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| Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] | |
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InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Mer 9 Sep 2015 - 22:29 | |
| Nuit du 26 au 27 mai, plusieurs heures après la bataille
Que voyait-on au travers de la mort ? L’âme pouvait-elle encore s’émerveiller, près de l’Esprit ? N’était-ce pas ce qu’elle-même ressentait ? Son esprit n’était plus rien d’autre qu’un vide, immense, un désert aride dépourvu de tout buisson d’espoir et de toute fleur d’espérance. Rien. Ni la joie qui gambade, ni la peur qui rampe, ni la colère qui rugit, il n’y avait rien. Pas même le rêve qui se faufile ou la honte qui se cache. Pas plus la tendresse qui accoure ni le chagrin qui menace. Mais dans ce rien, finalement, il y avait une certaine forme de paix. Un apaisement que rien d’autre ne pouvait apporter que cette sensation ; nulle souffrance ne pourrait être davantage que ce que le passé a apporté avec lui. Que sa propre vie, dans de telles circonstances, n’a guère d’importance car le manque est trop fort. Celui d’un être, celui d’un amour, celui de la vie elle-même. Ni dépression ni abattement, c’était bien au-delà de cela. Cela n’avait pas de mot, car cela n’en avait pas besoin. Celle qui le subissait se moquait de sa propre chair qui souffrait, de ce qui avait envahi son âme. Enfin, âme… En avait-elle encore une ? Peut-être… L’étincelle de curiosité détachée fila aussi vite qu’elle était venue, s’éteignant dans le néant. Mais peut-être était-cela qui la ramènerait… Ces quelques illusions de pensées en quête de leur propre lumière… Le désert. Il était toujours là, toujours aussi vaste. Toujours aussi paradoxal. Chaud et froid, effrayant et rassurant. Mais à cet instant, ce qu’il était n’avait aucun intérêt. Pas pour Silarae, qui le fixait sans le voir, laissant le sable se mouvoir sous ses yeux sans même s’en apercevoir. La beauté des lieux était toujours aussi impressionnante, tandis que le ciel étoilé scintillait doucement, l’aube teintant de sang les dunes ainsi rougies. Les bipèdes ne savaient, ne comprenaient pas cela. Ils ignoraient comment observer et admirer. Cette merveille, cette douceur tranquille, devait-elle vraiment être salie par le sang et le conflit ? Il était trop tard, mais dans quelques années, qu’adviendrait-il des traces de ce combat ? Tous les morts, seraient-ils oubliés ? Et lui… lui. Combien se souviendraient de son existence et de son sacrifice ? Un tremblement la saisit, secouant son immense carcasse, alors qu’elle s’enroulait sur elle-même. Elle ignorait si elle les aimait ou les haïssait, mais elle voulait qu’ils vivent. Cela ne faisait aucun doute. Alors qu’elle se moquait de tout, même de savoir ce qu’elle ressentait, ou plutôt ce qu’elle était capable de ressentir à leur égard, elle avait cette certitude à laquelle s’accrocher. Mieux valait cela que rien du tout. D’aucuns auraient peut-être dit qu’il s’agissait là d’un cadeau, qui lui permettrait de se sortir de sa torpeur et d’avoir enfin la volonté de se battre de nouveau ; d’autres, sans doute, auraient rétorqué qu’il ne s’agissait que d’une cruelle torture de plus à affronter. L’un ou l’autre, pour la Blanche, n’était ni vrai ni faux. La seule chose qu’elle percevait au milieu des fissures de son âme était simplement la réalité à laquelle elle devait faire face. Ils existaient, elle devait veiller sur eux, il n’y avait pas lieu de chercher davantage. Cela ne l’intéressait pas et ne l’intéresserait sans doute plus jamais. Argenté. L’éclat de lumière qui éclairait doucement le ciel alentour était reflété par le vaste corps d’une dragonne endormie. Fugace, un bref sentiment d’affection et de reconnaissance traversa Silarae à cette vision, s’oubliant rapidement mais laissant derrière lui l’effluve d’un parfum d’amitié qui s’attardait, rassurant et dans lequel s’envelopper. Trissi. La dragonne avait trainé, avec l’aide de son compagnon à deux pattes, la Blanche jusqu’à ce lieu. Il s’agissait d’une petite pause avant de rentrer au protectorat. La belle endormie méritait sans doute de son repos. Quant à Kedrilan… Vaguement, le regard doré se déplaça, cherchant une présence qu’elle trouva non loin d’elle, l’observant. Depuis combien de temps, elle n’aurait su le dire, mais il était là. Elle ne bougea pas, ou presque. Et pourtant, quelques instants plus tard, Silarae donnait nettement l’impression de s’être rapprochée du vampire. Pourquoi ? Elle ne savait que dire. Elle ignorait même si s’exprimer était encore dans ses capacités, elle qui flottait… ailleurs. Mais elle avait indubitablement besoin de cette proximité. |
| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Dim 13 Sep 2015 - 19:27 | |
| Le bruit des armes et des râles d'agonie s'était estompé pour laisser place à un silence assourdissant. A présent que Trissi avait été libéré de la domination de Vraorg, qu'elle avait retrouvé sa liberté, ils avaient fuit dans le désert, écrin imprenable pour protéger ce noyau usé et abîmé. Effrayée par ce qui s'était passé, l'adrénaline avait laissée Trissi sans force et pantelante sur le sable encore chaud du soleil de la journée jusqu'à la faire s'endormir profondément dans le renfoncement de roche qui leur servait de repaire. Libéré de ce qu'il s'était passé durant toutes ses années, Kedrildan s'en fichait complètement de cette marque qui pulsait sourdement sur son bras, douleur qui l'engourdissait alors qu'il s'était éloigné du Saigneur. Rien n'était trop beau pour sa moitié qui était à bout de force, l'éclat terne de ses écailles alors qu'elle se mourrait de cette bride qui les enserrait et étranglait sans pitié.
Mais à présent, il n'y avait rien. Le voile bleu nuit de l'immensité du ciel sans nuage, perlé par les dames scintillantes qui les protégeaient d'en haut, le froufroutement des grains d'or roulant sur les dunes au passage d'un sinueux fuyant. Claquement sec d'une pince en guise de menace, chant mélodieux d'un prédateur ailé rentrant au nid avec la proie pour la portée. Si vide mais si vibrant de vie. Kedrildan arrivait à sentir le battement des cœurs qui vibraient sous cette mer, apaisante mélodie qui accompagnait le cœur endormit de sa compagne, le crissement de ses écailles contre le sable alors qu'elle bougeait dans son sommeil pour changer de position. Sa Reine avait besoin de prendre du repos, de se reconstruire après tout ce qu'elle avait vécu... Elle qui avait la mémoire de ses ancêtres, elle n'était au final qu'une enfant âgée d'à peine 6 printemps, elle était la force indomptable du vent, la malice des nuages qui cachent le soleil, mais elle était née il n'y avait pas si longtemps que ça.
Grimaçant alors que son corps hurlait son refus qu'il bouge, Kedrildan se releva pour caressa son arcade sourcilière, crête d'écailles tranchantes qui ne le blessait aucunement.
« Dors bien... »
Il lui envoya des ondes apaisantes et de chaleur avant de tourner son visage las sur celle qui les accompagnait. Silarae... Qui venait de vivre une perte terrible, porte de la folie et de la mort pour soulager le vide béant et grandissant donc les crocs devaient ronger la chaire à vif pour lui faire sentir à quel point elle était seul à présent. Les mains sur ses genoux, le vampire se redressa et fit quelques pas pour s'asseoir non loin d'elle, se contentant de la regarder en silence alors que son regard terne parcourait le vaste monde sans trouver quoique ce soit pour allumer ne serait-ce que la petite flamme de l'espoir dans ses grands yeux. Au final, elle était comme sa petite, atteignant les séquoias, possédant la mémoire de ses ancêtres mais sortit de son œufs guère plus longtemps avant Trissi. Une enfant... Leur mémoire ne pouvait pas justifier la jeunesse de leur cœur et de leur vision du monde, bien au contraire puisque ça ne pouvait pas être la même chose : connaître ne pouvait pas préparer ce qu'on vit parce que c'est beaucoup plus intense.
… Comme la mort de Achroma. Au début de leur fuite, Kedrildan n'avait pas vraiment comprit sur le coup pourquoi elle s'était effondrée de douleur, se contentant de récupérer les deux dragonnes pour partir dans le fin fond du désert pour se mettre à l'abri. Ce fut lorsqu'ils réussirent à se poser au fin fond du désert que le roux remarqua le pourquoi de tout ça... Achroma n'était plus. Il ne savait pas comment réagir : il avait été son maître et son ami, puis il y a eut Vraorg et le chacun pour soi, on ne savait plus sur qui compter pour survivre dans ce monde. Et puis tant d'autres autres choses encore jusqu'à aujourd'hui, avec la bataille, les combats, les pertes, la douleur, la mort... Il était partit pour de bon, pour toujours, laissant sa bien-aimée derrière lui et son amant. Eliowir, il ne savait pas ce qu'il était devenu tiens. Nulle doute que cette guerre fera des ravages à son terme...
Le mouvement de la dragonne lui fit se redresser sa tête, gardant toujours le silence alors qu'elle le remarquait enfin. Elle avait l'air anéantit... Il était si faible que si Trissi était partit sans lui, il l'aurait suivit dans les heures qui suivaient tellement il n'aurait pas pu vivre sans elle. Silarae devait vivre un vrai déchirement... Il eut la sensation qu'elle s'ouvrait un peu à lui et lentement, presque sans vraiment se faire remarquer, il sembla glisser délicatement sur le sable pour se rapprocher d'elle, assis à ses côtés, en tailleur, le regard se perdant dans l'horizon de la nuit étoilé, ne la touchant pas mais n'étant pas inaccessible. Il était là, il ne la laissera pas seule... Comment pourrait-il de toute manière alors qu'elle était de leur famille ? Une famille de dragons-dragonniers, des membres qui pouvaient compter les uns sur les autres. Silarae était de sa famille, elle était la sœur de Trissi et la moitié de son maître, il ne la laisserait pas.
Simplement, il leva un bras et posa sa paume sur ses écailles. Simple contact. Pas de caresses ou de paroles. Un simple toucher pour être présent et donner autant de chaleur que pouvait un vampire mort depuis quatre cents ans. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Jeu 17 Sep 2015 - 20:21 | |
| Une main pour caresser, une main pour cajoler, une main pour rassurer, une main pour aimer. Et parfois, simplement, une main pour rappeler que tout n’est pas perdu, pour offrir un peu de soutien autant qu’il est possible, pour ramener une âme égarée. Une main de souvenir, aussi. Pour refaire naître les milles et unes émotions, enfouies depuis le choc, pour briser le monde de chimères dans lequel s’est réfugiée la pauvre créature, et amener des vagues de douleur en salvatrices tourmenteuses. Douce souffrance, détestable souffrance ; elle que Silarae pensait fidèle compagne depuis trois ans venait à lui prouver que ce temps n’était rien d’autre, finalement, qu’un mirage de tourments. Elle savait se faire plus vive lorsque Mort venait chercher un être cher, elle savait, sournoisement, se manifester au moment le plus inattendu. Elle savait briser le corps au travers de l’esprit, broyant la poitrine, compressant le souffle puissant d’un poitrail cuirassé d’écailles. Compagne, elle était aussi une ennemie redoutable et invincible. Comment lutter contre elle ? Qui pouvait avoir la force de le faire, en une pareille situation ? Et cette main, cette main maudite, qu’elle s’en aille ! Il n’était pas lui ! Oh, il était de la même race, il était, sans aucun doute, un excellent dragonnier et un des rares bipèdes estimables, mais son âme n’avait pas la beauté de son lié à elle, il n’était pas sa raison de vivre. Pourquoi restait-il ainsi, à lui rappeler combien la douce présence de son âme-sœur lui manquait ? Que lui ne viendrait jamais plus pour la toucher ainsi, grimper sur son dos afin de s’envoler à ses côtés ? Que sa silhouette ne se profilerait plus sous les rayons de la lune bienfaisante ? Que ses émotions ne se déverseraient plus en elle comme d’antan ? Qu’elle n’aurait plus la douce certitude que où qu’elle aille, quoi qu’elle fasse, un être cher l’aimait, d’un amour que seuls des liés peuvent comprendre ? Pourtant, la simple idée que ce léger contact cesse la faisait souffrir encore davantage. Cette main haïe était aussi un présent, une ancre dans cette sinistre réalité. Si elle partait, si elle la laissait seule, la Blanche écailleuse ne le supporterait pas davantage. Elle qui avait réveillé en son cœur ce qu’elle tentait de refouler depuis plusieurs heures, elle qui avait fait s’effondrer le mur protecteur qu’elle avait érigé pour échapper à toute peine, elle qui s’était montré douceur et amitié. Elle que la dragonne, peut-être, avait espéré. La solitude la détruirait plus vite qu’elle ne le voulait. Et ce fut sans même s’en apercevoir qu’elle enroula sa queue autour du vampire, sans le toucher, sans même l’effleurer, comme traçant un cercle protecteur autour de lui. Après tout, ne devait-elle pas cela aussi à sa sœur d’écailles ? Alors que cette dernière se reposait d’un sommeil bien mérité, la dragonne esseulée n’avait-elle pas le devoir de veiller sur le vampire ?
*Je les sens. J’entends presque leur murmure ; à moins que ce ne soit la folie qui m’appelle. Ils sont mon sursis, et l’avenir des miens peut-être. Mais si je n’ai pu le protéger, lui, pourrais-je seulement veiller sur eux ?*
Elle ne le regarda pas, fixant le ciel et ce qu’il dissimulait sans vraiment le voir, comme cherchant à passer la barrière de nuages pour porter son regard au loin, bien au-delà de ce que la lumière rougeoyante annonçait. Avec ce brusque retour à la réalité, Kedrilan lui avait offert autre chose : la capacité à s’exprimer de nouveau. Alors que quelques secondes plus tôt elle ne savait plus même ce qu’était le son d’une voix ou le frôlement d’un esprit, qu’elle se serait crue incapable de tourner ce qu’il restait d’elle vers quiconque afin d’en faire son interlocuteur, elle se retrouvait en même temps que le réel l’assaillait. Ce n’était qu’évidence finalement, puisque le vide ne peut guère s’exprimer. Mais à présent, il y avait trop, justement. Trop à ressentir pour être capable de tout supporter. Trop sans qu’il n’y ait plus personne qui la connaisse vraiment vers qui se tourner et partager. Et puisque son nuage d’indifférence s’était évanoui au loin, elle devait trouver une île où se poser au milieu de cette mer agitée qu’elle était devenu. Elle devait pouvoir offrir un refuge à ses petits à naître. Et Kedrilan devait savoir. Trissi et son dragonnier seraient peut-être les seuls à veiller sur ses œufs, un jour. Ils étaient dignes de confiance. Ils l’avaient guidée, soutenue, accompagnée, et continuaient à demeurer à ses côtés. Et lui avait su, par un simple contact, lui rappeler qu’il y avait un monde autour d’elle, un monde immense, hostile et bienveillant. Devait-elle le remercier ou l’exécrer pour cela, elle n’en savait rien. Mais en vérité, elle n’avait pas même réfléchi en s’adressant à lui. Pas plus qu’elle n’avait pas songé à lui énoncer autrement. Elle était certaine qu’il comprendrait, simplement. Il était des vérités que l’instinct savait reconnaître à tout instant. L’étrange intimité qui les enveloppait, tous les deux, saurait l’éclairer s’il était perdu. Un autre temps viendrait où elle se tournerait cette fois vers sa sœur d’argent afin de lui faire semblable déclaration, un autre temps encore, un peu plus lointain, apparaîtrait où, sans crainte, elle pourrait les nommer gardiens de sa chair, veilleurs de ses espérances à venir. Peut-être était-ce là le début… |
| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Sam 19 Sep 2015 - 11:54 | |
| Ils avaient tous besoins de repos. La guerre, la soumission, l'oppression, la mort, la douleur, la peine, la peur... Un maelström qui ne pouvait que les étouffer et les noyer, les laissant briser sur les grèves de plages de galets. Trissi réussit à s'abandonner au sommeil réparateur, ronflant doucement en faisant s'envoler le sable, confortablement installée sur le sol encore chaud de la journée. Elle en avait bien besoin, le dernier cadeau de Vraorg avait sûrement été bien trop éprouvant...
Caressant doucement sa chère et tendre, Kedrildan se tourna vers l'autre dragonne qui s'était exilée avec eux dans le désert. Silarae. Dont la moitié d'âme venait d'être éteinte à tout jamais. Le roux ne pouvait qu'imaginer l'intense souffrance qu'elle devait sentir brûler et ravager en elle, volcan en éruption qui la rongeait encore pire que l'acide. Il était clair et net que pour lui, il aurait abrégé son éternité si Trissi s'était éteinte sans lui: le monde ne valait plus la peine d'exister alors que la moitié de son coeur mort avait disparu pour toujours.
Mais Silarae était toujours là. Pour combien de temps? Arriverait-t-elle seulement à continuer à évoluer dans ce monde alors que la personne chère à son coeur venait de s'évaporer, de retourner dans le giron de Dracos et Mort... Quand elle sembla émerger un peu pour se rendre compte qu'il la fixait en silence, Kedrildan prit cela comme une invitation et il s'approcha lentement, sans la toucher, se contentant de regarder l'horizon sans un bruit.
Posant sa main sur elle, il espérait lui prodiguer ne serait-ce qu'un peu de soutien et de présence dans son deuil. Et il ne fit aucun cas de sa réponse, de cette queue qui s'enroula autour de lui sans ne serait-ce que l'effleurer. Il était là, il offrait une bonne partie de son être à ce Rayon de Lune qui venait était si seule à présent. Par les frémissements de ses mouvements, le roux avait comprit qu'elle commençait à sortir de son immobilisme et de sa noyade dans le gouffre de la souffrance pour ressentir le monde extérieur. Elle se réveillait peu à peu, repoussant la douleur ou y faisant face, il ne savait pas trop encore.
Kedrildan lui avait montré qu'il était là, qu'il ne la quitterait pas. Il surveillait sa moitié mais il n'en délaissait pas pour autant Silarae: il ne l'abandonnerait pas. Peut-être était-ce présomptueux de sa part mais il avait l'impression qu'elle avait besoin de lui... En tout les cas, il était là. Simple, silencieux, la touchant. Il avait fait le premier pas, repondu à son appel, à elle de faire la suite, de s'accrocher au roux pour parler ou réagir, décider ou s'apaiser.
Quoique ce soit que c'était, le dragonnier était là et il n'irait pas la brusquer.
Gardant sa main contre ses écailles, sa froide chaleur se mêlant à la sienne, le roux continuait d'explorer le ciel de ses yeux vert, remplaçant le contact de ses doigts par celle de sa cuisse alors qu'il s'allongeait sur le sable, les mains croisés sous la tête. Il ne craignait aucunement les battements de cœur qui vivaient dans cette mer de sable mais son attention restait sur la Dame Blanche, le regard perdu dans les constellations : son corps avait besoin de la transe mais il voulait être sûr que ça irait pendant qu'il s'endormirait. Alors il attendait, s'imprégnant de cet être au cœur brisé, essayant de l'apaiser par sa présence silencieuse. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Ven 25 Sep 2015 - 20:51 | |
| Calme et douceur, beauté et mystère, ainsi chantait la mélodie du silence. Enchanteresse, elle jouait pour qui voulait l’entendre, pour qui savait s’ouvrir à ce qui l’entourait, pour qui savait s’échapper. Omniprésente et pourtant si fugace… Un rien la brisait, le moindre son venait la transpercer et l’anéantir avant qu’elle ne renaisse de plus belle, portée sur les ailes du vent et dansant sous la lune d’argent. Elle était comme une larme qui glissait, belle et à peine visible, emplie d’émotions pour ceux qui la connaissait, revêtant mille et une significations et, finalement, disparaissant pour mieux revenir quand le moment était venu. Elle était comme rêve, si douce et immatérielle, venant narguer chacun avant qu’un souffle suffise à la faire fuir. Et qu’elle était appréciable, cette mélodie du silence. Elle chantait les dunes qui frissonnaient, les étoiles qui s’éteignaient, les ombres qui s’éveillaient dans le soleil renaissant. Elle sentait la chaleur du sable blanc, le spasme glacial de la nuit s’étiolant. Elle délivrait la confiance cachée en chacun pour réunir en un lien intime et unique ceux qui l’entendaient. Elle était silence, simplement.
Et silence était tout ce dont avait besoin Silarae. Elle avait parlé, doucement, difficilement, dans le creux de l’esprit de lié-de-Trissi. Elle lui avait révélé ce qu’elle cachait, ce pour quoi elle se battait. Il n’avait rien dit. Il avait écouté, il s’était allongé, offrant sans réserve sa présence et son réconfort. Sans doute était mieux ainsi. Dans ce moment unique où le temps semblait figé, dans ce lieu si simple et si pur où rien ne semblait plus vouloir évoluer, elle pouvait prendre son temps, s’épancher à sa guise selon ses envies. Elle n’était pas tenue de répondre à une quelconque interrogation, et elle le sentait, lui, qui se reposait peu à peu. Il n’était pas en transe, pas encore. Achroma l’avait habituée à savoir quand c’était le cas.
*Quels souvenirs seront gravés ici ? Que laisseront-nous à nos petits à venir ? Que sauront-ils de nous ? La pierre marque mais il faut savoir la comprendre. Et dans cette immensité, le temps n’a guère d’emprise suffisante pour laisser ses griffes. Le futur est incertain, mais quelle importance. La terre restera derrière nous, le ciel la surplombera toujours aussi majestueusement. Depuis bien longtemps les tourments et les peines existent, mais Armanda ne s’est pas détruite pour autant… Combien sont morts ici sans que nul ne le sache ou ne s’en souvienne ?*
Oui, la poussière était la terre des morts, après tout. Le corps se décomposant, séchant, s’effritant, pour finalement s’envoler et voleter en grains fins, si jolis, si délicats… Les enfants bipèdes les admiraient dans les rayons du soleil mais savaient-ils seulement qu’il s’agissait d’un corps ?
*Et toi, dragonnier, quelle force te permet d’avancer ? Quelles pensées motivent tes pas ? Quel combat mérite donc ton épée ? Quels rêves pavent tes espoirs du futur ?*
Trissi, sans doute. Elle était sa moitié, et il devait songer à la chance qu’il avait eu de garder indemne sa liée. Oh, amour égoïste et cruel, lui sans doute habitait bien des cœurs. De ceux qui retrouvaient leurs aimés et proches après avoir vu leurs compagnons pleurer ce qu’ils avaient perdu. Quelle importance après tout. Il avait raison de se soucier de cela. Et il n’avait nul besoin de répondre. Ces questions, elle se les posait à elle-même, au désert, à chaque vie de ce monde. Au coquelicot qui étale le rouge de ses pétales dans l’herbe verte, aux poissons qui séduisent les algues vertes et brunes, au corbeau qui guette ses proies, aux fruits qui mûrissent sous l’or matinal. A chaque chose qui peuplait cette terre, finalement. Aux petits êtres en elle, aussi. Le silence revint, sans qu’elle ne sache s’il allait parler. Les murmures de Silarae venaient sans doute troubler son âme qui cherchait la quiétude. Qu’importait, elle pouvait toujours méditer sur ce qui l’entourait, elle pouvait toujours écouter… la mélodie du silence. Car si dans le rien, il y a le vide, le vide, lui, contient de magnifiques secrets… Il contient simplement ce que l’on refuse de dévoiler, ce que l’on ne peut exprimer. Il est comme le silence, non, il est silence. L’absence et la présence à la fois. Paradoxe, lui aussi.
HJ : si ca ne va pas, n'hésites pas à me le dire ^^' je suis encore malade, j'ai du mal à m'éclaircir l'esprit à cette heure ci x_x |
| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Mer 30 Sep 2015 - 22:47 | |
| Kedrildan n'avait pas ouvert la bouche alors qu'elle parlait, laissant filer le murmure de ses pensées dans l'esprit du dragonnier, des pensées auxquelles il ne répondit pas parce qu'il n'avait pas l'impression que c'était à lui qu'elle s'adressait. Des pensées brisées qui pourtant semblaient annoncer tellement de choses, le renouveau de la vie, l'espoir d'un monde qui guérirait, la naissance de flammes qui embraseraient la liberté, des enfants qu'elle craignait de ne pas réussir à protéger tout comme elle se sentait responsable de la mort de son lié. De toute façon, le roux ne savait que dire à ses premiers mots, pierres polies par la détresse roulant dans l'océan de sa haine et son désespoir... Il n'avait jamais été vraiment doué pour consoler les êtres en souffrance : présent, écoutant, mais n'arrivant pas à dire quoique ce soit qui pourrait vraiment aider à aller mieux. Il était un animal, un animal qui avait évolué mais il ne se sentait pas assez intelligent pour se permettre d'ouvrir sa bouche pour palabrer... A part la rassurer en disant qu'il ne l'abandonnerait pas, il ne pouvait rien dire d'autre : si c'était pour dire des bêtises, mal parler ou il ne savait quoi encore, aggravant la situation, autant rester le bec clôt.
Soutenir sa moitié d'âme était différent de soutenir un être qui n'était pas fondu en vous comme maintenant, c'était plus difficile, l'erreur était plus aisé, surtout alors qu'elle pouvait choisir de dépérir pour rejoindre l'autre moitié de son cœur qui s'était éteint il n'y avait que quelques heures encore. S'allongeant à ses côtés, le regard perdu dans les constellations, il la laissa s'ouvrir peu à peu, absorbant le flot de ses pensées sans songer un seul instant à s'en fiche complètement, sursautant si peu alors qu'elle lui demandait ce qui lui restait pour avancer dans la vie alors que tout courrait à la destruction et la catastrophe.
« … Trissi. Plus rien ne me rattache à ce monde à part Trissi. Bien sûr je ne te laisserais pas et j'ai dans mon souvenir un visage rieur d'elfe encore innocent du Mal et de la Mort de ce monde. Mais Trissi est la seule qui me garde en vie, la seule qui fait que je continue de me battre : ce n'est qu'une enfant, comme toi, une enfant qui a la rage de vaincre les cieux et de conquérir le monde. Elle est plus forte, plus puissante que moi, mais elle reste fragile, elle reste une jeune âme de six printemps que je veux protéger à tout prix. Si c'était elle et non Achroma, je l'aurais suivit jusqu'au bout parce que rien d'autre ne me permettrait de rester accrocher à cette éternité qui est la mienne. »
Non, son maître ou cet elfe, rien n'aurait pu aider le roux à surmonter cette perte incommensurable. Mais les choses étaient différentes pour Silarae, Kedrildan le savait.
« Mais toi, Dame Blanche, je sais ce qui va te permettre d'avancer : les flammes de Vie en ton sein. Pour eux tu dois rester forte et en vie pour les protéger, les éduquer, les armer alors qu'ils vont entrer dans ce monde de fou. Achroma s'est sacrifié pour te permettre à toi et ta descendance d'être en sécurité, il est en toi, il est toujours en ton cœur, il est en tes enfants qui vont venir. Il continue de vivre à travers toi et des exploits que tu réalises en sa mémoire et dans ses valeurs. Il n'est pas partit définitivement Silarae, il est toujours là tant que l'on ne l'oublie pas... »
Avait-il parlé avec justesse, raison et compassion ? L'avait-il épargné de platitudes et de bêtises qui pourraient l'enfoncer dans sa détresse incommensurable ? Il n'en avait aucune idée... Il bougea lentement, remettant sa main sur son cuir, étendant ses sens jusqu'à percevoir les fragiles battements de cœur fébriles de la vie frémissant en elle.
« Sais-tu combien grandissent en toi ? Sais-tu si ce sont d'orgueilleux mâles ou de fiers femelles ? Reines des cieux ou guerriers de la race ? J'aimerais tellement que ma Trissi connaisse cette expérience à son tour, les joies de donner la vie, d'être fière d'une progéniture vigoureuse qui va partir à la conquête du monde... »
Il sentait le sang circuler sous la paume de sa main, alimentant la vie qui grandissait et s'agitait en son sein. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Jeu 8 Oct 2015 - 17:28 | |
| Murmures qui n’étaient qu’une façon de tenter de soulager son cœur, ou peut-être d’agrandir la peine en elle de manière presque masochiste, les propos de Silarae semblaient trouver leur place dans l’esprit de Kedrilan sans que celui ne réagisse. Il était un océan de calme dans lequel s’immerger jusqu’au cou, un petit îlot de tranquillité et de répit qui semblait figé dans le temps et dans l’Histoire, ainsi allongé, comme si sa présence était une évidence et que son corps était une statue de marbre blanc que rien, ni sable ni vent, n’avait pu altérer. Tel un mort qui veillait, mais c’était finalement ce qu’il était. Le gardien au cœur éteint d’une dragonne étincelante. C’était, comme il venait finalement de le dire, la source même de sa présence. C’était sa liée qui le maintenait en ce monde, marionnette de chair froide dansant au son de l’amour d’une reine céleste. L’amour des liés était égoïste et enchainait les deux victimes par le besoin de l’autre qu’il faisait naitre. Nul ne pouvait survivre à l’autre. C’était une évidence pour la Blanche. Elle-même ne se savait qu’en sursis. Aucun désir de vivre ne pulsait plus en elle. La chaleur qui brûlait autrefois son cœur était devenue glace, la flamme était devenue cendres. Le froid qui engourdissait son corps tentait de se répandre dans tout le reste de son être, seulement combattu par l’antre de ses entrailles. Mais cette faible étincelle qui demeurait et luttait s’éteindrait sûrement sitôt sa tâche accomplit envers ses petits, et il semblait déjà exceptionnel qu’elle demeura tant de temps.
*Cette éternité qui m’attend… Je ne crois plus pouvoir voler dans son vent pendant longtemps encore. S’il vit en moi, je ne peux que pleurer sa présence à mes côtés, souffrir de ce qui manque en mon être afin d’être complète. Je ne me souviens pas de pareille douleur. Je ne me souviens pas de pareil tourment. Quel châtiment que de devoir survivre quand l’on se meurt peu à peu ! Ces embryons de vie, ne sont-ils pas une peine bien cruelle ? Et pourtant, une part de moi aime cette source de souffrance, ces instruments de ma douleur. Une part de moi recherche ce que la sérénité peut apporter pour lutter contre ce vide qui m’engloutit. Je ne peux que souhaiter les voir grandir et s’épanouir tout en les protégeant. En les protégeant mieux que je n’ai su le faire pour celui-qui-liait-mon-âme. Veille sur ta liée, petit-deux-pattes-à-la-crinière-de-flammes. Oh oui, quelle fragilité est en vérité ce lien, quelle force et quelle faiblesse représente-t-il ! Veille sur elle car sa mort serait ta perte. Mais ne la m’estime pas ; fragile, sans doute en bien des côtés, mais forte, courageuse, intelligente et fière. Vous pourrez aller d’un côté à l’autre du continent et conquérir les lieux que votre route empruntera. Vous en êtes tous deux capables…*
La phrase se fit à peine perceptible tandis qu’elle isolait presque malgré elle son esprit de celui du vampire. De douleur, elle voulait retrouver sa solitude et pourtant, cette solitude n’était pas celle qu’elle avait connue pendant si longtemps. Il manquait une présence en son sein, il manquait un lien qu’elle sentait détruit. C’était bien là le paradoxe. Elle voulait être seule tout en ayant peur de ce macabre silence. Elle voulait la paix la plus parfaite tout en ayant l’impression que le continent pourrait se détruire sous ses yeux qu’elle s’en moquerait. Cet écart ne dura pas, et de nouveau elle fut là.
*Trois, je les sens. Je perçois leur présence, je comprends la vie qui pulse et souhaite s’élever au-dessus des nuages. J’ignore ce qu’ils seront, mais de splendides, sages et féroces combattants, je ne doute pas qu’ils le deviendront. Ils laisseront dans les nués le souvenir de celui qui a donné sa vie pour libérer leurs semblables d’un sort plus cruel que ce que Mort peut apporter avec lui. Ils traceront dans les lignes de l’azur et au son du vent les adieux qu’il méritait. Ils chanteront dans la fureur de l’orage la gloire qui aurait dû être sienne.*
Une caresse apaisante et pleine d’affection traversa l’esprit de Kedrilan, aussi léger qu’un flocon de neige, aussi imperceptible qu’un souffle de vent sur une colline, tandis que ce dernier souhaitait voir sa compagne d’esprit devenir mère à son tour. Le peu qui restait en vie d’elle-même, elle l’offrait aux deux créatures qui veillaient sur elle. Elle n’avait guère la force de faire plus… mais elle ne pouvait se résoudre à faire moins.
*Laisse-lui le temps de trouver le compagnon qui sera digne de l’accompagner tout sa vie. Je lui souhaite de veiller sur ses petits en des temps plus paisibles, qu’elle ne les voies pas périr à leur tour avant même que leurs ailes ne les ai porté où elles le devaient.*
Il n’y avait pas de doute quant à la terrible épreuve qu’était celle de perdre son dragonnier, sans doute la pire de toutes. Néanmoins, perdre un petit devait également être une chose terrible. Trissi avait encore la chance d’évoluer dans une vie qui s’ouvrait devant elle, le monde, le ciel, l’amour même. Laissant le silence s’attarder un moment, la Blanche reprit avec quelques hésitations :
*Peut-être un jour… si vous le pouvez et le souhaitez… voleriez-vous tous deux au-delà du continent ? Retrouveriez-vous les terres de nos ancêtres ? Nous devions… tous les deux… mais il n’est plus et je ne ressens plus que fatigue. Si l’occasion se montre à vous, le feriez-vous pour la mémoire d’un vampire aux yeux aussi profonds que l’océan ? Le feriez-vous pour celui qui vous offrit, de sa vie, la liberté ?*
Elle ne souhaitait pas qu’il voit là une façon de rembourser une dette. Qu’ils l’aient ainsi emmené, elle Silarae et les œufs qu’elle abritait, à l’abri des conflits était déjà suffisant. Elle espérait plutôt qu’ils puissent un jour le faire en mémoire de celui duquel elle avait un jour lié son âme et son destin. |
| | | Kedrildan Maralawë Maitre de la Caste
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Jeu 15 Oct 2015 - 12:44 | |
| De toute façon, aucun mot ou geste ne pouvait soulager une perte aussi grande que celle qu'elle vivait. Aussi, Kedrildan ne pouvait-il qu'être là, le lui montrer, la soutenir plus ou moins en silence. Allongé à ses côtés, le roux écoutait les battements de cœur si rapide en elle, fasciné de savoir que de si petites vies luttaient en son sein.
« Je ne peux imaginer à quel point cela peut être douloureux... Mais tu ne peux pas arrêter de vivre maintenant Silarae : tes enfants ont besoin de toi, ils auront besoin que tu leur apprennes à gérer leur corps en accord avec leur mémoire. »
Mais lui demander cela alors qu'elle ne rêvait que d'une chose c'était de rejoindre son compagnon disparu... Non, personne ne pouvait comprendre à quel point c'était un déchirement de vivre pareille désespoir. Enfin, il pouvait le comprendre s'il vivait une telle horreur... Ce qu'il espérait ne jamais vivre d'ailleurs et il jurait sur Dracos et tous les Esprits qu'il ferait n'importe quoi pour qu'il n'arrive rien à sa bien-aimée ! Et il ne pouvait que croire la dame Blanche quand elle lui dit que sa mort serait sa perte : Kedrildan savait avec une clairvoyance limpide que si Trissi disparaissait, il disparaissait avec elle, il lui serait incapable de parcourir le monde sans elle.
« Trois... Et de ceux qui marqueront la trame du monde et de l'Histoire... Je suis heureux de pouvoir vivre assez longtemps pour voir ça. »
Un sourire aux lèvres, le dragonnier frissonna légèrement à sa caresse, tournant les yeux vers la dragonne pour la fixer avec curiosité. C'était tellement doux et chaud comme touché... Il rit doucement en se rallongeant sur le sable.
« Oui c'est vrai... Mais à part le jeune Cynoë, je n'ai pas trouvé les mâles avec un bon pedigree. Ils ne sont pas dignes d'elle mais c'est à elle de choisir après tout... Nous verrons bien. »
Il bougea ses doigts sur ses écailles, lui aussi priant en silence pour qu'elle ne souffre pas de la mort de l'un d'entre eux. Ca devait être un cauchemar autant aussi puissant que la perte de son compagnon dragonnier vu qu'il y avait aussi une partie d'elle en eux. De toute manière, dès que l'on met une partie de son âme en quelqu'un et qu'on la perd, l'on vit un cauchemar... Il tressaille en entendant sa confidence à voix basse, les pensées lourdes de tristesse et de lassitude. Il se redressa pour la regarder, admirant son profil dans la nuit alors que la lumière des étoiles se reflétait sur elle...
« Oui. Oui nous le ferons. Rien ne t'empêche d'y aller aussi Silarae, de poser ton cœur consumée par la détresse sur la terre de tes ancêtres... Tu le ferais pour te reposer et pour le faire à sa mémoire... Tu pourrais venir avec nous : je t'ai dit que je ne t'abandonnerais pas, je ferais de mon mieux pour te protéger toi et tes petits, tu n'es pas seule malgré la blessure dans ton âme dame Blanche. »
Souriant légèrement, il frotta ses écailles de ses doigts en se rallongeant, fixant de nouveau les étoiles.
« Il faut que tu te reposes, ton esprit, ton corps, ils ont besoin de prendre des forces après tout ce qu'il s'est passé... Je vous chasserais un peu de nourriture pendant votre repos, vous remplir l'estomac permettra votre renouveau. Une fois que vous irez ne serait-ce qu'un peu mieux, nous aviserons ce que nous ferons. Dors dame Blanche, je veille. »
Kedrildan lui sourit et étendit ses sens pour guetter le moindre danger, déterminé à tout faire pour les protéger toutes les deux. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Au coeur du rien, il y a le vide [Kedrilan] Dim 25 Oct 2015 - 16:22 | |
| Besoin ? Auraient-ils vraiment besoin d’elle, ces petits à naitre ? Ils étaient de futurs dragons, ils étaient destinés à savoir conquérir le monde, les cœurs, les esprits ! Ils devaient être forts, indépendants, débrouillards t courageux. Ils devaient être capable de survivre seuls. Pourquoi devrait-elle, elle leur mère, demeurer enchainée à cette terre désormais haïe de par l’absence de son âme sœur ? Pourquoi devait-elle se soumettre à ces êtres chétifs et sacrifier les ultimes morceaux de son intégrité psychique ? Seulement quelques heures et elle avait déjà l’impression de ramper pour survivre, harassée par cette tâche que lui imposait la nature, torturée par un amour qu’elle ne voulait même pas reconnaitre.
*Ils apprendront. Ils apprendront comme j’ai su le faire, ils apprendront à lutter pour leur vie et celle de ceux qu’ils aiment.*
Cela forgerait leur histoire, également. Leur caractère et leur force. Peut-être n’écloraient-ils que dans de longues années. Allait devoir rester condamnée à errer sur ces terres jusqu’à ce qu’elle puisse être de nouveau utile ? Mais pour l’instant elle n’en savait de tout façon rien du tout. Elle était comme ces voiles d’humains, qui chancelaient sur les flots nerveux, sans le moindre contrôle, s’échouant finalement sur une plage déserte et se fracassant sur les récifs pointus. Elle était comme ces arbres qui savaient qu’une tempête approchait et qui ne pouvaient rien faire d’autre que d’attendre, attendre de voir ce que serait son destin. Ah, quelle douce innocence que celle de ne pas savoir ce qu’était la véritable douleur. Quelle innocence aussi de ne se préoccuper que de l’amour de sa dragonne.
*Elle a bien du temps encore. Peut-être trouvera-t-elle parmi la prochaine génération à venir celui qui lui conviendra. Après tout, je ne doute pas que notre race continuera à survivre aux guerres et massacres, quel que soit leur nombre. Elle vivra ce qu’elle doit connaitre, mais qu’elle soit heureuse… Qu’elle apprenne à connaitre ce qui l’entoure, qu’elle sache ce qui sera bon pour elle. Alors seulement tu pourras espérer être l’un des protecteurs de ses petits.*
Ce serait sans doute quelque chose d’important aussi, pour Trissi. Se sentir soutenue par son lié dans toutes les épreuves qui étaient siennes, même celle de mère. Et si en plus il acceptait de partir vers le continent des ancêtres de la Blanche, en hommage à Achroma… Il était étrange, ce Kedrilan. Sous sa force se cachait une grande bonté et un profond respect pour le mort et sa dragonne, mais aussi une capacité de compréhension et une empathie extraordinaires. En cela, sans doute lui rappelait-il un peu le petit-elfe-aux-cheveux-d’or-et-morceau-de-bois-chanteur, toujours là lorsqu’elle avait eu besoin de lui. Et dire qu’elle désespérait, à cette époque, parce que son lié était auprès de l’ennemi… Quel vain chagrin cela lui semblait-il alors, quelle fausse tristesse à côté de celle qu’elle ressentait à l’instant.
*Je te remercie, petit-sang-froid. Tu es le digne lié de ma sœur d’écailles. Je ne sais si j’irais, je ne m’en sens guère la force, peut-être le temps me fera-t-il mentir mais je ne le pense pas. Quoi qu’il arrive… Je suis heureuse de savoir que Trissi a un tel Frère-d’Âme. Et qu’il y aura toujours deux êtres comme vous pour veiller sur mes petits à naître.*
Elle-même pourrait partir en paix, que ce soit dans la mort ou vers ses ancêtres, sans s’inquièter de ce qu’il adviendrait de sa progéniture. Pour Silarae, c’était un réconfort indéniable que de pouvoir se fier à pareille promesse. Armanda ne dépérirait pas. Les dragons ne s’effondreraient pas. Le continent pleurerait peut-être l’une de ses filles dans le souffle du vent et le murmure des vagues, mais tout ne s’effondrerait pas.
*Dormir, se reposer… Quels mots devenus vains, car il n’y a plus de paix pour moi, où que j’aille et où que se réfugie mon esprit. Je flotte dans l’océan d’une absence permanente, et au cœur de ce rien il n’y a que vide. Nulle force ne peut plus m’alimenter. Mais soit, lié-de-ma-sœur, si cela peut te réconforter et te rassurer, je vais tenter de m’assoupir. N’aie crainte de me réveiller s’il y a besoin, et prends soin également de te ressourcer.*
Se refermant totalement, gardant toujours sa queue délicatement enroulée autour du bipède mais lui laissant la place de s’en échapper à tout moment, la Blanche posa la tête sur ses pattes avant, observant le jeu de lumière dans le ciel à mesure que le temps s’égrenait paisiblement ; le seul danger qui la guettait était l’abîme dans son cœur. |
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