Cela faisait cinq jours que Dawan Sywel l’avait libéré de sa prison de nacre et cela avait été cinq jours riches en découvertes. Chaque soir, le petit dragon s’effondrait sur le lit tout contre son Lié et s’endormait aussitôt ses yeux fermés. Au matin, ils allaient tous deux se restaurer dans les cuisines du Domaine, Kaalys mangeant autant de baies que de viande sanguinolente. Il appréciait les petites boules sucrées mais son instinct le poussait systématiquement vers le morceau de chair morte. Il n’était pas dupe et il savait que ce n’était pas pour plaire à l’Elfe. Mais il se disait qu’il finirait par si faire. Et puis, dès qu’il saurait voler, Dawan n’aurait plus besoin de le voir se repaitre d’animaux.

Ce matin-là, tout s’enchaîna comme les jours précédents. A un détail près toutefois. Ce fut le petit écailleux qui réveilla son protecteur en lui léchant avec enthousiasme le visage à grands coups de langues après s’être installé sur le torse du Cawr. Celui-ci tiré de ses rêves, il descendit sur le sol et attendit que son Lié se lave et s’habille. Ensuite, ce fut les cuisines. Tout le long de ce petit rituel, Kaalys se demanda ce qu’ils allaient faire aujourd’hui et quelles seraient les découvertes du jour.

Toujours sur les talons du Baptistrel aux yeux gris, le petit dragon de nacre reconnut le chemin de la pièce où Dawan avait joué pour lui le jour de son éclosion. Il allait pouvoir rencontrer de nouvelles personnes et entendre le doux son d’Olosir s’élever dans l’air alors que les doigts de l’être sylvain danseraient sur les touches de l’instrument. Le musicien alla s’installer près du feu mais Kaalys ne le suivit pas, préférant explorer un peu par lui-même le reste de la pièce. Nombreux furent les regards des Enwr à se poser sur lui et il rendit à certains leur regard. Si la plupart détourna les yeux, deux ou trois d’entre eux n’en firent rien, soutenant le regard d’or sans pour autant offenser le dragonnet. Celui-ci était bien trop impatient d’apaiser sa curiosité par une découverte nouvelle pour s’attarder sur un tel détail. Il n’en serait pas toujours ainsi, mais il n’aimait pas le conflit alors il y avait bien peu de chances qu’il en soit à l’origine.

Le fils de Silarae, malgré toutes ses recherches, ne trouva rien pour satisfaire sa curiosité. Alors il décida d’étendre sa zone d’exploration et il s’aventura seul dans les couloirs du Domaine baptistral, non sans un dernier regard vers son Lié. Il savait déjà que celui-ci allait s’inquiéter. Il lui transmit donc un sentiment de joie et de confiance pour le rassurer. Sa culpabilité apaisée, il reprit ses recherches sans vraiment prêter attention à la direction qu’il prenait. Soudain, il se retrouva à l’extérieur, dans le jardin intérieur. En hiver, les fleurs y étaient rares et le froid suffisait à dissuader la plupart de ceux qui vivaient au Domaine de s’y promener. Mais il n’en fut rien pour le petit dragon de nacre qui s’amusait d’entre crisser la neige immaculée sous son poids. Parfois, la neige était plus molle et il s’enfonçait jusqu’au ventre. Un petit rebord de pierre dépassait de la poudre blanche et Kaalys s’y hissa sans trop d’efforts et s’amusa à sauter dans la neige vingt centimètres plus bas. Après le cinquième saut, il commença à se lasser de ce nouveau jeu. Le froid commençait à gagner sa bataille contre la chaleur dégagée par le petit écailleux et être couvert de neige ne l’aidait pas. Il se secoua pour débarrasser son corps de la poudre blanche glacée qui recouvrait ses écailles couleur crème et se décida à rentrer.

Kaalys allait retrouver Dawan mais en entrant dans la pièce où les Enwrs poursuivaient chaque jour leur apprentissage, il remarqua que quelqu’un le regardait. C’était comme si cette personne avait attendu son retour. A moins que ce ne soit qu’une coïncidence. Curieux, il s’approcha de l’inconnu. Il savait qu’il ne craignait rien ici. Tous ceux qui l’entouraient chercheraient à le protéger et les armes étaient interdites dans le Domaine. Et puis, son Lié n’était pas loin, il pouvait entendre sa douce musique flotter dans l’air. De plus, il y avait un je-ne-sais-quoi qui lui soufflait que cette personne ne lui voulait pas de mal, un sixième sens, le même qui lui avait permis de ne pas se tromper en éclosant pour Dawan Sywel.

Le petit dragon n’était pas à plus d’un mètre de l’Enwr quand il s’assit sur le sol et posa sur lui son regard doré. Il pencha légèrement la tête sur le côté et, s’il avait pu lui sourire, sans doute l’aurait-il fait. Ce n’était pas tous les jours que le Lié de nacre posait ainsi son regard sur une autre personne que celui qui partageait son âme. Mais comme le bipède semblait ne pas se décider à bouger, après plusieurs minutes, il s’en alla rejoindre son Cawr. Ce fut au détour d’un rayon surchargé d’ouvrages qu’il se prit dans les jambes d’une Elfe qu’il n’avait encore jamais vu. Il tomba lourdement sur le sol et se releva avec peine. Il s’avança vers celle qu’il avait heurtée. Elle ne semblait pas avoir de blessures et Kaalys lui transmit avec précaution son sentiment de culpabilité, manière bien à lui de présenter ses excuses. Lui pardonnerait-elle ? Il ne voulait surtout pas commencer dès ses premiers jours dans ce monde à se faire des inimitiés, alors il l’espérait.

Kaalys aurait pu réagir de bien des manières à la façon dont l’inconnue aux oreilles pointues répondit à ses excuses non verbales. Il aurait tout à fait pu s’offusquer, sentir le dragon qu’il était être humilié, mordre la main qui le touchait. Mais ce fut le soulagement qui l’emporta, soulagement qui lui fit laisser échapper un petit soupir. Elle ne semblait pas lui reprocher sa maladresse et lui, le pacifiste en devenir qu’il était, en fut grandement soulager. Pour lui montrer qu’elle ne l’offensait pas, il appuya sa tête contre sa main.

Dawan lui avait recommandé la prudence avec les étrangers, lui expliquant que beaucoup pourrait me vouloir du mal, me séparer de lui. Rien qu’à cette idée, je frissonnais chaque fois que je m’éloignais de lui. Mais je pensais à mes premiers vols, ceux où il ne pourrait venir avec moi. Il me faudrait alors m’éloigner. La distance deviendrait-elle plus supportable avec le temps ou serait-ce le contraire ? Il ne s’imaginait pas passer plus de quelques heures loin du Cawr, juste le temps de chasser loin des yeux de son Lié pour ne pas le forcer à voir son protégé écaillé aller contre ses propres habitudes.

Le dragonnet de nacre finit par reculer sa tête pour poser son regard d’or sur l’Elfe. Maintenant qu’il était pardonné, sa curiosité avait été piquée au vif et il comptait bien l’assouvir avant de rejoindre la chambre de Dawan Sywel. Dans son esprit, il forma un mot qu’il essaya de transmettre tant bien que mal à l’inconnue. Kaalys. Il se souvenait que les coutumes de ce peuple aux oreilles pointues exigeaient qu’on se présente à celui qui s’est présenté à nous. C’était une façon détournée pour le fils de Silarae de lui demander son nom. Et peut-être lui en dirait-elle-même davantage, qui sait ?

Patient, conscient qu’elle n’avait probablement pas compris son intention, il s’assit sur le sol de pierre et enroula sa queue jusque devant lui avant de pencher légèrement la tête sur le côté. La communication était limitée pour lui et il regrettait parfois de ne pas pouvoir apprendre plus vite. Et ce n’était pas faute d’essayer tous les jours de nouvelles choses. Il aimait apprendre mais cela le frustrait parfois de ne pas pouvoir se faire comprendre aussi bien que ses aînés semblaient le faire par les bipèdes. Surtout Dawan. Et cette Elfe aussi. Il aurait voulu lui poser plein de questions sur ce qu’était le monde dehors, à quoi ressemblaient les Vampires, comment était les villes. Il n’avait encore rien connu d’autre que le Domaine baptistral et ses pentes enneigées. Il aimait cet endroit et la tranquillité qui y régnait grâce à l’Ordre mais il voulait voir le monde. Il s’efforça de lui transmettre ses questions dans un méli-mélo de mots, d’émotions et d’images.

Son regard ne lâchait pas celui de la jeune femme aux oreilles pointues et il cherchait à lire dans le sien si elle l’avait compris. Sinon, le petit dragon de nacre ne voyait pas comment faire. Mais il ne doutait pas un seul instant de l’intelligence de celle qu’il avait fait tomber, alors elle comprendrait. Il n’avait plus qu’à attendre sa réponse. Et certainement que celle-ci amènerait d’autres questions. Bref, juste ce dont le petit écailleux aux yeux dorés avait envie. Pour rassurer le Baptistrel pour lequel il avait éclos, il lui transmit sa curiosité et sa joie d’apprendre encore de nouvelles choses. Il comprendrait que son Lié ne craignait rien. Et puis, après tout, il était dans le Domaine baptistral, il ne pouvait pas lui arriver grand-chose de mal à part qu’un Enwr soit pris d’un élan d’affection et lui fasse un câlin. Il n’était pas vraiment contre mais il préférait de loin qu’il garde leur distance. Et surtout, il préférait les câlins de son Lié.

Le petit dragon au regard doré ne s’attendait pas vraiment à ce que l’Elfe se lève et s’incline devant lui. Décidément, il ne comprenait rien aux règles de respect qui semblaient régir les différents peuples et il se demanda s’il les comprendrait toutes un jour. Sans doute, mais ce ne serait pas pour demain, ni même après-demain. Il lui faudrait être patient encore une fois et il saurait l’être. Après tout, il avait toute une vie pour apprendre et cela ne faisait que quelques jours qu’il avait été libéré de sa prison de nacre. Et il avait déjà appris tant de choses avec Dawan. Et pourtant, il en restait encore tellement d’autres à découvrir, suffisamment pour remplir toute un vie, même celle d’un dragon, aussi longue fut-elle.

Dans la longue présentation qui suivit la presque révérence de la jeune femme aux oreilles pointues, un nom parut familier à Kaalys. Sans doute cette Aramis faisait-elle partie de l’Ordre des Bapstitrels ou bien vivait-elle ici ? Le Lié du Cawr Dawan inclina la tête en signe de respect à Harthea. Ses dernières paroles sonnaient avec sincérité aux oreilles du petit écailleux qui se réjouissait que ceux qu’il rencontrait chaque jour semblent si préoccupés par le sort des siens et s’intéressent à ce qu’ils pourraient apporter aux peuples d’Armanda. Mais il n’eut pas le temps de s’essayer une nouvelle fois à un échange téléptahique bien rudimentaire avant qu’une voix enfantine ne s’élève de derrière une étagère, suivie quelques secondes plus tard par un visage aux traits doux. Le dragonnet de nacre pencha la tête sur le côté, intrigué. Cette Priscilla qui s’avança vers eux sur les mots de son aînée elfique était bien plus petite que tous ceux qu’il avait vu jusqu’à présent au Domaine. Etait-elle malade ou juste plus jeune que les autres ? A sa réaction lorsqu’elle le vit, il devina que c’était la deuxième solution qui était juste. Elle le regarda avec les mêmes yeux curieux et innocents qu’il savait poser lui aussi sur chaque nouvelle chose qu’il découvrait. Sans doute avait-il d’ailleurs un peu de ce mélange d’émotions dans son propre regard à cet instant.

La toute jeune Elfe se présenta et Kaalys lui présenta son nom comme il l’avait fait pour Harthea, sous la forme d’un flot d’images, d’émotions pour essayer de dessiner des lettres. Comme elle était plus jeune, il douta qu’elle saisisse son message aussi s’appliqua-t-il davantage encore que d’habitude. Et il ne manqua pas d’ajouter que l’honneur était partagée.

Une fois les présentations faites, le petit être empreint de magie décida de laisser libre cours à sa curiosité et commença à poser ses questions avec autant de précision que la communication rudimentaire dont il était capable le lui permettait.

*Qu’est-ce qu’un Arwen ? Et que signifie être une apprentie des peuples ?*

Oui, que signifiait tout ceci ? Il s’agissait de s’assurer que les deux êtres sylvains soient bien des alliés potentielles dans le futur. Si elles aussi œuvraient pour établir une paix durable en Armanda, alors Kaalys pourrait peut-être trouver en elles des appuis indispensables à cet objectif dont il ne saisissait pas encore pleinement la portée. Surtout la plus jeune. Après tout, tout comme lui, elle représentait l’avenir du continent. Et, pour lui montre qu’il l’appréciait déjà, il alla jusqu’à lui lécher les doigts en signe d’une sorte d’amitié tacite. Toutefois, son regard d’or se reposa bientôt sur Harthea puisque c’était à elle qu’il avait adressé ses questions et que ce serait d’elle que viendrait les réponses qu’il attendait. Les comprendrait-il seulement ? Une partie sans aucun doute mais des morceaux lui échapperait certainement. Il aurait alors toute une vie pour espérer combler ces lacunes. Et il comptait bien le faire un jour ou l’autre.

Spoiler:

Kaalys était un dragonnet patient et il attendit sans bouger que la dame Elfe lui réponde. Il était bien évident qu’elle essayait d’apprendre à son élève quelque chose et, s'il aimait apprendre, il aimait presque tout autant voir les autres le faire aussi. Alors il répéta son message plusieurs fois pour aider la petite humaine. Il lui aurait souri s’il l’avait pu mais il dut se contenter d'un hochement de la tête. Et puis, soudain, le visage de Priscilla s’illumina. Si on lui avait demandé son avis, le petit écailleux aurait sans aucun doute répondu que c’était certainement la plus belle des expressions qu’un bipède pouvait avoir sur son visage. Il se demanda toutefois si les vampires aussi pouvaient avoir cette lueur d’émerveillement à la découverte d’une chose nouvelle, lui qui n’avait encore jamais rencontré un représentant de ce peuple.

Les paroles d'Harthea qui suivirent l’obligèrent à détourner son regard de l'apprentie pour le poser sur celle qui lui parlait. Il saisit ce qu’elle voulait lui dire et il acquiesça comme pour lui montrer qu’il n’en doutait pas. Et c’était le cas. Le petit Lié du Cawr Dawan espérait dans son cœur une véritable paix entre les peuples et connaître chacun d'eux était pour lui presque aussi important que d’apprendre à voler. C’est pour cette raison que la définition d’Apprentis des peuples que lui donna l’Elfe lui pour et lui dit poser un regard nouveau sur la jeune humaine. Il pouvait sentir sa concentration et il en profita pour lui transmettre quelques mots.

*C'est là une grande responsabilité mais aussi une chance. Je ne doute pas un seul instant que tu puisses y parvenir, je le sens dans ton cœur, petite humaine. Si tu as besoin d’aide, il n’est pas impossible que je sois avec toi bien plus que tu ne le crois pour l’instant.*[/i]

Et pour lui assurer son soutien présent et futur, dans la mesure de ses moyens, le petit dragon de nacre alla lui lécher les doigts avant de reculer et de s’asseoir à nouveau, enroulent avec soin sa queue jusque devant lui. Il déposa ses yeux dorés sur Harthea Thaidforodren pour lui signifier que c’était à son tour de se concentrer.

[i]*C’est un bien grand espoir que vous placez en elle mais je le comprends. Je n’ai pas rencontré beaucoup d'Armandéens depuis que je suis né, mais je le sens, il y a quelque chose de différent dans son cœur. Je l’aiderai autant que je le pourrais. Notre envie est la même, ceci n’est donc pas une promesse mais bien une certitude. Tant que sa voie sera celle de la paix, je serai de ses alliés et je ne doute pas que mon Lié fera de même.*

Parler aussi longtemps lui avait demandé bien plus d’efforts et de temps -quelques minutes- qu’il ne l’aurait pensé et il dut cligner plusieurs fois des yeux avant de reprendre complètement ses esprits. Décidément, communiquer avec les bipèdes lorsqu’on n’a pas plus de quelques jours n’était pas chose facile, même si l’on apprenait vite et qu’on était curieux. Mais chaque chose viendrait en son temps et Kaalys se dit que c’était peut-être un moyen de le laisser grandir sans dire trop de bêtises. Et ce n’était pas si mal après tout, si l’on regardait les choses sous cet angle. Bref, quoiqu’il en pense, il n’y pouvait rien, sinon de se montrer patient. Comme il se sentait encore d’ajouter quelques mots de plus, il ne se retint pas de le faire.

*J’espère avoir pu vous aider dans son apprentissage des différents peuples, bien que tous les dragons ne me ressemblent pas. Et je vous souhaite aussi de parvenir à achever son apprentissage. Ce ne sera pas facile mais vous semblez en être tout à fait capable. Veillez toutefois sur elle, tous ne vous accueilleront peut-être pas sans violence.*

Le petit écailleux était conscient que certains bipèdes pouvaient être cruels et violents pour le simple plaisir de la souffrance des autres. Il ne pouvait rien pour la jeune Priscilla encore mais, s’il la savait en danger, sans doute lui viendrait-il en aide. Après tout, s’il n’aidait pas ceux qui avaient les mêmes buts que lui, qui aiderait-il ? Et comment pourrait-il espérer parvenir à ses fins ? Il avait beau être un dragon, cela ne suffirait pas à forcer tout un continent à la paix.

Le petit dragon de nacre n’avait pas conscience de l’importance de ses paroles aux yeux de celles qui lui faisaient face. Aussi s’étonna-t-il alors que la jeune femme aux cheveux blonds posait un genou sur le sol de pierre, portant sa main sur son cœur. Ce qu’elle dit ensuite était plein de sincérité et de dévotion, choses que Kaalys salua d’un hochement de tête. Lorsqu’elle évoqua la voie empruntée par son Lié bien des années avant que lui-même ne voit le jour, il ajouta toutefois quelques mots malgré l’effort que cela lui demandait encore.

*Il y a bien d’autres voies que celle de mon Lié qui vous permettront d’œuvrer pour la paix et je ne doute pas que vous trouviez celle qui vous ira le mieux.*

Celle qui n’était encore qu’une enfant et qui pourtant devait en avoir vu bien plus que certains de ses aînés imita Harthea. Dans sa voix, le dragonnet sentit la candeur de la jeunesse mais aussi la bonté et la détermination et ses deux vertus ne seraient pas de trop pour l’aider dans le long apprentissage qui serait le sien et la lourde responsabilité qui suivrait. Il suivit en silence les pensées de la petite et il vit avec un certain plaisir que son esprit était déjà bien ouvert aux diverses possibilités que lui offraient la vie pour parvenir à ses fins. Même s’il préférait l’image de la diplomate à celle de la guerrière. Mais il faudrait la laisser faire ses propres choix et l’avis d’un dragon, aussi jeune soit-iln, n’y aiderait pas alors il garda le silence.

L’autre rêve de la jeune fille ne lui échappa pas et il pensa que ce serait là une noble vie pour l’un des siens que de se lier à Priscilla et de l’aider dans sa tâche. Mais ce n’était pas la sienne. Lui était destiné à voyager avec Dawan, à passer le reste de sa vie à l’aider dans tout ce qu’il pourrait entreprendre et le ramener sur le droit chemin s’il venait à s’en écarter –même si Kaalys doutait qu’il ne le fasse un jour-. Pour elle seule, il prononça ces quelques mots.

*Peut-être un jour, qui sait. La vie est pleine de surprises qu’il te faudra découvrir le moment venu.*

L’Elfe aux yeux aussi clairs que ceux de Dawan qui ne savait rien de cet échange reprit la parole. Le petit écailleux acquiesça avant de leur transmettre son enthousiasme à l’idée que leurs chemins ne se croisent à nouveau. Puis il s’excusa auprès d’elle, avouant qu’il devait rejoindre son Lié pour que celui-ci ne s’inquiète pas. Et alors que Kaalys se dirigeait d’un pas dandinant vers l’endroit où se trouvait le Cawr qui l’avait libéré de sa prison de nacre quelques jours plus tôt. Décidément, cette rencontre avait été intéressante même s’il était certain qu’il devrait travailler sur la communication s’il voulait discuter plus longtemps avec les bipèdes qu’il rencontrerait à l’avenir.

Arrivé dans la pièce où se trouvait l’Elfe musicien, il sautilla jusqu’à lui, prêt à lui raconter toutes ses aventures. Demain, il y aurait d'autres choses à apprendre mais il voulait déjà partager tout ça avec celui qui était pour l'instant le plus important à ses yeux et qui le serait à chaque instant de sa vie. Un petit coup de langue sur les doigts du Baptistrel et il se retrouva dans la poche que celui-ci avait confectionné pour lui, blotti tout contre le ventre de son dragonnier. Il n'y avait pas de meilleur endroit au monde.