Elle avait, aussi improbable que cela paraisse, réussit à trouver la trace d'au moins un de ses élus, d'avant le temps de la migration, d'avant le temps où elle avait quitté Armanda... Et elle était, pour une fois, très satisfaite d'elle-même. Ça avait été difficile, tant il avait voyagé, tant il avait semé, mais finalement, elle avait retrouvé l'un des siens, un descendant éloigné, mais qui gardait tout de même quelques similarités d'avec son ami. La lignée elfique de Merithyn Tisserêve était exemplaire, à croire que les esprits avaient continués de le bénir même durant leurs long sommeil... Il n'avait eut lui-même qu'un garçon, avant de rencontrer Isillwyra et de tomber amoureux d'elle, mais ce garçon avait eut, lui trois enfants, fait stupéfiant pour ce peuple peu fertile. Et ces trois enfants avaient eux-même enfantés très tôt... le plus jeune de cette lignée lui était indétectable, mais pour autant qu'elle le sache il était en compagnie d'un dragon... Shaynar, aux écailles de poix. Dragonnier ? Elle ne le pensait pas, aucun des rejetons du chanteur des étoiles n'avait été destiné à avoir cet honneur. Et pourtant, il semblait que l'histoire se répétait en sa personne... Cela lui convenait.

Mais elle avait eut le plaisir de partager quelques instants en compagnie d'un autre des Tisserêves, portant encore ce nom là d'ailleurs. Celawyn avait la même odeur que son aïeul et malgré sa rancune tenace face aux elfes, la dragonne ne pouvait qu'apprécier ce jeune soldat au caractère agréable et qui semblait avoir tout apprit d'elle. Elle l'avait même emporté, pendant quelques lieux, sur son dos, pour le plus grand plaisir du sylvain qui l'avait gratifié de quelques histoires sur le destin de sa famille et ce qu'ils avaient fait au cours des années passées.... Elle avait rit, ou avait grondés, tandis qu'il donnait son avis sur la question, enjoué et souriant. Et lorsqu'ils s'étaient quittés, aux portes d'Elena, l'elfe l'avait salué avec chaleur, et elle lui avait fait promettre de revenir la voir, étant définitivement un elfe qu'elle appréciait.  Puis, une fois seule, elle avait tout simplement décidé de s'installer un moment afin de surveiller les environs. Celawyn avait prétendu que sa vampiresse se trouvait dans les parages, qu'elle s'était retirée voilà des centaines d'années loin d'eux et loin de tout les autres.... Il n'en connaissait malheureusement pas la raison, et elle avait définitivement perdu l'espoir de la retrouver si elle ne venait pas d'elle-même. Elle était meilleur voleuse du continent après tout... elle n'y pouvait pas grand chose, autant ne pas gaspiller plus longtemps ses forces alors qu'elle pouvait les user à d'autres choses.

Retrouver sa fille par exemple. Elle n'avait pas eut de nouvelles de Verith depuis qu'ils s'étaient quittés près de ces lieux, aussi ne pouvait-elle compter que sur elle même pour retrouver Estelen et en apprendra davantage sur ce qu'il était advenu d'elle au cours des dernières semaines. Le continent d'Armanda n'était pourtant pas assez grand pour que deux dragonnes de leurs tailles respectives se croisent sans prendre conscience l'une de l'autre, elle imaginait donc qu'Estelen avait dû atterrir très loin dans les plaines inconnue de l'ouest.... Elle n'envisageait pas un seul instant qu'elle soit morte, elle était forte et endurante, et elle avait vécu dans des lieux sauvages emplis de dragons de toutes nuées... elle était d'une autre trempe que les dragons apprivoisés d'Armanda. Et lorsqu'elle la retrouverait elle ne quitterait plus ses cotés. Elle avait bien besoin de l’appui de sa fille, la pression de deux dragons serait certainement plus importante qu'un seul, aussi puissant et redoutable soit-il. Quel malheur qu'on ne les respecta plus comme il se devait, avaient-ils donc oubliés qui étaient les véritables seigneurs d'Armanda, qui pouvait raser des villes entières, défaire des armées d'un simple souffle de feu... Ils devraient les craindre et plier devant eux, pas les prendre pour de simples chiens de guerre sans autre valeur que celle de verser leurs sang pour des causes ridiculement stupides.

Alors qu'elle s'abîmait dans ses pensées, le battement de deux ailes lui parvint, de loin, et elle releva son imposant museau pour regarder dans la direction d'où ce son singulier venait... pour découvrir, volant vers elle, Estelen, comme son frère Verith quelques temps auparavant. Elle se releva, battant des ailes, mais ne prit pas son essor. A la place, elle fit un signe à sa fille et se dirigea d'un pas tranquille vers la campagne alentour, manquant détruire une tour de garde de sa queue alors qu'elle tournait le dos à la ville humaine. N'y prêtant aucune attention, elle s'en fut, s'établissant à quelques distances, là où ils ne viendraient pas les trouver. Les humains de cette ville avaient depuis longtemps comprit qu'elle n'était pas abordable comme n'importe quelle curiosité de la nature. Elle n'aimait pas la curiosité des mortels à son égard, du moins pas celle des masses grouillantes.... qu'ils vaquent à leurs occupations et la laisse donc en paix. Autour d'elle, la nature fleurissait rapidement tandis qu'elle la caressait du regard.

° Voilà des jours que je te cherche Estelen. Qu'est-il advenu de toi ? Où était-tu ? As-tu croisé Verith ? °

Elle observait sa progéniture avec attention, pour être certaine qu'elle n'avait rien. On ne pouvait guère lui en vouloir, Estelen restait sa fille et une dragonne plus fragile que ne l'était Verith. Elle avait longtemps pensé que le bris du cœur de sa véritable mère, sa génitrice, avait put avoir des conséquences sur l'état de cette jeune dragonne. S'arracher soit même l'âme en abandonnant son dragonnier, et le condamner à pire que la mort pour le bien des siens était quelque chose d'extrêmement louable, une véritable fierté pour eux tous et pourtant, Skade se doutait bien qu'elle avait regretté chaque seconde de ce choix jusqu'à la naissance d'Estelen. A présent, c'était à Estelen de faire ses propres choix, de découvrir ce continent et d'en tirer ce qu'elle voulait... L'ancestrale ne pouvait guère plus pour elle. Elle était assez grande pour se protéger seule, mais elle voulait tout de même s'assurer que tout allait bien. Hors tout semblait aller correctement. Elle était en bonne santé et pas blessé. Elle le sentait. Et c'était parfait, Skade ne voulait pas voir ses enfants péricliter... Après tout, même si elle allait mourir ici, Estelen devait prospérer et devenir l'une des maîtresses de ce continent, ce qui était normal après tout, les dragons étaient les véritables seigneurs de ces contrées, naîent en ces lieux. Mais cela avait peu d'importance pour le moment, elle était ravie de revoir Estelen, après tout ce temps. Leur séparation avait été brutale et dangereuse, car la bleu ne connaissait rien des terres de la magie en dehors de ses récits anciens.... Skade n'avait pas eut l'intention de se trouver séparer d'eux si rapidement et de cette manière, elle avait voulut leur montrer le continent à sa façon. C'était raté. Mieux valait oublier, on ne revenait pas sur le passé.

Elle resta un temps silencieux, alors que sa fille parlait. Ainsi, elle avait été secourue par une elfe ? Voilà qui était tout à fait déplaisant. Elle n'aimait pas les elfes, si cette mortelle avait aidé Estelen, c'était uniquement dans le but de s'attirer ses faveurs d'une façon ou d'une autre. Et c'était intolérable. Comment ces êtres pouvaient-ils se prétendre purs alors qu'ils étaient vils et veulent. Mais cela, elle le garda pour elle. Son mécontentement était son affaire, pas celle d'Estelen. Skade n'aimait pas l'idée que sa fille ai servit de véhicule pour un bipède. Même si elle l'avait fait de son plein grès. Ils étaient des dragons sauvages, libres, et n'avaient de comptes à rendre à personne. Il fallait une véritable raison à ce qu'ils s'abaissent à prendre des mortels sur leurs dos.... ° J'ai combattus la tempête et j'ai vaincu, je me suis alors posée près de la ville de Gloria, où un petit d'écaille du nom d'Atalos m'a aidé, avec son dragonnier. Puis je les ai quitté afin de vous retrouver et j'ai rencontré Verith ici, avec un mage humain qui l'avait aidé tout comme toi et moi... Je vous ai cherché, et j'ai cherches les mortels qui me sont connus. Afin d'en savoir plus sur ce qui afflige cette terre° Elle s'arrêta sur cela, regardant de ses grands yeux la jeune dragonne qui la suivait. Elle lui cachait des choses, c'était évident, mais quoi cela restait à voir. Elle n'aimait pas qu'on lui cache des choses, et surtout pas un membre de sa propre famille. Estelen n'avait pas de raison de lui cacher quoi que ce soit.... Elle cligna des yeux à la phrase suivante. Cymbor.... ah c'était toujours douloureux de se l'entendre dire, même si elle le savait déjà. Le trou en elle l'élança bien davantage que la blessure à son poitrail et elle expira un long souffle d'air chaud qui fit s'élever un nuage de poussière. Puisqu'elle n'avait pas retrouvé Estelen, elle ne pouvait pas savoir que l'ancestrale était déjà au courant de cette triste nouvelle.

Dragonne encore jeune, Estelen ne pouvait guère comprendre qu'une telle annonce était une bien mauvaise subtilité, ni qu'elle ne pouvait montrer de sentiments à ce sujet comme l'aurait fait beaucoup de dragons. La colère, la rage même... Non. Elle faisait son deuil en paix et en son cœur. ° Je le sais déjà. Je l'ai appris le jour de notre arrivée. Qu'es ce Estelen, n'as tu donc point de jugeote ? Tout autre que moi t'aurais châtié pour te faire oiseau de mauvaise augure de cette façon ° Atalos lui avait dit. Et elle avait tourné et retourné l'information dans sa tête un long moment. Au début, elle ne voulait pas croire mais ensuite elle avait finit par se faire une raison... il devait véritablement être mort, puisqu'il n'était nul part. Cymbor, son fils, avait périt. Avant même qu'elle ne le connaisse, lui parler, le rencontre... il était mort pour la folie des créatures mortelles. Et ils devraient en répondre, bien évidemment. Ainsi Cymbor avait été lié à une elfe ? Abominable, mais puisque son fils l'avait choisit, elle n'avait rien à dire là dessus. Quand bien même cela l'indignait elle ne remettait pas le choix de son fils en question. Elle ne le pouvait pas... En revanche elle n'aimait pas que cette elfe ai des contacts avec les siens. ° Tu as donc porté sur ton dos l'une des responsables de la mort de mon fils. Et donc. Où se trouve cette femelle, car elle me doit la vie de mon fils. Ou bien est-tu venu me dire que tu as décidé d'en faire ta dragonnière ? ° Elle battit de son immense queue et reprit ° Tu as commencé à prendre tes marques en ce monde il me semble, et puisqu'il en est ainsi tu vas devoir faire des choix... Comprend-tu bien dans quoi tu t'engage ? Est-tu certaine de vouloir emprunter ce chemin ? Car si tu le fais tu te trouvera avec le devoir de continuer quoi que cela implique.... Tu veux vraiment aider cette femelle ? °

Une nouvelle pointe de reproche naquit dans le regard de la vénérable aux paroles de la jeune dragonne bleu. Estelen malgré son âge, son montrait souvent ingénue et encline à une opinion et une rapidité toute enfantine, parfois même à des opinions de bipèdes plus qu'à des considérations draconiques. Elle se laissait trop facilement influencée par les idées de mortels, par la rapidité avec laquelle ils appréhendaient le monde. Si elle devait l'avouer, elle aurait presque dit qu'ils avaient corrompu sa fille. Mais ce n'était point cela... Sa mère génitrice avait été une dragonne liée, et malgré tout, cela influençait parfois la façon de penser du petit par la suite. Estelen, quoi qu'elle en dise, avait un esprit de dragonne de compagnie, parfois...  La vénérable renâcla, et la terre gronda sous elle, vibrante d'un rire de poitrail profond alors que sa longue queue ondulait paresseusement, muscle énorme et couvert d'écailles tranchantes. Non, Estelen était encore bien jeune pour tout comprendre aisément, pour prendre un certain recule, ou tout simplement pour saisir qu'elle parlait déjà comme une liée.

<Ai-je dis qu'elle méritait de mourir Estelen?J'ai dis qu'elle me devait la vie de mon fils, par sa négligence, par son inconséquence, il a périt alors qu'il aurait dû être maître de ces cieux. Il est naturel qu'elle paraisse devant moi et assume ses actes. Tristesse ou pas. C'est là la justice de la nature. Cela n'est guère ton affaire, ma fille, c'est la mienne et la sienne. Tu as beau être la sœur de Cymbor ce n'est point toi qui l'a fait naître et l'a cherché pendant mille ans au travers du continent, et qui a attendu toutes ces années pour apprendre qu'il avait périt par la folie des mortels... Lorsque tu sera mère Estelen, tu comprendras le déchirement que je ressens... Jusque là, abstient toi, émettre un jugement sans connaître la nature du mal est une insulte et un vole, le vole du libre arbitre de chacun>

Elle étira ses ailes et les replia contre ses flancs de nouveau sans la quitter de son immense regard. La vénérable imaginait sans mal que Verith devait avoir réagit comme elle, à la différence qu'il aurait certainement condamné l'elfe à mort. Mais son fils était plein de surprise, aussi préférait-elle ne pas s'avancer. En réalité, elle n'attendait rien de plus de ses enfants que de les voir agir en dragons et non en animaux domestiques attachés aux humains, aux elfes ou aux vampires. Ce n'était pas là la raison pour laquelle elle avait accepté de les prendre avec elle, et quoi que ces jeunes écaillés en dise, elle restait la matriarche, et bataillerait pour sa place de dominante crocs et griffes, même contre ses enfants si elle devait vraiment en arriver là. Elle avait affronté son propre compagnon avant de le choisir, pour prouver qu'il était digne d'elle, et elle affronterait au besoin ses enfants pour leurs rappeler qu'elle était encore celle qui leur avait donné la force de choisir.

<Il n'y a ni bien ni mal. Détache-toi de telles notions ma fille. Il n'y a que tes choix, et ta volonté de les supporter quel qu’en soit l'issue, et cela même si tu dois affronter ta famille. Mais si tes choix sont importants, Estelen, la véritable sagesse est de savoir également apprendre d'eux. Apprend de tout ce qui t'entoure, doute en, et construit toi. Tout t'apparaîtra plus clair, ensuite. Mais sache le, aucun être mortel n'est bon, car aucun n'est conforme à sa véritable nature. Lorsque la volonté d'un seul fou dirige la masse, il n'y a plus à attendre d'eux. Tout ce qui importe, c'est qu'ils n'épuisent pas de nouveau la magie du continent, auquel cas, cette fois, tout serait à jamais perdu....>

Elle secoua le museau. Si il fallait tuer les mortels pour préserver le continent soit, mais cela la répugnait également, car elle savait que certains portaient une lueur d'espoir en eux, comme l'avaient fait Merithyn et Isillwyra.... Et il serait profondément dommage de les perdre.  

Au moins, elle comprenait vite, et si la subtilité était à demi perdue ce n'était pas si grave, car elle la saisirait d'elle-même en vivant ce dont elle parlait. Ses paroles reflétaient la seule chose qu'elle pouvait attendre de sa fille, et elle en était satisfaite. Il n'y avait autre chose à dire sur l'instant, Skade n'avait jamais été une adepte des long discours, si elle acceptait de transmettre sa sagesse à ses enfants, elle n'acceptait pas, en revanche, de leurs mâcher le travail et de leur montrer l'entièreté d'un chemin qu'ils n'emprunteraient peut-être pas... C'était ainsi, chacun était différent, chacun avait des choix différents à effectuer, et ce qu'elle vivait n'était pas ainsi ce que les autres expérimentaient... Ses réalisations ne viendraient peut-être pas si vite pour eux. Et en attendant ? Ce serait souffrance, et expériences... Ainsi était la vie, ainsi allait le monde. Comme elle l'avait vécu dès sa sortie de l'oeuf.... Ce qu'Estelen ne pouvait saisir de son esprit elle le découvrirait bien assez vite. Soupirant lourdement, tout son grand corps vibrant de lassitude.

< Si tu crois que je ne respecte pas tes choix Estelen, n'ose plus reparaître devant moi. Mais il ne s'agit en rien de respect. Il s'agit là de te faire comprendre à quel point tes choix vont influer ta vie futur. Si tu le comprend alors très bien. Je n'ai pas le désir de parler plus avant. Va ma fille. Et vit. Lorsque l'heure sera venue de nous retrouver nous nous reverrons, mais jusque là.... ne cherche pas à me retrouver, j'ai à faire. Que tes ailes ne faiblissent pas >


Et sur cette formule d'au revoir, elle prit son essor dans les cieux , faisant vibrer l'air de ses ailes, et siffler le vent dans ses écailles plus dur que le mithril. Elle lança un dernier regard à sa fille avant de prendre la direction des montagnes. Elle voulait retrouver son royaume et son nid pour un temps. Les voyages l'épuisait tout autant que la présence des autres, y comprit de ses petits, pour l'heure... Estelen ne risquait rien pour le moment, Verith vivait sa vie, et elle ? Elle reprenait lentement ses droits sur les terres qui étaient siennes. Viendrait un temps ou elle affronterait les autres pour conserver sa dominance, mais pas pour le moment, et elle comptait simplement s'isolait du reste du monde pendant un moment.....