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Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Mêler ciel et étoiles Mar 26 Jan 2016 - 17:26 | |
| 25 Janvier, an 7 de l'ère d'Obsidienne Le froid avait étendu sur les forêts de ces montagnes un manteau blanc glacé. Les stalactites décoraient de leurs lumières pâles les diverses parties du Domaine. À cette heure encore matinale, les voix et instruments étaient encore discrets. Quelques Enwrs, ici et là, discutaient d'une voix qui cherchait à se réchauffer dans leurs écharpes et foulards divers, non-loin des feux disposés ici et là, le regard tourné vers la vallée, les autres monts. L'air était imprégné d'eau, dont les clapotis formaient un chant lointain, un arrière-plan discret. Le monde venait tout juste d'effectuer la transition de l'ombre à la lumière, le sommeil laissait place à un éveil lent et doux. Les êtres vivants étaient à leurs occupations les plus naturelles, pour la majeure partie d'entre eux. Dawan avait peu dormi et, ce jour-là, cela lui seyait très bien. Juste ce qui lui était nécessaire. À l'heure où la nuit décorait encore le ciel de moult petites lumières, il s'était naturellement extrait de ses draps, pour se diriger vers un étage plus haut, dans une sorte de petit kiosque juché en haut d'une tour, qui lui avait permis de voir l'étendue infinie au-dessus de leurs têtes se transformer peu à peu, ses nuances de bleu changer. Le vent se glissait désormais entre chacun de ses cheveux, sur ses joues, dans son cou, sous ses habits, gelant jusqu'au coeur de ses os, pour une sensation qu'il appréciait d'autant plus depuis qu'il avait connu le désert. Ses mains étaient posées sur ses hanches, sur le tissu pâle de sa tunique, dans une attitude qui laissait songer à une légère étreinte. Ses grands yeux gris, songeurs, se portaient vers l'horizon sans vraiment le regarder. Une ceinture étroitement serrée ceignait son torse, sous ses habits, maintenant une gemme. Il écoutait le chant du monde comme on écoute une belle histoire pour se distraire. Le temps était le flot tranquille, une rivière en plaine qui serpentait vers la mer. Les cycles tournaient, paisibles puis agités, chauds puis froids, vie puis mort, puis renaissance… Sous la terre gelée germaient les graines du printemps. Le futur connu ponctuait ces cycles d'événements éparses, fêtes, peut-être voyages, des correspondances en attente de réponse… Mais, normalement, rien pour aujourd'hui. Dawan avait préparé son coeur à une journée paisible, une note entre l'aigu et le grave, tenue, qui ne ferait pas de vagues et s'éteindrait tout naturellement. Une journée aussi claire que la neige, aux aléas à l'incidence moindre teintée de douces joies et légers tracas. Une journée à l'image de celles que créaient les temps qui succédaient au Blanc: paisibles. Cette idée le laissait serein, apaisé. Il ne s'était pas encore lassé, lui qui avait souffert les guerres. L'ordre du monde était revenu, et sa petite vie d'elfe lui paraissait être un fil qui se déroulait comme il aurait toujours dû le faire, avec ce rythme lent et ce grand calme qui le caractérisait. Ce fut tout naturellement, d'un pas que rien ne rendait hâtif, qu'il se dirigea aux étages inférieurs, dans un autre bâtiment, plus proche des montagnes. Il traversa, avec le même air rêveur, plusieurs pièces finement décorées, qui de plus en plus s'enrichissaient de sculptures, peintures. Parcourant une longue pièce qui servait de salle à manger, il se saisit, vaguement, d'un petit fruit rond qu'il goba, plus parce que le sucre était nécessaire à sa survie que par réelle gourmandise, réel appétit. La chair était très acide, l'écorce sucrée. Mais ce n'étaient pas les fruits qui intéressaient Dawan. C'était l'irréel du passé, un espoir quand tout tombait, un geste désespéré, une ultime étincelle de vie, un don désintéressé à ce monde. C'était Silarae quand cette dernière n'était plus. C'était ce dont ils étaient désormais les Gardiens, eux, les Mortels. C'était ce dont Dawan s'était rendu responsable, ses protégés. La pièce avait été forgée pour eux. À même la montagne, elle était circulaire, dotée d'une ouverture vers l'extérieur. Le sol était gravé, et incrusté de multiples braseros. De multiples piliers étaient sculptés dans les murs, décorés de végétation ancienne, diverse et variée, se courbant comme des lettrines. Sur la partie basse des murs, des bas-reliefs montraient les multiples créatures de ce monde. Le haut de la pièce, en revanche, n'était fait que de dragons de pierre, ondulant, messagers d'espoir, vers le haut du plafond en coupole, où un grand soleil signifiait le centre. Aux divers points cardinaux et entre eux, les derniers dragons, ceux qui étaient revenus et qui s'étaient battus pour qu'Ils puissent un jour naître dans un monde qui leur permettrait de s'épanouir. Au centre de cet endroit, un nid fait de tissus épais contenait les oeufs de Silarae. Bercés de la lumière matinale, de petits braseros, ils étaient aussi paisibles qu'à leur habitude. La pièce était chaude. Plus que l'hiver, plus que les autres pièces du Domaine. Dawan avait déjà passé des matinées complètes, soirées ou nuits, assis ici, écrivant ou composant, dévorant du regard les subtilités des bas-reliefs profitant de la lumière, du silence et de la solitude, des vibrations toutes spéciales qui émanaient des oeufs. Finalement, l'habitude lui était venue de venir une fois par cycle de Soleil et de Lune, veiller un peu. Il s'assit en tailleur auprès du nid, silencieux, sans vraiment regarder les oeufs, encore à ses rêves. Un long moment se déroula sans mouvement, le son du vent lointain servant de métronome à la respiration du petit bipède. L'écho de la pierre était comme un indice de la taille de l'endroit, les braseros émettaient un crépitement discret. Ce long moment s'acheva lorsque, toujours aussi lentement, le petit elfe tourna ses grand yeux gris vers les oeufs. Il les connaissait bien, les avait longuement admirés. Les petites taches sur les oeufs noirs et roses lui étaient familières. Leurs formes et tailles, il aurait su les reproduire sans souci en sculpture. Leur présence toute particulière… Il ne pouvait pas dire qu'elle le laissait indifférent. Il n'était qu'humain, mortel, devant la création d'êtres autrement supérieurs. Son espèce avait beau être belle, les elfes produisaient de moins beaux "oeufs" que les dragons. Sans les toucher, il en approcha sa main. Une chaleur diffuse entourait ces présents que jadis les rêves avaient à peine osé espérer. Comme une promesse, un aperçu de ce qui allait advenir. Le petit elfe, fasciné à l'idée de la création de la vie, perdait facilement ses pensées pour s'offrir le vertige d'imaginer les êtres qui se créaient dans ses carcans d'une matière indéfinissable. Des êtres porteurs de magie… Leur formation était un mystère, et il aurait aimé s'en approcher. Les oeufs paraissaient lisses, mais leur surface, sur l'instant, importait moins que ce qu'elle abritait. Imaginer leur coeur, leurs écailles, leurs petites formes recroquevillés, offrait un étrange apaisement au petit maître. Pour ces petits êtres dont il ne savait pas même s'ils étaient déjà conscients, il avait toujours pris le soin de ne jamais toucher leur oeuf, craignait que ce leur soit inconfortable. Pourtant, il avait laissé des prétendants au Lien s'approcher, les caresser, leur parler, les porter parfois… Mais c'était là une autre affaire, où il n'avait pas à intervenir. Dawan ferma les yeux. Il prit une longue inspiration. La dernière de son ancienne vie. Il ne le savait pas, il ne lui dirait pas au revoir, n'aurait pas le temps d'en saisir un instant pour ne pas en oublier la consistance. À son expiration, sa main effleura la belle coquille, si lisse. Coincidence fortuite, l'oeuf parut émettre une vibration inhabituelle, qui coupa littéralement le souffle de Dawan. Oh, non. À tous les coups… Par le Dracos ! La panique le gagna à folle allure. Il ne perdit aucun instant. Son instinct le guida, alors qu'il se jetait hors de la pièce sans même avoir la courtoisie de fermer la porte, se précipitait dans les escaliers les plus proches. Couloirs, portes… Le chemin le plus court était une évidence. Très vite, il parvint devant la porte qui l'intéressait. Là, il se montra plus fin, ouvrant avec plus de délicatesse. Pas question de tuer son ami d'un arrêt de coeur. "- Elrond !"Sa voix était blanche, son teint de même. Comme Elrond paraissait ne pas y être réceptif, cela fit paniquer plus encore le petit maître, donc le coeur était encore celui d'un jeune elfe fort peu préparé face à certaines situations. Il voulut s'asseoir aux côtés d'Elrond, manqua sa manipulation, s'écrasa à moitié sur le dragonnier encore allongé, avant de se redresser à toute hâte, se saisissant des bras de son ami. "- Je sais pas ce que j'ai fait, Elrond, j'ai l'impression d'avoir abîmé l'un des oeufs ! J'ai besoin de toi, tu as sans doute plus d'expérience avec les dragons que moi - oh, Elrond, aide-moi ! Viens voir, je t'en prie, viens voir les petits, j'ai peur d'avoir brisé quelque chose…"S'ensuivirent plein de petits "je t'en prie, Elrond" murmurés à toute allure alors que, la peine et le désespoir dans le coeur, Dawan cachait son visage contre le torse de son ultime espoir, ne se résolvant à se lever que lorsque ce dernier fit comprendre que sans cela, il aurait du mal à se déplacer. Le jeune chanteciel fit de son mieux pour essayer de convaincre Elrond qu'ils n'avaient pas le temps ni l'intérêt à voir ce dernier se vêtir autrement, et l'entraîna à sa suite vers la pièce à l'origine de ses tourments. Là, enfin, le souffle saccadé, il daigna ralentir, avant de s'agenouiller devant les oeufs, et cet oeuf pâle, dont les vibrations le rendaient désormais bien distinct de ses voisins. Ce ne pouvait être une éclosion… Pas pour lui. Il l'aurait su plus tôt, non ? On aurait dit, pourtant… Assistaient-ils à une éclosion de dragon libre ? Elrond saurait le lui dire. Pourvu qu'en effet ce soit cela ! Pourvu qu'il n'ait pas brisé le petit d'une brusquerie de trop ! Les mains un peu tremblantes, ses yeux gris devenus distants et sa vision floue, Dawan désigna l'oeuf de nacre. "C'est lui. Ses vibrations ont changé quand je l'ai effleuré. Peux-tu vérifier que tout va bien, s'il-te-plait…?" |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Mar 26 Jan 2016 - 18:43 | |
| C’aurait pu très bien être un autre jour comme tous ceux qui avait précédé depuis que l’œuf couleur crème avait été déposé dans cette pièce, mais ce n’était pas le cas. Prisonnier de sa prison protectrice, le Dragon en devenir n’avait d’autre notion du temps que celle de son impatience grandissante. S’il n’avait pas du l’attendre, il serait déjà sorti de cette coquille depuis longtemps. Mais non, cet être dont il sentait la présence par moment ne semblait pas se décider. Chaque jour, il venait et veillait sur les trésors que la Dragonne Silarae lui avait confiés. Kaalys aurait voulu l’appeler, lui dire qu’il n’était pas seulement destiné à les protéger des autres. Ce n’était pas là son rôle et ce fut la première épreuve qui lui apprit la patience.
Il était encore tôt ce jour-là, le soleil pointait à peine à l’horizon lorsque le petit Dragon perçut sa présence à travers son œuf. L’être qu’il attendait entra dans la pièce protégée par la magie des Baptistrels, taillée à même la montagne. Tous les deux en connaissaient déjà chaque coin et recoin d’y avoir passé tant de temps à s’attendre sans que l’un d’eux n’en ait conscience. De son œuf, Kaalys se laissa aller à la beauté des lieux, laissant les vibrations émanant de l’endroit lui montrer les sculptures de Dragons majestueux, les imposants piliers ornés de végétation soutenant le dôme. Quelque part, le dragonnet sentait qu’il ne s’en lasserait pas et c’était sans aucun doute ce qui lui permettait de patienter encore un peu plus. Cela et la présence régulière, rassurante de celui qui veillait sur eux. Pas qu’ils n’aient besoin de davantage de protection mais parce qu’il y avait ses vibrations en sa présence.
La chaleur était douce dans la pièce malgré la dureté de l’hiver qui soufflait en dehors de ces murs. Kaalys s’apprêtait à se laisser bercer par la quiétude du sanctuaire, blotti dans l’espace exigu que lui offrait sa prison de nacre, ses ailes dépliées autour de lui comme une ultime protection contre ceux qui lui voudraient du mal, quand il perçut un léger changement. Les vibrations familières étaient plus proches qu’elles ne l’avaient jamais été. Se pouvait-il que…? Ce moment qu’il espérait depuis ce qui lui paraissait être à la fois une éternité et une fraction de seconde était-il sur le point d’arriver ? Ses pensées se bousculaient dans son esprit draconique. Il ignorait tant de ce qu’il adviendrait après. Que serait-il sans son œuf pour le garder à l’abri ? Et qui était celui qu’il attendait ? Tant de questions auxquelles une seule chose pouvait permettre de répondre.
Soudain, sans que rien ne le laisse deviner, toutes ses inquiétudes s’envolèrent, disparurent dans une vague d’apaisement. C’était comme si rien ne pouvait plus lui arriver, comme s’il commençait une nouvelle vie, encore vierge de toutes pensées inquiètes. Il avait suffi d’un bref contact, un simple effleurement de la part de celui qui serait toute sa vie. Mais pour dire adieu à ce qu’il avait toujours fini, il restait une épreuve à Kaalys. Briser cette prison qui le retenait depuis quelques temps seulement et pourtant déjà bien trop longtemps. Le petit dragon aux yeux d’or commença à s’agiter dans son œuf, impatient de commencer sa nouvelle vie. D’instinct, il sut ce qu’il avait à faire. Mais alors qu’il allait frapper la coquille de toutes ses forces, la vibration si familière, celle qui faisait écho au plus profond de lui, s’éloigna à toute vitesse avant de disparaitre. Perdu, le futur Lié s’arrêta. S’était-il trompé ? N’était-ce pas le bon moment ? Devait-il attendre encore avant de naitre au monde extérieur ? Paniqué, le premier coup qu’il porta à la coquille fut vain, bien trop faible pour venir à bout de l’épaisseur de celle-ci.
Et puis, elles furent de nouveau là, ces vibrations. Il pouvait les sentir à travers la paroi de son œuf et cela lui redonna la confiance et la force nécessaire pour s’extraire de son œuf. Jetant toutes ses forces dans la bataille, il ne lui fallut pas longtemps pour percer la coquille et laisser entrer dans sa prison la lumière de la pièce. Il fallut encore à Kaalys un dernier effort avant de tomber sur les tissus qui formaient son nid. Un peu désorienté et fatigué de tant d’efforts, il tituba lorsqu’il essaya de se relever. Alors, plutôt que d’insister en vain, il préféra relever sa tête et poser ses yeux dorés sur Lui. Leurs regards se rencontrèrent et une vague d’amour envahit le dragonnet. Ses yeux clignaient, agressés par la clarté des lieux, mais quand ils se furent habitués à la lumière, Kaalys découvrit le visage de celui qu’il attendait depuis toujours. Alors c’était à ça qu’il ressemblait ? Si Kaalys avait été un bipède, un sourire se serait peint sur son visage. Mais comme ce n’était pas le cas, il se contenta de plonger son regard dans celui à qui sa vie était désormais liée.
Le protecteur des œufs n'était pas seul mais il était le seul à compter aux yeux du dragon nouveau-né. Celui-ci avança sa tête vers son Lié. Il voulait le toucher, s'assurer qu'il était bien là. C'était étrange, il sentait qu'il était là, juste devant lui. Cependant, c'était comme s'il était à l'intérieur de lui aussi. Alors il voulait s'assurer que ce n'était pas une illusion, un rêve. Quelques centimètres, et il en serait assuré. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Mer 27 Jan 2016 - 16:35 | |
| Elrond n'avait eu à s'approcher. Le craquement avait retenti, amplifié par les parois de roche de la pièce. Alors tous les regards, toutes les oreilles étaient tournés vers les mouvements de l'oeuf, vers le trou qui venait d'y être fait, de l'intérieur. Dawan retenait son souffle, craignant que ce dernier ne porte atteinte au petit être, bousculant la prison dont il s'extrayait tant bien que mal. Il aurait aimé jeter un coup d'oeil à son ami elfe, voir ce que lui pensait. Il ne le pouvait. Il ne pouvait se détacher de ce bout de museau qui dépassait, en bien des points semblable à celui de sa défunte mère.
Les mains du tout jeune Cawr vinrent se poser sur ses propres lèvres, l'empêchant d'émettre un couinement de surprise et d'admiration. Alors que le petit être encore malhabile titubait, alors que les vibrations autour de lui se créaient et s'assemblaient pour former les premières notes de son chant-nom, celui de Dawan se voyait également tout chamboulé de nouvelles notes. Il le perçut avant même de sentir en son âme ce qui se créait. Comment avait-il pu vivre, et avoir l'impression de vivre, avant cela ? Comment avait-il pu ne pas frénétiquement le chercher ? Désormais, ce petit être était une évidence pour lui, une nécessité. Son existence et la sienne étaient indistinctes, et son âme avait retrouvé une partie qui lui avait toujours manqué. Dawan naissait, lui aussi. Malhabile, et tout de découverte, son esprit se perdit un instant au coeur de celui du petit être, s'y fondant sans savoir à nouveau distinguer ce qui était lui, ce qui ne l'était pas. Il sentait une grande vague d'amour, à laquelle il répondait par la réciproque. Il aimait ce petit, dans son intégralité. Mais l'admiration qu'il ressentait, de qui était-elle ? L'un d'eux était gêné par la lumière, mis mal à l'aise par ce corps qu'il maîtrisait mal, et par la fatigue. L'un d'eux était plus apaisé, satisfait dans un besoin de longue date. L'autre était tout fou de sentiments positifs qui avaient remplacé sa panique, et inquiet car ne sachant que faire en une telle situation. Celui-là, c'était lui. Dawan s'y accrocha, revint peu à peu à lui.
Était-ce donc cela qu'ils ressentaient, les Liés ? Par les proximités qu'il avait eues avec les dragons, Dawan savait peu ou prou ne pas s'étonner de la nature du toucher de leur esprit. Mais l'avoir avec soit, comme un écho perpétuel, comme on se possédait soit-même, avoir cette partie de soi encore sauvage, et si grande… C'était une toute autre découverte. Son regard gris perle croisa celui doré de l'immense créature sous son apparence juvénile. Il eut alors l'impression étrange d'être devant un miroir qui lui aurait reflété ce que nulle autre surface n'avait montré jusqu'alors. Il admira tout ce corps, sa tête et ses cornes, son cou, la courbe de son dos, la membrane fine de ses ailes, sa queue… Il était beau. Et dans son coeur, il était le plus beau des dragons. Il le vit avancer sa tête. Il sentit qu'il voulait le toucher, reçut l'écho de ses doutes et son envie de vérifier. Il eut envie, lui aussi, de s'assurer de la réalité de cette créature, de la cohérence de tous ses sens. Ses doigts vinrent effleurer le bout du nez, lisse, de ce dragon, avant de remonter lentement jusqu'au milieu de sa tête, sur laquelle il posa sa main bien à plat. Une caresse simple. Un échange de chaleur. Il sentait celle de la respiration du nouveau-né contre son poignet. Elle le rassurait...
Son souffle s'apaisa un peu. Son esprit, de même, revint vers une sorte de calme. Il n'avait pas envie que le petit perçoive ses craintes, celles de mal réagir à "l'honneur" qu'il lui faisait. Cette pensée lui venant, il réalisa qu'il n'y avait pas de questions d'honneur. Pas entre eux. Entre un autre dragon et lui, peut-être. Pour eux, c'était l'ordre des choses, il n'aurait pu en être autrement. Fermant les yeux, l'elfe prit le temps de bien agir et, lorsqu'il sentit qu'il ne risquait plus d'inquiéter son Lié, cet être de nacre qui vivait ses premiers instants devant lui, il osa à nouveau approcher son esprit du sien, et lui transmettre à sa manière des salutations, par l'élan de bonheur que lui procurait sa présence et qu'il redirigeait vers lui. La présence d'Elrond lui revint à l'esprit lorsque ce dernier émit, malgré lui, un bruit. Presque rien, un léger bruit sur la pierre. L'ancien Enwr avait sans doute juste voulu changer de position. Brièvement, Dawan songea qu'ils allaient avoir besoin d'un bref instant de solitude. Il fallait aussi prévenir les autres, comme il l'avait fait pour Alkhytis. Il fallait chanter… Mais sa gorge refusait. Une sorte de noeud créé par l'émotion rendait fort peu naturelle l'idée d'émettre ce chant à cet instant. Bien…
"- Elrond…" Il avait dû se faire violence pour parler, de cette voix trop aiguë qui était la sienne. Elle devait tout juste porter jusqu'à Elrond, grâce aux échos. "Elrond, j'aimerais bien… S'il-te-plait… Que tu ailles trouver un Cawr, pour le prévenir. Je ne me sens pas capable de chanter pour l'instant. J'aimerais que tu dises…" Les mots venaient avec difficulté. Comme si la présence de Kaalys rendait également plus malhabile ce langage étrange, moins naturel. Cela allait sans doute revenir, lorsque Dawan saurait mieux comprendre de quoi ils étaient faits, quelles étaient leurs limites… "…Que tu dises que le fils de Silarae est né. Il se nomme Kaalys. Il est lié à Dawan. Peux-tu t'en charger, s'il-te-plait..?" Le nom était une évidence. Dawan et Kaalys. Quel autre assemblage aurait été possible ? Lorsqu'Elrond se fut écarté, Dawan fut à nouveau seul avec ce tout petit. Il songea alors que, puisque tout n'était qu'évidence, puisque jamais ses émotions ne l'avaient guidé sur un chemin qu'il regrettait, il n'avait pas à changer cela. Il avait envie de partager sa chaleur avec celle de Kaalys. Ses mains s'approchèrent de lui, de son ventre, dans une demande muette, avant de se saisir de lui pour le poser sur ses genoux, maintenant qu'il était assis en tailleur, contre son ventre. Ses bras l'entourèrent pour former une sorte de nid plus adapté. Du bout des doigts, il caressait sa tête, lentement, dans un geste plein de tendresse. Et les émotions qu'il lui transmettaient étaient simples, et pures: il lui demandait si tout allait bien, si lui, l'elfe, n'avait pas fait d'erreur, dans un petit élan d'inquiétude paternelle. Il lui transmettait son envie de le protéger, que rien ne lui arrive. Il lui transmettait son amour, et les certitudes qu'il avait: il était le plus beau de tous le dragons. Sitôt qu'il se sentirait prêt, ils pourraient commencer à redécouvrir le monde.
Dernière édition par Dawan Sywel le Jeu 12 Mai 2016 - 17:37, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Jeu 28 Jan 2016 - 9:19 | |
| Ce que le petit Dragon vivait en cet instant n’avait rien de comparable avec tout ce qu’il avait pu vivre avant cela. Tout était différent. La pièce où il avait passé tant de temps à attendre lui sembler bien plus grande que ce qu’il croyait et son ancien gardien était lui bien différent que ce qu’il s’était imaginé alors que l’Elfe veillait sur eux un peu chaque jour. Mais il n’y avait pas que ce qui l’entourait qui avait changé. Si tout était différent, c’est qu’il avait changé lui aussi. Il n’était plus seul. Il ne l’avait jamais vraiment été, mais à présent il ne le serait plus jamais. Parce que celui qui se tenait devant lui était aussi en lui. Le dragonnet pouvait sentir la présence de son esprit juste à côté du sien, les deux se complétant à merveille. Les deux êtres avaient été destinés l’un à l’autre depuis toujours et chacun des choix qu’ils avaient fait ou que d’autres avaient fait pour eux n’avait fait que les mener à cet instant où Dawan Sywel avait touché la coquille lisse couleur crème de Kaalys. Dawan et Kaalys. Liés par la magie pour toujours.
Le tout jeune dragonnier ressentit comme un écho le besoin de vérifier la réalité de cet instant du nouveau-né alors que ce dernier avançait sa tête pour toucher cette main qui l’avait libéré de sa prison par son simple toucher. Les doigts effleurèrent le bout de son nez et Kaalys vint s’y appuyer, glissant sa tête dans le creux de la main du Baptistrel. Il pouvait sentir la chaleur rassurante de son Lié et il ferma un instant les yeux pour profiter de tout cet amour qu’ils partageaient. Mais le petit être écailleux rouvrit les yeux en ressentant très brièvement les craintes de son Lié. Il aurait voulu le rassurer mais il ne savait pas comment faire et il se contenta de poser un regard plein de questions sur l’Elfe. Son esprit s’était éloigné quelques secondes et le dragonnet aux yeux dorés s’était senti comme perdu jusqu’à ce qu’il sente à nouveau les pensées de Dawan se mêler aux siennes. Dans ce Lien, Kaalys ne fit qu’entrapercevoir l’étendu de ce qui leur restait à découvrir mais déjà il comprit que leur chemin serait long. Qu’importe maintenant qu’ils s’étaient trouvés.
L’Elfe au regard gris s’adressa à l’étranger qui avait assisté à la naissance d’un nouveau Dragon en Armanda et le petit être le regarda avec curiosité. Il ressentit comme un écho lorsqu’il tenta d’approcher son esprit. Mais il n’eut pas l’occasion de laisser sa curiosité aller plus avant puisque celui dont il ne connaissait pas le nom s’éloigna pour porter le message confié par Dawan. Il tourna la tête juste à temps pour voir les mains de son Lié approcher et pour toute réponse, il ne fit que le regarder. Il n’y avait pas besoin d’autre chose entre eux pour qu’ils se comprennent et Kaalys n’eut que trop conscience de la pureté de ce Lien qui unissait leurs âmes. Calme, apaisé, il se blottit contre le ventre chaud de celui qui avait veillé sur lui et ses sœurs depuis que leur mère les lui avait confiés.
Ce que lui transmit ensuite le petit Baptistrel, son envie de le protéger, de s’assurer qu’il allait bien, le petit écailleux n’en avait pas besoin. A ses yeux, l’Elfe ne pourrait jamais faire d’erreurs, et quand bien même, ce ne serait que pour mieux apprendre à ne plus les faire. Avec douceur, il lui rendit cette vague d’amour et il plongea son regard d’or dans l’acier de son Lié. Il était prêt à le découvrir ce monde qui lui avait été inaccessible de son œuf. Mais ce qu’il voulait surtout, c’était apprendre à connaître cet être si particulier qui ferait partie de sa vie. Mais il avait le temps. Chaque chose viendrait le moment venu. Pour l’instant, il avait seulement… faim. L’envie de mordiller la main qui le caressait lui vint et ce fut avec affection qu’il planta ses petits dents dans son Lié avant de le regretter aussitôt. Il avait ressenti la douleur de Dawan et il baissa la tête comme l’aurait fait un enfant qui vient de faire une bêtise. Pour se faire pardonner, il lécha les toutes petites plaies qu’il avait causées. Mais L’Elfe n’eut pas l’air de lui en vouloir. Alors, le dragonnet descendit des genoux de son Lié et l’attrapa par la manche pour le forcer à se relever. Il ne savait pas où aller mais il était bien décidé à satisfaire son estomac à cet instant. Après, quand il n’aurait plus faim, il espérait bien partir à l’aventure et découvrir ce qui se trouvait derrière la grande porte ornée de dragons. Après tout, s’ils avaient du temps devant eux pour apprendre de ce monde, rien ne les empêchait de commencer dès aujourd’hui.
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Jeu 28 Jan 2016 - 12:20 | |
| "- Ahÿ !"
Un petit couinement de douleur, qu'il aurait pu prévoir. Il sentit la langue humide du petit là où il avait eu mal, tandis qu'il pouffait de rire. L'image vint à l'esprit de Kaalys, encore floue: la naissance d'Alkhytis avait amenée une scène semblable, et Dawan portait sur son autre main les marques de la naissance et de la curiosité du fils de Trissi. Il n'y avait pas, dans l'esprit de l'elfe, la moindre trace de reproches à l'intention du dragonnet de nacre. Il voulut même le rassurer, voyant sa mine contrite. Mais Kaalys dut comprendre assez vite, sans qu'il ait besoin d'insister, et Dawan le suivit. Il avait senti sa faim. Très bien, ils iraient fouiller dans le garde-manger du Domaine. Il était un peu loin, ce qu'il exprima mentalement au petit, pour justifier ensuite de le reprendre dans ses bras, contre son ventre, et lui éviter d'avoir à marcher. Avec ses petites pattes, il aurait eu tôt fait de se fatiguer.
Dawan porta donc le petit, caressant son visage et ses grandes ailes, chantonnant à voix basse un chant doux, sans paroles, tandis que mentalement il commençait la grande leçon. Ses pas se dirigeaient sur le sol de pierre d'un long couloir bordé de colonnes qui permettaient de distinguer les montagnes alentours, et ils étaient encore seuls, lorsqu'il expliqua où ils se trouvaient, après avoir présenté brièvement une vision de la carte du continent. Le domaine des Baptistrels, son Ordre. C'était un lieu grand, et complexe, mais Kaalys s'habituerait. Et s'il se perdait, il n'avait qu'à l'appeler, et Dawan le guiderait ou viendrait le chercher. Personne ici ne lui ferait de mal. Brièvement, il présenta les bases de la philosophie et du serment des Siens: les mensonges, le pacifisme, l'harmonie, les vibrations du monde… Ils auraient tout le temps d'en étudier les détails plus tard, si Kaalys le voulait. Dawan expliqua qu'il était un des douze Cawrs, et ce que cela apportait de spécifique. Il expliqua pourquoi les enfants de Silarae avaient été amenés ici, la neutralité que représentait ce lieu et la paix qui l'entourait.
Le couloir avait laissé place à des salles, puis des couloirs, puis de brefs passages à l'extérieur. Ils avaient croisé un Enwr, plus jeune encore que Dawan, qui s'était émerveillé du dragon. Dawan avait fait les présentations, avait expliqué ce qu'ils allaient faire. Ils s'étaient séparés ensuite, l'Enwr partant annoncer la nouvelle à l'ami qu'il rejoignait. Dawan avait repris son chant, avait fait en sorte que Kaalys ne subisse pas trop le froid de l'hiver, ignorant s'il apprécierait cela. Il lui désigna la neige, lui fit part de son amour de cette dernière, du présentq u'elle était. Il expliqua que, récemment, ils en avaient été privés, mais que ce serait une autre histoire, pour un autre jour.
Bientôt ils parvinrent devant les portes d'un garde-manger. Dawan déposa le nouveau-né sur une table qui siégeait au centre de l'étroite pièce sans fenêtre. D'un sort, il créa une sphère de lumière, qui vint flotter nonchalamment près de lui. Comme il se tournait vers l'amoncellement de nourriture qui s'entassait dans les étagères de pierre, il fit remarquer à Kaalys que la plupart des habitants du Domaine étaient végétariens, et ceux qui mangeaient de la viande ne pouvaient la tuer eux-même. Elle était très rare, ici, il lui faudrait tôt apprendre à chasser seul, même en ces temps où la nourriture se cachait. C'était expliqué sans regrets, avec une neutralité qui contrastait avec leurs précédents échanges, teintés de la passion du jeune Cawr pour ce qu'il évoquait -l'Ordre, la neige- et de l'amour qu'il avait pour le petit bout de nacre qu'il sentait contre son âme. Fouillant, écartant des bocaux avec grande précaution connaissant sa propre maladresse, produisant les bruits cristallins qui étaient ceux du verre, il parvint à en trouver quelques-uns qui l'intéressaient. Il les mit sur la table, les ouvrit, inclina le bocal qui contenait la viande afin que Kaalys puisse s'en saisir, déposa des baies de l'autre bocal devant lui. Elles étaient plus abondantes que la viande. Dawan vint appuyer ses coudes à la table, pour observer avec une mine béate son petit protégé. Pouvoir subvenir à ses besoins le rendait tout heureux, tout léger. Ils étaient seuls, dans un calme qui était profitable à ces instants. Malgré toute l'amitié pour les êtres chers à son coeur, Dawan n'aurait su partager ses premiers moments. Ils avaient besoin d'être seuls pour s'habituer l'un à l'autre, quand bien même le petit elfe avait hâte de pouvoir présenter à Kaalys ceux qu'il aimait. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Ven 29 Jan 2016 - 11:00 | |
| Un peu loin le garde-manger ? Kaalys ne regrettait pas d’avoir accepté de monter dans les bras de l’Elfe. Ainsi, il put observer tout autour de lui plus facilement. Et il y avait déjà tant de choses à voir et à découvrir. Bercé par le chant doux et heureux de son Lié, le petit dragon posa un regard émerveillé sur les montagnes qui se dressaient là, tout près. Elève attentif et impatient d’apprendre de ce monde encore inconnu, il écouta les explications de Dawan sans quitter les montagnes des yeux. Son petit cœur battait dans sa poitrine alors qu’il savait qu’un jour, ses ailes le porterait au-dessus de ses sommets s’il le voulait.
Le dragonnet aux écailles couleur crème reporta son attention sur l’être sylvain lorsque celui-ci évoqua les Baptistrels. Il sentit que ce mot ne sonnait pas comme tous les autres dans son cœur et il comprit que ces Baptistrels et leur serment était important aux yeux gris de l’Elfe. Si le nouveau-né n’avait pas encore conscience de l’importance de l’engagement de sa moitié, il porta sur lui un regard nouveau. Son dragonnier était quelqu’un de bien. Il l’avait senti dès que son regard d’or s’était posé sur lui mais, à présent, il en était certain. Et ce fut avec le plus grand sérieux, et ce malgré la faim qui faisait gronder son ventre, qu’il l’écouta commencer à lui expliquer la vie d’ici, son rôle. Certains mots avaient une résonance particulière dans son âme, trahissant l’importance qu’ils avaient pour son Lié. Il comprenait peu à peu pourquoi Silarae, sa mère, avait confié ses enfants à cet être aux oreilles pointues. Il écoutait son cœur et faisait ce qui lui semblait le plus juste.
Pendant que le petit Baptistrel parlait, son protégé continuait d’observer ce qui l’entourait. Ils étaient passés dans des salles aux murs sculptés et des couloirs de pierre. Leur route n’avait croisé qu’une seule autre personne et Kaalys n’avait pas manqué la fierté dans la voix de Dawan tandis qu’il faisait les présentations. A nouveau seuls, il reprit son chant et le dragonnet sentit à peine la morsure du froid, blotti dans les bras de l’Elfe. Celui-ci lui montra la neige et le petit écailleux aima tout de suite cette poudre blanche qui recouvrait le paysage d’un doux manteau immaculé. Le soleil était assez haut désormais pour que ses rayons fassent scintiller les millions de flocons qui s’étaient posés sur les sommets.
Enfin, ils arrivèrent au garde-manger et, à peine passer la porte, l’estomac du petit être magique lui rappela sa faim. Mais, patient, il attendit sans bouger que Dawan trouve ce qu’il lui fallait. Le dragonnier déplaçait les pots avec précaution tandis que la sphère de lumière qu’il avait fait apparaitre flottait toujours près de lui sous le regard émerveillé du dragon. Ne tenant plus en place, il finit par s’approcher du bord de la table et essaya de tendre suffisamment la tête pour pouvoir toucher la boule lumineuse. Trop téméraire, il manqua de tomber et ne dut son salut qu’à un réflexe et ses griffes d’ivoire. Un peu déçu, il retourna au centre de la table en attendant de pouvoir manger.
Chasser ? Ce mot éveilla un écho en lui, un instinct ancestral. Il sut immédiatement de quoi parlait son Lié et acquiesça bien qu’il lui tournait toujours le dos. Finalement, il posa des bocaux devant lui et en vidant le contenu à même le bois. Curieux, le dragonnet s’approcha de la nourriture sous le regard protecteur et ébahi de l’Elfe. S’intéressant tout d’abord aux petites boules rondes, il les renifla et, l’odeur ne lui inspirant aucun danger, il s’aventura à en avaler une. Il sursauta lorsque la baie explosa entre ses petites dents et déversa sa saveur dans sa bouche. C’était bon et Kaalys engloutit le reste des baies sans autre formalité avant de passer à la viande. Il commença par simplement poser sa langue sur le morceau avant de se décider à mordiller dedans et de finir par l’engloutir. Si les baies étaient plus faciles à avaler, le goût de la viande était décidément meilleur. Une fois rassasié, Kaalys vint poser sa tête contre le front du Cawr aux yeux gris et ronronna pour lui exprimer son bonheur.
*Que fait-on maintenant ?*
Pendant une seconde, il ne comprit pas vraiment ce qu’il venait de faire. Mais il lut dans le regard de Dawan de la surprise et il posa sur lui un regard interrogateur. Il donna un petit coup de tête dans le bras de son Lié pour avoir des explications. Et puis, il comprit ce qu’il avait fait. Et recommença pour s’en assurer.
*J’aimerai découvrir tout ce que tu voudras bien me faire découvrir, Cœur-Chantant.*
Oui, il n’attendait plus que ça, apprendre tout ce qu’il pourrait de ce monde et de ceux qui y vivaient. Mais il voulait aussi en apprendre plus sur celui qui partageait son âme avec la sienne. Ils avaient toute la vie devant eux, cependant, Kaalys ne voulait pas attendre si longtemps. Il avait déjà dû attendre, prisonnier de son œuf. A présent qu’il était libre de cette coquille de nacre, il n’aspirait qu’à partir à l’aventure. Ou tout du moins, à suivre Dawan où qu’il aille. Ces découvertes, il voulait les partager avec son Lié. Alors, quand commençaient-ils vraiment cette nouvelle vie ?
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Ven 29 Jan 2016 - 20:39 | |
| Dawan s'était abstenu de pousser son dragonnet vers les baies plus qu'il ne l'avait déjà fait, un étrange instinct retenant cette pulsion-là. Voyant son terrible prédateur faire éclater les malheureux fruits sous ses crocs, il songea que c'était sans doute une bonne décision que celle de laisser Kaalys explorer le monde à son propre rythme, découvrir par lui-même lorsque ses craintes pouvaient être dépassées. La confiance aveugle qu'il aurait pu chercher à avoir en le poussant à rejeter plus tôt ces craintes viendrait bien assez vite. Lorsque le tour de la viande vint, Dawan perçut à travers la satisfaction du petit que jamais ils ne pouvaient espérer partager les mêmes goûts alimentaires. Peu importait, cela en ferait plus pour chacun d'eux ! L'idée de manger un mort mettait le petit elfe mal à l'aise, il prit grand soin de s'attacher à une autre partie de l'âme de Kaalys, une qui ne profitait pas de son repas, tout en lui évoquant le fruit le plus cher à son coeur: les myrtilles. Leur façon d'être sucrées, leur timbre si particulier... Il en présenta une image à son cher et tendre, qu'il sache les reconnaître quand la saison viendrait. Peut=être que, sans en raffoler, il pourrait les apprécier. Tant que sa taille lui permettait encore de profiter de si petits mets... Il expliqua rapidement que trop en manger lui faisait un "effet bizarre", et que pour cette raison il n'avait pas mangé de tarte aux myrtilles depuis fort longtemps ! Ah, que la vie pouvait être cruelle...
Lorsque Kaalys eut terminé son repas, son Lié était muet autant de voix que d'esprit depuis un moment. Songeur, il contemplait le corps reptilien de sa moitié d'âme, commençait à l'apprendre par coeur, y compris la façon dont ses muscles faisaient se mouvoir ses écailles. Confiant, il n'eut pas un geste en voyant le petit dragon se rapprocher de lui, de plus en plus près. Heureux, satisfait autant que si lui-même venait de se repaître après une grande faim, il ferma les yeux sous le contact chaud contre son front, laissant son souffle tiède se mêler à celui de l'être de nacre. L'étendue d'eau claire et calme qu'était devenue son âme émit un son de surprise lorsqu'en son sein une onde se créa, la traversa. Ses grands yeux gris s'ouvrirent à nouveau pour constater qu'ils partageaient avec le petit reptile la même expression, même si pour des raisons différentes. Dawan avait très bien compris ce qu'il venait de se passer. C'était la première fois que l'esprit du tout-petit venait ainsi vers le sien. Jusqu'alors il s'était contenter d'éprouver, et se laisser approcher. Le jeune Cawr n'avait pas parlé en vain, et comme lui le petit savait désormais transmettre volontairement des concepts en particulier. C'était peut-être là le début des changements que le Lien opérait sur eux deux, la lente modification de leurs esprits... Un bref instant Dawan voulut répondre, mais au lieu de cela, il trouva plus ingénieux de se taire. Il cloisonna ses émotions, les retint, essayant de les écarter de Kaalys. Certaines leçons s'apprenaient seul. Pas un mouvement ne répondit au petit coup de museau. L'elfe avait bien senti les hésitations du dragon, son manque d'assurance, ses questionnements... Mais lorsqu'à nouveau son esprit effleura le sien, témoignant de sa curiosité, il n'y avait plus rien de cela. Dawan libéra ses émotions, qui vinrent se mêler à l'âme de Kaalys: fierté, bonheur, admiration. Il était trop fort son petit dragon, il apprenait trop vite ! D'une main, il caressa le haut du crâne de Kaalys. Envers un autre, il aurait eu le souci du consentement, de la demande de permission. Là... Il n'avait pas ce souci. Il savait déjà.
*J'espère pouvoir t'offrir durant toutes nos vies des découvertes, Kaalys, âme de mon âme. J'aspire à te montrer ce que je connais, ce qui m'est le plus cher, à t'apprendre tout ce que je sais, et à apprendre avec toi ce que j'ignore.*
Il se redressa, avec la lenteur qui était la sienne. Ceci fait, il invita Kaalys à se rapprocher de lui, et le reprit avec grande douceur contre son ventre. Il savait ce qu'ils aimaient tous deux, ce qu'ils pouvaient découvrir dès aujourd'hui. Il l'avait senti, sur le trajet, et l'avait bien notifié. Après avoir rapidement rangé les bocaux, refermé le garde-manger derrière eux, il les fit passer par un autre couloir, tout aussi sculpté, qui menait sur une arche, une porte vers l'extérieur, au niveau de la terre ferme. Enfin, de la neige ferme. En levant les yeux, il était possible de voir les bâtiments sur piliers, en contre-plongée, et se sentir minuscule auprès d'eux. Un léger bruit d'eau était audible. Mais ils s'éloignèrent de tout cela, peu à peu. En regardant par-dessus l'épaule de son Lié, Kaalys devait avoir une vue de plus en plus large de ce fragment du Domaine. Plus tard, les cieux lui permettraient de mieux voir encore ce lieu qui l'avait vu naître. Dawan y songeait. Kaalys deviendrait grand, et un univers immense s'ouvrirait à lui. Cette idée était rassurante. Le jeune elfe transmettait sans vraiment le réaliser un sentiment d'apaisement. Il l'emmenait, murmurant un chant doux, vers la forêt environnante. Ils auraient pu rester non-loin du Domaine pour cette première sortie, mais ils avaient encore un peu besoin de solitude, au goût du nouveau Cawr. Kaalys devait se préparer, avant d'être entouré des nombreux admirateurs qu'il aurait, qui voudraient découvrir ce présent inattendu, et peut-être avoir l'honneur de le toucher.
Estimant s'être suffisamment avancé dans les bois, il s'agenouilla, pas gêné pour un sou par l'humidité et le froid, et laissa à Kaalys l'opportunité de descendre de ses bras. Il lui transmit quelques concepts simples: il était libre, libre d'agir à sa guise et de découvrir ce qui en premier lui plairait. Si le froid l'ennuyait, ils retourneraient à l'intérieur sans souci.
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Sam 30 Jan 2016 - 16:38 | |
| Le flot d’émotions qui se déversa dans son esprit le heurta avec une étrange douceur. Le silence qu’il avait perçu entre leurs âmes pendant un instant venait d’être rompu par l’Elfe. Fierté, admiration, bonheur. Si tous ces concepts n’étaient pas étrangers à ceux de son peuple, leur manière de les ressentir était assez différente de celle des bipèdes mais le petit écailleux ne s’en soucia pas. Il avait compris son Lié et il accepta la main qui vint se poser sur sa tête sans rien dire. Il y avait consenti en une fraction de seconde et les mots n’étaient pas utiles entre eux.
Si Kaalys avait pu sourire comme un humain, il l’aurait fait en entendant la réponse que lui offrit le tout nouveau dragonnier et il signifia à Dawan qu’il n’attendait que cela alors même qu’il était dans son œuf. Il y avait en effet tant de choses à apprendre dans ce monde que son Lié ne pouvait toutes les savoir et ils avaient désormais toute une vie pour les découvrir. Puis, celui qui partageait son âme se releva et lui proposa encore une fois de le porter, ce que le petit Dragon ne refusa pas. Il sentait que les nouvelles aventures qu’il attendait étaient sur le point de commencer et il sentait l’impatience grandir en lui, même s’il n’en laissa rien paraître. Ils prirent un chemin différent de celui emprunté pour venir jusqu’au garde-manger mais le couloir était tout aussi orné de sculptures dont les contours s’imprimèrent dans l’esprit du dragonnet.
Le Baptistrel ouvrit la porte située au bout du couloir et elle apparut enfin, toute proche. La neige blanche et pure. Durant quelques secondes, Kaalys ne fut pas capable de détacher son regard de cette poudre qui scintillait sous le soleil. Et puis, alors qu’ils s’éloignaient de la porte et que celle-ci devenait de plus en plus petite, il vit les bâtiments qui s’élevaient autour d’eux, majestueux, et son petit cœur de Dragon s’éleva avec eux. Ses ailes prisonnières de l’étreinte de l’Elfe frémirent sous l’appel des hauteurs bien qu’elles ne seraient pas capables de le porter avant trop longtemps.
Son attention finit par se porter à nouveau sur son dragonnier et il ressentit son besoin de solitude. Le petit être imprégné de magie aurait pu lui demander pourquoi mais il n’en fit rien et se contenta d’écouter la douce voix de celui qui était une partie de lui. Cœur-Chantant. Voilà le nom qu’il lui avait donné et cela lui seyait à merveille. Jamais il ne se lasserait de l’entendre chanter ces mélodies harmonieuses. Le silence qui suivit le chant de l’être sylvain lui indiqua qu’ils devaient être arrivés et il descendit des bras de son Lié avec un peu d’appréhension. Ses premiers pas dans la neige lui procurèrent un sentiment étrange, mélange de joie, de curiosité mais aussi une folle envie de… se rouler dedans. Ce qu’il fit sans plus tarder, grognant de plaisir alors que les flocons retombaient sur lui. Il plongea même sa tête dans le blanc manteau et la ressortit. Un petit tas de neige s’était formé sur sa tête et son dos et il ne manqua pas de se secouer pour s’en débarrasser, envoyant les flocons voleter autour de lui et retomber, pour certain, sur l’Elfe toujours à genou dans la neige. Le dragonnet tourna la tête vers lui, la joie illuminant son regard.
*C’est si joli ! Est-ce qu’il y en a partout ou seulement ici ? Ce serait tellement dommage que tout le monde ne puisse pas profiter de cette beauté. Comment cela s’appelle-t-il, Cœur-Chantant ?*
Le fils de Silarae était bien décidé à poursuivre ses découvertes et il s’aventura un peu plus loin. Soudain, il entendit quelque chose et il aperçut un petit animal courir dans la neige. Aussitôt, ses instincts de chasseur se réveillèrent et prirent le dessus sur sa prudence. Le petit rongeur s’était arrêté au pied d’un arbre et Kaalys se ramassa, prêt à bondir dès qu’il jugerait le moment venu. Mais comme tout apprenti chasseur qui débute, il allait connaitre son premier échec. Il bondit mais il manqua sa cible de beaucoup trop loin et manqua de heurter le tronc de plein fouet après avoir glissé dans la neige. Tout penaud, il se releva avec maladresse et trottina jusque Dawan. Mais il changea d’avis et décida de repartir à l’aventure, pas tant découragé que cela par son échec à la chasse. Il aurait bien le temps de parfaire sa technique un autre jour.
Il poursuivit ses petites découvertes pendant encore une bonne demi-heure avant de commencer à ressentir les affres du froid. Il s’en retourna alors d’un pas léger vers Dawan et, à peine fut-il monté dans les bras de son Lié qu’il ne put réprimer un bâillement. La journée avait été longue déjà mais le dragonnet ne voulait pas la voir déjà se terminer.
*Pourrions-nous rentrer et visiter l’intérieur ou faire ce que tu voudras d’autre, Lié de mon âme ?*
Oui, Kaalys voulait surtout retourner au chaud mais il ne voulait pas s’arrêter là dans ses découvertes. Il savait qu’ils auraient tout le temps d’apprendre de nouvelles choses plus tard, mais le petit écailleux ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin. Sa rencontre avec la neige avait été si merveilleuse qu’il souhaitait voir de quoi serait faite sa prochaine rencontre avec l’inconnu. Qu’est-ce que ce serait ? Serait-ce aussi magique ? Il n’avait plus qu’à attendre pour le savoir.
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Lun 1 Fév 2016 - 19:23 | |
| Dawan avait observé son petit Lié se rouler dans la neige, le coeur tout empli de tendresse qu'il transmettait sans vraiment le réaliser. Il se régala de l'image du nouveau-né qui grognait en projettant les flocons comme une lumineuse peinture, un crescendo bref et enfantin. Le mouvement de leur ascension puis de leur chute était hypnotique. La vision du ventre de Kaalys vers le ciel donnait envie de lui offrir des gratouilles à cet endroit, comme on l'eut fait pour un animal. Lorsque, se redressant, le dragon s'ébroua, son Lié ne put que laisser échapper un petit rire. Aussi inattentif que lui, il n'avait pas réalisé que son geste enverrait de la neige jusque sur sa peau pâle d'elfe... Ou alors, il avait su que ce ne serait pas pour lui déplaire. Il s'empara d'ailleurs de poignées de neige qu'il joua à effriter doucement, du bout des doigts, à lancer dans les airs, soufflant dessus, jouant avec les courants de l'air du bout de sa magie. Il expliqua, justement, comment le passé avait modifié par plusieurs fois les lieux du continent qui connaissaient ou non la neige. Jadis au lieu de monts, ils avaient des volcans. Au lieu d'un domaine de paix, ils avaient Morneflamme, le plus sinistre lieu qui soit. Désormais, excepté le désert, rares étaient les coins d'Armanda qui ne profitaient pas, de temps à autre, de la présence de la neige, que ses habitants l'apprécient ou non. Il commençait à évoquer Vraorg, le Voleur de Coeur, ce dragon qui avait été à l'origine de leurs malheurs, enjoignant le petit à ne pas prendre cette voie, lorsqu'il remarqua que déjà Kaalys avai d'autres occupations. Amusé, le chanteciel décida de se taire. Ce n'était pas le moment d'en parler. Vraorg était sombre, ils voulaient profiter de la lumière. Ils auraient tout le tempss d'aborder ces sujets une autre fois, et Dawan expliquerait combien le maintient de l'harmonie devait être leur priorité, sans quoi le plus bipède d'eux deux se laisserait sans doute mourir. Il lui expliquerait le Contrat Originel, et la nécessité de la sagesse...
Pas le premier jour. Le petit dragon ne devait pas être prêt, de toute manière. Il chassait quelque proie qui s'était habilement cachée. Dawan resta totalement silencieux, attentif, encourageant par ces gestes son prédateur. Ledit prédateur avait tout juste ébauché les premiers mouvements de son bond lorsqu'un petit couinement horrifié s'échappa de Dawan, qui ne put secourir à temps son petit. Par chance, il n'eut rien. S'étant rapproché de lui, Dawan était prêt à le caresser, le consoler, mais Kaalys semblait moins ému et inquiet que lui. Il repartait déjà découvrir les trésors de la forêt. Son bipède le suivit, laissant néanmoins entre eux une distance respectueuse des mouvements que pourraient vouloir faire son guide. Il songeait avec une pointe de peine que ce ne serait sans doute que le début, et qu'un jour ou l'autre son Lié échapperait à sa surveillance dans un moment où ils auraient eu besoin l'un de l'autre. Il le voyait déjà revenir blessé d'un combat pour le coeur dune dragonne, et s'en désolait. Il y avait tant d'autres façons de prouver sa valeur !
La majeure partie du temps, Dawan n'intervint pas, et ne cherchait pas à intervenir. Bientôt, l'écho en son âme lui fit comprendre une sensation de froid qui n'émanait pas de son corps. Il se baissa alors pour ramener Kaalys contre son ventre chaud, l'enroulant dans le tissu du bas de sa tunique. Le baîllement du petit sema en lui une graine de somnolence à laquelle il était encore insensible pour le moment. Ravissante créature...
*Nous rentrons, coeur de mon coeur.* Joignant le geste à la parole, il les dirigeait à un rythme qui lui était relativement rapide vers les bâtiments du Domaine, silencieux, réfléchissant. *Je souhaitais te présenter ce qui m'est beau en ce monde. Mais les beautés auxquelles je pense ne se visitent pas.* Elles se présentaient. Il offrit à Kaalys la vision d'une jeune femme, humaine, dansant avec lui dans une sombre caverne. Des cheveux d'or, des yeux de saphir, une aura lumineuse tissée de poésie. *Voici Luna. Mon amie. Elle a traversé le continent, est venue jusqu'au Domaine, tu la croiseras sans doute... Alors il ne sera pas impossible que tu rencontres un de ceux qui comme toi ont ici attendu leurs Liés. Alkhytis...* Il lui présenta la naissance d'Alkhytis, la jeune femme qui le prenait contre elle, ce petit être de bronze et de cuivre à l'aile particulière. L'image changea bientôt, néanmoins, pour un elfe blond, au nez aquilin, souriant, presque nu, aux côtés d'un dragon bleu. L'image était nocturne, les étoiles et le désert veillaien derrière eux, et à leurs pieds le lac d'un oasis réflétaient toutes les lueurs ici présentes. *Elrond et Möebius. Möebius est pour moi la gentillesse même, j'ai hâte que tu fasses sa connaissance. Et Elrond...* Il était cher à son coeur. Timidement, Dawan présenta ce sentiment à son Lié, avant de lui faire découvrir une toute autre silhouette, pâle, aux cheveux rouges, très expressive, accompagnée d'une haute et filiforme dragonne grise. *Kedrildan et Trissi. Des amis également. Trissi est la mère d'Alkhytis. Elle a été une amie proche de ta mère...* Lui aussi. Mais il n'oserait le dire, l'humilité l'y obligeait.
Il lui présenta encore quelques visages, n'hésitant pas à présenter à nouveau ceux que Kaalys oubliaient. A nouveau entre les murs blancs du Domaine, il s'assura auprès de lui: *Es-tu sûr de ne pas vouloir dormir ?* Mais le petit semblait décidé à connaître le plus possible ce qui lui avait été interdit, Dawan admit que tomber de fatigue serait une belle façon de faire sa première nuit. De couloir en couloir, de pièces en escaliers, le couple de Liés parvint bientôt à la pièce principale d'un petit bâtiment à moitié dans la montagne. Circulaire, disposant de hautes fenêtres que les Enwrs avaient occultées par des rideaux afin de conserver la chaleur, elle présentait dans un de ses murs une cheminée où crépitait un feu paisible et puissant. Il aurait aisément pu suffire à remplacer les lumières tues des fenêtres, mais certains apprentis humains avaient tenu à disposer, ici et là, quelques ougeoirs pour s'aider. Il faisait bon, surtout en comparaison avec l'extérieur. Le long des murs, des étagères soutenaient des rouleaux de parchemin, codex, et figurines sculptées par les jeunes gens de ces lieux. Quelques apprentis étaient installés là, dans des fauteuils près de la cheminée, lisant, devant la table au cenre de la pièce étudiant, ou un peu plus en retrait, leurs mains sur leurs instruments. Les instruments, ici, ne manquaient pas. Le long des murs, sur la table, les guéridons, les étagères...
Dawan défit Kaalys de son cocon de tissu et salua les Siens. Quelques saluts lui répondirent, bientôt suivi de remarques admiratives et de questions sur le protégé de ses bras. Il y répondit avec lenteur, le présentant lorsque le silence se faisait, comme craignant de forcer sur sa voix. Avec la permission d'un apprenti, et sous le regard de ceux qui étaient présents, Dawan s'assit sur un des fauteuils devant la cheminée, le petit sur ses genoux, qu'il libéra.
"- Choisis un instrument, Kaalys, et choisis une émotion. Je ferai de mon mieux pour te montrer alors comment les bipèdes s'essayent à les changer en sons."
[HJ: n'hésite pas à t'avancer à décrire la musique si ça te chante, hein =D] |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Mar 2 Fév 2016 - 18:42 | |
| L’évocation de ces merveilles qui ne se visitent pas intrigua le petit écailleux qui posa un regard plein de curiosité sur son Lié aux oreilles pointues. Et puis la vision d’une jeune femme aux cheveux blonds dansant avec l’Elfe lui apparut et il ressentit dans son cœur le bonheur qui se dégageait de ce souvenir. La lueur dans ses yeux d’or qui n’était encore que curiosité un instant auparavant devint une lueur de joie. Joie de savoir qu’il y avait des êtres qui pouvaient rendre heureux celui qui partageait son âme. Les sentiments que lui transmettaient Dawan lui étaient encore presque inconnus mais il n’avait besoin que de ses yeux pour comprendre l’attachement qu’il avait pour la jeune femme. Le dragonnet ne fut pas mécontent de découvrir que cette Luna était la Liée de celui qui avait partagé le nid au milieu de la pièce sculptée de dragons mais qui n’était pas son frère. Peut-être trouverait-il en cet autre dragon quelqu’un avec qui partager ses aventures de petit écailleux ?
L’image de Luna tenant son Lié contre elle s’effaça pour laisser la place au visage d’un Elfe. Celui-ci, Kaalys le reconnut. Il s’était tenu quelques pas derrière Dawan alors que leurs regards s’étaient rencontrés pour la première fois. C’était il y a quelques heures à peine et cela paraissait à la fois si loin et si proche au petit Lié. Mais cette fois-ci, celui qui s’était tenu dans l’ombre du Baptistrel n’était pas seul. A ses côtés se dressait un dragon d’un bleu de glace. Möebius et Elrond. Lui aussi avait hâte de les rencontrer. Et puis, le petit Elfe lui présenta un sentiment très étrange. C’était comme du bonheur mêlé à la peur de perdre quelque chose. Mais le dragonnet n’eut pas le temps de s’imprégner plus de cette émotion avant que Dawan ne lui présente une nouvelle image. A nouveau, un homme et un dragon. Trissi et Kedrildan. En silence, il observa les deux êtres et il s’attarda davantage sur la silhouette fine de la dragonne. Elle avait été proche de sa mère. C’était étrange. Il se souvenait parfaitement de l’empreinte que celle-ci avait laissée sur son œuf mais il n’avait aucune idée de ce à quoi elle pouvait ressembler. Il s’attendait à ce que son Lié lui en présente une image mais il n’en fit rien et Kaalys n’osa demander.
D’autres visages dont il ne retint pas tous les noms lui furent montrés par Dawan avant que le Cawr ne lui demande encore une fois s’il était certain de ne pas vouloir se reposer. Mais le petit être n’était pas pressé que cette journée se termine, bien décidé à poursuivre ses découvertes sur la vie de son Lié. Alors le Baptistrel reprit son chemin dans les couloirs et les escaliers du Domaine. Kaalys ne saurait dire où ils étaient lorsque tous les deux entrèrent dans une pièce où il régnait une agréable chaleur. Les yeux dorés du fils de Silarae scrutèrent tout ce qu’il pouvait voir des bras de l’Elfe, n’en perdant pas une miette. Ici, il y avait un peu plus de monde et il pouvait sentir sur lui se poser les regards des apprentis qui étudiaient là. Mais tout à ses découvertes, il ne leur prêta pas vraiment attention. Parchemins, figurines, instruments. S’il n’avait pas de mots à mettre sur chacune de ces choses, il suivait les pensées de Dawan pour en connaitre certains.
Finalement, le petit Elfe s’assit sur un fauteuil, non sans avoir d’abord présenté son protégé de nacre à tous ceux qui s’étaient approchés. Posé sur les genoux de son Lié, le petit dragon tourna sur lui-même afin de trouver la meilleure façon possible de se coucher. Lorsqu’il l’eut trouvée, il se laissa tomber et vint poser avec délicatesse sa tête sur ses pattes avant. Ses yeux parcoururent la rangée d’instruments jusqu’à s’arrêter sur une étrange pièce de bois sculpté sur laquelle étaient tendues plusieurs cordes. A côté était posé un archer. Une vielle. Son choix fait, il posa son regard doré sur son Lié et lui transmit le sentiment qu’il avait ressenti lorsqu’il l’avait vu pour la première fois quelques heures plus tôt. Une joie intense. Il était curieux de savoir ce qu’allait faire le Baptistrel. L’un des apprentis lui apporta l’instrument et Dawan s’en saisit avec une délicatesse pleine de respect, ce qui ne fit que faire grandir la curiosité du petit écailleux.
Les premières notes s’élevèrent, légères et douces. Kaalys n’avait pas quitté celui qu’il appelait Cœur-Chantant du regard et à chaque nouvelle note, il ne comprenait que mieux pourquoi il lui avait paru si naturel de surnommer l’âme de son âme ainsi. Ses doigts fins semblaient comme animés d’une vie propre et leur danse harmonieuse sur les touches de l’instrument était envoutante. Jamais le dragonnet n’aurait cru entendre une mélodie si légère, si… joyeuse. Son rythme changea, gagnant en vitesse et en force. Les Enwr qui se trouvaient dans la pièce cessèrent toute activité pour écouter le maître jouer pour son Lié. Le petit cœur de Kaalys se remplit de fierté et de tendresse. Il ne regrettait plus chaque seconde passée à attendre dans le sanctuaire qui leur avait été réservé. Il aurait pu attendre des années avant de sortir de sa prison de nacre s’il l’avait fallu. Bientôt les doigts de Dawan cesseraient leur ballet mélodieux et les dernières notes s’éteindraient dans le silence de la pièce que seuls les crépitements du feu dans l’âtre viendraient troubler. Mais il ne voulait pas que le silence revienne et il le fit savoir à son dragonnier.
*Continue, je t'en prie, Cœur-Chantant. N’interromps pas tout de suite cette mélodie qui sied si bien à ce que je ressens pour toi, Lié de mon âme.*
Le Baptistrel pouvait-il voir la fierté et la joie dans le regard de son petit dragon de nacre ? Pouvait-il sentir son cœur se remplir de tendresse et d’amour pour lui ? Sans doute. La musique ne cessa qu’après un long moment, les notes diminuant jusqu’à s’essouffler. Il y avait tant de choses que Kaalys aurait voulu dire au musicien mais, en cet instant, il avait bien trop peur de rompre le premier ce silence harmonieux. Les regards posés sur eux n’avaient plus aucune importance, ils n’en auraient plus jamais. Seul lui importerait celui que Dawan porterait sur lui. Avec douceur, le petit être magique vint poser son front sur la poitrine de son Lié, juste au niveau de son cœur. Il pouvait l’entendre battre et il trouva que cette musique-là était encore plus belle que celle qu’il venait d’entendre. C’était la musique de la vie, puissante et harmonieuse. Et tant que ce cœur d’Elfe battrait dans cette poitrine, alors rien de grave ne pourrait arriver, il le sentait. A ce moment-là, il sentait même qu’il pourrait, bien au contraire, arriver de très belles choses tant qu’ils seraient ensemble. Le dragonnet aux écailles de nacre poussa un soupir où se mêlaient soulagement et fierté. L’âme de Dawan faisait écho à la sienne, miroir d’un même désir de paix et d’harmonie. Que pouvait-il arriver de malheureux à cet instant ? Rien, absolument rien.
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Jeu 4 Fév 2016 - 18:10 | |
| Dawan avait lentement opiné du chef, saisissant l'émotion et la portant dans un coin de lui comme on porte un bel oiseau sur son épaule, pour en rester proche et se libérer les mains l'espace d'un instant. Il escomptait bien se lever et se saisir de l'instrument, ou user d'un sort pour l'attirer à lui, mais avant qu'il puisse faire quoi que ce soit l'instrument était déjà entre ses mains, remis par un apprenti, un humain. Décidément, ces oreilles-rondes avaient une rapidité qui leur était propre. Le jeune Cawr le remercia d'un mot et d'une ébauche de courbette, autant que cela était possible en restant assis.
*Tu choisis judicieusement.*
Il lui transmit l'image de sa propre vièle, exceptionnellement détachée de son dos ce matin-là (il avait naïvement prévu de retourner la chercher après sa promenade matinale). Elle était dans ses appartements, proche de son lit, et attendait sagement. On aurait dit un bout de bois que les elfes auraient su rendre raffiné. Brièvement, Dawan présenta des souvenirs plus anciens, des mélodies encore fraîches. Un Dawan encore tout petit, aux cheveux courts ceints d'un morceau de tissu. L'idée d'un silence qui durait depuis des années, et des transmissions qui se faisaient désormais par ses bras, ses poignets, ses doigts. L'importance de ce bout de bois, le temps passé ensemble… Ils devaient dangereusement s'approcher du siècle de vie en couple, tous les deux ! À travers la musique, il avait connu le sentiment d'être complet, pour la première fois. Il avait alors difficilement imaginé pouvoir l'être davantage. Kaalys lui avait prouvé le contraire. Le dragonnet put connaître le nom de cet objet: Olosir, le flot des rêves. *Elle est ma voix. Ce que je peine à offrir à la façon des bipèdes, elle sait le leur montrer. Voyons s'il en est de même pour toi…* Il n'était pas impossible que le dragonnet y soit insensible. Ç'aurait été surprenant en un sens (celui de l'expérience de son Lié), mais certaines créatures non-humaines ne voyaient en la musique que des bruits, ayant une façon de percevoir les sons différente.
Dawan ne vit pas les quelques apprentis qui s'asseyaient autour d'eux, ceux qui avaient posé leurs plumes ou leurs instruments. L'instrument appuyé sur son épaule, il avait fermé les yeux. Un bref test, sur chacune des cordes, pour vérifier qu'elles étaient accordées. C'était le cas. Il reprit alors le sentiment que Kaalys lui avait offert, et laissa ses doigts vers la suite, instinctivement. Il n'y avait qu'à ressentir, ne pas perdre le sentiment de vue, et avoir quelques notes d'avance. La vièle exprima donc cette joie qu'ils avaient tous deux connus, chacun à leur façon. Elle exprima les premières vibrations, encore innocentes, et pourtant impatientes, porteuses de la légèreté de celui qui n'avait rien connu. Puis leurs âmes se liaient, dans un tourbillon de commun bonheur, et la musique tourbillonnait de semblable façon. Dawan s'apprêtait à proposer à Kaalys une autre émotion, laissant peu à peu le son s'éteindre, lorsque ce dernier le poussa mentalement du bout du museau pour qu'il continue. Un sourire illumina les lèvres et l'âme de l'elfe. S'ils aimaient tous deux la musique, cela ne pouvait que laisser présager de doux moment où, de quelques sons, il pourrait combler celui à qui il tenait tant. Ils seraient sur la même longueur d'onde, la même fréquence.
*Ta mère disait aimer m'entendre jouer. Elle disait que c'était pour elle un apaisement.*
Un bref instant, il montra à Kaalys sa mère, la pâle dragonne, allongée dans sa caverne, la tête posée sur le sol et les yeux mi-clos, la vièle résonnant sur les murs de pierre. La vision s'arrêta là. La musique reprit. Il fallait garder ce sentiment qui était celui de Kaalys, ne pas se laisser envahir par les siens. Les sons s'étaient glissés dans toute la pièce, à nouveau guillerets, comme pour une roulade dans la neige, puis chaleureux comme lorsqu'ils étaient l'un contre l'autre. Peu à peu, la musique épousa le feu qui crépitait, les regards sur eux, la fierté et la joie tranquille qu'il ressentait comme un écho de son Lié. Petit à petit, la musique laissa présager d'une attente, de quelque chose qui se préparait, tandis qu la mine de Dawan restait résolument neutre, les yeux toujours clos. Quelques trilles, et la surprise se dévoilait: une sphère de lumière apparaissait entre eux deux. Les yeux gris de Dawan se rouvrirent pour croiser ceux, dorés, de son doux Lié. La musique se laissa jouer encore un peu, plus tranquille, avant se rejoindre l'air et se fondre en lui. Le Cawr posa son instrument, s'essaya à gratter son dragon sous le menton, pour voir s'il appréciait ces gestes-là. En quelques mots, il expliqua aux Enwrs que le petit appréciait la musique, et quelques-uns répondirent en assurant que cela ne les ennuierait pas du tout de lui faire plaisir, s'il en était ainsi. Mais avant qu'ils aient pu faire leurs preuves, le chanteciel se levait, Kaalys contre son ventre, offrait des remerciements pour autant de bonnes intentions et de présences positives auprès de son nouveau-né.
Quelques pas, l'extérieur, un couloir suspendu qui laissait apercevoir les monts alentours, et il atteignaient le "balcon" d'un bâtiment qui en était ceint. Ils en firent le tour, se trouvèrent en haut d'un escalier qui menait à nouveau vers le sol. Là, Dawan s'arrêta, pour transmettre à son Lié une pensée amusée:
*As-tu hâte de savoir voler, Kaalys ?*
Choisi par l'esprit de la Chouette, il savait faire de grands bonds. Si Kaalys étendait ses ailes, porté par son bipède, s'ils jouaient à cela le long de pentes, ils pourraient déjà donner au plus petit un aperçu de ce qui l'attendait…
[HJ: de même, n'hésite pas à t'avancer <3 love sur toi mon doux Lié] |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Ven 5 Fév 2016 - 10:05 | |
| A l’évocation de sa mère, le petit dragon avait senti un bref pincement à l’endroit de son cœur. Il pouvait sentir à travers le Lien qui l’unissait à Dawan qu’elle était ce qu’il aspirait à être et il regrettait de ne pouvoir la connaitre. Mais la vie était ainsi faite et Dracos seul savait à quel point changer un destin pouvait apporter le malheur. La musique avait repris ensuite, avant que les notes ne se taisent, laissant place à leur sœur silencieuse. Alors que sa tête était posée sur le torse de l’Elfe, celui-ci vint lui gratter le menton et Kaalys ne repoussa pas son Lié, pas plus qu’il ne s’offensa de ce geste qu’il savait plein d’affection. Un léger ronronnement s’éleva de sa gorge.
Les Enwr qui les entouraient proposèrent de lui jouer un morceau s’il le désirait après que le Baptistrel aux yeux gris ne leur ait dit que son protégé appréciait la musique. Mais le jeune Cawr se leva avant de leur laisser le temps de démontrer leurs talents et les remercia. Le petit écailleux se contenta de les regarder avec gentillesse, ses yeux dorés plongeant dans chacun de leurs regards sans ciller. Quelques-uns détournèrent la tête et il dut se faire violence pour ne pas se vexer. Il n’avait pas encore conscience du poids que pouvait avoir son regard sur un bipède. Mais déjà ils étaient sortis et ils passèrent dans un couloir suspendu qui laissa voir les monts enneigés se dressant de toute leur taille au-dessus du Domaine baptistral. Le petit être ignorait ce que l’Elfe prévoyait de faire et s’il sentait peu à peu la fatigue le gagner, il n’en montra rien de peur que leurs aventures de la journée ne s’arrêtent déjà.
Dawan s’arrêta en haut d’un escalier et le petit dragon de nacre posa sur lui un regard où se bousculait plein de questions. Ces dernières disparurent dès que le nouveau dragonnier lui eut transmis sa pensée. Il pencha légèrement la tête sur le côté comme s’il s’attendait à ce que ce soit un rêve. S’il avait hâte de voler ? Il rêvait déjà de cela alors qu’il était encore prisonnier de son écrin de nacre. Mais que pouvait attendre de lui le Baptistrel ? Et puis, soudain, il comprit et se dégagea un peu de l’étreinte de son Lié pour pouvoir déplier ses ailes. Il le fit avec une grande précaution et beaucoup de maladresse, ouvrant une aile puis l’autre. Il souffla dessus pour chasser les gouttelettes d’eau qui y avaient été emprisonnées tandis qu’il jouait dans la neige un peu plus tôt. La membrane finie était d’un blanc pur et elle lui paraissait si grande qu’il se demanda un instant s’il arriverait à voler avec un jour. Mais alors qu’il se posait cette question, il eut l’impression étrange de… voler !
Son Lié aux oreilles pointues venait de sauter et, porté par son totem et les ailes déployées bien qu’immobiles de son protégé écailleux, son bond avait surpris le dragonnet. Il sentit le vent sur lui, glissant sous ses ailes blanches. C’était une sensation si étrange et, grisé par le sentiment de voler, Kaalys ne s’attendait pas au choc de l’atterrissage et fut un peu secoué. Mais la joie qu’il ressentait chassa vite cette désagréable sensation pour ne garder que le meilleur. Il voulait recommencer encore et il le fit savoir à Dawan. Celui-ci ne sembla pas mécontent de réitérer l’expérience qui fut plus concluante. Il fit quelques bonds avant que Kaalys ne referme sans vraiment le vouloir l’une de ses ailes. Déséquilibré, le duo tomba dans la neige et roula sur le sol. Inquiet pour l’Elfe, le petit dragon se dépêtra dans la neige, essayant de s’y retrouver entre la neige, ses pattes et ses ailes. Dès qu’il eut retrouvé une position standard, il courut vers son Lié et lui lécha le visage jusqu’à ce qu’il se redresse. Le dragonnet monta sur les genoux de l’Elfe et posa sa tête sur son épaule. Il avait eu peur pour lui et il refusa de bouger pendant plusieurs minutes. Il finit par inspecter Dawan de haut en bas avant de se pousser pour le laisser se relever. Les deux Liés étaient trempés mais n’avaient rien de casser. Heureusement qu’il y avait de la neige, elle avait amorti leur chute.
Rassuré sur l’état de son protecteur, Kaalys lui transmit une envie particulière. Il souhaitait retourner dans la pièce où il avait éclos au monde pour voir l’œuf de sa sœur. Il se doutait de ce qu’elle devait ressentir, seule, prisonnière. Le dragonnet et son dragonnier retournèrent donc sur le lieu de leur rencontre. A présent que son regard n’était plus sans cesse attiré vers l’Elfe, le petit écailleux put s’apercevoir de la beauté de la pièce. Toute en elle inspirait le respect dû au trésor qui y reposait. L’œuf de sa sœur était là, rose piqueté d’or et lisse, immobile. Elle y attendait celui dont elle partagerait son âme comme il partageait la sienne avec Dawan. Le fils de Silarae s’approcha d’elle et posa son museau sur la coquille avec tendresse. Il lui transmit ses émotions de la journée, sentiments de joie et de curiosité, d’impatience et de bien-être. Tout cela pour lui donner la force d’attendre encore un peu. Une fois ce qu’il considérait comme son devoir fait, il retourna vers Dawan.
*Où dors-tu, Lié de mon âme ?*
Oui, Kaalys avait encore soif de quelques découvertes et la chambre du Cawr serait une prochaine étape intéressante. Après tout, il y passerait les prochaines nuits alors autant savoir comment s’était. Et puis ce serait l’occasion pour son dragonnier de se préparer à la nuit qui viendrait plus vite qu’ils ne le pensaient.
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Ven 5 Fév 2016 - 13:35 | |
| C'était amusant: les ailes ouvertes de Kaalys suffisaient à rendre la chute de ses bonds plus lente, comme s'ils planaient légèrement ! Alors qu'il était si petit encore… C'était merveilleux ! Son dragon deviendrait vraiment un flls des airs ! Il espérait juste qu'à agir ainsi, ils ne faisaient pas mal aux ailes du petit. Mais aucun écho en ce sens ne lui parvenait. Si Kaalys souffrait, ce ne devait pas être suffisamment important ou alarmant à ses yeux pour qu'il ait à le montrer à son Lié. Le dragonnet paraissait même apprécier ce jeu-là. C'était parfait: ils pourraient y jouer souvent ! Il ne demandait aucune ressource, aucun matériel. Dawan était toujours fasciné de ces moments où lui-même avait l'impression de se détacher du sol, il pourrait recommencer encore longtemps avant de s'ennuyer. Un mouvement d'aile, et ils partirent sur le côté. Dawan agita les jambes, dans l'espoir de compenser cela, et préparer leur atterrissage. Ce fut plus ou moins un échec. Après quelques tentatives pour se rattraper plus ou moins maladroitement, l'elfe acheva sa course le nez dans la neige. Mais bon, la neige… Ce n'était pas si désagréable ! Et Dawan supportait sans souci la position allongée ! Il s'installa un peu mieux, joua avec ce tapis blanc qui le soutenait, mollement… Jusqu'à ce qu'un petit être paniqué le rejoigne. Il avait beau essayer de le rassurer, lui envoyer des pensées de son confort, le petit être ne parvenait à être du même avis: il avait eu peur pour lui ! Le Cawr fit un effort pour se redresser, couvrir son dragon de caresses, grattouilles et mots doux, chantonnant tout doucement pour le rassurer. La tête de Kaalys venant sur son épaule, il passa ses bras autour de lui, pour un petit câlin. Pourvu que Kaalys apprécie également ce geste; lui, il adorait. Et il aurait volontiers passé du temps à le câliner, son tout-petit quadrupède.
Ce dut être le cas. Peu à peu, Kaalys parut s'apaiser. Il ne bougea qu'après un moment passé ainsi, où Dawan avait penché la tête pour poser sa tête contre celle du dragonnet. Lorsque ce dernier se détacha de lui, ce fut pour l'inspecter à la façon d'une mère inquiète. Son bipède le laissa faire, amusé, jouant le jeu. Ses habits étaient bien trempés, le vent lui paraissait un peu plus froid. Sans plus de cérémonie, Dawan reprit son petit contre son ventre, sa place attitrée tant que l'hiver durerait, pour l'emmener là où son coeur le souhaitait. Ils revinrent dans la pièce aux dragons, Kaalys fut délicatement déposé sur le sol. Son Lié observait autour d'eux. Etrange… Il n'avait plus la même sensation, en venant ici. Est-ce qu'au final, ses visites n'avaient pu qu'être des tentatives, de sa part ou d'une puissance qui lui était inconnue, pour lui faire comprendre ce qui l'attendait là. Il aurait dû s'en douter. Son regard glissa vers son Lié, dont les pattes griffues cliquetaient sur la pierre avant de produire le son des tissus remués, s'approchant des deux oeufs restants. Peut-être qu'au final, il était venu au bon moment. Ni en retard, ni en avance, juste le temps de finir de se développer. Il transmettait avec douceur de quoi rassurer son Lié: lui était confiant. Il sentait que ces deux-là trouveraient leurs Liés, tôt ou tard, et pourraient à leur tour découvrir le monde. Si Kaalys le voulait, ils viendraient tous les jours ici, leur tenir compagnie en attendant. Dawan mit le genou à terre pour récupérer son Lié. Il ne fallait pas, par contre, y passer la journée. Ç'urait été dommage d'être né pour finalement agir comme il l'avait fait dans sa coquille ! Kaalys contre lui, Dawan s'était levé, prêt à suivre ses indications. Sa question le déboussola. C'est-à-dire que, euhm… Le dragon allait pouvoir sentir que son Lié cherchait comment expliquer cela.
"- Principalement, dans… Deux endroits."
Il commença à les diriger. Ils passèrent au-dessus d'un jardin suspendu, tandis que, rapidement, Dawan présentait ses appartements à son dragonnet… Et les autres. Ceux qu'il occupait assez souvent. Ceux d'Elrond.
"- Je dors beaucoup avec lui. C'est… Comment t'expliquer cela ?"
Le mot draconique le plus proche était sans doute "partenaire". Mais c'était un bien faible mot pour désigner ce qui le liait au dragonnier de saphir. Portant un peu mieux Kaalys contre lui pour pouvoir lui offrir un câlin tout en marchant, il lui transmit ce qu'il éprouvait: ce sentiment très fort d'affection, d'envie de bonheur, de partage, de vivre avec, de protection, de… de beaucoup de choses. Il aimait Elrond, et chaque instant à ses côtés était précieux. Dormir avec lui était un délice. Et voilà ! Les pensées de Dawan étaient toutes pleines de guimauve et de romantisme, maintenant ! Il avait hâte de passer du temps entre Elrond et son Lié. Pourrait-il alors se sentir plus comblé ? Par chance, ils arrivèrent à temps à l'entrée de ses appartements. Ils étaient relativement en hauteur, dans une sorte de tour assez étroite d'apparence, ceinte de péristyles à chaque étages. Dawan avait sculpté lui-même les décorations des murs de ses appartements, en des motifs sylvestres, draconiques, aquatiques, et géométriques. De grandes fenêtres laissaient la lumière entrer à l'intérieur, et une porte simple permit aux êtres vivants d'entrer également. De là, l'endroit parut plus spacieux. On y trouvait de quoi recevoir un peu de compagnie, ainsi qu'un bureau encombré de paperasse, et quelques instruments tels une harpe, un psaltérion, et un autre qui visiblement était encore à l'étude. Dans un coin, un petit garde-manger prenait la forme d'armoires. Une porte menait à une pièce réservée aux ablutions, l'autre à sa chambre. Ils s'y glissèrent. Elle était sobre: un lit, une table de chevet encombrée de livres, de cailloux plus ou moins taillés, une armoire. La vièle trônait là où Dawan l'avait indiquée.
"- Tu es ici chez toi, Kaalys. N'hésite pas à faire comme bon te semble." L'elfe se laissa tomber sur le lit. "Voudras-tu que je te conçoive un petit nid ? Tu pourras dormir à mes côtés, mais je crains de te faire mal en remuant dans mon sommeil…" |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Mêler ciel et étoiles Lun 8 Fév 2016 - 19:45 | |
| Après sa question silencieuse, Kaalys ressentit la gêne de son Lié. Il semblait chercher la meilleure réponse à offrir au dragonnet et celui-ci attendit sans le presser qu’il s’explique. Il n’avait pas pensé de sa demande puisse requérir tant de réflexion mais il patienta, respectueux. Deux endroits ? Dawan venait d’attiser la curiosité de son petit protégé, ce qui lui fit oublier sa fatigue pourtant grandissante. Alors que l’Elfe avançait dans les couloirs du Domaine baptistral, il essaya de mémoriser le chemin pour s’y retrouver plus tard. Il doutait de s’éloigner du Baptistrel dans les prochains jours mais il valait mieux prévenir.
Alors qu’ils passaient par un jardin suspendu et des couloirs, le petit écailleux écoutait les paroles de son Lié avec attention, essayant de saisir tout ce qu’elles impliquaient. Mais c’était bien difficile de comprendre quel était ce sentiment qu’il sentait dans le cœur du Cawr. Cet Elrond, c’était celui qui se tenait près de Dawan au moment où il avait éclos. Il comprit qu’il y avait un lien très fort entre eux et Kaalys se surprit à en vouloir à son tout jeune dragonnier de tenir autant à quelqu’un d’autre que lui. De la jalousie, voilà ce qu’il ressentait sans parvenir à mettre un nom dessus. Alors, quand Dawan lui offrit un câlin, il se blottit contre lui et, passant sa tête par-dessus son épaule, il le serra contre son petit poitrail jaune-doré. Il aimait de tout son cœur l’être aux oreilles pointues et il craignait de le voir s’éloigner un jour. Et s’il aimait plus ce fameux Elrond qu’il ne l’aimait lui ? S’il passait plus de temps avec l’’autre Elfe qu’avec lui ? Kaalys se blottit davantage encore contre son Lié.
Déjà ils arrivaient aux appartements de l’Elfe aux yeux gris et le petit être magique dû se décoller de lui pour aller explorer la chambre de Dawan. Ses yeux avaient détaillés les sculptures de la pièce principale où il avait reconnu des silhouettes draconiques et sylvestres. Il aimait déjà l’endroit où la lumière entrait et illuminait les lieux. Là encore, il y avait des instruments et si Kaalys n’avait pas compris l’importance de la musique pour celui qui partageait son âme, c’était un moyen de le lui rappeler. Mais comment aurait-il pu oublier les notes pleines de légèreté et d’allégresse que lui avait offertes le Baptistrel ? Pour la chambre, elle restait fidèle à ce que le petit dragon de nacre avait pu imaginer. Simple, on y trouvait bien sûr le même instrument qu’il avait utilisé pour jouer de la musique un peu plus tôt, un lit, une armoire et une table de chevet que la pile de livres qui trônait dessus menaçait de faire s’effondrer.
Une fois libéré de l’étreinte du petit Elfe, le dragonnet aux yeux dorés partit à la découverte des lieux. Il commença par pousser du bout du museau un ouvrage à la couverture brune qui risquait de tomber d’un instant à l’autre tellement son équilibre sur la toute petite table était précaire. Il ramassa aussi une statuette qui n’était pas tout à fait achevée et la déposa avec délicatesse sur la même table de chevet. Encore maladroit avec ce corps qu’il ne maitrisait pas complètement, il manqua de la faire tomber et il mit quelques secondes avant de reprendre son exploration de peur qu’elle ne bascule à nouveau sur le sol et ne se brise. Il s’en serait voulu profondément d’avoir abimé le travail de son Lié surtout qu’il savait à présent ne plus être le seul dans son cœur.
La prochaine étape de son investigation fut dédiée au lit. Après s’être hissé dessus, non sans l’aide bienveillante de Dawan, il en inspecta chaque recoin avant d’essayer de se rouler en boule. Le dos contre Dawan qui s’était laissé tomber sur le lit, il posa la tête sur le drap et se sentit près de s’endormir. Mais il y avait quelque chose qui le gênait. Il essaya donc de changer la position de ses ailes et, se faisant, l’une d’elle heurta involontairement le Cawr. Aussitôt, le petit écailleux se tourna vers lui et lui lécha la main en signe d’excuses. Et puis il transmit son avis sur la question de l’Elfe.
*Avec toi. Et qui te dit que je ne bougerai pas plus que toi ?*
Une lueur pleine de malice s’était allumée dans le regard de Kaalys et il décida de se coucher sur Dawan. Il s’installa à son aise mais bascula sur le côté et abandonna son idée de dormir sur son Lié. Il se coucha plutôt tout près de lui et posa sa tête sur sa poitrine, juste sur son cœur. Après un baillement loin d’être discret, à peine eut-il fermé les yeux qu’il s’endormit. Le dragonnet de nacre avait lutté si longtemps contre le sommeil. Ses rêves le portèrent vers les cieux, son doux Lié sur son dos, ses cheveux blonds dansant dans le vent. Il rêva aussi d’après-midis passés à l’écouter chanter et jouer de son instrument préféré pour le simple plaisir de son petit protégé. Ils auraient encore tant de choses à découvrir et à apprendre demain et encore les jours d’après. Il lui faudrait des forces pour tout cela et le fils de Silarae semblait bien parti pour les récupérer avant leurs prochaines aventures.
[HJ : Si tu voulais poursuivre le RP et que je change la fin pour cela, n'hésite pas à me le dire =)]
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