Le poids d'une tristesse infinie, c'est tout ce dont se souvient Löthilith concernant sa génitrice. Silarae la Blanche, dragonne d'exception tant par ses exploits que par sa prestance digne d'une reine des cieux. L’œuf d'un rose doré envoutant de Löthilith fut l'un des trois fruits de son union avec Atalos le Doré, lui aussi puissant mâle en son temps. C'est donc déjà avec un lourd héritage que le dragon encore protégé par la gemme éclatante de sa coquille allait naître. Löthilith put sentir l'esprit de sa mère, donneuse de vie bienveillante et emplie d'amour pour ses descendants, ceux qui perpétueraient sa mémoire et l'avenir de leur race. Malheureusement, ce que Löthilith ne su jamais c'est que cette présence chaleureuse qu'elle ressentait, couvant ses enfants en son sein était atteinte d'une blessure bien trop profonde pour survivre bien longtemps. En effet la perte de son dragonnier la vit mourir à petit feu de chagrin et de solitude, jamais elle ne vit ses œufs éclore. Elle abandonna la vie, bien trop insupportable à affronter pour elle sans la présence de son âme sœur.

Les trois œufs furent confiés aux bons soins d'un bipède qui devient baptistrel ,il emporta ces trésors inestimables au sein de leur domaine. Protégés, placés dans un nid confortable et lourdement surveillé, les œufs attendirent patiemment l'arrivée de leur dragonnier respectif. Pendant une durée interminable pour la petite Löthilith le temps s'écoula, les journées toujours semblables les unes aux autres naissaient puis mouraient sans apporter aucun changement dans sa semi-existence. A l'abri de sa coquille de diamant elle ressentait le monde bouillonner autour d'elle et de sa fratrie. Elle percevait sans mal les nombreux esprits, qui n'avaient rien à voir avec ceux d'un dragon, mais qui veillait sur eux ou encore les toucher avec espoir, envie et déférence. Cependant, rien ne put la persuader de s'ouvrir à cette effervescence. Cet inconnu lui faisait peur et quelque chose au fond de son cœur semblait lui manquer, un élément essentiel, sans lequel la vie n'était guère possible ou attrayante. Longtemps elle se demandait quant un dragon enfin viendrait lui demander de se secouer et de prendre enfin part à cette grande aventure qu'était l'existence, en vérité tout ce qu'elle attendait, c'était de percevoir de nouveau l'esprit si particulier de sa génitrice, seule dragonne qu'elle eut jamais ressentit. Jamais cette âme tant attendue ne se présenta, et petit à petit la dragonne en oublia jusqu'au souvenir de sa perception. Rien ne la décidait à sortir, pas même l'éclosion successive de son frère et de sa sœur, seuls esprits qu'elle avait fini par connaître par cœur et auxquels elle s'était attachée. Leur départ creusa la solitude du dernier œuf de Silarae. Ces évènements entamèrent également la confiance des protecteurs au sein du domaine Baptistral. Petit à petit l'espoir s'amenuisa de voir un jour le dragon qui était protégé par la gemme rosée.

Löthilith était cependant tout en contradiction, elle finit par choisir un esprit, une âme qui ressemblait terriblement à tout ce qu'elle avait toujours attendu. Non pas qu'elle était porteuse d'une chagrin immense comme le fut celle de sa génitrice, mais elle contenait des nuances qui lui correspondaient. N'écoutant que son instinct elle fit donc de Lewyn
Viladric son lié, et en fut la première étonnée. En effet jamais elle ne se serait cru de nature à devoir être enchaînée à un bipède et tout ceci la perturbe étrangement. Elle ne peut s'empêcher d'être méfiante et de déconsidérer les bipèdes maintenant qu'elle a enfin pu poser les yeux sur ce monde. Le lien est tout jeune, naissant et encore mal perçu. La petite dragonne est fragile, de frêle constitution et en demande constante de soins divers. C'est au dragonnier de faire ses preuves, de gagner l'affection de cette créature mystique et légendaire qui a accepté d'éclore pour lui.