Fin Mars de l'an II



Cela faisait quelques jours que maintenant le petit groupe de rebelles avaient quitté la capitale et cache de ceux qui luttaient contre les alayens et loyalistes humains.
Jamais troupe rebelle n'avait été aussi disparate. Une princesse, son ombre, sa confidente, un soldat , un général dragonnier et son lié, accompagnés d'une poignée de soldats pouvant se compter sur une seule main. Un tableau étonnant quand les seules rebelles menant des exactions contre l'empire en place étaient des soldats d'élites, des éclaireurs sachant se fondre dans la nature, des archers pouvant fendre d'une flèche des pièges posés par d'habiles meneur de terrain. En rien une poignée de fous, de courageux, téméraires ou de suicidaires préférant fuir les confortables et sécurisantes pierres d'Aigue pour lutter contre cet envahisseur tenace et qui prenait de plus en plus ses aises sur leur territoire.

La construction d'édifice à la gloire de Néant devenait chose commune et pas seulement auprès des grandes villes de l'empire, mais aussi des plus petites. Et les violences contre les populations récalcitrantes à l'abandon de toutes formes de magies devenaient chose courante et même un crime de lèse majesté. Une majesté qui devait ronger son frein et maudire les alayens tout autant qu'eux. Mais qui se complaisait tant que son royal séant pouvait s’asseoir sur le trône de son père, de son frère, de son cousin et qu'il pouvait jouir des plaisirs de la couronne et de son trésors. Oubliant que son rôle premier est d'aider, de sauver et de protéger le peuple dont il a la charge. Mais il fallait croire que laisser les alayens faire ce que bon leur semblait était sa politique. Qu'il en soit ainsi, ça ne serait pas celle de la princesse et maintenant qu'elle n'avait plus rien à perdre, elle chercherait à montrer à ses sans magie le beauté de celle-ci, sa force mais aussi son enrichissement pour tous les peuples.

La présences de troupes alayennnes avaient fait monter le petit groupe plus vers le nord, longeant la route d'Elena la Robuste. Traverser la route était pour le moment folie, il fallait un terrain plus couvert et une des forets du nord à quelques heures de cheval serait la bienvenue. Mais les convois pour apporter bois, pierres, et autres matériaux plus précieux vers la capitale du nord ouest ne cessaient d'aller et venir. Une aubaine pour ceux qui désiraient se glisser comme grain de sable dans le rouage alayen mais une difficulté pour rejoindre le nord de Gloria et avec un peu de chance la Horde.

Un des convois alayen avait planté sa tente et son campement aux bord d'un petit village bien inquiet de pareil présence.
La petite troupe rebelle se positionna plus loin, bien à l'abri mais l’œil fixé sur un ennemi dont il fallait mieux savoir où il se trouvât.
Une aubaine pour se glisser dans la peau de rebelles en action et la princesse déterminée décida de passer à l'action la nuit, pendant que Névérik ayant son tour de garde, regardait autour des chevaux leur sécurité nocturne.

Esmelda se glissa telle une ombre le long des hautes herbes pour rejoindre à quelques lieux de marche le camp de ses ennemis. Elle aussi pouvait faire mal. Pas juste être à donner du réconfort et de bonnes paroles pour ceux qui revenaient l'âme déchirée d'un combat qu'ils pensaient perdu.
Arrivée non loin du campement, la jeune femme pensa que sans moyens de locomotions, pas d'acheminement, pas d'acheminement pas de temple, pas de temple, pas de chants à la gloire de cet esprit. Simple et efficace, même si c'était reculé pour mieux plonger. Puis un cheval effrayé, ce serait la faute à un renard, coyote ou tout autre animal désirant chasser au beau milieu de la nuit. La jeune femme ouvrit doucement sa bouche dans l'espoir de chanter doucement un chant elfique permettant un sort de communion avec l'animal, mais une main vint de placer sur sa bouche lui empêchant toutes actions.

La nuit était douce. Une nuit claire, sans nuage, avec un ciel magnifique. Moucheté d'étoile, l'instant parfait pour se livrer a une petite séance de traque. Éloigné d'Elena et de sa protection toute relative, Abzalon étrennait sa nouvelle vie de mercenaire avec en poche un avis de recherche parlant d'un tueur rodant près du petit village au sud de la ville. Son campement installé entre deux chênes centenaires, il avait étouffé son feu, n'en laissant que quelques braises rougeoyantes et se préparât silencieusement a une chasse au loup. Il commençât a marché entre les arbres et les feuillages, guettant le moindre bruit, ses yeux s'habituant doucement a l'obscurité.

Les branches d'arbres craquaient et bruissaient au rythme du vent, forçant le jeune homme a une concentration extrême. Une flèche encochée a la corde de son arc, les yeux grands ouvert et l'oreille tendu, il avançait en balançant ses appuis, furetant a ses pieds pour écarter les quelques branches mortes qui pourrait trahir sa présence. Passez une petite centaine de mètres, une lueur attirât son regard, perçant entre les feuillage et étirant les ombres de manière angoissante. Il s’arrêtât net, observant l'origine de cette lumière. Tendu, il s'accroupit avec précaution. Il put voir quelques fumées monter dans le ciel, et bientôt un vent favorable lui portât l'odeur de bois brûlé. Un feu de camp. Quelqu'un était la, aux abord du village. Abzalon pensât avec espoir qu'il aurai pu s'agir de sa cible -une aubaine, s'il avait pu la surprendre dans son camp- mais chassât rapidement cette idée de sa tête. Le camp était trop proche, trop visible, les villageois n'aurai eu qu'a venir le cueillir, a coup de faux et de fourches. Le pauvre malin, acculé, n'aurai plus eu d'autre choix que de se rendre ou de combattre et mourir tant il y avait peu d'espoir qu'il ne se sorte d'un combat inégal.
Le mercenaire s’avançât lentement, pas par pas, voulant tout de même savoir ce qu'il se tramait là. Au bout de quelques mètres a peine, il put distinguer la forme plongée dans l'ombre d'une charrette chargée de quelconques matériaux.

Son sang se glaçât. Sur la route pour venir ici, il avait vu des convois semblables, mené par les Alayens. Il s'agissait de matériaux de construction pour les autels de Néant. Réaliser ceci fit remonter dans la tête du jeune homme le souvenir d'Oswald et Cassandra, tandis que l'odeur de brûlé amenât avec lui l'image de la colonne noire qui s’élevait au dessus de son village natal. Serrant les dents, il baissât les yeux. Sa main tremblait d'amertume, mais il devait se ressaisir. Après une courte pause qu'il utilisât pour respirer profondément, il se remit en marche, voulant confirmer ces pensées. Un arbre proche attirât son regard. Quelque choses n'allait pas, sa forme n'allait pas, sa couleur n'était pas faites d’après camaïeux de bruns et de noir, comme tout ceux autour, mais on y distinguait, en concentrant son regard, un aplat de couleur plus vive, moins naturelle, qui s'estompait a ses bordures pour se fondre et disparaître dans les tons de la nuit. Battant des cils, il s’avançât tel un chat et fini par distinguer avec plus de détails de quoi il s'agissait. Il aperçut alors enfin le petite mine pâle d'une personne accroupis près de l'arbre, fixant vraisemblablement le campement. Il décrivit un arc de cercle pour approcher la cible par l'arrière, fronçant les sourcils. Ne lâchant pas le visages des yeux, celui-ci dévoilât ses détails un par un. D'abord, le jeune homme remarquât qu'il s'agissait d'une femme, une jolie jeune femme semble-t-il, pâle de peau et assez petite, ses yeux s'attardèrent sur le regard plein de détermination que lançait ces yeux. Cette personne, qui qu'elle soit, était prête a tout... Mais pour quoi, d'ailleurs ? Portant son regard dans la direction où dardaient ceux de la dame. Il y vit les chevaux de trait de la cargaison. S’apprêtait-elle a les voler ? Les temps étaient dur et un cheval dressé et puissant n'est pas donné... Une fois a une dizaine de mètre de sa cible, il l’observât de longues secondes, se demandant se qu'il devait faire. Soudain, un mouvement dans sa vision périphérique attirât son attention : un homme, visiblement du campement, semblait vouloir répondre a l'appel de la nature et s’avançait d'un pas lent vers un buisson proche, probablement hors de vue de la jeune femme. Le rapide regard qu'Abzalon posât sur la jeune femme confirmât qu'elle ne l'avait pas vu, pire, celle-ci -la folle- s’apprêtait a manifestement (ou du moins, c'est ce dont Abzalon était persuadé) a parler, sa posture ayant légèrement changée, et le mouvement de ses lèvres rouges ne pouvait contredire cette impression. D'un pas silencieux, mais qui se voulait le plus rapide possible, il plaquât sa main sur la bouche de la jeune femme, et s’adossât a l'arbre de sorte a ce que l'homme ne puisse les voir. Bien plus puissant que sa proie, le mercenaire n'eut aucun mal a la maîtriser, celle-ci semblant plus que surprise. Doucement, pour ne pas la brusquée davantage, il desserrât sa prise et posât son index sur ses lèvres en signe de silence. Furtivement il regardât derrière l'arbre l'Alayens et une fois sont affaire en cours, il indiquât a la jeune femme la raison de son comportement. Elle était d'une beauté invraisemblable. D'une finesse digne d'une reine. L'adrénaline redescendus, Abzalon pouvait sentir sur sa peau le contact résiduel de celle de la jeune femme tel une caresse qu'on aurait attendus trop longtemps. S'adossant a l'arbre, il s’affaissât légèrement, transperçant la noble personne qui se tenait devant lui de ses yeux verts.

Mais entre vouloir et pouvoir, il y a parfois un grand pas à franchir et dans le cas de la princesse. Une grande main, caleuse, à la peau qui sentait la terre. Une main qui se posa fermement mais sans violence sur sa bouche, l'empêchant de pouvoir lancer son cri et ainsi d'effrayer les chevaux des alayens. Eh bien, la princesse rebelle grande investigatrice et terreur des routes et campements alayens avait encore bien du travail et des choses à apprendre. A peine arrivée au camp, elle était déjà repérée par le premier des éclaireurs. Maudit soit-elle. Elle aurait dû demander et tenter de prendre des cours auprès d'un maître espion. Là elle était digne d'une renarde lâchée dans un poulailler se faisant prendre dès l'entrée par le fermier. La princesse suivit le mouvement de l'homme qui la cacha derrière un arbre. Un alayen qui ne voulait pas ameuter tout le camp par la présence d'une jeune curieuse. Un autre homme passa au loin. Son sauveur du moment voulait-il la garder que pour elle ? Esmelda jouerait les ingénues en gardant à l'idée que son poignard était le long de sa jambe. L'homme enleva sa main de sa bouche. Il était jeune, il ne devait pas être bien plus âgé qu'elle. Grand et assez imposant. Il faisait sombre mais la princesse pouvait voir que la vie avait travaillé sur lui.

La jeune femme balbutia prenant partie qu'il était un des habitants de ces tentes. Prudence est mère de sûreté. Enfin si sûreté il pouvait encore n avoir.

« -Maiis. Jj...je je suis désolée mon Seigneur. »

En chuchotant, la princesse se recula un peu de son sauveur ou bien bourreau à venir. La jeune femme hésita mais elle continua en cherchant à savoir qui était l'homme face à elle et si elle devait fuir bien vite ou fuir plus doucement. Il n'avait pas dit qui il était, continuant à la fixer de ses yeux clairs.

« -Je voulais juste voir vos chevaux, mon Seigneur. Je ne suis pas une voleuse ni une rebelle. Mais je n'ai pas l'habitude d'en voir de si beaux de si près. »

voilà jouer le rôle d'une paysanne un peu godiche venue voir de près les chevaux de ces soldats. Peut être chapardée un peu de nourriture. La nourriture était une des principales ressources qui venaient à manquer en temps de guerre, de batailles et de luttes. Même si la région était abondante en gibier, cela ne permettait pas à toute une population de vivre avec opulence. Esmelda n'aimait pas jouer ce rôle, car pour elle c'était se moquer de ces personnes dans le besoin. Mais là sa vie en dépendait. Il fallait parer au plus vite. D'ailleurs, une idée émergea dans son esprit.

« -Ici ils viennent à manquer de tout. Le foin manque.»

Oui Esmelda, tu pouvais faire mieux. S'il arrive à croire en ton excuse bidon ce serait un miracle. Mais bon qui ne tente rien n'a rien. Et son explication pataude passerait peut être, si elle y croyait bien fort. Cherchant à être encore plus convaincante elle ajouta d'une petite voix timide.

« -Je venais juste les voir... »

Abzalon écoutât en silence les explications de la demoiselle, plongé dans la contemplation de ce qui devait être la plus belle femme qu'il avait vu a ce jour. Il l'écoutait d'un air passif, pouvant paraître peu intéressé et il jetait de temps a autre un coup d’œil furtif au campement Alayen, pour vérifier que personne ne viendrait les surprendre. Sans doute paraissait-il idiot d'un point de vu externe, adossé a son arbre et manifestement tendu. Il regardait fixement l'activité du campement lorsqu'il entendis le mot « Seigneur », ce qui lui arrachât un rictus compatissant et lui fit tourner la tête vers sont interlocutrice. Il savait qu'elle mentait. Elle ne ressemblait en rien a une paysanne et le village se trouvait de l'autre coté du campement, ou en tout cas, elle aurait du faire un détours pour arrivé de ce coté la. Elle devait avoir un abri quelque part en forêt. Enfin, de cela, il se moquait éperdument. Il écoutait simplement sa petite voix craintive et regardait son air surpris sans dire un mot. C'était le genre de rencontre qu'Abzalon détestait et adorait a la fois. Trop idiot pour ne pas être rustre, trop intelligent pour ne pas avoir l'air ridicule en conséquence. A quoi pouvait bien-t-elle penser de lui ? Le prenait elle pour un agresseur quelconque, dévoué au Néant ?

Une fois qu'elle eut terminée son discours, d'un geste calme, le jeune homme tendis légèrement les mains devant lui et exhibât leurs dos vierge de tatouages. Si cela ne prouvait pas qu'il n'avait rien a voir avec le Néant, cela prouvait au moins qu'il n'était pas originaire d'Alaya et il espérait d'ailleurs que cela suffirait. De nos jours, il était bien plus évident de prouver que l'on était de leurs coté plutôt que l'inverse... Néanmoins, son histoire ne tenait pas la route. Sans être trop hâtif pour tirer des conclusions, le jeune homme occultât les rebelles de sa réflexion ; a la fois trop difficile a trouver et trop bien organiser, Abzalon doutait qu'une rebelle agirait seule, sans possibilité d'échappatoire. Non, ce n'était probablement pas une rebelle, au vue des maigres informations qu'il possédait. Reposant les mains sur ses cuisses, il pris la parole, en chuchotant :

« Tu as la peau trop pâle pour travailler dans les champs. »

Suite a cela, il se remit sur ses appuis, mit son arc autour de son torse et commençât a s'éloigner du campement lentement, en assurant chaque un de ses pas et en tenant son épée par la garde afin que celle-ci ne batte pas dans ses jambes. A peine un mètre plus loin, il se retournât et plantât son regard dans celui de la jeune femme.

« Tu devrais t'éloigner de ce camp. Si tu es seule, viens avec moi, j'ai un endroit ou faire halte, a une centaine de mètres d'ici. Si tu le souhaite, nous iront voir ensemble les Alayens, pour que tu puisses prendre soin de leurs chevaux... Je serait curieux de savoir d'où tu tires cet amour pour les bêtes. »

Le ton de sa voix n'était en rien sarcastique ou moqueur, il était au contraire des plus sérieux : il tentait de déstabiliser la jeune femme, de voir son but, son objectif... Il ne voulait pas entendre au village le lendemain, qu'une rôdeuse avait été attrapée et tuée dans le camp Alayen, et que des représailles serait a prévoir. Il ne voulait pas que les gens souffres, et surtout a cause de quelqu'un qu'ils ne connaissaient probablement pas. Mais peut être qu'il se voilait la face, d'un certain coté. Il savait également qu'il désirait entendre encore la jeune femme, en savoir plus sur elle et sur ce qu'elle fichait ici, seule.

La jeune femme ne savait pas trop comment se tenir face à un tel individu. Le dernier alayen qu'elle avait en face d'elle, dans cette taverne de l'ouest, avait été le prêcheur et sa main autour de son cou cherchant à la faire taire. Autant dire pas un très bon souvenir et encore moins quelque chose qu'elle avait envie de réitérer. Bien loin de là. Tout ce qu'il fallait c'est qu'elle ne passe pas pour une rebelle. Juste une jeune femme du peuple, une loyaliste, un pro alayenne, récitant avec soins ses prières à Néant. L'homme ne semblait pas être vêtu comme un militaire, peut être un homme d'écurie, de cuisine, ou autre. Mais leur foi restait la même. Et son destin aussi si le jeune homme savait qui elle était.
Droite face à lui, un brin anxieuse, il fallait qu'elle trouve un échappatoire, courir dans les sous-bois ne serait peut être pas la meilleure des idées. L'homme était bien plus imposant qu'elle et sûrement bien plus fort. A moins qu'elle aille se coincer dans un arbre en grimpant dedans. Ou en usant de la magie, mais cela restait encore risquer en ces temps où la magie se jouait d'eux. Sa voix, son totem, qui envoûtait parfois les foules serait peut être sa principale arme. Mais en attendant, il fallait analyser la situation. De plus il fallait être discrète, de un elle pourrait passé à plusieurs alayens face à elle. Et en plus avec la chance qu'elle avait, le prêcheur dormait peut être dans une de ses tentes.

La jeune femme tenta de faire diversion, en réfléchissant bien plus à fuir que à ses mots.

« -Vous êtes un fin observateur Messire. Même de nuit. Ma peau reflète le train de vie que je menais et qui hélas est aujourd'hui bien terminé. Cela changera sous peu. »

Après tout, c'était vrai. Esmelda vivait maintenant dehors et non plus sous les murs et toit protecteurs d'Aigue ou de Gloria. Pour l'air vivifiant, le soleil tiraillant sa peau, et bien loin de tous les soins que lui apportait sa vie de jeune princesse.
Mais le jeune homme lui fit écarquiller les yeux. Que lui demandait-il là ? De le suivre ? Il l'avait prise pour une fille de mœurs légères ? Elle ressemblait à ce genre de filles ? La situation changeait, elle devait fuir et vite au vue de la tournure des événements. Finalement, une nouvelle rencontre avec le prêcheur valait mieux.

« -Seule ? Avec vous ? Est-ce une proposition ? Un moyen de me proposer une soirée des plus frivoles dans les bois ? Ou une réelle envie de me voir bien loin de ce camp ? »

Il n'avait pas l'air des plus bourrus et des plus mal polis. Sa voix et son ton de voix n'étaient pas menaçant, loin de là. Mais Esmelda restait méfiante. Il fallait se méfier de l'eau qui dormait. Et la jeune femme préféra rebondir sur son autre question.

« -Mon amour des animaux, des chevaux entra autre vient de la beauté, la force, la majesté d'une telle créature. »

Ce qui était vrai aussi, même si c'était bien plus pour faire la conversation et continuer de regarder ses possibilités de fuite. Sa bague lui permettrait de disparaître un temps. Ou son épingle à cheveux lui re-sauverait la vie une fois de plus ?

« -Mais si vous n'êtes pas alayen, que faites vous là ? Hormis me sauver ou bien profiter de moi ?»

Après tout se pourrait-il qu'il ne soit qu'un paysan du coin ? Cela arrangerait bien la jeune femme, même si le danger restait et continuait de planer sur sa tête.

Abzalon dévisageat longuement la jeune femme qui se tenait devant lui, médusé par ces propos. Perdant un peu de son contrôle lorsqu'elle abordat ce qu'il aurait pu vouloir lui faire, et tout ce que cela sous entendait, il faillit perdre l'équilibre si bien qu'il du poser une main a terre pour ne pas tomber. Son regard passait de la jeune femme au camp de manière saccadait, craignant que les ombres qu'il appercevait en mouvement derriere les feuillages ne soit des soldats venu verifier que rien ni personne ne les épiaient, et pour le coup, il aurait sans doute eu raison. Son esprit fonctionnait a toute vitesse. Cherchant une solution pour la faire s'éloigner de ce qu'il interpretait comme étant une promesse de souffrance, il baissat de nouveau les yeux sur elle, sourcils froncés. De son point de vue, la réaction de la jeune femme était d'une absurdité sans bornes et ils n'avaient pas vraiment le temps de débattre, ou du moins pas si près du campement.

Il fallait qu'il trouve une solution rapidement, d'autant que son imagination faisait s'étendre les ombres et l'incitait a penser que les Alayens risquait de leurs tomber dessus d'un instant a l'autre. Elle avait peur d'une aggression des Alayens, elle avait peur d'une aggression de sa part. Elle ne le suivrait pas ainsi, et ce serai d'autant plus idiot de tenter de la forcer, cela ne ferait que confirmer ses soupçons. Abzalon était face a une impasse. Il savait bien qu'il dise quelque chose. Le mutisme était une réponse qui voulait souvent confirmé l'hypothese de l'interrogateur, et dans le cas precis, il n'en était rien. Plantant son regard dans celui de la jeune femme, il preferat jouer prudemment, sur la logique de celle ci.

« Si j'ai ce genre d'intention, n'était-il pas plus simple pour moi de ne pas vous lacher dans un premier temps ? Je ne souhaitais que vous sauver.»

Elle avait un regard ardent, brillant dans la nuit comme celui d'un animal sur la defensive. Il savait malheureusement que pour beaucoup d'animaux, la défensive passe par l'attaque. Dans ce genre d'instant, le jeune homme se sentait minuscule, pas a sa place, mais il était hors de question que la jeune femme ne soit blessé par les serviteurs du néant. Il sentait une legere peur lui remonter le long de la colonne vertébrale a cette idée.

« Mon nom est Abzalon Solari. Je suis actuellement mercenaire et je recherche un meurtrier qui sévit dans la région, cette foret est l'endroit où je campe. Je chassais mon repas lorsque je vous ai vu. Je vous en pris, madame, eloignez vous de ce camp... Nous risquons tout les deux gros si on nous trouve. »

Le jeune homme fit quelques pas en arrière, invitant son interlocutrice a le suivre, de la main. Il n'était pas agressif mais visiblement pressé par le temps. Il oubliait les interrogations qu'il avait eu peu de temps plus tot vis a vis des intentions de la jeune femme. Tout ce qu'il souhaitait désormais était de la savoir sauve.

Sa façon de la regarder avait de quoi la déstabilisait. Cherchait-il à lui faire peur ou bien à la juger, juger ses mots.

« -Pas forcément. En vous suivant, je ne crie pas déjà. Ce qui est bien plus simple si vous ne désirez pas vous faire attraper ou partager votre butin avec ceux qui dorment. Et puis par la suite vous pourrez dire que j'ai pris le risque de vous suivre, donc que quelques part j'acceptais d'aller vers vous. »

C'était logique non ? Le suivre de son plein gré pouvait donner un mauvais signal ou bien celui qu'elle acceptait son destin en sa présence.

« -Me sauver. Pour le moment, je ne suis pas en danger. Seulement de vous. »

C'était vrai. Il y avait de quoi se questionner quand à ce genre de proposition. Esmelda connaissait les hommes. Et même s'il se présenta, cela ne voulait rien dire. Un faux nom c'était facile à glisser et pour preuve. Elle ne pouvait lui dire qui elle était réellement.

« -Enchantez Abzalon Solari. Je suis... Vous pouvez m'appeler Mellyn. Un meurtrier ? Je vous promet que ce n'est pas moi. Vous êtes une sorte de mercenaire ? »

La jeune femme essayais de jauger et juger l'homme face à elle. Un vrai mercenaire ou bien un habile alayen. Il fallait rester prudente, Esmelda n'avait pas le droit à l'erreur.

« -Que voulez-vous qui nous arriv.... »

Mais la jeune Mellyn fut coupée par un coup de tonnerre qui vit battre son cœur bien plus vite.

« -HEY LA !! »

La jeune femme sursauta à la voix de l'homme qui se trouvait derrière la haie de broussailles qui leur servait de cachette de fortune. Leurs voix devaient avoir titillé l’ouïe de la garde. La princesse se tourna vers le jeune mercenaire.

« -Eh bien j'accepte votre proposition si vous avez réellement un lieu sûr pour nous y cacher... »

La princesse détala comme un lapin, si elle était prise, elle ne donnait pas cher de sa tête et une nouvelle rencontre avec le prêcheur n'était pas dans ses prérogatives du moment. Les hommes du Néant courraient derrière eux armes à la main pour certains, armures pour d'autres mais tous avaient la même détermination. Mais surtout ils étaient bien plus prompt au combat et à la course que la princesse royale, même déguisée en rebelle.

« - Nous n'y arriverons jamais. »

Ils étaient plus nombreux et surtout bien plus rapide que la jeune femme. Sur la distance, ils ne la lâcheront pas, et le jeune Abzalon ne pourrait pas venir à bout de tous les soldats seul. La princesse se retourna et lança à ses adversaires un sortilège. Ils pourront encore maudire et médire sur la magie. Un peu plus un peu moins. Une barrière de ronce serait un parfait frein et un très bon moyen de continuer à avancer sans pour autant faire souffrir ces hommes qui suivaient leur foi et leur prêcheur menteur sans comprendre et accepter la différence et ses bienfaits.

« -Ça les retardera un peu... »

Esmelda reprit sa course en revenant auprès du mercenaire. Et d'un aplomb sur d'elle mi sérieuse mi amusée, la princesse déclara au jeune homme.

« -Je vous promets de faire pareil si vous êtes un rustre. »

Mais les gardes n'avaient pas l'intention de les lâcher, et ils reprirent leur course folle vers une cachette propice à se faire oublier un temps.