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| Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine | |
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| Sujet: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Sam 13 Déc 2014 - 15:21 | |
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--- 4 Juillet ---
Ridicule… il était foutrement ridicule. Bon sang, mais dans quoi s'embarquait-il avec cette histoire ? Il allait se faire trancher en tout petits morceaux et servirait d'offrande funèbre, c'était pratiquement certain ! Quelle folie l'avait prit pour vouloir être présent lors d'une cérémonie comme celle-ci ? Chaque fois qu'il retournait le problème il se trouvait une nouvelle raison de ne pas y aller et une nouvelle raison au passage de se traiter lui-même d'imbécile. Néanmoins, imbécile ou non, il irait… c'était décidé et il ne revenait pas sur pareille décision même si ça devait lui coûter la vie. Il se devait d'y aller. Il se devait d'essayer de renouer. Il le fallait, absolument. C'était sa seule et unique chance de renouer avec les siens de la façon la plus tranquille et la plus symbolique possible… Mais cela l'angoissait énormément. Si quoi que ce soit n'allait pas, si l'un d'eux ne se comportait pas correctement, ça risquait de dégénérer. Il n'en avait pas du tout envie. Et ferait tout pour que ça n'arrive pas. Roëric était plutôt en odeur de sainteté auprès des glacernois après la bataille et ce qu'il avait fait pour Svenn mais euh ? Lui avait été considéré comme un traître et avait été contraint de s'expliquer pour rétablir la vérité, la gamine risquait de le faire tuer si elle ouvrait la bouche (fort heureusement elle ne le ferait pas, du moins si elle avait le sous de jugeotte qu'il lui avait finalement trouvé), et Eliowir… euh… et bien ils avaient sans doute assez discuté de cette affaire pour qu'il sache qu'il valait mieux être prudent.
Inspirant profondément, il acheva de nouer la dernière attache d'argent de sa tunique et releva un instant le nez pour observer le volume écrit dans la langue du nord qu'il possédait. L'un des seuls d'ailleurs. Se forçant au calme, il sortit finalement de la pièce et rejoignit Eliowir dans la cour de Fort-Espérance. « Allons y... » L'appréhension lui ôtait quelque peu sa prolixité habituelle. Il n'avait pas forcément envie de parler en pareil instant. Ils retrouveraient la vampiresse un peu après, puisqu'il avait décidé de passer récupérer Roëric des griffes des guérisseurs qui s'occupaient de lui. Aux petits soins, ce qui était bien naturel puisqu'il était dragonnier. Isyndar ne serait pas présente lors de la cérémonie, néanmoins, il la salua lorsqu'ils arrivèrent à destination. Roëric… il s'en voulait encore de ne pas avoir pu faire davantage pour lui après la bataille, bien qu'il soit resté au maximum à son chevet pour aider à ses soins, craignant bien trop de perdre un de ses dragonniers… et un individu qu'il commençait à apprécier. Arrivant donc dans le bâtiment où il séjournait durant sa convalescence, il s'arrêta et l'observa platement. « Je suis navré de n'avoir pu vous visiter plus tôt… j'ai eu… beaucoup à faire » Beaucoup et beaucoup qu'il devrait lui transmettre bientôt, mais ce n'était pas encore le moment. Ils avaient tous d'autres priorités pour le moment, les funérailles étant les plus immédiates. Croisant les bras, il se décala pour laisser entrer Eliowir à son tour.
« Voici mon fils, Eliowir. Il va nous accompagner pour la cérémonie » Lui aussi avait apparemment un antécédent avec les loups même si Aegle n'avait pu lui dire exactement lequel. « J'ai également reçu le plaidoyer d'une jeune vampiresse de se joindre à nous. Je le lui ai permis, ayant simplement précisé qu'elle n'ouvrirait la bouche qu'une seule fois au cours de la cérémonie… la chose sera suffisamment délicate ainsi » Il se fit un instant plus sombre, brisant son impassibilité. Il savait que l'autre dragonnier ne devait pas vraiment briller d'optimisme et de joie de vivre en ce moment, inutile donc qu'il apprenne au tout dernier moment qu'ils avaient de la compagnie. Ça aurait été encore plus difficile. « Si vous êtes prêt, nous pouvons y aller…. » Il ne voulait pas proposer de le soutenir à moins d'y être contraint, l'autre avait sa fierté et ne voudrait sans doute pas se présenter en faiblesse devant le peuple du nord…. Du moins, c'était une simple déduction. Il saurait assez vite s'il avait vu juste.
@Roëric Alokor @Eliowir Serillëiel @Veren Sarjaa
Dernière édition par Achroma Seithvelj le Ven 23 Jan 2015 - 16:51, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Dim 14 Déc 2014 - 17:55 | |
| La douleur était omniprésente, mais pratiquement sous contrôle, ce qui n'avait pas toujours été le cas. Roëric se rappelait encore du moment où il avait été blessé, et du feu qui avait alors ravagé son corps de l'intérieur. Terrible arme que celle des alayiens. Enfin, ils avaient été vaincus, ce qui était le principal. Son adversaire était sous les verrous et son honneur, sauf. Il l'avait empêché de nuire. Les résultats étaient là, quoiqu'Isyndar fusse furieuse qu'il soit rentré dans cet état. Aux portes de la mort. La guerre n'était jamais une partie de plaisir, mais sa vie n'était plus la seule à être en jeu désormais. Allongé, le tête reposant contre plusieurs coussins, le vampire lisait un livre de philosophie. Un ouvrage datant de plusieurs siècles, écrit par un ermite persuadé d'avoir atteint l'illumination. Perspective intéressante, mais Roëric n'avait aucune envie de suivre pareil exemple. Et quand bien même l'aurait-il voulu que c'était maintenant impossible. il était lié. Pour le meilleur et pour le pire. Mais là ne résidait pas l'intérêt de la lecture. Celle-ci lui changeait simplement les idées. Éloignant ses pensées de la douleur, qu'elle fusse physique ou psychologique. Il n'avait pas seulement été blessé lors de cette bataille. il y avait aussi perdu un fils. Ou tout comme. Et aujourd'hui était le jour de ses funérailles. Il y avait été convié. Les loups n'étaient pas des animaux ingrats, un aspect qu'il appréciait chez eux. Néanmoins il avait préféré ne pas y aller avec Isyndar, sachant ce que les hommes du nord pensaient des dragons. Sa liée lui rappela qu'il était bientôt l'heure, alors il se leva. Après une brève et douloureuse toilette, il se vêtit quoi qu'avec difficulté. Puis il mit Sophia à sa ceinture, n'envisageant pas de se séparer d'elle, même pour des funérailles. Il était fin prêt lorsqu'Achroma arriva. Lui aussi avait décidé d'aller rendre hommage. Une décision honorable mais dangereuse. Les nordiques n'appréciaient guère les vampires. Cela dit, ils étaient tous sous le coup de la trêve. Il hocha simplement la tête devant les propos du vieux vampire. Le devoir avant tout. Il n'y avait rien d'autre à ajouter, c'était là quelque chose que le Maître-Lame comprenait parfaitement. Néanmoins il plissa légèrement ses yeux gris quand on lui présenta les suivants de l'Aîné. Un bébé vampire et... quelque chose de pire encore. C'était une très mauvaise idée. Mais Roëric était blessé, déjà fatigué et n'avait aucune envie de polémiquer là-dessus. Son interlocuteur devait savoir ce qu'il faisait, et le cas échéant, il prendrait ses responsabilités. Il haussa donc les épaules, signifiant ainsi que ce n'était pas son problème. Ce n'était pas très respectueux, mais la relation entre les deux dragonniers évoluaient en ce sens, sans compter que la douleur désinhibait le jeune vampire. Oui, allons-y. Comme l'avait probablement deviné Achroma, qui commençait à le connaître, il avait bien l'intention de se rendre là-bas par lui-même, avec ses propres forces, et non porté par qui que ce soit. Il était Roëric Alokor, Maître-Lame et dragonnier. Le plus grand épéiste du continent. Le jour où il aurait besoin d'aide pour marcher, il ne resterait plus qu'à l'achever. "A tout à l'heure ma liée. Je serai vite revenu." Le petit groupe se mit donc en route vers le lieu de la cérémonie. |
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Mer 17 Déc 2014 - 0:32 | |
| Dire qu'il était nerveux était un doux euphémisme. Il tentait de n'en rien montrer, tandis qu'il attendait dans la cour, mais intérieurement, il sentait mille et une pensées bouillonner en lui. On lui avait parlé d'un certain Havard Svenn, décédé lors de la bataille qui avait ravagé Aigue quelques jours plus tôt. Un fier Nordique, de ce peuple de Glacern lui avait-on dit, de ce peuple ancien qui avait longtemps combattu les vampires. Selon Achroma, il aurait connu l'homme du Nord, même si les circonstances exactes et leur relation ne lui avaient pas été révélées. Le millénaire l'avait donc encouragé à aller aux funérailles du Roi du Nord. En hommage à l'homme qu'il avait connu, certes, mais aussi pour éventuellement faire revivre certains souvenirs.
Pour tout dire, toutes ces raisons n'avaient pas eu besoin d'être. Qu'Achroma le lui demande aurait suffit à le décider à y aller. Si l'Ancien le lui demandait, c'est qu'il y tenait ou jugeait important qu'il y soit, et Eliowir n'aurait alors aucunement protesté. Mais il devait avouer qu'effectivement le mot souvenirs avait de quoi aviver qui plus est sa curiosité. Si avide de les recouvrer, si impatient qu'il revienne...
Il avait donc accepté la proposition du millénaire, et c'est ainsi, qu'il attendait, nerveux, rongeant son frein en silence, dans la cour de Fort Espérance. Achroma semblait bien plus nerveux encore, si nerveux qu'Eliowir avait préféré le laisser seul un instant. Même si cela le démangeait de rester à ses côtés, même si laisser son Père se ronger ainsi d'inquiétude et d'il ne savait quoi le mettait au supplice, il s'était résolu à ne pas envahir trop l'intimité de son prince.
Il se demandait parfois d'ailleurs s'il n'était pas trop envahissant, trop entreprenant, trop... de trop, tout simplement, envers Achroma. Infirme, aveugle, faible donc, au plus bas de l'échelle vampirique pour la plupart de leurs paires, impuissant, ou si vulnérable du moins, si... bref, si peu noble, si peu digne du millénaire... Oui, souvent il se demandait s'il n'était pas un handicap plus qu'autre chose pour l'Ancien. Il n'avait encore jamais osé aborder ces questions-là, et sans doute ne les aborderait-il jamais, mais il tentait alors de gagner de l'indépendance, par de petits riens, comme marcher sans guide, se fier à ses instincts et ses autre sens, ne pas perdre la face devant un autre vampire, regagner sa magie qu'on lui avait dit avoir été sienne et puissante en son temps elfique... ou ne pas trop envahir l'espace de son Achroma. Ne pas toujours rester auprès de lui, ne pas toujours se fondre dans son ombre, quand bien même il aurait tant aimé devenir tel, ne pas toujours jouer les berniques en somme... Il subodorait que pour le millénaire, cela devait s'avérer par trop étouffant.
Surtout en ces instants de tension, que le jeune vampire ressentait pleinement sans totalement les comprendre. Qu'il aurait aimé comprendre alors ! Que cela le frustrait de ne pas tout appréhender, de ne pas savoir, d'être souvent si ignorant, si démuni ! Oui, il détestait cela. Là aussi, il se devait de trouver un moyen de pallier à toutes ces ignorances, méconnaissances et incompréhensions. Et vite. Il allait mourir de folie sinon.
« Allons y... »
Le jeune vampire manqua sursauter à cette voix. Il n'avait pas entendu l'objet de ses pensées s'approcher. Il s'était laissé emporter par ses songes, encore une fois, et ses sens étaient partis en voyage dans d'autres contrées, le laissant alors vulnérable, fragile à l'environnement hostile qui pouvait l'entourer... prédateur en sommeil devenu proie alanguie. Indigne d'un vampire en somme, se morigéna-t-il intérieurement, tout en emboitant le pas, autant que faire se pouvait, au millénaire.
Il le suivit donc, sa main errant contre le mur pour se guider. Il avait préféré ne pas prendre sa lance avec lui, lance qui pourtant lui servait, l'air de rien, de guide également. Il avait cru comprendre que la situation avec les nordiques était déjà passablement compliquée pour son aimé, il préférait ne pas créer de complications supplémentaires. Déjà qu'il supposait que sa présence, à lui jeune vampire, aux funérailles d'un Roi d'un peuple ayant combattu ce peuple de la nuit, ne serait pas aisée à faire accepter... alors s'il venait armé en outre...
Une tension insoutenable palpitait d'ailleurs en Achroma et le submergeait lui-même peu à peu, manquant de noyer tous ses sens. Il avait l'impression soudain de ne sentir que l'odeur d'Achroma, de n'entendre que les pas d'Achroma... Il dut lutter pour s'extraire de cette tornade qui l'attirait ainsi dans son oeil unique, et tenta de se rouvrir au monde ambiant. Ce ne fut que la voix de l'Ancien s'élevant de nouveau qui parvint à lui faire reprendre pied.
« Voici mon fils, Eliowir. Il va nous accompagner pour la cérémonie »
Il passa alors près d'Achroma et entra à son tour dans ce qui devait être une petite pièce. Il se contenta de saluer d'un hochement de tête le vampire, du nom de Roëric, qu'ils étaient venus chercher. Aucun mot ne fut échangé entre eux, et Eliowir ne put voir, et pour cause, si l'autre avait répondu à cette salutation. Après tout, songea le jeune vampire un peu amer, un vampire aveugle était si insignifiant, si....
Mais non, ce n'était pas là le moment de se morfondre encore sur ses faiblesses. A lui de les combattre au lieu de geindre, s'admonesta-t-il, tout en suivant les deux autres, préférant toutefois marcher en arrière. Suivre. Dans l'ombre. Autant que faire se pouvait... Et tout faire pour se montrer digne et honorable. Si ce n'était pour lui, au moins pour soulager un peu, juste un peu, le fardeau de son Père.
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Sam 20 Déc 2014 - 14:26 | |
| Le jour des funérailles était arrivé. La jeune femme avait passé le temps qui lui avait été laissé de libre à apprendre par cœur les paroles du chant qui allait être entonné lors de la cérémonie. Le problème était qu'il était écrit dans une langue qu'elle ne maitrisait effectivement pas, et des bases simplistes de la langues n'étaient pas vraiment d'une grande utilité à ce niveau là quand on ne savait pas comment accentuer les syllabes. Bon, elle était maline et avait l'oreille ! Il suffirait d'écouter les gens parler avant la cérémonie pour tenter d'imiter ensuite les intonations. Elle pouvait tout aussi bien faire semblant de chanter le temps de réussir à capter ce qu'il lui fallait pour ne pas faire d'erreur. Pourquoi y allait-elle ? Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle ne se comprenait même plus elle-même alors... Autant dire qu'elle était une sorte de chienne perdue sans maitre et peut-être commençait-elle à s'en rendre compte ? Ou peut-être pas, après avoir vécu autant de temps d'une telle façon, il était d'autant plus difficile de faire marche arrière sans un puissant déclic. Elle avait eut le premier en trahissant le précédent pour un nouveau, nouveau qui au final n'en était pas un.
Tant pis, c'était trop tard pour faire marche arrière, c'était trop tard pour se retirer après les efforts qui avaient été faits par les deux parties. Et c'était ainsi qu'elle s'était rendue au point de rendez-vous avec l'ancien qui était accompagné par un nouveau né... Son nouveau né qui était visiblement un ancien elfe. Peut-être lui avait-il fait ce don à la fin de la bataille pour lui permettre de vivre d'une autre manière ? Pourquoi avait-il changé un aveugle ? Le regard de ce dernier ne tromperait personne, et bien que dans le temps le jeune vampire apprendrait à faire sans sa vue et deviendrait certainement tout aussi dangereux que le reste de ses congénères. Il était, comme tous les jeunes d'ailleurs, certainement trop faible ou plutôt instable, pour ce qu'ils allaient faire. Mais après tout, elle n'avait rien à dire à ce sujet, et c'est à peine si un regard interrogateur vint se poser sur l'ancien. Elle connaissait sa place, et ce n'était pas à elle d’émettre le moindre doute.
Le dernier "voyageur" ? Ce n'était autre que "Roeric". Oh, elle n'avait pas vraiment de mauvais souvenirs de lui, mis à part que ce dernier avait eut le malheur de sentir et surtout d'identifier son odeur. Si ses souvenirs étaient exacts elle avait joué avec lui pour obtenir des informations comme elle le faisait toujours avec beaucoup de ses proies. Mais pour une raison qui lui était inconnue elle n'avait pas cherché à le tuer ensuite. Tant mieux pour lui d'ailleurs, ou pour elle... Le vampire concerné ne l'accueillit d'ailleurs pas avec la plus grande joue, après tout il avait été le plus maltraité dans la rencontre, et la jeune femme ne lui fit même pas l'honneur du même regard, conservant son expression neutre inhérente à l'espèce, ce n'était pas le moment de régler les vieux comptes, mais peut-être serait-ce celle de passer l'éponge sur ces derniers ? Cela faisait des années qu'ils s'étaient rencontrés et certainement que les noix du vampire s'étaient déjà remises de la tentative d'en faire de l'huile !
C'était l'heure du "Jugement final". La délégation Vampirique était prête et avait réussit à ne pas s'étriper dès leur première rencontre. Il fallait juste espérer qu'ils n'aient pas à défendre leur vie face à une armée de nordiques de mauvaise humeur...
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Lun 22 Déc 2014 - 17:15 | |
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Il était dit qu'il serait le seul à parler aujourd'hui… enfin non, Roëric lui avait décroché deux mots. Il comprenait certes que ce soit particulièrement difficile pour lui. En revanche il était surpris que son fils se fasse aussi silencieux. Pourquoi aurait-il tant voulu que les autres se mettent à parler ? Sans doute pour combattre le malaise qui l'habitait. Il avait toujours été difficile à gêner, à mettre mal à l'aise, à angoisser tout simplement… mais cette fois il l'était définitivement et pour une bonne raison. Il savait cependant qu'il n'avait aucunement le droit d'utiliser ses compagnons comme exutoire. Aussi conduisit-il simplement le petit groupe hors du bâtiment afin de prendre le chemin de la caverne du souvenir. Ils récupérèrent la jeune vampiresse sur le chemin, sans qu'il ne daigne lui accorder plus d'un regard. Elle était une part du groupe, rien d'autre, certainement pas en droit de lui poser la moindre question ou de remettre ses choix en cause comme aurait pu le faire son pair dragonnier. Mais il n'était de toute façon pas question de passer prendre un thé en discutant le bout de gras. Ils étaient là pour une raison beaucoup plus sérieuse et délicate. Et d'ailleurs, ils étaient pratiquement les derniers à arriver sur les lieux, comme le prouvant l'amoncellement de nordiques se trouvant sur les lieux.
Ils étaient littéralement des milliers, toute l'armée du nord, présente pour cet instant. Il ne sut pas ce qui le saisit le plus à cette vue. Les armes luisantes dans leurs étuis et fourreaux, les regards clairs et perçant braqués sur eux, les chevelures ressemblant tant à la sienne…. Ou le fait que leurs pertes aient été minimes même au plus fort des combats. Un instant, ce fut réellement une sueur froide qui lui courut le long de l'échine tandis qu'il avançait dans l'espace qu'on leur laissait. Roëric était accueillit avec un respect évident, à tel point qu'il semblait presque que son état vampirique se fut effacé à leurs yeux. Tant mieux en vérité, il le méritait même si c'était un don amer qui n'aurait pas dû nécessiter la perte de l'homme qu'ils étaient tous venus honorer. Eux n'étaient pas aussi bien perçu évidemment et lui en premier. Tous les guerriers de sa maison se crispaient sur son passage comme s'ils avaient reçu un coup de fouet. Il tâcha néanmoins de ne pas broncher et de ne pas offrir de prise à leur inimité. Bientôt, la haute voûte de la caverne les engloutit et la foule des nordiques fit de même, se refermant sur eux. Là, au centre du cercle de guerriers en armes, se trouvaient les deux bûchers, cote à cote, et malgré tout, son coeur mort se serra. Père et fils, inhumés ensembles.
Un terrible gâchis, voilà ce que c'était. Mais ils n'y pouvaient plus rien. Les grands seigneurs étaient présents, là devant eux. Enthelm Anstar, régent par intérim et ses pairs patriarches et matriarches. De la maison du loup, hélas, il n'y avait que le capitaine de la garde du loup, car l'héritière en ligne directe de la ville de glace était encore en chemin et ne pourrait participer à cette cérémonie. Sa propre héritière, dame de la maison Elusis, lui décocha un regard certes venimeux, mais beaucoup moins qu'il l'aurait cru. Le coup était rude pour tous… Son regard se porta sur les bûchers, hauts et strictes, les figures étaient couvertes du drapeau de la ville, afin de dissimuler l'état des corps après la ponction effectuée par Néant. Mais ils seraient tous de même découvert, au moment de l'incendie. Il devinait déjà ce qu'il verrait évidemment, des corps préparés avec soin, en armes et armures. Honorés autant qu'il était possible pour ces hommes. Mais pas immédiatement… Il s'inclina devant ces hommes, avant de prendre la parole d'une voix basse, dans la langue du nord. « Nous sommes honorés d'être présents, seigneurs, dames »
Il ne fallait pas en faire plus pour le moment… et il s'effaça au profit de Roëric. Il sembla qu'il y eu un blanc, pendant un instant il cru qu'ils ne réagiraient pas comme il l'avait prévu. Pourtant, ce fut sa propre descendante qui s'avança enfin, et tandis le flambeau au maître-lame, sans un mot. Les mots n'avaient pas d'intérêts, en ce instant précis. Ils se recueilleraient pendant un moment, puis l'officiant désigné devrait alors se charger du repos de ces deux âmes.
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Lun 29 Déc 2014 - 15:38 | |
| Un pas après l'autre. Une fois. Deux fois. Une fois. Deux fois. Jusqu'à que la mécanique reprenne, puis qu'elle se grippe à nouveau, obligeant le fier vampire à faire une micro pause pour finalement reprendre sa marche. Son faciès était dur, fermé, de nature peu encline à la conversation, il ressemblait alors plus à un bloc de pierre qu'à une personne faite de chair et d'os. Mais Roëric s'en moquait. Lui qui n'était déjà pas vraiment ouvert aux autres en temps normal, semblait s'être renfermé sur lui-même : forteresse de marbre, luttant seul contre sa propre souffrance. L'orgueil empêchant qu'il en soit autrement. Même sa liée, Isyndar, n'y avait accès que de manière très sporadique. Cette douleur lui était réservé à lui et à lui seul. C'était la sienne. Elle était confinée dans cette zone qui n'appartenait qu'à lui. Il se disait que c'était pour la protéger, elle qui était enceinte. Mais il savait bien que c'était faux. Il n'avait pas envie de partager parce que partager c'était entamer un processus de guérison. C'était accepter ce qui était arrivé. C'était faire son deuil. Il n'en était pas encore là. Et pourtant, l'heure était venue. Le petit groupe fit son entrée dans la caverne du Souvenir, la plus petite de toutes celles d'Aigue-Royale, utilisée pour ce genre d'occasion. Toute l'armée du Nord était là, dû moins c'est-ce qui semblât au Maître-Lame lorsqu'il vit cette innombrable foule qui emplissait le lieu, le rendant presque invivable. Terrés sous terre comme des rats, pour le bûcher funéraire de leurs chefs. C'était vraiment le crépuscule du monde... Bien que d'une humeur trop exécrable pour vraiment y attacher de l'importance, ou même un quelconque intérêt. Les sens du vampire étant ce qu'ils étaient, il remarqua tout de même les réactions des uns et des autres. Le mépris, la haine, la fierté, le respect... Tant de contradictions. ce qui lui était dû, ce qui était réservé aux vampires. Quoiqu'il en soit, ils passèrent. Ce cercle de guerriers en arme, non, de loups en deuil. Et Roëric Alokor, marchait, faisant fi de la douleur pourtant omniprésente. Acceptant les hommages sur son passage : légère inclinaison de la tête, poing sur le torse, simple regard. Peu importe. Il n'avait fait qu'assister aux derniers instants de son fils. Il ne l'avait pas sauvé. Il l'avait juste vu mourir. Cela l'emplissait d'amertume, mais il savait bien, au fond de lui, qu'il n'y avait parfois de plus beau cadeau que de ne pas mourir seul. Ils arrivèrent au centre, près des bûchers. Achroma prit la parole, dans la langue du nord. Puis il s'effaça pour le laisser passer. Un instant passa. Éternel et instantané. Et l'héritière lui tendit le flambeau sans un mot. Ils n'en avaient pas besoin. Le vampire hocha simplement la tête, le prit. Ensuite il s'avança. Un pas après l'autre, lentement. Son état n'avait pas besoin d'être décrit, il suffisait de le voir marcher pour comprendre qu'il devrait être au lit et non ici. L'honneur l'exigeait. Le Maître-Lame ne fit guère attention aux grands seigneurs et dames qui l'entouraient. Ce n'était pas pour eux qu'il était là. Il était là pour les morts, pour la meute. Lorsqu'il fut près d'eux, il dit simplement, d'une voix qui se voulait douce, mais que l'habitude rendait rugueuse quoiqu'il advienne. Nous sommes tous prisonniers. Des circonstances, des liens, de la causalité ou du destin. Le véritable guerrier à cette particularité qu'il peut choisir lui-même ses chaînes. Tu as choisis ta famille, ton sang, ta meute. Rien n'aurait pu me rendre plus fier de toi, fils. Puissiez-vous être réunis dans une autre vie... Je vous attendrai. Il n'avait pas cherché à être entendu de qui que ce soit, mais le silence était total et la caverne faisait porter sa voix bien au-delà de ce qu'il souhaitait. Peu importe, cela n'avait aucune importance. Roëric reprit la parole, d'une voix cette fois plus forte, destinée à tous. Il se tourna vers les loups, vers les vampires, vers tout ceux qui le regardait en cet instant. La mort est plus légère qu'une plume et le devoir plus écrasant qu'une montagne. Il est inutile de pleurer ceux qui ne sont plus. Car ils sont désormais au-delà des tourments. Pleurez plutôt pour les vivants. Pour vous... Le cauchemar ne fait que commencer. Des mots durs, craché d'une voix qui l'était tout autant. Mais c'était là un peuple dur, forgé dans des conditions extrêmes et qui ne tolérait ni la douceur ni les bons sentiments. Réagissant à la force par la force, à la violence par la violence, au sang par le sang. Les corps furent découvert et le vampire y mit le feu. Dernier geste d'un chapitre entamé des décennies plus tôt, avec la découverte d'un jeune humain brisé par les épreuves. |
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Dim 4 Jan 2015 - 0:01 | |
| La tension était palpable quand ils pénétrèrent tous quatre dans la modeste caverne. Eliowir n'eut guère besoin de "voir" pour sentir les regards les transpercer de leurs mille lames. Il sentit également parfaitement le malaise latent dans leur petit groupe. Plus particulièrement le malaise qui semblait étreindre son millénaire. Pas qu'il ne le comprenne pas d'ailleurs, du moins en partie. Il savait qu'Achroma était d'origine nordique, et que son passé avec son ancien peuple était... particulier. Houleux. Agité. Pour ne pas dire pire.
Il aurait alors voulu le soutenir, d'une manière ou d'une autre, lui apporter une parole réconfortante, un geste rassurant, lui serrer la main, l'étreindre dans ses bras, lui donner sa force, lui insuffler courage... Mais le moment était mal choisi pour ce faire. Tout geste d'affection ou de soutien marqué entre eux deux lui semblait proscrit, du moins physiquement, devant ces nordiques farouchement attachés aux valeurs traditionnelles et si haineux des vampires. Il regretta soudain son silence précédent, réalisant, que ce qu'il avait voulu être un respect de l'intimité de son nordique, un respect de son possible besoin de réflexion, était peut-être un manquement envers Achroma. Il aurait dû lui insuffler courage en cet instant-là. Il aurait dû lui murmurer quelques mots de réconfort, quelques paroles de soutien. Mais rien. Il n'avait rien dit. Et il s'en maudissait soudain.
Il n'était toutefois nul temps de s'en fustiger, même mentalement. Mieux valait se concentrer pour ne pas faire honte à son Père par un geste maladroit. Il pouvait si vite lui arriver de trébucher, de faire un faux pas, de commettre un terrible impair par son ignorance ou par le fait de ne rien voir... En cet instant, ce moment crucial pour son aimé, aucune faute ne lui était permise. Rejetant donc ce soudain sentiment étrange et déroutant de... regrets, de remords pour ce geste, parole plutôt, manqué, il se força à se concentrer sur son environnement.
Se focalisant sur les bruits et les odeurs et tentant de faire abstraction de l'afflux de sensations parasites autres. Toute cette tension, ces reproches voilés, inaudibles et pourtant si criants, qu'il sentait les gifler à chacun de leur pas... Non, oublier tout cela il lui fallait. Sur leur chemin, sur ses paires, se guider il devait. Il ne put toutefois faire abstraction de cette foule d'hommes, de guerriers, qu'il entendait clairement se refermer sur eux telle une nasse d'une immense trirème. La houle humaine qui l'agitait menaçait soudain de les faire tanguer et de les noyer de leur farouche haine ancestrale.
Il tenta alors de garder traits impassibles et maintien digne. Jusqu'à ce qu'il entende un mouvement à ses côtés. Et une voix profonde, comme il l'aimait tant, s'exprimer, même s'il n'en comprit mot alors. Il prit cela comme le signal qu'il se devait, lui aussi, de saluer leurs hôtes du Nord. Achroma lui avait passablement expliqué quelques us et coutumes, comment cela devrait, en théorie, se passer et ce qu'ils se devraient de faire. Eliowir tenta donc d'imiter son Père et offrit à son tour une noble révérence. Sans un mot toutefois. Ce n'était pas encore le moment. Si toutefois le moment venait...
Et silence soudain se fit. Eliowir préféra se figer, tous les sens en alerte, se demandant soudain ce qui se passait, s'était passé. Un instant qui lui sembla s'éterniser dans le sablier du temps, chaque grain semblant soudain en tomber sans grâce avec une apesanteur chargée de tension. Jusqu'à ce que de nouveau bruits se firent entendre et mouvements se fassent. Le jeune vampire peina à réellement comprendre ce qui se jouait juste devant lui, à quelques mètres à peine, mais rapidement il comprit en sentant un flambeau lécher l'air de ses furieuses langues de feu. La chaleur fut si forte à cette si courte distance qu'elle parvint presque à s'infiltrer jusqu'au coeur pourtant froid du vampire. Et les paroles vibrantes qui s'ensuivirent finirent de dégeler l'étau glacé qui jusque-là l'avait enserré dans sa gangue menaçante.
Ta meute... ta meute... ce mot, entre tous, étrangement, résonna soudain en l'esprit agité d'Eliowir, qui se le répéta inlassablement, jusqu'à ce que soudain, un autre, s'impose à lui. Meute. Loups. Loups... Loups du Nord, loups alors morts.
Le cauchemar ne fait que commencer.
Eliowir manqua d'en frissonner soudain. Le cauchemar d'un loup... cela lui disait vaguement quelque chose. Vaguement. Un jour, il avait dû le connaître, le voir. Un jour... si lointain, si vague, si... effacé. Envolé. Maudits souvenirs qui l'avaient fui...
Et ce ne fut plus seulement flambeau qui agita l'air de sa chaleur destructrice, de sa chaleur funéraire, mais un énorme brasier dont il put presque sentir la chaleur des flammes danser sur son visage balafré. Un lourd silence s'ensuivit tandis que les bûchers craquèrent sous l'ardente danse des flammes, et que corps commençaient tout juste à se consumer.
Eliowir n'osa bouger alors, étrangement confus, presque ému autant qu'il pouvait l'être du moins. L'envie terrible d'étreindre, au moins de la main, son millénaire, revint au galop, mais il parvint à y résister. Et il sentit son esprit voguer dans le sillage d'un certain loup. Un loup... Un loup qu'il avait connu, oui, il le sentait bel et bien à présent. Un loup qu'il avait à la fois peu et bien connu. Un loup qui lui avait confié un cauchemar, lui semblait-il. Le cauchemar d'une vie passée, brisée, même si ce cauchemar lui semblait encore bien vague...
Un loup qui hurlait là par le crépitement rageur de ces flammes ardentes son dernier appel, son dernier cri, pour sa dernière nuit.
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Sam 10 Jan 2015 - 0:19 | |
| La tension était palpable, les nordiques ne leurs avaient pas sauté dessus pour les étriper en guise de sacrifice pour les défunts, mais les regards de ces derniers ne laissaient pas entendre des choses bien plus agréables si le contexte avait été bien différent que les funérailles des leurs. La petite voix qui l'avait rendue comme folle ces derniers jours s'était tue. Mais ce n'était pas un véritable silence, comme si elle était encore la, imposant ce dernier par la force rendant la situation encore plus pesante et si son cœur n'avait pas été mort depuis des décennies certainement que ce dernier aurait finit par bondir hors de sa poitrine pour prendre ses artères à son cou et disparaitre au loin tellement la pression était importante. De l'angoisse, de la véritable angoisse, une sensation qu'elle n'avait quasiment jamais ressentie et encore plus forte que la peur. c'était un poids, un boulet qui semblait ralentir tous ses mouvements comme pour la rendre insignifiante, et qui ferait que cette fameuse cérémonie durera une éternité... Qu'une minute pouvait être longue !
Ce silence qui avait paru une éternité se brisa lors des formules de politesse à l'attention des représentants de l'autorité nordique. La vampire se plia aux coutumes sans un seul mot, et aurait-elle pu disparaitre pour se camoufler dans le décors qu'elle l'aurait fait sans aucune hésitation, mais il aurait été certainement très malvenu de se mettre nue pour faire ainsi contre la première paroi venue ! Seule la flamme de la torche attira son attention dans cette réalité, comme si sa tête était passée dans un autre monde. Une flamme qui avait captivé toute son attention comme si rien d'autre n'existait, laissant glisser les mots durs du vampire glisser sur elle comme s'ils ne pouvaient la toucher.
Les flammes s'intensifièrent une fois la torche en contact avec les buchers, emmenant son lot d'odeur de bois et de chair brûlée laissant un gout amer dans la bouche de ceux ayant un odorat bien trop sensible. C'est cette odeur, mais également les premiers chants qui la sortirent de son état second. Il était temps de faire ce pour quoi elle était là, en même temps, elle n'avait pas d'autres choses à faire, l'ancien lui ayant explicitement demandé de ne pas ouvrir la bouche pour autre chose que le chant. Elle attendrait cependant que ce dernier commence avant de l'accompagner dans cette tâche délicate.
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Dim 11 Jan 2015 - 13:02 | |
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Il était heureux que Roëric puisse être présent. Blessé, claudiquant peut-être, mais il était présent, pour honorer rien moins que sa propre famille, même si d'une étrange façon. Un vampire adopté par des loups, ce n'était pas commun, mais c'était bien pour cela qu'ils étaient encore debout. Personne ne répondit, aux paroles du bretteur, car il n'existait aucun mot qui fut attendu en pareil instant et même lui le savait, qui avait pourtant quitté très tôt la ville oubliée. Certaines choses ne changeaient pas, restant instinctives pour le meilleur ou pour le pire. Ils n'avaient pas besoin de mot, là tout de suite. Pas alors qu'on embrasait les corps de leurs seigneurs. Des seigneurs pour lesquels chacun serait mort sans hésiter. Mais c'étaient eux que l'on brûlait, et pas les autres. Pendant un long moment, les rugissements des hautes flammes furent la seule chose que l'on pu entendre, si ce n'était, pour eux vampires, le battement régulier de milliers de coeur ne s'affolant jamais, ressemblant à un lent tambour mortuaire. Puis soudain, il l'entendit enfin, s'élevant lentement dans l'air. Le seul instant où des mots seraient acceptés dans cette veillée… Le chant enfla rapidement, porté par les voix graves et profondes, reprise à l'unisson, comme si ces milliers de guerriers n'étaient qu'une seule et même entité, portée par une seule volonté. C'était un chant d'abord lent, vibrant, puis de plus en plus puissant, porté tant par les gorges humains que par l'écho de ce lieu à l'usage terrible. Un chant martial, guerrier, venant emplir toute la caverne et même au-delà, se transformant progressivement en un sauvage rugissement, le hurlement d'une meute de loup féroce refusant de de s'allonger et de mourir, refusant de baisser les armes. Des armes qui furent brandies, tirées au clair, des armes et un chant en défi à toute l'adversité du monde, à tout cauchemar qui viendrait les menacer. Une affirmation, haute, claire et implacable, qu'aucun loup n'abandonnerait jamais et qu'ils perdureraient au-delà de ces morts et de toutes les prochaines jusqu'au crépuscule du monde….
Lui aussi chantait. Il avait prit l'air lors des premières notes, chantant dans sa langue natale avec plaisir. C'était comme le sang s'éculant d'un abcès trop longtemps douloureux, une blessure qui ne se refermait pas, mais qui pouvait désormais guérir réellement. C'était laisser mourir le passé pour affronter l'avenir la tête haute, comme le feraient tous ces hommes. Un très long moment, il chanta, refusant de cesser, accompagnant les corps qui se consumaient-là… Il était si fort, ce rugissement, qu'il se demandait en frémissant si Mort lui-même l'entendrait, si les deux Svenn l'entendraient, de là où il reposait. Un ultime hommage à leur bravoure. Invisible à ses yeux et à ses sens, car il ne lui était pas destiné, une vague ombre eut un léger sourire, muet, aux côtés de Roëric sur le bûcher. Il n'était pas là pour lui. Mais le corbeau naissant lui, le sentirait, et transmettrait son passage. C'était une simple empreinte qui ne dura qu'un bref instant, mais elle était bien là. Pendant un temps qui sembla infini, les bûchers continuèrent de brûler rageusement. Puis ils s'apaisèrent lentement, les flammes se reposèrent. La caverne ne fut plus éclairée que par les roches bleutées et le silence se fit de nouveau profond. L'immobilité totale dura encore un moment au-delà de la disparition des flammes. Enfin, on vint apporter les urnes, qui seraient remplies des cendres de leurs seigneurs. Elles seraient portées jusqu'à Glacern afin d'y reposer pour l'éternité dans une cangue de glace…. Une fois les deux contenants scellés, les loups commencèrent enfin à se disperser. La page était close, le futur les attendaient. Achroma observa Roëric encore un instant puis hocha la tête, et indiqua, discrètement, à Eliowir de s'approcher du bretteur, lui-même quittant la caverne…
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Dim 18 Jan 2015 - 18:43 | |
| La douleur était lointaine, il l'a sentait par intermittence, comme quelqu'un d'indésirable restant caché derrière une porte entrouverte, cédant de temps à autre à l'envie irrépressible de passer la tête dans l'interstice. Non par curiosité, ou simple vice, mais simplement pour rappeler qu'elle était toujours là, bien présente, quoiqu'émoussée par une souffrance plus grande encore. Celle-là ne venait pas du corps, elle n'émanait d'aucune blessure physique... Ce qui ne l'empêchait pas d'être bien présente chez le vampire. Roëric contemplait le feu d'un air vaguement perdu, l'esprit vagabondant à des lieux de cette fichue caverne. Loin de le réchauffer, cette chaleur pourtant très forte lorsqu'on s'en tenait tout près, ne faisait que le glacer d'avantage. Il n'y cherchait nul réconfort, n'en trouvait aucun, et ne pouvait pourtant s'en éloigner. Ne voyant nul remède à son mal, sachant pertinemment qu'il n'en existait pas, il laissait ses pensées aller ça et là, ultime rempart contre la réalité et les souffrances qui venaient inévitablement avec elle. Le chant n'arrangeait pas cette étrange léthargie, bien au contraire, il poussait le Maître-Lame bien loin des préoccupations immédiates. Il se laissait porter par lui, son côté martial trouvant un écho dans l'âme métallique du guerrier, le faisant vibrer en rythme avec le cœur des nordiques. Plus rien d'autre ne comptait que cette pulsion unique, le chant, le défi, les armes en l'air. Mais Roëric ne se laissa pas réellement entraîner pour autant. C'était magnifique, mais cela ne lui était pas destiné. Et même si d'aventure, ça l'avait été, il aurait refusé cette facilité. Il savait où menait ce processus, à l'acceptation, au deuil, à la guérison. Il ne voulait rien de tout ça. Tout ce qui lui restait d'Havard c'était cette peine au creux de con estomac, comment aurait-il pu s'en débarrasser ? Que les autres passent à autre chose, lui avancerait comme il l'avait toujours fait. En portant ses blessures à travers les époques, dernier souvenir de ce qui avait été. Le chant cessa finalement. De même que les flammes s'apaisèrent, ne laissant derrière elles que des cendres. Celles-ci seulement seraient conservés, mais l'immortel n'y voyait aucun intérêt. Ce n'était plus rien, Havard et son fils était partis rejoindre l'Esprit de la Mort. Tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, il réintégrerait le monde des vivants. Ou pas, qu'en savait il après tout ? Les loups partaient. Tout le monde partait. Sauf le vampire qui demeurait, l'esprit égaré. Ne se souciant guère des autres. |
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Mar 20 Jan 2015 - 0:03 | |
| Digne et noble chant qui s'éleva alors. Puissant, féroce... Le jeune vampire pour qui l'ouïe était devenue l'un de ses sens principaux en sentait vibrer tous les accents, toutes les tonalités, quand bien même il ne comprenait les mots prononcés dans cette belle langue du Nord. Nul besoin de mots alors en cet instant. L'harmonie qui s'élevait parlait bien plus encore. Et entendre la voix grave et claire de son millénaire prononcer ces mêmes mots, parler cette même langue, chanter ce même chant enfin, insuffla en Eliowir un étrange sentiment. Oui, sentiment, tout vampire qu'il était. Un sentiment toutefois qui lui était indescriptible. Un savant mélange d'émotions, de curiosité, d'inquiétudes, et de plaisir mêlés. S'il savait l'Ancien du pays du Nord, ce ne fut qu'en cet instant, alors que cette voix grave et profonde se mêlait en belle harmonie au chant des nobles guerriers, qu'Eliowir comprit pleinement cette appartenance.
Oui Achroma était un nordique, pas seulement de naissance, mais d'âme aussi. Même si un mage nordique, une hérésie, pour ceux de son peuple. Ce n'est alors qu'en cet instant, qu'Eliowir sembla comprendre, autant que faire se pouvait, le douloureux passé d'humains qu'avait dû être celui de son aimé. Il aurait voulu alors le soutenir, lui renouveler son affection et sa fidélité à ses côtés... mais il ne put rien en faire. Pas en cet endroit, pas devant tous ces nordiques au farouche jugé. Il dut alors laisser l'Ancien savourer, il l'espérait, ce moment, unique et magique, même si d'une autre magie. Il resta là, immobile, légèrement en retrait, à écouter vibrer ce chant autour de lui, et en lui.
Quand soudain... Quand soudain une ombre se dessina, s'esquissa, là, devant ses yeux. Yeux aveugles qui étaient censés n'être que nuit éternelle et qui pourtant, en cet instant, semblaient s'ouvrir sur cette ombre. S'ouvrir sur un autre monde, comprit-il instantanément, quand il reconnut qui était cette ombre. C'était une ombre humaine. Une ombre de loup même. L'ombre de Svenn, Svenn lui-même s'attardant entre deux limbes ou il ne savait quel entre-monde, pour tenter de soutenir le vampire éprouvé. Svenn qui souriait alors, presque avec sérénité, au dragonnier en deuil. Eliowir le vit, le contempla, goûtant soudain cet instant unique où ses yeux n'étaient plus morts, ironie inique. Il contempla alors l'ombre d'homme dans tous ses détails, elle qui avait pris l'apparence du corps mort.. avant sa décomposition par Néant. Grand, de carrure féroce et altière, drapé dans tous ses apprêts de guerre, le Nordique avait alors tout d'un Roi. Un roi mort, un loup décédé, mais un homme honoré. Et les flammes mourant à ses pieds rehaussaient encore cette image de puissance que le mort dégageait.
Le jeune vampire ne voyait rien d'autre. Le reste du monde restait bel et bien invisible encore. Mais ce spectacle se grava en lui, et son esprit tenta d'en faire un tableau aux couleurs éternels. Il ne put alors dire mot, figé dans cette contemplation, tétanisé par tout ce que cela pouvait signifier.
Il voyait les morts. Il Voyait les Morts. Pas les vivants, ni même le monde dans lequel il évoluait, mais les morts, cet autre monde... apparemment lui était accessible et visible. Ironie du sort ? Et comment donc cela pouvait-il seulement se faire ? Il n'avait lancé aucun sort en ce sens, et à sa connaissance de tels sorts n'existaient pas, même s'il devait avouer ses connaissances bien lacunaires depuis sa transformation. Alors quelle était cette magie ?
Une magie, semblait-il, qui lui était destinée, comprit-il également, quand aucune réaction autour ne se fit entendre. Si les nordiques avaient vu leur roi décédé apparaître ainsi, nul doute que certains se seraient récriés, auraient du moins eu quelque réaction, et pas forcément des meilleurs, eux qui détestaient tant magie... Ou peut-être d'autres voyaient-ils également l'apparition ?
Puis tout disparut. Flammes mourantes et ombre s'évaporèrent. Nuit fut de nouveau sienne, morts de nouveau furent ses yeux. Eliowir en aurait presque hurlé de rage et de frustration... quand Achroma vint près de lui. Lui indiquant d'aller parler à Roëric. Aller lui parler ? Pour lui dire quoi ?
Et soudain nouvelle compréhension se fit. Oh... Bien sûr... L'ombre. Ce sourire était destiné au dragonnier, bien évidemment. Un message à faire passer. Etait-ce cela alors ? Un message à transmettre ? Etait-il devenu ce messager ? Et par quelle magie ? Si elle ne venait pas de lui, d'où venait-elle ? Et alors que mille questions se dessinaient de nouveau en lui, il tenta de se diriger vers le dragonnier toujours immobile, resté près des bûchers. Ils n'étaient plus que tous deux dans la salle mortuaire, sentit-il, alors que tous étaient partis.
Il parvint à pas lents, presque comptés, près de Roëric, ou ce qu'il lui semblait être près, et lui murmura en tentant de rendre son message cohérent, même si pour lui il ne l'était pas encore totalement.
- Il était là. Ce Roi que vous pleuriez, il était là, noble dragonnier, à vos côtés. Son ombre... j'ai vu son ombre près de vous dans les flammes. Il vous souriait, vous soutenait de toute son âme. Peut-être cela vous paraitra-t-il étrange, et cela l'est pour moi aussi, mais je vous en prie, croyez en ce message envoyé par un loup ami. Je crois... je crois qu'il aurait voulu vous dire, qu'il est là, et le sera à jamais, sans faillir.
Et se disant, se sentant soudain de trop, ou peut-être par trop gêné de ce qu'il venait oser, incapable d'expliquer encore ce qu'il venait de voir, et de vivre, il préféra s'esquiver avant même que l'autre n'ait pu lui poser quelconque question. Rapidement il tourna alors les talons, et tenta de retrouver son chemin, se guidant comme il put à l'odeur d'Achroma. Manquant de peu de se cogner à une roche traitresse, mais parvenant, de peu, à l'éviter et à regagner la sortie.
Ses pensées, ses questions, pourtant ne l'avaient pas quitté. Le message était passé, songea-t-il, comme s'il avait été un de ces célèbres oiseaux messagers. Oiseaux... Ce mot résonna soudain en lui, tel un fervent appel. Oiseaux messager... Corbeau ! Se pourrait-il... ? Oui, il se rappelait... vaguement, mais il se rappelait. Une des rares choses qu'il n'avait pas totalement oubliées, ses connaissances en matière de théorie magique. Totem. Corbeau il était. Ne lui avait-on pas dit que son totem était lion pourtant ? Ou se pourrait-il... ? Oui, cela ne pouvait qu'être cela.
Et Achroma, noble Achroma, puissant mage, l'avait senti. Tout cela s'expliquait alors. Oui, il avait été le seul à pouvoir voir cette ombre et oui il était devenu tel un messager. Corbeau il était devenu. Mort serait apparemment son dû.
Parvenant à rattraper Achroma, il tenta de lui agripper une main, ne parvint à son grand désarroi qu'à lui frôler le bras, mais vers lui tenta de se pencher, pour lui susurrer de sa voix grave et d'émotions enrouée :
- Vous saviez.
Ce n'était pas une question. Pas un reproche non plus. Juste un constat.
Achroma avait su, avait senti, son changement. Encore un. Un de plus. Ils étaient si nombreux, ses changements... d'elfe il était devenu vampire, de voyant il était devenu aveugle, de mage puissant il semblait devoir réapprendre les balbutiements... et de lion il était devenu corbeau. Tant de changements... Son aimé les apprécierait-il alors ? l'aimerait-il seulement encore alors qu'il n'était, peut-être, plus le même ? Plus celui qu'il avait... aimé. Il était si...changé...
Et le jeune vampire soudain en proie au doute, lui pourtant prédateur né selon les lois des vampires, aurait voulu poser ces milles questions, ces milles doutes. Les mots ne purent toutefois sortir, traitres d'eux, et d'aveugle il devint qui plus est muet. Soudain gêné, éprouvé, terrifié même à l'idée que son Père ne l'aime plus tel qu'il était, il préféra, là aussi, lâche qu'il était, s'esquiver aussi vite que ses yeux morts le lui permettaient.
[HJ : Considère-t-on du coup cela comme une conclusion ?^^] |
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine Ven 23 Jan 2015 - 16:51 | |
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| Sujet: Re: Un chant de glace et de feu [PV Eli - Roe - Veren]Termine | |
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