile, qui ne secouait plus sa poitrine de ses tremblements depuis déjà huit mois. Mais pourtant, si sa place était là où il se sentait bien… il était obligé de se dire qu’il ne se sentait bien, réellement bien, nulle part. Oh… en y repensant, c’était en partie faux : il avait été bien, très, très bien même, en compagnie de son Père. Achroma l’avait choisi, lui parmi les autres. Il se souvenait avec nostalgie de ses premiers instants. La douleur oui, du Soleil impitoyable, de sa lumière aveuglante, du sort que son père lui avait lancé. Un Œil du Dragon, pour lui montrer, pour lui apprendre. Oui, il y avait eu cette douleur, cette… souffrance. Et puis… et puis, il l’avait porté dans ses bras. Il l’avait serré doucement, il avait caressé ses cheveux, et veillé sur lui. Là, à cet instant, il avait été envahi par le bonheur, l’espace de quelques minutes. Il s’était senti à sa place, entièrement à sa place. Là où il devait être, le meilleur endroit où vivre. C’était là, délicatement enlacé dans les bras de son Père.

Et le Domaine, ici… oh oui, c’était agréable, calme, paisible… et beau. Mais ce n’était pas pareil. Il était un réfugié, un pauvre… petit gamin, un enfant recueilli au bord du chemin. Il était toléré, surveillé. Presque accepté, parce que Merithyn, supposait-il, l’aimait bien. Mais il était un vampire, qui n’avait pas sa place ici. Il ne pourrait jamais devenir un Baptistrel, même s’il le désirait. Il ne pourrait jamais faire autrement que de boire du sang, de blesser ou même tuer, des hommes et des elfes. Il n’avait pas sa place ici, parce que personne n’avait besoin de lui.

« J’ai essayé. J’ai essayé de me battre, je me suis enfui. J’ai voulu décider pour moi-même. Mais rien n’a vraiment changé. Je m’entraine, pour me défendre, mais ce n’est… décidément pas efficace. Je ne sais pas quoi faire. Personne n’a besoin de moi, ici, ou ailleurs. J’ai l’impression d’avoir pris un mauvais chemin, et de m’être perdu. Je voulais… je voulais voir Merithyn, et lui poser toutes mes questions, lui faire part… de toutes mes inquiétudes. Mais il ne vient pas, et il a lui-même beaucoup de soucis et de responsabilités. Avec la guerre, ces envahisseurs et… tout ça… je ne devrais pas l’embêter. Pas avec mes soucis… insignifiants. »

L'elfe haussa un sourcil en entendant la réponse, il n'ignorait pas que certains vampires n'étaient pas en accord avec les plans de Wintel mais il n'aurait pas cru que quelques uns s'opposeraient à lui pour de bon... Ainsi donc le prince maudit avait une rébellion sur les bras ? Grand bien lui en fasse ! Si seulement cela pouvait l'occuper de sorte qu'il en oublie le reste, mais il ne fallait pas trop rêver tout de même... Il haussa les épaules en voyant le désespoir de l'autre :

" Vous en parlez au pluriel, ils étaient donc plusieurs. Il n'y a pas de honte à ne pas avoir le dessus sur plusieurs adversaires d'autant plus si ils sont plus puissant et plus encore lorsqu'on est un enfant. "

Il soupira pour lui-même en songeant à toute les injustices de ce monde qui se multipliaient de plus en plus depuis le début de la guerre. Armanda était un monde dur aussi bien pour les elfes et les humains que pour les vampires comme il s'en apercevait suite à cette rencontre. Les choses iraient-elles mieux un jour ? Il avait du mal à y croire, lui-même avait vécu trop de tragédies pour avoir encore le moindre espoir. Il préférait désormais se réfugier dans sa solitude et se tenir à l'écart des sursauts des différents royaumes et de leurs affrontements, il n'y avait qu'ainsi qu'il pouvait se protéger mais comme souvent lorsqu'il était en compagnie de ce genre de petit être il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir un peu de cet égoïsme, il avait beau s'arranger pour passer pour plus jeune et insignifiant qu'il ne l'était il restait un elfe ancien dont l'antique sagesse aurait pu être utile à son peuple de même que ses talents d'acrobate et d'espion. Galadrielle aurait sans doute été ravie qu'il se mette à son service, sauf qu'il en était incapable. Quitter l'ombre protectrice qui emmitouflait sa peine et rejoindre la lumière au risque de la réveiller ? Jamais !

Une ombre passa dans son regard tandis qu'il y songeait, la douleur était bien trop présente en lui et il ne tenait pas à quitter le masque mutin et facétieux qu'il s'était forgé pour retrouver le Sindar qu'il avait été et qui avait siégé au conseil elfique. Les choses étaient mieux ainsi, par contre il pouvait au moins conseiller ce garçon et espérer peut-être que ce qu'il entendrait ce jour finirait par lui être utile dans son interminable non-vie...

"Cela peut arriver de prendre un mauvais chemin, c'est comme ça qu'on apprend. L'important est de parvenir ensuite à se retrouver soit-même mais il n'y a pas de raison que vous n'y parveniez pas. " 

Il hocha la tête en entendant parler des responsabilités de Merithyn, voilà une chose sur laquelle il était d'accord ! Le baptistrel avait énormément évolué en très peu de temps et il se retrouvait à présent avec une charge très lourde sur les épaules à commencer par celle de dragonnier, ou presque dragonnier, il n'avait pas très bien compris la différence profonde mais à ses yeux s'afficher et partager ses pensées avec un dragon comme le faisait le chanteur c'était largement suffisant pour être considéré comme un dragonnier. Il avait beaucoup changé en peu de temps mais malgré tout il restait le même et Sindar était bien placé pour rassurer ce Zaphirel à ce sujet :

" Je connais assez Merithyn pour savoir que quelque soit ses responsabilités il ne considérera jamais comme insignifiants les problèmes d'une autre personne. Les siens oui, c'est sa spécialité mais celle des autres cela m'étonnerait. Après bien sur il ne peut être partout à la fois, ici il sait que vous êtes en sureté aussi se permet-il sans doute de vous faire attendre un peu afin d'aider d'autres personnes. Il reviendra bientôt croyez moi, quelque chose se prépare... "

Il ne savait pas encore exactement quoi mais il entendait bien le découvrir. Pour une fois que les choses bougeaient chez les elfes ! Dès demain il irait fureté un peu du côté du palais Eveanelle et bien sur il garderait un œil par ici afin de ne pas rater Merithyn quand il serait de retour. En attendant il voulait se reposer, il était ici chez lui après tout non ? Tout avait été dit avec le petit vampire, et c'est donc de tout son naturel revenu au galop qu'il annonça tranquillement :

" Vous devriez partir maintenant. Si Merithyn avait dû revenir aujourd'hui il serait déjà là, nous allons devoir patienter encore un peu... "

Quelque peu réprobateur il observa son interlocuteur qui n'avait pour le moment pas bougé, sans doute trop surprit d'être congédié si cavalièrement pour réagir si vite. Eh bien quoi ?

Les paroles de Sindar avaient un effet étrange. Zaphirel ne savait pas comment cerner l’elfe. C’était trop… étrange pour lui. D’un côté, il y avait de l’insouciance, et cette étrange manière d’agir, comme une tornade, sans se préoccuper de quoique ce soit d’autre que de l’endroit où il allait s’installer. Et de l’autre, il y avait ces mots qui tombaient parfaitement juste, mais dans un tel contraste avec ses agissements, que cela devenait étrange. Mais ses conseils trouvaient un écho juste dans les pensées du jeune vampire, et cela l’avait suffisament rassuré pour qu’il se sente mieux.

Il se demandait où avait bien pu aller Merithyn. Hors de la forêt, c’était dangereux, mais il était fort. Qu’était-il allé faire aussi loin ? Et puis ce « quelque chose » qui se préparait attisait violemment sa curiosité. Il avait soudainement hate que cela arrive, peu importe ce que c’était. Il pourrait alors aider, faire quelque chose, s’occuper les mains et l’esprit. Il trépignait de découvrir ce qui allait se tramer. Peut-être demanderait-il lui-même à Merithyn. Ou alors il essayerait de le trouver par lui-même. Il ne savait pas trop comment faire, mais il trouverait : il se débrouillerait. Cela l’occuperait quelques temps au moins. Peut-être.

« Vous devriez partir maintenant. Si Merithyn avait dû revenir aujourd'hui il serait déjà là, nous allons devoir patienter encore un peu... »

Il ne bougea pas de suite. Il n’avait pas fini de poser ses questions ! Il voulait encore savoir plein de choses, qui il était vraiment, s’il pouvait lui parler de Merithyn, ou des autres Baptistrels, ou de n’importe quoi ! Mais il referma la bouche, avant de laisser échapper la moindre protestation. D’un côté, il avait raison : Merithyn ne reviendrait probablement pas de suite, et s’il revenait plus tard dans la soirée, il serait sans doute trop épuisé pour faire et dire quoi que ce soit. Zaphirel se redressa, esquivant le regard de Sindar.

« Ha je… d’accord, je reviendrais plus tard. »

Décidément, il n’allait pas s’habituer à ses manières bien vite. Il avait cependant hate de le revoir, et surtout, hate de comprendre sa façon d’être. Peut-être que Merithyn répondrait à ses questions sur lui. Mais si c’était trop personnel, il était fort à parier qu’il lui dirait de lui demander, plutôt que de tenter d’apprendre des choses sur lui dans son dos. Eh bien en attendant de le revoir, il allait demander à d’autres gens ! Il devait bien être connu par ici, surtout s’il était un vieil ami de Merithyn. Cette résolution prise, Zaphirel s’en alla, craignant de paraitre trop impoli à rester après avoir été congédié de cette manière. Ses pas le guideraient vers quelque chose à faire, peu importe où.




[ HRP :: C'est un peu court mais il n'y avait pas grand chose à dire à mon sens. A bientôt pour de nouvelles aventures :: HRP ]