Elle s'appelait Feorine. C'était du moins ainsi qu'elle s'était présentée au dirigeant du Marché Noir. Elle était venue acheter des plantes médicinales avec les quelques pièces qu'elle possédait, deux mois plus tôt. Elle l'avait ému. Aldaron était un très bon marchand : ceux à qui il ne grossissaient pas les prix, c'était bien à ses amis... Et aux esclaves. Leurs piètres conditions de vie n'étaient pas à envier et il n'était pas de ceux qui en rajouterait une couche. Il avait bien noté que le cou de la jeune femme était orné d'un collier d'acier, sans aucune frivolité. C'était le collier de l'esclavage dont les vampires étaient assez friands. Il pouvait parfois le comprendre. Ces pauvres êtres servaient de poche à sang car nombre d'entre eux étaient immunisés à la transformation vampirique. A en juger par les coups qui marquaient le visage et les bras de la jeune femme, il était certain qu'elle n'était pas des mieux traités. Dans son cou, de nombreuses morsures étaient visibles, d'autres devaient être sous ses vêtements. Les plantes devaient être pour soigner ses hématomes, mais la jeune humaine semblait garder le sourire.

C'était ce qui l'avait frappé chez elle. Il avait croisé, par son métier, de nombreux esclaves et, dans leurs yeux, la lumière s'était depuis bien longtemps éteinte. Pas chez elle. Il s'était demandé pourquoi et comme il n'avait aucune difficulté à gérer une conversation, il avait fini par l'orienter vers une réponse. Feorine avait vingt ans. Fille de paysans, la défense de ses gens n'avaient pas fait long feu lors d'une rafle vampirique, il y a de cela cinq années. Immunisée, elle avait survécu, sans transformation aucune, elle avait alors connu le fer de l'esclavage. Elle lui avait alors dit que la vie paysanne n'était pas meilleure que celle d'esclave. On y mangeait aussi peu, on se blessait autant, se fatiguait autant, et on avait toujours autant la peur au ventre. A la différence qu'étant esclave, on connaissait ses assaillants. On connaissait les limites à ne pas franchir pour se prendre le moins de coups possibles. Elle ne voyait pas la raison pour laquelle elle devrait octroyer à son maître des larmes. Elle aurait juré que ça lui ferait trop de plaisir. Elle préférait garder la tête haute, continuer à vivre. Elle n'avait pas le choix. Tant que Mort ne la prendrait pas, elle devrait continuer à errer jusqu'à sa prochaine réincarnation. Cela pouvait durer deux jours comme de très nombreuses années. Alors elle refusait de se laisser aller.

Elle était revenue, quelques jours plus tard. Elle n'avait rien à acheter, elle avait juste envie de parler. Sa compagnie était agréable, Aldaron devait bien l'avouer. Elle savait rien et savait beaucoup de choses pour une fille de paysan. Il lui avait parlé de la vie à Gloria où il avait vécu plus de 450 ans. Elle semblait s'émerveiller à chaque instant. Il lui offrait un voyage qu'elle ne vivrait sûrement jamais. Elle n'avait qu'à fermer les yeux, et ces paysages s'offraient à elle. Ses allers-retours au marché noir n'avaient probablement pas passé inaperçu auprès des vampires. Ceux-ci n'étaient pas intervenus car jusque là, elle n'était jamais resté bien longtemps, rien qui ne soit en dehors de ce qui lui était autorisé. Mais à chaque fois, elle revenait heureuse, le cœur rempli de mille images aux couleurs chaleureuses. De fil en aiguille, elle avait fini par partager sa couche. Elle n'était pas la première et sûrement pas la dernière. Le marchand avait néanmoins trouvé en elle une féroce envie de vivre heureuse, malgré les obstacle et malgré les fers de l'esclavage. Elle était très habile. Elle ne dérogeait jamais aux lois que son maître lui imposait. Elle en caressait les limites sans jamais aller au delà. Plus les jours passaient, et plus elle se rapprochait dangereusement de cette limite.

Aldaron la voyait bien faire. Il l'avait mise en garde, à plusieurs reprises qu'il refusait qu'elle se mette en danger pour lui, que si elle voulait garder ces éphémères bout de bonheur, il fallait qu'elle prenne garde et qu'elle aussi prudente que discrète. Un soir, il avait fallu la renvoyer de chez lui, non sans une certaine violence. C'est que la petite s'accrochait. Il avait fait ça pour son bien. Si elle était restée la nuit, nul doute qu'elle se serait fait punir comme jamais. Leurs retrouvailles se faisaient trop rapprochées, trop longues. Ça devenait dangereux et ça finissait par agacer l'elfe. Aldaron était du genre à se lasser, à ne jamais garder une relation constante, d'autant plus lorsque cette relation devenait insistante. Il lui avait peut-être fait comprendre un peu trop rudement, car cela faisait près d'une semaine qu'il ne l'avait pas revue. Peut-être avait-il était trop sec. La petite n'avait pas du apprécier. Peut-être lui avait-il brisé le cœur... Comme à beaucoup d'autres avant elle. Aldaron n'était pourtant pas un mauvais bougre. Son amusement n'était pas de les faire souffrir, toutes ces femmes. Lui, il voulait simplement vivre et profiter de chaque instant. Et surtout, il s'était promis de ne jamais aimer véritablement qui que ce soit. Ça n'empêchait pas son cœur de battre comme un fou lorsque sa compagne du moment pointait le bout de son nez. Juste que ça ne tenait jamais très longtemps, il passait trop rapidement du coq à l'âne pour s'épanouir dans une relation éternelle.

Il fut donc étonné de la voir ce soir là. Elle s'était blotti contre lui en pleurant. L'elfe avait rapidement fermé la porte derrière elle pour entendre ce qu'il se passait. La situation était grave pour elle. Il ne sut trop ce qu'elle avait fait de si grave mais son maître la cherchait à présent. Elle était venue se réfugier chez lui. Il avait tâché de la calmer et de lui faire comprendre que plus elle le fuirait et plus son maître serait cruel avec elle. Elle lui avait répondu qu'il ne comprenait pas, que c'était très grave, qu'un certain Ylan Cendremont allait la tuer. Il ne sut pas ce qu'elle avait fait tellement grave qu'elle en mériterait la mort. Il tâcha de la rassurer, lui dire que les vampires avaient besoin d'esclaves au sang immunisé pour continuer de vivre à Aigue-Royale sans s'attaquer aux porteurs de l'anneau de rébellion. Elle fut néanmoins inconsolable avant qu'il ne lui prenne les lèvres. Il avait verrouillé sa porte et l'avait emmené dans son lit.

Il avait séché ses larmes, apaisé son corps. Le corps nu de la jeune femme reposait sur le sien. Elle semblait plus calme, mais le danger était toujours présent. Nul doute que Cendremont finirait par la retrouver. Et mieux valait qu'elle ne soit pas ici, nue avec lui. « Feorine... Tu ne dois pas rester ici... Ton maître va te retrouver... » Elle s'était mise à trembler à nouveau. Il se demandait bien ce qu'elle avait pu faire. Elle se leva et se rhabilla. L'elfe n'eut le temps que de remettre son pantalon lorsqu'on toqua à sa porte. Il regarda Feorine trembler comme une feuille et se recroqueviller dans un coin de la chambre. Il sortit et referma la porte de la chambre derrière lui, traversa toute la pièce à vivre pour venir ouvrir à celui qui attendait. L'elfe, torse nu, se présenta dans l'ouverture de la porte.

Ylan n'était vraiment pas de bonne humeur, si l'on pouvait dire que le vampire pouvait être de bonne humeur tout court. Tout Aigue-Royale était chamboulée ces derniers temps. Les préparatifs pour défendre la cité continuaient à leurs rythme, et comme Ylan était maître des esclaves il devait activement y participer. Bien entendu pas physiquement, il ne manquerait plus que cela après ! Mais il devait gérer activement les esclaves, et pour tout dire cette tâche lui convenait parfaitement, ce qui ne lui convenait pas par contre c'était que ses esclaves soient toujours aussi énervés... Ces troubles avec les totems ne s'étaient toujours pas calmés. Malgré ce qu'il faisait pour discipliner même si au final l'ordre était là. Il se demandait d'ailleurs si l'un de ses esclaves était à l'origine des derniers accidents étranges qui s'étaient déroulés dans la cité. Si c'était le cas, et qu'il mettait la main sur ce dît esclaves, ou le dit fautif qu'importe sa race. Disons que Cendremont n'avait plus trop le temps pour la torture ces temps-ci, et qu'il faudrait bien qu'il se défoule sur quelqu'un. De toute façon il n'avait malheureusement pas le temps pour cette enquête, son travail était assez prenant. Les esclaves devait travaillé en flux tendu ces temps-ci, et il fallait les superviser pour s'assurer que ces derniers ne traînent pas à la tâche.

Après tout il y avait beaucoup à faire ces temps-ci pour la main d’œuvre servile. Vu que cette dernière n'allait pas porter les armes pour la défense, elle devait construire les barricades, aider à la fabrication d'armes, et de munition. A faire s'écrouler les galeries qui seraient trop dur à défendre. Sans parlés des fossés, et des pièges qu'il fallait construire en grand nombre pour compenser le surnombre avec lequel leurs ennemis comptent les écraser. Dans tout les cas il y avait encore plus à faire que d'habitude, et Cendremont laisser bien peu de repos aux serviteurs des vampires. Après tout ces larbins auront bien le temps de se reposer dans la mort, ou pendant la bataille. De toute façon il fallait faire en sorte d'améliorer le plus possible le productivité, et le rendement de la main d’œuvre si possible.

D'ailleurs c'était en soit une excellente excuse pour Cendremont pour que ce dernier ne se fasse pas enrôler parmi les combattants, ce n'était pas parce que le maître des esclaves était un guerrier honorable qu'il allait perdre son temps avec ce genre de chose. Ce serait à la chair à canon de mourir en temps voulu, pas son auguste personne !

D'ailleurs en parlant d'esclave. Comme ces derniers temps il surveillait de plus près chacun d'entre-eux il avait remarqué quelques irrégularités chez plusieurs d'entre-eux. Notamment une esclave, une immunisé d'après ce qu'il savait donc une esclave d'assez bonne qualité tout de même. Il en fallait bien de ce genre pour nourrir les membres d'importance du peuple vampirique. Et ces humains immunisés sont rare donc il fallait y faire attention. C'était des esclaves privilégiés, et en quelque sorte le garde manger vampirique dans cette cité.

Il semblerait que ces derniers temps cette esclave ait prit de plus en plus de libertés, Ylan avait même appris qu'elle fréquentait un elfe. Tsss si ça se trouve le dit elfe allait se mettre à la protéger, ou à demander à ce qu'elle soit libérée. Il ne valait mieux pas sous-estimer ce dont son capable de faire les esclaves quand il s'agit de retrouver la liberté. Dans tout les cas Ylan qui était encore plus porté à son habitude à la répression qu'autre chose n'oublia pas de garder un œil sur elle. Dans le pire des cas il sévirait...

Et il devait sévir, car il finit par remarquer que cette jeune femme s'était défiler, alors que le maître des esclaves voulait l'amener pour le compte d'un des conseiller vampirique qui était assez violent depuis quelques temps. Ses camarades esclaves bien entendu firent semblant de ne pas savoir où elle se trouvait, mais Ylan en avait bien une petite idée... Dans tout les cas il allait la punir sévèrement pour ce défilement, il refusait de laisser une esclave désobéir, ne serait ce qu'une fois. Pour montrer qu'il ne fallait pas désobéir rien de mieux qu'un châtiment exemplaire...

Il ne pouvait pas se permettre de la tuer malheureusement, mais ce n'était pas pour autant qu'il ne pouvait pas s'amuser un peu avec elle. Après tout l'on a besoin de cette esclave en vie seulement, si Ylan lui fait quelques séquelles personne n'ira le lui reprocher, de plus ce n'était là que ce qu'il fallait faire à un esclave tentant de se soustraire à ses maîtres. D'une certaine façon il était presque content de voir que cette esclave faisait sa tête brûlée. Après tout elle lui présentait là une belle occasion de se défouler au maître des esclaves, et de s'amuser un peu.

Bien entendu pendant qu'il se rendait chez l'elfe où se trouvait possiblement sa cible le maître des esclaves était suivit par plusieurs gardes vampirique. Pour la simple raison qu'il y aurait peut-être un elfe à maîtriser dans le tas, et que malheureusement il serait très mal vu d'en tuer un juste pour une esclave. Surtout de cette importance, mais bon il est plus probable que l'autre se montre un minimum raisonnable, pas grand monde essayerait volontairement de s'opposer à un agent de la volonté du prince noir. Après tout tout les esclaves sont la propriété de Lorenz Wintel...

Il ne mit pas bien longtemps pour arriver à sa destination. De toute façon il sentait de très loin l'odeur de l'esclave qu'il cherchait. Il se retrouva devant une porte visiblement verrouillé. Celle de la demeure de l'elfe qu'il était voir. Un certain Aldaron Triade, pour ne pas arranger les choses c'était un gros bonnet. Cendremont devrait faire preuve d'une touche de diplomatie dans cette histoire, et cela l'agaçait déjà. Mais qu'importe dans tout les cas il était bien décidé à avoir gain de cause.

Bien entendu comme il n'était pas envisageable de défoncer, ou de forcer la porte en tout cas pas tout de suite Cendremont toque simplement à la porte... Il entendit des bruits de pas bien vite, quelqu'un ouvra le porte. Un elfe légèrement déshabillé, soit car il avait trop chaud, ou pour une autre raison peu dur à deviner en sentant l'odeur de l'elfe, et de l'humaine.

Ylan se contenta de dévisager calmement l'elfe, le maître des esclaves conserva un air totalement hermétique. Il brisa le silence d'une voix totalement dénué d'émotion.

« Salutations messire Aldaron Triade. » Il disait cela par ce que c'était nécessaire au vu qu'il ne pouvait pas simplement forcer la passage, et bousculer l'elfe malheureusement. Avant de rajouter toujours aussi neutre.

« Je suis venu ici chercher une esclave immunisé. Qui aurait été souvent aperçu en vôtre compagnie... » Il ne rajouta rien car il n'y avait pas vraiment quoi que ce soit de plus à dire. Il se contenta de continuer à regarder l'elfe en épiant la possible réaction de ce dernier. Sincèrement Ylan espérait qu'il n'allait pas falloir en venir au main. Disons qu'il ne disait pas à se mettre en danger même avec son talent honorable au fouet, et les deux gardes qui l'accompagnaient. De plus il serait mal vu de s'en prendre à un elfe de ce genre... Mais bon Cendremont savait bien que les choses ne seraient pas aussi facile qu'il l'aurait espéré.

Il aurait pu s'agir de n'importe qui. Dirigeant du marché noir, il n'était pas rare de se voir déranger à toute heure du jour ou de la nuit. Bien souvent, ceux qui ne venaient pas ouvertement au marché noir, et préféraient toquer à sa porte privée étaient de hauts dignitaires. Qu'ils soient humains, vampires ou elfes, rares étaient les monarques qu'il aimaient faire leurs achats des plus personnels en public.

Il aurait pu s'agit de n'importe qui. Mais les paroles du vampire qui se tenait devant lui ne laissaient pas entrevoir l'ombre d'un doute sur son identité. Il s'agissait d'Ylan Cendremont. L'homme qui se tenaient devant lui n'avait rien d'amical, très clairement. Ses yeux presque aussi blancs que ses longs cheveux brillaient d'une lueur maléfique, à en faire froid dans le dos. Cendremont faisait sûrement partie de ces gens qui ont « la tête de l'emploi ». Glacial, autoritaire, tout simplement mauvais dans l'âme, son aura de cruauté avoisinait à plus petite échelle ce que l'elfe avait ressenti lorsque Lorenz Wintel était entré au Marché Noir. « Bonsoir Sire Cendremont... » souffla-t-il d'une voix grave et vaporeuse dans un même temps. Le simple fait qu'il connaisse son nom était un aveu. Il ne comptait pas s'en cacher. Les vampires, encore plus que les elfes, avaient un odorat extrêmement développé. Il ne lui faudra pas longtemps pour savoir combien l'elfe et l'esclave avaient étaient proches au cours de cette dernière heure.

« Je côtoie beaucoup de monde. En cela rien de surprenant, vous en conviendrez. » répliqua-t-il avec une douceur presque bienveillante. Vraiment beaucoup de monde. Des esclaves, même immunisés, il en avait croisé un certain nombre et avait engagé la conversation avec une grande partie d'entre eux. Tout simplement parce qu'il aimait connaître plus amplement sa clientèle. Il enfila sa tunique rouge, de très bonne couture. Il faisait un mauvais hôte à cet instant précis. Il comptait laisser son convive sur le pas de la porte. « Elle est effectivement chez moi. J'ignore de quels actes elle s'est rendue coupable, néanmoins, en ma demeure, elle a cherché refuge et en sécurité, elle sera tant qu'elle restera ici. » Il était aussi calme que son interlocuteur. Le regard d'émeraude de Triade se posa sur les deux vampires qui accompagnaient le maître des esclaves. Il savait que Cendremont se doutait que l'elfe s'opposerait sûrement à ce que mal soit fait à l'esclave. Il serait venu seul dans un autre cas.

« A trois pour capturer une seule femme.... » fit-il pensivement. « Auriez-vous peur d'elle... Ou de moi ? » Aldaron n'était pas le genre de personnage à faire peur à qui que ce soit. Il inspirait au contraire une certaine bienveillance. Noble et dirigeant du marché noir qu'il était, il avait bien conscience que son statut en ferait reculer plus d'un. Mais venu accompagné comme Cendremont l'était, quelque chose lui disait que le maître des esclaves ne seraient pas de ceux qui reculeraient si facilement. La soirée promettait d'être houleuse.

[HJ : Petit car peu de choses à répondre en ce premier temps, je rebondirai d'avantage à ma prochaine réponse ]

L'elfe lui rendit la politesse, sans doute car cela était d'usage. En tout cas Ylan n'en avait cure, ce n'était qu'une perte de temps que les usages, et il était bien décidé à obtenir gain de cause le plus vite possible de préférence. Et l'idée que l'elfe le laisse faire sans protester n'était pas vraiment à l'ordre du jour pour Ylan. Après tout les oreilles pointues sont des enquiquineurs la plupart du temps, et de toute façon si celui-là était lié personnellement à l'esclave il y avait des chances qu'il résiste un peu, sauf qu'Ylan avait un atout dans sa manche. Le collier de la jeune femme qu'il pouvait activer quand il le désirait, et où il le désirait...

Et cet elfe pouvait bien être un membre de la Triade que cela ne faisait ni chaud, ni froid au maître des esclaves. Cendremont ne laisse jamais personne l'empêcher de faire son travail, et cette fois-ci ne ferait pas exception. Le maître des esclaves ne faisait jamais de compromis, et cela avait de même pendant sa courte existence d'humain faible. Et cet elfe le connaissait. Eh bien soit cela faciliterait, ou non son travail. Dans tout les cas l'elfe lui avait ouvert la porte il n'allait pas se gêner pour récupérer ce qu'il était venu chercher. Pour le reste il aurait quelques mots à dire à cette esclave. Disons qu'elle avait peu de chance de recommencer après ce qu'il allait lui faire. Et il la ferait surveiller d'autant plus d'ailleurs, pour s'assurer qu'elle ne recommencer plus jamais. Cendremont ne supportait pas après tout que l'on échappe à son autorité, comme tout bon vampire. Mais lui d'autant plus car c'était une caractéristique dominante de son caractère, et de sa position. Le maître des esclaves doit toujours faire preuve d'une poigne de fer. C'est son travail, et celui qui laisse son autorité se faire saper ne faisait pas long feu. Il n'y a que le prince noir qui est habilité à lui ordonner quoi que ce soit.

J'en conviens. Se contenta t-il de dire calmement, à croire que l'elfe essayé désespérément de gagner du temps. Qu'importe Ylan était vraiment quelqu'un de très patient, il viendrait bien le moment où il mettrait la main sur cette humaine. Il devait sinon avouer qu'en temps que membre de la Triade cet elfe devait effectivement fréquenter beaucoup de personne. Un marchand en résumé, rien de vraiment intéressant, l'argent était un concept humain qui n'intéressait que peu Ylan sauf lorsque cela lui permettait d'arriver plus facilement à ses fins.

Bien. Dit-il en voyant que l'elfe se montrait honnête quoiqu'un peu prétentieux. S'il croyait qu'il pourrait empêcher Ylan de récupérer son esclave il allait déchoir bien vite de son piédestal.

Finalement il se fit la réflexion qu'avec son atout auquel il pensait de plus en plus à utiliser il n'avait pas vraiment besoin de ses gardes du corps. Néanmoins Ylan préférait faire ainsi, et ne pas prendre de risque. Disons que depuis le 10 Mars son totem l'enjoignait à faire preuve de plus de prudence qu'a sa grande habitude, et ce n'était pas forcément pour lui déplaire. Après tout l'on n'est jamais trop prudent.

Aucune des deux. Répliqua avant d'afficher un sourire sinistre, et de poursuivre. Avec son collier de toute façon je n'ai pas besoin d'être près d'elle si je décide de la faire souffrir, ou même de la tuer. Quoi que vous fassiez pour empêcher cet état de fait... Il exécuta un geste. En entendit vite un court cri féminin de douleur non loin. Ylan avait juste utilisé le collier assez de temps pour montrer qu'il en était capable sans pour autant passer aux choses sérieuses. Du moins pour le moment...

Ne me contrariez pas, ou c'est elle qui en paiera le prix. Acheva t-il. Devinant que le sort de cette humaine préoccupation cet Aldaron. Il allait se faire un plaisir de tirer sur cette corde sensible.

Écartez-vous. Finit-il soudain, son sourire s’effaça pour laisser place à un air austère, et il parlait d’une voix stricte après tout il n'avait nullement oublier ce qu'il était venu faire en ces lieux...

L'elfe ne cilla pas. Pas un instant, pas d'un millimètre. Comme si ça l'indifférait.

« Vous n'êtes pas le bienvenue chez moi, vous m'entrerez pas. » répondit-il avec un calme inné à sa race.

Entendre sa compagne du moment hurler de douleur ne l'avait pas laissé indifférent. Même s'il n'en avait rien montré et était resté de marbre, en excellent menteur qu'il était, il n'aimait pas que l'esclave souffre. Cela était un peu paradoxal au fond, les esclaves ont la vie dure par simple définition. Surtout lorsque la souffrance vient du maître. Ça ne l'étonnait guère et il n'y avait rien qu'il puisse faire contre cela. C'était s'opposer à la suprématie de Lorenz Wintel. Si Aldaron avait gagné en puissance lorsqu'il avait prit la tête du marché noir, long était encore le chemin à parcourir pour atteindre la cheville du Prince. Il serait bien fou de s'insurger de la sorte. Néanmoins, l'esclave était venue chercher refuge auprès de lui et il comptait bien lui offrir un havre de paix. Il ne serait qu'éphémère, viendrait le moment où elle devrait rejoindre son maître, avec toutes les conséquences que cela impliquait.

« Inutile de jouer dans l'excès, Cendremont. Cette esclave est très disciplinée et ne vous a causé aucun tord jusqu'ici. La torture est une voie excessive eu égard de la situation. »

Son point de vue. Nul doute que celui de Cendremont serait différent et il ne s'attendait à aucun aveu de cruauté de sa part. Il était certain que le vampire ne regrettait en rien, pire, il devait même y prendre un malin plaisir. On dit que ce sont les opprimés qui se vengent sur plus faible à défaut de résoudre leur vrai problème. Il en riait intérieurement. Ylan était peut-être bien une victime, à bien y penser. Ou un sombre pervers amoureux de la torture. Dans ce cas là, il aurait de sérieux problème psychiques à résoudre, c'était certain.

« Elle est si bien disciplinée que vous en méconnaissez sa résistance à votre punition. Il est possible qu'elle tienne deux heures sous une telle souffrance tout comme elle peut en mourir dans les dix premières minutes. Soyons honnêtes un instant, voulez-vous ? Comptez vous réellement prendre le risque de tuer une immunisée ? »

Il était certain que non. A distance, on n'entendait que des cris, ni Cendremont ni Aldaron ne savaient si actuellement la petite tremblait en pleine possession de ses moyens ou si elle était déjà plongée dans un dangereux coma. Le risque était inconsidéré et il doutait que le maître des esclaves s'amuse réellement à ce genre de chose.

Posté dans l'ouverte de la porte, le dirigeant du marché noir lui entravait l'entrée et était bien décidé à ne pas laisser ce grossier personnage passer le seuil de sa maison. Il n'oserait donc pas ? Il risquait de grandes répressions d'avoir ainsi outré un haut dignitaire rebelle. Mais en même temps, s'il ne forçait pas le passage, il était condamné à attendre que l'esclave sorte de la demeure Triade pour la reprendre et lui faire payer l'affront. L'elfe posa sur le vampire un regard dur. Derrière lui il entendait son frère et sa sœur qui cherchaient à comprendre d'où provenait cet horrible cri de douleur.

« Que vous désiriez la punir, je ne m'y oppose pas. C'est votre travail, c'est sa place. Néanmoins, je vous interdis d'entrer. Lorsqu'elle sera prête, elle viendra affronter sa sentence. Dans l'immédiat, elle est ma protégée. Partez. » ordonna-t-il fermement.

L'elfe continuait à lui tenir tête comme Ylan s'y attendait. Ce dernier ne perdit nullement patience après tout il était bien au delà de ce genre de chose. Il était aussi stoïque qu'il était possible de l'être pour un être vivant. Et il tâcherait d'essayer de se débrouiller de façon diplomatique en premiers recours.

Bienvenue, ou non j'ai à faire, et vous ne m'en empêcherez nullement. Dit-il d'un ton qui donnait l'air d'un murmure sinistre. Après tout ce n'est pas un elfe qui lui dicterait sa volonté.

Si cet elfe avait un minimum de jugeote il éviterait d'importuner le maître des esclaves. Il n'était pas dur de deviner que Cendremont pouvait se décider d'être d'autant plus dur avec la femme au vu de ce qui se passait. Et cela uniquement pour lui montrer qu'il n'accepte aucunement qu'on puisse s'opposer à lui de quelques manières que ce soit. Et que ce soit par principe, ou par pratique, après tout il était normal que son autorité sur la main d'oeuvre servile soit incontestée. Et cette occasion n'était qu'une autre parmi tant d'autres de le démontrer. Que cet elfe le veuille, ou non Ylan ne partirait pas sans gain de cause. Et il était bien sot de croire que Cendremont partira juste parce qu'il est un membre du marché noir, et qu'il le lui ordonne. Il n'y aurait bien entendu pas d'effusion de sang, mais le maître des esclaves comptait bien rester ferme dans ses intentions.

Mais bien entendu cela n'importe qui pourrait s'en douter, et à défaut de cela s'il l'elfe ne le savait pas il allait le lui prouver.

Elle sera puni quoi que vous disiez. En tout cas juste assez pour lui enlever toute envie de recommencer. De plus cet elfe ne connaissait visiblement ni Ylan Cendremont, ni les loi du peuple vampirique. de toute façon Cendremont n'avait pas envie de perdre son temps en explication avec un mangeur de salade. Encore une belle façon de perdre stupidement son temps.

Cet elfe en tout cas était bien naïf pensa t-il, ou bien imbu de lui-même. L'on ne dicte pas comme cela sa volonté à l'un des dirigeants du peuple vampirique. Peut-être pas l'un des plus influents, mais Ylan faisait partie de l'élite du peuple au sang-froid. Et ce n'était sûrement pas un membre de la Triade qui pourrait lui dicter sa volonté, et surtout d’exécuter à bien sa tâche. Mais bon à croire que cela était la nature elfique, pas étonnant que le prince noir leur voue une telle haine. Personnellement cette haine envers les elfes de Lorenz Wintel plaisait, et arranger Ylan d'une certaine façon. Sauf lorsque bien entendu on l'empêchait d’exécuter à bien sa tâche.

Vous sous-estimez ma compétence, et me faîtes perdre mon temps Aldaron. Se contenta t-il de dire d'un ton neutre. Cet elfe visiblement ne voyait pas qu'il avait affaire à un professionnel. Ylan savait très bien quelle était la résistance de cette humaine, et il arriverait à la punir comme il le désirait sans pour autant la tuer, ou l'handicaper. De toute façon il savait bien faire un travail dans lequel l'elfe n'avait aucune connaissance donc mieux valait pour ce dernier qu'il ne la ramène pas trop à ce sujet...

De toute façon il comptait bien la récupérer d'une façon, ou d'une autre. Le collier lui n'était qu'un détail, et aussi une belle arme psychologique, et un moyen de pression efficace sur un esclave de savoir que sans se faire frapper l'on pouvait lui infliger une terrible souffrance. Mais la peur était aussi un bon moyen de faire souffrir quelqu'un, et quelque chose qu'Ylan appréciait infligeait.

Il commençait légèrement à se demander si cet elfe n'était pas tombée amoureux de cette humaine. L'amour. Encore une stupidité des sang chaud! A croire que ces sombres idiots appréciaient de s'affaiblir, et de se pourrir l'existence en faveur de quelqu'un d'autre. Mais bon au final ce ne sont pas les affaires de Cendremont car ce dernier s'en fichait bien des affaires de cœur d'un membre de la Triade. l'elfe lui lança un regard dur, Ylan n'en avait cure, et lui renvoya un regard de glace, et impassible en retour avant de rétorquer à la menace vaine de l'elfe.

Cette esclave est la propriété du prince noir, et vous n'êtes aucunement habilité à me donner des ordres. Écartez-vous c'est mon dernier avertissement... Dit-il sèchement d'une voix totalement dénuée d'émotion. De plus le conseiller vampirique qui avait demandé à ce qu'on lui rapporte sa victuaille n'allait sûrement pas attendre éternellement. Et de deux maintenant que Ylan avait encore réaffirmé des conditions il n'allait sûrement pas faire machine arrière au risque de se ridiculiser. Prudent Ylan se prépara à devoir agir, même s'il aurait sans doute l'idée de demander aux gardes de le faire à sa place on ne savait jamais après tout...

L'elfe arqua un sourcil à la première réplique du maître des esclaves. Se croyait-il plus fort que lui ? Se croyait-il plus fort que la Triade qui logeait ici ? Son frère et sa sœur étaient derrière et interviendraient sans l'ombre d'un doute si leur frère était en difficulté. Et quand bien même, la Triade faisait partie de la haute sphère de la rébellion. Tous trois nobles, ils n'auraient aucun mal à faire appel à des soldats qui faisaient leur ronde de nuit si le besoin s'en faisait sentir, ou ne serait-ce qu'aux gardes qui avaient pour charge de lutter contre le vol au marché noir. Car il y avait ici bien des artefacts qui feraient briller les yeux des cambrioleurs. Alors, véritablement, Aldaron se demanda dans quel monde étrange vivait Ylan pour croire qu'il pourrait entrer impunément dans sa demeure s'il lui en refusait clairement accès. Qu'importe. Il ne chercha pas à l'en détromper. C'était une perte de temps qu'il ne désirait pas lui concéder. Ylan le verrait lui-même lorsqu'il se casserait les dents sur le perron de la bâtisse. Peut-être n'en viendraient-ils pas aux mains. Il serait dommage que, noble et charismatique qu'Aldaron était, il en vienne à user de la force. Il était certain qu'un consensus pouvait émerger s'ils se donnaient chacun la peine de faire un petit sacrifice pour l'autre. Cela ne serait pas facile, fierté oblige.

Il haussa les épaules lorsqu'Ylan indiqua que l'esclave serait punie. Ça ne l'indifférait pas. Mais il n'y avait rien qu'il puisse faire à son niveau contre cela. De toutes évidences, la tempérance n'était pas le maître mot de Cendremont. L'elfe n'obtiendrait rien de lui sur ce point, son flair de négociateur le percevait très bien. Il n'aurait pas aimé lui même qu'on lui dicte la manière dont il devait exercer son métier. Il était certain qu'il ne tuerait pas la demoiselle car elle avait un sang dans les veines qui valait son pesant d'or. Il était ainsi certain qu'il ne la blesserait pas trop gravement non plus. L'esclavage était de la main d’œuvre gratuite. S'il l'entravait en la blessant de trop, c'était comme se planter une flèche dans le pied. En lui faisant du mal, il se ferait aussi du mal. Aldaron savait que malgré lui, Ylan serait obligé d'y aller avec une sadique prudence. Ça le rassurait presque. Il n'avait bien que cela pour se consoler car il ne pourrait pas lutter contre. C'était opposer contre tout le système vampirique. S'il était quelqu'un d'importance, il n'était pas suffisamment de taille pour remettre toute cette mécanique en question.

Il garda ses yeux d'émeraude plantés dans les siens, sans ciller lorsque le vampire le mit en garde de s'écarter sur le champ. Il ne lui laissa aucun passage pour entrer. Il restait ferme sur cette position. L'esclave était en sécurité tant qu'elle restait chez lui, il ne la détromperait pas sur ce point. Il y avait d'autres moyens de contourner cela. Il avait les bras croisés sur son torse, devant la porte. Lorsqu'il ne souriait pas, Aldaron avait la tête d'un adolescent en pleine révolte contre le système parental, ici, momentanément incarné par Ylan. Ça aurait pu agacer le vampire. Mais spécialiste en l'art de la manipulation par la parole (ou la non-parole), il laissa le silence planer suffisamment longtemps pour faire comprendre à Cendremont qu'il ne le laisserait pas entrer, mais pas assez longtemps pour qu'Ylan prenne les mesure qui s'imposent, à savoir : ordonner à ses hommes de le saisir pour passer de force.

« Accordez-moi une heure, et je vous la livrerai. »

Sa voix était grave, pondérée. Un sacrifice contre un sacrifice. Il lui demandait du temps. En échange, il lui apporterai la petite sur le perron de sa demeure, là où le vampire pourra la saisir. Son ton ferme de marchand ne laissait pas entrevoir la moindre négociation possible sur l'offre de vente. Bien fou sera Ylan de chercher à négocier avec lui. Aldaron avait réussi à conduire leur discussion sur un terrain qu'il maîtrisait parfaitement. Lui livrer l'esclave était pour lui une horreur qui avait passer le front de ses lèvres. Il s'en répugnait d'avoir dit une telle infamie mais il tiendrait promesse. Le temps lui servirait. Il n'était pas là que pour embêter Ylan : c'est qu'il en avait besoin. Il savait qu'il avait assez d'influence sur les humains, pour parvenir à la manipuler avant le temps imparti. Il ferait comprendre à l'esclave qu'elle devait se rendre, mais il ne pouvait pas faire cela en moins d'une demi-heure. C'était tout bonnement impossible. Il voulait que les choses se fassent sans en venir au mains, et il n'avait trouvé que cette seule issue amiable. Le marché noir était assez vaste et comportait suffisamment d'étalages, même de nuit, pour qu'Ylan trouve à s'occuper pendant ce temps là.

Ylan commença à se faire une petite réflexion... Et si cet elfe ne cédait pas? Eh bien il savait bien que ce dernier serait sans doute le genre de personne à qui il ne valait mieux pas s'en prendre, surtout en cet endroit. En tout cas cela risquerait de provoquer un accident diplomatique stupide, Cendremont au final savait bien qu'il serait sans doute contraint de se retourner, et de partir sans demander son reste si cet Aldaron maintenait ses dires. La seule façon de pouvoir obtenir quelque chose de ce membre de la Triade c'était de lui faire croire jusqu'au bout que le maître des esclaves allait vraiment passer en force s'il ne pliait pas un peu. En résumé Ylan faisait du bluff! Mais étant un renard quasiment personne ne pouvait deviner qu'il mentait. Ses mensonges prenaient l'allure de la plus pure des vérités. Et mentir était presque une seconde nature pour le maître des esclaves, même s'il savait bien que l'elfe pourrait tout aussi bien se penser en position de force. Il aurait raison sans doute, mais Cendremont comptait ne pas en démordre. Après tout il était un vampire donc avait un certain orgueil, et une certaine fierté, et plier devant cet elfe serait une belle humiliation pour lui. Reste à voir si l'elfe allait essayer de se montrer raisonnable, ou aller lui-même plier, un pari risqué que venait de faire Ylan en résumé...

Dans tout les cas l'évidence était là. De toute façon cet elfe savait bien que pour le bien de l'esclave il vaudrait mieux qu'il se plie un peu. Si Ylan était frustré, ou agacé d'une quelconque façon il pourrait punir l'esclave plus sévèrement qu'il ne comptait le faire à l'origine pour se venger. Ce qui aurait était le strict minimum car il n'a pas que cela à faire avec les esclaves malheureusement avec tout ce qui se déroulait à Aigue. Pourrait bien vite se transformer en petit jeu pour le vampire au détriment de l'humaine. Son atout principal dans ce petit jeu était l'esclave humaine, Ylan savait bien comment faire souffrir quelqu'un sans trop l’abîmer. Et cela lui permettrait donc d'exercer une certaine pression sur l'elfe. Enfin après il n'y avait pas grand chose, mais pourquoi cet Aldaron Triade c'est entiché de cette femme? Enfin à la limite cela n'est pas du tout important, Cendremont veut juste récupérer son esclave, et voilà.

D'ailleurs il se doutait bien qu'il ferait sans doute mieux de ne pas faire ses achats au marché noir tout de suite avec ce qui venait de se passer. Oui sans doute qu'il vaudrait mieux qu'il achète des produits avec l'aide de représentants. Au final c'était légèrement embêtant, mais sans plus surtout sachant le prix un peu trop cher des produits du marché noir. S'il voyait une occasion d'acheter des objets en passant par un intermédiaire plus rentable il n’hésiterait aucunement...

Cela me va. Où devrai-je venir la récupérer sinon? Dit-il calmement à l'elfe qui finalement avait présenté une offre acceptable pour le vampire. Ylan préférerait de toute façon ne pas tenter plus le destin que ce qu'il venait déjà de faire si possible. Donc il allait se contenter de cela...

Après avoir reçu sa réponse il partit sans demander son reste, il reviendrait dans une heure, pas une seconde plus tôt, ou tard. Une fois cette affaire résolue il pourrait ainsi passer à autre chose. En espérant que l'elfe soit du genre à tenir sa parole, même si ce dernier n'avait pas laisser à Ylan l'impression qu'il soit un parjure. Dans tout les cas le vampire avait finit par trouver là une solution qui l'arrangeait, bon ce n'était pas aussi simple, et efficace que si l'elfe l'avait tout simplement laissé passer, mais au moins il n'y avait eu ni violence quoi que ce soit d'autre qu'il valait mieux éviter. Une heure n'était pas spécialement cher payé après tout. Dans tout les cas il savait qu'il punirait cette femme là vite fait bien fait pour le coup. Sinon elle finirait par retourner chouiner chez cet elfe, et sincèrement le maître des esclaves n'avait pas spécialement l'envie de perdre à nouveau son temps... Surtout qu'il fallait que le travail des autres esclaves avance, et à terme régler ce genre d'affaires idiots risquait de devenir contre productif...

Dans tout les cas Cendremont ferait davantage surveiller cette esclave là. Elle venait de lui faire perdre un temps fou. Il doutait que cette dernière après avoir subit sa punition récidive de sitôt, mais bon on ne savait jamais. Dans tout les cas il reviendrait au point de rendez-vous pour avoir ce qu'il était venu chercher. Une fois cela fait ce Aldaron pourrait aller mourir la boucher ouverte derrière le buisson qu'il voulait que cela n'intéresserait pas Ylan le moins du monde. Après tout il ne portait un intérêt à cet elfe que car cela était disons "nécessaire" pour son travail de maître des esclaves. Travail dont la partie papotage était sans nul doute l'une des plus ennuyeuses. Le maître des esclaves n'était pas sociable, mais particulièrement cynique, et porté à la pratique. Il en s'intéressait qu'a ce qui avait un quelconque intérêt pour lui. Et cela valait aussi bien pour les objets, et pour les tâches que pour les personnes. Quelqu'un qui ne pouvait servir en rien les buts de Cendremont ne valait mêem pas la peine pour ce dernier d'y porter attention...

L'elfe savait que plus leur discussion serait longue et houleuse et plus l'esclave en subirait les conséquences. Il ne le voulait pas. Aussi fut-il soulagé, intérieurement, d'entendre que le vampire, aussi sadique puisse-t-il être, était loin de manquer d'intelligence. La situation avait été tendue. Il aurait été aussi simple qu’inconcevable d'en venir au poings. Au moins, si de nombreux points opposaient les deux bipèdes, force était de constater qu'ils s'accordaient dans leur désir d'un accord amiable. Il resta quelques secondes, comme figer dans le marbre, le dardant de ses prunelles d'émeraude.

« Il n'y aura pas de 'sinon'. » répliqua-t-il calmement.

Il aurait pu être outré d'être accusé de la sorte d'être un menteur.... S'il n'en était pas réellement un. Il était capable de faire passer une dague rouillée pour une arme légendaire, un mensonge pour une vérité ou une vérité pour un mensonge. Dans la situation présente néanmoins, il ne plaisantait pas. Il tiendrait promesse et le lui faisait savoir. C'était l'intégrité de sa compagne du moment qui était en jeu : il prenait trop de mal pour la protéger de son maître pour ruiner ses efforts en un coup d'éclat. Vraiment, il n'y aurait pas de sinon. Il recula de la porte et la claqua sans plus un mot. Une heure. Il avait donc ce temps là devant lui. Il fila à sa chambre où étaient rendus son frère et sa sœur, autour de l'esclave. Aldaron n'octroya pas de réponse à leurs regards investigateurs. Il n'avait pas le temps de s'expliquer. Pas présentement du moins. Ils régleraient leurs comptes entre saumons plus tard. Il leur demanda de les laisser tous les deux. Il s'était penché sur elle, pour la saisir avec douceur, la relever et l'enlacer. Il tentait de la consolider, il en avait la force. Plus qu'elle. Elle lui demanda si son maître était défaillant. Il lui répliqua que oui, mais il tâcha instantanément d'éteindre la flamme qui avait soudain éclaté dans ses yeux. Mieux valait souffler l'étincelle avant qu'elle ne s'embrase et se consume. La situation était éphémère.

Il lui épilogua que plus elle tarderait à fuir et pire serait la sentence. Qu'elle n'avait pas le choix, mais qu'elle était forte et qu'en elle pourrait poursuivre cette lueur d'espoir. Celle de la liberté. Peut-être qu'un jour... Il n'en savait que trop rien. Nombreux sont les esclaves qui meurent dans les mêmes conditions de captivité qu'à leurs débuts. Combien d'attentes vaines ? Il lui avait promis la sûreté, en sa demeure, il tiendrait promesse. Il attendait d'elle de la détermination, la même qui avait su le séduire lorsqu'il avait posé son regard sur elle. Il la savait forte et elle n'avait pas le choix que de marcher vers sa punition. Elle serait moins lourde si l'esclave allait vers elle que dans l'autre sens.

Ainsi il lui parla pendant près d'une demie-heure, lui insufflant ce bout de vie dont elle avait besoin pour regarder son avenir en face. Il la faisait rêver, par ses mots, comme il l'avait faite voyager plus tôt, lorsqu'il lui racontait la cité de Gloria dans sa plus illustre splendeur. Il avait conscience de l'influence qu'il avait sur elle, comme sur beaucoup d'humains, mais plus particulièrement sur elle. Il en jouait sûrement, mais il n'utilisait cette aura que pour la servir. De son vieil âge d'elfe, il trouvait juste la voie qu'il lui offrait. Peut-être s'agissait-il d'une erreur. Peut-être qu'il aurait mieux valu agir autrement. Seul l'avenir lui dirait. Mais il n'était pas devin. Il se contentait de saisir les indices du présent pour en forger une sorte d'image possible du lendemain, avec une certaine marge de faut. Ça le répugnait de livrer cette petite chose toute fragile aux mains d'un monstre. Mais là était sa place et il n'avait pas le pouvoir de la libérer. Elle le savait.

Il lui prit la main et la conduisit à l'extérieur de chez lui. Elle ne s'y opposa pas. On entendait les forges, même la nuit, le dur labeur de la rébellion. Leur avenir était aussi brûlant et modulable que l'acier qu'on travaillait ici. Elle prit une profonde inspiration. Ils s’assirent sur les marches devant chez lui et elle posa sa tête sur son épaule. Elle semblait songeuse. Elle ne tremblait plus. Son corps était là, mais son esprit voyageait dans des songes brumeux, loin d'Aigue-Royale, loin de son Maître qui reviendrait bientôt. L'elfe caressait ses boucles blondes. Elle s'était remise à trembler, légèrement. C'était invisible à l’œil nu mais comme elle était contre lui, il le sentait. Il releva les yeux et remarqua la silhouette d'Ylan qui se dessinait à l'horizon.

« Lève-toi. » lui ordonna-t-il et elle s'exécuta. Elle avait les yeux baissés vers le sol, penaude, mais elle était debout. Il se redressa à son tour. Il lui saisit les épaules, derrière elle, avec fermeté. Elle ne tremblait plus. Être face à son avenir la rendait forte, pas au point de l'insubordination. La crainte n'avait pas disparu. Elle était terrorisé, il le savait. Elle comprenait qu'elle serait obligée de passer par là, qu'elle le veuille ou non. Elle l'avait accepté.

« Marche. » lui ordonna-t-il et elle s'exécuta encore. Il desserra l'éteinte de ses mains sur ses épaules et la laissa aller vers son maître. Elle marchait vers lui. Ce n'était pas un pas déterminé, mais le principal était qu'elle avançait. Elle baissait les yeux, mais derrière elle, Aldaron plantait son regard imperturbable et dur dans celui du vampire en approche. Il était droit, regard haut, pour elle. Pour ce qu'elle ne pouvait pas faire. Ça n'avait rien d'un défi de sa part, mais le contraste entre l'esclave et lui, elfe libre était frappant.

Finalement le moment où il devait récupérer l'esclave était arrivé assez vite, au passage peu de temps avant qu'il aille au rendez-vous un messager alla lui dire qu'une tâche le réclamer au plus vite. Ylan en était agacé, enfin après il était vrai que ce n'était là que son travail, et qu'il devait y pourvoir au plus vite. Cette esclave avait de la chance, car il n'allait pas pouvoir personnellement pouvoir s'occuper de son cas pour cette fois-ci. Car de un il devait la rapporter au conseiller qui avait besoin de subsistance bien entendu, et de deux il commençait à avoir un emploi du temps de ministre maintenant qu'il fallait préparer les défenses d'Aigue-Royale. Tout le monde dans la cité souterrain savait que les ennemis frappaient presque à la porte. Et il fallait se préparer à leurs futurs assaut...

Enfin bon le travail passait avant tout. Il se dirigea donc vers le lieu du dit rendez-vous pour ne pas perdre trop de temps. Sincèrement même si le renard qu'il était aurait préféré ne rien faire au lieu de travailler, le professionnalisme d'Ylan restait toujours plus fort. Surtout qu'il valait mieux ne pas se relâcher ces temps-ci. Avec un peu de chance après la future bataille qui se profilait les choses se calmeraient un peu...

Il arriva au dit endroit, non loin il voyait le marchand, et l'esclave. Celui-ci avait tenu son accord, cet elfe était au moins honnête. Enfin après il est vrai qu'un marchand qui ne tient pas ses accord ça n'a pas une très bonne réputation surtout quand ce marchand se permet en plus de vendre son matériel à haut prix. Enfin Ylan était satisfait de voir qu'il n'aurait pas endurer une plus grande perte de temps que ce qu'il était nécessaire, c'est qu'il n'avait pas que cela à faire...

Il se contenta donc une fois arrivé de rester immobile avec ses deux gardes en voyant l'humaine qui se dirigeait vers lui puis d'avancer calmement vers elle. Ylan prit une expression impénétrable pendant qu'il se dirigeait vers l'esclave. Au moins cet elfe avait de bon talent en rhétorique pour l'avoir convaincu de revenir, surtout connaissant la répuation de Cendremont. Il savait néanmoins qu'elle avait peur de lui, oui ils devaient avoir peur. Il appréciait de voir les esclaves terrorisaient, cela montraient bien que ceux-ci le craignaient. Ylan aimait inspirer la peur, cela démontrait bien qu'il avait du pouvoir. Et puis surtout quelqu'un qui avait peur de lui ne lui attirait pas de problème.

L'elfe le regarda. Ylan lui rendit un regard totalement indifférent, nul haine, ou sentiment dedans. Cette histoire était terminée, il avait l'esclave, cet Aldaron ne lui posait plus vraiment de problème. Enfin après sans doute qu'il lui en poserait un à l'avenir, mais bon. Ce n'est pas comme si les affaires d'un elfe le concernait vraiment, et il avait cette esclave sous la main. Un bon moyen de dissuader l'elfe de lui poser des problèmes...

L'esclave finalement arriva. Ylan la regarda sévèrement, se retourna, et dit calmement.

« Tu as de la chance pour cette fois-ci je n'ai pas le temps de m'occuper de toi personnellement. Mais ne t'avise pas de faire deux fois la même erreur... » Dit-il calmement. Cela voulait sans doute dire qu'elle aurait droit à une dizaine de coup de fouet environ après qu'elle soit revenue de chez le conseiller. Ylan lui avait trop à faire pour se consacrer plus avant à elle. Mais cela voudrait aussi dire que si elle récidivait elle risquait d'autant plus s'en mordre les doigts.

Puis il se retourna, et adressa un dernier regard à l'elfe, avant de repartir de plus belle, avec l'esclave cette fois-ci qui le suivait. Il n'y avait rien à rajouter après tout car l'affaire était définitivement conclue pour le coup... Une bonne chose de faite disons pour le maître des esclaves.