Trois ans. Trois années venaient de s'écouler et pourtant elles avaient parut passer comme une sombre et longue journée.

Comme cette journée où tout bascula, où leur vie sombra pour devenir chaos. Le réveil du dragon blanc. Quiconque vivait sur Armanda vénérait les dragons (du moins une grande majorité) leurs force, leur magie, ce qu'ils avaient apporté autrefois à Armanda, dans un espèce de mythe protecteur. Mais ce réveil fut autre : destructions, batailles, morts, violences... Rien du réveil des trois premiers dragons et l'espoir d'une vie meilleure. Non, depuis ce jour, la fuite de ce qui fut la rébellion, l'aide que tenta d'apporter les deux liés aux civiles en proies à la mort les guettant, et le choix qu'ils firent d'aller apporter leur aide aux Esprits. Jamais Isyndar et Roëric n'eurent à parler de cette avenir. Vers qui se tourner. Ce choix ce fit aussi naturellement que logiquement. Pas besoin de lire dans le cœur ou les pensées de l'autre. Cela allait de soit, une logique implacable, ils feraient tout pour. Une promesse muette mais présente. Et plus que jamais la dragonne de l'ombre s'y soustrairai, surtout depuis qu'elle avait appris le sort réservé à son petit. Jamais l'un comme l'autre ne courberait l'échine face aux diktats de la contrainte. Le libre arbitre, ils se battraient pour lui. Et pour tous les autres. Tout ce qui ne pouvaient le faire, brimer par le voleur de magie ou trop faibles pour le faire. Isyndar se ferait un des portes paroles de ces personnes, de son fils et des siens.

Isyndar volait le long des frontières de leurs nouvelles terres, protégées par les Esprits. Maigre consolation face à un ennemi extérieur près à tout pour leur nuire. Son lié avait eu le soin de monter un bataillon de soldats qui avaient pour mission de surveiller les frontières. Autant le retour des espions de la théocratie, des marchands cherchant à les ravitailler, que l'arrivée ponctuelle de nouveaux civiles cherchant à fuir un monde en désolation. Le travail ne manquait pas et son lié le faisait avec tout le sérieux dont il était capable. Il aurait pu être de ceux qui décident et non qui agissent. Mais autant lui demander de ne plus se servir de son épée, et à elle de voler. Là aussi, le choix de leur rôle dans cette nouvelle ère de rébellion se fit presque automatiquement. Agir, dans les premières lignes. Il leur fallait bouger, pas stagner, sinon autant se jeter dans la gueule de Vraorg. Et voler ainsi, la dragonne de l'ombre se sentait encore un instant libre, sans contrainte, autre que celle des frontières. Un jour elles tomberont, dans le plus grand espoir que se soit pour fêter une victoire.

Isyndar survola un des avants postes qui avait établit un campement dans un lieu un peu reculer depuis quelques jours. Ils repartiraient sûrement sous peu. Les soldats de ces postes ne cessaient de bouger, autant pour surveiller que pour des raisons de sécurité. La dragonne se jouait des vents et des différents courants avant de se laisser aller à un vol plané le ciel comme terrain de jeu et le sol comme tableau.

D'un songe elle caressa l'esprit de son lié.

« -Veux-tu attendre au plus près le groupe d'éclaireurs qui a franchit la barrière protectrice ?

L'esprit de son lié fut un instant préoccupé par ces hommes qui avaient mis les pieds dans le régime de ce fou furieux pour une mission. Dangereuse, certes, mais essentielle pour les protecteurs de la paix.

Roëric et Isyndar volaient. Une sensation ô combien agréable dans un monde qui se faisait de plus en plus étriqué et stérile. Parfois il se demandait comment faisaient les autres ; tout ceux qui n'étaient pas dragonniers, tout ceux qui devaient faire sans cette sensation, pour rester sain d'esprit.

Le vent soufflait sur la peau du vampire, ses sens exacerbés amplifiant le sentiment de bien être. Dans le ciel ainsi avec elle... il n'avait besoin de rien d'autre. Dire qu'il avait cru, pendant un instant, un bref instant, que les choses s'amélioreraient. Que tôt ou tard, Isyndar et lui ne se consacreraient plus qu'à la Caste et laisserait le reste du monde se débrouiller avec ses turpitudes.

Mais Vraorg était arrivé. Le genre de monstre qui vous pousse à choisir un camp ou l'autre. Sans que vous ne puissiez faire autrement que de choisir, à l'inverse du conflit ridicule entre les deux humains Kohan. Et ils avaient choisi bien sûr. Autrefois sa loyauté envers Kylian aurait peut-être fait la différence... Bien des choses avaient changés depuis. Isyndar l'avait changé. Sans compter qu'avec "l'absence" d'Achroma, ils ne pouvaient laisser la jeune Caste livrée à elle-même.

Il sentit la caresse mentale de sa liée, une manière agréable d'émerger de ses sombres pensées.

"Oui, approchons-nous. J'ai un mauvais pressentiment."

De fait, le groupe d'éclaireurs aurait dû passer cette maudite frontière depuis un petit moment maintenant. Certes, rien n'était jamais sûr de l'autre côté (de ce côté-ci non plus d'ailleurs) mais prudence est mère de sûreté.

Ils s'approchèrent, suffisamment près pour que la vision vampirique du Maître-Lame lui permette de voir que le groupe était en danger. Isyndar devait l'avoir vu elle aussi. Ils étaient pourchassés par une escouade d'impériaux, lesquels seraient bientôt sur eux. Comme sur bien d'autres sujets, il n'eut pas besoin de demander son avis à sa liée. Il était hors de question d'attendre et de rien faire.

Un passage. Brûle-les et approche-moi assez près du chef d'escouade.

Allez-et-retour, ils seraient revenus à l'abri dans les cinq minutes et l'escouade aura été tellement désorganisée que les éclaireurs seront le cadet de ses soucis.

La dragonne s'approcha pour vérifier leur crainte à tous deux.

« -En effet, maudits agents de Vraorg le sombre. »

Il ne pouvait pas faire les choses lui même (était un bien ou un mal?) il fallait qu'il envoie à la mort d'autres que lui. Certes un déplacement inutile et anodin pour le maître des sombres destins, mais il préférait s'amuser des desseins funestes de ces esclaves et diminuer la force des esprits que de lutter de lui même de front. Il avait été plus que doué sur ce coup là. Isyndar ne pouvait que le reconnaître. Coucher de nombreux peuples, dragons, esprits. Mais tant qu'il y aurait un fou, même un seul contre lui, il n'aurait pas totalement gagner. Et de fous, il y en avait deux qui lui prouveraient cette réalité.

« -Bien Chef ! »

Après tout c'était lui le chef militaire, garant de la sécurité des frontières. Elle n'était que la fidèle acolyte. Et elle aimait se moquer de son rôle. Il ne l'avait pas accepter pour la gloire d'un titre. Bien loin de là. Mais pour être sur le terrain, au plus près de l'action, mais aussi et surtout de la formation des lignes protectrices. De cette façon, il s'assurait se sa bonne marche. Une inquiétude en moins au vu du sérieux et du tatillon de son lié. Elle était bien heureuse de ne pas être un de ses élèves. Il fallait être le meilleur ou subir sa colère.

« -A point ou bien cuit ? »

Ironique mais à peine. La dragonne, certes contrariée et en colère par la théocratie et ses sbires, de là à tuer pour la plupart ces pauvres malheureux qui n'avaient d'autres choix que de suivre une voie qui n'était pas la leur, n'avait guère d'autre choix que de les faire taire pour toujours. Voilà aussi ce qu'elle était devenue à cause de ce voleur de vie. Une tueuse sans vergogne, protectrice des Esprits et des êtres venus sous leurs ailes. Les autres n'étaient que menace. Et pour preuve. Un des assaillants sortit son arc pour viser la dragonne qui passa au dessus d'eux, comme une ombre funeste annonciatrice de leur fin. Sans d'autre choix, la dragonne gronda dans l'esprit de son lié.

« -Accroche-toi ! »

La dragonne de l'ombre vira à droite en piquant vers le sol afin d'éviter la salve de flèches. Les ailes le longs du corps afin de les protéger, elle ne pouvait faire mieux que cette pirouette des plus inconfortable pour son lié. Mais une chance pour elle, il était aussi à l'aise que possible dans les airs. Mais il fallait reconnaître l'audace de ce fou, ainsi tenter le tout pour le tout en fendant l'air de ses flèches pour atteindre une dragonne dans son élément. Qu'importe, il retardait l'inévitable. Reculer pour mieux plonger. Car malgré toute sa gentillesse, Isyndar ne pouvait tolérer qu'on s'en prenne à elle et à son lié. Même si leur destin était déjà scellé. Reprenant un vol un peu moins chaotique, la dragonne de l'ombre repassa au dessus des chasseurs de têtes de la théocratie. De son feu, la dragonne traça une nette marque dans le sol entre ses protégés et leurs assaillants. La visée et le course des membres du protectorats firent le reste.

« -Sa bravoure, il l'emportera auprès de l'esprit de la Mort. Tout va bien là haut ? Je te rapproche du chef, mais fait vite, ces groupes ne sont jamais seuls, d'autres ont dû voir mes flammes et ne tarderont pas. »

Et là, il lui serait bien difficile de mettre tout le monde à l’abri. Elle n'avait rien d'une dragonne de transport. Sa petite taille avait parfois des inconvénients. Isyndar plongea devant les hommes protégés des Esprits et atterrit face à eux. Le soulagement de voir le maître lame et sa liée devant eux pouvait se lire sur leur visage. L’œil et l'esprit guettant d'éventuel renfort, Isyndar laisse son lié jouer son rôle de chef de troupe. A elle de rester gardienne de sa vie.

L'humour comme échappatoire aux malheurs et à la violence qui s'ouvraient à leur yeux. Son lié en avait toujours usé et la dragonne ne pouvait que suivre son précepte, car il n'y avait pas mieux pour ne pas sombrer dans la noirceur de son âme.

« -Surtout pas le moment. Et de mauvais goût pour les pauvres bougres. Je pense en plus à me mettre à la diète de ce genre de repas. Trop métallique à mon goût.»

Et ce n'était pas des plus agréables quand cela se coinçait entre les dents. Non, pas pratique du tout.

« -Ou à un dragon, car je peux repasser s'il faut et sortir les griffes et des crocs. »

Isyndar fit une sorte de grognement rauque qui pourrait tout aussi bien agir que ses griffes pour les moins téméraires.
Roëric indiqua le nouveaux campements, porte de salut pour les voyageurs fatigués, ils veilleraient à ce qu'ils s'y reposent en toute sécurité.

« -Non, pas depuis le printemps il y a deux ans. J'essaie de me rassurer en me disant que si quelque chose lui était arrivé, on le saurait. Un dragon, ses soucis, ne passent pas inaperçu. Et je l'aurai senti. J'en suis sûre. »

Il ne pouvait en être autrement. Et la perte d'un dragon et de son lié ferait le tour autant du protectorat que de la théocratie. Un maigre espoir, une crainte de le savoir là bas, lui les autres. Mais il n'était pas le seul dragon, une maigre consolation.

« -Mais je trouverai une solution pour le tirer des griffes, lui et les autres, de ce maudit dragon blanc. Je pensais que nous pourrions demander aux esprits s'ils en savent plus sur la domination de la volonté des dragons. Peut être l'ont-ils déjà vu, connu du temps de mes ancêtres. Je sais que ces derniers temps leur attentions étaient bien ailleurs, mais les choses sont un peu plus calmes aujourd'hui. »

Les Esprits n'avaient plus à lutter directement comme pour les années précédentes. Même si le chaos et les ténèbres planaient toujours au dessus de leurs têtes, il y avait une sorte d’accalmie précaire. Peut être que ce temps pouvait permettre au questionnement et à une nouvelle forme de lutte frontale, qui les mena à se cacher derrière une frontière magique. Et si quelqu'un savait c'était bien eux. Au delà d'être des créateurs de ce monde, de ses habitants, des bipèdes aux dragons, ils avaient le savoir du monde, tout ce qui s'imbriquait dans celui-ci. Donc aussi le point faible de cette créature.

« -Mais on ne va pas parler aux esprits comme on part chasser les nuages. Même quand on est une dragonne de mon envergure. On ne les sonne pas comme on demande audience au prince des hommes ou des elfes. Mais j'aimerai me plonger bien plus dans cette voie. Même si la seule personne qui pourrait me répondre hormis eux, est Skade. Mais une rencontre peut être risquée. Aussi bien pour elle que pour moi. Et autant je veux me montrer téméraire autant je ne désire pas la mettre en danger. Ni elle ni aucuns des dragons de la théocratie.»

Et c'était à bien tout son drame. De ne pouvoir converser avec la mère dragonne. Pas seulement, car elle était un puits de connaissance sans nom et sans fonds, mais aussi car elle savait en tant que mère des dragons, que dragonne millénaire, accéder à son savoir enfouit dans sa mémoire. Et c'est cela qui taraudait la dragonne de l'ombre. De savoir que la solution était sous son nez écaillé, mais qu'elle n'arrivait pas à en saisir l'essence même. Mais Isyndar était bornée et têtue, surtout quand il s'agissait des siens, de son fils. Isyndar aida son lié à reprendre place sur sa selle avant d'étendre ses ailes pour reprendre un point de vue aérien afin d'assurer la sécurité du groupe de protégés.

« -Une caste déjà bien ébranlée. Alors que nous sommes la force montante. C'est un dragon au pouvoir, c'est à nous de trouver comment le vaincre. Nous pouvons être les seuls, avec l'aide des esprits, afin de leur redonner espoir et la plénitude de leurs pouvoir en permettant à leur sœur de revenir auprès d'eux. »

Oui, dit comme cela cela semblait presque simple et facile. Un coup de vent dans une journée. Mais en réalité, cela ressemblait à voler contre la tempête.

« -Cela ne mènera nulle part pour nous et les protégés. Vraorg serait bien heureux de nous avoir à ses côtés, surtout un vampire de ton envergure. Et imagine, une arme volante aussi discrète que moi, sondant les airs tel un nuage sombre planant au dessus de leurs têtes. »

Isyndar en secoua sa tête de désaccord à cette sombre pensée. Jamais, non elle ne se le permettra pas.

« -Avoue que tu aimes me voir fondre sur toi pour te tirer des griffes de tes ennemis au dernier instant ? Tu as besoin de cette sensation de peur et de sensation forte, un vampire de ton âge... »

Elle ponctua cette petite taquinerie avec une petite descente en piquée, histoire de lui donner un peu plus de sensation forte, vu qu'il aimait cela.

« -Je le sais, je ressens la peine de ma sœur dès que nous sommes proches l'une de l'autre. Et je la comprends, même si son inquiétude doit aller au delà de celle que j'ai pu vivre quand nous étions séparés durant mon enfance. Là, son lié vit le pire au côté de ce traître à écailles. Il faut aussi permettre à Ashy de retrouver son lié. La petite écaillée est bien plus sensible et fragile que Silarae. La dragonne des neiges est forte malgré tout, bien plus que celle d’émeraude. »

Et cela renforçait sa colère. Voir ses sœurs ainsi. Fragiles, même en silence, qui tentaient de survivre dans l'angoisse de cette absence. Il n'y avait pas pire tourment. Cela renvoyait au pire souvenir d'Isyndar, quand séparée de son lié lors d'une bataille, elle croyait ne plus le revoir. La peur dans son esprit, le vide, cette sensantion d'absence et de manque, l'esprit se jouant de vous, vos forces vous quittant pour laisser place à la mélancolie et cette pesante situation de vous tenir au sol. Ses deux sauveurs avaient tout fait pour qu'elle retrouve Roëric, risquant pour leurs vies et celles de leurs liées. Rien que pour cela, la dragonne de l'ombre ferait tout pour les sauver.

« -Le tout est comment, là aussi. La force de la caste passe par notre unité, mais aussi par son fondateur et nous sommes tout sauf unis, même si nos cœurs et esprits le sont. La seule unité que nous pourrions avoir c'est sous le voleur de vies avec son ton autoritaire. Et gage que cela ne soit pas en ce sens que la caste devait se diriger. Là aussi, les esprits pourraient nous aider à contourner le soucis si nous venions à communiquer et rencontrer les autres dragons et dragonniers. Il nous faut escamoter ce problème de taille. »

Isyndar se laissa planer un instant, étendant ses ailes au dessus du désert protégeant de son ombre les hommes du protectorat qui courraient sous eux. Son ton un peu plus déterminé vint souffler dans l'esprit de son lié. Son tourment pouvait se faire sentir.

« -Je pense qu'il va nous falloir aller gratter un coup de griffes à la porte de nos dirigeants. Si on peut dire que quelqu'un nous dirige hormis le vent. »

Et Isyndar gratterait jusqu'à ce qu'on l'entende. Elle avait son lié, elle était libre, mais pas les siens, et ça ce n'était pas acceptable.

Roëric acquiesça mentalement aux pensées de sa liée. Le devoir état quelque chose d'important pour lui, de même que l'honneur et les liens qu'ils pouvaient y avoir entre ces deux notions. Quoiqu'il en soit, une chose était aussi claire que l'eau de roche : c'était à eux de régler le cas de Vraorg. Le problème, c'est qu'ils n'en avaient absolument pas les moyens. Tout ce qu'ils pouvaient faire c'était ça, apporter un avantage dans cette guérilla entre les protégés et les théocrates. D'aucuns diraient que c'était déjà pas mal, mais la situation frustrait Roëric.

"J'imagine que oui. Tant qu'il puisera ses pouvoirs ainsi, nous ne pourrons rien contre lui."

Ce qui ennuyait profondément le Maître-Lame, lequel aurait préféré régler cette histoire soit par une guerre qui ne soit pas truquée d'avance à cause des interventions intempestives d'êtres supérieurs... soit par un bon vieux duel à l'ancienne.

"Je préfère ne pas imaginer. Ça me rappelle que c'est précisément ce qu'est en train de faire Kylian mais aussi Skade. Leur réputation n'est plus à faire et elle n'est pas jolie à entendre. Être devenu l'équivalent de Lorenz Wintel doit lui ronger l'âme..."

Le vampire aurait pu sombrer dans une mélancolie de bon aloi si sa dragonne n'avait pas choisi ce moment pour lui sortir une pique suivi d'un piqué, au sens littéral cette fois. Il éclata de rire, fait suffisamment rare pour être signalé.

"J'ai bien peur que tu n'aies entièrement raison. Mais avoue que toi aussi ça te plaît de faire étalage de tes compétences aux quatre coins du continent en secourant ton pauvre dragonnier."

Le sujet suivant était beaucoup moins amusant. Et Roëric ressentait directement la peine que sa liée pouvait avoir pour ses sœurs.

"Ils se retrouveront. "

Il n'ajouta pas qu'il en donnait sa parole, ou même qu'il le jurait sur x ou x chose. Ce n'était pas nécessaire. Cela allait de soi.

"L'unité doit être restaurée. Et cela passe par le sauvetage d'Achroma dans un premier temps. Puis celui de tous les dragons et dragonniers sous le joug de Vraorg. Pour cela nous avons besoin des Esprits, je suis d'accord. Et de toute manière, je n'ai jamais été très croyant. Je choisis ceux que je suis."

Le groupe des protégés atteignit finalement le désert. Étrange le contraste qu'il pouvait y avoir entre cette zone et les plaines brisés. Comment deux environnements aussi différents pouvaient-ils être voisin ? Peu importait au bout du compte. Ils furent accueillis par un autre groupe, qui les guiderait. Le pouvoir des Esprits les protégerait à présent.

"Retournons dans les plaines, à l'avant-poste le plus proche. Avec un peu de chance nous y serons avant le lever du jour. "

Une période dont le vampire n'était pas friand.

Le ciel pouvait être témoin de leur folles envies, mais jamais l'un comme l'autre n'avaient renoncé à celles-ci. Autant par devoir, honneur, que par simple nécessité de survie.

« -Et tu sais ce qui est rageant. C'est qu'il est un des miens. Sommes-nous pas supposés être la sagesse même, être libre, des guides. »

Et pas des assassins psychopathes et totalement fou juste prompt à semer le malheur sur ce territoire. Il avait déjà Verith, qui pour le coup passait pour une dragonnet inoffensif, et c'était suffisant.

« -Nous devons alors aussi les sortir de là. La mère des tempêtes a vécu bien des vies et voilà qu'ici elle perd une fille et devient esclave de notre folie. Elle ne mérite pas cela. Je ne peux laisser une des miennes venues de si loin vivre pareille chose sur mon territoire. »

Isyndar lança un grognement sourd et sonore de désapprobation à ce que la vie avait entreprit d'eux, au détriment même de ceux qui la créait.
Puis pour le taquiner, elle tremblota pour le secouer un peu.

« -En effet, cela prouve bien que je te suis indispensable. Mais aussi que tu ne te tournes pas les pouces à attendre que le monde aille bien mieux. Que tu luttes et que je te seconde comme une ombre fidèle. Et puis quelques paroles sages sur mes compétences ne font pas de mal et ne sont que pure vérité et justice.»

Et surtout qu'ils formaient un duo complémentaire. Mais cela, elle n'en doutait pas. Après tout, elle n'avait pas choisit son lié pour d'obscur raison. Mais parce qu'elle savait ce qu'il fallait et que sous ses airs de sombre vampire terrifiant et peu enclin à se porter aux paroles, Roëric était une personne des plus bonnes et respectables de ce monde, et pour rien au monde elle ne regrettait son choix. Ils étaient fait pour se suivre et se compléter. Et même si sa vision du monde était parfois plus épurée et directe que la sienne, Isyndar savait qu'ils suivaient le même chemin, et bientôt se serait vers les Esprits. Qu'ils aillent aider les leurs.

« -Croyant ou pas, là nous devons composer avec eux et qu'ils nous donnent un coup de griffes pour parvenir à sauver le dragonnier d'argent. Seul et avec une Silaraë et une Ashy affaiblit, Moëbius et Elrond, nous n'y parviendrons pas, face à Vraorg et les dragonniers enchaînés. »

Oui face à la théocratie, les dragonniers libres n'étaient pas suffisamment puissant pour se permettre d'être une réelle menace. Mais unis. Tout changerait. Il serait bien plus à même de vaincre Vraorg et ses lubies ténébreuses. Mais pour cela, il ne fallait pas se faire prendre. Isyndar ne laisserait personne lui prendre son lié. Et tenterait tout pour rendre celui de ses sœurs. Mais en attendant, elle serait un soutien. Plongeant son âme complète dans la leur et tenter de pallier un manque permanent.

« -Nous y serons, je vole aussi vite que le vent. »

La dragonne redoubla d'effort en battant bien plus fort des ailes afin de rejoindre le poste avancé de son lié. La chaleur serait bientôt là et avec elle son lot de souffrance sur son lié. Et Isyndar prenait bien soin de la peau délicate de son dragonnier vampirique. Son teint blanc de neige resterait ainsi pour ne pas devenir de boue marron. Et puis leur mission avait été remplie. Le groupe de protégés était sain et sauf dans le protectorat. A eux de faire un rapport, sur les mouvements en action.