Non mais quelle idée il n'avait pas encore là... Et dire que s'il n'était pas tombé sur Matis, il n'en serait pas à payer la dette contractée auprès de sa personne. Diantre ! Se retrouver à travailler pour le commandant des Lames en personne et tout cela pourquoi ? Pour garder un oeil sur certaines maisons Nobles de la Cour d'Aldaria. Comme si les nobles étaient capables de comploter. Ah oui, il l'oubliait ça : les nobles pouvaient comploter et comme la régence était tenue à ce qu'il en savait par Luna Duruisseau, une jeune femme encore bien jeune pour le poids du règne qui reposait désormais sur ses épaules. Bon de toute façon, cela ne le regardait en rien ! Sauf que l'autre guerroyeur lui avait demandé de faire quelques petites tâches pour lui... Pas besoin d'être bête pour comprendre que Matis tenait à la protection de la Régente.

Donc la question était qu'est ce que fichait notre homme dans les couloirs du Palais en plein milieu de la nuit ? Et bien il furetait pardi. Que de mieux que d'essayer de tomber sur des rendez-vous secrets comploteurs. Il suffisait de bien connaître le passage des patrouilles des gardes pour savoir les esquiver et trouver le recoin idéal pour discutailler bassement de recherche de prises de pouvoir et tout le tralalala. Des trucs de nobles quoi. Mais Artane ne connaissait ni l'heure de passage des patrouilles et encore moins les recoins sombres et cachés. Voilà pourquoi il était un peu en train de fouiner dans les environs, en essayant de pas se faire remarquer d'ailleurs.

Car il avait eu une veine d'enfer à avoir réussi à pénétrer dans le palais par les cuisines... Un détail qu'il ne manquera pas de communiquer à son ''commanditaire''. Un manque de surveillance, mais quelle aubaine pour un homme tel qu'Artane. D'ailleurs, en plus de chercher ce qu'il... cherchait, pourquoi ne pourrait-il pas en profiter pour piquer un ou deux bidules ? Les nobles étaient bien assez riches pour se permettre la perte d'un petit bijou ou d'un ustensile en argent. Après tout, lui aussi devait bien vivre, alors la perte d'un menu objet ne serait qu'une goutte d'eux pour le ou la détroussée. Lui il sera tranquille pendant plusieurs jours au moins, à bien en profiter dans une bonne taverne.

Il crut entendre un bruit de pas très léger, et trouva une alcôve dotée d'une tenture bien épaisse. Hop ! Il s'y cacha. Il était hors de question de se faire déjà repéré... Quoi dire en plus s'il se fait attraper ? Bah ! Il trouvera bien en temps voulu. Cela se trouvait, ce n'était qu'une serveuse qui passait....

Tout était si tranquille en cette nuit d’août et tout le palais semblait dormir à point fermé. Cependant, il y avait une exception : une jeune femme venait de se réveiller en sursaut. Elle venait malheureusement de faire un horrible cauchemar ou plutôt de revivre ce qu’avait été sa réalité lors d’une nuit brumeuse d’été. Le sang avait tâché son rêve, le feu avait léché les bâtiments, des cris avaient retenti et des hurlements lugubres de loups avait déchiré l’inquiétant silence. Ce n’était malheureusement pas la première fois que la jeune femme faisait un tel rêve, il hantait ses nuits depuis le moment qu’elle avait perdu Enetari.

Une main vint se poser sur les écailles de son doux lié qui s’agitait dans son sommeil. Elle caressa son encolure, doucement et tranquillement, jusqu’à ce que les spasmes qui avaient gagné ses membres disparaissent. Il n’y avait malheureusement pas que des avantages au Lien. En effet, même endormi, Alkhytis ressentait l’angoisse qui étreignait le cœur de sa liée et ses rêves s’agitaient dans le même sens. Une grande respiration emplit ses poumons puis elle lui envoya une vague d’apaisement et d’amour. Son cœur se calmait et elle sourit à voir son Cuivré retrouver également son calme. Elle n’aurait pas aimé que son dragon se réveille par sa faute.

La régente referma ses paupières sans pour autant trouver sommeil. Elle tourna et tourna dans son lit qui lui semblait toujours et encore inconfortable. Puis, elle passa de longues et interminables minutes à fixer le plafond de sa chambre. Un soupir s’échappa de ses lèvres. Ses pieds touchèrent finalement le sol et elle se leva, chancelante.

Ses pas menèrent la princesse des lumières jusqu’à la porte et elle sortit de ses appartements royaux. Elle avait besoin de se changer l’esprit et surtout, elle ne désirait pas réveiller son lié. Oui, c’est donc une régente à moitié endormie, la chevelure dorée en bataille, encore vêtue de sa longue robe de nuit bleue et nu-pieds qui se mêla aux ombres de son palais. Un peu plus et l’on pourrait croire qu’un jeune elfe chanteur avait une « mauvaise » influence sur elle. C’était peut-être le cas? En tout cas, c’était le dernier de ses soucis.

Où allait Luna? Elle ne savait pas. Elle salua quelques gardes qui la regardèrent avec un drôle d’air sans toutefois porter le moindre commentaire. Elle n’avait pas de destination précise. Elle marchait pour se changer les idées. Elle descendit finalement les marches qui menaient à l’étage des cuisines. Elle s’arrêta un moment afin d’observer la peinture d’une grande dragonne verte et continua son chemin.

La pénombre était très présente malgré les quelques torches magiques posées sur les murs. Luna n’avait pas remarqué l’homme qui s’était tapis dans l’ombre et passa donc devant Artane sans détecter sa présence.

Il se serra le plus possible dans sa cachette, espérant que l'ombre de la tenture le protégerait. La source des pas finit par apparaître sous ses yeux et c'était la silhouette svelte et droite d'une jeune femme qu'il déduisit être dans la vingtaine. Une gamine donc ? Mais que faisait-elle à se balader dans les couloirs à ces heures tardives ? Il n'avait eu qu'un coup d'oeil rapide pour savoir qu'elle était sortie d'une chambre. L'inconnue était habillée dans un longue robe de nuit bleue, dans un tissu de première qualité à en juger par la souplesse gracieuse qui s'en dégageait à chacun des pas de celle-ci. Elle avait les cheveux en bataille comme si elle venait de se réveiller ? Une somnambule ? Non, elle marchait trop droitement. Enfin pas comme une personne prise dans le jeu de ses rêves au point d'en déambuler dans les couloirs. Une servante qui sortait d'une des chambres des nobles plus haut ? Il en souriait. Cela arrivait si souvent dans des lieux pareils.

Il fallait vite prendre une décision, car rien ne précisait réellement si la gamine était une noble en vadrouille qui prétexterait une mauvaise nuit pour rejoindre un recoin pour comploter ou si c'était une jeune servante du coin qui couchait avec un homme en manque de chair douce et fraîche. Tout était possible. Ca y est ! Il savait quoi faire. Autant l'interroger non ? Et heureusement qu'elle était encore à portée de sa cachette... Bon d'accord, il devra faire quelques pas.

Il sortit le plus furtivement possible de derrière la tenture et se rapprocha de sa victime. Et avant même qu'elle ne se retourne, il l'attrapa en posant une main sur sa bouche pour éviter qu'elle ne crie et de son autre bras, l'entoura pour bloquer au maximum ses bras graciles. Diantre qu'elle était légère quand il la souleva pour rejoindre l’alcôve. Peut-être qu'elle aura entendu son arrivée car avec des bottes aux pieds, bonjour le cuir qui se met à craquer quand on ne le désire pas. Mais de toute façon, sa proie était sienne et sa prisonnière.

Et une fois dans sa cachette, d'un très léger murmure :

''On ne s'excite pas la damoiselle, je ne te ferai rien si tu restes sages. ''

Il la retourna pour la voir en face tout en veillant à maintenant sa lourde main sur sa bouche. Malgré le peu de lumière qui passait à travers la tenture, il écarquilla les yeux en voyant le visage de sa prisonnière. Et bien, en voilà une surprise... Elle n'était pas laide cette fille, au contraire, elle aurait de quoi faire pâlir certaines de ses aventures d'une nuit. Son sourire se fit des plus charmeurs. Servante ça ? Pas possible, ou alors il avait une sacrée vaine. Peut être que si elle n'était pas trop effarouchée pour la suite... Mais d'abord les affaires.

''Alors on se promène seule la nuit ? A la recherche de l'âme soeur d'une nuit.... ou pour retrouver un comploteur ? ''

Autant être direct non ?

''Tu vas pouvoir me répondre sincèrement d'accord ? Là je vais retirer ma main de ta bouche et pas de cri. Sinon''

Menacer un si beau brin de femme, il en eut honte.

L’inquiétude avait gagné le cœur de Luna lorsqu’elle entendit soudainement des pas derrière elle et la peur l’avait gagné de plus belle lorsque de bras solide l’avait attrapée. Elle avait voulu hurler de toute la force de ses poumons, mais la main qui était venue se plaquer sur sa bouche l’avait empêchée d’émettre le moindre son autre qu’un léger bafouillement. C’est à cet instant précis qu’elle regretta amèrement le fait d’avoir refusé d’avoir un nouveau ou nouvelle garde du corps à ses côtés. Elle avait été bornée à ne pas vouloir donner le rôle de l’elfette à qui que ce soit d’autre, mais il lui semblait maintenant une mauvaise idée. Il était trop tard toutefois. La régente était seule dans ce long couloir ténébreux où il n’y avait peu de vie et encore moins qui que ce soit qui pourrait venir l’aider.

Ses mains étaient venues pour libérer sa bouche, mais on les avait empêchés de bouger. Elle se débattit face à son assaillant, gigotant ainsi afin d’essayer de se glisser hors de sa prise et dès qu’elle fut levée du sol, ses pieds essayèrent de lui donner des coups. Mais rien à faire, l’homme était plus grand, plus fort et il avait prévu son coup. Elle fut entraînée contre son gré dans une alcôve suffisamment profonde pour qu’ils tiennent correctement tous les deux et une tenture les dissimulait de la vue de tous.

La voix de l’homme la fit frissonner. Que lui réservait-il? Sachant qu’elle était nulle autre que la régente des lieux, dame d’importance, elle valait un pesant d’or et qui sait ce que toutes ces sordides personnes de ce monde voudraient faire d’elle… ou de son corps. Elle déglutit difficilement et acquiesça d’un signe de tête. Son regard bleuté s’était posé sur le voleur et analysait ses traits. Il était plus grand qu’elle, plus fort qu’elle et elle n’était pas trop sûre de vouloir lire dans son regard noisette ce qu’il lui réservait. Tout de même, elle le fixa. Ses sourcils se froncèrent et les traits du visage de la jeune femme démontrèrent parfaitement l’inconfort qui naquit en elle suite au grand sourire d’Artane.

Que lui voulait-il? Luna n’arrivait pas à faire taire son cœur qui battait la chamade ni l’angoisse qui peignait ses traits. Elle acquiesça d’un signe de tête. D’accord… Pas de cri… Mais tandis que le mercenaire retirait doucement sa main, de jolies dents vinrent s’y planter de toute leur force. La gamine se servit de la surprise occasionnée pour pousser l’homme. Qu’est-ce que l’adrénaline pouvait être pratique dans ces moments-là! Mais c’est surtout son coup bien placé – vous savez, là où ça fait vraiment mal à un homme -, qui permit à la régente de se glisser hors de sa prise.

Les pas de la princesse des lumières s’éloignaient déjà. Elle avait espoir de pouvoir franchir la tenture et de se sauver dans le palais qui était sien.

Il aurait du prévoir le coup vache. Oui il aurait du le prévoir, car une femme menacée et qui se trouvait face à son agresseur, que faisait-elle d'ordinaire à votre humble avis ? Elle avait frappé là où cela faisait très mal chez un homme. Déjà pour commencer, elle l'avait sacrément mordue et après elle avait sournoisement répliqué. Puis elle sut vite se dégager d'un Artane à moitié stupéfait et à moitié hoquetant, se tenant presque l'entrejambe souffrant d'une main. Diantre ! La garce ! Les circonstances étaient tellement grotesques qu'Artane réussit à sortir une réplique qu'il grommela presque à cause de la cuisante douloureuse qui pulsait là en bas...

''Elle est si douce...''

Il ne put s'empêcher de sourire malgré tout.

''J'adore cette fille ! ''

Elle était jeune, belle et devait avoir un certain caractère pour ne pas en démordre alors qu'il la tenait. Que de mieux pour avoir une soirée bien rentabilisée au final. Mais assez de réflexion, car elle était en train de se barrer et allait sonner l'alerte. et comme il ne tenait à pas à pourrir dans les geôles du palais. Il souffla un bon coup et lâcha un couinement de douleur quand il se redressa vivement pour se mettre à la poursuite de la donzelle. Un brin de fillette tenace et il appréciait cela. Les filles un peu trop sottes et criardes comme des poules, ça, il appréciait moins.

Il sut bien entendu la rattraper et lui attrapa le bras pour l'attirer de nouveau contre lui et veilla à la tenir fermement mais en douceur, le dos contre sa poitrine. Oh non, elle ne lui refera pas le même coup deux fois. Et à nouveau la main sur la bouche pour pas que l'idée de crier ne lui monte à la tête. Puis vite fait et bien, il retourna encore, derrière la tenture tout en tenant la jeune femme. Et là au son de sa voix on sentait qu'il était à nouveau tout sourire.

''Ce n'est pas sympa de se sauver de la sorte, petite fille. Et en plus de me mordre et de me frapper. T'ai-je fait mal ? Je ne crois pas...''

Un court instant, pour rajouter un peu de drame à l'affaire.

''Tu as juste à répondre à mes questions et après... Ben après je verrai. !''

Comme pourrait-il relâcher ce brin de femme pareille ? Il saura obliger de l'attacher le temps de sortir du palais, pour ne pas se faire choper par les gardes.

''Une petite pouliche indomptée comme toi doit savoir certaines petites choses qui pourraient bien m'intéresser. Donc avant de répondre à mes questions, ce serait bien que je sache qui tu es. Car sous cette jolie belle crinière blonde, il doit y avoir une femme de caractère non ? Alors petite pouliche, qui es-tu donc ? Après tu me réponds bien gentiment d'accord ? ''

Il retira la main et cette fois plus rapidement cette fois pour ne pas se faire mordre à nouveau. Mais il veilla à toujours la tenir contre lui. Cette fois, elle restera collée dos à lui. Il tenait quand même à sa virilité. C'était là fragile, très fragile.

Les premières paroles de l’homme blessé à son orgueil s’étaient évanouies avec le bruit de pas rapides de la jeune femme. En réalité, elle ne faisait pratiquement pas de bruits puisqu’elle n’avait aucune semelle à ses pieds pour venir marteler lourdement le sol. Luna avait eu espoir de pouvoir s’échapper de son assaillant lorsqu’elle avait franchi la tenture et que l’homme avait disparu de son champ de vision. Elle s’était élancée dans la direction par lequel elle était arrivée, mais avait pu dépasser seulement quelques peintures avant qu’Artane sorte de l’alcôve. Zut! Il s’était déjà remis de son sale coup? Elle accéléra les pas de course, mais ce ne fut pas suffisant pour distancer l’homme qui la rattrapa facilement et qui enferma sa poigne sur son bras. La jeune femme manqua de perdre l’équilibre, mais au lieu de se retrouver étalée au sol, elle se retrouva contre lui. Seul un grommèlement insatisfait s’échappa de sa bouche désormais cachée par sa main et à nouveau, elle se retrouva dans la sombre cachette en compagnie de son assaillant.

Il avait appris sa leçon. Impossible de lui faire le même coup bas de la façon qu’il te tenait. La princesse des lumières ne voyait plus son visage, mais elle imaginait parfaitement son visage satisfait de sa prise dorée et son sourire amusé. Luna avait répliqué, mais seul un bruit étouffé s’était échappé de sa bouche. Farouche, sa prise s’était débattu pendant de longues minutes et avait gigotté entre les mains de l’homme sans pouvoir s’y échapper pour son plus grand malheur.

Consciente qu’elle ne pourrait pas s’échapper de la sorte et ressentant la fatigue la gagner, sa prisonnière se calma. Ce fut le signal pour Artane de pouvoir lui laisser une chance.

- Qui êtes-vous et que me voulez-vous? vociféra-t-elle.

Ce n’était pas la réponse à sa question, mais c’était déjà mieux qu’un sale coup, non? Elle se tut par la suite et sembla réfléchir. Oui, elle cherchait un moyen de se sortir de cette impasse. C’est alors qu’elle réalisa que l’inconnu lui avait demandé qui elle était. Cela voulait donc dire qu’il ne l’avait pas reconnue?! Il ne savait pas qu’elle était Luna, la régente d’Aldaria?!

- Qu’est-ce que ça change qui je suis? Pouvoir me tuer en prononçant mon nom? Poursuivit-elle d’une voix frustrée.

La colère la gagnait plus que la terreur, quoique c’était peut-être celle-ci qui en formait le combustible? En tout cas, la petite pouliche avait tout un caractère et que cela lui plaise ou non.

- Florence, c'est mon nom. Lança-t-elle d'une voix teintée d'aversion à son égard. Techniquement, la jeune femme ne mentait pas sur son identité. Ça avait des bons côtés d'avoir une double identité et de pouvoir berner les totems hiboux de cette façon. En était-il un? Aucune idée, mais il valait mieux ne pas prendre de chance. Que me voulez-vous? Et ne me dites pas que c’est mon nom, ça, vous auriez pu me le demander gentiment sans avoir besoin de m’agresser!

Artane ne pouvait pas s'empêcher de sourire. La donzelle avait décidément un caractère de coléreuse à l'entendre prononcer ses mots et d'une belle et douce voix même. Elle devait être mignonne quand elle était en colère. Mais comme là il la tenait dos contre elle pour se protéger, il préférait que l'imaginer pour le moment, avec un air farouche avec son petit nez froncé par la colère. Oui elle devait être sacrément mignonne sur l'instant. Bon, ne pas se déconcentrer !

''Ohlalala, on se calme petit fille. Je sais que c'est rageant de se retrouver coincé comme là mais ne vas pas comment à te faire des idées. De qui tu es peut changer beaucoup de choses quand à la raison de ma petite balade nocturne dans le coin. Quand à te tuer, loin de là cette macabre idée. Je ne suis point un assassin et je n'aime pas arracher la vie aux gens. Donc tu peux avoir la consciente tranquille, tu resteras en vie. Et puis... ce serait un beau gâchis. ''

Pourquoi tuer un si jolie brin de fille ? Il lui était déjà arrivé de tuer mais pour préserver sa vie. Quand il n'y avait pas de choix autre que la mort... Et puis il ne tuait pas les femmes ; enfin les vampires, c'était encore à discuter. Une fillette comme celle-là, oui ce serait vraiment du gâchis.

''Bon. Tu t'appelles donc Florence. Un nom qui te va à la petite pouliche que tu es. Et oui tu as raison, j'aurai pu jouer les gentilshommes et te le demander bien plus poliment mais je suis un peu pressé pour malheureusement ne pas passer par la case présentation. ''

Et si on revenait à la raison de sa venue dans le palais ?

''Donc je disais quoi... Ah oui, de qui tu es va m'importer en fait. Beaucoup même. Vois-tu, je chine ici et là pour chercher des informations sur quelques magouilles possibles et orchestrées par les petits nobliaux du coin. Si tu es une servante, tu dois avoir bien tendu l'oreille pour certaines conversations... Si par contre tu es une petite nobliaute...''

Là il serait un peu dans la mouise.

''... et ben, tu seras capable de me parler de quelques uns de tes pairs. La diffamation est tellement employée avec subtilité dans ces milieux. De ce fait, s'il y a un ou deux bonhommes ou bonnes femmes que tu ne supportes pas, ce sera encore mieux''

Ainsi de silence. Là il hésitait pour ce qu'il avait en tête. Parfois un sacrifice était nécessaire pour obtenir ce qu'on désirait mais là il jouait un peu sa vie quand même. Bon tant pis !

''Moi c'est Artane. Et promis, quand nous aurons fini de bavasser toi et moi, je te libérerai et tu auras une paix monumentale ''

Puis on comprit au ton qu'il prit qu'il souriait joyeusement.

''Bon... je t'écoute ma petite et belle Florence.''

On se calme, petit fille?! L’idée de lui balancer au visage qu’elle n’était pas une petite fille lui traversa l’esprit, mais elle retint sa frustration pour ne pas envenimer plus la situation. En fait, c’était surtout pour ne pas que ses propos se retournent contre elle. Malgré la rage qui coulait dans les veines de Luna, elle savait ne pas exploser et savait garder moindrement la tête froide. C’était difficile à quel point elle avait envie de lui sortir tous les noms qui lui passaient par la tête et à quel point tout son être la dégoûtait. Elle serra les dents et prit une grande respiration. Devait-elle être rassurée par le fait qu’Artane ne désirait pas la tuer? Non, sa conscience ne devint pas tranquille. Vouloir la tuer aurait été une raison claire et simple. Mais désirer la garder en vie, cela pouvait signifier tant de possibilités.

Un long frisson parcourut l’échine de la jeune femme au moment que l’homme l’appela à nouveau petite pouline. Certainement qu’il sentit sa réaction puisqu’ils étaient collés l’un à l’autre. Ces deux petits mots qui se voulaient emplis d’affection la mettaient plus que mal à l’aise. Luna s’était quelque peu calmée, écoutant ce qu’il avait à dire et réfléchissant aux différentes options pour se tirer de cette mauvaise situation.

- Oh? Ce sont des informations que vous voulez…? Murmura-t-elle, surprise.

Disait-il vrai? Là, elle ne pouvait pas lire s’il mentait ou non. Pour l’instant, elle partit du principe que c’était bel et bien cela et que ce n’était pas son corps de jeune femme qu’il désirait. Cependant, le doute persistait dans son esprit. Un peu difficile d’en être autrement en cette situation, par la façon qu’il lui parlait et les mignons petits surnoms qu’il lui donnait. Un nouveau frisson s’était emparé de son corps. Ça lui faisait étrange de se faire appeler Florence et encore plus lorsqu’on ajoutait petite et belle devant.

- Très bien, faisons cela, mon cher Artane. Quelques informations et vous me laissez tranquille ensuite. D’accord? Demanda-t-elle.

Sa voix notait une certaine assurance. Malheureusement pour Luna, il lui était difficile d’employer le ton d’une domestique. Elle avait fini par apprendre la façon de vivre et d’être des nobles. À se faire laver le cerveau avec le protocole et l’étiquette, ce n’était pas évident de retourner au mode paysan. Ce n’était pas le mépris des nobles qu’elle avait gagné, mais bien l’assurance.

- Je suis dans ce palais depuis un certain moment. J’ai, en effet, des informations que je crois qui pourraient vous plaire si ce sont bien des ragots et des rumeurs que vous voulez. Commença-t-elle puis elle prit une légère pause afin d’ajouter du suspens à ses propos. Serait-ce des informations sur la régente qui vous ferait plaisir? Vous savez… On pourrait dire que je suis proche d’elle. Un peu trop, même...

Luna avait depuis lors cessé de vouloir s’enfuir ou de se débattre. Elle avait décidé d’embarquer dans le jeu et de voir où ça la mènerait. Elle finirait par prendre le dessus sur la situation.

- Ne devrions-nous pas nous regarder en face tandis que nous discutons, mon cher Artane? Vous devez vous douter que je ne suis pas confortable ainsi et vous ne devez pas l’être non plus. Est-ce que je vous effraie à ce point? Demanda-t-elle d’une voix amusée. La surprise passée, elle reprenait confiance face à la situation. Je sais être gentille… La preuve, j’aurais pu vous casser le genou depuis déjà plusieurs minutes. Or, je crois que votre genou est encore intact, messire Artane? Poursuivit-elle. Un sourire s'était dessiné sur ses lèvres sans que l'homme puisse le voir.

Avant d’être régente et noble, Luna était avant tout une guerrière. Elle connaissait bien les points faibles du corps humain. C’était particulièrement utile étant donné sa faible constitution.

La jeune pouliche paraissait domptée maintenant. Le compromis semblait la calmer. Etait-elle aussi rassurée de savoir qu'elle gardera la vie sauve ? Cela en avait tout l'air car elle paraissait moins effarouché rien qu'à entendre le son de sa voix plus assurée et moins nerveuse. Artane savait se montrer très convaincant. Peut-être que la petite pouliche farouche avait fini par se faire dompter. Aussi vite serait étonnant d'ailleurs. Mais peut-être qu'elle appréciait finalement la proximité qu'elle vivait avec Artane. Ce serait décidément trop beau et en même temps trop facile. Il y a encore quelques instants, elle lui avait offert un si et sournois dans les parties. Mais il se préoccupa plus de ce qu'il était venu chercher à la base.

''Quelques informations échangées et après tu auras la paix. Je t'en donne ma parole''

Il ne put s'empêcher de garder un sourire bien réjoui. Il adorait quand les choses se passaient comme il le décidait... Enfin quand la chance était dans la partie bien sûr. Il était venu chercher quelques ragots et il allait vite repartir avec une petite mine d'informations, et ça après avoir eu l'agréable et douce compagnie d'un brin de jeune fille mignonne et au caractère certain... Ce petit point là il ne l'oubliait pas bien sûr.

''Si tu es au palais depuis un certain temps, tu es une source inestimable d'informations pour moi, très chère Florence. on va faire une juteuse affaire toi et même. ''

Il ne releva pas immédiatement ce qu'elle venait de lui offrir comme intérêt possible à savoir des infos sur la régente même. Ainsi elle était une de ses proches ? Une fille de compagnie alors, cela expliquerait son côté combattif.

''Mais avant une conversation en vis à vos sera plus civilisée et plus adéquate pour une charmante donzelle comme toi. Mais avant toute chose...''

Toujours en tenant fermement Luna, il attrapa un des longs cordons tressés qui pendaient non loin de là. Quel dommage qu'un domestique n'est pas songé à faire un noeud de décor pour le laisser négligemment pendre à son support.

''... Je ne doute pas de ta sincérité très chère et belle Florence, mais ton discours à manquer de me convaincre. Un si beau parler est trop beau pour être entièrement sincère. Je ne doute pas un seul moment que tu m'aurais pété la rotule. Je remercie d'ailleurs ta gentillesse. C'est très prévenant de ta part. Et pour rajouter à ce début merveilleux de dialogue que j'ai en ta magnifique présence, je vais te libérer mais avec une garantie pour ma personne...''

Il la libéra et la tourna face à lui. Son sourire était des plus charmeurs et pourrait réellement faire fondre n'import quelle femme. Mais il n'était pas à la recherche de ça, mais s'il s'avouait profiter un peu de la beauté qu'il avait en face de lui. Et en plus en robe de nuit, que de mieux non ? Et sans plus attendre, avec le cordon de la tenture, il lui noua les poignets et la fit tourner plusieurs fois sur elle-même pour que le lien s'enroule autour d'elle jusqu'au bas de ses jambes. Et au cas où elle perdrait l'équilibre, il la prit dans ses bras avant de se baisser et de la poser délicatement, assise sur le sol.

''Veuillez me pardonnez belle princesse de cet inconfort, mais comprenez que cela est nécessaire pour la sauvegarde de mon intégrité. Bien tenté d'amadouer votre dévoué serviteur, qui connait aussi l'art de cette ruse... Ah et non vous ne m'effrayez point...vous me faites au contraire succomber...''

Puis il se recula pour poser un genou à terre, pour être à hauteur de sa prisonnière ; prisonnière temporaire bien entendu. Y avait pas à dire, mais cette fille était vraiment jolie.

''On ne t'a jamais dit que tu étais mignonne avec ce visage sérieux et le regard luisant de colère ? Pas étonnant que tu connaisses la Régente alors. De ce qu'on dit, malgré son jeune âge, c'est une femme aussi redoutable qu'elle est magnifique. Je peux comprendre son intérêt d'avoir dans son entourage des filles de ton tempérament. ''

Il aurait pu se plaire à toucher une de ses mèches ou à mieux contempler son visage en le soulevant au menton de son index. Mais cela aurait manqué de considération et de respect. Elle n'était pas un animal qu'on détaillait comme dans un étal de marché, même s'il l'avait nommée petite pouliche.

''Revenons aux choses sérieuses. Ce qui me conviendrait plus sont les infos que tu as sur des nobles du palais et même ceux qui se ramènent de temps à autre au Palais. Quand à ce que tu sais de la Régente, cela ne m'intéresse point. Vu que tu es une de ses proches, je doute sérieusement que tu veuilles réellement la trahir alors que ta vie n'est nullemen menacée. Bien... Je suis toute ouie, je t'écoute ma très chère Florence, après je m'envolerai vivement et tu n'auras qu'à rouler sur toi même pour te dépêtrer de ce cordon...''

Mais que pouvait bien valoir la parole d’Artane? Pas grand-chose à vrai dire et c’est ce que Luna croyait. Le bénéfice du doute, elle voulait bien le lui accorder, mais c’était surtout parce qu’elle n’en avait pas le choix pour l’instant. Elle devait donc miser sur le fait que l’homme était quelqu’un d’honnête et qui respectait sa parole. Non, ça ne faisait pas de sens. Son assaillant qui s’amusait à ses dépens, qui l’agressait pour aucune bonne raison, qui avait su entrer dans son palais d’une manière probablement très fourbe et dont la malice suait de tout son être n’était certainement pas honnête, respectueux et sincère.

Luna croyait avoir embarqué l’homme dans son jeu, mais c’était lui qui s’était joué d’elle au final. Il n’avait pas mordu à l’hameçon qu’elle lui avait tendu et c’était loin de la discussion en tête à tête qu’elle avait imaginée. Obligée de se tourner face à lui, elle observa son sourire qu’elle commençait à franchement détester. Son regard s’était aussitôt promené sur le cordon qu’il avait à la main et elle comprit ses intentions. La frustration peignit son visage et la jeune femme farouche réapparut, se débattant à nouveau pour se dégager de l’emprise d’Artane. Ah non! Elle n’acceptait pas d’être attachée de la sorte. Mais ce n’est pas parce qu’elle n’était pas d’accord que la corde ne se noua pas autour de ses poignets. Le cordon de la tenture s’enroula autour de son corps, sa tête lui tourna momentanément et avec ses jambes coincées ensemble, elle se serait écrasée au sol si le voleur ne l’avait pas retenue. Le sol vient tout de même l’accueillir, mais bien plus doucement.

La princesse des lumières le foudroya du regard. Ça ne l’amusait pas, mais pas du tout. Sa frustration était palpable pour le plus grand plaisir de son assaillant. Luna n’avait jamais été très douée pour cacher ses sentiments, elle était tel un livre ouvert. Ses mains avaient cherché à se libérer, mais en vain. Elle était prise au piège et à la merci d’Artane. Que faire pour se tirer de cette mauvaise situation? Un soupir d’exaspération s’échappa de ses lèvres. Ce n’était vraiment, mais vraiment pas ce qu’elle avait prévu.

- On se croirait dans un moulin dans ce palais. On dirait que n’importe qui peut y entrer et faire ce que bon lui semble. Se plaignit-elle.

La régente l’avait sur le cœur. C’était SON palais jusqu’à la preuve du contraire, pas un musée ou un moulin. Comment des êtres comme Artane pouvaient-ils y entrer si facilement? Et les gardes, où étaient-ils? Il ne semblait pas être l’homme le plus discret alors il avait dû se faire remarquer, non? Avait-il su les convaincre qu’il était un homme d’importance comme un noble? Mais sérieusement, qui serait assez crédule pour le croire?

- Très bien. Je n’ai qu’une seule parole. Si ce sont des informations que vous voulez, les voici. Je ne parlerai pas de la régente puisqu’elle ne vous intéresse pas. Toutefois, vous comprendrez qu’elle forme l’essence même de mes informations, étant donné la place que je tiens.

Sa voix avait repris un ton assuré, malgré la frustration qui s’y cachait toujours. Luna le regardait droit dans les yeux. En cet instant, sa fierté primait sur le malaise qui naissait en elle à le voir ainsi sourire.

- Messire De Castelnau, vous savez, ce noble de cette riche famille qui possède de nombreuses mines de diamants a récemment approché la régente. Ce charmant ténébreux lui a offert plus de richesses qu’elle ne pourrait jamais s’imaginer en échange de sa main et la régente a simplement décliné son offre. Personne ne sait qu’il a fait une telle proposition. Sa fierté serait certainement grandement ébranlée si on le lui rappelait.

La petite lune se tut et attendit une réaction de la part de son geôlier. Était-ce ce genre d’informations qu’il désirait?

Dire que si Enetari était là, elle saurait exactement l’endroit où elle se trouvait et pourrait venir l’aider. À la pensée de son amie, son cœur s’attrista. Non, ce n’était pas tout l’or du monde que Luna désirait et messire de Castelnau n’avait rien compris de son cœur.

Toujours aussi revêche la petite. Artane ne put s'empêcher de sourire. Il manqua même de rire quand la jeune femme fit allusion à un moulin quand aux personnes qui entraient pour faire comme bon leur semble.

''C'est dommage de classifier le palais de moulin. Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a que moi qui ai pénétré dans cette magnifique demeure. Une aubaine de talle je dois l'avouer. Une telle aubaine que je pourrai très bien délester quelques résidents du coin de quelques petites affaires de menues importances à leurs yeux. Mais voilà, je ne suis pas venu pour cela, même je dois avouer que c'est... très tentant. ''

Un petite bracelent d'argent par ci, une fine chaînette en or par là... il n'avait qu'à tendre la main (presque) pour se remplir un peu les poches et se vautrer dans le repos gratifiant d'une bonne auberge avec un bon tonnelet de vin, à s'en remplir la panse. mais voilà, comme il l'affirmait si bien, il n'était pas là pour ça.

''Et puis tu m'as vu, donc ma position est compromise si je me décide de jouer les détrousseurs...

Il la regarda durant un bref laps de temps, comme pour donner un effet lourd de sens à ce qu'il venait de dire. Puis il sourit presque plaisantin.

''Détends toi, je ne faisais que plaisanter. Et puis en tant que dame de compagnie, à voir la qualité du tissu de ta robe de nuit, je ne serai pas étonné que tu es dans tes appartements quelques... hum, objets de valeurs.''

Bon, s'il cessait de l'asticoter ? Ce n'est pas comme cela qu'il allait démontrer son côté charmeur et irrésistible à la taquiner de la sorte. Et puis, il avait qu'un objectif et il avait donné sa parole. Et sa parole, il y tenait.

''Messire De Castelnau, oui j'en ai entendu causer une fois... C'est très intéressant ce que vous m'énoncer là très chère et belle damoiselle''

Cela pourrait être pris comme du menu fretin, mais mine de rien, cela avait quand même du poids pour qui cherchait ces informations là. Artane fut tenté de demander autre chose, mais il jugea qu'il avait eu ce qu'il voulait.

''Et bien voilà. Tu vois que ce n'était pas si difficile que cela. ''

Il attrapa son couteau et se rapprocha de Luna. Qu'allait-il faire ? Et sa parole ? Ben il allait la respecter voyons ! Il trancha les liens qui enserraient les poignets de la fillette. Jute cela. Le reste, elle pourrait très bien se débrouiller.

''Chose promise, chose dûe. Je pense que tu seras te dépêtrer toute seule''

Après avoir rangé son arme, il s'inclina gracieusement devant la petite pouliche.

''Pardonnez moi de ne pas faire plus, petite princesse. Je vous aurai bien raccompagner à vos appartements et qui sait, vous offrir une nuit réconfortante, mais le devoir m'appelle. Et ce fut une agréable rencontre... Une bien et belle rencontre. Mes amitiés à la Régente. ''

[HRP : comme tu as les mains libres, une bête erreur de mon Artane, tu peux en profiter pour user de magie ]

Le regard de Luna ne quittait plus Artane. La jeune femme le fixait et continuait d’analyser la situation. Attachée comme elle l’était, ce n’était pas une position avantageuse. Mais ce n’est pas vrai qu’elle se laisserait approcher facilement. Sans prononcer un seul mot, elle l’écouta parler suite au fait qu’elle lui avait donné des informations. Serait-ce suffisant ou en voudrait-il davantage? Mais surtout, respecterait-il sa parole?

Luna le foudroya du regard lorsque le voleur lui dit de se détendre et que ses appartements devaient être remplis d’objet de valeur. Elle était loin de se détendre. Elle sentait ses membres se crisper sous la colère, son sang bouillir dans ses veines et son cœur battre la chamade. Elle n’aimait pas être taquinée de la sorte face à un peu inconnu qui se moquait ouvertement d’elle et qui s’en était pris à elle pour aucune bonne raison.

La princesse des lumières se mordit la lèvre inférieure afin de s’empêcher de lui crier le fond de sa pensée et d’éviter de prononcer des insanités à son égard. Elle était suffisamment raisonnable pour croire fermement que cela n’aiderait pas sa situation. Elle se raidit lorsque l’homme s’approcha d’elle avec un couteau et la lueur qui se cachait dans l’azur était plus que parlant : un mélange de crainte, de dégoût et de rage. Elle ne remarqua seulement lorsqu’Artane s’était éloigné d’elle, après avoir libéré ses mains de ses liens, qu’elle avait retint sa respiration.

Voilà qu’il s’éloignait… N’aurait-elle pas dû être satisfaite par cela? Ah non! Luna n’était pas satisfaite du tout.

Ses mains libérées, sa première idée ne fut pourtant pas de se défaire de la corde. La petite lune referma son point et la magie agit aussitôt : une onde de choc frappe Artane de plein fouet. Ce furent ensuite des flammes invisibles qui vinrent lécher la corde pour en supprimer la résistance et ainsi, pouvoir s’y libérer rapidement. Elle bondit sur ses jambes aussitôt et appela à elle sa lame fine.

- Hey! S’exclama-t-elle. Où comptiez-vous aller comme ça?

Artane n’avait plus affaire à une jeune femme à l’apparence sans défense. Sa main gauche tenait fermement Éclat, la lame que lui avait jadis offerte Korentin Kohan. Elle avait servi à de nombreuses reprises, mais restait sublime. L’œil connaisseur du voleur remarquerait certainement la qualité de l’épée, de même que le joli vitrail chatoyant qui le composait.

- Ne me dites pas que vous auriez réussi à sortir en douce du palais sans qu’aucun garde ne vous intercepte?

La régente se demandait toujours comment il avait fait pour entrer si facilement et comment il comptait s’y déplacer sans soucis. Son regard sévère s’était posé sur lui.

[Oukie J'en ai profité ]

Que de mieux que d'apprendre à voler pour atterrir sans grâce sur le sol dallé du couloir. Ventre par terre, Artane resta quelques secondes allongé, pris entre la surprise et l'étourdissement. Il secoua la tête tout en se redressant. Voilà ce que c'était de trop vouloir être gentil avec les damoiselles. Diantre ! Voilà que celle-là savait utiliser la magie. Quelle erreur de lui avait libérée les mains décidément. Elle aurait dû être contente d'avoir été libérée. N'avait-il pas respecter sa parole ? Et quand elle l'interpella, quand il terminait de se frotter la tête d'une main, il n'eut qu'à se retourner pour voir la jeune femme déjà armé d'une épée en main. Et visiblement, c'était loin d'être qu'une simple illusion.

Le sourcil haussé, terminant de se frotter là où son crâne, il fixait Luna. Pourtant, un très léger sourire naquit à son visage.

''Ne manquerais-je déjà pour me retenir de partir ? Et tu sais que tu peux te couper avec ton magnifique coupe-chou''

Il ne doutait pas un seul instant que la fillette sache parfaitement s'en servir. Outre la qualité de l'épée qui était indéniable -d'ailleurs, l'aspect chatoyant de la lame lui évoquait quelque chose, mais quoi ?-, la petite pouliche savait parfaitement la tenir. Une fois encore, il allait regretter de pas avoir pris son épée avec lui. Bon d'accord, il avait sa dague, qui pouvait aisément devenir une petite épée pour un corps à corps, mais il ne se voyait pas affronter la jeune femme. Il n'était pas venu chercher l'affrontement et il s'il pouvait éviter de combattre une femme... un si bien jolie brin de femme d'ailleurs...

''Ne me dis pas que tu as l'intention de m'empêcher de sortir du palais... ''

A voir son regard azuré déterminé, on dirait que si. Artane ne put s'empêcher de sourire, malgré le sérieux qui commençait à se former sur son visage.

''Ton courage est louable petite princesse, mais je ne suis pas venu me battre avec toi. Et je m'en voudrais sérieusement si je venais à te blesser pour réussir à sortir comme je suis venu. Tu peux te douter que si j'ai su entrer à la barbe des gardes du coin, je saurai faire l'inverse. Et puis, tu n'es pas un garde....''

Il ne put s'empêcher de s'incliner avec élégance, comme il l'avait tant observé chez les nobles quand il était gosse. Chaque geste était presque parfait.

''Au plaisir belle princesse''

Et quand il se redressa, il exécuta un rapide geste vers Luna, la paume ouverte avec le pouce rentré. Une vive lumière emplit la pièce. Artane toucha en même temps sa bague pour disparaître des regards et ne perdit pas de temps pour se sauver le long du couloir. Les effets ne dureraient qu'un court moment, alors autant le mettre à profit après avoir dérouté un instant la jeune femme. Et forcément comme il pressait le pas...

Non mais se faire arrêter par une femme, il y avait de quoi en sourire. Cela pouvait faire un bon début de conte mais la réalité était tout autre. Pourvu d'ailleurs qu'elle n'insiste pas la petite pouliche. Car en plus d'être dotée d'un sacré caractère, elle tenait à ne pas se laisser faire. Et que là où il passera pour sortir du palais les gardes ne soient pas de passage.

Spoiler:

Artane avait-il réellement cru que sa prisonnière était une jeune femme inoffensive? Certes, Luna n’était pas la meilleure et pouvait faire de nombreuses gaffes étant donné son jeune âge ou sa témérité. Mais la sous-estimer était commettre une grande erreur, car elle savait se montrer débrouillarde et certainement très énergique. Une fois libérée, la régente n’avait pas attendu longtemps pour réagir et repousser assaillant qui était venu se frapper contre le mur. Elle s’était alors levée pour le menacer avec Éclat. Elle pensait avoir pris le dessus sur la situation, mais le voleur prouva qu’elle avait tort. Sa main vint protéger ses yeux de la lumière éblouissante et l’instant d’après, il n’y avait plus personne dans l’alcôve. Seul le battement de la tenture indiquait qu’il était passé par là.

Épée toujours en main, la princesse des lumières sortit de la pièce et jeta un regard repart des deux côtés du couloir. Il n’y avait personne?! Mais où était-il passé? Il n’avait quand même pas disparu, envolé magiquement? La colère, déjà énormément présente en elle, s’enflamma davantage.

- Artane! Tu ne t’en sortiras pas aussi facilement!

Sa voix avait résonné dans le couloir, laissant ensuite la place à un grand silence. Silence qui fut brisé par des bruits de pas précipités sur le sol dont Luna eut la chance de pouvoir capter. Elle s’attarda au bruit, fixant le vide jusqu’à ce qu’une flamme magique d’une torche vacille. Par Dracos! Il était là et invisible en plus?! Pas si discret que ça le monsieur. Il devait avoir en sa possession quelque chose semblable à sa bague Umbrea. Dommage qu’elle l’avait laissée sur sa table de chevet sinon elle aurait pu jouer au même jeu que lui. Quoique…

La petite lune s’enlaça elle-même. Si l’homme n’était pas trop attentif, ce qui devait être le cas puisqu’il tentait de se sauver, il ne verrait pas le sort prendre effet sur Luna. La magie entoura la jeune femme pour effacer son corps, sans le rendre toutefois complètement invisible. Elle ne faisait pratiquement plus aucun bruit en marchant et c’est ainsi qu’elle suivit l’homme qui se croyait imperceptible.

Lorsqu’Artane réapparut enfin, Luna aurait pu lui balancer une attaque ou l’interpeller. Non, elle n’en fit rien. Elle posa simplement l’azur sur lui et continua de le suivre. Elle était curieuse de savoir où il allait passer et ce qu’il compter faire. Tapis dans l’ombre de son sort, Luna croyait qu’il ne l’avait pas remarquée. Était-ce réellement le cas?

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Spoiler:

Oh mais qu'elle était déterminée la fillette ! A l'entendre rager dans le couloir alors qu'il se sauvait, elle devait en avoir gros sur la patate. Dommage qu'ils ne se trouvaient pas tous les deux dans une chouette taverne, il lui aurait volontiers payé à boire. Les jolies jeunes femmes au caractère bien trempé, il adorait ! Mais là pour ce soir, pas le temps pour la causette et de la petite drague. Et il était loin de savoir de une, qu'il avait été ''vu'' et de deux, que la jeune femme le suivait désormais en jouant presque le même jeu que lui.

En effet, il était loin d'imaginer que Luna le suivait non loin de lui, qu'elle avait observé ses passages par les mouvements d'air qu'il avait semé derrière lui dans sa précipitation et qu'elle était bien là quand son anneau magique cessa de fonctionner. Il avait bien regarder dans les environs si rien ne viendrait perturber son passage. Une fois rassuré qu'il n'y avait rien, il longea le couloir en longeant les murs et s'arrêta devant une chambre. Il entrouvrit la porte de celle-ci, tendit un regard à son intérieur, regarda encore autour de lui et y entra. Il en ressortit aussitôt, armé de... D'un plateau ?

Que de mieux que de se faire passer pour un serviteur dans un palais ? Après tout, on ne mettait pas forcément les gardes au courant de possibles nouvelles recrues. Enfin pas tous. Artane jouait sur sa petite chance habituelle.

Il vérifia le contenu de son plateau et mit bien en place une bouteille de vin en verre à moitié vide. Quand on passait par les cuisines tard dans la nuit, on pouvait se faire un bon repas à la volée. Mais cette bouteille était destinée à autre chose. Bien, la suite des opérations pouvait commencer.

Comme il l'avait souvent vu faire et surtout fait, il prit la parfaite posture d'un serviteur rôdé à ses tâches et rejoignit tranquillement les cuisines. Il croisa deux gardes en patrouille, qui parurent au début suspicieux, mais à voir le pseudo serviteur très à l'aise, leur doute s'estompèrent vite. Plus encore quand Artane leur proposa le reste de la bouteille de vin, non bu par un petit noble du palais. Bien entendu, promis, il ne dira jamais que les gardes auront bu cette excellente cuvée de rouge durant leur service. S'ils savaient tous les trois qu'un regard azuré les surveillait... et quand enfin il pénétra dans les cuisines...

Il déposa le plateau sur la table proche et lorgna la sortie... Le problème était qu'il y avait une grosse mégère qui traînait là à ranger des bacs de nourritures qui serviront pour le repas de midi. Diantre, une forcenée au travail si tôt... Galère ! Bon, il devait y avoir moyen de la jouer fine. Mais en attendant, il se mit dans un recoin, pour se prendre tranquillement... Un verre de vin ! Oui car une autre bouteille traînait par là et il la déposa non loin de lui, tout en humant la douce odeur du produit alcoolisée. Il entendit l'autre grosse dame partir. Il sourit. La chance tournait en sa faveur. Il goûta le vin du bout des lèvres et se passa la langue sur les lèvres.

''La Régente se paie du vin d''excellence la veinarde...''

Il avait murmuré tout bas, mais juste assez pour qu'une Luna toujours cachée par la magie l'entende. A se demander ce qu'elle allait faire maintenant, car la porte des cuisines était une vois de sortie pour notre cher voleur.

Cachée parmi les ombres, Luna avait suivi l’homme qui se croyait discret. Il ne l’était pas tellement à vrai dire à déplacer l’air comme il le faisait et au bruit de ses pas martelant le sol. Mais il faut dire qu’il ne croyait pas avoir besoin d’être plus discret étant donné la tranquillité de la nuit au palais. Cependant, Luna était discrète. D’abord, par l’absence de souliers à ses pieds, c’était facile de ne pas faire de bruit en marcher. Elle se déplaçait lentement, gardant toujours une distance suffisamment éloignée pour ne pas se faire remarquer. Certes, elle aurait pu l’interpeller et arrêter ses manigances depuis un moment déjà. Or, la jeune femme était curieuse de savoir ce qu’il ferait et comment il se débrouillerait pour espérer sortir incognito de la Lumineuse.

L’enchantement de sa bague prit fin et Artane réapparut. Il ne semblait pas du tout inquiet. Elle se retint de réagir lorsqu’il pénétra dans une chambre. Qu’allait-il faire? Voler?! Fort probablement… Non, car à sa plus grande surprise, il repartait aussitôt avec un plateau dans la main. Le domestique passa même devant deux gardes sans se faire arrêter, deux gardes qui furent foudroyés du regard sans même qu’ils s’en rendent compte. Luna graverait dans sa mémoire leur visage, mais les réprimandes attendraient, car le voleur repartait.

Luna entendrait derrière lui dans les cuisines, toujours aussi discrètement. L’azur se posa sur la sortie. C’est donc par-là qu’il comptait s’éclipser? Elle devait avouer que son plan était plutôt judicieux et qu’il passait très bien pour un serviteur. La fuite ne semblait pas être sa première préoccupation puisqu’il se versait un bon petit verre de vin rouge.

- Et la meilleure farine aussi!

Un nuage blanc se répandit dans la cuisine tandis que la Régente versait, avec l’aide de la télékinésie, un sac de farine sur la tête d’Artane. La poussière retombée, l’on pouvait voir la jeune femme assise confortablement sur un comptoir non loin, son épée posée près d’elle. Le voleur était complètement recouvert d’une fine poudre blanche et l’océan ne manqua pas un instant la tête qu’il faisait suite à cette surprise. Un éclat de rire s’échappa de ses lèvres, comme quoi cette situation l’amusait.

- Bouh! C’est encore moi. Lâcha-t-elle d’une voix amusée.

Elle avait cessé de rire et au lieu, c’était un sourire moqueur qui s’était dessiné sur ses lèvres.

- Oh! Mon cher Artane. Vous ne croyiez quand même pas pouvoir vous pousser aussi facilement? Et ce n’est pas la peine d’essayer, je ne suis pas achetable comme ces deux gardes. Prononça-t-elle clairement. Et si j’étais vous, je ne m’approcherais pas de cette porte. Petit conseil juste comme ça…

Sourire encore plus taquin et regard soutenu. Dans quel piège se mettrait-il les pieds s’il se dirigeait vers la porte? Aucun… Mais Artane n’avait pas besoin de savoir que le blonde bluffait, n’est-ce pas?

Il s'apprêtait à boire une plus grande gorgée pour sa seule satisfaction qu'il sursauta quand la farine lui tomba dessus en l'inondant en un gros nuage poussière blanche. Son verre éclata par terre en se brisant en plusieurs morceaux et le vin éclaboussant ses bottes. Il rentra automatiquement la tête entre les épaules, les bras levés au dessus de son crâne comme s'il allait recevoir autre chose de plus lourd dessus. A tendre la voix familière, il resta là, figé, bouche bée à cligner des yeux pour essayer de discerner la jeune femme à travers la farine qui lui embuait les yeux.

Il prit le temps de s'essuyer les yeux, pendant que la jeune femme riait à ses dépens. Il avait parfaitement reconnu la douce voix de Florence. Diantre ! Comment avait-elle réussi à le retrouver aussi vite ? Elle avait bien des ressources cachées la petite futée. Bien plus qu'il ne le pensait d'ailleurs...

Quand il réussit à enfin la voir, une fois ses yeux dégagés de toute farine, il fut quelque peu désappointé. En plus d'avoir réussi à le retrouver, elle avait réussi à se glisser dans son dos. Même un rat ne se serait pas faire avoir aussi facilement. Là il avait pêché par trop grande confiance. Il tapota ses épaules et passa plusieurs fois ses mains dans ses cheveux pour se défaire au maximum de la farine blanche qui le recouvrait encore bien et de partout, pendant qu'il observait Florence, assise là sur le comptoir à le regarder avec moquerie et sourire. Il avait remarqué son épée qu'elle tenait non loin d'elle. D'où elle venait cette lame ? Diantre de chez diantre, elle avait dû l'invoquer. Et quelle lame, de belle facture qui plus est. Elle ne se refusait rien la gamine.

''T'es une tenace toi. En d'autres circonstances, cela me plairait assez, mais j'ai un peu... hum fini mon service. Et pourquoi ne pourrais-je pas prendre la porte ? Hum ? ''

Elle aurait été capable de lui tendre un piège à son insu... oui car si elle était parvenue à le rejoindre sans qu'il s'en aperçoive, c'est qu'elle avait fait appel à la magie. Et là, le temps s'écoulait dans le sablier, rendant sa position un peu plus dangereuse à chaque minute qui passait.

''Je me doute bien que tu n'es pas aussi corruptible que ces deux gardes. En même temps, faut se mettre à leur place les pauvres... Des heures à jouer les plantons sans que rien ne se passe d'intéressant. Heureusement que je leur ai offert un petit fond de vin délicieux pour égayer le temps de service... Hum donc cette porte dis tu... je ne devrais pas m'en approcher ? Et pourquoi donc, ma petite pouliche ? ''

A lui d'avoir un sourire de bravade. La fillette devait être bien versée dans l'art de la magie, mais qui sait si elle n'avait pas déjà atteint ses limites. Pour lui elle bluffait.

''Mais je vais prendre congé, car malheureusement, j'ai fait mon temps ici pour ce genre. ta compagnie a été malgré tout des plus agréables. Au plaisir, belle princesse.''

Il avait accordé à Florence une digne révérence et avant de se retourner pour se diriger vers la dite porte, un éclat sur la lame attira à nouveau son attention sur elle. Ses sourcils se froncèrent et il manqua d'écarquiller les yeux.

''Oh bordel....''

Il pivota aussitôt pour se rendre au plus vite à cette porte. Il avait reconnu la lame et savait qui était la gamine ! Manque de pot, le talon de sa botte glissa sur la flaque de vin de son verre qu'il avait lâché précédemment et tomba par terre. Et bien entendu en tentant de se retenir à quelque chose, il percuta la table et quand il se retrouva bêtement sur le dos, étalé de tout son long, la bouteille de vin qui oscillait dangereusement finit par lui tomber dessus, lui percutant brutalement le sommet du crâne. Il ne put s'empêcher de grogner, tout en voyant en même temps mille étoiles...

''Aie....''

Luna avait jeté un coup d’œil rapide à la porte puis avait fixé Artane avec un air empli de défi. Allait-il s’y risquer ou non, telle est la question? Il n’y avait pas réellement de piège puisqu’elle avait pris le temps de lui balancer de la farine à la figure au lieu, mais se risquerait-il à lui tourner le dos? En tout cas, c’est un sourire confiant qu’elle lui offrit. La régente se sentait en parfaite possession de ses moyens et laissa le silence répondre à sa question.

Artane continua de lui lancer des questions et la jeune femme ne changea pas d’air. Malgré la confiance dont elle voulait émaner, sa main gauche tenait toutefois posée sur la poignée d’éclat.

- À toi de vérifier par toi-même, petit poulet. Ce ne serait pas aussi drôle si je te donnais toutes les réponses, n’est-ce pas? Allez, va! Tu m’en redonneras des nouvelles par la suite, d’accord? Lâcha-t-elle d’une voix moqueuse.

La princesse des lumières était toujours frustrée de ce que le brigand lui avait fait subir. Mais elle prenait également un malin plaisir d’avoir la potentielle occasion de le ridiculiser ou de se moquer. Une jolie petite elfette lui avait montré cet art, dommage que son étincelle lumineuse s’était éteinte. Penser à Enetari assombrit momentanément l’azur et son sourire s’effaça. Est-ce pour cela qu’il avait su percer à travers son jeu et penser qu’elle bluffait? Peut-être était-ce simplement parce qu’elle n’était pas des plus douées à berner les gens.

Après tout, l’instant d’après, les yeux du voleur s’agrandissaient et son expression changea à la surprise. Même une lueur de panique apparut dans son regard. L’air espiègle de Luna disparut sous une expression sérieuse et déçue : il venait de réaliser qui elle était vraiment. Elle n’y avait pas pensé avec son épée unique. Mais elle préférait quand même mieux l’avoir à ses côtés que de se sentir démunie, même si cela signifiait trahir sa fausse identité!

Artane prenait déjà ses jambes à son cou. Mais avant même que la régente puisse réagir, celui-ci glissait et se retrouvait étendu sur le sol dans un grand fracas. Elle ne fit qu’un mouvement de la main: à l’aide de sa magie, Artane put voir la bouteille de vin s’arrêter à quelques centimètres de sa tête. Elle resta là un petit instant puis s’éleva dans les airs pour finalement venir se poser à la verticale à côté d’elle.

- Tu sais qui je suis désormais… Lâcha-t-elle sans retenir un soupir.

Toujours assise sur le comptoir, la régente leva son épée et la lumière de la cuisine la fit luire d’une couleur bleutée. Difficile de cacher son identité lorsque « Luna » était finement gravé dans la lame.

- Mon cher Artane, c’est le moment d’utiliser vos talents de beau-parleur pour tenter de convaincre la Régente de ne pas vous faire arrêter et de ne pas vous faire jeter dans une misérable cellule. J’en aurais tous les droits et en plus, vous m’avez offert de jolis arguments pour le faire.

Luna ne semblait plus s’amuser. Son sourire et cet éclat taquin avait disparu de son regard. Cela aurait-il été différent si Artane ne l’avait pas reconnu? Probablement… Être régente n’était pas toujours joyeux, selon elle. Et elle se sentait fatiguée de tout ceci.

- Maintenant, relevez-vous et si vous passez cette porte... Dit-elle en la désignant du doigt. Je vous promets que les barreaux qui vous attendront deviendront vos meilleurs amis.

La bouteille ne tomba sur sa tête. Artane avait le regard fixé sur la bouteille pendant qu'elle s'éleva dans les airs pour se poser à coté de la jeune femme. Maintenant qu'il savait en effet qui était la petite Florence. Avait-il entendu un soupir de sa bouche ? En tout cas, cela ne l'empêcha pas de lever son épée Eclat qui éclaira un peu plus la cuisine, dans une aura plus bleuté que jaune. Il n'eut qu'à tendre un peu sa tête
pour y lire le nom gravé de ''Luna"" sur la lame. A se demander ce qu'elle comptait faire avec sa lame sortie.

Il préféra rester dos allongé pour le moment, regardant de ce fait Luna en image inversée. Vu qu'elle avait encore son épée en main, il devait faire profil bas. Car si elle décidait d'en faire usage.

Luna reprit la parole. Sa voix était empreinte cette fois d'un ton totalement différente de la petite pouliche qu'il s'était plu à ''gentiment'' taquiné. Sa voix était celle d'une dirigeante, d'une femme qui possédait toute autorité de faire ce que bon lui semblait du
mercenaire. D'un mot elle pouvait le faire enfermer et avec des motifs tout à fait valables : pénétration illégale dans le palais, prise en otage de la Régente, gestes et mors déplacés à l'égard de sa personne...

Il y en avait encore tant d'autres à rajouter. Il n'osait même pas y songer et faire un tour en taule ne l'enchantait guère.

Elle lui permit de se révéler et d'apporter sa petite défense pour ne pas se retrouver derrière des barreaux poisseux. Il se redressa d'abord sur les fesses, se frottant l'arrière de son crâne. Il grimaça en sentant une bosse douloureuse en formation. Puis doucement, il se remit debout. Luna était toujours assise. Il la regarda, puis fixa la porte.

Puis à nouveau il regarda Luna.

''Il faudrait être totalement fou ou désespéré pour espérer s'échapper alors que j'ai affaire à une magicienne accompli. Je n'aurais même pas le temps de l'ouvrir que je me serai retrouvé pris dans je ne sais quel sortilège''

La Régente n'avait plsu l'air revêche de toute à l'heure. Et surtout elle n'avait plus son sourire malicieux quand elle s'était moquée de lui. Le poids de ses responsabilités était revenu lui peser sur ses épaules depuis qu'il l'avait reconnue. C'était regrettable, car elle avait été plus mignonne tout à l'heure. Maintenant il était temps d'apporter sa
petite défense.

''Il est vrai que de t'avoir nommé petite pouliche, de t'avoir séquestré tout en exigeant des informations, de refuser d'obéir à l'autorité que tu représentes...''

Oui, vous avez entendu, il continuait de la tutoyer. Par défi ? Pas vraiment, car il disait cela sur un ton normal, sans aucune provocation. Peut être cherchait-il à la considérer comme une personne normale, que le rang ne comptait pas sur l'immédiat.

''... suffirait à me faire mettre en prison. Mais tu n'as pas été blessée... enfin peut être ton amour propre. Non je n'ai rien dit ! Maintenant, pour ce qui est de réussir à te convaincre pour pas que je finisse dans tes appartements locatifs pour personnes temporairement enfermées, et bien....''

Il devait se couvrir, mais il ne pouvait pas balancer le nom de Matis Falkire qui tenait à la sécurité de la régente... et comme Artane ne tenait pas à se retrouver avec ses adversaires aux fesses en dévoilant qu'il avait été ''employé'' par ce militaire là...

''Et bien, c'est un de vos plus loyaux sujets qui m'a, on va dire, embauché pour chercher de possibles failles dans la sécurité du palais et de me renseigner sur des opposants possibles en ton autorité. Ce loyal sujet tient à vous protéger du mieux et il a profité d'une petite occasion pour user de moyens un peu moins conventionnels. Je ne pouvais guère venir frapper par la grande porte pour m'amener en criant sous tous les toits "je viens protéger les arrières de la Régente'' "

Avant qu'il puisse continuer de s'expliquer, des bruits de pas se rapprochaient. Un homme en botte de cuir approchait et se dirigeait sûrement vers la cuisine. Quelqu'un arrivait ! Et Luna avait abaissé son arme. Il n'aurait qu'une seule occasion ; et pour Luna aussi de ne pas se discréditer s'il réussissait son coup. Donc, quand la clinche de la
porte commençait doucement et silencieusement à se baisser...

Artane bondit d'un coup vers Luna, la prenant de cours. Oh qu'elle n'allait pas aimé la situation dans laquelle il la plongeait.

Quand la porte s'entrouvit lentement, très lentement. Une tête d'un jeune homme d'une vingtaine d'années apparut dans l'encadré de la porte.

Il fit un "o" surpris en voyant la scène qu'il ne s'attendait pas à voir. Il pensait trouver la cuisine vide et en profiter pour se servir discrètement d'un petit verre de bière utilisée pour la cuisine. Et au lieu de cela...

Il fixait avec surprise Artane en train d'embrasser une jeune femme, dont il ne voyait que la longue chevelure détachée. Artane avait veillé à ce que la Régente ne soit pas visible au regard du venu. Le voleur cherchait à préserver l'identité de la jeune femme. Oui, notez sa belle attention à son égard.

Artane détacha ses lèvres de celle de Luna et se retourna vers l'intrus. Dommage que cela ne durait pas plus longtemps. Rien que d'avoir savourer la douceur les lèvres de la jeune femme avait suffit à lui donner un léger frisson. Si elle n'avait pas été la Régente. Mais toutes les choses délicieuses étaient vouées à ne jamais durer.

''Tu vois pas que nous sommes occupés ?
''Mais je...''
''Mais je quoi ? Tu veux que j'aille voir ton sergent pour dire que tu viens traîner en cuisine sans aucune raison valable ? ''
''Mais...''

Artane avait eu le temps de voir que le jeunot portait l'uniforme de la garde du palais.

''Allez file ! Sinon c'est le sergent ! ''

Le gosse fila, quelque peu apeuré. Une chance pour Artane, qui reculait déjà pour essayer de se mettre loin de Luna. Car il se doutait très bien qu'elle n'allait pas du tout apprécier ce qui venait de se passer, même si elle était épargnée des ragot qui auraient pu naître rien que par un bête regard

Luna regardait Artane avec tout le sérieux qu’elle pouvait avoir. Bien, bien, il faisait le bon choix en restant calme et ne pas tenter une sortie chaotique. La régente était quand même gentille, non? À laisser ce fourbe personnage la possibilité de s’expliquer tandis qu’elle avait vu de ses propres yeux tout ce dont il était capable et la façon dont il le faisait pour s’y prendre. Ce ne serait pas étonnant que tout ce qu’elle ait vécu en cette nuit ne soit que la pointe de l’iceberg.

En ce qui concerne la princesse des lumières, elle n’avait pas remarqué que le voleur continuait de la tutoyer… En effet, c’était de cette façon qu’il s’était adressé à elle dès leur première interaction et à vrai dire, cela sonnait toujours étrange à ses oreilles lorsqu’on la vouvoyait. Elle s’y était habituée. On pouvait presque croire qu’il y avait deux entités en elle, Luna la régente et Luna la petite lune. La première était sérieuse et prenait à cœur la gestion de la cité lumineuse avec tous les principes et protocoles impliquées tandis que la deuxième était plutôt frivole et avide de liberté. De son côté, elle vouvoyait et tutoyait, passant de l’un à l’autre, sans réellement s’en rendre compte.

- C’est vrai… Vous ne m’avez pas blessé bien que vous auriez très bien pu et je dois avouer que vous avez respecté votre parole. Il y a peut-être un soupçon d’honnêteté dans votre personne. Lâcha-t-elle simplement.

Luna était toujours assise sur le comptoir de la cuisine et continuait de le regarder essayer de sauver sa peau. Malheureusement, la lueur amusée avait disparu puisque ce manège ne l’amusait plus. Elle était retombée dans la réalité de sa position, celle-là même où l’avenir d’un individu se trouvait entre ses mains. Il sut toutefois piquer sa curiosité lorsqu’il parla que c’était un de ses loyaux sujets qui l’avait embauché pour chercher des failles dans la sécurité du palais. Mais de qui pouvait-il s’agit? Elle secoua sa cascade dorée. Non, sérieux, il la faisait marcher! Un peu plus et elle serait tombée dans son piège!

C’est l’attention portée sur la porte qui s’ouvrait qui expliqua son manque de vigilance. Elle n’avait pas entendu les gens arriver. La surprise lui avait fait relâcher la poigne sur son épée. Il fut trop tard pour réagir lorsqu’Artane apparut face à elle et ses lèvres furent déjà scellées aux siennes.

Un baiser…

Ces lèvres n’avaient pas la douceur que la jeune humaine aimait tant. Elles étaient rudes, fermes et… particulièrement masculines. Elles n’avaient pas le goût de pommes, petite attention que lui faisait quelques fois Enetari puisqu’elle connaissait son amour pour ce fruit. Sa peau n’était pas douce. Même c’était plutôt le contraire avec cette barbe qui lui chatouillait le menton.

Le baiser avait été rompu. La blonde entendit l’homme prononcer des paroles à l’égard des intrus, mais ils ne traversèrent pas son esprit qui était encore déboussolé. C’était la première fois qu’elle embrassait un homme. Ce n’était pas si mal… Mais ça ne ressemblait pas du tout aux baisers qu’elle échangeait avec Enetari. La petite elfette à la chevelure argentée lui manquait tellement. Son cœur se déchirait à la simple pensée qu’elle ne la reverrait plus jamais et les tourments l’assaillaient. Pas moyen de s’en échapper : autant dans ses rêves que dans une balade nocturne.

- Va-t-en…

C’était un simple murmure que Luna avait su échapper. Elle leva les yeux vers Artane. Non, ce n’était pas du dégoût qui s’y cachait, mais plutôt une lueur triste. Au contact du regard de l’homme, la régente commença à reprendre ses esprits. La tristesse se changea en colère et elle le repoussa par magie afin de l’éloigner de sa personne.

- VA-T-EN! S’exclama-t-elle.

Avec ses mots, légèrement hystérique, elle lui projetait Éclat. Heureusement que ce n'était pas une arme à lancer, car cela aurait pu faire mal sinon. Elle avait également désigné la porte de sortie de son doigt.

Au moins l'intrus n'avait pas eu le loisir de voir la Régente. Artane par sa large carrure l'avait ''protégé'' de la vue du gosse qui était désormais parti. De quoi soupirer de soulagement, car Artane ne tenait pas à devenir locataire des cachots du Palais. Il savait que Luna avait une liste d'inculpations longue comme son bras pour lui offrir un bon séjour dans ces lieux poisseux et malodorants. Et plus encore après ce qu'il s'était permis de faire. Qui sait s'il ne venait pas de commettre un crime de lèse-majesté.

Luna avait redressé son regard, sortant du choc de ce baiser improvisé à la dernière seconde pour lui épargner. Artane n'avait pas besoin de s'interroger pour voir que la jeune femme sortait d'une étrange torpeur, d'une brume qu'il ne comprenait pas encore. Mais à contempler la lueur terne qui marquait son regard azuré, il sut. Pas besoin de demander quoi ou pourquoi, il savait. Il connaissait assez les femmes pour savoir que là il avait réveillé en elle une blessure qui n'avait pas encore cicatrisée. Ce simple baiser voué à lui épargner bien des ragots de commères avait éveillé en elle quelque chose de douloureux. Et à cela s'était rajouté un bas murmure, lui demandant de s'en aller.

Cette tristesse ne dura pas bien dans ses beaux yeux couleur océan. La dureté la vint remplacer, l'océan devint tempête de colère. Artane se sentit brutalement repoussé par magie et manqua de trébucher sous cette réaction inattendue. Il serrait les lèvres pendant qu'il se redressait, regardant encore la Régente qui lui hurlait cette fois plus fortement de partir. Pour l'encourager à déguerpir le plus vite possible hors de sa vue, elle lui lança son épée Eclat. Une arme si magnifique et qui servait à se battre lancé comme un vulgaire objet pour répondre à une forte émotion... la malheureuse arme.

L'humain avait écarquillé les yeux et s'était écarté à temps pour ne pas se la prendre dans la face. Toujours les lèvres scellées dans le silence, il restait tendu, prêt à réagir à toute nouvelle attaque. Luna lui avait désigné la porte, qu'il s'empressa de rejoindre. Chose certaine était que la jeune femme était en proie à un maelstrom d'émotions, qu'il avait malencontreusement réveillé sans le vouloir.

''Je suis désolé...''

Ce furent la les trois seuls mots qu'il énoncerait avant de franchir la porte et de se sauver dans l'obscurité que lui offrirait cette voie de sortie. Avec ses trois mots, il n'y avait aucun air mesquin, moqueur, souriant ou charmeur à son visage. Juste une expression navrée. Et dans la seconde qui vint, il n'était plus dans le champ de vision de la Régente.

Une fois en dehors de la cuisine, il ne perdit pas de temps à user de ses artifices pour se rendre invisible. Il préférait prendre ses précautions si Luna venait à changer d'avis et de le faire arrêter.

Le bruit métallique de son épée avait résonné au sol tandis qu’Artane l’avait esquivée. Pendant l’espace d’un instant, Éclat était devenu qu’un simple bout de ferraille et pourtant, c’était l’un des objets que Luna considérait comme des plus précieux. C’était donc à ce point qu’elle était bouleversée par la situation pour balancer le cadeau offert par Korentin Kohan au bout de ses bras. Son regard accrocha celui d’Artane, le soutenant sans le moindre mal. Elle était sérieuse, elle voulait qu’il parte! Elle voulait qu’il disparaisse de sa vue. Elle n’en avait plus rien à faire qu’il l’avait agressée, attachée, s’était moqué d’elle, qu’il était entré en douce dans son palais, qu’il avait volé et qu’il avait découvert sa véritable identité.

Elle répondit à ses trois mots d’un simple geste de la main, balayant l’air d’une façon nonchalante. La silhouette de l’homme disparut derrière la porte qui se referma dans un grand fracas. Les pas de l’homme s’éloignèrent et marquèrent le début d’un grand silence.

- AAHH! Hurla-t-elle.

La tempête d’émotions était toujours au cœur de la régente. Sa main ramassa la bouteille de vin et la porte vint la recueillir violemment dans un grand fracas. Le verre s’éparpilla sur le sol et un ruissellement écarlate teignit le bois.

La jeune femme plongea ensuite son visage dans ses mains et celles-ci vinrent cueillir ses larmes. Être triste ne décrivait pas suffisamment bien son état. La régente se sentait dévastée, démolie et le flot d’émotions ne faisait qu’accentuer le flot qui sortait hors de ses océans. Enetari lui manquait. Elle s’en voulait pour sa perte. Elle s’ennuyait de ses lèvres, de son sourire et de l’éclat moqueur qui se tapissait dans son regard gris.

Cette balade nocturne n’avait rien eu de réconfortant. Dire que l’idée principale était de se changer les idées suite à ce mauvais rêve d’une elfette qui se faisait violemment déchirer par de longues griffes. La vie était parfois bien cruelle.

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(C'est ma conclusion... Mais je suis trop fatiguée pour faire les demandes. Je le ferai demain. Bonne Nuit et merci d'avoir RP avoir moi. J'ai adoré ce RP )