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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
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Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan]

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MessageSujet: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeDim 8 Nov 2015 - 20:06

27 juillet an V

Chaleur. C’était elle qui définissait le désert après tout. Ce soleil pesant mais lumineux, cette température capable de tuer les bipèdes sans pitié, ce silence impressionnant et cette étendue démesurée. Cela, et les secrets qu’il gardait, araignées tapies guettant leur proie, lézards attendant la nuit pour pointer le museau, oasis cachés dans leur sanctuaire de sable et œufs de dragon attendant, patiemment, que vienne l'instant pour eux de découvrir le monde qui les accueillerait. Blottis dans une petite caverne presque fraîche en milieu de l’immensité dorée, tout près d’un petit coin de fraîcheur d’où remontait l’eau profondément enfouie sous terre, ils patientaient où Silarae les avait laissé. La dragonne n’avait pu se résoudre à veiller sur eux plus longtemps. Il était temps pour elle, maintenant. Elle était restée couchée près de ses petits pendant un long moment, avec le désir lancinant de mourir ainsi, ici. Elle n’avait plus l’énergie, plus le courage de continuer ainsi. Son corps s’était amaigri, son regard d’or avait perdu de son éclat et ses écailles ne scintillaient plus de leur lustre diamantin. Elle qui avait toujours aimé se battre, elle dont l’orgueil avait souffert de n’avoir pu participer davantage à de grandes batailles, n’aspirait plus qu’à l’apaisement le plus total. Fini le temps des guerres entre bipèdes, fini le temps de la tyrannie de l’un des siens, fini le temps du feu qui ravageait et des cris qui résonnaient, fini le temps de l’adrénaline que provoquait le combat. Fini le temps du triomphe. Fini le temps de l’amour de son lié, de l’inquiétude partagée. Il n’y avait plus rien, plus rien qu’elle puisse ressentir du moins. Tout n’était qu’un kaléidoscope d’images qui se superposaient sans réelle signification, de bruits qui s’entrechoquaient sans que le message ne lui parvienne. L’Histoire même du continent, qui se jouait pourtant sous ses yeux, ne signifiait plus rien. Elle était vieille, vieille comme ce désert dans lequel elle volait, vieille comme une fleur qui fane d’avoir trop vécu. Oh, pas de corps, non, la nature lui avait offert une enveloppe capable de supporter les coups comme les âges. Mais son esprit, lui, était celui d’une âme à l’agonie. Sans accroche, elle était à la dérive la plus totale. Elle avait tenue, hagarde, pour ses petits et pour son peuple. Mais ce n’était plus possible. Malgré toute la bonne volonté dont elle avait pu faire preuve, malgré le soutien à la saveur douce-amère de ses amis, elle n’avait plus la force de continuer. C’était pour eux néanmoins qu’elle s’était tirée de son apathie ; ses compagnons qui méritaient un dernier salut, ses petits qui ne devaient pas être oubliés, Atalos, et elle-même peut-être. Que son nom reste inscrit quelque part, dans une mémoire, dans un cœur ou dans un livre.

Le vent sifflait sur son corps, apportant avec lui des fragrances qu’elle ne sentait même plus, préférant contempler la beauté sauvage qui s’étendait sous elle tandis qu’elle revenait à la caverne qui pendant trois années l’avait accueilli. Le soleil dont l’ascension s’achevait pictait encore de roses quelques morceaux du ciel, telles de grossières taches de sang sur le velours de l’azur. D’aucuns y auraient vu un sombre présage de cette journée qu’ils auraient qualifié de triste, mais pour la dragonne, ce n’était que la réalisation d’un acte naturel se reproduisant chaque jour et à l’origine même de la vie. Sans lumière, sans soleil, rien ne serait. Elle savait l’importance que ces deux avaient, elle sentait dans son être la place cruciale qu’ils occupaient. Mais elle qui avait perdu son soleil n’en ressentait plus vraiment la chaleur.

Le sable s’envola dans une superbe bourrasque lorsque la Blanche se posa au sol, chaque grain dansant avec grâce en tourbillonnant. La caverne était encore un peu plus loin, mais elle avait quelque chose à faire auparavant. Quelqu’un à voir qui ne craignait pas la température qui grimpait petit à petit. Une amie qui avait répondu à son appel et dont les écailles se profilaient dans le ciel, la silhouette grossissant petit à petit. Trissi. Brave petite sœur qui l’avait accompagnée, veillée, protégée depuis la perte d’Achroma. Trissi. Un rare éclair de lumière qu’elle formait avec son dragonnier, dans l’obscurité de son chagrin. Il était temps de la remercier, enfin.


Dernière édition par Silarae le Ven 5 Fév 2016 - 18:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeLun 9 Nov 2015 - 0:03

Trois années. La moitié de leurs vies. Une moitié de vie éloignée de celle qui avait été l'âme draconique la plus proche d'elle. Une moitié de vie éloignée des Siens, ceux qui aimaient cette terre, la magie, et voulaient les voir toutes les deux leur survivre. Elle avait été traîtresse durant trois ans, elle avait été le sang versé, l'infection qui détruisait les chairs. Le soleil ravageur du désert et sa morsure brûlante n'avaient sans doute jamais étés si bien accueillis que par Trissi, qui trouvait leur étreinte bienveillante, protectrice. Son Lié avait beau souffrir tant de lumière et de chaleur, elle ne pouvait les ressentir autrement que la conversion physique de la liberté et de la sécurité. Le Blanc était loin, jamais plus il ne s'imposerait à elle, écraserait l'esprit fier et grand qu'était le Sien. Jamais plus elle ne connaîtrait ce sentiment d'humilité et d'impuissance, jamais plus elle ne sentirait son âme se déchirer. Ses ailes frappèrent les airs avec délectation, se souvenant de ces entraves pour mieux éloigner les ombres du présent, en créer un semblant de flamme pour les affronter.

L'astre du jour éclatait au contact des écailles grises de Trissi lorsque, planant, elle leva brièvement le nez vers l'étendue bleue au-dessus d'elle. Rien à voir avec les nuages de la Théocratie, avec l'eau dégoulinant sur elle, se changeant en vapeur sur le bout de son nez. Si elle la regrettait ? Non. La sensation avait été agréable, mais sur un fond bien trop amer pour en regretter n'aurait-ce été qu'une seconde. Elle se souvenait même de ces instants où elle avait songé que, sans Kedrildan, elle aurait mis fin à ses jours.
Sans Kedrildan, et en ne l'ayant jamais connu, sans quoi le suicide n'avait rien de surprenant. Son esprit partit naturellement vers Silarae. Elle avait rêvé leurs retrouvailles, elle avait rêvé de voler à nouveau avec elle, jouer avec elle à ennuyer les bipèdes, parler de tout ce dont on pouvait parler, rattraper ces trois années qui les avaient tenues si loin, dans le silence de leurs coeurs. Achroma était mort. Dès l'instant où la fracture s'était faite, où les songes s'étaient retrouvés, brisés, au creux des bras de Mort, l'argentée avait su que pour sa pâle amie, c'en était fini. Une sensation de fatalité écoeurante. Jamais elle n'avait été aussi amère à l'idée de ne pas se tromper. Dans l'écho qu'elle avait eu de son âme, elle avait senti ce gouffre abyssal qui engloutissait la grande âme de Silarae, monstre féroce et affamé.
Trissi pensait pouvoir effleurer ce que la Belle ressentait par sa seule imagination, à l'idée de son doux Lié à terre, inerte, à l'aide de ses souvenirs de leur séparation dans ce temple maudit. Mais si par chance elle avait eu tôt fait de retrouver son roux vampire favori, Silarae attendait depuis trop longtemps pour que l'espoir lui soit encore permis. Trissi avait fait de son mieux, à ses côtés. Elle l'avait soutenue, elle avait été là pour elle, s'était faite lumière à ses côtés pour ne pas l'abîmer davantage. Pour l'argentée, ce n'était pas le plus grand des plaisirs que partager des instants aigres-doux. Un vague coup de langue sur une blessure trop profonde. Elle haïssait cette sensation en elle quand, se détournant de Silarae, elle n'avait pu affronter cette idée, entêtante, blessante à en être létale, que son amie, celle avec laquelle elle venait de passer du temps, était déjà loin, très loin d'eux. Ses ailes se tendaient vers ce Lié qu'elle cherchait à atteindre, vers lequel elle tendait son âme, sans jamais trouver qu'une absence, éternelle, vide. Sans doute son esprit dansait-il déjà avec Mort, dans de lents mouvements lascifs vers lesquels elle se jetait de toutes ses forces, tout juste retenue par ce corps qui se refusait à se détacher d'elle.

Mais qu'il était difficile de se détacher de quelqu'un, d'admettre, laisser partir, même en connaissance de causes, lorsque cet être était précieux, lorsque l'on avait fantasmé un futur où il existait. Faire un trait sur ce passé qui ne serait jamais remplacé, sur ces peut-être qui ne se réaliseraient pas. Trissi était une dragonne profondément optimiste, de celles qui saignaient aux rêves brisés. Sa raison savait que Silarae souffrait, que ses envies étaient légitimes, que le temps lui serait plus doux sans conscience de ce grand vide. Elle savait que tout était fini depuis que le petit corps pâle d'Achrom s'était étendu sur la terre humide des marais. Mais entre le simple savoir et la réalité tangible, il y avait un pas qu'elle ne parvenait à faire avant qu'on l'y poussa.
C'était un peu la marque du Blanc en ces lieux, c'était un coup de crocs quotidien à la gorge pour que l'on se souvienne que le soleil n'était qu'un mirage, qu'il était là, et qu'il pouvait, tous, les abattre. Mais… Si les plaines avaient été prises, le désert était encore libre. Ils n'étaient pas encore tombés. Il restait un espoir, il suffisait de se rappeler que ces trois années étaient loin.

Il suffisait, oui. Trissi faisait de son mieux pour réchauffer son coeur, pour tenir. Pour ses frères et soeurs dragon, pour apporter le plus de soutien possible aux Protégés, aux Esprits, pour son Lié auquel elle tenait plus que jamais. Elle faisait de son mieux… Elle reconnut la silhouette, là-bas. Semblable à nulle autre. Elle était Grâce, elle était la plus belle de ceux qui restaient encore à la vie. Vie… Elle perçut une sorte d'appel. Un pressentiment la traversa, lui imposa ne appréhension détestable que sa raison emprisonna du mieux qu'elle le put. Elle ne pouvait se laisser aller à un mouvement de faiblesse, encore moins maintenant. Ses ailes ne bougèrent que peu, mais son vol s'orienta, sans hâte, vers le sol. Le sable s'écarta tout juste pour la laisser poser doucement ses pattes à terre.

"- Silarae…"

Elle ne pouvait feindre sa jovialité et son entrain habituel. Pas maintenant. Son coeur était lourd, et ce pressentiment l'en empêchait. Peut-être valait-il mieux, pour s'épargner, prendre les devants.

"- Je ne suis pas face à toi sans raison, aujourd'hui, n'est-ce pas ?" Mais avant que la lumière de ces lieux ait pu lui répondre, Trissi imposait ses propres pensées: "Attends."

Sa tête vint, tout doucement, se poser contre celle de Silarae, laisser glisser ses écailles contre les siennes, lentement. Un geste peu familier à l'argentée, une marque d'affection rare. Un contact dont elle ne saurait, plus tard, se souvenir sans douleur. Son Esprit glissa vers son amie tendresse et affection. Ses craintes, elle faisait de son mieux pour les cacher, bien à part de ce qu'elle transmettait à Silarae, mais bien à part de ce qu'elle pouvait penser également. Un fol espoir, désespéré en elle, mourant, hurlait qu'elle devait se fourvoyer, que la douleur était trop forte pour pouvoir devenir réelle.
Son esprit s'écarta du sien, pas son corps. Elle lui transmit une pensée sans mots, presque un murmure: la fin du "attends".
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeSam 14 Nov 2015 - 20:21

Trissi. Elle était venue jusqu’à elle, sa petite sœur aux yeux de saphirs. Le vent l’avait porté avec douceur pour la mener où Silarae l’attendait, la blanche dragonne contemplant la silhouette qui grossissait dans la lumière orangée, profitant du calme incroyable qui l’entourait tandis que chaque filet de lumière s’immisçait en elle, réchauffant son corps immense sans que celui-ci ne perçoive le présent qui lui était fait. Et elle était fière, fière d’être l’une de ces majestueuses créatures au vol gracieux, fière de son amie à la beauté ensorcelante et au courage infaillible, fière de ses petits qui un jour seraient à leur tour puissance et sagesse, fière d’avoir offert aux siens le superbe cadeau qu’était la Vie. Oui. Il y avait de l’espoir sur ce continent. Il y avait de l’espoir pour ces peuples meurtris, pour ces créatures ensanglantées. Il y avait de l’espoir, celui qui rougirait le sol de sangs mêlés pour un avenir meilleur, celui qui offrirait le courage de rugir une dernière fois contre ceux qui ne souhaitaient qu’instaurer peur et haine dans les cœurs, celui qui les ferait lutter de leur vie pour protéger leurs petits. Celui qui les ferait se rassembler et lutter ensemble. La terre qui l’entourait avait encore quelques lumières pour l’éclairer, quelques soleils étincelants pour illuminer les jours sombres dans lesquels elle s’enfonçait. Il suffisait de regarder au bon endroit, au bon moment. Il suffisait de tendre l’esprit jusqu’à ces porteurs de paix. Il suffisait d’y croire, tout simplement. Qu’il y avait un bonheur à attendre. Qu’il y avait une étreinte derrière la douleur. Que nulles ténèbres ne duraient jamais. Que les victimes resteraient dans les esprits, au bruit des sanglots et des fracas meurtriers, bercées par le chant de la victoire.
Et elle était triste, triste pour ces êtres qui allaient à leur tour périr, triste pour ceux qui pleureraient en continuant le combat, triste pour ceux qui attendraient en vain le retour de ceux qu’ils aimaient, triste pour son peuple qui souffrait et déclinait, triste de ne rien sentir d’autre que cette tristesse, triste de ne pouvoir se lever à son tour, triste d’être déjà partie là où ses proches ne pouvaient aller. Triste de ne plus espérer ; de ne plus savoir ce que ce mot était.
Elle était fière, elle était triste. Mais surtout, elle était morte. Ou si proche de l’être. Un frisson et elle sombrerait. Le froid entrait déjà en son cœur, gelant ses os. Elle le sentait, elle l’attendait.

*Merci petite sœur. Ton cœur est doux et fort, et ton dragonnier est digne de toi.*

C’était un souffle, si léger qu’un vent l’aurait brisé. Mais, murmure d’esprit à esprit, Silarae ne doutait que son amie l’avait perçu tandis qu’elles se défaisaient l’une de l’autre. Elle savait, après tout. Trissi avait compris que le cœur de la Blanche ne battait plus pour personne, désormais. Que son âme saignait trop pour qu’elle continue ainsi, se trainant dans un océan de sang imaginaire. Elle était liée, elle aussi. Si elle ne pouvait comprendre la force de la douleur qu’était cette perte, elle savait que celle face à elle n’avait d’autre choix que de suivre son compagnon d’âme. Que plus rien ne pouvait réanimer Silarae. Que le monde entier s’était arrêté et que chaque geste, chaque expiration, chaque clameur au loin qu’elle percevait n’était que la grossière copie d’un monde qu’elle avait déjà quitté.

*Je suis navrée, amie-au-écailles-d’argent. Je ne peux plus combattre à vos côtés. La chaleur que tu m’as offerte pendant ces dernières semaines m’a évité de sombrer trop tôt, mais je me sens trop vide pour continuer ainsi. Mon âme se languit de suivre le chemin de celui qui m’était lié.*

Cela faisait longtemps qu’elle attendait ce moment. Les heures avaient été éternité, tandis que patiemment elle se préparait au moment où, libérée de toute responsabilité, elle pourrait se départir de toute contrainte que le fait d’exister faisait peser sur son âme.

*Je sens encore son murmure dans mon esprit, parfois. Il suffit d’un souffle de vent pour que je perçoive sa main sur mes écailles. Son visage m’apparait pour me tourmenter chaque nuit qui passe. La folie qui est mienne s’est accrochée trop longtemps au mirage de sa présence. Je me sens fatiguée de ces monstres surgissant de la fêlure en moi, impuissante à me nourrir de la chaleur de l’astre solaire, incapable à ressentir autre chose que ce mal qui me ronge. Je n’aspire plus qu’au repos.*

Une larme, ô précieux diamant, naquit de ses yeux pour se perdre dans la poussière du désert, s’évaporant dans la chaleur du sable doré. Elle parlait sans même s’en rendre vraiment compte, les mots venant d’eux-mêmes tandis qu’elle recherchait, désespérément, fébrilement, à faire comprendre son mal à son amie. Elle voulait, elle devait comprendre. Elle devait voir qu’il n’y avait plus de bleu dans le ciel, qu’il n’y avait plus d’éclat argent dans la lune. Qu’aucune fleur n’était plus symbole de renouveau, qu’aucune étreinte ne serait plus jamais aussi chaleureuse que celle auprès de laquelle elle soupirait. Qu’elle n’avait plus d’horizon que celui de l’enveloppe froide de la mort, que celui d’un corps chutant dans la boue. Que son sommeil était hanté par un être qui n’était plus. Elle devait voir qu'ils n'étaient plus pour mieux se rendre compte de leur importance.
Silarae releva le museau un instant, se tendit vers le ciel, avant de reporter son regard tourmenté vers son amie.

*Mes petits auront besoin d’aide et de conseils, Trissi. D’un appui peut-être. Je ne puis te demander d’être la mère que je ne serais point, toutefois… accepterais-tu de veiller sur eux si le besoin l’exige ? De leur apprendre les justes valeurs s’ils sont égarés, de leur faire savoir d’où ils viennent. De leur montrer ce qui doit être protégé. Là où ils sont, ils seront à l’abri, mais l’éclosion venue… Je n’ai plus la force d’attendre pour les guider.*

Et si elle ne le pouvait, alors ils apprendraient. Ils se débrouilleraient seuls, ils se forgeraient leur place dans ce monde. Si l’un devait mourir à son tour alors il mourrait, car là était le destin de toute créature vivante. Pourquoi en avoir peur, pourquoi trembler à cette pensée ? La nature était ainsi faite. Pas de regret pour la Blanche. Hormis, peut-être, celui de n’avoir pu faire son devoir. De n’avoir su être celle qu’elle aurait due. De n’être partie plus tôt. De n’avoir réussi cet acte d’amour ultime. D’avoir hanté tant de temps ces terres désolées, d’avoir affligé ses amis de la sorte. De n’avoir su être à la hauteur. D’avoir effleuré, quelques instants, le bonheur le plus pur pour le perdre de nouveau de la pire façon possible. D’exister encore, simplement.
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeMer 18 Nov 2015 - 23:36

Le premier compliment flatta l'argenté, venant de sa soeur tant estimée. Sa seconde remarque la fit un moment hésiter. Kedrildan, digne d'elle ? Si elle avait pu user d'un tel questionnement pour ennuyer son Lié, elle n'y avait jamais songé sérieusement. Il était de toute façon impensable que son âme trouve écho auprès d'un esprit autre que celui de son vampire. Il était elle, elle était lui, avec tout juste assez de différences pour ne jamais s'ennuyer, tout juste assez d'indépendance pour ne pas être entravé, et pouvoir soutenir l'autre quand le besoin était présent. Il était sa raison de naître, et rien ne pouvait faire douter Trissi de cela. Néanmoins… Silarae devait connaitre ce sentiment. Cette dignité était toute autre. L'argentée se souvint alors, plus ou moins confusément, que Kedrildan avait affirmé avoir discuté avec celle au coeur d'argent. Oh. Trissi s'en sentit plus flattée encore, et bien plus fière. Cette fierté partit vers la part bipède de son âme, le félicitant copieusement. Elle savait qu'il pouvait parfois être maladroit sur certains points. Savoir qu'il avait été à la hauteur de la situation, de Silarae, ravivait doucement le feu en la dragonne la plus sombre de ce décor.
Kedrildan grandissait peu à peu. La pâle soeur draconique, elle, disparaissait. Ses pensées avaient tout juste été un souffle. Elle ne voulait plus brûler, elle se laissait éteindre, et une brise aussi faible paraissait à Trissi poussée par le vent qui l'éteignait, qui n'avait pas même besoin de forces pour cela. Ce n'était pas surprenant, mais c'était marquant. Comme si à chaque fois, en s'éloignant de la pâle amie, l'espoir remplaçait son image par une plus ancienne, plus apaisante pour l'argentée, pour mieux lui faire sentir ensuite combien elle se fourvoyait.

Se détachant d'elle, Trissi avait également détaché son esprit. Elle fit bien. Elle avait beau s'être attendue à ce que Silarae allait lui annoncer, elle avait beau l'avoir deviné dans ses songes les plus obscurs et les plus réalistes jusque dans ses pensées les plus pragmatiques, l'entendre pour de bon restait une douleur violente, comme chaque cauchemar qui se réalisait. Mieux valait que sa blanche amie ne ressente rien de ses tourments, qu'elle soit protégée de tout ce qui aurait pu pour elle s'ajouter à ce dernier instant. Nostalgie, regrets, remords, culpabilité, ou quelque peine supplémentaire que ce soit… Ses derniers instants lui appartenaient. Pour qu'ils soient parfaits, Trissi était certaine qu'il fallait que Silarae soit pleinement suzeraine de ce qui s'y déroulerait. Restait à savoir ressentir les envies de son amie.
L'heure était à l'écoute, la dame d'argent resta cette oreille attentive, de solides barrières érigées autour des sentiments qui explosaient en elle et la bousculaient de leurs vagues de magma. Ils ne parviendraient à son amie, et ils ne parviendraient à envahir totalement celle qui les couvait, qui ne devait leur accorder de conscience pleine. Silarae ne calmait pas ce feu-là. Chacun de ses mots parlait si bien à Trissi de cette dernière crut plusieurs fois qu'elle allait faillir à cette tâche unique qui lui était confiée par le cours du temps, qui ne lui serait plus jamais confiée. Elle concentra ses forces dans son immobilité, dans ce sentiment spécifique qui était celui de la compréhension, lorsque les mots trouvent en écho un souvenir ou une émotion. Elle transmit cela seulement à Silarae: qu'elle sache que rien ne lui était reproché, que tout ce qu'elle énonçait était sinon naturel au moins la marque de son grand courage.

La larme s'écrasa sur le sable du désert, et Trissi la perçut. Une larme de dragon, la première que sa cadette voyait de sa jeune existence. Elle avait ouï des histoires les évoquant, s'était alors parée d'admiration. Il n'était plus question d'admiration. Il ne fallait pas faillir. Trissi s'essaya à soutenir le regard de son ami. Elle avait beau avoir mal, Trissi, elle avait beau avoir grande peine, elle devait reconnaître s'être imaginée bien plus dévastée. Une part d'elle-même devait encore ne pas avoir conscience de ce qui se jouait. Une part qui resterait même quand il n'y aurait plus pour lui répondre l'esprit de la blanche et qui, en se brisant, laisserait librement éclater colère et peine. Une part qui la retenait.
Silarae eut la bonté d'offrir en sus de quoi alimenter autrement la conscience de Trissi. Des détails bien pragmatiques et nécessaires. Elles n'étaient pas ici pour de longs et déchirants adieux, pour des sentiments qui se partageaient et se mêlaient. Quelque part, elle s'étaient déjà chargées de ceci depuis des mois, des semaines.

"- Je doute me fourvoyer en t'affirmant que chaque dragon de cette terre est prêt à te faire ce serment. Tes petits, leur existence et leur vie sont ce pour quoi nous nous battons. Mais… Je te comprends. Plus que nos frères et soeurs encore, je serai là pour eux. Je veillerai à ce qu'ils ne s'égarent pas, je leur enseignerai…" Ce qu'elle devait enseigner était implicite, et tombait sous le sens suite à la demande qui avait été formulée. Trissi offrit une sorte de caresse mentale faite de confiance et de sincérité. "Sois sans crainte." Elle ajouta, douce, mais soucieuse de bien remplir sa mission: "Où sont-ils…?"
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeSam 21 Nov 2015 - 16:35

Petite, si petite Trissi… Et pourtant, n’avaient-elles pas le même âge ? N’avaient-elles pas vu les mêmes saisons s’égrener ? Ne venaient-elles pas de la même génération ? Malgré tout, Silarae ne pouvait s’empêcher de la voir comme plus fragile, à protéger du reste du monde. Pourquoi cela ? Elle l’ignorait, mais l’affection qu’elle lui portait était celui d’une protectrice. Et ce malgré que ce soit son amie qui ait veillé sur elle depuis la mort de… depuis la bataille. Pauvre sœur d’écailles… Elle sentait son chagrin en comprenant l’inéluctable. Mais elle savait aussi qu’il n’y avait pas d’autres issues possibles. Si le corps de la Blanche pouvait survivre, il n’en était pas de même de l’esprit déjà rongé par le désespoir. Non, c’était mieux ainsi. Une fois une décision prise, la Reine des Cieux n’avait guère l’habitude de revenir dessus. Elle avait décidé à l’instant même où la terre avait attiré sur son lit boueux le corps froid d’Achroma.

*Je te fais confiance, je ne doute ni de ton affection ni de ta sincérité. Ils auront sans doute grand besoin d’une paire d’ailes pour les veiller lorsque la peur les saisira. Je t’en prie, surtout, prends garde à qui les approchent ! Le lien ne se choisit pas, et rien ne pourra sans doute empêcher deux âmes de trouver, mais s’ils devaient se lier à un mauvais bipède… Qu’ils sachent au moins le guider vers la lumière plutôt que s’enfoncer avec lui dans les ténèbres.*

Elle songea à Verith, le dragon fou. Si l’un de ses petits devenait comme lui… Non, ils lui feraient honneur. Le Dracos veillerait sur eux. Le Rouge était un sauvage, détruit par la haine des deux-pattes. Sa violence déraisonnée était unique. Et plus que quiconque, Silarae savait la douleur de l’exil. Elle refusait l’idée que sa progéniture puisse être séparée de son âme-sœur de par la noirceur de cœur de celle-ci. Non, mieux valait qu’ils sachent où trouver la bonté et la justice. Tous les dragons étaient prêts à les protéger, avait répondu Trissi. Oui, la Blanche se souvenait à présent des propos de la dragonne d’émeraude, rencontrée un peu plus tôt. La vague de reconnaissance qui enfla en elle se projeta jusqu’à son amie, lui transmettant l’amour de son peuple et de ces terres, la fierté qu’elle éprouvait pour les siens et la gratitude qui la comblait.

*Je vais te montrer, mais laisses-les reposer, je t’en prie. L’oreilles-pointues-au-morceau-de-bois-chanteur, celui que les bipèdes nomment Dawan, veillera sur eux et saura quand le moment sera venu de les approcher. Vous serez les deux seuls dépositaires de ce trésor que je laisse à Armanda. Que cela reste ainsi.*

En silence, elle lui demanda même de n’en parler à Kedrilan et de dissimuler cette partie de leur rencontre. Oh, elle avait toute confiance en ce vampire, là n’était vraiment pas le problème et elle tenait à ce que Trissi la sache sincère, d’autant plus qu’il partageait son esprit avec l’une des dragonnes qu’elle chérissait le plus. Mais elle ne souhaitait pas que ses œufs puissent courir le moindre risque et surtout, cela devait restait une affaire de dragons. Pour le petit elfe, c’était différent. Il était devenu… elle ne savait quoi vraiment, mais elle ne percevait plus comme réellement un bipède. Oui, les deux êtres dont elle avait le plus affection étaient les seuls qui devaient le savoir.
La promesse offerte, elle s’ouvrit à elle, lui transmettant une série d’images. Le ciel qui défilait, les oasis en dessous qui se détachaient à peine, si petits qu’ils étaient, dans la vastitude dorée, puis sa descente vers un petit refuge d’eau et d’un peu de verdure et la grotte qui le jouxtait. Humide, fraiche et sûre, suffisamment profonde pour qu’un dragon s’y réfugie à l’aise et assez bien dissimulée pour que la probabilité de tomber dessus par hasard soit presqu’inexistante. Et enfin, tout au fond, elle lui montra le petit creux la terre où les trois œufs reposaient en silence, attendant leur heure.

*Sauras-tu les retrouver lorsqu’il le faudra ? Elle laissa un instant de silence avant de reprendre avec une infinie douceur. Tu n’as pas à t’en occuper de suite, n'aie crainte. Vis et amuses-toi, profites de ton lié et veilles sur lui. Vous le méritez, tous les deux. Je ne vous remercierais jamais assez pour ce que vous avez fait pour moi.*

Et Silarae abaissa la tête doucement, se courbant avec grâce et offrant à sa compagne le respect qu’elle lui devait ; lui montrant également qu’elle se sentait bien inférieure à Trissi, que ce que cette dernière lui avait offert dépassait tout ce qu’elle n’aurait jamais pu espérer : l’amour unique d’une amie sincère.
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeLun 14 Déc 2015 - 0:09

[ Have mercy... ]

Une approbation mentale, qui se voulait sobre, qui avait dans son écho la trace de la peine qu'elle contenait, cet avenir où sans sa pâle amie qui lui pesait dans un coin étouffé de ses pensées. Elle était Trissi, la fière Trissi qui aimait tant qu'on lui caresse l'égo dans le sens des écailles, et pourtant, cette fois-ci, les compliments que pouvaient lui faire Silarae, l'honneur de sa confiance… Tout cela ne la touchait pas. Pas comme cela aurait dû la toucher. Elle n'en ressentait pas cet accomplissement, cet apaisement, pas la moindre petite jubilation. Tout cela était effacé. Peut-être que dans un futur lointain, à ce souvenir-là, elle ressentirait effectivement la fierté qui aurait dû être sienne. Mais quoi de plus incertain ? Son imagination ne découvrait qu'un avenir où ces mots resteraient emprunt de nostalgie, ces regrets mêlés de l'envie de retourner en arrière, retrouver l'inaccessible.
Elle accomplirait ce devoir qui était désormais sien. Elle se savait assez forte pour cela, pour ne pas voir Silarae seule à travers sa progéniture. Ce serait même naturel, chez elle. Elle vivait suffisamment dans le présent, l'instant, pour voir en priorité les petits êtres, leurs mouvements et actions, pour s'intéresser davantage aux chemins qu'ils traçaient vers l'avenir qu'à celui qui les avait déposé en ces lieux. Elle comprenait sa pâle soeur et ses inquiétudes, voyait fort bien les images qu'elle craignait de retrouver en ce monde. Pour la rassurer davantage, elle lui offrit le souvenir d'un jour où elle-même avait dompté l'âme parfois vacillante, nourrisson malhabile, de son Lié. Cet instant, par-exemple, où elle l'avait forcé à se détourner du sang alcoolisé, à comprendre que le temps des morts n'était plus, pour l'orienter vers les sentiers lumineux qui avaient fait de lui l'habile vampire qu'il était désormais. Celui qu'elle avait jugé "digne". Silarae devait savoir… Oui, c'était sans doute même pour cela qu'elle s'était tourné vers Trissi. Silarae devait savoir que les valeurs étaient proches, que leurs jugements se ressemblaient. Les ténèbres, la lumière, avaient pour elles les mêmes couleurs, les mêmes formes. Trissi guiderait ces petits-là comme leur mère leur aurait guidés, si d'inconscientes créatures ne lui avaient pas arraché son âme.

Une autre caresse mentale, dans le sens de Silarae. Pas de crainte, grande amie. L'argentée avait ses quatre jambes bien posées sur le sol, cette fois-ci. Elle était là pour elle, et ne serait partie d'un coup d'ailes rejoindre ses oeufs. Quand bien même elle l'aurait fait, il n'était pas question de les brusquer. Si le temps passé dans sa coquille avait paru long à l'argentée, elle savait néanmoins qu'il était nécessaire. Les petits en auraient besoin. Tout comme ils avaient besoin de ce calme avant l'imbroglio de l'existence, la complexité de ce qu'ils auraient à découvrir. Seul ce temps protégé leur permettrait de s'y préparer, filtrant les éléments pour qu'ils s'y habituent, les appréhendent mieux.
Un léger mouvement de tête, une pensée surprise. Dawan ? Elle le connaissait. Elle offrit à Silarae l'image de l'oreilles-pointues-au-morceau-de-bois-chanteur qui lui avait jadis lustré les écailles, qui avait passé du temps avec son Lié… Que ce dernier appréciait beaucoup. Etait-ce bien de lui dont il était question ? Certes, il faisait un excellent admirateur, mais… Pourquoi lui ? Par quels moyens, lui qui n'était dragon ? Ce fut là la question que posa Trissi, mentalement, sans mots, après qu'en plus Silarae lui ait demander de ne rien dire à Kedrildan. Quitte à laisser un bipède détenir ce secret, ne valait-il mieux pas qu'il soit un Lié, et son Lié ? La réponse lui vint, sibylline. Soit. Ce brocoli cachait des choses. Mais puisque tel était le ressenti de Silarae, à l'esprit si aiguisé, qui avait pu connaître l'elfe trois ans durant, elle voulait bien faire confiance, s'incliner. Pour se convaincre elle-même, elle se souvint de la facilité avec laquelle l'esprit convoité de son Lié pouvait être lu. Elle offrit une promesse sincère à Silarae. Personne d'autre que ces êtres qu'elle avait choisi ne saurait, et ce tant que son élu le jugerait bon. Se pouvait-il qu'elle lui ait déjà transmis les indications quant au bon moment ?

La dragonne s'ouvrit aux images qui venaient à elle. Les oasis… Elle les reconnaissait, malgré le peu de temps encore passé en ce ciel. En elle les images se gravaient, désormais immuables. Ce refuge choisi. Oui, parfait, encore une fois. Elle félicita à nouveau sans mots la pâle dragonne, autant pour le choix du lieu que pour les trois beaux oeufs qu'elle offrait à Armanda. Une félicitation teintée d'une nuance de remerciement. Elle n'insista pas néanmoins. Ce n'était pas l'enjeu, ni le moment.
L'argenté opina à la question de son amie. Sans souci, elle les retrouverait. Tout était si clair… Elle protègerait ce fragment de mémoire, dusse-t-elle y laisser ses ailes et devoir courir comme une simple créature terrestre pour les retrouver.

"- Tu n'as pas à nous remercier. Il eut fallu pour cela que nous sachions également te remercier suffisamment." Un temps. Celui nécessaire à Trissi pour réfréner l'envie d'une étreinte mentale, forte, aussi forte qu'elle aimait cette dragonne. Une étreinte qui aurait témoigné de tous les regrets qu'elle avait de n'avoir pas su les protéger, de n'avoir pas connu d'univers à sa hauteur. Une étreinte aussi forte que ce cri en elle qui refusait que tout soit fini. Il ne fallait pas. "Ce que tu voulais faire ici, tu l'as fait de la meilleure façon qui soit. Tu n'as pas de regrets à avoir. Tu n'as pas d'inquiétudes à avoir. Nous veillerons comme tu aurais veillé. Tu seras toujours en ce monde par ce que tu créas de ton esprit et de ton corps."

Un léger mouvement de tête, pour pousser celle de Silarae vers le haut. Etait-il encore question de s'incliner ? Plus jamais. Et surtout pas elle. Mais comme elle redressait également la tête, une silhouette venait à elles.
Une silhouette enroulée d'habits d'hommes du désert, mais à la démarche reconnaissable entre mille, pourvue d'un étui bien particulier sur son dos. Une silhouette imprudente, par cette chaleur. Effleurant son esprit, Trissi le reconnut. Elles n'étaient plus seules. Etait-ce là le souhait de Silarae ?

"- Le voilà. Celui en qui tu as confiance. Est-ce toi qui l'a appelé ? Que désires-tu, désormais, belle-enfant-de-Lune ? L'un de nous doit-il se retirer ?"

Tout lui appartenait, au moins à cet instant. Mais la petite chose qui était désormais à leurs pattes, le savait-elle ? Cela paraissait impossible. Un bref instant, son visage plat, rayé de mèches d'or que rien ne retenait, se leva, chercha les yeux des dragonnes. Il souriait. Un sourire faible, mais présent. Et dans son regard, une lueur étrange. Un peu maternelle. Une courbette. Pas un mot.
Il ne pouvait qu'avoir compris.
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeMer 6 Jan 2016 - 20:14

Remercier ? De quoi donc Trissi et ses semblables auraient ils donc remercier Silarae ? Qu’avait-elle fait pour mériter ses louanges ? Rien, voilà la réponse. Parce qu’elle avait laché prise, parce qu’elle s’abandonnait à l’étreinte douce de Mort, son amie ne voyait en ces instants que ce qu’il y avait de meilleur, prenant ses rêves pour des réalités qui n’avaient jamais existées. Non, la Blanche n’avait rien fait, jamais, pour une telle admiration. En éprouvait-elle des regrets ? Pas vraiment, non. Le seul qui la hante était de n’avoir su protéger son âme sœur de son tragique destin. Sauver les siens, dont Trissi, ou être séparée à jamais d’un morceau de son âme, quel horrible choix que celui-ci ! Même pour cela, elle n’avait eu la force de s’y opposer.

*Je n’ai plus d’inquiétude, ma sœur, quand je songe que tu demeures sur cette terre. A toi et aux nôtres, j’ai toute confiance pour remettre mes petits. Vous saurez mieux que quiconque leur apprendre ce qu’il faut, et vous poursuivrez vaillamment cette tâche ardue qu’est la protection d’Armanda. Non, je n’ai plus de craintes et ceci grâce à toi pour une large partie.*

Elle la fixa avec bienveillance, l’âme effectivement en paix. Un dragon de moins, voilà qui était un nouveau coup dur mais cette fois, son désir égoïste de partir était plus fort que tout ce qu’elle pouvait ressentir pour ses compagnons d’écailles. Même Atalos, avec qui elle avait partagé son cœur et son corps, ne pouvait rivaliser avec sa douleur. Il n’y avait désormais plus qu’un seul chemin pour elle et, l’angoisse pour ses œufs disparue, elle n’avait plus peur de rien. Elle était sereine tandis que l’éclat de quelques timides étoiles de ce début de nuit se reflétait dans ses yeux d’or.

*La plus grande de mes craintes s’est réalisée le jour où mon âme s’est brisée. Non, je n’ai plus peur, car je n’ai plus rien pour lequel avoir peur. Je sais exactement ce que mon esprit me souffle de faire, et nulle hésitation ne vient plus me souiller.*

Oui, Silarae savait parfaitement ce qu’elle devait faire. Auparavant toutefois, elle avait encore une personne à voir. Une dernière rencontre pour ponctuer cette vie tout à la fois trop courte et trop longue. Attendrie, l’écailleuse contempla donc la petite silhouette qui se hâtait jusqu’elle, l’éclat pâle de sa chevelure semblant d’argent sous la lumière désormais nocturne.

*Restes un instant de plus si tu le veux bien, amie-aux-ailes-d’argent. Ta présence m’apaise, et je ne doute pas que tu sauras quand sera venu le moment de nous séparer. Pour l’heure, ce que j’ai à dire vous concerne tous deux. Après sans doute aurais-je besoin d’un moment avec celui qui vient vers nous.*

Elle attendit que ce dernier parvienne à sa hauteur pour le saluer, se baissant jusqu’à sa tête pour souffler doucement et tendrement dans ses cheveux. Elle s’approcha de son esprit pour ne s’adresser qu’à lui seul.

*Bonsoir, petite-créature-aux-doigts-mélodieux. Pardonnes-moi de t’avoir ainsi quémandé à une telle heure, je ne te retiendrais guère longtemps, mais je pense que tu sais déjà pourquoi je t’ai demandé.*

Puis, se reculant un peu, elle observa tour à tour ses deux compagnons, aussi majestueuse que la Reine qu’elle était, le cœur débordant d’affection malgré le froid mental qui l’étreignait. Et quand elle s’exprima de nouveau, c’était pour les deux.

*J’ignore si vous vous connaissez, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Pourtant, vous êtes parmi les êtres qui me sont les plus chers. L’un est la terre inébranlable, l’autre l’air si imprévisible, mais ce sont deux éléments qui ont fait ma vie. Protégez-vous, je vous le demande. Je suis heureuse de pouvoir vous voir tous deux, et je ne peux qu’espérer que votre avenir sera plus lumineux que ce que nous vivons actuellement. J’aimerais vous offrir un dernier présent, mais je n’ai malheureusement rien de tel. Aussi, sachez seulement que vous avez fait de ces derniers temps de petits oasis de paix durant une longue agonie solitaire.*

Et, ainsi qu’elle l’avait fait quelques instants auparavant, elle inclina délicatement la tête devant ses deux interlocuteurs, telle une bipède saluant ses suzerains. Pour eux, elle pouvait écarter son orgueil, relacher sa fierté. Parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre pour leur montrer à quel point elle les appréciait, parce qu’elle n’avait nul autre geste, nul autre mot, pour leur offrir toute la reconnaissance qu’ils méritaient tous deux. Elle espérait qu’ils le comprendraient, simplement, sans qu’elle n’ait besoin d’offrir plus ample explication, et qu'ils accepteraient, car elle en avait besoin. Besoin pour exprimer réellement ce qu'elle ne trouvait pas à transmettre, ni par les mots, ni même dans le tourbillon d'émotion qu'elle éprouvait et dans lequel elle craignait de les noyer. Mais eux qui connaissaient son esprit et avaient partagé sa douleur sauraient. Car s’ils ne le pouvaient, il n’y avait personne d’autre sur cette terre qui le pourrait ; il n’y avait plus personne qui le pourrait. Et lorsqu’elle redressa la tête, ses larges yeux dorés semblaient sourdre d’une indicible tristesse, d'une effroyable solitude et d'un imperceptible appel à l'aide.
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeLun 11 Jan 2016 - 13:04

Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] 613534datswag

L'argentée avait eu tôt fait de comprendre que sa pâle soeur s'adressait au bipède seul, la voyant peu à peu se pencher vers lui. Elle était restée en retrait, tandis que le petit fermait lentement les yeux, avec une longue inspiration, appréciant ce qui était pour lui un présent et un honneur. Il n'eut pas un geste pour remettre chèche et cheveux en place. Il ne rouvrit pas les yeux, pas tout de suite. Il aurait aimé, en cette instant, pouvoir lui aussi caresser l'âme de Silarae de la sienne. Cela lui paraissait être le seul moyen de ne pas mentir auprès d'elle. Il aurait aimé lui signifier qu'elle n'avait pas à s'excuser, que son temps lui était dévolu de la façon la plus naturelle qui soit, sans limites. L'inverse aurait été une fausse note dans la mélodie particulière qu'ils créaient. Qui répondait à l'appel de Silarae y répondait complètement, ne laissait pas son esprit à d'autres préoccupations plus basses, ou alors il était indigne de se présenter devant elle.

Son âme était à l'image d'une neige immaculée pour offrir à la Liée au coeur brisé un espace où elle serait l'unique empreinte. Il savait pourquoi elle l'avait demandé. Il ne perdait pas ce faible sourire qui était venu se dessiner sur son visage. Il avait échoué. Il avait échoué à sauver Achroma, il avait échoué à sauver sa Liée. Il aurait pu faire plus, il ne l'avait pas fait. Il était faible, et ignare, comme nombre de bipèdes, comme nombre de mortels. Cela, il le savait également. Le temps n'était pas à des considérations aussi égoïstes que la culpabilité. Silarae allait cesser de souffrir. Devant cet échec désormais fatal, Dawan n'avait qu'une offrande à faire à Silarae, une dernière offrande qui n'avait ni prix ni consistance, et qui pourtant se raréfiait à vive allure. Un dernier présent pour l'accompagner dans les bras paternels de Mort et, il l'espérait, l'encourager à revenir.

Comme Silarae parlait d'eux, Trissi et Dawan échangèrent un regard, se dernier rouvrant lentement les yeux pour se laisser déstabiliser par les prunelles reptiliennes de la dragonne. Ils se connaissaient, même si Dawan avait passé davantage de temps avec le Lié aux cheveux de feu. Il vouait grand respect à Trissi, et Trissi… L'estimait comme un bipède. Elle n'avait que peu joué avec. Elle l'avait jalousé, jadis, craignant que l'affection de Kedrildan ne lui soit volée. Etait-elle la seule à ne rien lui trouver de particulier ? À ne pas percevoir ce qu'il avait qui attirait autant son Lié que l'affection de Silarae ? Elle s'essaya à sonder son âme, mais ne fut pas sensible à ce qu'elle y trouva. Peut-être était-ce dû, sans qu'elle le sache, à une barrière créée par l'envie d'être unique, et un questionnement possessif envers son amie: qu'a-t-il de plus que moi ?

Puisque Silarae l'avait décidé, elle l'admit néanmoins, mieux encore que si Kedrildan l'avait énoncé: ce brin de brocoli devait valoir le coup, elle prendrait soin de lui comme elle prendrait soin des petits encore emprisonnés. Elle transmit cette acceptation à la blanche dragonne, accompagnée d'une caresse d'âme qui se voulait réconfortante. Elle n'avait pas de crainte à avoir. Le plus petit, le bipède, avait à nouveau fermé les yeux, baissé respectueusement la tête. Silencieusement, il priait Terre, Air et Mort, qu'ils prennent soin de l'âme de Silarae.
La voyant courber l'échine, Trissi put ressentir un frisson le long de sa longue échine. Malgré la chaleur, elle eut froid. Elle ne savait que faire: la forcer à redresser la tête, ou la laisser faire. La voir ainsi se courber, et écarter la fierté qui était l'essence même des dragons… Elle ne pouvait l'admettre. Elle ne pouvait admettre une telle chute, elle ne pouvait admettre ces ténèbres qui s'emparaient de son amie, son modèle. Elle voulait les mordre et arracher leur chair, les voir tomber, libérer la lumière. Mais elle savait que c'était vain, que cela aurait sans doute davantage blessé Silarae. Cet instant lui appartenait, à elle seule, elle l'avait dit…
À ses côtés, la faible créature dans son armure de tissu épousait un sentiment moins virulent. De la peine plus que de la colère. Ses pensées répétaient, sans cesse, en une litanie qui se voulait de plus en plus sereine, que c'était là l'ordre des choses, le chemin à emprunter, celui qu'ils empruntaient tous à un instant donné. L'acceptation, déjà, comme un moyen de protection. Il n'avait pas en lui le feu féroce et sauvage qui embrasait les émotions de Trissi. Il souriait encore, toujours ce même sourire faible, malgré le poids de plus en plus pesant en lui. N'y pas penser. Choyer cet autre sentiment, celui qu'il voulait offrir.

"- Nous sommes là."

Trissi avait été audible par tous, d'une voix mentale bien affirmée. Dawan se protégeait par la philosophie de l'Ordre et par ce qu'il devait offrir. Elle, elle avait sa propre volonté, et l'affection vouée à Silarae. Ils étaient là, comme ils l'avaient été jadis, comme ils le seraient jusqu'à ce qu'elle décide de se laisser tomber dans la plus grande des solitudes. Le petit être, comme pour confirmer les dires de la dragonne, s'était alors rapproché. Son sourire s'était fait plus franc. Son regard clair cherchait celui de la pâle dragonne, et un chant sans paroles s'échappait de sa gorge. Une ôde. Il aurait aimé, lui aussi, la rassurer. Il aurait aimé dire que le sacrifice de son Lié n'avait pas été vain. Il aurait aimé lui dire qu'ils avaient bientôt gagné. Mais il ne savait mentir. Le voyant ainsi, bras ballants, tout juste à émettre des sons, Trissi ne put que se demander si Silarae était bien sûre de son choix. Elle n'en énonça rien. Elle tendait à nouveau son esprit vers Silarae lorsqu'enfin le bipède se décida à parler.

"- Pouvez-vous lire en moi, Silarae ? En mes pensées, en mon coeur, en mon âme. Il est quelque chose que j'aimerais vous offrir.

Son sourire s'était fait malicieux. Il ferma à nouveau les yeux, ses mains sur son coeur, en rassemblant les divers fragments pour enfin, lorsque Silarae l'effleura, lui offrir ce qu'il avait. Ce n'était rien, trois fois rien. C'était tout l'espoir qu'il avait, tous ses rêves d'avenir, tous les élans de son coeur vers le futur, et toute sa volonté d'harmonie. C'était l'ultime lumière quand plus rien n'éclairait, la flamme secrète qui animait toute vie et la faisait résister quand son sang se perdait. C'étaient toutes les autres lumières qui avaient perduré malgré les événements, et celles qui étaient nées. C'était le sentiment des possibilités naissantes et de jours meilleurs qui l'avait saisi la première fois qu'il avait vu s'étendre des ailes de dragon.
Il lui offrait tout ce qu'il lui restait d'espoirs et de volontés. C'était ses possessions les plus particulières et précieuses. Il voulait lui montrer qu'elle n'emportait pas la lumière avec elle, pour qu'elle puisse partir le coeur plus léger. Il n'avait pas réfléchi, avait suivi ce que son instinct lui indiquait de faire. Ce même instinct l'avait poussé à reprendre son ôde sans paroles, même durant l'offrande.

…Une offrande qui était un mystère pour Trissi. N'appréciant que peu ces cachoteries, son réflexe fut d'avancer à nouveau son esprit vers Silarae. Elle s'arrêta néanmoins avant de l'avoir touchée. Non. Son amie choisirait si elle partageait ce qu'ils échangeaient ou non. Malgré elle, l'argentée avait laissé échapper un signe d'agacement, un souffle un peu plus rauque, un mouvement discret de griffes dans le sable. Elle attendit un instant, avant de revenir vers Silarae, restant perceptible par le bipède qui les accompagnait:

"- Nous ferons attention. Nous nous protégerons, comme nous protégerons tes petits. Nous nous battrons pour l'avenir, et pour leur avenir." Pour Silarae seule, elle ajouta: "Et si tu changes d'avis… Nous serons toujours là." Elle ne laissait aucun doute quant à sa sincérité, quant à la force cachée derrière son envie d'être présente. En bas, le tout-petit portait sur elles un regard plein d'interrogations. Des petits ?
L'argenté crut saisir, néanmoins, de cet échange caché, qu'il était temps pour elle de les laisser seuls. Elle embrassa une dernière fois l'âme de son amie, avant de prendre son envol, aussi délicate qu'à son habitude. Elle ne se retournerait pas. Elle n'énoncerait aps de "au revoir" ou "adieu" à la façon des bipèdes. Elle devait retrouver Kedrildan. Il saurait comment s'occuper d'elle.
À voir ainsi une dragonne s'écarter, à rester seul face à Silarae, Dawan ne se sentait que plus petit encore...
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeDim 24 Jan 2016 - 12:40

Oui, ils étaient là, elle le savait, elle le sentait. Ils étaient là pour elle, comme ils l’avaient toujours été. Ils étaient pour cette dernière fois, cette ultime rencontre. Ils étaient pour cet au revoir, ils étaient là pour se souvenir d’elle. Silarae n’avait jamais douté d’eux. Trissi avait été l’une des raisons du sacrifice d’Achroma, mais la Blanche ne lui en avait jamais voulu. Son amie n’aurait jamais exigé une telle chose si elle l’avait su, elle en était certaine. Peut-être ne connaissait-elle pas la totale vérité. Mais si tel était le cas, il valait mieux qu’elle ne l’apprenne jamais. Comme elle ne saurait jamais le présent que Dawan offrait à l’Eplorée qu’elle était, comme elle ne verrait jamais ces lueurs chaleureuses et réconfortantes qu’il lui avait laissé dans le cœur. Non, cela resterait entre eux deux, dragonne et bipède, souvenir intemporel d’un espoir infaillible.

*Je te remercie, petit-elfe, pour ce présent que tu m’as fait. Je partirais le cœur en paix sachant que j’ai laissé aux miens un monde où vous veillerez, où vous vous protégerez ce qui vous est cher.*

Elle ne tarda ensuite à se tourner vers sa semblable, presque attendrie de la voir un brin jalouse. Croyait-elle qu’elle n’avait pas une place unique dans le cœur déjà mort de la Blanche ? Elle y demeurerait à jamais, trésor fossilisé, dépassant les siècles et les millénaires, jamais détruit ni par la mort ni par le temps, amitié s’attardant dans les chants de cette terre et frissonnant au gré des vents au travers des souvenirs que les bipèdes se transmettraient de ces deux créatures immenses, belles et sages.

*Je ne changerai pas d’avis, douce-amie, nous le savons toutes deux. Il n’est plus temps pour moi d’errer sur ces terres telle l’âme égarée que je suis devenue. Mais vas, reprit-elle en sentant Trissi se reculer pour prendre son envol, et que le vent porte tes ailes.*

Elle l’admira s’éloignée, étoile d’argent traversant avec grâce l’obscurité grandissante, astre d’une beauté incommensurable eclipsant toutes les autres pâles lueurs qui s’éclairaient dans les cieux immenses. Elle savoura ce spectacle grandiose jusqu’à ne plus rien voir de cet être formidable, jusqu’à ce que son cœur cesse de pleurer ce au revoir jamais dit, jusqu’à ce qu’elle sente cette douleur brusque de l’adieu se faner à son tour. Et, enfin, elle se tourna vers le petit être qui était à ses côtés, attendant patiemment qu’elle reprenne conscience de sa présence.

*Je suis venue te dire que je m’en vais, petit-elfe-chanteur. Par delà les mers et au dessus des montagnes. Le froid qui me ronge ne cesse de grandir, étendant ses ailes sombres sur mon corps affaibli. Mais je suis aussi venue te transmettre ceci. Si tu l’accepte, tu seras l’un des deux gardiens de ce trésor, et libre à toi alors de choisir l’instant de montrer leur grandeur au reste du monde.*

Touchant à son tour Dawan de ses pensées secrètes, elle lui montra les trois œufs qui dormaient paisiblement et comment y accéder. Avec l’aide de Trissi, il pourrait les protéger, les veiller en toute quiétude. Et lorsqu’il estimerait que le moment serait venu, il ferait ce qui lui semblerait bon de faire. Ces petits devaient trouver des liés dignes d’eux. Silarae aurait aimé que l’un d’eux voit dans le cœur de l’oreilles-pointues-au-morceau-de-bois-chanteur de quoi trouver une âme sœur, mais ce n’était à elle de choisir. Ceux qu’elle avait considéré comme meilleurs, plus nobles d’esprit que leurs semblables, méritant son attention et son affection, seraient peut-être les premiers à être haï des dragonneaux. Et pourtant, quel magnifique cadeau cela aurait pu être ! Et quel doux réconfort pour cette mère et amie qu’elle était !

*J’ai aussi une autre requête à te soumettre, ami-à-deux-pattes. Je n’ai pas eu le plaisir de revoir petit-homme-une-orbite, et pourtant sa présence avait été pour moi l’un des baumes apaisants, à une époque. Transmets-lui mon affection. Je ne peux qu’espérer qu’il trouve l’apaisement, où qu’il soit.*

Loin, si loin semblait être le temps où la dragonne dépérissait d’être trop éloignée d’Achroma. Si vaine semblait à présent la souffrance qu’elle éprouvait alors. Elle aurait dû se réjouir de la vie qui animait encore son dragonnier. Mais à dans ces instants elle n’en avait alors pas conscience. Non, elle n’avait vu que la torture qui lui était ainsi infligée. Et si les deux bipèdes qui veillaient alors sur elle n’avaient jamais remplacé son vampire, ils lui avaient offert des moments de répit qu’elle n’avait pas oublié. Et qu’elle devait récompenser.

*C’est le seul présent que je puisse te faire, petit-elfe-chanteur, mais si tu l’accepte, je te porterais sur mon dos au-dessus des nuages, nous rapprocher des étoiles. Je te laisserais dans le cœur cet ultime présent, pour montrer le monde qui est le mien, là haut.*

Baissant la tête vers lui, elle attendit sa réponse paisiblement, déterminée à achever ces adieux comme il le fallait. Sans doute, pour un autre, ne l’aurait-elle jamais fait. Pas après le deuil dont elle était accablée. Mais pour lui, elle le pouvait, elle le devait même. Il était différent, il le méritait, et elle avait envie de lui offrir de quoi charmer son âme. Payer ainsi une partie de la dette qu’elle envers lui. Sentir une dernière fois ce qu’était le bonheur et l’émerveillement. Devenir un bref instant la source de sa joie. Mais de cela, il n’avait peut-être pas conscience, et elle le garderait en elle, jusqu’à la mort peut-être.
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Dawan Sywel
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 19:42

Quand nos coeurs s'assemblent ~

Il était ridiculement petit face à Silarae. Son faible esprit de petit elfe peinait à accepter pleinement qu'il soit un élu de sa pâle Majesté, et il dut se retourner un bref instant pour vérifier qu'elle ne s'adressait pas à un autre protagoniste qui aurait été dans son dos. Ce n'était le cas. Se retournant, son regard fut happé par celui mordoré de la grande dame qui lui faisait face, l'immobilisant, immobilisant ses émotions.
Il n'aurait pas été surpris de l'annonce, il savait déjà, il l'avait senti. Il ne sentit pas, en revanche, l'impact que les mots eurent sur lui, et la peine sans émule qui l'envahirait à chaque fois qu'il voudrait se souvenir de cet instant. Elle se blottissait dans un coin de son coeur, savamment cachée dans les ombres protectrices que Dawan avaient créées pour l'abriter. Et si elle aurait pu, profitant de la faiblesse de l'elfe, reprendre le dessus lors d'un instant où son attention cherchait un support, Silarae l'en empêcha, évoquant ce qu'elle voulait lui transmettre. Ce point-là parvint à captiver Dawan. Il avait cru devoir venir pour les émotions, pour la musique que la dragonne des neiges aimait tant. Il avait cru qu'elle apprécierait un dernier fragment de son, une mélodie pour l'accompagner. Encore une fois, cela lui faisait bizarre d'avoir la place qu'avaient les héros des ballades, d'être celui, en particulier, vers lequel se tournait l'immense esprit de la dragonne.

Silarae lui offrit son secret. Devant tant d'honneur, l'elfe eut un vertige. En lui il n'avait que peu d'images, bien davantage de sons. Les quelques images qu'il avait étaient surtout des bribes, restées parce qu'elles s'associaient à des événements marquants, à des paroles marquantes. Ces images-là allaient s'attacher à lui et ne plus le quitter. Un secret partagé avec Trissi… Silarae avait-elle seulement idée de ce que pouvait ressentir un bipède partageant le privilège d'un dragon ? En touchant son esprit, elle l'aurait pu, sans doute. Sans cela, elle était bien trop grande pour pouvoir ressentir ce que seuls les petits pouvaient connaître.
Les indications auraient pu paraitre vague à d'autres. Pour Dawan, elles étaient claires comme de l'eau de roche, comme si l'esprit de la dragonne lui avait insufflé une partie de sa logique, de ses priorités. L'elfe en était certain: il saurait. Et ces oeufs seraient protégés, avant de trouver ceux qui les métamorphoseraient en maître des cieux, en piliers de magie.

Le retour à la réalité le déstabilisa à nouveau, il ne put s'empêcher cette fois de tituber. Il opina pourtant aux dires de son amie, omettant de répondre autrement. Elle lui faisait confiance, elle saurait qu'il le ferait, probablement avec plus de zèle et de minutie que ce à quoi elle s'attendait. Bien sûr, les mots seraient retranscrits tels quels (autant que cela se puisse pour des mots draconiques), mais puisqu'elle avait dit "affection" et "apaisement", Dawan ferait de son mieux pour que Sa Majesté trouve cela, lui proposerait sans doute massages, cadeaux, musique… Peu importe ce qu'en diraient les autres. Peu importe que l'on estime qu'il ait à juger ou non Fabius Kohan. La dragonne le lui avait demandé, c'était désormais dans sa nature d'accomplir cette mission.

Elle parla de lui faire un présent, et le coeur de Dawan vacilla à nouveau. Il porta l'articulation de son index devant ses lèvres, songeur. Il avait envie de refuser: ç'aurait été un cadeau pour lui, dans un moment où celle qu'il fallait honorer était Silarae. Mais en même temps… "Ultime". Si elle partait, ils emportaient tous deux le souvenir de la fuite face au dragon de l'Ire comme ultime chevauchée partagée. Et cela… C'était inadmissible. Alors c'était un cadeau qu'ils se partageaient. Dawan opina:

"- Montrez-moi ce monde qui est le vôtre."


------

Il avait senti son âme toucher la sienne. Alors la peine n'était pas permise, se tourner vers soi-même, profitant que ses yeux soient portés vers l'avant, n'était pas imaginable. Ses doigts avaient caressé les écailles de Silarae, avaient apprécié de glisser sur elle. Il avait reproduit un grand nombre de fois ce geste, autant par affection que pour ancrer en sa mémoire ce que nul autre ne saurait décrire. Il avait tendu ses doigts au milieu de l'air glacial du ciel nocturne du désert pour sentir le vent filer entre eux, et emporter sa paume. Il avait serré les cuisses pour rester en place, voyait les blessures que les écailles créaient dans sa chair comme d'ultimes présents, des souvenirs qui resteraient en son corps, et avait répondu aux inquiétudes de SIlarae en la remerciant. Il s'accrochait, faisait jouer ses réflexes de cavalier, mais se doutait que sa survie était principalement due aux infinies précautions de la dragonne. Il avait admiré les dunes, qui s'étendaient à l'infini, leurs motifs surnaturels, l'immensité qui lui était perceptible, désormais. Un peu de tendresse était venue à lui devant les lueurs discrètes de Sandur, comme un animal que l'on aurait vu adulte et dont on découvrait la version juvénile. L'air qui sifflait à ses oreilles était un son fabuleux, une mélodie au rythme de la dragonne, du battement de ses ailes. Il sentait son souffle sous lui. Il se retourna un bref instant, pour voir ce que cela faisait, puis revint à la vision qui le marquerait le plus: le cou et la tête de Silarae, pour qui était seul sur son dos, comme un Lié. Son regard partit ensuite vers les hauteurs, vers l'immense bleu-noir qui les protégeait, et ses milliers de lumières.

S'il était émerveillé ? Oui. Tout était beau, tout était grand et précieux. Il essayait de tout garder en sa mémoire, pour que jamais ce vol avec Silarae ne soit oublié. Lorsqu'il fut sûr de pouvoir tout retranscrire, il se laissa aller à l'admiration, remerciant tous les esprits d'une brève prière mentale. S'il était heureux ? Ce n'était pas vraiment l'adjectif qui convenait. Il craignait le Temps. Il savait qu'il vivait un rêve, un rêve merveilleux. Il savait que c'était exceptionnel, et que comme les rêves tout s'évanouirait trop vite, pour devenir insaisissable. Habituellement, il n'avait pas cette peur. Il avait l'impression de la ressentir pour la première fois. Peut-être n'avait-il que trop peu connu auparavant d'instants qui puisse amener cette crainte.
Il aurait aimé voler avec Silarae pour l'éternité. Peut-être se laisser entraîner avec elle dans cette mort si attrayante. Ne serait-ce point pour eux deux le plus agréable ?
Hélas, l'étrange mal des bipèdes ! Il ne pouvait suivre cette voie si aisée. Il savait que sa place était ailleurs. Que malgré son voeu de pacifisme, il lui restait des éléments pour lesquels il devait mener cette lutte qu'était l'existence. Peut-être était-ce cela de n'avoir pas perdu la moitié de son âme…

"- N'avez-vous jamais tenté de les toucher, les étoiles…?"

Une main sur sa gorge, il était parvenu à amplifier sa voix pour qu'elle ne soit pas tue par le vent, et garde ce ton particulier qui était celui des murmures. Mais avant que la dragonne ait pu répondre, il était déjà allongé contre elle, ses petits bras essayant au mieux de l'étreindre, tout en s'accrochant. Lorsque l'esprit de la dragonne s'approcherait du sien, elle ne pourrait sentir que l'élan d'amour qui avait terrassé le petit elfe, et ne le rendait plus capable d'exprimer que cela. Il aimait cette terre qui se détruisait, il aimait ses habitants de tout son coeur, il aimait cette dragonne qui lui offrait tant, il aimait la couleur des dunes, la nuit, il aimait les étoiles et leurs regards maternels.
Il aimait beaucoup trop pour que cela reste contenu dans un si petit corps. Et manque de chance, c'était désormais Silarae qui en faisait les frais. Il s'excusa… Mais ne parvint à arrêter le flot torrentiel qui se déversait de son coeur.
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MessageSujet: Re: Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Je suis venue te dire que je m'en vais [Trissi/Dawan] Icon_minitimeJeu 4 Fév 2016 - 19:08


Le ciel s’étendait autour d’eux, immense et accueillant, mystérieux et silencieux, les enveloppant avec bienveillance, les transportant hors du temps, hors du présent, leur offrant un refuge, un havre de paix pour soulager leurs blessures et apaiser leurs douleurs. Pour partager quelques instants d’intimité, pour s’offrir une dernière fois un souvenir qui ne périsse pas. Si longtemps, semblait-il. Si longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de voler avec un autre être sur son dos, pour partager ce qu’elle aimait tant, ces moments qui n’appartenaient qu’à eux. Pendant quelques instants, elle avait eu l’impression qu’il était de retour pour partager son rêve. Mais ce n’était pas lui, ce n’était pas Achroma. Si la présence était rassurante, agréable, elle ne coulait pas de source, elle n’était pas une part évidente de la réalité. Il y avait encore un décalage, et il y en aurait toujours, qui que fut celui qui partagerait désormais ses vols. Achroma avait été le seul, le seul qui pouvait combler totalement Silarae de sa présence, le seul qui complétait son esprit, le seul capable d'entièrement la comprendre. Et il n’était plus, ne demeurant plus que dans le doux souvenir de sa présence, l’amusement que sa liée ressentait lorsqu’elle le voyait se crisper au moment de monter vers les étoiles qui les appelaient. Etoiles… Oui, elle avait tenté de les toucher, parfois, souvent. Elle avait voulu les rejoindre, au comble de la joie ou brisée par le chagrin, elle avait cherché une place parmi elles, une place qu’elle n’avait eue et n’aurait jamais. Elle était dragonne et non astre céleste.

*Quand j’ai commencé à voler, j’ai voulu les atteindre, les effleurer, j’ai tenté de les égaler. Elles semblaient si belles, si fortes, si inaccessibles et pourtant j’avais l’étrange sensation de leur ressembler. Que ma place aurait dû être à leurs côtés. A moins que je ne l’ai pris comme un défi ? Je n’avais pas vu que l’une d’elles, sans doute, est venue jusqu’à moi, s’est liée à mon esprit ; et je l’ai perdu trop vite. Mais elles ne sont finalement que les spectatrices de notre monde, de nos vies. Elles étincellent, immortelles, en apaisant ceux qui les observent et projettent leur lumière d’argent sur la terre pour éclairer nos pas. Elles bouleversent nos âmes, exacerbent nos peines de leur tranquille beauté. Elles nous protègent, elles nous offrent la sagesse. Mais demeurent lointaines, ne s’attardant que quelques instants auprès de nous pour retourner bien vite être nos lumineuses guides.*

Elle s’était approchée doucement de son esprit, répondant avec délicatesse à cette étrange question, éloignant le petit elfe de son trop plein d’amour, parlant de poésie et non de sciences, écartant le réel pour se perdre dans l’imaginaire. Oui, elle aussi les aimait. Comme elle l’aimait lui, petit être sensible au cœur trop grand, comme elle aimait la rosée qui se déposait chaque matin sur les feuilles tendres des primevères, comme elle aimait l’éclat sanguin de l’aurore sur les dunes d’or, comme elle aimait le souffle glacé du vent dans les hauteurs. Oui, elle aimait cette terre et la nature sauvage qui l’occupait. Ses habitants un peu moins en revanche. Les bipèdes n’étaient qu’égocentrisme et égoïsme brute. Ils chassaient pour le simple plaisir de faire couler le sang, ils brisaient par rage sans comprendre l’harmonie des choses, ils trahissaient sans remords pour leur satisfaction personnelle. Rares étaient ceux qui pouvaient mériter leur existence. Mais en un sens, elle avait aussi appris à les apprécier, à les connaitre. Si amusants dans leurs différences, si absurdes dans leurs ressemblances. Ils étaient faibles, cupides, stupides, mais ils savaient faire montre d’un rare courage et de surprenants éclats d’intelligence. Ils refusaient l’inéluctables pour s’effondrer au moindre obstacle. Ils se satisfaisaient d’une piètre existence mais réclamait davantage une fois le sommet atteint. Ils étaient fascinants, ils étaient épuisants. Et elle n’avait plus l’énergie nécessaire pour se mouvoir avec eux.

Le vent s’était calmé, Silarae le sentait. Il était toujours là, glissant sur ses écailles, mais il ne giflait plus son corps affaibli. Elle planait à présent, portée par un courant aérien, laissant à son petit dragonnier du moment le temps d’admirer, paisiblement et une dernière fois, la beauté du paysage teinté d’or par le soleil renaissant; le temps de goûter encore un peu à la pureté de l'air qu'ils partageaient. Puis peu à peu, son corps redescendit, porté par quelques puissants coups de ses ailes pâles, dans le silence qui les entourait à nouveau. Doucement, ses pattes se tendirent, son corps se crispa, le sable s’envola en minuscules papillons dorés. Délicatement, le petit elfe glissa jusqu’au sol, minuscule face à la dragonne qu’elle était. Une dernière étreinte, un dernier instant. Baissant la tête vers lui, elle lui souffla affectueusement dans les cheveux, ébouriffant ainsi sa tignasse en bataille avant qu’il ne relève la tête vers elle.

"-Et maintenant, Silarae, sans toi belle dragonne, que deviendrons-nous ? Vers qui nous tournerons-nous ? "*

Lentement, la Blanche redressa la tête, pointant son cou vers le ciel, les dernières lueurs de l’aube étincelant dans son regard mordoré. Une dernière fois, son esprit projeta quelques mots dans l’esprit du jeune elfe, ne s’y attardant que le temps d’une impalpable caresse avant qu’elle ne prenne son envol pour ne plus se retourner, pour ne devenir pour son ami plus qu’un astre d’argent scintillant chaque soir dans la nuit de son cœur.

*Vers les étoiles, Dawan, vers les étoiles.°





Elle était seule. Seule, encore. Seule, toujours. Rugissant, se débattant, mais n’ayant pour unique réponse que le silence, inlassablement. Elle savait que le monde n’avait été que mensonges et illusions. Mais elle y avait cru. Elle avait cru faire partie de cette terre sinistre, y avoir encore sa place. Elle l’avait voulu, elle l’avait espéré, pour elle, pour lui qui ne l’avait plus. Elle avait gardé cette étincelle d’espoir au creux de son cœur, laissé cette étoile allumée préserver sa chaleur. Quelle pitié fut cette espérance si vaine ! Plus de tendresse, plus de douceur. L’oubli et l’égoïsme seuls parcouraient encore ces landes, trainant derrière eux les lambeaux d’un radieux passé, souillant sous leurs pas pesants la beauté pâle d’une bonté pure qui s’y était attardée. Tromperies, duperies et vilenies ! Ceux qui avaient été lumières dans ces ténèbres tomberaient, eux aussi. Ils s’éteindraient dans une ultime litanie agonisante, s’effondreraient en emportant avec eux toutes les espérances d’un futur plus doux. Peut-être que d’autres réussiraient à faire éclore de nouveau la fleur d’un monde en paix. Mais ce ne serait plus le sien, qui s’effondrait déjà. Quelques instants plus tôt, le petit-elfe-aux-cheveux-d’or lui avait demandé de le lui montré. Mais n’avait-il pas compris ? N’avait-il pas vu ce qui n’était pourtant qu’évidence ? Son univers s’était effondré il y avait de cela plusieurs semaines et celui dans lequel elle se mouvait encore n’était qu’une pâle représentation d’un temps heureux, qu’un mirage prêt à éclater, qu’une chimère déjà mourante. Et malgré qu’elle volait vers d’autres contrées, volait vers d’autres rivages, volait vers des côtes inconnues, Silarae savait fort bien qu’elle ne les atteindrait jamais, ne les effleurerait même pas, ne pourrait découvrir ces lieux inconnus qu’elle aurait dû pouvoir fouler, Achroma auprès d’elle, le cœur en paix et l’esprit léger. Son destin l’attendait bien avant, dans les remous obscurs de la mer ténébreuse.


Il y a de ces souvenirs qui restent à jamais, comme si de souvenirs ils n’en avaient que le nom. Un goût, une émotion, une sensation… Parfois ils demeurent simplement en surface, prêts à jaillir au moindre murmure qui leur soufflerait de revenir, bondissant sur l’occasion pour se manifester à nouveau. Mais pour d’autres, ils persistent, incrustés dans l’âme, présents à tout instant que la Vie fait, tourmentant leur possesseur. L’esprit s’abîme, la Folie rentre par cette brèche ouverte, le désespoir, suavement, se fait entendre, sans laisser le moindre répit, le moindre espoir de lui échapper. Et lorsqu'il n’y a plus rien pour venir repousser cette ombre néfaste, tout l’être s’engloutit dans cette image d’antan, dépérissant au fil des saisons et au rythme sourd des minutes qui s’égrènent. Puis, enfin, ultime délivrance et dernière échappatoire à cette errance piteuse, la Mort apparaît à l’horizon, dans toute sa splendeur, dans toute sa beauté, et il n’est d’autre possibilité que de se jeter, empli de reconnaissance, dans ce gouffre noir de l’oubli. Fébrilement, pour chercher l’apaisement et le silence, pour fuir la beauté vénéneuse de ces réminiscences du passé. Odeurs, sons, goûts, touchers et images enchanteurs qui deviennent tortures à l’infini, supplices d’un autre âge. Une main qui se pose, légère et aérienne, une étreinte qui enrobe, douce et tendre. Et l’appel, inexorable, d’une voix affectueuse. Monstres d’un temps révolu qui sous leur suavité bienveillante, ne cherchent qu’à faire souffrir, toujours plus, avec une ardeur sans cesse renouvelée, s’incrustant dans les rêves et s’insérant au centre d’une réalité déjà brouillée. Pourtant ce sont eux qui apparaissent et persistent alors que peu à peu les sens s’effacent, le cœur s’arrête, le sang se fige. Ce sont eux que voient une ultime fois les yeux devenus aveugles, eux qui font couler encore un peu des larmes déjà envolées. Eux qui, ombres fuyantes, s’engloutissent à jamais tandis que chute le corps.



°Avec accord du joueur
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