L’air frais de janvier volait entre les pierres dans le dolmen du vent. Aléria n’avait pas besoin de fermer les yeux pour entendre chanter les mélodies, elles avaient changé depuis la mort des esprits…Tout avait changé. Néant s’était dévoilée à elle tellement douce, bien plus pure que ses frères animés de haine et d’orgueil. Tout c’en quoi elle avait cru, sa haine pour la destructrice, ses croyants, rien de ce qu’on lui avait appris, ce qui paraissait, n’était vrai. Les étoiles ne pouvaient être des créatures, issus des esprits et des éléments…La quête de vérité revenait à un point de départ, le souvenir des nombreuses prières était difficile. Pourquoi ressentait-elle le besoin de trouver un sens? Les choses n’arrivaient-elles pas après tout par hasard, parfois? Le destin, les contrats et les prophéties avaient laissé place à une paix plus qu’attendue. Comment les peuples avaient-ils pu passer d’une guerre sanglante à un traité aussi sage? Aléria avait vu juste au fond…Les hommes ne sont jamais prêts à changer, ils le font parce qu’ils n’en ont pas le choix.

Aléria roda autour des arches, laissant glisser ses doigts sur les gravures dont elle voulait sentir la texture. Elle se souvenait de l’ancien domaine, de la voix de sa Cawr, lui enseignant les bases des principes de l’harmonie. Elle se souvenait d’avoir appris à chanter et à faire danser les notes sous ses doigts, trouvant la tâche difficile juste après s’être dit silencieusement que cela semblait facile. Elle se souvenait d’être tombée profondément amoureuse des notes sortant de sa mandoline et d’avoir choisi de ne jamais se marier si elle devait renoncer à cela.

Une voix vint troubler les pensées de la baptistrelle qui se retourna, écoutant les mots de l’elfe, se concentrant ainsi à écouter son chant nom. Elle ne put que sourire à cette poésie et à cette douceur naïve. N’étais-ce que sa sincérité qui touchait la Chanteciel? Elle avait vu tant de guerriers avides de douceur, cherchant à tout prix à prouver leur force, défendant leur orgueil d’un bouclier de violence. La femme s’avança, quelques doigts toujours posés sur les gravures de l’arche de pierre. Elle était bien plus calme qu’il y avait plusieurs années, ayant le loisir de penser à autre chose qu’aux blessés, aux morts et aux femmes déshonorées… Sa prestance naturelle se voulait beaucoup plus douce.

-Ne soyez pas triste, Dame Thaidforodren, la mort est un évènement certes blessant, mais nous devons l’accepter, puisqu’elle est essentielle au cycle de l’harmonie. Nous avons tous perdu quelque chose…ou beaucoup plus dans ces années sombres. Je ne saurais vous dire si votre ami est serein, maintenant que mort n’est plus…

Son sourire doux et discret se faisait rassurant, la Chanteciel descendit la capuche de sa cape aux couleurs de son nom, changeant de teintes en suivant les dégradés du ciel.

-En décembre, lorsque les feuilles n’habitent plus les branches des arbres, la mélancolie est consolée par la certitude que le printemps reviendra en mai.

Elle écouta l’elfe patiemment, sans haine et sans agacement. Rien ne pouvait troubler la sérénité d’une Chanteciel dans le sanctuaire du vent, bien que ses nombreuses vibrations s’agitaient comme des enfants qui courraient et jouaient bruyamment. Elle aimait ces harmonies joyeuses, entre l’aplomb du feu et la douceur de l’eau et de ses nombreuses formes.

-Jamais je n’ai oublié les visages qui ont croisé ma route, les plus attachant comme les plus rancuniers. J’ai vu beaucoup d’homme bienveillant mourir sous le joug du blanc, mais leur existence n’en est pas atténuée.

La Chanteciel savait le jeune elfe irrité, elle était aussi consciente qu’il était normal d’être repoussé par une rationalité de la mort lorsqu’on ne voulait que pleurer celui qu’on avait aimé. Son totem apaiserait Harthea bientôt, il ne suffisait qu’elle reste avec elle quelques instants pour qu’elle perde un peu d’agressivité.

-Il est vrai qu’il est normal de pleurer votre compagnon, Mais je suis certaine que l’on peut aussi se réjouir de sa vie, ne serait-ce pas un doux cadeau à lui offrir pour son voyage, quelqu’un soit sa destination.

Elle eût un moment de silence, laissant le vent passer entre les pierres sans leur imposer sa parole. La baptistrelle entendit siffler les carillons et écouta leur mélodie, sourire au visage. Si on lui avait parlé à ce moment, elle n’aurait pas entendu les mots prononcés, n’ayant d’oreilles que pour le grondement qui devenait plus léger entre les notes aigues et qui s’alourdissait contre la terre.

-Parlez-moi de votre ami, Dame Thaidforodren, racontez moi votre meilleur souvenir en sa compagnie

La baptistrelle fit quelque pas avant de s’asseoir près d’un petit arc de pierre ou était attaché quelques clochettes tenues par des rubans blancs, elle invita l’elfe à s’asseoir d’un geste de la main :

-J’aimerais vous écouter, si vous pouviez y trouver réconfort.

La Chanteciel écouta l’elfe parler, en harmonie avec le rythme irrégulier des carillons qui n’osaient pas l’interrompre et les douces vibrations qui accompagnaient ce souvenir. Il n’y avait qu’affection, joie et bienveillance, la mort devait elle nécessairement détruire ces sentiments de bien être? Pourquoi cette partie d’un cycle devait-elle être aussi tragique? La femme se laissa balancer vers l’arrière, prenant appui sur ses mains où la pierre se faisait froide. Peut-être n’était-ce pas une bonne idée de s’asseoir dans la neige et cela allait à l’encontre de son éducation… Elle pourrait se réchauffer à l’intérieur du domaine par la suite, ce n’était pas bien grave.

-Un cheval sauvage dites-vous…

Son sourire s’élargit sereinement, ses prunelles foncées parcouraient le ciel et dansaient entre les couleurs froides. Elle laissa l’elfe se faire bercer par le silence, jusqu’à ce qu’un coup de vent fasse bouger les métaux d’un carillon glacé, déclenchant quelques tintements, puis des étincelles de vibrations nombreuses. Elle pouvait entendre toutes ces voix joyeuses et scintillantes, les vibrations que l’on pouvait entendre lorsqu’un enfant jouait dans la neige, riait et courrait. Aléria n’avait jamais été une enfant intrépide, regardant de loin les enfants qui pouvaient se permettre de se battre dans la boue, alors qu’elle préférait rester sage entre ses livres, dans ses bibliothèques.

-Je ne rêverai pas d’un tel lien avec ma monture, c’est une fort jolie mélodie que je puis entendre.

La Chanteciel tenta d’imiter quelques notes qu’elle entendait vibrer, d’une voix douce, ne
voulant troubler la tranquillité des lieux elle se voulait basse.

-Qu’êtes-vous venus trouver au domaine baptistral, si je puis me permettre cette question?
Ce ne serait pas la première fois qu’elle aurait vu une personne venir chercher réconfort, dans la tranquillité du domaine. Tout dans le domaine inspirait la joie et le bien-être, la sérénité, il y avait toutes les raisons tu monde d’y trouver refuge aux émotions trop difficiles. Aléria, sans s’enfoncer trop dans les vibrations d’Harthea, savait qu’elle connaissait Artémis, peut-être aurait-elle préféré des conseils de la Chantebrise, après tout n’était-elle pas dans le dolmen du vent.

Le calme, la douceur du domaine, son silence serein et complet et pourtant où la musique régnait. Un règne qui n’avait rien d’autoritaire, de violent, d’hiérarchique, que les vibrations qui dans une harmonie s’élevaient au-dessus du domaine, entre ses murs, sous ses sols et dans d’infimes trous traversant les toits. Des fils, ils n’avaient pas besoin de beaucoup d’espace, mais ils emplissaient l’air d’une douce fraicheur. Elle n’avait pas entendu le monde chanter aussi paisiblement depuis longtemps, très longtemps. La haine ambiante, la souffrance, les mensonges les blessés et les violées. Ce n’était plus du quotidien, pas aussi quotidien. Cependant elle savait la souffrance encore présente dans les cœurs des endeuillés, de ceux qui n’arrivaient simplement pas à être heureux, elle en avait connu.

-Je ne pourrais que vous faire bonne éloge de ces lieux. Il s’agit de ma maison, là où ceux que j’aime et ce que j’aime repose. Les instruments, les chansons, les enwr et les cawr. J’ai été dévouée à l’ordre baptistral depuis mon adolescence, presque mon enfance. J’ai refusé de me marier et je suis tombée profondément amoureuse avec la musique, les livres, la magie…
Je ne regrette pas ma décision. L’ancien domaine me manque, mais nous avons créé cet endroit, après des années de destructions. Il est symbolique et si vous voulez aussi y trouver réconfort, il peut aussi signifier pour vous renaissance.

Elle échappa un souffle rieur, sourd, lorsqu’Aramis fut évoquée. Son ancienne maîtresse était plutôt différente d’elle, Chantebrise, elle était énergique et n’avait pas peur de rejeter abruptement les hommes qui tenteraient de lui faire la cour si cela ne lui plaisait pas. Alors qu’elle, acceptait les compliments et ne répondait pas aux avances, plus subtile.

-Je vois Aramis comme le torrent lui-même, c’est pour cela qu’elle sait survivre dans la tempête. J’admire sa force, elle a survécu à morneflame, sans perdre ses pouvoirs. Toutes ces années…sourde de vibrations…J’ai perdu mes pouvoirs quelques jours lorsque néant m’a possédée et j’étais complètement démunie…et elle, a traversé le désert, elle a réussi à revenir, vivante et sauve.

Elle sourit doucement, percevant dans le chant nom d’Harthea son lien avec Aramis, bien qu’elle n’en connaisse pas tous les détails, trop peu concentrée pour aller aussi loin.

-Beaucoup m’ont dit que le temps est le meilleur remède. Si votre cœur est chargé de souffrance…Ne vous inquiétez pas, je crois que vous guérirez. Ceux qui se laissent mourir restent dans leur douleur, mais vous vous êtes levée et êtes venues jusqu’ici…Continuer de voir cette enfant, de visiter de nouveaux endroits, si cela est doux à votre esprit. Laisser les larmes couler, si elles viennent à vos joues, un deuil doit être vécu.



La Chanteciel offrit un sourire réconfortant à l'elfette, espérant avoir apaisé sa douleur.

La baptistrelle sourit lorsque l’elfe s’inclina alors qu’elle…était encore assise sur le sol froid. Difficile de faire une révérence très basse dans cette situation. Il était vrai qu’elle ne s’était pas présentée, étais-ce impolitesse? Elle n’en avait pas vraiment eu l’occasion et avait préférée aider la femme à apaiser ses tourments. Elle baissa la tête, un peu rieuse, il y avait quelque chose d’absurde dans la situation mais de tellement naturel. Il n’y avait bien que les elfes et les baptistrels pour se mettre à philosopher sans seulement dire bonjour. Elle avait laissé quelques indices sur son identité, sachant lire le chant nom, étant donc nécessairement maîtresse baptistrelle qui de plus, connaissait Aramis assez bien. L’humaine n’eut pas le temps de se relever que l’elfe s’était assise à nouveau près d’elle, au même endroit où elle était quelques secondes plus tôt.

-Je me nomme Aléria Blanchécume, baptistrelle des étoiles et donc Chanteciel. Ne ressentez pas le besoin de m’écouter, cela me fait plaisir de venir en aide à quelqu’un qui en a besoin.

Jugeant sa tâche terminée, la femme se leva, s’amusant à exécuter une révérence qui se voulait parfaite dû à son éducation rigoureuse. Son doux sourire ancré sur ses lèvres, elle se redressa, invitant l’elfette à se relever.

-J’ai joins l’ordre baptistral très jeune, mais il n’y a que quelques années que j’ai eu l’honneur de devenir Cawr et par la même occasion, Chanteciel. J’ai servi comme guérisseuse au protectorat et…J’ai aussi vu beaucoup de souffrances et de morts, mais aucun proches comparable à votre perte, dame Thaidforodren. Je serais heureuse d’entretenir une autre conversation en votre compagnie, cependant j’ai quelques obligations qui m’obligent à vous quitter. Puissent l’harmonie du domaine apaiser vos craintes et vos tourments, je vous souhaite de prendre du repos…

Un dernier sourire et la dame se retourna après s’être inclinée respectueusement, rejoignant le domaine et ses élèves qui l’attendaient.

(HRP: Coucou, j'ai beaucoup de rps en ce moment alors j'ai préféré clore, mp moi pour me dire si tu veux répondre, sinon je vais faire les demandes de chrono de d'XP )