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Amaury Ataliel

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Amaury Ataliel
Amaury Ataliel
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Magie: Mage puissant
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Baptistrel Chantebrise

Amaury Ataliel Empty
MessageSujet: Amaury Ataliel Amaury Ataliel Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 2:23




Identité

  • Race : Elfe
  • Nom : Ataliel
  • Prénom : Amaury
  • Surnom : Amaury du Désert
  • Date de naissance : 8 mai 1190 de l'âge d'argent
  • Age réel : 570 ans
  • Age vampirique : /
  • Lieu de naissance : Royaume elfique
  • Lieu de vie : Nomade, ses seuls véritables refuges étant le Domaine Baptistral et le Désert
  • Rang social : Noble
  • Poste/emploi : Cawr Chantebrise, musicien itinérant
Caractéristiques (Clic!)


Physique :

  • Force physique : Très faible
  • Agilité : Moyen
  • Furtivité : Faible
  • Réflexes : Bon
  • Endurance : Bon
  • Résistance : Moyen
  • Beauté : Très bon

Mental :

  • Force mentale : Très bon
  • Patience/self contrôle : Très bon
  • Perception : Bon
  • Intelligence : Bon
  • Prestance/charisme : Très bon
  • Mémoire : Très bon

Combat :

  • Epée : Aucun niveau
  • Dague et poignards : Aucun niveau
  • Armes d'hast : Aucun niveau
  • Armes contondantes : Aucun niveau
  • Hache : Aucun niveau
  • Faux : Aucun niveau
  • Fouet : Aucun niveau
  • Art du lancer : Aucun niveau
  • Art de la parade : Aucun niveau
  • Arc : Aucun niveau
  • Arbalète : Aucun niveau
  • Mains nues/pugilat : Aucun niveau
  • Equitation : Faible



Equipement et magie

  • Arme principale : Son éloquence, aucun objet susceptible de blesser n'aura jamais sa place entre ses mains.

  • Autres objets : Sa flûte traversière et sa petite harpe de voyage sont les seuls objets dont il ne se sépare jamais. Il possède aussi une grande harpe qu'il laisse au Domaine Baptistral et un beau masque d'argent qui dissimule en partie son visage.

  • Alignement : Très bénéfique

  • Style de magie principal : Baptistrale

  • Arrogance : Catastrophique
  • Gentillesse : Exceptionnel





Description physique


Au loin, il apparaît comme un fantôme. Haute, fine silhouette faite d'une blancheur immaculée, c'est avec autant d'étonnement que de curiosité qu'on le regarde. Il n'y a que ses vêtements pour trancher et donner un peu de présence à cet homme fait d'une unique couleur, mais on apprécie cette pureté, reflet tout entier de son âme généreuse et bienveillante. Sa stature ne dépasse pas la moyenne chez les siens, mais le rend tout de même assez grand auprès des humains et d'autant plus que sa carrure n'a rien de très impressionnant, alors qu'il semble tout juste assez large pour paraître mince et non maigre.
Au premier coup d’œil, on le devine aussitôt comme quelqu'un de simple. Ses vêtements ne sont pas vraiment chatoyants et leur étoffe n'a rien de riche, il ne porte pas de bijoux et se contente de ces couleurs neutres qui n'attirent jamais vraiment l'attention. Au cœur du désert, il revêt cet habit couleur de sable et d'ébène qui masque chaque parcelle de sa peau, à l'exception d'une partie de son visage, découvrant surtout son nez et ses oreilles, pour qu'il puisse respirer, s'orienter et surtout rester en contact avec l'extérieur pour entendre les vibrations du monde.
Son allure, le rythme de ses pas et ses gestes amplis de douceur, sans jamais faire preuve de brutalité lui donnent une aura très pure, presque candide. Il est gracieux, élégant dans sa simplicité. Ses longs cheveux aussi blancs que la neige la plus pure glissent le long de son corps comme une rivière calme et infinie, s'alliant à son visage immaculé.

Sa peau de porcelaine et ses traits d'une grande finesse lui donnent un air presque féminin, même pour un elfe et ses longues oreilles se dévoilent discrètement à travers sa belle chevelure. Discret de nature, on le voit souvent arborer cet air rêveur, un léger sourire sur ses lèvres pâles et s'il paraît toujours doux, il sait rapidement se montrer très expressif, bien qu'il soit plutôt rare de voir la colère ou tout autre sentiment négatif se peindre sur son visage.
C'est son regard qui attire autant qu'il choque et qui termine le portrait de cet homme simple. Autrefois, ces prunelles semblables à deux lapis-lazuli ont pris un bleu lunaire à cause de sa cécité, d'une pâleur qui les feraient presque se fondre avec le reste de son regard, rehaussées juste assez pour qu'on puisse les discerner. Vides, ils se posent au hasard sans jamais se fixer sur quiconque, mais ne laisse pas sur son visage une image sans vie.


Description mentale


À l’instar de cette blancheur qui caractérise son apparence, c’est un être tout aussi candide que l’on découvre peu à peu. D’un naturel des plus bénéfiques, il ne peut s’empêcher de se montrer bienveillant et attentionné à l’égard d’autrui, incapable de faire quoi que ce soit de mal. Le mensonge, la tromperie sont des actes qui le déchirent à chaque instant et il ne rêve que d’un monde où ces sentiments aussi négatifs que néfastes n’existent pas. Un brin idéaliste et rêveur, il met toute sa gentillesse et sa générosité à l’épreuve pour estomper ce qui lui déplaît, sans pour autant toujours vivre dans son propre univers. Le monde lui a appris la dureté de la vie, n’a jamais fait que le plonger dans des difficultés extrêmes et s’il ne supporte pas les conflits en général, il a appris à se montrer compréhensif et conciliant.
Sa sensibilité l’a pourtant rendu plutôt fragile et parfois craintif, si bien qu’il ne s’impose que lorsqu’il a pleine confiance dans son entourage et reste discret le reste du temps, souvent un peu absent. Lorsqu’il est seul un peu trop longtemps, il perd alors sa voix pour sombrer dans un certain mutisme et vagabonde dans un autre univers. Sa solitude a fait de lui quelqu’un d’autonome et il n’a pas de mal à survivre aux conditions difficiles grâce à sa longue vie dans le désert. Devenu indépendant, il ne se soucie pas du regard et des remarques des autres concernant sa propre vie et en profite comme il l’entend, il devient alors têtu et rien ni personne ne saurait lui faire entendre raison. Il chérit plus que tout cette liberté durement acquise et n’est absolument pas prêt à y renoncer.

Mais en dépit de cette distance qu’il peut parfois mettre avec les autres, il se révèle comme un être passionné, exalté même, et son visage expressif n’a pas peur de dévoiler ses propres sentiments. En tant que baptistrel, il ne saurait être autrement et se montre toujours sincère. Avec ceux qu’il aime, il devient alors extrêmement dévoué et loyal.
Une fois son silence brisé, son éducation de courtisan et son amour pour les siens, plutôt que pour le combat, font de lui un bon orateur qui sait placer les mots justes pour convaincre. À cela s’ajoute son côté mélomane qu’il exprime aussi souvent que possible, préférant bien souvent jouer ou chanter pour apaiser les cœurs au lieu de lever la voix.




Histoire


Prologue – Les Ennemis Mortels
Avant 1189 de l'âge d'argent

Le sentiment de satisfaction qui l'envahit, alors qu'un joli sourire se dessinait sur ses lèvres, lui semblait des plus délicieux. Serrant un peu plus fort la main qui s'était emparée de la sienne, elle n'eut qu'à prononcer un mot pour briser l'attente oppressante du jeune elfe. Dans ses yeux brillait une flamme passionnée, une flamme qu'elle aimait tout particulièrement et qui avait toujours su nourrir son plaisir d’intrigante. Même si elle avait voulu l'épouser pour sa situation, son cœur n'était pas tout à fait froid à son égard.
Enfin, après tant d'attente, elle allait s'élever socialement et se hisser un peu plus haut vers son ambition dévorante de pouvoir ! Bien sûr, sa famille n'était pas à plaindre, mais elle se trouvait inflexiblement en-dessous des Ataliel et eux, sans être totalement au sommet, savaient briller d'une toute autre manière. En cette douce journée sonnait l'accomplissement de ses ambitions. Plus rien maintenant ne saurait la défier et l'avenir brillait devant elle sans aucun nuage pour assombrir son horizon.

Le chemin qui les menait jusqu'à la demeure familiale la laissait à chaque pas plus orgueilleuse que jamais et l'on pouvait aisément se méprendre sur l'air réjoui qui se peignait sur son visage. L'annonce fut accueillie avec une joie non dissimulée par ses parents, tandis que son frère se contenta d'un regard froid à leur égard. Depuis des siècles, l'ambition dévorait leur famille et se transmettait de génération en génération, n'épargnant que quelques rebuts dont on avait depuis longtemps oublié le nom. Aussi, lorsque l'un d'entre eux parvenait finalement à accomplir ses objectifs, on ne pouvait que le célébrer ou le haïr. Pour ses parents, il commençait à être temps de laisser la place aux plus jeunes et ils voyaient en eux tout le chemin qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de parcourir. Le frère comme la sœur méritaient amplement leur estime et ils semblaient déjà s'élever comme si rien ne pourrait jamais les arrêter. Astaroth, contre toute attente et malgré son talent inné pour les discours, avait choisi la voie des armes ; Leokadia qui avait longtemps vu en lui son complice de toujours ne lui pardonna jamais ce choix.

En grandissant, chacun avait choisi ses propres directions et, comme deux aimants, ils savaient autant s'attirer que se repousser. Avec les années, la déception de Leokadia n'avait fait que grandir, tout comme la distance qu'elle se bornait à laisser entre eux et qu'il ne semblait plus capable de raccourcir. La fierté d'Astaroth l'avait rendu froid et dédaigneux, mais ce fut elle pourtant, qui en ramenant cet homme sous son toit, brisa toute apparence de sympathie dans son regard.
Bien qu'irritée par son attitude aussi froide que silencieuse, elle ne dit rien lorsqu'il lui tourna le dos et la laissa seule avec le reste des siens. Qu'il en profite, ce serait l'une de dernières fois où il serait encore au-dessus d'elle !

Évidemment, pendant toute la semaine de leur mariage, il ne fit que l'insulter, montrant clairement à elle seule qu'il n'était là que par convenance et qu'il méprisait chacun de ses plaisirs tout comme il se moquait de sa petite victoire. Il y avait toujours eu une guerre entre eux, une de ces rivalités orageuses qui sans être contenue aurait pu facilement faire trembler le monde. Elle aurait dû se réjouir face à ce mauvais perdant, et pourtant, il y avait toujours quelque chose en lui qui faisait gronder une rage sourde dans son cœur. Elle aurait pu le haïr farouchement si elle n'avait pas tant voulu qu'il lui tende la main, qu'il la regarde comme autrefois.
La rupture définitive s'acheva dans un dernier moment d'hypocrisie où, témoin de son inexorable ascension, il demeura à ses côtés sur l'autel, attestant sans un mot de la véracité de cette union. Les mots qui les séparèrent furent d'une rare violence, comme s'ils s'étaient mutuellement poignardés, sans hésitation aucune.

Il aurait fallu sans doute plus que ces quelques décennies pour qu'il lui pardonne son abandon. Fier et jaloux, il n'avait en fait jamais accepté que cet homme à peine mieux né que lui prenne possession de sa sœur, quand bien même il n'avait pas eu son mot à dire, et Eriu Ataliel n'avait pu que subir ses sarcasmes déguisés, jamais assez brillant pour rivaliser avec son éloquence sans faille. Heureusement pour lui, l'homme d'ivoire avait choisi son propre exil et s'était définitivement détaché de la cité pour se plonger au cœur de sa carrière militaire.
Acharné, il poussa l'insolence dans sa célébrité, faisant parler de lui sur les terres des elfes même là où il n'était pas et le couple ne put que subir ses attaques lointaines, sans aucun moyen de riposter, quand bien même il se dressait encore parfois devant leur porte. Pourtant, le talent n'était jamais assez suffisant et il était contraint de se borner dans l'attente. C'était toujours dans l'adversité qu'il se révélait, mais il n'y avait point de guerre pour satisfaire son appétit de conquérant. Pire encore, chaque année les affaiblissait un peu plus, alors que les dragons emportaient avec eux la magie si nécessaire à leur bonne santé.

L'envol du dernier dragon le rappela à la cité. Leokadia avait toujours été une femme de magie, un puissant flux coulait dans ses veines, mais il avait fini par se tarir lui aussi, l'abandonnant à la faiblesse d'un corps dont on aurait retiré l'essence première. Ce fut Eriu lui-même qui le ramena à son chevet, faisait fi pour un temps de leur rivalité. Au cours de ses délires, elle prononçait parfois son nom, le réclamait même, et il était prêt à tenter tout ce qui pourrait la sauver, même le plus improbable, même le plus insupportable.
Comme revenu depuis un autre univers, Astaroth précipita leurs retrouvailles et se trouva aussitôt à serrer sa main quand elle dépérissait dans ce lit qui lui servait d'écrin. Si lui, comme tous les siens, se sentait affaibli en ces tristes heures, elle ne pouvait pas l'abandonner maintenant, pas encore.

Il fallut plusieurs années pour qu'elle s'en remette suffisamment et autant de temps pour que les hommes s'accommodent à la présence de l'autre, refusant chacun de quitter cette femme qu'ils aimaient tous deux à leur manière. Ce fut une période étrange où il ne régnait qu'amour en sa compagnie, tandis qu'un long et intense conflit grandissait de l'autre côté de cette porte. Si les deux hommes n'avaient pas tant cherché à garder pour eux-mêmes cette haine qu'ils cultivaient farouchement, ils en seraient certainement venus aux mains.
Pourtant, un jour, ils retrouvèrent tout à fait cette femme qu'ils adoraient et ils n'eurent donc plus aucune raison de se trouver dans la même pièce. Cela n'empêcha pas Astaroth de revoir sa sœur, leur réconciliation ne faisant plus aucun doute après toutes ces années à être hantés par le spectre de la mort.

Chapitre I – Un cadeau des Esprits
De 1189 à 1291

Cela faisait si longtemps qu'il en rêvait qu'Eriu ne crut pas à son bonheur quand on lui annonça la nouvelle. Pour la première fois depuis des siècles, des larmes coulaient sur ses joues, alors qu'il serrait contre lui sa femme. Il allait être père ! La magie les avait peut-être abandonnés, il avait presque failli perdre Leokadia, mais voilà que maintenant l'avenir lui souriait à nouveau !
Ce fut aussi certainement les plus longs mois de sa vie, tant il était impatient de voir naître ce petit être qui tiendrait pour moitié de lui, mais aussi parmi les plus heureux qu'il ait pu vivre et la fuite de sa nièce ne l'irrita pas longtemps, tant il était centré sur sa propre famille.

À l'aube du 8 mai 1190, il put enfin faire la connaissance d'Amaury, Amaury Ataliel. Il avait hérité de la chevelure blanche de sa mère et était si minuscule qu'il avait peur de le blesser en le tenant dans ses bras. Mais c'était son fils, le plus beau cadeau qu'on ait pu lui offrir.

Puis les années avancèrent à mesure qu'il grandissait, gravant dans la mémoire de ses parents de merveilleux souvenirs, marqués par l'innocence de cette enfance qu'on lui permettait encore avec plaisir. Ce fut des années de bonheur dont Amaury ne se souvient pas tout à fait, mais un temps où ils formaient encore une belle famille, loin de l'hypocrisie, de l'exigence et de la haine, ou du moins, c'était ce qu'il croyait.

*

Lorsqu'il fut assez grand, on commença à le former pour ce qu'il serait plus tard, un courtisan dévoué à la cause des Ataliel et plus précisément à l'ambition familiale. On lui apprit donc très tôt à bien se tenir, à parler correctement et à intégrer toute l'étiquette des elfes, dans sa forme la plus complète, de manière à ce qu'il soit tout à fait irréprochable. Il fallait aussi qu'il sache réfléchir, analyser la situation, prendre des décisions et comprendre tout ce qui pouvait se cacher derrière les mots ou le langage corporel. Le mensonge ne devait pas être une contrainte et il lui faudrait savoir comment se servir des autres, comment les utiliser pour son propre intérêt.
C'était une foule de notion subtiles qu'il acquerrait avec les années, mais que l'on commençait déjà à aborder quand le petit elfe, lui, n'aspirait encore qu'à aller s'amuser et profiter de la nature. Mais plus ce temps passait et plus on le restreignait, si bien qu'il devait passer de longues heures à étudier et à s'ennuyer, n'ayant pas vraiment de plaisir à rester enfermé toute la journée.

Ce fut son oncle qui lui accorda un peu de distraction en lui apportant une petite flûte et en lui montrant comment en jouer. Il ne venait pas souvent à la maison, disant être souvent trop occupé par son travail, mais ils allaient parfois chez lui avec sa mère ou se rencontraient à l'extérieur, se donnant quelques secrets rendez-vous. L'enfant se prit rapidement de passion pour la musique, pour cet instrument en particulier, et passait facilement plusieurs heures par jour à en jouer, ravissant bientôt les oreilles de ses parents, qui acceptèrent finalement de lui trouver un professeur.
Il parvenait aussi à s'échapper à la fin de la journée pour s'amuser avec une bande d'enfants qu'il connaissait depuis quelques années. Amaury n'était pas vraiment bavard, il était même plutôt timide et réservé avec la plupart des elfes, mais sa gentillesse naturelle et sa préoccupation des autres étaient telles qu'on ne pouvait l'embêter pendant très longtemps. Et puis, il y avait Aneirin, son meilleur ami, toujours prêt à le défendre et avec qui il était parfaitement inséparable, même s'il le retenait bien souvent de faire des bêtises.

Mais ses parents finirent par l'arracher à la douceur de cette vie insignifiante. Ce n'étaient que des gamins des rues, bien loin de leur statut de haute famille et maintenant qu'il était plus grand, il ne pouvait plus les revoir. On lui présenta à la place d'autres professeurs et d'autres jeunes elfes, souvent plus âgés que lui et dont le sérieux lui faisait regretter les facéties incessantes de ses anciens amis. Personne ici n'aurait pu le faire rire avec autant de force qu'Aneirin et c'est au moment où il réalisa qu'on les avait définitivement séparés qu'il comprit à quel point il était malheureux.
Il n'eut alors d'autre choix que de s'enfermer dans sa musique, la seule chose qui lui permettait encore de s'évader et de rêver un peu, quand on voulait l'enfermer dans un monde pour lequel il ne partageait aucune conviction. Il n'avait jamais menti, n'avait jamais eu envie de le faire, tout comme l'idée de vouloir consciemment nuire aux autres ou ne serait-ce que de penser à soi avant les autres échappait totalement à sa compréhension. Il ne voulait tout simplement pas être ce genre de personne, il en était trop éloigné de caractère pour y arriver, même s'il avait voulu faire des efforts.

D'ailleurs personne n'était content de lui, on voyait bien qu'il ne faisait aucun progrès et qu'il s'obstinait à ne pas intégrer certaines leçons qui étaient pourtant cruciales ! Il se faisait gronder souvent, on était de plus en plus sévère avec lui, même ses parents qui l'aimaient plus que n'importe quoi n'étaient pas satisfaits. Ils ne comprenaient pas comment ce fils pouvait être si différent d'eux et pourquoi il ne partageait pas la moindre de leurs convictions quand eux-mêmes, à son âge, savaient déjà bien plus de choses que lui.
Mais Amaury voulait être musicien. S'il dormait ou n'écoutait pas ses leçons, il faisait en revanche preuve d'une assiduité hors du commun avec son professeur de musique et ses progrès au cours de toutes ces années avaient été prodigieux. On voyait donc parfaitement qu'il ne manquait pas d'intelligence, ni de capacité d'apprentissage, s'il en avait eu simplement la volonté, il aurait été sans conteste brillant, peut-être plus qu'eux-mêmes.

Il trouvait peut-être un peu de réconfort auprès de son oncle, ignorant encore que ses encouragements à persévérer sur la voie qui lui plaisait n'étaient pas tout à fait désintéressés et qu'il en profitait dans son conflit avec Eriu. Mais en atteignant l'adolescence, bien des choses commencèrent à se faire plus claires dans son esprit. Malgré son déni vieux de nombreuses années, il dut un jour se rendre à l'évidence : sa famille l'aimait, mais elle aimait avant tout qu'il soit comme eux, même Astaroth n'était pas si différent d'eux.
Un mur de plus en plus solide semblait se dessiner entre eux, même si Amaury avait toujours eu la volonté de leur faire plaisir, il y avait certaines choses sur lesquelles il était incapable de céder, comme si c'était franchir une frontière qu'il était totalement incapable d'atteindre. Curieusement, cette réflexion le poussa à cesser son insolence et à faire de son mieux : s'il ne pouvait se résoudre à mentir, tromper, tricher, cela ne l'empêchait pas d'apprendre correctement tout le reste et avec un peu de chance, ses parents seraient peut-être assez fiers de lui pour ne pas lui en demander plus.

Sa résolution sembla corriger les choses. Ses relations avec sa famille furent de moins en moins tendues, alors qu'il se montrait enfin discipliné et obéissant, rattrapant rapidement le retard qu'il avait pris dans son enseignement. Son éloquence grandissante était comme un don qu'il n'avait jamais osé découvrir en plein jour, une pierre qu'on avait fini par réussir à tailler parfaitement et qui brillait de plus en plus. S'il n'avait pas été aussi bénéfique, il aurait parfaitement pu se transformer en un impitoyable manipulateur, mais Amaury voulait toujours agir pour le bien et il voyait du bon en chaque être, étant bien le premier à ne faire aucune différence entre les races, malgré les conflits et la haine héréditaire qui rongeaient les siens.
Puis, le juste retour des choses fut brutal tant il ne l'avait pas vu venir : évidemment sa famille n'était jamais assez contente, il fallait aller toujours plus haut et il partageait lui-même ce trait, mais malheureusement pas dans le même domaine. S'ils avaient eux-mêmes cessé de lui demander ce qu'il ne voulait pas en voyant ses innombrables efforts pour leur plaire, ils avaient fini par oublier qu'il était si différent d'eux. Lorsqu'on lui demanda de mentir pour avantager sa famille, il ne put finalement s'y résoudre.

Chapitre II – Une flèche en plein cœur
De 1292 à 1388

C'était la première fois qu'il décidait de braver concrètement l'autorité de sa famille. Il s'était senti malade, écœuré, déçu et n'avait rien pu faire d'autre que s'enfuir dans la ville pour pleurer contre un arbre, dans un coin de la forêt vide de passants. Les larmes avaient longuement coulé sur ses joues, il avait pleuré tout ce qu'il avait pu donner, jusqu'à ce que ses sanglots se calment enfin et qu'il retrouve une certaine lucidité d'esprit. Cette cassure semblait avoir fêlé quelque chose au fond de lui-même qu'il ne savait pas comment réparer et il se sentait maintenant envahi par l'incertitude et le vide.
Mais il se releva pourtant et en faisant quelques pas, il rejoignit le marché de la ville. Il n'avait pas encore envie de rentrer à la maison, il n'avait pas envie de revoir ses parents qu'il aimait tant, mais qu'il était incapable de satisfaire et il aurait aimé avoir la force de s'enfuir ici et maintenant pour vivre sa propre vie de flûtiste. Pourtant, il était totalement incapable de les abandonner.

En se mêlant à la foule, il espérait que le brouhaha et la joie collective lui fassent un peu retrouver le sourire, mais il ne faisait qu'errer comme une âme en peine. Quand il aperçut deux elfes en train de se disputer, alors que leur ton montait de plus en plus, son cœur se serra. Il ne put se retenir et s'élança à leur rencontre, tentant d'apaiser ce conflit dont il ignorait tout par de simples mots amicaux. Pourtant, si cela sembla avoir son effet sur l'un d'entre eux, l'autre s'offusqua encore plus.

« Je n'ai pas besoin de votre aide ! De quoi est-ce que vous vous mêlez ? » Lui cracha-t-il au visage, comme si c'était lui qui avait initié la dispute et qui l'avait offensé de la pire des manières.

Puis il s'était empressé de se retourner pour sortir du marché, maintenant que son conflit avait été abrégé, il ne pourrait rien faire et, par fierté, il lui avait même lancé un regard noir, furieux. Amaury, blessé, mais plus offensif qu'il n'aurait jamais pu l'être avec sa propre famille, décida de ne pas en rester là et se mit à lui courir après.

« Attendez ! » Lança-t-il.

Mais l'homme se mit à courir et, naturellement, le distança rapidement puisqu'il n'avait jamais vraiment développé ses capacités physiques. Il finit par s'arrêter à un moment, l'ayant perdu de vue et ne voyant plus personne, il s'apprêta à rentrer, peut-être pas chez lui, mais au moins au cœur de la ville, quand une voix l'interpella.

« Que voulez-vous ? »

C'était l'homme qu'il avait suivi. C'était un elfe plus grand que lui, aux longs cheveux sombres et avec une cicatrice sur le visage, lui barrant tout l’œil gauche qui arborait désormais une couleur livide. Il n'était pas vêtu si pauvrement que ça, mais on pouvait comprendre qu'il voyageait beaucoup et qu'il ne connaissait pas toujours la prospérité, ils étaient assez usés, parfois troués sans qu'on ait pris la peine de tout raccommoder. Et puis, il portait une épée à sa ceinture, objet de défense ou d'attaque, il n'aurait su le dire.

« Je… je voulais simplement m'excuser. » Annonça-t-il d'un air aussi sincère qu'attristé. « Je ne voulais pas vous offenser, mais de vous voir vous disputer si farouchement avec votre ami m'a touché... Je voulais juste vous aider à vous réconcilier... »

« Ce n'est pas... »

Il lui avait offert un joli sourire, lumineux et bienveillant, mais le jeune elfe ne fit pas un mouvement pour le lui renvoyer, il était perdu dans la contemplation de son visage, le fixant de manière plus qu'indiscrète. Un long silence s'ensuivit, alors qu'il se laissait dévisager en baissant les yeux. Que voulait-il ? Le mettre mal à l'aise ?

« Amaury ? » Prononça-t-il soudainement. Cela le fit réagir et il releva aussitôt la tête pour le fixer dans les yeux. Comment pouvait-il connaître son nom ? Voyant qu'il ne le reconnaissait pas, l'elfe poursuivit : « C'est moi ! Aneirin ! »

Depuis combien de décennies ne s'étaient-ils pas vus ? Amaury avait soudainement disparu, il n'était plus jamais revenu jouer avec eux et lorsqu'il était allé frapper à sa porte, de trop nombreuses fois, elle était toujours restée fermée. Il avait dû finir par laisser tomber et passer à autre chose… Aujourd'hui, ils avaient bien changé tous les deux et il n'était pas étonnant qu'Amaury ne le reconnaisse pas, son visage avait évolué et sa cicatrice n'était pas aussi vieille pour qu'il l'ait connue. Lui, il n'était pas si différent et, à l'entendre, il l'avait aussitôt reconnu, le poussant simplement à chercher sur son visage la confirmation de ce que son cœur lui criait déjà.
Mais c'est sans attendre que le visage de son ancien meilleur ami s'illumina et qu'il se jeta dans ses bras pour le serrer contre lui.

« A… Aneirin ! Je suis si content de te revoir ! » S'exclama-t-il d'une voix réjouie.

L'instant d'après, il fondait à nouveau en larmes. L'inquiétude d'Aneirin ne fit rien pour le calmer et il dut faire preuve de patience pour que celui-ci soit à nouveau capable de parler. Pendant les heures qui suivirent, il lui raconta tout ce qui s'était passé dans sa vie et la raison pour laquelle il se trouvait au marché ce jour-là. C'était certainement les Esprits qui avaient guidé ses pas et il ne saurait jamais assez les remercier pour ça.
Puis ce fut le tour d'Aneirin. Lui n'avait pas eu la chance de naître dans une haute famille et quels que soient les soucis d'Amaury, ce n'était finalement rien par rapport aux siens, quand tant de fois il n'avait même pas de quoi remplir son ventre. Une fois qu'il fut assez grand pour se débrouiller tout seul, il avait quitté le foyer familial pour les soulager de ce poids et vivre sa propre vie. Il était donc devenu mercenaire, accomplissant toutes sortes de missions, parfois plus ou moins douteuses, mais qui lui permettaient finalement de gagner le pain dont il avait tant besoin. Il avait donc dû apprendre sur le tas à se servir de son épée et ses premiers combats lui avait valu pas mal de blessures, dont son œil gauche. Mais il avait quand même fini par se débrouiller pour arriver jusque-là, vivant tant bien que mal avec ses maigres ressources. Comme aujourd'hui, il lui arrivait parfois de n'avoir plus d'argent et aucun contrat en vue, le poussant à voler à l'étalage, mais il essayait de le faire le moins possible.

À l'écoute de son histoire, Amaury se sentit soudainement stupide et arrogant. Il se plaignait de sa vie et de choses qu'il n'arrivait pas à faire, alors qu'il vivait finalement grassement et sans connaître le moindre danger. Pourtant, il ne savait pas comment faire, il était incapable de résoudre son problème, de trouver un moyen pour tout arranger, et c'était bien là la cause de sa souffrance.
Malgré les années, leur amitié n'avait en rien changé et ils laissèrent de côté leurs problèmes mutuels pour s'abandonner à la joie de leurs retrouvailles. Comme s'il s'était agi d'une autre vie, ils passèrent le reste de la journée ensemble et Amaury eut le plaisir d'offrir un bon repas chaud à son ami avant qu'ils ne se quittent.

Quand il put enfin se résoudre à retourner chez lui, il dut faire face à un orage comme il n'en avait alors jamais connu.

*

Leokadia aimait son fils comme jamais elle n'aurait pu aimer autre chose, il était tout pour elle et elle s'était donc consacrée toute entière à le modeler tel qu'elle aurait toujours voulu le voir. Malheureusement, son fils semblait vouloir sans cesse s'échapper à ce moule qu'elle avait spécialement créé pour lui et cela la rendait plus que furieuse. Ce fils ingrat ne faisait que la rejeter, elle et ses principes ! Comment pouvait-il être aussi égoïste, alors qu'elle avait toujours tout fait pour son bonheur ?
Leur incompréhension mutuelle avait fini par creuser un gouffre entre eux et elle le voyait échapper à son contrôle jour après jour, sans jamais pouvoir trouver de solution. Cela l'avait rendue déçue, aigrie, avait déchiré les relations qu'elle avait avec son mari, avec le temps, l'un comme l'autre avait fini par le lui reprocher. Comment avaient-ils pu donner naissance à un fils qui soit aussi différent d'eux ? Amaury semblait détester chacune des choses qu'ils lui demandaient et faisait tout pour les contrarier, comme s'il n'avait pas le moindre amour ou respect pour eux.

Le temps qui passait n'arrangeait en rien les choses puisqu'il devenait de plus en plus impossible de lui faire entendre raison. Qu'allaient-ils faire de lui s'il continuait de refuser de se plier à leurs exigences ? Leurs affrontements n'étaient qu'à un seul sens tandis qu'Amaury ne faisait que se taire et subir leur colère grandissante. Pire encore, voilà qu'il s'enfuyait régulièrement de la maison et devenait introuvable ! Leokadia n'aurait pas pu être plus déçue à son sujet. Il était brillant, prédisposé à toutes ces choses, elle avait pu le voir dans son apprentissage, et pourtant, il refusait toujours d'accepter sa vraie nature. Il ne faisait que vivre encore et toujours dans ce monde enfantin où toutes les choses étaient belles et gentilles. Mais la vie, ce n'était pas cela et il semblait impossible de lui inculquer cette simple notion.

Que n'aurait-elle pas donné pour lui venir en aide, le ramener jusqu'à elle quand il semblait vouloir toujours la fuir ? Mais il n'y avait rien qui soit capable de lui rendre la raison et ses efforts ne menaient qu'à du vide.

*

Jour après jour, Aneirin réparait les morceaux de son cœur que sa famille birsiat à chaque fois sans aucun scrupule. Il n'était pas rare qu'il le voit pleurer chaque nuit, moment le plus propice pour qu'il s'échappe à cette vie qui lui était insupportable. Cela le déchirait et il faisait toujours tout ce qui était en son possible pour lui remonter le moral.
Son niveau de vie s'était considérablement amélioré depuis qu'il avait accepté l'aide de son ami et il avait décidé de rester le plus possible en sa compagnie, ne partant de la forêt que pour effectuer des missions intéressantes.

Il aurait aimé pouvoir arracher Amaury à cette vie qu'il détestait tant, mais jamais il ne réussit à le convaincre de s'enfuir d'ici. Il tenait trop à sa famille, trop à réparer les choses, cherchait inexorablement un moyen où tous pourraient s'entendre et vivre heureux ensemble. Même ses aspirations ne semblaient pas assez fortes pour le convaincre et quand il lui parlait de son envie de devenir baptistrel, une ombre planait toujours sur lui.

Sa famille n'était pas au courant de ce qu'il voulait ou, tout du moins, cela faisait longtemps qu'il ne leur en parlait plus. Amaury savait très bien que c'était l'opposé extrême de ce qu'ils désiraient pour lui. Baptistrel ? Oh c'était une fonction tout à fait indispensable et appréciable pour eux, oui, tant qu'elle ne concernait pas leur propre fils. Lui, serait conseiller. Le rôle en lui-même ne le dérangeait pas tant, mais ce qu'il impliquait l'était beaucoup plus. Sa famille ne tolérait pas la faiblesse et n'aurait jamais accepté qu'il puisse se faire écraser pour la simple et bonne raison qu'il refusait de se livrer aux manœuvres des politiciens.
Amaury essayait de faire des efforts, il acceptait de développer ses relations et de se rendre au palais, acceptait ce métier pour lequel ils avaient tracé tout entier son avenir, en prenant toujours garde de ne pas s'aliéner. Cette résolution fut difficile, tant sa famille était devenue impitoyable avec lui et, pendant plusieurs années, il ne fit qu'être malheureux. Il n'y avait que la présence d'Aneirin pour le réconforter, mais il continuait d'étouffer. À mesure que le temps avançait, il sombrait dans ce lac profond dans lequel on l'avait jeté et l'air commençait sérieusement à lui manquer, mais ses bras étaient liés et il ne trouvait aucune force, aucun moyen pour le faire remonter.

*

Eriu avait fini par admettre le premier qu'il n'obtiendrait rien de son fils. Sa femme avait beau vouloir le rassurer et faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'orienter vers le bon avenir, c'était loin d'être suffisant. Son regard avait fini par tomber froidement sur lui et ce jour-là, il avait accepté sa déception toute entière et cessé de croire au moindre changement. Depuis cet instant, il avait commencé à former une autre idée, beaucoup plus sombre.
Comment avait-il pu arriver à un tel résultat ? Son fils se bornait dans une médiocrité que ses capacités auraient pourtant dû balayer avec aisance. Il était beaucoup trop doux, naïf et gentil, rien de ce qui le caractérisait, lui qui se montrait froid, tranchant et impitoyable envers le monde tout entier. Si éloigné de lui-même qu'il pouvait tout aussi bien ne pas le considérer comme son fils.

Son amour, déjà réduit à de simples braises, avait totalement fini par s'éteindre et le garçon qui habitait dans sa maison s'était transformé en un inconnu dont il ne voulait pas. La présence de son oncle lui était déjà bien assez insupportable et cette complicité qu'ils avaient ensemble, celle-là même qu'il avait perdue depuis des décennies avec Amaury, l'excédait au plus haut point. Pire, il ne faisait que trop bien s'entendre avec sa propre femme.
Il avait fini par devenir sec et sarcastique avec lui, n'hésitant plus à lui faire part de son avis tranchant, sans jamais mâcher ses mots. Sa cruauté avait beau atteindre sa cible en plein cœur et marquer son visage tout entier, le désespoir de son fils semblait ne plus l'affecter et il s'attachait à détruire cet elfe qui n'avait plus sa place sous son toit.

S'il n'était pas capable de satisfaire ses exigences, alors il n'avait plus de raison d'être, plus sa place ici.

*

Amaury aurait-il été capable de retrouver le sourire, sans la présence de son ami ? L'acharnement dont il était la victime et qui s'était transformé en véritable torture psychologique avait vidé son esprit de toute émotion positive. Il avait cessé de chercher des solutions et ne restait là que pour son attachement irrépressible à sa famille. Il ne pouvait s'empêcher de les aimer, encore moins de ne pas se sentir coupable, sachant parfaitement qu'il était la source même de l'enfer qu'il vivait. Le pire était sans doute d'avoir vu sa propre famille se déchirer entre elle à cause de lui. Son père avait peut-être toujours détesté son oncle, mais ses parents qui avaient auparavant été un couple uni et fort finissaient eux-mêmes par vouloir se détruire. Le sujet de leur dissension, c'était lui, encore lui, toujours lui.
Porté par un chagrin qui avait effacé de son visage toute lumière, il avait essayé de réparer les choses, mais chacune de ses actions semblait les aggraver encore plus. Son père ne le regardait plus et lorsqu'il le faisait, c'était pour lui adresser un regard terrible ; sa mère, elle, voulait encore et toujours le pousser vers ce qu'il était fondamentalement incapable de faire, mais ils n'avaient jamais cessé de partager ces moments d'amour qui lui étaient si chers. Quand elle cessait d'être en colère après lui et qu'elle l'enlaçait pour le serrer contre elle, ses malheurs tout entiers semblaient disparaître. Cela ne durait jamais très longtemps, malheureusement. Son oncle avait peut-être été sa plus grande perte quand il avait compris qu'il était parmi les trois le pire manipulateur. Il avait beau le voir comme son propre fils et l'aimer au plus haut point, chacune de ses actions n'avait été qu'un mouvement déguisé dans sa guerre éternelle contre son père. Cette flûte, ces encouragements à faire ce qui lui plaisait plutôt que d'écouter son père ? Il ne savait plus maintenant s'il avait fait tout cela par amour ou pour blesser et il devenait peu à peu incapable de lui faire confiance, d'écouter ses paroles qui se révélaient de plus en plus pleines de sens cachées. Ce fut peut-être la seule chose qui fit plaisir à son père.

Aneirin était le seul rayon de lumière qui lui soit donné et leurs escapades dans l'obscurité de la forêt semblaient le sauver pour quelques instants encore de son désespoir dévorant. Mais son ami pouvait très sérieusement s'avancer dans son inquiétude, tant il se découvrait peu à peu incapable de suffire à son propre bonheur. Il s'était alors senti comme déchiré lui-même et hanté par le même spectre de malheur.
Ce fut comme un coup de poignard lorsqu'il l'attendit, pour la première fois, pendant une nuit entière. Sa prudence arrachée par son angoisse, il avait même eu l'audace de rôder jusqu'à sa propre demeure, mais les lumières étaient restées inexorablement éteintes et il n'avait osé pousser le moindre cri, pas même le plus petit murmure. Cette absence fut toute différente des autres. D'ordinaire, c'était lui qui s'évanouissait, se dérobait à sa présence et, plongé au cœur de choses nouvelles, leur séparation ne lui avait jamais semblé trop difficile. Éprouvait-il cet arrachement insoutenable lorsqu'il l'abandonnait pour une quelconque mission, loin des terres elfiques ? Il avait toujours su à quel point son inquiétude était forte quand il lui était si facile de se faire blesser ou pire, d'être tué, mais il se demandait aujourd'hui à quel point il avait pu attiser les propres tourments de son ami.

La faim et le froid n'étaient rien face à l'image de ce visage qui avait perdu tout éclat, face à ce regard givré qui s'était figé dans une souffrance éternelle. Il aurait tout donné pour lui redonner un peu de sa dorure, mais il avait été comme impuissant, borné par une muraille qu'il ne pouvait franchir. Aujourd'hui, son absence lui avait ôté tout pouvoir et son cœur pleurait en silence.
La torture dura plusieurs jours, affolant son tourment et le poussant, dans son agitation à sonder de son regard désespéré la rivière non loin, s'imaginant si vivement qu'il aurait pu s'y jeter. Avait-il abandonné sa propre existence sans lui faire un dernier adieu ? Il y croyait presque, s'imaginant qu'il n'aurait pas voulu le faire souffrir, pas voulu lui laisser l'opportunité de le convaincre. Il ne se serait pas enfui sans lui, son dernier espoir restait donc peut-être le pire : il vivait-là, enfermé dans les lieux de sa torture, constamment face à ses propres bourreaux. Mais que pouvait-il faire ? Il n'allait pas rentrer brusquement et les attaquer, alors qu'il n'avait pas la moindre preuve qu'il se trouvait là. Il ne pouvait même pas vraiment surveiller longtemps sa maison, on finissait par se douter de sa présence, et il n'avait pas vraiment l'allure d'un elfe de haute lignée, lui, le misérable vagabond.

Refusant d'abandonner, pourtant, il veillait chaque nuit au lieu de leur rendez-vous, immobile, silencieux, déchiré. Le temps s'égrenait comme si on arrachait un à un les lambeaux de son âme et il perdait peu à peu de vue sa propre raison d'exister.

Son cœur sembla s'arrêter lorsque après tant de jours, il l'aperçut enfin, arrivé avant lui et attendant leurs inébranlables retrouvailles. Sa silhouette n'était peut-être que de dos, mais elle lui offrait toute entière l'expression d'un bonheur indicible. De riches parures semblaient avoir déguisé l'homme si simple qu'il connaissait, alors qu'on avait soigneusement entretenu et pensé tout ce qu'il revêtait, mais il s'en fichait bien. L' « Amaury » qui s'échappa de sa gorge sembla comme brisé, vibrant de cette espérance à peine crue, quand tout cela n'aurait bien pu être qu'un douloureux rêve.
Pourtant, le visage candide qui se tourna dans sa direction, porteur de ce sourire adoré, écrasa tout doute dans son esprit. Mais il ne prit pas le temps de le détailler, s'élançant déjà à sa rencontre pour se plonger dans ces bras qui étaient restés trop longtemps éloignés de lui. Sans réfléchir, ses lèvres s'étaient liées aux siennes et il l'avait serré plus fort contre lui qu'il ne l'aurait imaginé. Dans cette étreinte qui ramenait à lui tout ce qu'il avait perdu, il réalisa à quel point cet amour aussi indéniable que fervent qu'il avait depuis longtemps pour lui n'avait plus rien d'une simple amitié.

*

Amaury avait accepté cet accueil passionné comme une évidence et lorsqu'ils se sentirent redevenus assez eux-mêmes pour s'éloigner d'un pas ou deux à peine, il put enfin lui narrer les raisons de son abandon. Il avait cédé, et s'était rendu presque aux limites de son propre univers. Il avait troqué son air rêveur et ses allures simples pour se montrer plus déterminé et plus éloquent, il avait brandi les intérêts de sa famille et s'était avancé sur le chemin de leur dignité. Tout ce qui avait été en son pouvoir, il y avait renoncé, il n'y avait eu ni véritables victimes ni mensonges, mais il s'était senti si sali qu'il n'avait plus osé se montrer en face de lui. Sa pureté s'était comme étiolée, tandis qu'il avait abandonné sa gentillesse pour davantage de hauteur et il avait détesté chaque seconde de cette nouvelle existence. Son esprit muré dans une cage, il avait agi sans être maître de lui-même et s'était effrayé à envisager jusqu'à quel point cet être inconnu dont il ignorait tout aurait pu aller sans sa propre présence.
À chaque instant où il aurait pu briser ce serment qu'il n'avait pas encore prononcé, il s'était retenu, parfois inconsciemment, parfois en se rappelant vers quoi il aspirait depuis toujours. Peu importait qu'il réalise ses propres espérances, il ne serait peut-être jamais ni ce musicien, ni ce baptistrel, mais il ne renoncerait pas à cette nature qui fondait toute entière sa véritable vie. Sans elle, il ne serait plus que néant, rien qu'un corps et un être vidé de toute son âme, un horrible pantin.

Des jours entiers avaient dû s'écouler pour qu'il retrouve le courage de venir l'affronter ici, il l'aurait cru furieux, en colère, mais les choses avaient été bien différentes et il se sentait affreusement idiot maintenant. Ce fut pourtant un mal pour un bien, alors qu'il était miraculeusement parvenu à améliorer les relations au sein de sa famille, il se mit à attendre patiemment chacun de ces soirs où il pouvait s'abandonner dans les bras d'Aneirin. Il semblait guérir de ce profond désespoir qui l'avait tenu en déséquilibre constant sur le fil de sa propre destinée.
Amaury pressentait là qu'il touchait à un bonheur si lumineux qu'il lui serait bientôt interdit, tant par sa famille que par la société elle-même, les elfes ayant toujours eu goût pour s'enfermer dans les traditions les plus étriquées. Aussi n'eut-il jamais peur de s'exprimer ou de montrer à quel point il tenait à lui, son cœur se serrant à leurs séparations toujours trop longues à ses yeux et qui menaçaient sans cesse de l'ôter définitivement de sa vue. Il était devenu le principal assistant de sa mère, fort occupée par son poste de conseillère et, avec l'expérience, savait mieux que personne servir cette femme d'une exigence sans limites. Son amour l'avait poussée à une légère indulgence envers son fils et elle avait encore trop de choses à accomplir pour envisager de lui céder prochainement cette place qu'elle lui destinait. Tant qu'il continuait de faire des efforts, ce n'était pas si grave et, avec le temps, il finirait bien par briser sa gentillesse pour la remplacer par davantage de détermination. Leokadia ne voyait dans son bonheur affiché que l'expression de son changement, ignorant alors que ça n'avait rien à voir avec son travail et encore moins les desseins de sa famille.

Mais le repos ne savait exister au sein de leur foyer et quand le fils indigne semblait enfin se ranger, les nuages sombres d'un tout autre chaos se dessinaient déjà sur leur horizon. Il avait fallu des décennies entières pour que Eriu finisse de se flétrir tout à fait. Les efforts de son fils ne furent jamais assez suffisants pour qu'il parvienne à redorer son image et il n'avait fait que se battre pendant trop longtemps contre cette femme qui semblait toujours vouloir rire de son amour. La rage incertaine de cet homme pourtant si calme faisait trembler leurs âmes et Amaury avait pris pour habitude de s'évader aux premiers éclats de voix qui les déchiraient peu à peu, ignorant tout des raisons profondes qui rendaient leurs querelles si destructrices. Cela se transformait pourtant en moments heureux pour Aneirin comme pour lui, libres de s'aimer au détour d'un coin de forêt déserté. Leur abnégation était si forte qu'ils en étaient venus à oublier le reste du monde et peu importait leurs malheurs, tant qu'ils étaient là l'un pour l'autre.

Le jour où Eriu se décida à agir arriva enfin. Si sa femme refusait de se plier à ses exigences, alors il les réglerait de lui-même. Il était parvenu à jouer suffisamment de ses relations pour éloigner pour longtemps ce beau-frère auquel il vouait maintenant une haine des plus farouches et était venu constater avec un certain plaisir ce départ qu'il allait plutôt vivre comme un exil.
Le manque de pouvoir d'Astaroth l'avait laissé impuissant face à son avenir. Il avait bien senti que sa sœur n'avait plus la maîtrise de son mari et qu'elle s'était montrée trop faible pour le borner à un silence plaisant. Mis en échec par sa condition plus faible, la rage qu'il avait envers lui s'était décuplée à cette annonce et, rancunier à l'extrême, il avait aussitôt ruminé une cruelle vengeance.

Lorsque les deux hommes se firent face, ils se délectèrent d'un long silence hostile. Leokadia, objet de leur dissension, s'était abstenue d'intervenir, admettant presque son échec sur ce pan de sa vie. D'un sourire mauvais, il laissa le vainqueur savourer son instant de plaisir, il méritait au moins cela avant qu'il ne lui porte son dernier coup, espérant qu'il soit assez fort pour le réduire à néant. Son visage réjoui sembla agacer Eriu : comme toujours, il fallait qu'il se montre impertinent, refusant encore et encore de se soumettre à son autorité naturelle, découlant des coutumes de leur peuple. Mais les mots qui s'ensuivirent finirent à la fois d'amplifier sa colère et de le glacer. Achevant de lui avouer chacun de ses méfaits, chacune de ces petites choses qui le rendait supérieur à lui, Eriu aurait pu tout nier en bloc s'il ne connaissait pas déjà une grande partie de la vérité. Prononcée à voix haute, c'était comme un poignard qu'il lui plantait en plein cœur, mais il avait fait plus que cela. Assez précis pour qu'il sache désormais où chercher et comment briser ce qu'il restait de sa famille, c'était comme intolérable pour lui, qui avait jadis placé cette valeur si haut à ses yeux.
En repartant, il maudit les Selembr, il les maudit eux et toute leur ignoble lignée, maudit ce jour où il avait rencontré Leokadia et l'avait aimée comme jamais. Ses sentiments avaient fini par se borner à la haine quand ils auraient pu être si doux, si seulement elle ne l'avait pas trahi. Le soir, à peine arrivé, il suivit lui-même Amaury avec un dernier, mais si maigre espoir, décidant que ce serait la dernière chance qu'il aurait. Il s'incarna pourtant une nouvelle fois en cette trop amère déception et il ferma son poing de rage, refrénant cette furieuse envie de les frapper. Usant de tout son contrôle, il tourna le dos, se jurant que ce serait là leur dernier soir. Les décennies avaient rendu les amants faciles à suivre, mais il ne leur restait aujourd'hui plus qu'à profiter de cet instant fragile, fugace.

Le lendemain, Amaury ne put accueillir Aneirin en souriant que de loin. À quel moment leur prudence avait-elle cédé ? Quand s'étaient-ils crus assez assurés pour oublier toute notion d'inquiétude ou de danger ? Il n'y eut qu'un sifflement, qu'un coup, pour les stopper tous deux à jamais dans leurs retrouvailles. On avait comme tranché ses jambes, le bornant à une immobilité soudaine, quand la flèche arrivée dans son dos avait transpercé sa poitrine, déchirant son cœur d'une pointe mortelle. Figé par la surprise, il ne lui fallut pourtant qu'un bref instant pour se jeter dans sa direction, hurlant son nom d'une voix si déchirée qu'aucun des témoins présents ne pourrait plus jamais l'oublier.
Aneirin s'était effondré au sol et Amaury l'avait pris dans ses bras, pleurant son impuissance à la vue de sa blessure. Il n'y avait rien en ce monde qui aurait pu le guérir et leurs secondes même étaient comptées. Tremblant, il détacha ses yeux de la blessure, cherchant simplement à en contenir le sang de sa main, pour mêler son regard au sien. Ils étaient tous deux effrayés, mais Aneirin sut se reprendre pour lui murmurer ses derniers mots d'amour et lui faire promettre d'être heureux, de prendre le chemin qu'il avait toujours souhaité. Lorsque leurs lèvres se détachèrent, la froideur avait envahi son regard et n'allait plus tarder à s'emparer de son corps tout entier. Ses cris et ses pleurs brisèrent le silence étrange qui avait suivi toute cette scène et, inconsolable, il serrait si fort son corps sans vie qu'il semblait ne plus jamais vouloir le quitter. Pourtant, des hommes attrapèrent ses bras pour le tirer de force et il résista autant que ses maigres forces le pouvaient. Il n'entendait pas ce qu'on lui disait, avait basculé dans un autre univers où il était en train de chuter sans jamais toucher le sol. Ce fut ses forces l'abandonnant qui leur permirent d'arracher Amaury à son aimé, non sans davantage de cris et de pleurs, mais cela ne dura pas longtemps. Son cœur et son âme brisés, piétinés, dispersés, il sombra bientôt dans l'inconscience et on le porta jusqu'à cette demeure familiale dont il ne sortirait plus.







Dernière édition par Amaury Ataliel le Dim 4 Sep 2016 - 12:56, édité 2 fois
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Histoire


Chapitre III – La lumière éternelle
De 1388 à 1416

On l'avait déposé sur son lit, alors que les larmes coulaient de ses yeux sans le moindre sanglot et qu'il paraissait avoir été vidé de toute vie. Il n'en avait pas bougé quand sa mère s'était précipitée à sa rencontre, tandis que son père n'avait même pas daigné lui rendre visite. Figé dans une stupéfiante catalepsie, il ne réagit ni aux mots ni aux mouvements de Leokadia, son esprit était comme parti dans un monde lointain, laissant ce corps dont il n'avait plus l'utilité totalement inanimé. Tous ces instants de désespoir qu'il avait vécus jusqu'à maintenant n'étaient rien face à ce néant qui l'avait englouti, il s'était emparé de son cœur pour en aspirer toute l'essence et n'avait laissé à la place que du vide et de la douleur. Le manque le rongeait déjà, la souffrance le faisait vibrer tout entier et il n'essayait même pas de lutter contre cette puissance qui l'avait en un si simple instant totalement abattu.
Toute force l'avait quitté et il ne se mouvait que pour pleurer davantage ou crier son désespoir, aucune visite à son chevet ne semblait y faire quelque chose et il n'était même plus capable de manger ou de boire seul. Il fallait toujours l'y contraindre et sans jamais beaucoup de succès.

Eriu n'accepta plus qu'on vienne le voir, de peur que sa plus grande honte ne se propage, il ferma les portes de sa maison et se contenta de déclarer son fils terriblement malade. Les jours passant n'adoucirent pas son malheur et il semblait maigrir de jour en jour, nul ne savait dire s'il survivrait à cette épreuve qui avait brisé sa vie. On l'avait enfermé dans cette chambre, mais il n'y avait pas besoin qu'il s'agisse d'une prison pour qu'il n'en sorte pas tant il avait perdu l'usage de son corps. Il s'y laissait dépérir avec plus de zèle que jamais, ayant fini par calmer par moment sa douleur pour sombrer dans une torpeur silencieuse.
Il n'entendait même plus sa mère qui passait pourtant des heures à ses côtés, essayant de le raisonner et de le ramener jusqu'à elle, ne vit ni ses pleurs ni son visage déchiré tandis qu'il s'éteignait doucement. La seule personne capable de le sauver n'était plus de ce monde et rien d'autre n'avait d'intérêt, rien n'avait de couleurs à ses yeux et il se mit lentement à perdre le goût de tout ce qui se trouvait autour de lui. Le monde était devenu comme hideux et il n'en supportait plus la vue.

Leokadia eut beau supplier son mari, leurs disputes s'intensifiaient plus que jamais, il refusait toujours de le voir, n'ayant plus le moindre intérêt pour ce fils qui n'était pas le sien. Il le lui reprocha chaque jour, n'ayant plus la moindre pitié pour le venin qu'il lui crachait à la figure tandis qu'elle essayait de réparer les erreurs qui avaient brisé cette famille qu'elle chérissait tant.
Un jour pourtant, la mélodie d'une flûte les coupa dans leur querelle devenue quasiment continue, mais alors que sa mère se précipita à sa rencontre, presque heureuse de croire que son fils s'était enfin relevé, elle ne put qu'être effarée à sa vue. Il avait trouvé la force de se lever, en cette belle journée ensoleillée et s'était penché à la fenêtre pour en regarder l'éclatante lueur. Il n'y avait que cette lumière qui soit capable d'être encore belle à ses yeux et il ne voulait plus voir que celle-ci. À force de longues minutes, il n'avait plus fini que par discerner une totale obscurité, brûlant ses yeux si profondément qu'il n'en guérirait plus. S'effondrant sur le sol, à bout de force, sa main avait touché sa flûte et il s'en était saisie pour jouer quelques notes improvisées. Les sons avaient vibré en suivant la tristesse de son cœur et il en avait apprécié la toute nouvelle sensation, au milieu de la profonde noirceur qui avait emporté avec elle toute son âme et maintenant, son propre regard.

Ce fut la première étincelle de vie de son cœur, mais elle mourut bien vite, incapable d'être suffisamment réchauffée par la moindre braise. Au moins n'avait-il plus besoin de voir ce qui l'avait tant blessé.

Peu de temps après, ces disputes dont il n'entendait pas les cris s'étaient amplifiées à tel point qu'elles avaient atteint leur apogée, alors que ses parents se déchiraient dans leur haine mutuelle. Leokadia ne pouvait certainement pas pardonner la cécité de son fils, cette folie qui s'était emparée de lui, qu'elle avait largement attribuée à son mari et celui-ci se sentait toujours incapable de faire preuve d'indulgence envers elle.
Dans cette situation devenue tout à fait impossible, il ne supporta plus ses mots et, avide de la faire souffrir davantage, d’enfoncer pour la dernière fois une lame dans son corps, celle qui scellerait leur interminable guerre, il s'empara d'Amaury au cours de la nuit pour le jeter hors de la ville.

« À ce jour, tu n'es plus mon fils. Je reprends le nom d'Ataliel et tu ne seras plus reconnu comme membre de notre famille. Meurs ici ou vas-t-en, ton sort ne m'importe plus. » Furent les derniers mots qu'il lui adressa, durs et froids comme l'était son cœur, le concernant.

L'elfe n'aurait pu dire si ce dernier coup qu'on lui portait le blessa ou le laissa indifférent. Il n'était jamais revenu de son état de profond désespoir, n'avait jamais cessé d'être en deuil, de pleurer son aimé et tout ce qui avait agi depuis autour de lui avait comme perdu de son sens.

Combien de temps avait passé ? Combien de jours, combien de mois ? Il s'était presque rendu à l'état de squelette et, trouvant à peine la force de mettre un pied devant l'autre, il se mit à suivre à tâtons ce qu'il croyait être une route. Le monde était vide et incompréhensible autour de lui, mais il se sentait comme attiré par une force, persuadé qu'en avançant, il arriverait plus vite vers cette mort qui l'attendait.

Eriu annonça la mort de son fils après cette longue maladie de plusieurs mois, ils n’avaient finalement pas su le guérir. Sa femme à ses côtés ne semblait pas pouvoir se remettre de sa perte, mais sa disparition les avait comme réunis. Quand il lui avait annoncé ce qu'il avait fait, elle l'avait terriblement haï, mais il lui avait laissé le choix : partir à sa recherche et ne plus jamais revenir ou rester à ses côtés et garder sa place. Sa décision, bien que douloureuse, ne fut pas si longue à prendre. Elle accepta d'abandonner son fils, elle ne pouvait pas perdre tout ce qu'elle avait construit jusqu'à maintenant, quelle que soit la tragédie que vivait son enfant, elle en était incapable.

*

Sa marche ne fut pas très longue et Amaury s'effondra bien vite sur le sol qui l'accueillit avec une nouvelle douleur, physique cette fois. Pleurant ce qu'il restait d'eau dans son corps, il n'essaya même pas de se relever, fermant les yeux et attendant le moment qui l'emporterait loin d'ici. Mais ce fut des bras qui le relevèrent et des voix bien réelles qui s'adressèrent à lui. Totalement perdu, il ne répondait pas, réagit à peine, montrant simplement qu'il était encore vivant.
La chance avait voulu qu'un groupe de baptistrels ait croisé son chemin et c'est tout naturellement qu'ils lui portèrent assistance, l'amenant jusqu'à leur domaine. Arrivé sur les lieux de ses rêves les plus fous, il aurait voulu y faire naître un moment de bonheur et le partager avec ceux qui avaient fait toute sa vie, mais au lieu de cela, il n'y avait que les ténèbres, le froid, la douleur, le vide et le mépris.

Soigné avec autant de douceur et d'amour que possible, il n'était pourtant pas plus décidé à revenir à la vie et il semblait encore définitivement perdu, même aux mains des personnes les plus bienveillantes que ce monde pouvait abriter. Leurs soins parvenaient tout juste à le maintenir en vie et il n'avait murmuré qu'un simple prénom, Amaury. Il ne s'était attaché ni aux visages, ni aux voix, plus rien n'avait d'importance et il ne faisait qu'osciller entre un chagrin éternel et le gouffre abyssal du vide. Son corps, délaissé par un esprit trop fragile pour survivre, s'éteignait lui aussi.

Il fallut bon nombre de chants pour qu'il puisse respirer à nouveau, tandis qu'il n'avait pas été capable de remarquer que ceux qui cherchaient à le sauver s'étaient transformés en une unique bienfaitrice. Si ses mots et son nom avaient d'abord causé en lui une souffrance mortelle, elle avait su lentement y glisser un autre sens, un sens nouveau, auquel il peinait à croire.
Ataliel. S'il avait voulu survivre, il aurait voulu oublier ce nom, l'enfouir si loin qu'il ne parvienne plus à faire résonner en lui le moindre sens à ses oreilles, qu'il ne transperce plus son cœur de cette flèche, emportant avec elle deux âmes innocentes. Ataliel. Ataliel était souffrance, colère, sournoiserie, mensonge et malheur. Ataliel, c'était tout ce qu'il abhorrait et pourtant, Ataliel se révélait douce, aimante et sincère. L'Ataliel qu'il ne pourrait jamais voir se peignait dans sa tête comme mille fois plus belle que tous ceux qu'il avait pendant si longtemps contemplés.
Lentement, elle parvint à le ramener jusqu'au monde des vivants, apaisant ses tourments, effaçant sa douleur par un amour fraternel qu'il n'avait alors encore jamais connu. Orfraie, c'était la grande sœur qu'il n'avait jamais pu avoir, son rayon de lumière au cœur des ténèbres, la seule princesse qui ait jamais mérité d'exister. Doucement, elle avait éveillé à nouveau cet esprit qui s'était voulu mourir et elle lui avait permis de se relever peu à peu, comme s'il faisait à nouveau ses premiers pas dans ce monde qui lui était aujourd'hui étranger. N'était pas le cas de toute façon ? On avait arraché son âme, on l'avait piétiné, on l'avait détruit, le monde était devenu noir, le monde était devenu obscur et il n'avait voulu en garder pour souvenir que cette dernière lumière qu'il avait pu longuement si longuement contempler, avant tout ne s'éteigne.

Cela faisait des mois maintenant qu'il n'était plus capable de vivre seul, tant physiquement que mentalement et son ouïe d'elfe ne pouvait rien faire pour lui éviter de se cogner contre les murs et les objets inanimés, aussi immobiles que silencieux. Petit à petit, il avait retrouvé quelques forces en acceptant enfin de manger plus que ce qu'on le forçait à avaler et il avait rejoint avec communion ce groupe fait d'êtres de pureté et auquel il avait toujours tant aspiré. Jamais il n'aurait imaginé que sa présence parmi eux ne soit le fait que de ses malheurs et ses peines, que ce ne soit plus en lui une source de joie, mais simplement les circonstances auxquelles il s'adaptait parfaitement. Sa nature l'avait fait si bien qu'il semblait être né avec toutes les prédispositions et toutes les capacités pour être un parfait baptistrel et rien ni personne ne paraissait être capable de lui faire rompre ce serment qu'il n'avait pas encore prononcé. Mais il s'était retrouvé là par hasard et n'y restait que parce qu'il n'avait nulle part où aller. Dans le vide qui prenait désormais la place de son cœur, il n'y avait rien pour le faire sourire et il ne ressortait de sa générosité et de sa bienveillance qu'un naturel qui n'aurait jamais pu être autrement, même dans les circonstances les plus malheureuses où on l'avait acculé aujourd'hui.

Il était presque heureux que son regard soit véritablement mort, car le vide qui en ressortait semblait simplement physique et non mental. Ainsi, il ne reflétait qu'une matière inerte et non l'ampleur de ce désespoir qui s'était fait son deuxième amant. Les tâches au domaine l'occupaient et il s'y plongeait à corps perdu, peu importait qu'il ne soit bon à rien et qu'il passe des heures à nettoyer chacune de ses maladresses. Pourtant, on ne pouvait pas lui en vouloir, car il se montrait toujours doux et attentionné avec les autres, transférant toute cette aide et cet amour qu'il ne pouvait avoir pour lui par une empathie qui semblait être sans limite.
Il n'y avait aucune leçon à lui donner concernant l'aspect précieux de la vie, la bonté, l'entraide ou la compassion, il avait toujours éprouvé avec vigueur ces sentiments et ces concepts et n'avait jamais cédé, jamais accepté quoi que ce soit qui aurait trahi ou terni ces rayons de lumière auxquels il s'accrochait désespérément. Il n'était pas naïf au point de fonder des utopies et de rêver qu'un monde meilleur puisse s'ériger de lui-même, mais il ne manquait jamais de faire toutes ces petites choses qui, dans leur simplicité la plus nue, finissaient par réchauffer le cœur des autres.

Le temps qui passait le fit plus assuré dans ses mouvements et, alors qu'il connaissait chaque centimètre de ce domaine dans lequel il s'était enfermé, il se montrait aussi discret qu'efficace, comme une ombre, laissant derrière son passage une lumière éclatante et un amour sans attente. Orfraie était partie depuis bien longtemps, mais qu'importait que les gens soient de passage ou qu'ils restent pour toujours, il les traitaient tous sans préjugés ni sentiments négatifs et il accueillait tous ceux qui venaient chercher un peu de sa lueur avec plus d'amour qu'ils n'auraient jamais pu l'imaginer. Même ceux qui ne voulaient pas de lui ou ne demandaient rien bénéficiaient de cette même bienveillance, aucune barrière ne semblait capable de l'arrêter. Vide à l'intérieur de lui-même, il donnait pourtant aux autres tous ce qu'il avait, avec un dévouement si fort qu'il était même capable d'ébranler les coquilles les plus robustes. Dans le déni ou dans l'oubli, il reformait tout autour de lui une vie qui lui convenait mille fois mieux que celle dans laquelle il s'était si longuement acharné à rester.
Au fil des années, il s'était fait une place auprès des siens, remplie d'un bonheur et d'un amour pur et même s'il était encore loin d'être capable d'entendre les vibrations qui portaient leur monde, celles, tantôt de son instrument, tantôt de sa voix savaient déjà faire trembler les cœurs et les laver de tout ce qui pouvait être néfaste. Il soignait, il guérissait à merveille tous ceux qui se trouvaient autour de lui, mais sans jamais parvenir à s'atteindre lui-même. Son âme morcelée semblait trop loin de ses chants et de ses mélodies pour en entendre l'appel. Le mal incurable avait cessé de l'attaquer constamment de ses assauts violents, mais il le rongeait longuement et finissait toujours par le mettre à terre, avec une violence qu'il pensait avoir à chaque fois oubliée. Quand elle surgissait, elle n'avait rien d'un rêve ni d'un souvenir.

Toute la paix du domaine n'était pas suffisante pour refermer ces blessures qui n'avaient fait que rester béantes et qui n'attendaient que le premier courant d'air pour le faire souffrir et dépérir à nouveau. Il n'y avait rien ici qui soit capable de faire quoi que ce soit pour lui et faire de cette petite lumière vacillant au fond de lui l'immense brasier qu'elle fut autrefois.
Le jour où il comprit cela, il prit ses instruments de musique et ferma la porte derrière lui, ne laissant qu'une brève explication à propos de son départ. Il reviendrait un jour, mais il avait d'abord besoin de s'éloigner, d'éprouver une véritable souffrance physique pour apaiser son cœur et son âme déchirée.
Ce fut le début d'un long exil.

Chapitre IV – Amaury du Désert
De 1417 à 1672

Son pèlerinage commença dès l'instant où il mit les pieds en dehors du domaine. Il n'avait pas peur et ne fut pas attristé par son départ. Le monde, dans son obscurité, l'avait éveillé à une toute nouvelle lumière et il avait appris à se guider de toutes sortes de manières, écoutant tout ce que l'univers de sons qui se jouait autour de lui pouvait lui murmurer et cherchant toujours à se fondre si parfaitement avec la nature qu'il semblait parfois pouvoir en deviner même des présences immobiles. À moins que ce ne soit cette petite fourmi parcourant le chemin de sa propre vie, le long de cet arbre, qui ne lui en ait révélé la position ?
Fidèle à lui-même, il ne vivait de presque rien et s'arrêtait sur sa route à chaque fois qu'il croisait quelqu'un dans le besoin, ou tout simplement pour jouer un morceau aux passants. Il ne savait pas où il allait ni ce qu'il faisait, mais les esprits devaient bien guider son chemin. Peu importait qu'il ne sache pas se situer sur la carte du continent, qu'il tombe dans un gouffre ou dans les griffes des plus impitoyables ennemis, il marchait simplement, avançant un pas puis l'autre, refusant pour toujours de rester immobile à contempler les débris de sa propre vie, de sa vaine existence.

Il aurait pu ainsi parcourir le continent tout entier si sa route n'avait pas voulu le mener dans un endroit bien particulier. Là-bas, le soleil semblait frapper plus fort et le sol était comme mouvant, mais ce lieu l'attirait plus que tout et, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, il s'enfonça dans ce labyrinthe sans barrières, représentation véritable du vaste néant qui l'habitait aujourd'hui. Dans cette immensité brûlante, il dut bientôt couvrir la moindre parcelle de son corps et il eut bien du mal à jouer ainsi de la musique. Le sable s'infiltrait partout, irritant sa peau et il dut rapidement apprendre à économiser ses vivres pour assurer sa survie. Perdu dans un océan où tout semblait toujours similaire, il était incapable de se repérer. Ce fut là soudainement un enfer tout entier qui l'engloutit, effaçant rapidement derrière lui même la trace de ses pas. Ici, plus personne ne le retrouverait, il abandonnait tout, sa vie, son passé et même son nom à cette immensité plus forte que lui et à laquelle il acceptait de se soumettre entièrement. Recueilli au sein d’une troupe de nomade, il commença une nouvelle et drôle d’initiation où l’hostilité ne venait plus des hommes, mais de la terre toute entière.
Ce furent des mois complets qu'il fallut pour que sa vie ne soit plus tout à fait une torture, alors qu'il commençait tout juste à ne plus être à la merci de ce lieu de mort et qu'il était enfin capable de connaître les chemins et les moments où quelques caravanes traversaient le désert et où il pouvait se réapprovisionner en toute certitude. Il vivait mal, il n'avait rien d’autre que ses instruments et presque personne pour lui tenir compagnie, les gens n’étant jamais très bavards, mais il était presque heureux. Il n'avait d'abord pas supporté cette épreuve, uniquement face à lui-même, tous ses souvenirs, sa colère comme sa douleur, sa tristesse et ses angoisses étaient revenus à lui avec une brutalité qui voulait le clouer au sol. Il avait hurlé, pleuré, détesté et maudit. Mais ici, il n'y avait personne pour le regarder avec de la pitié et le soleil continuait indifférent son ardent parcours, le plongeant tantôt dans une marmite bouillante, tantôt dans un gouffre glacial.

La douleur de son corps lui faisait peu à peu oublier les peines de son âme et il commença véritablement à écouter le monde autour de lui. Quand il ne jouait pas de ses instruments, quand il ne s'essayait pas au chant, il laissait simplement flotter jusqu'à son oreille ce presque silence. Avec le temps, c'était devenu comme une mélodie, comme si le désert lui-même lui parlait pour lui murmurer tout ce qui pouvait se passer autour de lui, le guidait là où le vent faisant chanter les collines ou sur le chemin d'un voyageur égaré.
Son cœur commençait à se reconstruire et il se mit peu à peu à renouer avec son optimisme d'antan. Sans aucun autre but dans sa vie que de rester ici, il se transformait et devenait aussi lumineux que le soleil lui-même, par sa chaleur, sa compassion, sa bonté et son amour. L'Enwr pouvait vivre là en respectant tous ses principes, dans un monde où l'entraide était indispensable à la survie et où le désert était si âpre qu'il donnait chaque jour à ses habitants des leçons d'humilité. Cette immensité de sable sans fin était devenue comme une méditation toute entière.

Il fallut des années, des décennies, un siècle tout entier peut-être pour qu'il en connaisse l'étendue sur le bout des doigts, qu'il en ait frôlé chaque grain de sable et qu'il ait fait de cette grandeur sauvage son propre territoire. Avec le temps, il avait délaissé les tribus pour s’aventurer de plus en plus dans cette solitude tourmentée et il avait presque réussi à la calmer. Cet éloignement avait été comme un envol et, définitivement maître de sa propre destinée, pour la première fois depuis des décennies, il mit un pied hors du sable.
Son cœur avait appris à écouter le monde bien plus fort qu’il ne l’avait jamais fait auparavant ; guidé par les premiers chuchotements qui se faisaient assez fort pour parvenir jusqu’à ses oreilles, il sut retrouver le chemin du domaine, de son domaine. L’elfe meurtri retrouva alors avec joie ses frères et sœurs et, bien qu’il retournât très vite se perdre dans les terres de ce qui fut son exil, mais qui étaient aujourd’hui celles du repos de son âme, il y revint de plus en plus souvent.

Ses progrès de baptistrel avaient été à la fois intenses et chaotiques, alternant entre des progressions rapides et de brutales régressions. Il avait toujours été sensible au flux magique de ce monde, aussi faible soit-il aujourd’hui et c’était ce qui le rendait à la fois doué et encore plus vulnérable.

Chapitre V – Mélodie du vent, souffle chantant
De 1673 à 1749

Les dunes avaient chanté ce matin, alors que ses yeux s'étaient entrouverts sans jamais être capables de saisir le soleil naissant. Était-ce des voix, un murmure, le simple son d'une brise ? Il n'aurait su le déterminer à ce moment-là, mais il percevait dans cette curieuse vibration comme un message, un appel. Sans réfléchir, simplement confiant, il se leva et suivit ce qui semblait vouloir le guider, sans jamais se demander quelle serait la destination de ce nouveau voyage. Ses pas empruntèrent d'ailleurs des chemins qu'il ne connaissait pas, mais pour l'aveugle qu'il était, c'était presque normal. Il lui fallait du temps pour se faire à un lieu et ne serait-ce que dévier un peu de sa route pouvait le rendre complètement différent, lointain.
Pourtant, il emprunta une voie qu'il avait déjà parcourue à plusieurs reprises, le voyage fut long, mais tout de même moins rude qu'une vie dans le désert et il ne se détourna de son chemin que pour aider ceux qui se trouvaient à sa portée. Faisant planer tout autour de lui la douce musique de sa flûte, la délaissant parfois pour un chant, ce ne fut jamais qu'en musique qu'il atteint à nouveau le domaine qui avait accueilli sa nouvelle vie. Comme toujours, il avait évité de croiser ceux qui l'avaient rejeté, s'était éloigné de leur présence lorsqu'il en avait sentie une, se sentant encore et toujours fragilisé, blessé par des souvenirs qui s'étaient profondément gravés dans son cœur.

Son retour fut accueilli avec joie, quand bien même la perte récente d'un Cawr avait pu affecter ses frères et ses sœurs. On constata ses progrès, sa communion de plus en plus profonde avec le monde, sa générosité sans égal et sa bienveillance chaleureuse. Plus de deux siècles du désert l'avaient transformé, il n'était plus ce petit elfe en proie au cauchemar d'un désespoir réel, mais l'Enwr serein qui savait mesurer dans le poids du monde une justice. Il avait perdu tout ce qu'il avait eu, été détruit, déchiré, mais il avait dans ce funeste parcours sans doute gagné tout autant.
La proposition qu'on lui fit ce jour-là acheva de le convaincre de cette réalité.

*

Le calme qui l'habitait maintenant s'était pour un bref instant fêlé, faisant naître en lui une angoisse nouvelle. Ce moment était important, plus que ça même, c'était ce qu'il avait attendu toute sa vie, sa consécration et, avant la cérémonie, un léger doute l'avait troublé. Le temps semblait s'égrener plus doucement et vouloir attiser en lui ces sentiments négatifs dont il avait réussi à s'abstraire, malgré sa volonté de fer.
Heureusement, tout ce fardeau s'ôta immédiatement de ses épaules lorsqu'il fut temps pour lui de prononcer le serment de vérité. Il n'était pas confiant en lui-même, mais il s'en remettait aux Esprits, au monde dans son entièreté et cela l'apaisait totalement. Comme guidé, une nouvelle fois, il ne réfléchit pas et se lança simplement, laissant sa voix s'élever, emplir l'air peu à peu pour le faire vibrer avec une force dont il n'avait jamais été capable jusqu'à maintenant.

Subitement, il avait comme l'impression d'ouvrir les yeux et de voir, mais ce n'était ni des couleurs, ni des formes, encore moins des images, non c'était bien plus fort que ça, bien plus beau. C'était la transcendance toute entière et il sentit qu'il saisissait le monde dans sa globalité, qu'il le ressentait vivre et chanter en lui. Il n'avait pas besoin de voir, il n'en avait jamais eu besoin, la lumière se trouvait tout simplement là, au creux de son cœur, au cœur du monde.
Doucement, des larmes coulaient sur ses joues, mais il n'y avait là aucune peine, c'était un bonheur profond, serein, infini. Amaury du Désert était devenu Amaury le Chantebrise.

*

Après ce moment inoubliable, il resta un moment au Domaine, prenant conscience de ses nouvelles fonctions, de ses nouveaux devoirs. Il savait tout le poids qu'impliquait être Cawr, mais il était heureux de faire partie de ces douze élus et d'entendre enfin la voix véritable du monde. Il était prêt à faire tout ce qu'il lui serait possible pour maintenir la paix et l'harmonie. Mais toutes ces choses, n'avaient-elles pas été depuis toujours le but entier de son existence ?
Amaury ne retourna pas au désert, choisissant d'emprunter un nouveau chemin, d'explorer de nouvelles contrées tout en s'habituant à ce don et à cette magie qui était devenue sienne. Aneirin aurait été tellement heureux de son nouveau destin. Pour lui, tout simplement, il était heureux de chanter chaque jour.

Chapitre VI – Ouragan
De 1749 à 7

Ses pérégrinations lui avaient permis d'apporter son aide dans bien des lieux et sa présence seule suffisait à baigner dans l'atmosphère sa chaleur et sa bienveillance naturelle. Il aimait et partageait avec plaisir cet amour à ses prochains, donnant, aidant, consacrant tout son temps à mettre un peu d'éclat dans le regard des autres, même s'il saisissait cette lumière d'une toute autre manière qu'eux.
Mais soudain, le monde commença à changer, le monde se mit à vibrer autrement. Ce fut à la fois quelque chose de lent comme quelque chose de brutal et tout se qui l'entourait semblait se mettre à chanter un renouveau. Était-ce ses talents de maître baptistrel ou tout simplement une affinité particulière qui l'y rendait bien plus sensible que les autres ? À chaque jour qui passait, il sentait un flux de plus en plus fort s'infiltrer en lui, plus fort qu'il ne l'avait jamais été auparavant, quelque chose qui lui rappelait des histoires du passé qu'il n'avait jamais pu connaître.

La magie. Ce flux, cette énergie mystérieuse s'était amplifié au fil des rumeurs, dictant le retour des dragons, ces espèces légendaires qu'il n'avait jamais pu connaître et dont le départ brutal avait presque causé la mort de sa mère. Jamais il ne pourrait connaître vraiment la forme de ces êtres que l'on disait superbes et il ignorait presque tout d'eux, tout n'avait jamais été que des mots déformés, tantôt chantant leurs louanges, tantôt méprisant leur existence même.
Il ne pouvait qu'être heureux de ce tournant dans l'histoire d'Armanda, la magie leur était nécessaire, surtout à ceux de son espèce, elle apportait la vie et pourtant, elle semait en lui une étrange confusion. Tout comme il n'avait pas toujours su maîtriser sa perception de baptistrel, se bornant à de brutales régressions quand il ne pouvait supporter ses progrès, la magie qui affluait dans tout son être semblait lui procurer à certains moments une étonnante vivacité, tandis que le reste du temps, elle ne demeurait en lui que comme une brûlure lancinante.

Un jour, il ne fut plus capable de canaliser cette nouvelle force et brutalement, il tomba.
Sa mère n'avait jamais si bien vécu qu'aux temps de grande magie, aujourd'hui même, elle devait se sentir revivre et adorer chaque goutte de ce pouvoir qui revenait à elle. Aurait-elle été déçue si elle avait appris son sort ? Sa formation n'avait fait que le sensibiliser davantage et, renchéri par quelque talent naturel, son cœur était propice à en sentir la moindre onde comme si elle était décuplée. Ainsi, presque trop facilement, il apprit à user et à maîtriser des premiers sorts, mais il s'y découvrit aussi sensible qu'aux ondes du monde. Il souffrait du moindre geste offensif, s'envolait à chaque usage de la magie. Finalement, ce qu'il maîtrisait si vite était comme un brasier ardent dont il devait limiter l'utilisation, au risque de s'embraser lui-même.

Ce ne fut pas pour lui le seul tourment et bien vite de nouvelles préoccupations vinrent meurtrir son cœur trop fragile. Il avait beau redouter ou éviter leur présence, jamais il n'aurait voulu pour eux le moindre mal et les hostilités croissantes qui allaient entre son peuple et celui des vampires ne pouvaient que le déchirer avec la force d'une lance qu'on enfonçait profondément dans son corps. Il fut comme frappé par son impuissance, ne sachant que trop amèrement à quel point il n'était pas suffisant pour permettre de rétablir la paix entre ceux qui se vouaient une haine féroce et qui avaient depuis toujours juré d'exterminer l'autre.
Pourtant, il ne se découragea pas, cherchant encore et toujours à soigner les victimes de cet éternel conflit, sans jamais faire la distinction entre les races. Ces considérations n'étaient pour lui finalement qu'une futilité, il aimait tous les êtres vivants, les chérissait tous et leur souhaitait à tous de pouvoir vivre avec bonheur, aussi longtemps que le temps et les Esprits le leur permettraient.

Hélas, le vent s'annonçait de plus en plus funeste et mena jusqu'à leurs rives de plus terribles ennemis encore. Un poignard de plus déchira son corps alors que les Alayiens débarquèrent par légions pour faire disparaître de leur monde beaucoup trop d'âmes innocentes. Les vibrations du monde semblaient avoir mué en un vent distordant et il se sentit parfois si acculé qu'il était comme incapable de bouger. Le néant lui-même voulait le frapper terriblement en lui montrant toute la vanité de son pouvoir.
Ce désespoir, il l'avait connu de manière bien personnelle, il lui avait fallu tant d'années pour s'en défaire et retrouver une certaine sérénité d'âme que le vivre aujourd'hui à l'échelle des êtres vivants tout entier aurait sans doute pu l'achever. Quelle énergie lui donna la force d'avancer ? Il l'attribua au Dracos et aux Esprits, aux dragons même peut-être et tandis qu'il ne pouvait que s'arrêter lorsqu'il percevait une âme en danger, son chemin le mena une nouvelle fois jusqu'au Domaine. Parmi les siens, entouré de ses frères et d'une paix trop fragile, fugace, il retrouva là un air assez pur pour pouvoir respirer à nouveau, alors qu'il était sur le point de mourir d'asphyxie, tailladé de toutes parts par ce monde qui s'était brutalement jeté dans une atroce folie.
Ce fut presque avec soulagement qu'il se joint aux siens pour œuvrer pour la paix et aider à cette alliance des peuples qui leur permettrait peut-être de mettre fin à l'horreur indicible. Il avait besoin de leur espoir, il avait terriblement besoin de croire à tout cela., quand soudain, le Dracos lui-même tomba.

Capturé, emprisonné par ceux qui ne semblaient vivre que dans l'atrocité et le sang, tous semblaient au bord du gouffre et intimement convaincus que la seule chose à faire était de combattre, de tuer. Lui, les siens ne pouvaient s'y résigner pourtant, le monde ne devait pas être ainsi, les vibrations ne devaient être ni souffrance ni extinction. Il se rappelait de leur vague apaisante lorsque la paix régnait encore en maître. Tout cela n'avait-il été qu'un merveilleux rêve ?

Le baptistrel réduit en pièce ne céda pas. Il ne pouvait tomber tant qu'il restait des blessures à panser et même s'il hurlait de douleur, même s'il ne se passait pas un jour sans que ses larmes coulent, il était revenu au cœur des bois de son enfance pour faire tout ce qui était en son pouvoir, quand bien même son existence semblait tellement ridicule. La bataille des bois sombres l'épuisa, l'anéantit presque totalement. Jamais il n'avait vécu au milieu de tant de vibration négatives et il avait senti les âmes s'échapper à la vie si proches de lui qu'il en était presque devenu atone. Ses yeux ne voyaient déjà plus, sa voix s'était éteinte et ne s'était levée que lorsque des mots de paix et de bienveillance avaient été nécessaires, son visage avait pris l'expression d'une statue de marbre et pourtant, au plus profond de lui, il ressentait un terrible chaos ineffable.
Il soigna encore et encore, jusqu'à ce que sa magie s'épuise, jusqu'à ce que son corps s'éteigne, jusqu'à ce que le vent tourne finalement en faveur de ceux qui voulaient vivre en paix, mais à quel prix ?

Amaury fut heureux de rencontrer cet Alayien et de le guider en dehors de ces bois qui ne voulaient que sa mort, alors que les rangs de son armée avaient été défaits. Il ne s'offusqua pas de ses menaces de mort, ne se montra jamais hostile à son égard, se contentant simplement d'un chant, sans doute un peu triste, mais dans lequel on sentait un espoir et une volonté que l'on ne pouvait abattre d'une simple lame. Finalement, il avait quand même pu œuvrer pour chacun de ces camps, tendant une main à tous, même à ceux qui n'accepteraient jamais de la prendre.

Il ne s'habitua jamais à chacun des conflits qui frappa Armanda. Plongé à nouveau dans des années de souffrance sans nom, seule sa volonté, son désir d'aider à tout prix lui permirent de tenir. L'elfe reprit la route pour se diriger partout où son aide pourrait être bénéfique, mais les lieux qui l'appelaient étaient de plus en plus nombreux.
Il pleura lorsqu'il apprit l'exil des siens, pleura cette forêt qu'il chérissait de tout son cœur, car il n'y avait pas vécu là-bas que des moments d'horreur, pleura encore plus la perte du Domaine, seul lieu où il se sentait encore capable de renouer avec une lointaine égalité d'âme. Il regrettait presque ses petites douleurs et ses égarements quand il voyait aujourd'hui à quel point le monde pouvait s'effondrer sur lui-même. Heureusement, les siens avaient pu partir avant que tout ne soit détruit, au moins, ils étaient saufs.

Et puis ce fut l’avènement de Vraorg, le tyran voleur de cœur, celui qui assena un nouveau coup, plus terrible encore sans doute sur le monde tout entier. Il avait mal, il avait plus que tout besoin de vibrer de cet amour qui était à l'origine de la paix et de l'harmonie. Mais une fois de plus, il fut capable de trouver la force pour continuer, pour se lancer à corps et âme perdus dans ses devoirs, aidant sans jamais s'arrêter tous ceux qui se trouvaient à sa portée.
Il s'empressa donc de retourner dans son Désert lorsque les Esprits créèrent la barrière des Protégés. Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait pas vécu pour une longue période, mais il n'y eut ni bonheur ni poésie dans ces retrouvailles. Il fallait encore patienter, faire en sorte que le monde survive pour espérer, enfin, s'y reposer un peu lorsque la paix serait revenue. Il mit donc à profit ses connaissances aiguës des lieux et du mode de vie si particulier auquel il fallait se livrer. Revêtant sa tenue du Désert, il n'était plus qu'un amas de tissus dont on distinguait à peine les oreilles pointues et que l'on devinait baptistrel à ses chants et ses mélodies. Plus que tout, sans doute, il était le nomade qui frayait le chemin, celui qui luttait pour que personne n'ait soif ou ne succombe tantôt à la chaleur dévorante du jour, tantôt au froid mordant de la nuit.

Au cours de la bataille de Sandur, après ces longues années d'endurance, il ne put que rester en arrière, soignant autant de blessés qu'il le pouvait, chantant pour raviver les cœurs. Et puis, après ces brèves années qui lui avaient pourtant parues aussi longues que des décennies, des siècles entiers, il put enfin se sentir apaisé. Les vibrations semblaient perdre de leurs distorsion pour revenir au calme qu'il avait connu et aimé.
Il ne prit pourtant pas le temps de se reposer, suivant les siens dans les montagnes pour aider à reconstruire le Domaine. Chacun fit de même de son côté et lorsqu'il sentit que sa tâche touchait à sa fin, il retourna aussitôt dans le Désert pour se ressourcer dans sa puissante immensité.

Le vent se remit à balayer le sable dans un presque silence et les murmures de paix faisaient écho à son cœur apaisé. Il voulait croire qu'aujourd'hui chaque peuple saurait maintenir cette union.





Liens


Leokadia Ataliel, sa mère
Terriblement ambitieuse et arrogante, elle a toujours voulu que son fils s'élève toujours plus haut et brille sur la sphère politique. Elle l'aime plus que qui que ce soit en ce monde et serait capable de bien des choses pour lui. Même si elle n'a jamais compris et accepté ses aspirations personnelles, sa perte fut un véritablement déchirement pour elle et elle ne perd pas espoir de pouvoir le retrouver un jour.


Eriu Ataliel, son père
La position de sa famille a toujours fait d'Eriu un homme droit, mais impitoyable. Sa vie aurait pu être comblée avec la venue de son fils, chose à laquelle il aspirait tant, s'il ne s'était pas avéré être médiocre et décevant. Peu à peu, il a cessé de le considérer comme son fils, mais ce fut la honte qu'il infligea à sa famille qui rompit définitivement leur relation. Furieux et voulant blesser sa femme, il l'a jeté dehors et l'a renié, le faisant passer pour mort auprès des elfes.

Astaroth Selembr, son oncle
D'apparence un peu plus doux que les autres, Astaroth cultive l'orgueil à sa manière et déguise chacune de ses actions. Il s'est occupé d'Amaury comme s'il avait été son propre fils et fut bien souvent son refuge jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il n'avait rien de différent de ses propres parents et qu'il était peut-être pire encore.
C'est pourtant lui qui lui a offert sa première flûte et qui lui a donné goût à la musique.


Orfraie Ataliel, sa cousine
Comme elle s'est enfuie peu avant sa naissance, Amaury ne l'a jamais connue jusqu'à ce qu'il arrive au Domaine Baptistral. Elle lui a permis de connaître les liens d'une véritable famille, un amour pur, sans attentes, sans reproches. Même si la vie ne leur a pas permis d'être très souvent ensembles, il apprécie chacune de leurs rencontres, si bien qu'ils sont devenus plutôt proches.


Aneirin Lefengar, ami d'enfance
Ils se sont rencontrés, alors qu'ils n'étaient que de simples enfants et sont très rapidement devenus inséparables, malgré leurs différences de caractère et de statut social. Aneirin lui fut arraché lorsqu'on l'empêcha de revoir ses amis, mais ils se retrouvèrent des décennies plus tard. Leur relation ne fit que s'intensifier jusqu'à sa mort brutale, dont Amaury ne s'est jamais vraiment remis.


Mëryl Nalwaë, amie
Rencontrée au cœur du Désert, Amaury n'a pas pu s'empêcher de se porter au secours de la petite elfe et lui a appris que la méchanceté n'était jamais fondée que sur le mensonge. Il a mis toute son énergie pour l'aider à se reconstruire, à apaiser ses peines et à aimer à nouveau, avec plus de force que jamais.





Derrière l'écran

Petite présentation : Chaya, DC de Alkhy !

Rythme rp : Avez vous bien comprit le rythme rapide d'Armanda ? Oui !
Particularités rp : /

Comment avez vous découvert le forum ? : /

Avez vous signé le règlement ? : Oui chef !




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Baptistrel Chantebrise

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MessageSujet: Re: Amaury Ataliel Amaury Ataliel Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 4:04

Ma fiche est terminée ! ^_^
Je sais que c'est très long, donc prenez votre temps pour la correction. J'espère que ça vous plaira en tout cas. ambre
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Christan Weren
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MessageSujet: Re: Amaury Ataliel Amaury Ataliel Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 10:05

Oky c'est moi qui m'occuperai de ta fiche Amaury Razz

Identité :

ça va.

Equipement, et magie :

Parfait aussi.

Caracs :

Résistance : Ton perso est mage donc monter à moyen, ce serait logique qu'il ait une certaine résistance s'il est doué en magie. (car la résistance régule aussi la capacité à résister à la magie justement.)

Force Mentale : Baisse à Très Bon. Maître c'est beaucoup trop et ça correspondrait à l'expérience de quelqu'un formé à résister à la torture, ou à continuer de se battre tout en étant mortellement blessé. Pas quelqu'un qui a eu une vie très difficile comme ton perso (où très bon convient largement).

Charisme : Tu peux monter à Très Bon si tu veux après tout ton perso est baptistrel.

Martial : Tu peux monter l'équitation à moyen si tu veux x).

Avec tout cela tu aura mage puissant "innée".

Description physique :

Cela convient parfaitement.

Description mentale :

Rien à y redire.

Liens :

Rien à y redire non plus^^, après j'avoue que ça me semble un peu extrême pour le père.

Histoire :

Bon je vais être sincère ça a vraiment été difficile de lire tout ça^^'.

Citation :
Quand il aperçut un elfe en train de voler un honnête marchand, il ne put se retenir et s'élança jusqu'à lui pour attraper son bras. Dans son mouvement, le marchand détecta aussitôt qu'on essayait de lui voler une pomme et s'apprêtait à crier au voleur, quand Amaury l'apaisa de quelques mots et lui paya la pomme en question.

Les voleurs sont très rares chez les elfes, et ne le sont pas sans raison. Et les elfes ne sont à cette époque jamais assez dans le besoin dans la forêt elfique pour voler. En somme il va falloir que tu édite tout ce qui concerne cette histoire de voleur.

> Au passage les elfes autorisent les relations du même sexe chez eux, même si pour ma part je pense que cela est très problématique pour le fait de faire un enfant, surtout en sachant que le peuple elfique est très peu nombreux. Donc en effet ta famille aurait pu très mal voir cela.

Deuxième post de l'histoire :

Rien à y redire.
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MessageSujet: Re: Amaury Ataliel Amaury Ataliel Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 13:03

Christan Weren a écrit:
Résistance : Ton perso est mage donc monter à moyen, ce serait logique qu'il ait une certaine résistance s'il est doué en magie. (car la résistance régule aussi la capacité à résister à la magie justement.)

Force Mentale : Baisse à Très Bon. Maître c'est beaucoup trop et ça correspondrait à l'expérience de quelqu'un formé à résister à la torture, ou à continuer de se battre tout en étant mortellement blessé. Pas quelqu'un qui a eu une vie très difficile comme ton perso (où très bon convient largement).

Charisme : Tu peux monter à Très Bon si tu veux après tout ton perso est baptistrel.

J'ai tout modifié comme tu me l'as recommandé. Merci pour les explications à ce sujet. ^_^

Christan Weren a écrit:
Martial : Tu peux monter l'équitation à moyen si tu veux x).

J'ai laissé à faible, Amaury est avant tout un marcheur et comme il est aveugle, monter sur un cheval ne sera pas aisé pour lui, voilà. À apprendre en jeu si quelqu'un se sent de le faire. Razz

Christan Weren a écrit:
Liens :

Rien à y redire non plus^^, après j'avoue que ça me semble un peu extrême pour le père.

Oui c'est extrême, mais le père a ses raisons. Le pourquoi est peut-être dit un peu trop subtilement dans l'histoire après. '_'

Christan Weren a écrit:
Les voleurs sont très rares chez les elfes, et ne le sont pas sans raison. Et les elfes ne sont à cette époque jamais assez dans le besoin dans la forêt elfique pour voler. En somme il va falloir que tu édite tout ce qui concerne cette histoire de voleur.

... Je suis trop bête. ;__;
J'ai modifié par le passage suivant du coup :
----


En se mêlant à la foule, il espérait que le brouhaha et la joie collective lui fassent un peu retrouver le sourire, mais il ne faisait qu'errer comme une âme en peine. Quand il aperçut deux elfes en train de se disputer, alors que leur ton montait de plus en plus, son cœur se serra. Il ne put se retenir et s'élança à leur rencontre, tentant d'apaiser ce conflit dont il ignorait tout par de simples mots amicaux. Pourtant, si cela sembla avoir son effet sur l'un d'entre eux, l'autre s'offusqua encore plus.

« Je n'ai pas besoin de votre aide ! De quoi est-ce que vous vous mêlez ? » Lui cracha-t-il au visage, comme si c'était lui qui avait initié la dispute et qui l'avait offensé de la pire des manières.

Puis il s'était empressé de se retourner pour sortir du marché, maintenant que son conflit avait été abrégé, il ne pourrait rien faire et, par fierté, il lui avait même lancé un regard noir, furieux. Amaury, blessé, mais plus offensif qu'il n'aurait jamais pu l'être avec sa propre famille, décida de ne pas en rester là et se mit à lui courir après.

« Attendez ! » Lança-t-il.

Mais l'homme se mit à courir et, naturellement, le distança rapidement puisqu'il n'avait jamais vraiment développé ses capacités physiques. Il finit par s'arrêter à un moment, l'ayant perdu de vue et ne voyant plus personne, il s'apprêta à rentrer, peut-être pas chez lui, mais au moins au cœur de la ville, quand une voix l'interpella.

« Que voulez-vous ? »

C'était l'homme qu'il avait suivi. C'était un elfe plus grand que lui, aux longs cheveux sombres et avec une cicatrice sur le visage, lui barrant tout l’œil gauche qui arborait désormais une couleur livide. Il n'était pas vêtu si pauvrement que ça, mais on pouvait comprendre qu'il voyageait beaucoup et qu'il ne connaissait pas toujours la prospérité, ils étaient assez usés, parfois troués sans qu'on ait pris la peine de tout raccommoder. Et puis, il portait une épée à sa ceinture, objet de défense ou d'attaque, il n'aurait su le dire.

« Je… je voulais simplement m'excuser. » Annonça-t-il d'un air aussi sincère qu'attristé. « Je ne voulais pas vous offenser, mais de vous voir vous disputer si farouchement avec votre ami m'a touché... Je voulais juste vous aider à vous réconcilier... »

« Ce n'est pas... »

Il lui avait offert un joli sourire, lumineux et bienveillant, mais le jeune elfe ne fit pas un mouvement pour le lui renvoyer, il était perdu dans la contemplation de son visage, le fixant de manière plus qu'indiscrète. Un long silence s'ensuivit, alors qu'il se laissait dévisager en baissant les yeux. Que voulait-il ? Le mettre mal à l'aise ?

« Amaury ? » Prononça-t-il soudainement. Cela le fit réagir et il releva aussitôt la tête pour le fixer dans les yeux. Comment pouvait-il connaître son nom ? Voyant qu'il ne le reconnaissait pas, l'elfe poursuivit : « C'est moi ! Aneirin ! »


----

Christan Weren a écrit:
Au passage les elfes autorisent les relations du même sexe chez eux, même si pour ma part je pense que cela est très problématique pour le fait de faire un enfant, surtout en sachant que le peuple elfique est très peu nombreux. Donc en effet ta famille aurait pu très mal voir cela.

Wui je sais, mais mes Ataliel ne sont que des vilains. èé :bobo:

Merci pour tout le temps que tu as passé sur cette correction mon Chris adoré. joujou
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MessageSujet: Re: Amaury Ataliel Amaury Ataliel Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 13:12

dragon

Sois le bienvenu sur tes terres, fils d'Armanda.
Tu es née avec une puissance magique innée de puissant et ton entraînement dans le domaine magique t'a permis d'atteindre un niveau correct. Tu as d'ailleurs été choisi(e) par le totem de l'hermine dont tu as atteint le niveau 1. Tes caractéristiques ont été modifiés en adéquations avec ce totem.

Tes compétences ont été validées, tu pourras les faire évoluer tout au long de ton aventure. Tu as aussi un profil qui pourra évoluer en jeu sur demande.

Pour tenir l'état de tes aventures à jour, tu possèdes une fiche de suivi de personnage qui se trouve en ce lieu. Tu peux y ajouter tes liens, ton inventaire, ton histoire personnelle et ce que tu souhaiteras. Tu peux aussi adresser tes questions ici.


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