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Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Chant d'Eau [Orfraie] Sam 26 Déc 2015 - 15:16 | |
| ---Le 3 Janvier, an 7 de l'ère d'Obsidienne Cette heure n'avait pas d'heure. User de chiffres eut été la trahir. Le temps présent était ombres. Le temps présent faisait fi des images. Châle léger et pourtant doux à l'âme, le silence s'était posé sur la forêt comme sur les épaules d'une fragile amie. Un réconfort, un apaisement. Un picotement, léger, venait effleurer sa peau diaphane, la faire frissonner. C'était leur présence, à Elles, les inaccessibles. Il le savait: elles étaient là. Chaque nuit que le temps faisait, l'écho en son coeur devenait visible. Il l'avait tout juste aperçu, avait entendu la surface de l'océan sans fond au-dessus d'eux, les mortels, les créations des huit, les observateurs. Un vertige tel qu'il n'en avait jamais connu l'avait alors saisi, pourtant si familier… Il faisait froid. Rien d'anormal, en Janvier. Rien de plus appréciable sur une terre qui avait été souillée d'une chaleur qui n'était pas sienne. C'était une récompense, ce froid sur sa peau jusqu'en son sang. Le vent doux qui soufflait à travers les arbres aurait poussé plus d'un humain à se recroqueviller à la recherche de sa propre chaleur corporelle. Dawan l'accueillait à bras ouverts, littéralement, l'invitait à se joindre à lui, à ne pas le frapper mais à glisser sur lui. Sa robe voletait, mollement. Elle dévoilait bien trop de peau pour être décente selon les normes qui régissaient le monde des humains. Du moins, si Dawan avait été une femme… Sa gorge et ses épaules étaient nues. Un pan de sa robe avait été remonté, dévoilant un de ses genoux. Ses pieds étaient nus dans la neige. Son châle noir… Il en avait fait un bandeau, noué autour de sa tête, devant ses yeux, se mêlant à ses pâles cheveux, qui désormais effleuraient le bas de sa nuque en tombant. Nul autre apparat: ni vièle, ni bijou. La neige tombait, de temps à autre. Quelques légers flocons, discrets, timides, qui devenaient paillettes d'argent en se posant sur le noir de sa robe, qui devenaient ridules d'eau en rencontrant sa peau. Dawan aimait ces éléments qui venaient à sa rencontre, les recevait avec le même remerciement imprononçable qu'il aurait reçu de l'amour. Les arbres avaient jadis été de grandes ombres pour l'entourer. Ils étaient désormais des vibrations, cette sensation qui les désignait bien plus fidèlement que les images, que les mots. La musique… Des balbutiements de nourrisson, à côté de ces vibrations. Et pourtant, l'unique façon de s'en approcher. L'elfe était lent, très lent. Un pas, un autre, de temps en temps un arrêt. Ses bras restaient ballants le long de son corps. Pas question de les utiliser pour se guider. Ses oreilles, rien d'autre. Vibrations ici, vibrations là… Le froid… Et, au loin, des notes très particulières, et particulièrement attirantes. Le sanctuaire de l'eau. Reconnaissable entre mille. Des notes aussi pures que le liquide argenté qu'il recelait. L'eau, calme ou torrent, bassin apaisé et parfois jets provocateurs vers le ciel. Dawan se décida à suivre ces notes-là, attiré par l'idée du glouglou de l'eau se rencontrant elle-même, attiré par l'idée d'une pause auprès d'un sanctuaire. Sans hâte, sa fragile silhouette tout juste aux couleurs de la lune se faufila entre arbres et flocons. Bientôt, l'eau devint audible autrement que par ses vibrations. Ses doigts frôlèrent l'écorce rêche d'un arbre, avec un très léger crépitement teinté d'humidité. Il ne serait pas seul, auprès de la fontaine. Il y avait un autre être vivant. Il la connaissait… Ou au moins, il l'avait croisée. Elle ne lui était pas inconnue. Loin d'être effrayé, ou déçu, Dawan continua son avancée. Parce que c'était le chemin qu'il lui fallait prendre. Dans le dos d'Orfraie, il s'avança, presque totalement silencieux. Son souffle était calme, posé, et régulier, pour ne pas troubler sa propre écoute. Il créait une fine buée, par sa chaleur. Ses pieds faisaient à peine crisser la neige. Imitant les flocons, il vint se poser délicatement sur une des pierres qui entourait la fontaine. La pierre était dure, gelée. Il n'en avait cure. Il ne souriait pas, n'avait pas l'air grave ou triste. Ses mains s'étaient posées sur le bord de la pierre, près du courant argenté, attendant qu'une goutte vienne les honorer de sa présence. Ses fins doigts étaient tout juste pliés, détendus. Il ne parlerait pas le premier. Il n'avait rien à dire, et n'avait pas à forcer la main de cette elfe-là. Une elfe, oui… Qui avait passé le demi-millénaire. Un chant-nom si complexe… Oh, il ne s'y était pas attardé. Il le percevait presque malgré lui, en l'absence des cornes d'aline qui normalement maintenaient son attention. Mais ç'aurait été indiscret d'y fouiller pour percevoir l'identité de cette personne. Il savait qu'elle tolérait sa présence, c'était ce qui lui fallait. Ils pouvaient tous deux profiter de ce sanctuaire à leur façon.
Dernière édition par Dawan Sywel le Mer 6 Jan 2016 - 23:13, édité 1 fois |
| | | Orfraie Ataliel Administratrice Capitaine Lame Ecarlate Garde personnelle de Luna Dragonnière
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Dim 27 Déc 2015 - 0:36 | |
| Il était si facile de se cacher à la nuit tombée. Il était aisé de se dissimuler dans l’ombre et de se faufiler sans être vue. En cette nuit noire et froide, une princesse était hors de son lit. Ses pieds chaussés de bottes souples foulaient le sol glacé du tunnel qui la conduirait hors d’Estëllin, un tunnel parmi tant d’autres dans le vaste réseau creusé dans la montagne. Elle n’était pas seule, toutefois, car sur ses talons un fidèle compagnon la suivait. Arphen, le jeune husky blanc au front gris, suivait la Princesse Elfique comme son ombre, vif et silencieux. La Sentinelle émergea du tunnel et se retrouva à l’air libre, air dont elle prit plusieurs goulées, la morsure du froid moins brutale qu’attendue. Les tunnels étaient utiles, mais Orfraie préférait de loin être dehors… Son regard, habitué à l’obscurité, vagabonda quelques instants afin de trouver son chemin, puis l’Elfe se mit en route. Ses pas étaient légers, silencieux comme ceux d’un chat. Dans sa tenue verte émeraude, la princesse parvenait à se faufiler dans la nuit sans pouvoir être aperçue. Même Arphen avec sa robe blanche comme la neige parvenait à être discret. Seules leurs traces dans la poudreuse pouvaient témoigner de leur passage… Alors qu’elle avait trottiné jusque là, Orfraie ralentit jusqu’à s’arrêter totalement. La neige tombait en gros flocons et se déposait sur ses épaules et dans ses cheveux en une fine pellicule. La longue chevelure de la princesse avait poussée depuis Sandur et lui chatouillait désormais le creux des reins, c’est pourquoi celle-ci avait été tressée en cette nuit d’hiver. D’un geste milles fois répété, l’Elfe ramena sa tresse sur son épaule droite, en caressant l’extrémité machinalement. Arphen s’était arrêté à son niveau, frôlant son mollet gauche de son flanc droit. Le rythme soutenu qu’avait imposé Orfraie ne l’avait guère essoufflé, mais ce n’était pas le cas du canidé qui tentait de réguler sa température en ouvrant sa gueule, son souffle se cristallisant à l’instant même où il expirait. La frontière du Domaine Baptistral se trouvait à quelques pas, quelques mètres que la Rôdeuse redoutait un peu. Durant l’année écoulée, elle s’était rendue au domaine alors en construction, mais ce soir était la première fois qu’elle y mettrait les pieds depuis la fin de sa conception. Plusieurs minutes s’écoulèrent, les vêtements d’Orfraie terminant de se couvrir de blanc. Finalement, la princesse inspira puis fit les quelques pas tant redoutés. Elle ne portait aucune arme et sentit la magie du domaine l’entourer dès qu’elle eu traversé ses frontières, Arphen toujours sur ses talons. L’ancienne Baptistrelle ferma les yeux, savourant l’étrange sentiment qui enveloppait son être. Cela avait le gout… D’un retour à la maison. Lorsqu’elle les rouvrit, une nouvelle lueur sembla y briller… Ses pas la menèrent tout droit jusqu’à l’endroit souhaité, sans qu’elle ne sache vraiment comment avoir réussi à le trouver d’un coup, alors qu'elle n'en connaissait pas le chemin. La fontaine vif-argent se trouvait désormais sous ses yeux. Baignée par l’unique lueur de la lune, son eau semblait encore plus brillante que d’ordinaire. Les gemmes incrustées dans les rochers se trouvant tout autour contribuaient à rendre le lieu encore plus merveilleux, le baignant dans une aura mystique. L’Elfe s’avança doucement, son regard bleu glacier ne quittant plus les eaux calmes de la fontaine. Ses genoux rencontrèrent doucement la pierre lorsqu’elle s’y laissa choir. Ensuite, doucement, presque tremblante, Orfraie vint caresser la surface de l’eau du bout des doigts… La caresse sur sa peau lui tira un long frisson tendit que la mélancolie l’envahissait soudainement. La boucle était bouclée, mais se trouver là était douloureux, un souvenir brulant de ce qu’elle avait perdu. Si elle avait accepté cela, si elle ne regrettait pas le geste qui l’avait conduit à perdre ses pouvoirs, sa présence en ces lieux faisait remonter un trop plein de souvenirs. Autrefois, ce lieu avait été son sanctuaire... Pourrait-il un jour le redevenir ? Son questionnement fut interrompu lorsqu’Orfraie entendit la neige craquer. Malgré le pas léger de Dawan, celui-ci ne l’était pas encore assez pour espérer échapper à l’ouïe fine du totem du Lièvre… ou à celui d’Arphen. L’husky, qui s’était allongé non loin de sa maîtresse, observait le jeune Elfe avancer sans faire. A quoi bon bondir sur ses pattes si la princesse ne le faisait pas elle-même ? Il n’y avait pas de danger ici, rien qui méritait de montrer les crocs. Alors que Dawan venait doucement s’asseoir sur une pierre, le canidé reposa son museau sur ses pattes en observateur silencieux, mais néanmoins attentif. La Princesse Elfique demeura également silencieuse. La tête légèrement penchée vers l’avant, quelques mèches lie-de-vin dissimulaient son visage et son regard pensif. Elle pouvait entendre la respiration calme et régulière de ce visiteur nocturne, mais ne fit rien pour connaître son identité, engager le dialogue ou le chasser. Celle qui avait contemplé les chants du monde demeura silencieuse pendant de longues minutes, jusqu’à ce qu’une pointe de curiosité s’empare de son esprit demeuré jeune. Ses doigts fins quittèrent la surface limpide pour venir se poser sur son genou droit, puis la princesse se redressa. Son regard bleu glacier se fit pénétrant, lorsqu’il se posa sur Dawan, mais également doux et calme. La princesse était pour l’heure apaisé, heureuse d’avoir retrouvé son élément, ce lieux si cher à son cœur. Heureuse d’avoir fait ce qui aurait dû l’être depuis des siècles. Elle détailla, analysa, le visage de l’Elfe rapidement, les habitudes de la Rôdeuse en elle refaisant surface. Elle avait déjà vue cette personne, même si celle-ci avait légèrement changé… Elle l’avait croisé, réconforté d’une main sur l’épaule. Aléria avait prononcé son nom … Dawan… Un jeune Cawr, de ce qu’elle en savait. Un très jeune Elfe, également. « Im gelir ceni ad lín*, Dawan. » Prononça doucement la princesse dans un murmure, son souffle formant une petit nuage blanc dans la nuit froide. ----------- * Je suis heureuxse de te revoir |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Lun 28 Déc 2015 - 15:56 | |
| L'elfe n'eut pas un geste. À quoi bon ? Bouger la tête n'aurait servi à rien. Il entendait fort bien, et ses yeux aveugles n'avaient plus rien à lui offrir. Un moment durant, il demeura ainsi, statue de chair et d'os. Rien d'inhabituel. Il avait toujours été lent. Passé un temps, sa voix se glissa dans les airs, tout juste assez forte pour être audible malgré le passage de l'eau, malgré le vent qui agitait les cimes dans un sifflement semblable à la pluie.
"- Il n'est pas impossible que je le sois aussi, mais je crains les aléas de ma mémoire. Je crains que votre identité ne soit celle à laquelle j'associe votre voix." Observer son chant-nom eut été simple. Ç'aurait cependant été fort peu respectueux de la personne. Il percevait déjà tant d'éléments qui émanaient d'elle, de sa chaleur et de sa présence… Une joie tranquille, calme. Rien d'anormal en la présence de cet élément. Une autre note tournoyait sagement autour d'Orfraie, moins aisément définissable. Malgré lui, Dawan appuya son attention vers cette note. De la… Nostalgie ? Sans qu'il puisse empêcher quoi que ce soit, des événements revinrent à sa mémoire. Des instants tous juste croisés, à Fort-Espérance, quand il suivait les pas de Fabius tout en se réfugiant dans ses pensées dès que l'ennui le gagnait.
L'identité de sa congénère lui apparaissait de plus en plus clairement, et pourtant il peinait à accepter l'évidence. Le temps avait peu passé, mais il était passé tout de même, et avec lui l'espoir que Vraorg n'ait été qu'un cauchemar. Dawan s'était noyé dans le présent et l'avenir pour épargner à son âme le souvenir de leur ultime bataille. L'espoir un peu fou que n'y pas penser rendrait ce temps moins réel. Le réflexe typiquement mortel… Dawan prit conscience de cela, comme les souvenirs qui revenaient étaient difficile à atteindre. Il ne fallait plus fuir. Il fallait accepter, et aller avec. Ç'avaient été les fondements de leur présent actuel, si douloureux puissent-ils être sur l'instant. Se détacher de la douleur: elle n'avait plus lieu d'être. Le tout jeune Cawr prit une longue inspiration d'air glacé. Accepter. Il ouvrit son coeur, chercha au sein de sa propre mémoire, de sa propre mélodie. Cette voix…
"- Vous m'évoquez autant Fort-Espérance que d'autres instants, plus agités. Etiez-vous donc là quand ils se sont saisis de l'épée, quand de leur propre main ils ont cessé d'exister…" Accepter. Et se concentrer sur les souvenirs qui revenaient. Quand tout avait basculé, quand les lueurs s'étaient éteintes, quand il n'était plus rien resté, que Dawan était tombé à genoux, ses bras autour de son propre petit corps, avant de se saisir d'un minuscule éclat tombé à ses pieds -et désormais noué autour de son coeur par des tissus trop serrés-, à ce moment-là sa voix s'était entendre, répondant à un nom… "Orfraie Ataliel, est-ce bien vous ?" Un nom qui ne lui était pas inconnu, et pour cause ! Un instant, il songea que la princesse préfèrerait peut-être la solitude à sa compagnie. L'instant suivant, il se disait qu'elle lui avait plutôt fait comprendre le contraire. Il avait tout intérêt à rester. Il n'était pas impossible qu'elle ait besoin de compagnie, d'ailleurs. Si ses souvenirs étaient exacts...
"- Ce n'est pas l'exact sanctuaire que vous avez pu connaître." Simple affirmation. Pas de regrets. Leur nouveau Domaine était, certes, différent de Tomingorllo... Mais il avait son charme. "Ysath avait l'air de l'apprécier. J'espère qu'il vous apporte ce qu'auprès de lui vous êtes venue chercher." Ysath, chantepluie. Chantalcool, d'après ceux qui ne l'appréciaient guère -autrement dit, ceux qui n'étaient pas baptistrels, ces derniers lui vouant une affection presque paternelle. |
| | | Orfraie Ataliel Administratrice Capitaine Lame Ecarlate Garde personnelle de Luna Dragonnière
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Ven 8 Jan 2016 - 19:22 | |
| Il était impossible pour Dawan de reconnaître son interlocutrice, si ce n'est grâce à sa voix. Toutefois, les deux Elfes s'étaient croisés bien peu de temps et, sans doute, le Chanteciel ne se souvenait pas d'elle, du moins pas de leur rencontre… Car le nom d'Orfraie était connu, chez les Sylvestres et ça le jeune Cawr ne pouvait l'ignorer. La réaction de ce dernier ce fit attendre, mais cela ne dérangeait pas l'ancienne Baptistrelle. Elle avait toute la nuit devant elle et, probablement, Dawan également.
Comme attendu, il ne se souvenait pas, ou du moins doutait-il de l'identité de celle qui se trouvait près de lui. Le Cawr aurait pu observer son chant nom pour découvrir l'identité d'Orfraie, mais ce dernier avait la délicatesse de ne pas le faire. Cela aurait été une intrusion dans son intimité que la princesse aurait guère apprécié … Peut être, toutefois, que le jeune Elfe parviendrait à se souvenir d'elle en écoutant les quelques notes qui s'échappaient de son être… Ils s'étaient croisés plusieurs fois à Sandur et plus particulièrement lors de la Bataille du même nom … Saurait-il reconnaître ces quelques notes ? Curieuse, Orfraie l'observait avec les yeux de la Baptistrelle qu'elle avait été, imaginant sans mal quel genre d'analyse il pouvait être en train de mener.
Soudain, le jeune Elfe évoqua l'heure sombre où les Esprits s'étaient donné la mort. Lorsqu'ils s'étaient tous tués avec l'Epée. Se remémorer ces souvenirs semblait être douloureux pour le jeune sylvain, ce que la Rôdeuse comprenait parfaitement… Elle avait elle-même assisté à ces événements et seul un immense sang froid lui permettait de ne pas être dépassé par cet événement tragique.
" Oui. " Se contenta de répondre Orfraie, lorsque Dawan lui demanda confirmation. Ses doigts vinrent ensuite caresser de nouveau la surface glacée de l'eau argentée, son regard se perdant dans les légers remous qu'elle causa. Non, en effet, ce sanctuaire était, à bien des égards, différent de celui qu'elle avait connu … Mais de l'autre, il lui était semblable en tout point. Orfraie n'était pas venue chercher l'exacte copie de ce qu'elle avait connu… non, elle était venue pour ressentir de nouveau ce sentiment de quiétude qu'elle avait toujours ressenti près du Sanctuaire de l'Eau. " Je n'en doute pas. Physiquement, il est différent de celui que j'ai connu jadis… Mais ce qu'il me fait ressentir … n'a pas changé. "
Orfraie continuait à observer la surface aqueuse lorsqu'Arphen, qui observait la scène jusque là, se leva. Il fit légèrement crisser la neige sous ses pattes en s'approchant de Dawan, dont il vint humer le parfum, curieux.
" Vous êtes jeune, pour un Cawr. " Fit Orfraie, qui n'avait pas le moindre doute concernant le fait que Dawan était bien un Cawr désormais. " Quel est votre élément ? " Demanda t-elle ensuite, sans jamais quitter du regard la surface de l'eau. |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Jeu 14 Jan 2016 - 21:16 | |
| Les ridules créées par les gestes d'Orfraie envers l'eau parvinrent jusqu'aux doigts de Dawan. Il ne les perçut que faiblement. C'était suffisant: sa main suivi le mouvement créé par l'ancienne chantepluie, pour ne pas devenir un obstacle aux petites vaguelettes. Le crissement de la neige lui apparut aussi distinctement que si ç'avait été une voix humaine. Un seul crissement, et il discernait avec précision la patte à son origine, le poids de l'animal, les actions qu'il avait eues, et sa proximité. Sentir son souffle chaud et humide sur sa peau, à travers parfois le tissu de sa sombre robe, ne surprit pas le petit elfe. Il laissa faire, malgré l'impression d'avoir plus froid encore lorsque la chaleur s'écarta. Les elfes avaient une faible odeur, qui s'imprégnait souvent rapidement de leur environnement. Il devait sentir la neige et le pin, avec peut-être un fond d'odeur issue du Domaine, des parchemins et des légumes qui l'avaient nourri, chacun à leur façon. Très lentement, Dawan détacha une de ses mains de l'eau, pour la proposer au chien-loup, la tenant tout de même à distance de lui. S'il le voulait, cet elfe-là pouvait lui offrir de l'affection.
La remarque offerte par la princesse à ce moment-là maintint Dawan dans le silence plus longtemps que ce qui était socialement admis comme un temps de réponse. Il était jeune, pour un Cawr. Il le savait. Il l'avait lu dans beaucoup d'attitudes envers lui, dans beaucoup de regards, de mots, de gestes. Une question qu'un Enwr allait poser à un autre maître, poliment, le regard pétillant d'admiration d'un autre Enwr qui rêvait de pareil sort, les écoutes plus ou moins attentives, les attentes… Personne ne pouvait le nier. Eawyn lui-même le lui avait dit, peu de jours avant la cérémonie: de sa mémoire, nul Cawr n'avait été aussi jeune. Comme son apprenti, pâle d'inquiétude, craignait que cela joue en sa défaveur, il l'avait rassuré au mieux, rappelant que l'âge n'était pas témoin de ses capacités, principalement. Dawan l'avait écouté, silencieux, plongé dans la contemplation de l'encre sur le papier, et le grain de ce dernier. Il doutait en ses capacités. Il doutait de sa légitimité. Il s'était dit qu'il n'était là, élu, composant son chant, que parce qu'un esprit l'avait saisi dans ses bras et étreint. Il s'était dit cla…
Puis il avait embrassé son élément. Il avait embrassé le monde entier jusque dans son atomicité. Jamais il ne s'était senti à ce point mêlé à lui. Plongé dans le vertige d'ombre et de lumière des étoiles, sans souffle autre que celui d'une magie au-delà des éléments et pourtant intrinsèque à ces derniers, il n'avait plus été question de légitimité, plus question d'âge, et les avis des autres mortels ne comptaient plus. Il était à sa place, et ces vibrations qu'il percevait lui paraissaient être l'essence même de son existence.
Oui, il était jeune. Peut-être bien qu'il n'était pas légitime et ne devait sa place qu'à un agencement de circonstances heureuses, ou peut-être avait-il travaillé dur, à sa façon. Peu importait. Malgré elle, Orfraie venait de lui rappeler tout cela: ce jour où sa voix s'était offerte aux étoiles, et le peu d'importance qu'avaient ces réactions, au final, en comparaison avec tout ce qui s'était créé par le choix des Cawrs de faire de lui l'un des douze. Il ne tenait qu'à lui désormais de faire que cette élection qui l'avait tant transcendée puisse un jour transcender ceux qui étaient chers à son coeur. Il était jeune, oui… Cela lui laissait du temps pour tout travailler. Et il s'y mettait dès maintenant. Orfraie lui confirmait qu'il était sur la bonne voie, qu'il faisait les bons gestes. Ce temps nocturne, ces yeux bandés… Ce n'était pas pour rien. Mais… Ne lui avait-elle pas posé une question ? L'expression de Dawan ne changea pas, bien que son esprit ait effectué une véritable volte, se tournant dans une toute nouvelle direction, mais en gardant les mêmes mécanismes. La mémoire… Il entonna quelques notes dénuées de paroles. Un chant doux et profond, malgré sa voix si aiguë que même au sein des elfes il était compliqué de l'associer à un mâle. La mélodie était aussi claire que l'eau à leurs pieds, aussi pure que la neige immaculée. Elle était tendresse, elle était l'amour et la mort qui dansaient ensemble, la joie et la peine qui cohabitaient. Lorsqu'il estima avoir fini, avoir répondu de la façon la plus juste possible, il s'essaya au langage malhabile des siens:
"- Ce soir elles me donnent l'impression d'être de véritables frissons sur ma peau. J'aime leur présence, je la recherche. Les autres Cawrs disent que je suis un Chanteciel, depuis que pour elles j'ai chanté…" Ses mains revinrent sur son coeur, comme pour vérifier qu'il restait à sa place malgré les émotions que ses souvenirs ramenaient à lui. Il prit une très longue inspiration qui s'acheva par un soupir d'amoureux transi. Elles étaient ses mères, ses soeurs, ses ancêtres les plus éloignées et ses plus proches congénères. Hors d'atteinte, et pourtant une partie de lui. Jamais il n'aurait su l'imaginer avant de connaître cela. Ses mains restaient sur son coeur, alors qu'il murmurait, entre la brise et les flocons qui se mêlaient à sa pâle peau: "Qu'êtes-vous venue trouver, Dame Ataliel ? Laissez-moi faire de mon mieux pour vous l'offrir. Cherchez-vous la musique ? La danse ? Des vibrations particulières ? Ou peut-être juste…" Une de ses mains partit vers l'eau, à laquelle elle se mêla sans bruit avant de soulever, en son creux, un bout de liquide qu'elle laissa ensuite retomber en un mince filet. Les vibrations étaient une musique toute particulière, faite de trilles guillerettes, aussi lumineuses que ces reflets de Lune qu'il ne pouvait voir. "…Une émotion ?" Si de la bouche d'un autre personnage cela aurait paru être une tentative de séduction peu subtile, cela paraissait totalement improbable de la bouche de Dawan. Il était loin, bien trop loin de penser à cela. Il était un grand enfant, qui ne connaissait les besoins liés à la puberté. Les émotions qu'il proposait à Orfraie étaient faites de musique, de chants, d'histoires et d'éléments. Il lui proposait de vivre son fragment d'univers favori, cet instant de vie qu'elle pouvait chercher. Les soins de l'âme ne devaient-ils pas être travaillés au même titre que les autres ? |
| | | Orfraie Ataliel Administratrice Capitaine Lame Ecarlate Garde personnelle de Luna Dragonnière
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Jeu 21 Jan 2016 - 23:11 | |
| Orfraie venait de faire une simple constatation, elle ne portait pas spécialement de jugement. Dawan était jeune, c’était indéniable. Généralement, la formation d’Ewnr d’un Elfe durait deux cent ans, la princesse ne se trompait donc pas. Toutefois, elle ne doutait pas un seul instant des capacités du jeune Elfe. Lors de leur très brève rencontre, durant la Bataille de Sandur, elle avait entraperçu chez le jeune homme une force tranquille … Mais il lui restait également tant de chose à apprendre et il en découlait donc également une certaine naïveté touchante, rien de péjoratif dans son cas. Dans tous les cas, son âge n’était pas témoin de ses capacités. Peut-être avait-il seulement moins de sagesse, et encore cela n’en était pas moins certain.
Toutefois, il semblait à Orfraie que le jeune Cawr ait mal prit sa constatation car ce dernier demeura silencieux de longues secondes. Légèrement inquiète – Elle ne souhaitait aucunement le froisser – la Rôdeuse tourna donc son regard vers lui, les sourcils légèrement arqués. Elle observa Arphen sentir la main tendue du petit Elfe avant d’avancer sa tête, lui permettant quelques caresses…
Dawan semblait simplement pensif. Peut-être se remémorait-il la cérémonie ? Cela ne serait guère étonnant pour un Maître Baptistrel fraîchement nommé. Orfraie se rappelait la sienne dans les moindres détails malgré les siècles écoulés. Comment pouvait-elle oublier un moment aussi important de sa vie ? Le serment de vérité avait changé son existence à tout jamais et d’avantage encore lorsqu’il avait été brisé.
Assez soudainement, la Princesse fut tirée de ses songes. Son regard revint se poser sur le visage du jeune Elfe. Celui-ci entonnait quelques notes douces et profondes, cela malgré sa voix aiguë. Dawan ne pouvait le voir de ses yeux, mais peut être pouvait-il sentir le sourire d’Orfraie, le voir flotter à la surface de son chant nom. La mélodie était douce et pure, un mélange parfait entre la vie et la non vie. A travers ce chant qu’Orfraie écouta avec la plus grande attention, elle comprit ce que le jeune Cawr souhaitait lui dire. Elle ressentait en sa présence quelque chose qu’elle ressentait également lorsqu’elle était avec son amante. Orfraie devina que Dawan était lié aux étoiles, si lointaine et si proche à la fois, si mystérieuses et intrigantes, gardiennes des cieux et de la terre. Toutefois, celui-ci jugea que des mots étaient peut-être nécessaire à la compréhension d’Orfraie. Le chant se tut aussi rapidement qu’il était né, et le jeune Cawr reprit la parole. Cette fois, la Rôdeuse le regardait et ne put que sourire en l’écoutant. A travers Dawan, elle avait l’impression de se revoir bien des siècles en arrière, lorsque pour elle aussi son serment était récent. En écho au jeune elfe, sa main droite vint se poser sur son cœur. Comme à chaque fois, l’émotion le submergeait … Toutefois, un peu moins depuis que Saemon l’avait aidé. Son chant nom devait être un véritable champ de bataille, songea-telle avec une pointe d’ironie.
La question du jeune Elfe prit Orfraie au dépourvue. Ce qu’elle était venue chercher ? Une émotion, peut-être bien … Oui, une émotion. Elle était venue chercher la satisfaction d’avoir bouclé une boucle, d’être revenue là où sa vie avait pris tout son sens, autrefois. Elle avait eu grandement besoin de ce… retour à la source. Ne sachant toutefois quoi répondre exactement, la princesse préféra une autre méthode pour s’exprimer. Son regard retrouva l’eau argentée dans laquelle elle plongea doucement sa main droite, puis elle entonna doucement quelques notes. Sa voix n’était qu’un murmure, mais cela suffisait amplement pour s’exprimer. Elle était douce et claire, légèrement grave. Les notes furent d’abord joyeuses, puis devinrent douloureuse, puis mélancolique et enfin sereine …
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| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Ven 29 Jan 2016 - 15:24 | |
| Elle n'aurait pu être plus claire. Les mots auraient été trop sobres et trop superficiels pour ce qu'elle voulait transmettre. Même sans ses pouvoirs, l'ancienne Chantepluie gardait une voix maîtrisée tant dans sa forme que dans le fond, même si les vibrations n'étaient sans doute pas ce qu'elles auraient pu être si elle avait encore pu les percevoir et jouer avec elles. Dawan ne put qu'esquisser un petit sourire teinté de compassion. Il devinait, ou au moins il imaginait, malgré lui. Sans se souvenir du visage d'Orfraie, des couleur qu'elle portait, il la voyait pourtant chanter au milieu de vibrations encore neuves pour elles. C'était attendrissant. Et en cette image Dawan se reconnaissait un peu. Il imagina un monde fait de musique, dans l'ancien domaine de Tomingorllo. Vint ensuite la douleur. Dawan n'avait pas encore ouï de mensonge, mais de temps en temps la douleur venait troubler les vibrations environnante. Les seuls petites douleurs d'un Enwr maladroit l'avaient déjà fait vaciller, le rendant nauséeux et migraineux. Il ne voulait imaginer ce qu'Orfrie avait dû ressentir, mais n'en eut pas le choix. Son esprit le lui imposa, froissant son sourire. Tout jeune chanteciel encore, il percevait difficilement comment les vibrations pouvaient se briser autour de lui sans le briser, net, comme un bois sec que l'on aurait rempli de sang. Cette fois-ci, ce fut sa propre mort qu'il perçut à travers ce souvenir. Il croyait même savoir comment elle adviendrait.
Ainsi il suivit Orfraie, ses sentiments variant au rythme de ceux qu'elle exprimait. La mélancolie, il la vit comme une cruelle absence, comme celle qui avait jadis hanté Silarae. Une solitude au sein de soi, qui à jamais resterait. Dans l'image qui venait à son esprit, Orfraie se tenait seule, le dos tournée à la forêt, au sommet d'un relief venteux, désert. Il se leva, autant dans son rêve éveillé que dans les faits. Il lui tendit sa main, tendit sa main vers le vide, et dansa avec cette partenaire invisible, regrettant qu'autour d'eux l'air ne soit pas plus appuyé, plus violent, une étreinte forte pour remplacer ce qu'ils avaient perdu, ceux qu'ils avaient perdu. Dawan avait sa propre mélancolie, différente. Il n'y avait meilleure façon de l'exprimer, et mêler un chant inaudible à celui d'Orfraie, que par cette danse, ces pas lents et gracieux, ces mouvements de main qui jouaient avec ce que nul ne voyait. La mélodie changea à nouveau, et Dawan s'arrêta de danser, se figeant. De ses lèvres entr'ouvertes, sans sourire, s'échappaient une fine buée, et ses yeux toujours masqués empêchaient de discerner les émotions qu'ils auraient pu dévoiler, le sujet de son attention qu'ils auraient pu indiquer. Il était un peu triste. Orfraie venait de lui montrer qu'il avait perdu nombre des raisons qui jadis l'avaient amenées à cette note. Dans ce nouveau monde qu'ils créaient lentement, jour après jour, elle était tout juste ébauchée, et teintée de craintes qui n'étaient pas encore estompées. Il dut rester un moment ainsi, à chercher, alors que la seule image qui lui venait était une Orfraie qui jouait doucement avec l'eau de son ancien sanctuaire. Il songea aux instants liés à son serment, il songea à la promesse secrète du retour de Luna, à quelques instants partagés avec Elrond, dans le noir ou la lumière tamisée de l'avant-aube, de l'après-crépuscule. Des instants passés seul, avec les éléments, la musique…
Il lui restait au moins cela. Un peu rassuré, mais oubliant d'en témoigner physiquement, Dawan revint auprès d'Orfraie, s'assit à même la pierre gelée, étalant en partie le tissu de sa robe sombre autour de lui, sans prendre le soin néanmoins de cacher sa pâle cheville, le bas de ses fines jambes. Lorsque la voix d'Orfraie se tut, lorsqu'il n'y eut plus que les sons du sanctuaire pour les bercer, Dawan crut comprendre. D'un mouvement de main, il créa une sphère de lumière, entre Orfraie et lui, avec un fin sourire. Elle ne lui servirait pas, il était aveugle, et pas encore prêt à retirer son bandeau. Une de ses main prit de la neige, l'autre partit s'essayer à contenir en son creux un peu de l'eau du sanctuaire. Il mêla le contenu de ses deux mains et le maintint en elles. D'un mouvement qui à nouveau ressemblait à de la danse, il se leva, pour venir derrière l'ancienne chantepluie. Posant ses mains à la jonction entre son front et ses cheveux, il lui proposa de pencher légèrement sa tête en arrière, en silence. Quand ce fut fait, il libéra lentement l'eau froide de ses mains, la laissant onduler entre les cheveux de sa congénère, le long de son visage. Il avait eu le sentiment de sa permission, le sentiment de bien faire. Restaient à espérer qu'il percevait avec précision ce genre d'émotions, et ne s'était pas trompé. Il attendit un peu, que la dernière goutte se soit écoulée. Ses doigts vinrent se mêler aux cheveux de sang de la princesse, caressant avec lenteur son cuir chevelu, y étalant plus encore l'eau glaciale. |
| | | Orfraie Ataliel Administratrice Capitaine Lame Ecarlate Garde personnelle de Luna Dragonnière
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Jeu 11 Fév 2016 - 18:56 | |
| Cela faisait un certain temps qu'Orfraie n'avait pas chanté ainsi. Ou chanter tout court … Après la perte de ses pouvoirs de Baptistrelle, la Princesse elfique s'était faite bien silencieuse… La moindre note l'avait longtemps fait souffrir. Avec Dawan, elle sautait un nouveau pas, brisait une barrière de plus et ce dernier pouvait être fière de cela. La voix d'Orfraie ne serait toutefois jamais aussi précise que jadis, car elle ne pouvait plus en percevoir les vibrations…
Sans prendre le moindre gant, la princesse fit découvrir au jeune Cawr le tumulte de ses sentiments, toutefois peut être aurait-elle dû être plus attentive afin de ne pas le faire trop souffrir. Lui chanter la douleur qu'elle avait ressentie autrefois forçait Dawan à la ressentir à son tour … Mais ce dernier parvint à la surmonter.
Du coin de l'œil, la princesse observa le jeune Elfe se mouvoir, accompagnant son chant d'une danse. Toutefois, il s'arrêta dès que les notes chantées par Orfraie changèrent, celle-ci devenant plus sereines, à défaut d'être joyeuses. Ces notes correspondaient à l'instant même où elle s'était trouvée un but, lorsqu'elle était partie combattre, ce qui pouvait être paradoxal… Sur la fin, les notes devinrent plus douces encore… correspondant à une rencontre bien particulière qu'Orfraie avait faite récemment dans sa vie : Celle d'Aléria. Une relation compliquée, potentiellement destructrice, mais dont elle avait besoin, dont elle ne pouvait plus se passer. Ce fut sur ces notes plus joyeuses que la Rôdeuse redevint silencieuse, ses doigts caressant toujours la surface de l'eau.
A côté d'elle, Dawan revint s'asseoir sur la pierre gelée qu'il avait occupée précédemment, le tissu sombre de sa robe étalé autour de lui. Plongés dans l'obscurité, le duo resta silencieux … jusqu'à ce que le jeune Elfe créait une sphère de lumière d'un mouvement de la main. La lumière éblouie Orfraie quelques secondes, le temps qu'elle s'habitue à cette soudaine clarté. La sphère créée par Dawan pouvait représenter, pour Orfraie, la lumière qu'elle avait réussi à retrouver peu à peu au fil des siècles… Cette constatation la fit doucement sourire.
C'est alors que le jeune Cawr quitta son rocher pour s'approcher d'Orfraie, qui l'observa faire. Même aveugle, il n'eut aucune difficulté à venir auprès de la princesse, qui le laissa se placer derrière elle. Dès qu'elle sentit sa main froide sur son front, l'ancienne Baptistrelle se laissa faire et pencha légèrement la tête en arrière, touchant presque le ventre du jeune elfe avec l'arrière de son crâne. Les paupières closes, elle frissonna lorsque l'eau glacée entra en contact avec son cuir chevelu, mais la sensation n'avait rien de désagréable, au contraire. Pour Orfraie, ce geste n'avait rien d'anodin. Grâce au jeune Cawr, elle renouait totalement avec son ancien élément. L'eau continua de s'écouler dans ses cheveux et sur ses tempes, traçant des chemins glacés sur sa peau claire. Lorsqu'il n'en resta plus une goutte sur sa peau, la Rôdeuse leva sa main droite et vint doucement enroule ses doigts autour de ceux de Dawan, qui se trouvait toujours derrière elle. Par ce simple geste, elle le remerciait. Les mots n'auraient, de toute façon, jamais été assez fort pour transmettre ce qu'elle voulait lui faire comprendre… |
| | | Dawan Sywel Baptistrel Chanteciel
| Sujet: Re: Chant d'Eau [Orfraie] Dim 28 Fév 2016 - 19:10 | |
| Le froid. D'autres mains, d'autres peaux, auraient été brûlées de toucher ainsi la neige, aussi longtemps. Dawan y avait enfoui ses jambes, jusqu'aux genoux. Le vent sidéral s'était infiltré dans ses habits, dans les moindres pores de sa peau, et tout le long de son crâne. Il était froid, il était le froid. Ses mains de neige et d'eau glaciale mêlées faisaient danser, autour de ses propres vibrations, les notes de l'hiver. Les cercles que traçaient ses doigts sur le crâne de l'ancienne Chantepluie étaient les flocons, étaient la brise. Sa peau était entre l'eau et la glace. Le léger frottement des cheveux de son aînée mimait le crissement de l'étendue blanche autour d'eux. Le vent et le bruissement de l'eau étaient des voiles posés sur leurs épaules, soyeux, dansant légèrement. Ses ongles effleuraient tout juste le crâne d'Orfraie, sans griffer. Dans la mélodie que créaient les gestes, c'était une blanche, l'ultime, celle qui s'éteignait en un soupir qui liait musique et silence, éteignait les frénésies pour ne laisser que la paix profonde qu'apportaient les harmonies. Les doigts d'Orfraie le retinrent un instant. Dawan resta en suspens, totalement immobile, n'osant pas même respirer. La musique s'allongeait sur une note nouvelle, qu'il percevait parfaitement bien. Reconnaissance... C'était compréhensible. Pour une fois, il sentait que ce n'était pas un injuste sentiment, un compliment immérité. Ce n'était pas lui qui était remercié. C'était au-delà de lui, un symbole, une entité qu'il avait créé, autour du sanctuaire, par les notes qui unissaient le monde, celles qui avaient pu unir Orfraie à son élément. Il avait appelé à eux les notes, s'était effacé pour qu'en lui puissent se loger celles qui étaient nécessaire à l'accomplissement de la mélodie d'Orfraie. Ce remerciement qu'elle ne prononçait pas allait à l'intégralité des éléments qui composaient terre, air et cieux. C'était au-delà de la politesse et du respect. Dawan connaissait ce sentiment pour l'avoir joué à la vièle dans ses prières éperdues, adoratrices.
Les notes en lui jouèrent quelques trilles supplémentaires, légères, et ses doigts vinrent offrir une légère prise à ceux d'Orfraie. Sans mots, il assurait, sans que cela n'émane de lui, que le remerciement était perçu, et qu'il n'était pas nécessaire d'aller au-delà, et ce serait de trop que de chercher à offrir un retour. Il n'y avait pas de retour possibles. Envers les êtres, de tels gestes se faisaient. Pas envers les éléments. La main de Dawan se glissa hors de celle d'Orfraie, le long de ses cheveux, plus légère que ce vent nocturne. Des mouvements linéaires l'écartèrent d'elle, le mirent debout. Ses lèvres étaient définitivement closes. Parler aurait souillé l'instant. Il avait tout juste un fin sourire de joie subtile. Ses propres bras vint enlacer son corps, et la magie l'imita, courant sur toute sa peau jusqu'en ses veines. Au milieu de la nuit, aussi invisible que la cape des ombres le lui permettait, il éclipsait sa propre existence. Plus un bruit n'émanait de lui. Il s'était effacé comme un mirage, et s'écartait, désormais. Orfraie ne devait plus se préoccuper d'un être vivant. Ils en auraient le loisir en d'autres instants. Mais celui-là lui était précieux. |
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