Elrond Amarië ?
Bien sûr qu'il connaissait Elrond Amarië ! Il l'avait déjà connu de réputation, jadis. Grand amateur d'histoires de dragons, Dawan connaissait le nom de chaque dragon de ces dernières générations, leurs couleurs, leurs Liés, et les chansons qui les accompagnaient. Ayant ouï l'annonce de la présence de dragons lors des négociations pré-trève, il n'avait pu cacher sa joie et son impatience. Ces négociations l'avaient amené à mettre bien des visages sur bien des noms, des grands noms. Les Kohans, le Prince Noir... Mais qu'importaient ces souverains ! Ce n'était pas eux que mon elfe avait cherché du regard. Surexcité, il avait cherché à apercevoir les dragons. Jamais de son apprentissage il n'avait été autant réclamé par les maitres et autres Enwrs: va faire ceci, va faire cela ! Va remplir la bassine d'eau pour la toilette du vampire ! Va apporter un marteau à Untel ! Rah, mais quel importance, ce maudit marteau, quand il avait la chance de pouvoir approcher ces êtres majestueux, si longtemps rêvés ? Dawan s'était dérobé devant certaines tâches, avait trainé plus que nécessaire dans certains couloirs. Ainsi il avait pu apercevoir Elrond, la première fois. Nul besoin de confirmation, il l'avait reconnu à son nez, ses bouclettes, ses yeux azurs, cette démarche... C'était lui, le dragonnier ! Oh, il devait être bien occupé, le jeune elfe n'avait osé le déranger dans ses activités.
Quelques mois plus tard, il apprenait qu'Elrond avait intégré les apprentis baptistrels. Apprenti de Merithyn. Quelle excellente nouvelle ! Elle avait illuminé le visage de Dawan autant que sa journée. Cela voulait dire qu'il verrait plus souvent le dragonnier ! Et Möebius ! Cela liait les dragons et le Domaine, ses deux amours. Comment pouvait-il ne pas être ravi ? Son esprit avait été hanté, cette semaine-là, de petits "dragon ! dragon !" tous joyeux qu'il ne pouvait s'empêcher de penser.
Lui et son maitre étaient arrivés à Aigue depuis un bon moment, désormais. Il avait eu le temps d'apercevoir quelques fois Elrond, de le regarder avec ce petit regard brillant d'admiration qui était sien lorsque le mot "dragon" était prononcé ou pensé un peu trop fort. Mais leurs échanges étaient restés dans le domaine de l'utile, pour se transmettre X ou Y objet nécessaire aux soins des blessés rebelles. Sans doute cela avait-il suffit pour qu'Elrond réalise la maladresse de Dawan, renforcée par l'imbroglio qu'était son esprit en sa présence.
Mh, pourquoi pensait-il à Elrond, déjà ?

Dawan se tourna vers la porte qu'il venait de fermer, en se grattant l'arrière du crâne. Il avait chanté une comptine à la Gloire de Feu, au blessé, pour essayer de lui faire voir positivement la chaleur ambiante. Son chant avait dérivé finalement sur l'hiver, tant désiré... Et lui s'était mis à penser à Möebius, à changer un peu les paroles de la chanson. Möebius, Elrond... Il n'y avait qu'un pas, il l'avait franchi aisément. L'Enwr resta planté là, à se gratter son menton tout lisse, en songeant que, pour un dragon, Aigue n'était vraiment pas un lieu de vie idéal. Le dragonnier en pâtissait-il également ? Mh. Bon. Il avait fini de panser ce blessé-là, avait-il d'autres choses à faire ? "Son arc est précis, mais c'est aussi un excellent mage". Il avait entendu cette phrase de la bouche d'un autre Enwr. Pourquoi lui revenait-elle en tête à présent ? Mh. Il fallait plus de dragons dans ce monde, et... Ah, oui, ce qu'il devait faire. Fouillant sa mémoire, Dawan ne trouva rien d'autre, aucune demande de son maitre qu'il aurait ignorée, ou oubliée. Cela devait sans doute vouloir dire que sa journée était finie. Elrond était l'apprenti de Merithyn... Dawan avait beaucoup d'affection pour Merithyn. Euh, oui, journée finie. L'Enwr secoua la tête, comme pour remettre en place ses pensées. Il était temps pour lui de prendre une pause. Avec ces maudites lumières non-solaires, il était tout perdu, même après plusieurs mois passés à Aigue. Mais le soir ne devait pas être loin. Il crut percevoir du mouvement, en direction des bâtiments et salles où les repas se prenaient. Oh. Si tard que cela. Pourvu que son Cawr pense à manger, et ne se tue pas à la tâche.
Ils avaient beaucoup à faire, entre les postes d'infirmerie à préparer, les stocks d'herbes, plantes, bandages, onguents, cataplasmes et potions à prévoir, et toujours le soin de actuels blessés. Tel était le travail des Enwrs, en ces temps troublés, alors que la guerre approchait. Son imminence rendait les gens nerveux, c'en était presque palpable. Dawan faisait de son mieux pour soutenir son Cawr. Lui-même, qui n'était pourtant pas celui qui s'appropriait le plus facilement es sentiments d'autrui, était rendu nerveux par empathie. Il essayait de passer outre. Pas simple.
Au vu de l'agitation qu'il avait perçue, Dawan n'avait que moyennement envie d'aller manger maintenant. Il y aurait trop de monde. Puis, il n'avait pas faim, dans l'immédiat. Peut-être même que ce n'était pas l'heure, et que l'agitation n'avait rien à voir avec de la nourriture.Bah, il allait sans doute suivre son habitude, se poser dans un coin d'Aigue et jouer un peu de vièle. L'instrument était soigneusement rangé dans son étui, sur son dos. Il n'aimait pas s'en séparer. Pas du tout...

Un chant commençait à naitre, dans la gorge de Dawan, sans être prononcé. Il prit le chemin vers la sortie de ce bâtiment. Peut-être pouvait-il passer avant dans les quartiers que l'on avait prêté aux baptistrels, pour voir si son Cawr y était ? Il emprunta donc ce chemin. Le son dans sa gorge se changea en mots. Rien d'inhabituel. Une chanson qui parlait d'une rencontre brève, et d'un chanteur bien aventureux qui demandait déjà rendez-vous à une jeune femme. "Peut-être m'appelleriez-vous..?" Il ouvrit la porte de cette salle commune que les baptistrels empruntaient souvent, au point que certains rebelles l'avaient surnommé "la salle des bapti'". Pensant qu'il n'y avait personne, Dawan s'y aventura donc d'un pas allègre, continuant son chant. "Tous mes hommages, belle enfant..." Puis réalisa qu'il n'était pas seul. Le chant continua, alors qu'il analysait la nature de cette personne, assise dans un fauteuil, qui lisait. Quand il comprit la nature de l'individu, il cessa son chant, au milieu d'une syllabe.
Elrond !
Alors c'était ainsi que fonctionnait le monde ? Il suffisait de penser vaguement à quelque chose pour les voir apparaitre ? S'il avait su, Dawan se serait beaucoup moins embêté sur bien des détails ! Il songea à un tambourin, brièvement. Peut-être ce dernier apparaitrait-il ?
Ses pensées partaient déjà dans tous les sens, alors que, les bras ballants, il observait au centre de la pièce le dragonnier. Que faire, que faire ? Ils étaient seuls, c'était l'occasion rêvée de l'aborder ! Mais n'était-il pas occupé ? Oh, si, mais... La voix qui avait proposé de l'aborder l'avait emporté. Restait à savoir comment. Pas question de lui sauter dessus et de lui dire "alors, comment va Mömö ?". Ils n'avaient pas gardé les poneys ensemble. Non... Allez, il valait mieux sans doute l'aborder comme un Enwr qu'il ne connaissait pas encore. Même si cet Enwr-là était dragonnier.
Cette salle commune comprenait plusieurs tables, des bibliothèques, commodes, mais aussi des fauteuils et tables basses. Dawan vint de son pas sautillant s'assoir dans un fauteuil, près d'Elrond. Il ne faisait pas ses 140 ans, Dawan. À vrai dire, il ne faisait ni son âge, ni son sexe, avec sa voix trop aiguë. Ses yeux gris-pluie posaient sur le dragonnier un regard où se lisait la bienveillance. Il faisait de son mieux pour masquer l'admiration qu'il avait pour lui. Un large sourire pourtant s'était dessiné sur son visage. Ses cheveux blonds, indomptables et courts, étaient maladroitement retenus par un bandeau de cuir. Le dos bien posé contre le dossier du siège, ses pieds sur le sol -de justesse- et mains posées nonchalamment sur le siège, il paraissait pourtant être une boule d'énergie contenue. Lorsqu'Elrond posa enfin son regard sur lui, le sourire de Dawan s'agrandit d'autant plus, et il demanda, peut-être un peu trop enjoué:

"- Puis-je vous aider ?"

Heureusement que Dawan avait l'habitude de lui-même mettre du temps avant de répondre. Sans cela, il aurait eu tôt fait d'interpréter le court temps de silence d'Elrond. Un silence qui pouvait très bien être celui de ceux qui le jaugeaient, cherchaient sa bizarrerie, avant d'estimer ou non s'ils lui parlaient, et s'ils lui parlaient avec autant d'attention qu'à un adulte. Mais non, Elrond ne serait pas de cela. Un dragonnier était forcément au-dessus de ces considérations. Il devait instinctivement savoir que Dawan comprenait très bien lorsqu'on lui parlait comme à un adulte.
Les deux demandes n'avaient rien à voir entre elles. À son tour, Dawan resta un moment silencieux, son regard d'anthracite posé sur Elrond avec un mélange de fascination et... De trouble. Il ne savait que penser, et que ressentir. Avait-il offensé le dragonnier par son regard ? Il ne se rendait pas toujours compte de ces choses-là. Mais les deux questions allaient si mal ensemble...! Habituellement, les questions posées ainsi restaient dans le même domaine: soit dans la contextualisation, soit au niveau supérieur de la conversation. Dawan fronça légèrement les sourcils, sous le coup de la concentration. À mois que la question soit vraiment mue par la curiosité, et non pas la gêne. Son esprit refusait cette hypothèse. Il avait trop l'habitude de sa propre maladresse, et il avait trop peur du pire, alors ce dernier ne pouvait qu'arriver. Il se recula un peu plus sur son siège.

"- Mes excuses..."

Et maintenant ? S'il voulait répondre en plus, dans le cas où la question était bien curieuse, il devait admettre le fond de ses pensées. Il devait admettre son admiration, il devait admettre son envie d'ancrer son image dans sa mémoire. Il devait aussi dire qu'il attendait simplement qu'il fasse attention à lui, sans le déranger. Mh. Non, Dawan n'avait pas envie de dire tout cela. Cela pouvait mettre Elrond encore plus mal à l'aise... Et puis, c'était trop personnel. Alors il s'arrêta, net, au milieu de sa phrase.
Il allait répondre à son autre demande. Parce que celle-là, au moins, il ne pouvait se fourvoyer sur sa nature, et sa réponse ne pouvait blesser Elrond. Dawan savait que, si son chant n'était pas encore celui d'un maitre dans la beauté du son, il était juste, et plaisant à écouter. L'enseignement des baptistrels avait porté ses fruits de ce point de vue là, pour sûr. Ainsi, même s'il était incapable d'offrir un "Ela" de maitre, il aurait au moins le son juste.

Dawan ferma les yeux. Il eut une longue inspiration, qui n'était là que pour calmer son souffle et le préparer à être maitrisé. Chanter assis n'était pas une bonne chose, d'ailleurs. Il se leva, toujours les yeux fermé, concentré. Là. Ainsi son souffle serait meilleur. Oh, il aurait pu chanter assis, avec l'expérience qu'il avait, mais ç'aurait été moins beau. s'il avait la possibilité de chanter encore mieux pour le dragonnier, autant qu'il le fasse. Il concentra ses pensées. La musique était bien une des rares choses de ce monde qui lui permettait de faire cela, de ne penser qu'à une unique chose sans que son esprit parte dans tous les sens.
La note vint d'un seul coup se répandre dans les airs. La voix de Dawan était méconnaissable. Ce n'était plus l'enfant à la douceur et à l'énergie si particulières qui avait proposé son aide à Elrond. C'était un vent qui se levait, un vent qui, face à un obstacle, ne devenait que plus rapide. C'était sa volonté d'elfe libre qui se changeait en un son. Une voix chantée porte bien plus qu'une voix parlée, et nul doute qu'on l'avait pu entendre au-delà de cette salle. Une note, unique, pour le moment. Est-ce que cela suffisait à Elrond ? Presque timidement, Dawan ouvrit les yeux, pour regarder la réaction de ce dernier. Mh. Finalement, non. Il ferma les yeux, à nouveau. Une note esseulée ne suffirait pas. Il offrit à Elrond un chant dont Ela était le centre. Issue du ventre de Dawan, Ela n'était que plus honnête, comme note. Elle portait dans les airs cette liberté qu'il emportait partout avec lui, cette liberté qu'il acquérait au prix de regards mauvais et, parfois, de remarques blessantes. Elle portait la liberté de son esprit, chaque jour développée par les enseignements des maitres. Elle portait toute son indépendance, et la tempête qu'il était prêt à déclencher pour qui voulait le priver de ces quelques bribes de concepts qui étaient de ses rares possessions. Ela, note de liberté. Il voulait offrir à Elrond le son du souffle impétueux qui animait son coeur. Il avait projeté la note hors de lui avec la force de cette envie de don. Et désormais, le chant paraissait avoir pris place dans toute la pièce.
Quand enfin le chant cessa, quand le silence revint, laissant un grand vide autant à entendre qu'à ressentir, Dawan se tint un moment silencieux, à écouter son propre souffle. Ses yeux gris s'ouvrirent à nouveau. Il s'assit, lentement, et offrit un fin sourire à Elrond.

"- Ela est une note majeure. Il vous faut être prêt à donner, pour elle, et n'attendre aucun don. Est-ce que... Cela répond à votre question ? Il est compliqué de décrire comment la chanter correctement. Si vous essayez, peut-être pourrais-je vous aiguiller... Est-ce là une note qui vous donne du fil à retordre ?"

Dawan ne regardait pas vraiment Elrond, bien que son visage soit tourné vers lui. Encore tout chamboulé par son propre chant, il regardait un point invisible au-delà du dragonnier. Si ce dernier n'avait pas prononcé le prénom de son puiné, Dawan aurait perçu plus difficilement les mots à venir. Il lui semblait que son corps produisait un étrange courant d'air dans lequel était aspiré… Il ne savait quoi. Quelque chose de neuf. Un nouvel air, en lui. Il doutait néanmoins qu'Ela y soit véritablement pour quelque chose. Ce devait être une impression de son petit esprit si inventif. Une impression bienvenue, néanmoins.
Les mots d'Elrond entretinrent son sourire. Outre le fait qu'il était heureux qu'Elrond ait pris la peine de se souvenir de son prénom, il était surtout touché par ce qu'il croyait percevoir à travers les excuses qui lui étaient présentées. Etait-ce de l'estime ? Est-ce que son chant lui avait permis de gagner l'estime du Lié de Möebius ? Le beau compliment que c'était là ! Il avait tant l'habitude d'être mésestimé, placé dans une catégorie un peu en deçà du "digne d'attention"… Et là, brusquement, sans que qui que ce soit d'autre soit intervenu, il re-passait au rang de "Enwr", simple Enwr, mais par conséquent possesseur de savoir, frère d'apprentissage, au moins l'égal de quelqu'un. Et Elrond trouvait un intérêt à le ménager en lui parlant, à s'excuser auprès de lui ! Est-ce que son chant avait vraiment eu cette qualité-là ? Il peinait à y croire… Aussi jeta-t-il un coup d'oeil autour d'eux. Non non, ils étaient seuls. Ce devait vraiment être une réaction à son chant. Le regard gris de Dawan pétilla de plaisir, quand il revint vers Elrond. À son tour il lui était reconnaissant.

La question laissa le plus jeune des elfes songeur. S'il aurait osé s'approcher… Il ne le savait. Quelques mois plus tôt, il aurait répondu avec assurance un "non" on ne peut plus sincère. Non, il n'aurait pas osé, les dragonniers étaient si inaccessibles, si sacrés ! Depuis, il avait connu Isyndar et Roëric. Il les avait abordés… Presque volontairement. En tout cas, ni la dragonne ni le vampire ne l'avaient croqué. Cela l'avait un peu enhardi. Mais de là à aborder Elrond et Möebius… Bon, au moins, Elrond ne devait normalement pas le manger. Peut-être que s'ils avaient été tous les deux seuls, comme en l'instant, il aurait osé…
Un petit bruit sec le ramena en ce monde. La tasse, posée contre la table. Oui, il était resté immobile et muet tout ce temps, à réfléchir. Il remercia Elrond, en prenant la tasse avec lui. Il n'avait pas spécialement soif, mais se voyait mal refuser. Il ne but pas tout de suite, soufflant doucement sur le liquide toujours trop chaud à son goût.

"- Votre réputation vous précède." affirma-t-il, à mi-voix. Il n'avait jamais vraiment songé à ce que cela pouvait impliquer. Est-ce qu'Elrond se sentait parfois… Seul ? Quelle étrangeté. Dawan avait été persuadé que, toujours, les dragonniers avaient à leurs pieds les grands de ce monde, et tous ceux qui les admiraient. Comme lui actuellement. Est-ce qu'Elrond essayait de lui faire comprendre que, pour une fois, il aurait apprécié la solitude ? La chaleur de la tasse entre ses mains paraissait indiquer que ce n'était pas le cas. Aurait-il juste voulu qu'on le regardât autrement ? Dommage pour lui. Dawan avait su parler à la princesse des Hommes comme avec n'importe quelle autre Enwr, mais elle n'était pas dragonnière. Elle n'avait pas hanté ses rêves et son imagination. Avec Elrond, cela ne pouvait qu'être plus compliqué. Il voulait bien faire l'effort, néanmoins. Il répondit tout de même: "J'ignore ce que j'aurais fait, maintenant que j'ai pu connaitre Isyndar et son Lié…"

Elrond reprit la parole, Dawan porta sa propre tasse à ses lèvres, comme pour se forcer à se taire. Il eut un rapide froncement de sourcil à sa première phrase, mais qui s'adressait surtout à lui-même. Un jour, il allait vraiment falloir qu'il apprenne à percevoir l'humour et la taquinerie. Cela allait devenir handicapant. Il aurait voulu prendre la parole pour répondre à ses remerciements, arguant que c'était bien là la moindre des choses, entre Enwrs, et que, de plus, son Ela n'était pas celui d'un maitre, mais Elrond continua avant lui. Bigre, il avait la rapidité des humains, celui-là !
Merithyn, le maitre d'Elrond… Cela faisait un moment que Dawan ne l'avait pas vu. Il le regrettait. En tout cas, il comprenait parfaitement la situation actuelle d'Elrond, et les ennuis qui en découlaient. Lui-même avait de la peine à étudier encore les chants, son propre maitre étant occupé à mille autres choses. Jamais il n'avait autant étudié les soins et les arts de la guérison, que ce soit par la magie ou par d'autres méthodes, quand le monde s'était brusquement trouvé tout déréglé. En revanche, les maitres peinaient à trouver du temps pour les chants et la musique. Qui leur en aurait tenu rigueur ?

"- Je peux chanter pour vous, si vous le souhaitez, les autres notes que je connais. Elles n'auront pas la qualité de celles des maitres, mais vous aurez déjà un aperçu du son qu'elles rendent…" Le cadet du duo porta à ses lèvres le thé et le sirota, timidement. "Mon Cawr est également très occupé, les occasions d'étudier autre chose que les soins commencent à manquer. Peut-être pourrions-nous travailler ensemble ? Je dois pouvoir vous apprendre quelques choses, principalement sur la musique..." proposa-t-il, d'un ton où l'on pouvait sentir un grand engouement, bien que, pour une fois, il parut relativement sérieux.

Dawan offrit un fin sourire à Elrond. Vraiment ? Pas un temps pour la paix et le chant ? Oui, beaucoup disaient cela. Beaucoup de gens très occupés, sans doute, bien que l'Enwr restait persuadé qu'il y avait toujours du temps à trouver, pour lire ou pour d'autres choses. Mais admettant, en effet, un temps où l'effort pré-guerre réclamait toute l'attention et tout le temps des bipèdes, au point qu'ils aient tout juste le temps de poser leur croupe pour se reposer. Admettant cela. Dawan estimerait tout de même qu'il s'agissait d'un temps pour la paix et le chant. Son regard pétillait d'une lueur particulière, en y pensant. Le monde entier était une musique, à ses yeux. Tout était son, même le silence. Ils étaient une part de cette mélodie infinie, volontairement ou non. Le chant était constant pour qui l'écoutait. Et l'écouter, dans les moments les plus incongrus, pouvait ouvrir de nouvelles portes…
Quant à la paix… Eh bien. si ceux qui y aspiraient n'y pensaient pas, qui s'en chargerait ? Trop de monde pensait à la guerre et aux combats, si bien qu'ils en devenaient inévitables. En tout cas, Dawan ne ressentait nullement le besoin de se joindre ses pensées à celles-là.
La guérison… Lui aussi était le premier à dire que c'était là un noble art, il regrettait parfois de n'être pas de ceux dont c'était la spécialité. Son amour pour la vie l'y poussait. Mais il aimait également à varier son apprentissage. Il pencha subtilement la tête à l'évocation de la façon de soigner des Alayiens. Sans magie, les soins devaient être complexes à réaliser. Sans cervelle, cela ne devait l'être que davantage. Mh ? Non, ne pas sous-estimer les Alayiens. Ils avaient… Peut-être, tout de même, quelque part en eux, un cerveau et un coeur. Peut-être… Il sirota son thé.

Le plus jeune des deux elfes offrit un regard amusé à son aîné. Il n'abusait pas de son temps, loin de là. Son temps était toujours ouvert à qui était dragonnier, surtout si le dragonnier le questionnait sur son sujet favori. Surtout si le dragonnier lui demandait ce qui lui tenait le plus à coeur. Il pouvait bien abuser de son temps autant qu'il le voulait. Sa remarque sur l'arc ramena à lui quelques sourires. Des sourires qui furent jadis tristes, parfois douloureux, mais qui étaient désormais assez loin et remplacés par d'assez bonnes choses pour qu'il puisse en rire -ce qu'il fit. Les images du vieux bois lui revenaient, les visages de sa famille, sa soeur qui montrait fièrement comme elle arrivait bien près de la cible.

"- L'arc… Ma famille a essayé de me mettre un arc entre les mains. Il ont abandonné quand ils ont compris que cela allait à l'encontre de la sûreté de tous." Il crut comprendre que la mandoline était l'instrument d'Elrond. "Mon instrument est la vièle, mais je sais parvenir globalement à mes fins avec un luth. La mandoline ne doit pas être plus compliquée. Dans le pire des cas, je vous accompagnerai au chant, si vous le souhaitez toujours."

En traduction, cela signifiait qu'il attendait une demande claire si Elrond voulait qu'ils commencent un cours de musique. Sans quoi ils pouvaient continuer de parler de prévoir ou de dragons. Dawan se voyait mal commencer à expliquer des choses et être interrompu au bout de deux minutes pour découvrir qu'Elrond n'avait point le temps ou l'humeur à cela.
Dawan avala plusieurs longues gorgées de thé, afin de finir sa tasse. Pas envie que le liquide refroidisse pendant qu'il chantait, pour au final le boire froid. Ce léger temps qui lui était nécessaire permit à Elrond de lui signifier qu'il ne voyait pas quoi lui apprendre. Dawan eut une première idée… Qu'il écarta. Il lui demanderait plus tard. S'il s'en souvenait. Oh, oui, il s'en souviendrait, c'était un beau rêve ! La vraie question était plutôt de savoir s'il oserait. En attendant, il resta sage.

"- Peut-être… Qu'il y a des aspects de la magie que vous pourriez m'enseigner. Certains sorts. Oh, pas de suite, quand vous le voudrez… Ou quand vous aurez le temps." Il adressa un sourire bienveillant à Elrond, posa sa tasse sur la table basse et se leva. "Êtes-vous prêt ?" Il offrit un petit temps à Elrond, en profita pour préparer son esprit. Quand il se sentit prêt, il recommença à chanter.

Il murmurait le nom des notes, avant de leur associer un son, puis un chant dédié. Il offrit à Elrond la soeur d'Ela, Alea, une note pour unir les êtres vers le même but, une note pour les souder. Il lui offrit cette confiance qui était nécessaire et ce dévouement mutuel qui faisait les meilleures alliance. À nouveau sa voix remplissait la pièce, cette voix spéciale qu'il prenait pour chanter véritablement. Son regard se perdait autour d'eux. Il voyait mille choses, alors qu'Alea lui donnait envie de croire que l'union faisait la force. Il tut petit à petit le chant, offrant un regard à Elrond pour vérifier qu'il arrivait à le suivre, et à saisir les nuances des sons. Un murmure, il enchaina, son regard tourné vers les livres. Dia, note du savoir. Une note qu'il fallait chercher dans sa propre sagesse, une note précise, subtile. Sans doute les gens qui passaient non-loin devaient-ils l'entendre, sa voix portait vraiment bien, malgré la piètre acoustique de la pièce. Sans vraiment le réaliser, à pas très lents et légers, pour ne pas brusquer son souffle, il se dirigea vers une des bibliothèques de la pièce, caress la tranche d'un livre, tout de douceur. Dia trouvait une résonance spéciale en lui, l'amoureux des questions, des récits et explications. Son visage se tourna vers Elrond pour l'ultime note. Dia se devait d'être transmise. C'était une main que l'on tendait.
Timidement, Dawan prononça le nom d'Oen. Il eut plus de mal à chanter la note de la mort et des épreuves, la note du changement. En bon elfe, c'étaient des choses qu'il avait du mal à concevoir. Mais peu à peu, les mots de son Cawr lui revinrent. Il repensa à ce changement, dans sa vie, le jour où il l'avait enfin pris sous son aile. Il repensa aux épreuves qu'il lui avait imposées. Il comprenait, alors, ce que signifiait Oen, il pouvait presque sentir le goût d'Oen, ce goût très particulier des jours fatidique, cette sensation unique e particulière que craignait tant son peuple. Lui… Il devait admettre l'apprécier de plus en plus.
Alya vint d'elle-même prendre la suite. Il se rapprocha d'Elrond, lentement, sans vraiment le regarder de prime abord. Alya était, avec Ela, de ces notes majeures qu'il choyait particulièrement. Elles représentaient un bel oiseau sauvé, soigné. Alya était une note de vie et de protection. Il observa sa propre main. En son creux il croyait distinguer encore un minuscule oisillon. Aucun effort ne lui était nécessaire pour extraire de son coeur son envie de protéger, de tout protéger. Le vivant et le non-vivant. Le savoir. Sa main se rapprocha d'Elrond. Il posa le bout de ses doigts sur son épaule, un bref instant. Lui aussi, il voulait le protéger. De part leurs constitutions et aptitudes respectives, il doutait que ce soit un jour le cas. Mais sa vie lui importait.
S'écartant sans violence, il entonna Ys. Il puisa dans ses souvenirs des Bois Sombres, d'émotions débridées, impulsives et dominatrices, émotions impérieuses qui refusaient toute résistance. Il puisa dans ce courage qui l'aidait chaque jour à tenir le cap, et…

Dawan s'appuya au dossier du fauteuil d'Elrond, les bras croisés, et la tête appuyée sur ses bras. Le chant s'était arrêté un peu brusquement, il paraissait fixer quelque chose sur le mur. Il laissa quelques secondes s'écouler, le temps pour lui de libérer son coeur de toutes ces notes, ces souvenirs et émotions. Ce n'était pas chose facile. D'autant plus que l'excitation due au jugement qu'il attendait du dragonnier le rendait nerveux, donc aux émotions moins facilement contrôlables. Sa voix était presque maladive lorsqu'il demanda, tout doux:

"- Est-ce que… Cela vous sied ?" Par là, il entendait plusieurs choses: s'il avait eu ce qu'il voulait entendre, s'il avait pu noter, si ce qu'il avait entendu lui paraissait correct… Ses mains se détachèrent du dossier qui soutenait le dos d'Elrond pour finalement se poser sur les épaules de ce dernier, d'abord timidement, comme pour demander l'autorisation, puis un peu plus fermement, pour proposer un massage qui, n'était pas des moins agréables.

[HJ: si Elrond réagit mal aux premiers effleurages, Daw tentera pas le massage, hein xD Tiens-moi au jus]

[HJ: désolé du temps d'attente éè J'espère que ça t'ira quand même]

Un sourire fatigué aurait pu s'installer sur les lèvres de Dawan. Mais la liaison entre ses émotions et son corps manqua à l'appel à ce moment-là. Pourtant, il trouvait l'impatience de son frère d'apprentissage attendrissante. On aurait dit un humain, en effet, un de ceux qui courraient dans l'espoir absurde de fuir Mort. Une course qui n'avait ni sens ni utilité, aux yeux de Dawan, pour un elfe comme pour un humain. Comme si une vie empressée était plus remplie qu'une vie qui suivait son rythme naturel ! Et puis… Quelle idée de vouloir accélérer un apprentissage baptistral ! Ce dernier était déjà tellement complet et complexe… Dawan peinait à comprendre comment faisaient les humains pour tout intégrer en vingt ans. Lui, en soixante ans bientôt, avait tout juste l'impression d'effleurer du bout du doigt la science de ses maitres. Il voyait mal l'intérêt qu'il aurait eu à se précipiter. Comment aurait-il pu saisir toutes les subtilités de leur art en se jetant vers la fin de son apprentissage comme un affamé ? Oh, bien sûr, lui aussi rêvait d'être baptistrel, un jour. Il fantasmait ce monde de vibrations dont on lui avait tant parlé, mais dans un même temps, il savait que devenir maitre signifiait plus qu'être arrivé à la fin de son apprentissage. Il signifiait prendre la place d'un autre maitre. Il avait trop d'affection pour ces derniers pour souhaiter leur départ. Elrond devait encore ignorer cette partie nécessaire du passage d'Enwr à Cawr, sans quoi Dawan doutait qu'il se serait exprimé ainsi. En tout cas, une telle innocence était touchante. Elle rappelait au cadet des deux elfes ses propres débuts, non pas par ses propres mais par ces rêveries sans limites.

Ses petits doigts accentuèrent leur pression sur les épaules d'Elrond. La voix de sa petite soeur revint à son esprit, lui demandant d'y aller plus fort. Elle avait une carrure moindre qu'Elrond, mais visiblement, les massages devaient être meilleurs quand il forçait un peu sur ses petits bras. C'est qu'avec lui, même quand il forçait, il ne risquait pas de briser les os, et cela devait être véritablement agréable. Ses mains remontèrent vers la nuque d'Elrond, où, il s'en doutait, le massage serait sans doute apprécié. Du moins, c'était ce qu'il croyait…
Non, aucun maitre ne lui avait appris à masser les gens. Sa mère avait dû lui montrer l'exemple, quelques petites fois. Et cela l'avait assez marqué pour qu'il veuille proposer le même repos aux personnes qu'il appréciait. Son "apprentissage" s'était beaucoup fait en ces temps où il n'avait pas de voix, comme une façon de signifier son affection, ou son envie de voir quelqu'un aller bien. Il y pensa, il aurait pu répondre cela à Elrond. Mais la suite de ses paroles l'arrêtèrent tant dans ses pensées que dans ses gestes, d'un seul coup. Le geste perdait tout son intérêt s'il ne plaisait pas au dragonnier.
Paralysé ainsi, ses mains aux côtés de la nuque d'Elrond sans plus oser la frôler, il resta muet un moment. Un moment trop long, à vrai dire. Si long qu'il ne passait plus pour un temps de réflexion elfique pré-parole, même allongé par un paramètre Dawanesque. L'Enwr dut par ailleurs s'en rendre compte au bout d'un moment. Il fit le tour d'Elrond, parti comme s'il allait s'assoir à nouveau. Il resta debout, en un point de pièce, son regard fixé sur… Un point invisible devant-lui. Quelque chose au-delà du mur. Aux aguets, comme s'il attendait un bruit quelconque.

"- Nous savons nous blesser sans l'aide des autres. Savent-ils cela ? Savent-ils qu'ils nous blessent sans même avoir à lever leurs armes ?" On aurait dit qu'il parlait pour lui-même. Et c'était peut-être le cas. "Ils… Ils…" S'était-il perdu dans sa propre tête ? En tout cas, le regard qu'il avait en se tournant vers Elrond pouvait le laisser entendre. Le plus jeune des deux elfes ici présents secoua la tête, dans l'espoir absurde de remettre ses pensées en place. Il murmura à nouveau, mais trop bas pour être entendu. À moins que l'on puisse parfaitement entendre, mais que cela n'avait pas de sens. En tout cas, il était toujours aussi loin lorsque sa voix revint vers le dragonnier (sans son regard). "Me parlez-vous par symboles ?" Est-ce qu'il attendait une réponse ? Non, pas vraiment. D'ailleurs, se souvenait-il seulement avoir parlé à voix haute ? Se rapprochant, il parut hésiter un instant à s'assoir à nouveau ou rester debout. Finalement, il retira l'étui de sa vièle de son dos, la vièle de son étui, et s'assit, son instrument sur les genoux. Il était lancé pour accorder l'instrument, lorsqu'enfin son regard revint sur Elrond. Un regard plein de… Malice ? "J'ai entendu un humain dire que les rêves étaient absurdes. Il ajoutait que c'étaient là des "histoires de bonnes femmes". Mon humble avis me dit qu'il n'est rien d'absurde en ce monde, que tout ce qui y existe a une raison d'être, donc un intérêt." Sa voix était ponctuée des sons esseulés des notes qu'il accordait. Son regard revint sur lesdites cordes. "J'ai déjà… Aidé une humaine qui, comme nous, avait le sommeil tourmenté. Je pense pouvoir vous endormir et vous offrir un sommeil aux rêves plus doux." Il marqua un temps d'arrêt, entrecoupé de notes esseulées. Elrond put ensuite l'entendre murmure: "Il est temps que cessent ces histoires d'affrontements, que nous puissions caresser l'espoir d'un sommeil réparateur..."

[HJ: Hopeulà, t'es mon premier cadeau de Noël, bichon ! J'espère que ça t'ira ^^]

Là, la vièle était à présent accordée, prête à servir. Dawan la mit sur ses jambes, contre son ventre, et posa ses coudes devant elle, sur ses cuisses. Ainsi penché en avant, il écouta Elrond, tandis que son regard fuyait résolument pour mieux observer les diverses ombres et textures du mur. Un sourcil froncé, il allait interroger Elrond… Mais n'eut pas à le faire. Le dragonnier répondit avant même la question.
Immobile, Dawan ramena à lui ses souvenirs. Bien sûr qu'il avait été là. Dans l'ombre, à l'écart, n'étant pas des protagonistes les plus importants, mais il avait vu, oui. Il avait entendu, surtout, le beau monde qui parlait, l'intervention des Esprits (oh, s'il avait cru voir cela un jour !), et enfin, la chute des corps des dragonniers. De leur combat dans le plan astral, il n'avait rien pu voir, ce qui était bien normal. La curiosité le démangeait, néanmoins. Il avait devant lui un elfe qui possédait un savoir unique… Tant de questions pouvaient être posées, oui ! Elles arrivaient toutes, à nouveau, toutes les questions qui avaient remué Dawan après cet événement, et dont il n'avait pu avoir de réponses avant d'ouïr récits ou chants. Il voulait les poser à nouveau, être sûr, pour entendre de la bouche même de celui qui les avait vécu ces histoires. Oh, ce devait être tellement exceptionnel ! Ses grands yeux gris revinrent vers les lèvres du dragonnier.

Le changement dans la voix d'Elrond ne lui passa pas inaperçu. En plus des questions qui harcelaient son pauvre esprit, il avait désormais en lui une autre voix qui lui ordonnait de taire toutes ces interrogations. Cette petite voix était celle qui avait interprété le son de la voix d'Elrond, et qui pensait que c'était là une façon subtile de lui faire entendre que ces souvenirs lui étaient encore douloureux. Dawan n'avait pas envie de remuer le couteau dans la plaie, loin de là. Les questions en lui étaient pourtant insistantes, si bien qu'il commençait à hésiter à croire cette intuition qui le poussait se taire. Il baissa la tête, son crâne entre ses mains. Un murmure étrange échappa à ses lèvres, petite chansonnette, dans l'espoir vain de donner un sens à ses pensées. Elrond, le dragonnier, Elrond aux rêves maudits… Fallait-il obéir aveuglément à son ordre tacite ? Fallait-il oser s'exprimer ?
Dawan posa la vièle à côté de lui, finalement. Il avait la mine résolument inquiète, préoccupé. Ses lèvres remuaient à peine pour accompagner sa mélodie sans paroles. Lorsqu'il s'interrompit, sa voix portait tout juste assez forte pour être entendue par Elrond:

"- Êtes-vous prêt à me faire confiance ?" Son regard revint lentement vers le dragonnier, se poser sur son épaule. "J'ignore ce qu'est véritablement le combat, vous savez…" Lui, il n'attaquait jamais. Porter atteinte l'effrayait trop. Il savait tout juste se protéger. "…Que vous le sachiez ou non n'a pas d'importance, finalement. J'apprécierais juste votre confiance. Elle est nécessaire pour…" Il porta une main à ses cheveux, jouant nerveusement avec alors que, sourcils froncés, il répétait plusieurs fois "elle est nécessaire pour…", plus bas. Mais finalement, il changea de façon de parler. "Elrond." S'il avait pu invoquer l'esprit du dragonnier par sa seule voix, il l'aurait fait. S'il avait pu lui dévoiler tout ce qui agitait son esprit, cela aurait été plus simple. Il n'aimait pas parler, les mots étaient loin de subvenir à ses réels besoin. "Je n'ai pas la prétention de mettre fin à vos cauchemars. Mais je peux vous apaiser l'espace d'un rêve." Il prit une longue inspiration. "Une confiance, au-delà des mots. Que la magie puisse vous atteindre, que vous la receviez comme un cadeau. Alors vous m'en aurez offert un plus précieux, un que le temps ne saura me retirer." Et là, il ne parlait plus de la confiance, mais du souvenir de cette confiance. "J'ignore... Néanmoins... Si cela marcherait sur Möebius... Cela devrait. J'espère..." Dawan baissa la tête, avec un soupir qui avait quelque chose de douloureux. Il allait finir par jouer de la vièle, cela irait bien plus vite, au final, il le savait ! Et que ceux qui lui soufflaient que les mots devaient se travailler autant que la musique aillent voir chez Néant s'il y était ! Il n'était tout simplement pas fait pour ce langage.

[HJ bis: si ton perso' pose une question au mien, tu peux partir du principe que Daw va reprendre sa vièle et soit jouer, soit se préparer à jouer x)]

[HRPG: è_é je ne laisserais pas la grippe m'arrêter! x) plus sérieusement, j'ai bien relu derrière, mais il est possible qu'il reste encore quelques fautes, je m'en excuse x.x.
Sinon je pense que l'on va vers une conclusion. Une fois qu'Elrond dormira, il risque pas de parler dans son sommeil.]