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Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE

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MessageSujet: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeVen 14 Nov 2014 - 19:56

27 Avril an II


Difficile, quand on n’y est pas habitué, de voyager seule. De vivre seule. De survivre seule. Depuis près de dix jours qu’elle avait quitté Aigue Royal, Ambre se sentait toujours aussi perdue. Personne qui la connaisse, personne sur qui s’appuyer. Non pas qu’elle en ait réellement besoin, elle se rendait maintenant compte que depuis qu’elle n’était plus avec sa famille, elle se débrouillait seule ou presque. Mais Lorenz avait constitué, et rapidement, une sorte d’habitude, sa présence étant régulière et, en dépit de tout ce qu’elle avait pu en dire ou penser, bienveillante à son égard, mais il ne l’avait pas protégée comme ses frères avaient pu le faire, elle avait malgré tout bénéficié d’une marge d’autonomie relativement élevée. Il fallait désormais qu’elle se fasse à cette indépendance totale toute nouvelle. Et contre attente, en dépit des risques, des dangers qu’elle courrait, elle se sentait heureuse de cette liberté offerte par le destin. Pouvoir aller où elle le voulait, quand elle voulait était tout à fait… exaltant. Elle n’était plus tenue de rester en sécurité, à aider les autres sans se mettre en danger, à assister comme derrière une vitre transparente aux souffrances d’autrui sans intervenir pour ne pas risquer de se blesser. Elle n’avait plus à supporter la violence des vampires, leur besoin de sang, leur manque de compassion, personne ne s’inquiéterait qu’elle soit seule dans la nature à la nuit tombée. Non, désormais lorsqu’elle voyait une femme effondrée de fatigue sur un bord de sentier, elle pouvait l’aider à se relever sans se presser, offrir ses remèdes à un bébé malade au visage rouge, assister une famille dont l’étalon blessé peinait à tirer la maigre charrette. Elle était libre, et cela lui plaisait autant que l’effrayait. Et de cette liberté, elle en profitait. Elle s’était déjà arrêtée dans des petits villages silencieux, apeurés, dans des fermes solitaires pour offrir son aide et ses soins en ces temps de guerre. Son visage innocent et la chaleur de son sourire avaient su lui attirer la confiance des habitants qui, parfois, l’autorisaient ainsi à dormir dans une grange et à partager leur repas lorsqu’en échange elle offrait ses soins et sa présence réconfortante. Un couple l’avait même invité à partager la couche de leur jeune fille et les deux demoiselles avaient passé une partie de la nuit à papoter avant de s’endormir, la présence de l’une rassurant l’autre et inversement. Mais chacun de ces soirs, la guérisseuse songeait avant tout à sa jument, à l’extérieur. Et à la ville rebelle qu’elle avait laissée derrière elle. Avait-elle fait le bon choix ?

Medlinya avançait à son côté à un bon rythme, suivant les pas de sa maitresse qui, autant pour se dégourdir les jambes que pour soulager sa noble amie, avait préféré mettre pieds à terre. Les deux compagnes s’étaient perdues en quittant la ville rebelle, partant vers le nord sans trop savoir pourquoi, avant de rejoindre le Wylorel qu’elles suivaient depuis. Au moins savaient-elles quelle route emprunter. L’eau apportait également à la jeune demoiselle un certain réconfort, son bruit constant et léger se transformant en une berceuse unique et mélodieuse. Il faisait chaud, mais au bord du fleuve, tout semblait plus frais. Plus vivant. Et pourtant Dracos savait que le reste d’Armanda restait animé d’une vie féroce et combative.
Ses cheveux flottant dans son dos, des mèches rebelles s’échappant de son chignon, Ambre resserra autour d’elle les pans de son manteau de brume. Elle commençait à être vraiment fatiguée, elle qui n’avait pas l’habitude de marcher plusieurs jours d’affilé comme cela, sans même avoir de direction précise. Ses cuisses et ses mollets la brulaient et elle avait la gorge sèche. S’arrêtant, la blonde rejeta une mèche qui lui caressait le front avant de porter sa gourde à ses lèvres, soupirant de soulagement. Dracos merci, sa jument semblait être à même de trouver d’elle-même de quoi se sustenter. Ce qui n’était pas le cas de la petite humaine qui sorti de son sac un morceau de pain qu’elle grignota en regardant autour d’elle. Tout semblait désert. Comme il était étrange de ne pas voir de présence humaine, vampire ou même elfique. Mais au moins n’il y avait-il pas non plus d’alayiens. Elle en avait aperçu, deux jours plus tôt, qui semblait à distance raisonnable ; du moins en avait-elle déduit qu’il s’agissait de ce peuple querelleur, trop loin pour en être certaine. Le cœur battant et la sueur coulant le long de son corsage en soie d’araignée, elle s’était réfugiée derrière un mur de végétation, intimant à la blanche jument, dissimulée avec plus ou moins de succès, de ne pas faire le moindre bruit. Cela avait duré quelques minutes qui lui avaient paru être des heures, puis elle s’était de nouveau retrouvée seule. Et l’était restée depuis, trop anxieuse à l’idée de se trouver véritablement face à ces ennemis ou de risquer de les mener à des gens. Et pourtant, elle ne resterait pas seule éternellement, d’autres auraient besoin de son aide. Deux jours à sursauter au moindre bruit. Deux jours qu’elle se haïssait pour sa lâcheté ; après tout, avant cela, tout s’était très bien passé. Alors pourquoi cette crainte subite et ce frisson dans le dos?

S’approchant de l’eau légèrement en contrebas, la jeune fille souleva sa jupe, laissant Medlinya derrière elle, avant de s’agripper à une branche pour continuer son chemin sans finir dans le fleuve plutôt que son bord. Une fois trouvé une zone plate où elle ne risquait pas de glisser, elle trempa la paume des mains dans le liquide salvateur, ayant pris garde qu’il n’y ait que quelques centimètres à cet endroit afin d’éviter les mauvaises surprises des flots profonds. L’eau douce apaisa la brûlure que les rênes de sa jument avaient provoquée sur ses paumes et elle soupira de soulagement avant de se laisser aller sur ses talons, se rejetant en arrière pour regarder autour d’elle. Et dire que son voyage ne faisait que commencer. Elle resta ainsi un long moment, observant d’un œil absent le paysage alentours, réfléchissant surtout à ce futur si incertain qui s’ouvrait devant elle et laissant son corps fatigué reprendre des forces. Instant de faiblesse où, sans même s’en rendre compte, elle laissa filer toute attention, jusqu’à ce qu’elle finisse par se souvenir qu’elle devait se protéger elle-même et qu’un accident était vite arrivé. Se relevant, elle passa une main sur sa cape pour la débarrasser des saletés collées dessus avant de se détourner, croisant au passage un regard gris profond qui la fixait en silence. Finalement, elle allait peut-être mourir plus tôt que prévu si elle faisait une crise cardiaque maintenant. Ses yeux bleus effrayés détaillèrent le visage fin tandis que son cœur affolé cherchait à fuir la cage de sa poitrine et, notant les oreilles pointues, elle s’approcha doucement, tendant la main pour effleurer une mèche de cheveux… avant de serrer contre elle ce visage juvénile, les lèvres pincées et les prunelles embuées, puisant dans ce contact un apaisement à ses doutes, ses inquiétudes et sa solitude, la tête enfouie au creux du cou. Elle avait simplement oublié qui était l’enfant et qui l’adulte, et où se situaient les règles de bienséance. Elle aurait tôt fait de regretter ce geste purement spontanée plus tard.


Dernière édition par Ambre Orétoile le Mar 13 Jan 2015 - 19:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeSam 15 Nov 2014 - 16:46


Cela faisait déjà presque un mois qu’ils avaient quittés les terres elfiques. Un mois de voyage sous un soleil de plomb et au milieu d’un royaume dangereux où la mort pouvait apparaître de bien des façons. C’était une étrange marche, très silencieuse et tendue, qui respirait la peine. Aucun elfe n’était heureux de devoir abandonner la forêt où ils avaient vécus et grandis… surtout en sachant que c’était probablement définitif et que plus jamais ils ne pourraient même la voir. Le départ avait été bouleversant, même pour lui qui était pourtant fait de granit en règle générale… La lente procession quittant les bois, portée par un chant profond, grave et lancinante, tellement vif de la douleur et du désespoir des centaines d’elfes qu’il aurait fait monter les larmes aux yeux de tout auditeur présent. Lui aussi, avait failli pleurer, ce qui n’était pourtant pas dans ses habitudes. Mais comment ne pas se laisser toucher par pareille hymne funèbre, qui vous retournait une dague de glace dans les tripes et broyait vos poumons et votre gorge dans un étau terriblement puissant… Oui, il avait eu le cœur très lourd, en partant. Et plus il s’éloignait, plus sa résolution de vengeance grandissait et se renforçait. Il devrait faire payer le coupable. Il ne pouvait en être autrement. Si seulement cet individu pouvait voir ce qu’il avait causé, voir le deuil d’un peuple tout entier… Si seulement il pouvait lui faire porter ce deuil, subir toute la tristesse des siens, l’obliger à souffrir pour chaque elfe qui abandonnait son foyer et son passé, toute sa vie, et pour chacun des anciens qui avaient décidés de rester là-bas et de mourir sur la terre de leurs ancêtres. Si seulement. Il n’y avait rien de glorieux à son désir, et il se fichait de la gloire, ce qu’il désirait avant tout, c’était la justice…

Il chevauchait, lors de leur départ. Et sans doute était-ce bien mieux ainsi, ses jambes auraient sans nul doute flanchées. Son destrier aussi avait eu l’air malheureux, mais il avait tout de même accepté d’avancer. Puis, après plusieurs heures, le chant s’était enfin tut et le silence fracassant de leur marche dans l’exile l’avait tout d’abord terrifié. Ils ressemblaient, pour beaucoup, à des morts… morts intérieurement. Pour beaucoup, ils avaient laissés une part de leurs âmes là-bas, sous le couvert des bois. Il savait que partir avait été la seule solution, une solution qu’il avait lui-même proposé à Aegnor avant même les sanctuaires, mais… mais il aurait préféré qu’il y ait une alternative justement. Il aurait préféré ne pas avoir à porter le poids d’un tel sort. Il aurait préféré se tromper. Mieux il aurait préféré que jamais tout cela n’arrive. Mais hélas, c’était arrivé. Et il n’y avait rien à faire de plus qu’avancer. C’était ce qu’ils avaient fait pendant ces longues semaines et il était très fatigué. Epuisé même en vérité. Sa constitution plus faible que celle de ses frères et sœurs ne le prédisposait pas à ce genre de voyages longs et ardus, où il fallait être tout le temps sur ses gardes et prêt à déguerpir. Ça ne lui réussissait pas du tout du tout. Il ne disait jamais rien, il essayait de s’intéresser à ce monde qu’il n’avait jamais vu auparavant et qui lui était désormais accessible… Il y en avait des choses à voir après tout. Mais parfois, quand ils faisaient enfin une pause, il ne pouvait s’empêcher de s’éloigner un peu pour s’autoriser une ou deux grimaces d’inconforts. Oh son frère n’était pas dupe mais les autres…

Il n’avait jamais autant éprouvé son corps. Ses jambes étaient douloureuses et percluses de courbatures et son dos craquait comme jamais, l’élançant terriblement. Il s’allongeait alors dans l’herbe et s’endormait comme une masse, vidé de son énergie. Mais d’un autre côté, cela l’endurcissait et il commençait à pallier sa constitution un peu délicate. Ce ne pourrait être qu’un bon point pour le futur, lorsqu’il devrait s’entraîner à manier une arme. En revanche, et comme il s’y était attendu, il pensait un peu moins à ses angoisses, sur le chemin. Et plus ils approchaient de la destination, plus il arrivait à détourner son esprit des bois pour penser à Aigue. La rébellion… de quoi avait-elle l’air ? Il y aurait certainement beaucoup à découvrir une fois là-bas même si ça ne ferait pas plaisir à ses parents. Plus ils approchaient et plus les autres semblaient un peu plus détendu, sans doute parce qu’ils seraient bientôt en sûreté. Ils purent faire de plus longues pauses et Nomin en profita même pour s’éloigner du groupe du groupe, ce qui ne manquait pas d’enrager son père à chaque fois. Une journée qu’ils faisaient halte près de la wylorel, le jeune elfe se glissa furtivement hors de la surveillance des autres pour approcher de l’eau et contempler la végétation alentours. Marchant tranquillement en écoutant l’eau qui clapotait et chantait, il fronça néanmoins les sourcils en entendant un bruit étrange.

Enfin pas qu’il soit étrange d’entendre quelqu’un parler, les elfes et les humains, et même les vampires, faisaient cela souvent, parfois trop souvent d’ailleurs. Mais cela restait surprenant parce qu’il ne s’attendait pas à voir un humain – ça ne pouvait franchement pas être un elfe – dans un lieu aussi vide et au milieu de nulle part, loin des grands axes de voyages. Il s’approcha discrètement pour observer de qui il pouvait bien s’agir. Si c’était un ennemi, il le noierait ou préviendrait les autres. Mais non. Il resta silencieux et immobile en observant la jeune fille de dos, jusqu’à ce qu’elle se retourne enfin et ne croise son regard. Elle avait l’air effrayée… sa faute ? Voilà bien la première fois qu’il ferait peur à quelqu’un de cette façon. Néanmoins, elle avança vers lui et il la laissa s’approcher, détaillant son joli visage, qui n’avait pourtant pas la grâce et l’aspect céleste d’un membre de la race elfique. Ça ne le choquait pas cependant, elle était jolie, à sa façon. Mais l’effroi l’enlaidissait. Surpris, il le fut à son tour quand elle l’enlaça et le contact le révulsa dans un premier temps tant il n’y était pas habitué. Il resta un instant immobile, sans rien faire, puis finit, gauchement, par l’enlacer également, lui caressant d’une main les cheveux sans toutefois dire quoi que ce soit dans l’immédiat. Serré contre elle, il baissa légèrement les yeux en l’observant toujours, se demandant ce qui lui valait pareille embrassade.

Mais, guidé par une pensée étrange, il ne manqua pas de la laisser se coller à lui et déposa, avec légèreté, un baisé sur la lèvre couleur de pêche pâle de l’humaine. Puis il fit mine de se détacher, et pu enfin la reregarder dans les yeux avec attention, ses prunelles d’argent lisse l’observant. L’une de ses mains trouva la sienne et il put enfin remarquer que la paume n’avait pas bonne mine… Avec précaution, il tissa un petit cocon de soin sur la première puis prit la seconde pour faire de même. Une fois qu’il ne sembla plus rien y avoir, il prit enfin la parole, d’une voix douce. « Voyager n’est pas de tout repos, hein ? » Il lui tenait toujours les mains. « Je m’appelle Nomin. Nomin Terendul »
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeSam 22 Nov 2014 - 16:20

Enfouie dans le cou du jeune inconnu, Ambre respira doucement l’odeur sucré qui émanait de lui, appréciant en tremblant le réconfort qu’il lui offrait. La main qui caressait ses cheveux aurait pu être celle de sa mère qui, tendrement, la rassurait pour une broutille: "N’ai pas peur, petite pierre de mon cœur." N’ai pas peur de cet orage qui secoue les murs de la maison, n’ai pas peur de cet inconnu épuisé qui demande simplement un peu d’eau, n’ai pas peur de la mort qui vient cueillir cette femme épuisée de la vie, n’ai pas peur de ce cri dans la nuit qui annonce la venue d’un enfant. N’ai pas peur de vivre et n’ai pas peur de mourir. « Aurais-tu été fière de moi, de ce que j’ai traversé ? Qu’aurais-tu dit en me voyant au bord de la Wylorel, cherchant mon chemin ? Qu’aurais-tu fait pour m’aider, mère ? ». Mais les bras qui l’entouraient n’étaient pas ceux pour qui étaient destinées ces muettes interrogations, et la petite humaine finit par relever la tête, quelque apaisée. Mère… Elle savait où elle allait, à présent. Elle aurait dû y penser dès le début. C’était une occasion unique de rechercher les siens et, à présent qu’elle n’était plus liée à quiconque, elle avait tout son temps. S’ils étaient morts, elle ferait son deuil, enfin, mais mieux valait cela que de rester dans l’incertitude. S’ils étaient vivants, elle renouerait avec eux, les aiderait, recréerait en leur compagnie ce foyer qu’elle avait connu et qui lui manquait tant.

Une détermination nouvelle se gravant peu à peu dans ses prunelles d’azur, elle observa le jeune visage à quelques centimètres du sien, prête à se reculer mais fascinée par les traits sans défauts du jeune elfe. Il était beau, c’était indéniable, de cette beauté surnaturelle que possédaient les elfes, créatures si gracieuses. Il dégageait un calme rassurant, être immuable s’intégrant parfaitement dans ce décor naturel qui les entourait. Elle en avait déjà vu, déjà rencontré, des elfes, et chacun avait laissé dans sa mémoire l’impression d’un peuple meilleur que les autres, plus délicat, plus beau, plus aimable, plus raffiné, plus posé. Ils n’avaient pas cette passion que possédaient les humains, mais ils semblaient sereins. Sans doute n’était-ce qu’une illusion, provoquée par leur froide beauté inaccessible. Nul doute qu’eux aussi avaient des sentiments, des émotions qui les mettaient à fleur de leur peau diaphane, mais Ambre n’en avait jamais vu un ainsi. Ils étaient, semblait-il, toujours si maîtres d’eux-mêmes que c’en était intimidant. Et celui dans les bras duquel elle se trouvait ne dépareillait pas. Sauf, peut-être, par ce baiser si déplacé.

Surprise, honteuse, mortifiée, la jeune fille ne broncha pas, le sentant se détacher en le fixant avec de grands yeux écarquillés. Il avait de toute évidence très mal compris son étreinte pour réagir comme cela. Qu’avait-il donc imaginé ? Mais elle ne pouvait le blâmer d’une réaction qui ne provenait que d’une erreur qui était sienne. Son propre comportement avait été tout à fait outrancier, celui de l’elfe, bien que surprenant, paraissait moins déplacé.
D’un bond, elle s’écarta de lui, ses joues apportant une nouvelle définition au mot « rouge », l’observant sans savoir quoi dire. Elle souhaitait simplement faire un retour dans le temps pour se présenter et le saluer comme elle l’aurait dû. L’étranger ne semblait toutefois pas aussi perturbé et il entreprit de la soigner avec bonté et délicatesse, augmentant son trouble. Comment devait-elle réagir ? Elle lui était profondément reconnaissante d’avoir ainsi usé de sa magie pour apaiser la douleur de ses paumes, ainsi que du réconfort apporté par son étreinte. Et, en un sens, par celui donné par son baiser. Après réflexion, elle comprenait davantage qu’il s’agissait d’un embrassement amical, porteur de courage et de douceur, que celui que pouvaient échanger deux amants. Ce baiser n’avait rien à voir avec celui que lui avait imposé Lorenz bien des mois plus tôt.

-Non, c’est vrai, surtout quand on n’en a.. pas l’habitude.

Elle lui sourit, toujours toute rouge, se demandant quelle image elle pouvait bien lui renvoyer. Les cheveux défaits, le visage cerné, la peau abîmée par le voyage et les vêtements, disons, pas forcément très propres. Le bas de sa robe grise, pratique et toute simple, était taché de boue, une légère griffure zébrait le bas de son cou depuis qu’elle s’était écorchée avec une branche et son odeur ne devait pas être des plus délicates. Elle n’avait rien d’une élégante femme de la cour et paraissait davantage être une jeune fermière perdue. Mais après tout, c’était cela qu’elle était, une fille du peuple égarée au bord de l’eau. Ce qui ne l’empêcha pas d’ôter ses mains blanches de celles, si fines, dudit Nómin pour lui présenter une délicate révérence.

-Je m’appelle… Ambre Orétoile. Je suis navrée de… vous… et bien…

Piquant derechef un fard, du moins autant qu’il lui était possible puisqu’elle était déjà d’un bel écarlate, elle s’embrouilla dans son excuse et finit par refaire une révérence pour achever de dire ce que les mots ne lui permettait pas d’exprimer.

-Merci pour m’avoir soign..ée. Etes-vous seul ici ?

Elle était surprise de voir un elfe seul ici, mais peut-être pensait-il la même chose de son côté, après tout. Qu’une jeune humaine ne devrait pas se trouver sans compagnie dans un endroit pareil. La guérisseuse regarda autour d’elle, ne percevant rien : si d’autres elfes accompagnaient Nómin, apprécieraient-ils de le voir ainsi en compagnie d’une inconnue ?
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeSam 29 Nov 2014 - 10:55


Et bien, elle réinventait le rouge, dirait-on… était-ce commun à tous les humains de rougir ainsi ? Au vu de ce que certains elfes lui avaient raconté, au sujet de ce peuple et de ses mœurs tactiles, il trouvait cela étrange. Cette jeune femme n'avait rien fait de si terrible, si ? Bon certes, en bon elfe, il aurait effectivement dû se vexer et s'outrager, la repousser puis partir le plus dignement possible en se drapant dans son honneur écorné… Cela dit, il n'était pas n'importe quel elfe et il était lui-même du genre à écorner la politesse de son peuple. Elle ne risquait donc pas grand-chose de ce côté-là, ce qu'elle avait fait n'était rien en comparaison de ce que lui pouvait parfois faire. Personne n'était, par exemple, prêt d'oublier qu'il était capable d'user de la magie vampirique. Mais ça ne le gênait pas. En fait il se fichait éperdument de comment les autres pouvaient bien le voir… tout ce qui comptait c'était comment lui se voyait. Il ne lui fit donc aucune réflexion au sujet de la carnation de ses joues, quand bien même celle-ci était difficile à ignorer tant elle flamboyait soudain. Si elle voulait réinventer le drapeau vampirique, elle s'y prenait parfaitement bien ! Il hocha simplement la tête, légèrement, en assentiment à ce qu'elle énonçait. Effectivement, ce n'était qu'encore moins évident quand on voyageait pour la première fois, ou du moins qu'on en avait pas l'habitude. Lui-même témoignait amplement après tout, de cette vérité. Il avait hâte de parvenir jusqu'à Aigue et de s'y poser une bonne fois pour toute, au moins le temps de la guerre. Mais comme la guerre pouvait durer de très longues années, autant dire qu'il pouvait se mettre à l'aise.

Sa révérence contredisait fort bien son apparence, cela dit. Elle qui avait tout d'une pauvresse du bas peuple, elle se démentait elle-même par ce geste gracieusement exécuté, qu'il rendit d'une inclinaison légère du buste, bien loin des rodomontades de la noblesse des bois. Simple, stricte, clair et relativement courtois, voilà bien qui lui ressemblait davantage que ces grands gestes et ces ronds de jambes. Il la perturbait, de toute évidence… et le pire c'était qu'il s'en satisfaisait amplement. Et bien quoi ? Il n'avait jamais été du genre à compatir après tout ! Ce n'était pas parce qu'il avait décidé d'être aimable, qu'il changeait pour autant sa manière d'être et de penser. Cependant, à sa question et au regard qu'elle promenait alentours, il répondit enfin. «  Je suis seul à l'heure actuelle, et ici. Mais je ne voyage pas seul. Ma famille se trouve un peu en amont, je me suis écarté d'eux afin de rechercher de la tranquillité » Autant dire que se faire sauter au cou n'était pas sa définition de la tranquillité et la jeune femme devait bien avoir la même pensée, non ? Mais c'était seulement histoire de la titiller un peu et de voir si elle parviendrait à atteindre un nouveau sommet d'écarlate ou non. Il enchaîna, ne souhaitant pas non plus la voir se transformer en crabe de récif. «  Vous ne me dérangez pas pour autant, n'ayez crainte » Autant dire qu'il était rarement aussi délicat avec les inconnus. Mais elle ne lui inspirait pas l'envie de s'en prendre à elle. Elle avait l'air fatiguée et perdue, et un peu dépassée par sa propre situation à vrai dire. L'était-elle vraiment ? Il ne pouvait le dire avec certitude, mais c'était ce qu'il tirait de sa vision.

«  Pourquoi voyagez-vous exactement ? Vous avez l'air d'une femme du peuple mais votre révérence indiquerait un milieu beaucoup plus aisé… Hors j'ai appris que votre peuple laissait rarement des femmes de la noblesse voyager ainsi sans chaperon ni surveillance aucune… surtout en temps de guerre» N'avait-elle pas peur ? Les humains, on les décrivait comme des barbares et des rustres chez lui. On parlait de tueries, de viols… on parlait de bandits ou même de soldats qui ne tenaient pas le rang, autant de choses impossibles à imaginer chez les elfes. Du moins n'en avait-il jamais eu ne serait-ce que l'ombre du doute. Il se déplaça, venant s'installer au bord de l'eau sans paraître gêné de la questionner ainsi. Mais de quoi se gênait-il en général, après tout ? Pas de grand-chose. «  A moins bien entendu que vous ne soyez simplement perdue ? » Cela se pouvait également, après tout. Pour finir au milieu des plaines, isolée et dans cet état, il fallait certainement être perdu, à son sens. Tous le monde n'était pas elfe !
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeJeu 4 Déc 2014 - 22:10

Un jeune elfe, mais qui la perturbait bien assez. Enfin jeune elle n’en savait trop rien finalement, si ce n’était que ses traits avaient davantage de douceur enfantine que de beauté presqu’un peu dure comme c’avait été le cas chez les rares adultes elfes qu’avait connu la demoiselle. Aucun d’eux cependant n’avait ce… cet… et bien aucun ne dégageait cette étrange impression qui se ressentait près de Nómin. Il était incroyablement, merveilleusement, fantastiquement calme et pourtant il osait des gestes tout à fait déplacés. Néanmoins, cette étrangeté était presque rassurante. Ambre n’aurait pas su dire pourquoi, mais le fait que son interlocuteur ne semble pas rentrer dans un moule de normalité l’apaisait. C’était une forme de magie, en un sens, la magie de l’unicité, de la différence. Simplement celle de pouvoir trouver quelqu’un en pleine fichue cambrousse, et que ce quelqu’un ne soit ni agressif ni dangereux d’aucune manière que ce soit. Il n’était d’ailleurs pas seul, mais accompagné de toute sa famille selon ses dires. Une famille qui s’exilait ? Sans doute voulait-elle rejoindre Aigue Royal, le seul endroit qu’Ambre connaisse qui soit à peu près sûre pour les rebelles. Mais si tel était le cas… comment en avaient-ils eu connaissance ? A moins qu’ils n’aillent ailleurs, bien entendu. Toutefois dans sa phrase se trouvait quelque chose d’autre, un petit détail qui ne la fit réagir qu’après coup. Reculant un pied, elle fronça légèrement les sourcils avec une petite moue, honteuse d’elle-même. Et plutôt que de rougir de nouveau, elle commenca à pâlir peu à peu, son teint de porcelaine, abimé par le temps passé à l’extérieur depuis son départ d’Aigue, prenant peu à peu la couleur des vampires. Elle s’était jetée sur lui comme s’il était son sauveur, mais lui n’avait pas forcément eu la même envie qu’elle de trouver quelqu’un de fiable pour bavarder. Il calma toutefois sa crainte avant qu’elle ne s’en excuse et elle relâcha les épaules pour lui sourire, un peu hésitante malgré tout. Peut-être disait cela par simple gentillesse, après tout il semblait, en dépit du salut peu protocolaire et de l’étreinte rendue, tout à fait agréable. Et sans la moindre intention de la blesser de quelque façon que ce soit.

-Je suis rassurée pour vous, répondit-elle finalement avec sincérité. Mais jusqu’où… allez-vous ?

Elle ignorait même le sens de leur voyage, puisqu’elle n’avait pas réellement vu d’où il arrivait. Elle aurait aimé voyagé en sa, en leur compagnie, mais se doutait qu’il y avait toutes les chances que cela n’arrive pas. S’ils venaient de la forêt elfique, si son sens de l’orientation était bon, alors ils étaient venus de la direction vers laquelle elle-même se dirigeait.
Pourquoi voyageait-elle ? La question la surprit, et cette fois son regard se fit pensif lorsqu’elle le posa sur Nómin. Elle ignorait qu’il connaissait si bien les humains et se demanda même s’il n’avait pas vécu parmi eux pour savoir si bien jauger de ce qui semblait normal ou non pour un humain du peuple. Après quelques secondes où elle ne sut que répondre, trop interloquée, elle finit par opter par la vérité dans une réponse courte qui lui permettrait de se débarrasser de ce sujet sensible sans risquer de froisser le jeune curieux.

-Je suis guérisseuse, mais ma mère est issue d’une famille riche et m’a apprrrrrit à me conduire comme une… jeune fille doit le faire. Cela m’a servit puisque j’ai… dû côtoyer des nobles.

Sans amertume ni mépris pour ces derniers, elle énoncait simplement la chose le plus simplement du monde, n’ayant aucun regret quant à ses modestes origines. Etre fille du peuple n’était pas une injure, non. Après tout, le peuple représentait la partie la plus importante d’une nation, car sans lui il n’y aurait rien. Mais surtout Ambre était intimement convaincue qu’il fallait de tout pour vivre en harmonie les uns avec les autres, que ce soit des aristocrates ou de simples paysans.

-Je ne suis pas vraiment perdue. Je me… suis enfuie de là où j’étais. Je n’y avait pas ma place, conclut-elle dans un murmure qui poussa son regard vers le ciel bleu.

Il était temps de la trouver, cette place. Et elle savait qu’elle était quelque part sur sa route, entre deux pauvres âmes ayant besoin d’aide. Fille du peuple elle était, auprès du peuple elle resterait. Lorenz était prince, il n’avait pas fréquenter une jeune fille, humaine de plus, comme elle. La réalité apparaissait claire comme la chevelure opaline de Nómin, mais c’était après tout ce qu’elle avait déjà dit quelques semaines plus tôt.

-Comment connaissez-vous si bien les hu..mains ?

Elle-même n’était au courant que des principales coutumes elfiques, alors même qu’elle tentait d’apprendre leur langue depuis… et bien pas assez longtemps pour en savoir assez, à son goût du moins.


Dernière édition par Ambre Orétoile le Dim 14 Déc 2014 - 14:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeSam 6 Déc 2014 - 17:29


Rassurée pour lui. Pourquoi donc ? Pourquoi se serait-elle inquiétée ? Parfois, il avait du mal avec les concepts véhiculés par ses interlocuteurs… Elle n'avait pas de raison de s'inquiéter particulièrement pour lui ou les siens, après tout la situation des elfes ne devait pas vraiment être une considération pour une jeune humaine telle qu'elle l'était. Sans la taxer d'être une égoïste, elle était humaine et devait avoir bien d'autres préoccupations, non ? Lui en aurait eu après tout. Mais enfin, il n'allait pas non plus la renvoyer sur les roses simplement pour cela, c'était son affaire si elle voulait s'inquiéter de ce qui ne la regardait pas vraiment. ça n'influait pas vraiment sur quoi que ce soit de son point de vue à lui… elle ne lui était ni une menace ni un ralentissement après tout. « La rébellion, en Aigue-Royale. Nous sommes proches de la fin de notre périple il me semble, ce qui n'est pas un mal » Ce n'était pas vraiment un danger que de le dire. La forêt détruite, où les elfes pouvaient-ils donc aller, alors que les alayiens les menaçaient dans l'empire et que celui-ci occupait une importante part du continent… Elle ne pouvait pas rendre les choses encore pires, même si elle essayait de toutes ses forces. Alors autant être courtois et répondre à sa question. De toute façon dans une semaine au plus, ils seraient en sécurités. Les chances d'avoir un soucis sur la route diminuait de jour en jour. A la place des hypothèses pessimistes, il décida plutôt de la questionner.

Sa réaction était éclairante. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il la questionne comme cela. Mais elle avait tendue la perche… qu'y répondrait-elle alors ? Une réponse qui n'était pas mauvaise, mais qui manquait quelque chose. Elle était cependant bien suffisante pour qu'il n'insiste pas trop, après tout, il n'avait rien à gagner à la mettre mal à l'aise. Il ne savait pas également ce qui l'avait poussé à fuir ni ce qui faisait qu'elle n'avait pas sa place là où elle vivait auparavant comme elle le disait, Il n'avait pas l'intention de trop la pousser, elle n'avait apparemment pas du tout envie d'en parler. Et dans le cas où elle voudrait, c'était elle qui le ferait après tout. Un faible sourire vint troubler la tranquille harmonie de son visage tandis qu'elle le questionnait à son tour. Ah, c'était si surprenant que cela ? Il ne savait pas vraiment ce que les humains pouvaient savoir des elfes et comment ils s'imaginaient les siens. « J'ai beaucoup lu à votre sujet. Au sujet de votre peuple voulais-je dire. Ayant vécu enfermé dans le royaume des miens jusqu'ici, je n'ai jamais pu rencontrer d'humains auparavant, je ne pouvais que lire pour pallier mon ignorance, et écouter les récits de ceux ayant déjà rencontrer les vôtres. Même si je dois avouer avoir également fait appel à un peu de logique. Ce n'était pas très difficile… »

Il s'interrompit et l'observa un moment sans mot dire, avant de reprendre enfin. « Mais je suis loin d'être un expert. Il y a encore beaucoup vous concernant qui demeure pour moi un mystère. Des parts de votre peuple que l'on peut difficilement apprendre dans un livre. Et vous, avez-vous de la curiosité pour les miens ? » Il trouvait naturel de s'intéresser aux autres peuples mais peut-être n'était-ce pas son avis à elle, qui pouvait savoir.
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeDim 14 Déc 2014 - 14:45

Il savait où était Aigue Royal, et où se trouvait la cité protectrice. La ville souterraine n’était donc pas si secrète que cela, et puisqu’il en était ainsi, elle n’était pas si sûre que cela. Si les alliés pouvaient la trouver, les ennemis le pouvaient aussi. C’était une triste réalité et le doute effleura un instant Ambre : avait-elle bien fait de quitter l’endroit ? Si Aigue royal était découverte, il y aurait des morts, et son talent de guérisseuse, aussi faible puisse-t-il être, pouvait s’avérer utile. Elle s’apaisa toutefois rapidement en songeant aux dangers qu’il y avait pour ceux qui vivaient en surface. La ville souterraine était difficile à localiser, et les soldats qu’il y avait dedans étaient forts et compétents. Elle ne craignait probablement pas grand-chose, contrairement à tous ceux qui étaient seuls à lutter pour leur survie dans la peur quotidienne, exposés aux regards à la plus petite action contraire aux ordres impériaux. Elle avait fait le bon choix.

-Vous n’en êtes plus guère éloigné, vous l’atteindrez d’ici une sem…aine environ. Un peu… moins.

Ils en auraient enfin fini avec la route. Sans doute cette idée devait-elle leur donner le courage de continuer, d’autant qu’ils étaient exposés au danger tant qu’ils n’étaient pas arrivés. Et dire qu’elle ne faisait que commencer son périple. Mais chacun son tour et ses aventures, après tout. Le plus important était que cette famille d’elfes soit indemne et puisse se réfugier sans crainte là où elle le souhaitait. La jeune créature qui lui faisait face ne semblait guère assez résistante pour se battre, encore qu’elle ignorait son niveau magique. Peut-être était assez puissant pour se débarrasser d’agresseurs éventuels, ce dont elle lui souhaitait d’ailleurs.

-Je pense que vous serez… soulagés d’arriver à destination.

Les lits n’étaient pas les plus moelleux qui puissent existaient, la nourriture pas la meilleure et ils devraient côtoyer vampires et humains mais malgré cela ils seraient sans doute heureux de pouvoir se reposer. Les voyages étaient éprouvants aussi bien mentalement que physiquement ; comme elle en avait si bien fait l’expérience, il était difficile de rester des jours à cheval.
Tout comme il lui fut difficile de cacher sa surprise et sa gêne lorsqu’il lui demanda pourquoi elle était seule. Tout lui relater ne serait pas prudent, sans compter qu’elle l’ennuierait plus qu’autre chose. Mais surtout, surtout, elle n’avait aucune envie de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Voyager seule lui avait fait comprendre que son histoire n’appartenait qu’à elle et que, semblait, nul ne pouvait réellement s’y inscrire de manière indélébile. Alors pourquoi mêler ce jeune homme au charmant minois dans ses tourments ? Elle préférait s’intéresser à lui, qui semblait si bien connaitre les mœurs humaines. S’installant à son tour sur le bord du Wylorel, elle observa son profil délicat avant de lui répondre de sa voix douce.

-Je comprends. Nous sommes sans aucun doute moins ra…ffinés que vous ne l’êtes, moins… compliqués ? Elle sourit de nouveau, ne souhaitant pas le vexer : mais ce n’est..pas un critique, au contraire.

Ils étaient délicats, ces elfes, et c’était ce qui faisait d’eux des êtres aussi fascinants, du moins pour Ambre. Elle était consciente que tous ne partageaient pas ce point de vue, mais qu’importait. Pour elle, le peuple de la forêt restait le plus beau, dans toutes les significations de ce mot. Ils étaient moins belliqueux que les autres, plus sages, plus féériques, tout simplement. Qu’elle en ait vu, rencontré, qu’elle ait parlé avec certains d’entre eux n’effaçait pas totalement ce rêve enfantin qui avait toujours été le sien de voir des créatures sylvaines. Il restait peut-être inassouvi, quoi qu’elle fasse, car elle serait à jamais incapable d’en être une. Elle était née humaine.

-Avon Pendan mae edhellen*

Elle n’était pas sûre de la prononciation et la phrase paraissait un peu simple, mais sans doute l’elfe en comprendrait-il le sens : *Je ne parle pas bien l’elfique. Elle lisait mieux la langue qu’elle ne la pratiquait, il fallait dire que rare étaient les occasions où elle pouvait le faire et nul n’était présent pour la corriger dans ses inexactitudes.

-J’essaye d’apprendre votre langue mais elle n’est pas trrrrrès faci..le à apprendre. J’ai lu des livres sur votre histoire et votre peuple. Je vous trou…ve fascinants, conclut-elle en se détournant pour fixer l’horizon, gênée de cet aveu.

Ce n’était pas de sa personne propre qu’elle parlait, mais plutôt de tous les siens, ce qui ne l’empêchait pourtant pas de rougir derechef. Repliant les genoux sur sa poitrine par simple habitude, elle l’observa avec curiosité :

-Notre comportement vous parait-i..l étrange par moments ? Si cela peut vous rass..urer, je ne comprends pas toujours les miens non…plus.

Elle ne comprenait pas plus les vampires et les elfes, et elle avait la sensation que tenter de comprendre un peuple dans son ensemble était trop large, trop vaste. Trop inadapté. Chaque individu était différent, et c’était cela, la richesse d’Armanda.
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeVen 19 Déc 2014 - 20:07


Il hocha la tête sans davantage de fioritures, un geste simple pour ponctuer l'écoute qu'il faisait de ses paroles. Un peu mois d'une semaine, cela restait fort convenable et c'était une bonne nouvelle parce qu'il n'en pouvait réellement plus de ce voyage. Pas qu'il soit désagréable. Non il ne l'était pas particulièrement, mais il était éreintant. Savoir que le bout du voyage se dessinait était agréable. Un vrai soulagement, même s'il l'avait déjà su. C'était sans doute de se l'entendre dire, qui le soulageait. Il ne le montrerait pas davantage cela dit, c'était déjà bien assez indécent ainsi. Il n'aurait pas été judicieux de poursuivre là-dessus, quant bien même l'indication était bienvenue. Et elle ? Allait-elle bientôt advenir là où elle se rendait ? Vu le lieu il fallait en douter. Pas qu'il eut ressentit le besoin de lui rendre la pareille, mais bon, ses pensées avaient toujours tendances à voyager. « Certes» convint-il à son affirmation. Bien entendu qu'il serait soulagé, même s'il n'en avait pas l'air. Il ne savait guère ce qu'ils allaient trouver là-bas… mais ils n'avaient pas d'autres choix, même s'il était probable que certains imbéciles s'imaginent encore le contraire. L'espoir fait vivre, certes, mais tout de même, il existait sans aucun doute une limite à tout et cette situation dépassait la limite de l'optimisme. Il n'y avait aucun lieu pour les elfes. S'ils ne rejoignaient pas la rébellion s'en était finit.

Il l'observait désormais, installé, proche d'elle, se laissant lui-même inspecter sans réagir. Drôle d'échange que celui-ci. Elle ne lui disait pas tout, mais il n'était pas du genre à lui tirer les vers du nez. Si elle ne voulait rien dire, c'était son affaire après tout. Lui-même n'allait pas tout lui dire, ce qui rejoignait bien l'adage 'Ne fait à autrui que ce que tu voudrais qu'on te fasse'. Très bon adage que celui-ci. « Je ne le prend pas comme une critique, mais je ne suis pas d'accord. Apprendre les us et coutumes d'un peuple différent du nôtre est toujours difficile et complexe. Quand au raffinement, il prend bien des formes, dont les vôtres ne sont pas dépourvus. Le tout est de savoir le reconnaître et en cela, les miens manquent énormément de grâce » Critique ? Certainement. Pourtant, son regard sembla légèrement s'adoucir, sur le pétillement de malice qui lui fit rajouter. « Ce n'est pas une critique non plus » Menteur ? Oh enfin… un peu… mais c'était simplement pour la taquinait qu'il imitait ses mots. Rien de bien méchant, d'ailleurs ça aurait été insulter l'intelligence de cette jeune fille que de dire cela avec sérieux. Laissant un instant de silence passé, il pu apprécier avec plus de continuité ce qu'elle lui avait dit, y compris en elfique… alors ainsi, certains humains tentaient d'apprendre l'elfique ? Voilà qui était étrange, pourquoi l'auraient-ils voulu ?

« Vous n'avez sans doute pas eu l'occasion de beaucoup vous exercer en elfique, votre manque ne vient que de là… nous pourrions essayer, si vous le désirez » Il ne savait pas très bien pourquoi quelqu'un voudrait apprendre une langue si fastidieuse quand le commun était si simple en comparaison, mais après tout si elle y trouvait de l'intérêt, pourquoi pas ? « Moi aussi je me suis heurté à des difficultés, lorsque j'ai voulu apprendre la langue de votre peuple. Comme lorsque j'apprends vos coutumes d'ailleurs. Votre logique n'est pas toujours la même que la nôtre...Cela a beau être logique, on se laisse toujours surprendre au moins une fois » Bon ce n'était qu'à moitié vrai, il n'avait eu aucun mal à apprendre cette langue, elle avait glissé toute seule au fil des livres. Mais ce n'était pas particulièrement grave. « Qu'avez-vous exactement appris jusqu'ici de l'elfique ? » Après un instant pensif, il reprit dans sa langue natale. « Me comprenez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 12:46

Les humains, raffinés ? Pour certaines choses, oui, sans doute. Ils avaient des règles de politesse, des coutumes qui pouvaient se voir comme d’une grande délicatesse mais ils étaient, sans aucun doute, loin d’égaler la grâce elfique. Ils étaient moins gros grossiers et plus courtois bien que manquant singulièrement de chaleur aux yeux d’Ambre. Cela ne les empêchait pas d’être tout à fait sympathique, comme pouvait le montrer le dénommé Nómin ainsi que le baptistrel Merithyn. Il y avait bien longtemps que la jeune fille n’avait pas aperçu le fin visage de ce dernier. Un visage réconfortant.

-Certes, admit-elle aux sages paroles de son interlocuteur. Néanmoins cela dépend de la vi…sion que l’on se fait du raffinement et de la connaissa..nce que l’on a des différents peuples.

Elle-même n’avait pas assez approfondi ses recherches pour parler en toute connaissance de cause aussi son commentaire pouvait-il paraitre comme hypocrite ou insensé, elle en était consciente, mais cela ne l’empêchait nullement de comparer les différents éléments des races entre elles en toute honnêteté. Il n’y avait nulle intention négative dans son attitude, elle se laissait simplement portée par ses impressions et ses rêveries. Après tout, elle avait toujours idéalisé le peuple sylvain, il lui était difficile de ne pas continuer alors même que rien ne lui avait montré ses côtés négatifs. Hormis, peut-être, quelques lignes des livres qu’elle avait lu, mais comme l’avait si bien dit le marchand, l’Histoire s’écrivait aussi avec le sang. Merithyn, Dawan, Aldaron, Silea, Eliowir… Tous avaient été d’une grande bonté et pleins de gentillesse désintéressée.

-Sans doute connaissez-vous mieux les… humains que je n’en sais de vo..tre peuple, conclut-elle dans un murmure interrogatif, plus pour elle-même que pour celui qui se trouvait à ses côtés.

Il était dans ce cas bien plus à même de juger, mais d’un autre côté, le simple fait qu’ils appartiennent à deux peuples différents devait modifier leur vision des choses. Mais tout cela devenait presque philosophique, et la guérisseuse n’était pas sûre que Nómin soit désireux de se lancer dans pareil dissertation. Mieux valait parler langage et apprentissage, ce qui amena d’ailleurs quelques surprises à la jeune humaine. Ainsi, sa langue pouvait être compliqué pour d’aucun qui ne la pratiquait pas ? Pourtant le parler elfique était beaucoup plus complexe, lui semblait-il, qui la maitrisait devait avoir de grandes facilités à parler la langue commune. Mais sans doute cela ne voulait-il rien dire, entre un apprentissage depuis la naissance dans la langue maternelle et une immersion progressive dans un autre langage.

-Non c’est ex..act, je ne l’ai guère pu. Je pratiquerai ave..c plaisir avec votre aide.

Ecoutant les paroles en elfique, Ambre prit quelques instants de réflexion, analysant la phrase pour en déduire le sens. Ce dernier n’était pas difficile à deviner bien qu’elle aurait été incapable de poser d’elle-même. Mais après tout, il était connu qu’il était plus aisé de comprendre que de pratiquer. Dans la même langue, elle lui répondit un « je vous comprends » hésitant avant de lui faire signe de ne pas bouger. Elle avait une bien meilleure idée que lui réciter tout ce qu’elle avait appris. Se relevant, elle remonta jusqu’à sa belle jument en manquant se casser la figure à plusieurs reprises et récupéra les deux livres qu’elle avait emmené avec elle. Ce serait plus simple de les montrer à son interlocuteur afin de répondre à sa question. Sitôt pensé sitôt fait, elle reparti en sens inverse, prenant garde à ne pas glisser, et reprit sa place près de Nómin à qui elle montra les deux couvertures des ouvrages.

-Les connais..sez-vous ? C’est avec eux que j’ai com..mencé l’elfique.

D’une main douce, elle effleura la gravure du titre sur le premier manuscrit, comme s’il pouvait lui offrir toute la sagesse et la connaissance qu’il possédait par simple contact. Mais si tel était le cas, alors il n’y aurait plus de plaisir à l’ouvrir pour le déchiffrer. Un sourire mélancolique étira les lèvres roses de la jeune Ambre tandis qu’elle admirait l’eau devant elle, le visage paisible.

-Je voulais comprendre le monde qui m’ent..ourait, l’homme que je côtoyais. Je ne sais pas si cela me serrrrra toujou…rs nécessaire mais je ne pense pas que cela pui..sse faire de mal. Votre langue est b..elle.

Ses yeux d’azur se plissèrent et, en se concentrant, elle tenta de reproduire la même phrase dans la langue des oreilles-pointues, aidée par le patient représentant dudit peuple à ses côtés. S’arrêtant brusquement, elle le fixa toutefois avec attention pour l’interroger : sa famille n’allait-elle pas s’inquiéter?


Dernière édition par Ambre Orétoile le Mar 13 Jan 2015 - 19:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeMar 6 Jan 2015 - 21:16


Elle était mûre, pour son jeune âge. Et elle mettait le doigt sur le problème. Tout dépendait de la vision que l'on avait du sujet, du problème, du débat… tout dépendait de son caractère, de son éducation et de son expérience… si l'on partait ainsi, on pouvait même affirmer et ce avec certitude, que la vérité elle-même n'était qu'une vaste plaisanterie et que l'honnêteté n'était que la capacité d'un individu à accepter de risquer sa position et sa peau auprès des autres. Rien de plus. C'était miser, faire un pari sur les autres et sur la valeur de ce que la franchise pouvait apporter. Lui ne lui attribuait pas autant de mérite que certains, il fallait bien le dire… mais en même temps, on ne pouvait pas vraiment le lui reprocher. Il ne lapidait pas ceux qui tenait à cette notion, il les méprisait quelque peu évidemment, mais d'un autre côté il ne pouvait qu'être admiratif, d'une certaine façon. C'était très contradictoire. Il avait sa façon de penser, mais il était également lucide sur certains sujets. Ou alors aimait-il simplement se compliquer la vie ? C'était également probable. « Peut-être, mais je ne puis en jurer. Je m'interroge encore sur beaucoup de vos mœurs et de vos habitudes  » Certes on ne lui posait pas vraiment la question directement, mais il avait entendu, alors pourquoi ne pas répondre ? Et puis il considérait son propre peuple comme facile à saisir sous bien des aspects. Quand on avait compris qu'ils étaient des monomaniaques rigides et naissant avec un cactus dans le fondement, on avait à peu près tout compris. Qu'y avait-il d'autre à savoir ? Tout était dirigé par cette vérité-là.

Même la langue d'ailleurs. Il attendit de savoir si elle comprenait effectivement ce qu'il disait. Ce n'était pas bien difficile en fait et comme pour tout, en contextualisant, ça devenait même encore plus simple. Il hocha la tête en signe d'agrément et d'encouragement. Il resta posé sur son séant alors qu'elle s'éloignait puis revenait avec deux ouvrages. Des ouvrages ? Encore un étrange compagnon de voyage. Il examina les couvertures des deux livres en questions, puis consentit à froncer un peu les sourcils. Il connaissait un des deux livres, il était l'oeuvre d'un membre de la défunte confrérie du dragon blanc. Un bon ouvrage mais quelque peu biaisé malheureusement, il n'était pas le meilleur au monde… enfin pour une débutante ce devait être une bonne référence. Il l'observa attentivement alors qu'elle confiait davantage de son histoire. « ça ne peut pas faire de mal de mieux comprendre le monde qui vous entoure effectivement… C'est une démarche sensée et intelligente, plus sensible que celle de beaucoup d'individus. Ne le regrettez pas. Il ne faut pas regretter de faire un bon choix  » Il l'aida à former ses phrases en elfiques, se passant de la formation littéraire qu'il trouvait fort inadapté à l'usage qu'elle ferait de ce parlé. Quand elle l'interrogea, il eut l'ombre d'un sourire. « Si… mais je peux encore prendre quelques instants pour échanger avec vous, ensuite, je retournerais auprès des miens. Je ne peux encore voler de mes propres ailes après tout… mais j'espère que j'aurais l'occasion de vous revoir  »
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MessageSujet: Re: Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Etreinte au bord du fleuve [Nomin] TERMINE Icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 19:33

S’interroger sur des mœurs et habitudes humaines, il n’était pas le seul à le faire. Ambre elle-même ne comprenait pas toujours. Mais après tout, chacun réagissait différent. Nul ne pouvait être considéré comme étant strictement identique à autrui par le simple fait qu’il appartienne à la même race, au même peuple. L’histoire, les relations, les capacités de chacun contribuait à rendre unique chaque être vivant. Après, que certaines similitudes se retrouvent, que des comportements se rapprochent n’était pas étonnant. Mais il ne fallait pas non plus partir du principe qu’un individu observé était représentatif de tous ses semblables. Ce qui, pour qui n’appartenait pas à la même race, était parfois difficile.

-Je m’interroge encorrrre sur mes propres mœurs et ha…bitudes, répondit-elle finalement avec un petit rire. Mais si je puis vous ai..der, n’hésitez pas à me demander.

Après tout, elle était humaine malgré tout et avait vécu entouré des siens. Si des coutumes qu’ils avaient pouvaient sembler mystérieuses aux yeux de Nómin, Ambre se ferait un plaisir de les lui éclaircir, du moins si cela rentrait dans ses capacités. Peut-être, en échange, lui parlerait-il des siens. Mais après tout il lui offrait déjà d’être son interlocuteur dans la langue merveilleusement complexe qu’était l’elfique, elle ne devait pas trop en demander.

-Je ne le regrrrette pas. Après tout, c’est aussi un rêve depuis que je suis petite que d’apprendre votre langue et… de côtoyer votre peuple. J’espère seulement y arr..iver.

Elle mettrait le temps qu’il lui faudrait pour le faire. Elle se donnait le temps qu’il lui fallait. Après tout, elle savait pertinemment que tout le monde n’avait pas les mêmes capacités dans tous les domaines. Qu’importe qu’elle n’ait pas de facilité en langues. Sa véritable vocation était de guérir, et cela, elle savait le faire. Pour le reste, elle apprendrait au fur et à mesure qu’elle en aurait l’occasion. Comme c’était aujourd’hui le cas.
A la réponse qu’il fit à l’inquiétude qu’elle avait exprimée, elle eut cette fois un sourire plein de lumière, exempt de tout tracas ou de la plus petite douleur. Ce qu’il lui disait était doux à entendre, cela ressemblait aux mots que pouvaient offrir un ami. Et de cela, Ambre le remerciait. Un éclat chaleureux dans ses yeux bleus, la demoiselle rougit de nouveau, légèrement cette fois, avant d’instinctivement prendre la main du jeune elfe pour la serrer dans la sienne avec force :

-Je serais également heureuse de vous ren..contrer de nouveau. Vous savez, les ailes arr..ivent bien plus qu’on ne le croit, et quand l’on s’y a..ttend le moins. J’espère que les vôtres vont mèneront à.. bon port.

Ils continuèrent ainsi à échanger quelques instants, enveloppés dans leur cocon de calme et douceur. Et, lorsqu’il fut temps pour Nómin de s’en retourner, Ambre se sentit atrocement seule ; et pourtant elle avait le cœur apaisé par cette rencontre. De ce hasard était peut-être née une belle amitié. Baissant les yeux sur ses mains ouvertes devant elle, la petite humaine sourit pour elle-même : comme ses paumes avaient cicatrisées, le reste suivrait. Il suffisait peut-être simplement de rencontrer les bonnes personnes.
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