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L'union des exilés (Korentin, Aegnor)

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MessageSujet: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeLun 1 Sep 2014 - 18:39

hrp : Aegnor arrive quelques tours plus tard.

***

La haute-demeure était de taille respectable, plutôt grande mais pas suffisamment pour attirer l'attention. Quoique conforme à l'architecture humaine, il se dégageait d'elle une élégance typiquement elfique. Ce qui ne détonait pas dans ce quartier qui était autrefois l'un de leur lieu de vie. Le bâtiment appartenait officiellement à un riche marchand humain, lequel n'y avait jamais mit les pieds. Officieusement, les rôdeurs impériaux s'en servaient selon leurs besoins.

Ces derniers jouaient le rôle d'éclaireurs dans l'exil du peuple elfique. La situation dans les vieux bois était effectivement devenu intenable et toute autre solution aurait entrainée des pertes catastrophiques. Particulièrement pour un peuple à la démographie aussi faible. Ce n'était pas de gaieté de cœur, mais tous s'étaient résignés à ce triste constat. Et ce quelque soit leurs affinités politiques.

Bien sûr, et comme c'était toujours le cas lors de grandes manœuvres imprévues et non préparées : absolument rien ne s'était passé comme il se devait. Une minorité avait décidé de rester vaille que vaille. A l'heure actuelle, ils subissaient très certainement le prix de leur folie, soit un sort pire que la mort. D'autres étaient partis de leur côté, par petit groupe. Mais avec les nouvelles lois de l'Empire, qui tombaient franchement au plus mauvais moment, Eliwyr ne donnait pas cher de leurs peaux.

D'autres encore, avaient décidés d'élire domicile dans les bois parsemant le voyage vers leur destination finale. Un pis-aller au mieux. Mais l'Empereur espérait sincèrement qu'ils pourraient vivre tranquillement les quelques années qui restaient à ce monde. Car la fin approchait, cela ne faisait plus aucun doute aux yeux des elfes, qui l'avaient pour certains vu de leurs propres yeux. Et pour les autres, les témoignages avaient suffis à les en convaincre.

Ce constat fait, une majorité des elfes, peut-être trois mille d'entre eux, peut-être plus (il faudrait faire un recensement une fois l'exil achevé) avait décidé de se battre jusqu'au bout. Mais pas de manière suicidaire. Rejoindre la résistance avait été lé choix des politiques de tout bords. Non pas qu'ils se soient soudainement tous mis d'accord... Simplement ils n'avaient pas d'autres choix. Les alayiens (qui contrôlaient désormais l'Empire, dû moins était-ce l'impression donnée) les tueraient car ils étaient des créatures magiques. Les vieux bois leur réserveraient un sort pire encore. Et les terres à l'est étaient du domaine des vampires, qui n'étaient pas franchement réputés pour leur sens de l'hospitalité. Quant aux montagnes du nord-est... aucun elfe ne supporterait d'y vivre bien longtemps. Ce n'était que trop éloigné de leur mode de vie.

Eli' était donc arrivé en avance sur la procession de réfugié, laquelle procédait par étape, avec prudence. Une avancée planifiée et encadrée par l'armée, laquelle était tenue d'une main de fer par le Général Arthaher. Quelques semaines plus tôt, une telle emprise de sa part aurait été une fort mauvaise nouvelle, mais en l'occurrence, ils avaient grand besoin de ses compétences. Trop pour rechigner sur l'influence et l'aura que cela lui donnerait à posteriori.

Le souverain sans réelle couronne ni patrie, attendait à présent, que l'autre Empereur en exil lui accorde audience. La cache des rôdeurs dans le quartier elfique d'Althaïa était sûre et suffisamment proche pour être idéale en la circonstance. Il attendait donc, en compagnie de quelques Conseillers, d'une dizaine de guerriers-mages et de deux Rôdeurs Impériaux. Une escorte qui ferait office de délégation.

Le rebelle revint assez vite. Il était en contact régulier avec les rôdeurs, lesquels servaient originalement d'intermédiaire entres les elfes et les rebelles. Ils avaient expliqués la situation à ces derniers, mais une rencontre entre souverains était néanmoins nécessaire. On ne déplaçait pas un peuple en claquant des doigts, et encore moins sans l'accord du Roi qui vous offrirait (ou pas) son hospitalité.

Ils quittèrent le quartier discrètement, à la faveur de la nuit tombante. Les elfes avaient les yeux bandés, mais Eli' savait les rôdeurs assez expérimentés pour retrouver le chemin tout de même. Non pas que cette information leur soit utile à l'avenir. Qu'en feraient-ils ? Soit les humains leur faisaient confiance et acceptait cette charge qui leur donnerait l'appui total de l'armée elfique ainsi que de tout les mages et artisans que comptaient ce peuple. Soit ils devraient aller ailleurs.

On leur débanda les yeux une fois dans une grande caverne. Il y avait un lac gigantesque, ainsi qu'un fort. Mais l'elfe n'était pas d'humeur à apprécier la vue. Quelques minutes plus tard et ils rejoignirent tous une pièce, puis Eliwyr fut invité dans un bureau. Devant l'humain, il s'inclina avec cérémonie. Il n'était pas en position de force, loin de là.


Majesté, merci de me recevoir.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeJeu 4 Sep 2014 - 23:02

Il avait eu du mal à le croire. Autant le dire, quand il avait reçu cette missive décrivant l'apparition soudaine de plusieurs sanctuaires mystérieux dans les forêts Elfiques il s'était demandé si ils n'avaient pas quelque peu abusé de boissons fortes ces frèles créatures. Il fallait pourtant croire que non car à ce jour c'était carrément tout le peuple Elfique sui débarquait à ses portes !

Enfin tout le peuple non, pas encore du moins. Les premiers étaient arrivés au compte goutte, des solitaires qui avaient voyagé plus vite que la masse. Et le moment était venu d'accueillir, ou de refuser l'entrée, aux autres. Tous les autres... Mais le pouvait-il seulement ? Chassés de leurs forêts, jetés comme des malpropres sur les routes et traqués comme des bêtes dans l'empire, les membres du beau peuple n'avait pas vraiment d'autre choix que celui de rejoindre les rebelles. Ils s'éteindraient si ce n'était le cas, et Korentin ne pouvait simplement pas accepter une horreur pareille. Sauf qu'il ne pouvait pas non plus recueillir à Aigue des gens qui ne rejoignaient la rébellion que par pure obligation. Rien ne pouvait donc être simple dans la vie d'un empereur ? Sacrebleu !

Ce qu'il allait faire ? Il ne le savait pas encore pour tout dire. Il avait retourné la chose mille et une fois dans sa tête, avait écouté l'avis de tous ses conseillés, en avait discuté avec Ashy et s'était finalement résolu à patienter. Il prendrait sa décision après avoir rencontré les concernés, c'était sans doute la solution la plus sage. D'autant qu'il n'était plus temps de réfléchir de toutes manières, on venait de l'avertir que l'empereur Elfique se trouvait en surface et serait bientôt amené à Aigue. L'Empereur hein ? Korentin ne savait trop bien si il aurait préféré rencontrer Galadrielle plutôt que son successeur. Il ne gardait pas un très bon souvenir de sa rencontre avec elle mais la belle elfe n'y était pour rien du tout. C'était lui qui était furieux ce jour là, suite à la décision de Gregorist de marier sa soeur à un elfe. Et ceci sans le prévenir à l'avance... Le souvenir de ce qu'il avait ressentit en étant placé devant le fait accomplit le ramena en arrière. Cela avait jeté un sacré froid entre lui et son cousin d'empereur à cette époque, même si l'être à son tour lui démontrait bien à quel point Gregorist avait eu une vie difficile. Sans doute avait-il estimé qu'il n'avait pas le choix... Mais tout de même...

Il secoua la tête une fois seul dans son bureau. Ou quasiment seul, il ne comptait jamais les Lames Noires en faction dans son dos. C'était là qu'il avait décidé de recevoir son invité. Il aurait pu choisir une audience publique bien sur, c'était souvent ainsi que l'on procédait. Mais il lui était venu à l'esprit que le fier peuple elfique aurait sans doute déjà bien du mal à venir lui demander son aide. Autant les épargner au maximum, cela n'arrangerait pas leurs affaires à tous que de les vexer. Il serait lui-même plus à l'aise car il fallait bien avouer que ce n'était pas une race qu'il avait l'habitude de cotoyer. Risible de se dire à présent qu'il était plus habitué à gérer les vampires que les alliés ancestraux des humains... Pourtant c'était bel et bien la vérité. Le spécialiste des elfes ça avait été Gregorist. Lui et bien... On se rappelerait sans doute de lui comme l'allié des vampires. Il ne savait trop bien si il devait s'en réjouir ou s'en affliger. S'en inquiéter au moins.. Oui, ça il pouvait le faire.

Et il était en train de s'y complaire quand on lui annonça l'arrivée du roi elfique. Ou d'un de leur roi... Il avait eu beaucoup de mal à suivre l'évolution de la politique Elfique ces derniers temps, mais les tensions au niveau de la succession de leur impératrice ne lui avaient tout de même pas échappées. Cela n'avait sans doute pas pu s'arranger avec ces nouveaux problèmes, et cela n'allait certainement pas l'arranger non plus. Quoique il pouvait s'en servir bien sur... Mais zut. Qu'il détestait la politique...

L'elfe entra, altier. Comme tout les membres de son espèce. Courtois même si conscient d'avoir tous les atouts dans cette manche-ci, Korentin s'était levé mais sans s'avancer. Il le laissa approcher de derrière son bureau et répondit à son salut d'un signe de tête léger mais aussi accueillant qu'il se devait.

"C'est un plaisir Sire Meraennon. Un plaisir et un devoir. J'ai été atterré d'apprendre vos malheurs, je n'ose imaginer quelle douleur cela peut-être pour un peuple entier d'être ainsi chassé de ses terres. Croyez bien à toute la sympathie et à tout le soutien des miens dans cette épreuve."

Soutien moral tout au moins. La suite déprendrait de cette conversation. Il désigna le siège confortable qui faisait face à son bureau et invita :

"Souhaitez vous vous asseoir ? Après un voyage aussi éprouvant, vous devez être épuisé."

Il s'installa à son tour juste après l'elfe mais ne reprit pas la parole. Expérimenté et habile malgré le peu de plaisir qu'il prenait à ce genre de jeu, il laissait la main au demandeur.


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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeVen 12 Sep 2014 - 17:51

L'Empereur (l'autre, l'humain) était conscient et même largement conscient d'être en position de force. Cela se voyait dans sa gestuelle et s'entendait dans ses propos. Certes, Korentin Kohan n'était pas un imbécile. Mais même un idiot l'aurait compris. Cela ne préjugeait donc pas de la suite de la conversation. Enfin, peut-être. Eliwyr n'était pas aussi confiant qu'il aurait aimé l'être, car il savait que les humains étaient égoïstes par nature. Ceci dit, il n'y avait donc pas trente-six solutions pour qu'ils les acceptent parmi eux.

Il devait démonter leur utilité possible à la rébellion que ce souverain conduisait. Mais avant tout, il lui fallait poser les bases de la discussion. En bon négociateur, son interlocuteur lui laissait cette corvée, l'obligeant à devoir annoncer lui-même tout ce qu'il s'était passé et de devoir décrire l'état de grande faiblesse actuelle des elfes. Bref, cela le posait en suppliant et non en monarque devisant d'égal à égal.

Mais avait-il le choix ? Bien sûr que non, pas quand il s'agissait de la survie de tout un peuple.


Oui, je vous remercie.

Il s'assit donc et l'humain en fit autant. Un bref silence s'installa, avant que l'elfe ne prit la parole.

Comme vous le savez, les sphères se sont emparés des bois. La magie y est dorénavant inaccessible et les créatures magiques, telles que les elfes, y sont condamnés à plus ou moins brève échéance.

Les caractéristiques de ce pouvoir ne sont pas s'en rappeler celle de Néant. Et au vu de la chronologie des évènements, il semble clair que... la blessure qu'il lui a été infligée en est la cause. C'est une vengeance. Dû moins est-ce la conclusion à laquelle le Conseil Impérial et moi-même avons aboutit.


Subtilement, il rappelait ainsi que toute cette affaire était avant toute chose la responsabilité de la rébellion, en la personne de Merithyn Sadowsong et de Lorenz Wintel. Mais il ne pouvait que le sous-entendre. Il n'était absolument en position de porter des accusations ou d'exiger des réparations.

Malheureusement.


Le pourquoi du comment n'est pour l'instant pas le problème. Nous en sommes à en traiter les conséquences, à savoir l'exil de tout un peuple. Nous n'avons nulle part ou aller, car les vampires comme les alayiens souhaitent vivement notre extinction.

Le peuple elfique vous demande donc solennellement l'asile. Bien sûr, et si vous acceptez, cette décision s'accompagnera d'une déclaration d'allégeance à votre... notre cause.

Pour appuyer cette demande, j'ajouterai que la plupart de mes compatriotes savent très bien manier les armes et que les autres figurent parmi les meilleurs artisans du continent. Nous serons, je pense, des atouts de taille face à tout ce qui se prépare...


Face à la fin du monde... Mais il garda ça pour lui. La plupart des elfes pensait que tout était fini, mais qu'il fallait se battre jusqu'au bout. Néanmoins il demeurait quelques optimistes et peut-être bien que l'Empereur Korentin en faisait partie.

L'elfe attendit donc, avec une tranquillité apparente qu'il ne ressentait pas du tout, ce qu'allait lui répondre l'humain. Dû moins les négociations étaient-elles entamés et une première offre était posée sur la table.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeLun 15 Sep 2014 - 19:46

Il ne connaissait pas bien les Meraennon, moins bien que les Evanealle en tout cas qu'il ne connaissait déjà pas bien du tout. Il allait devoir s'en remettre à son instinct et à son expérience pour cerner son interlocuteur et mener convenablement cette discussion. Le beau peuple se trouvait dans une situation trop difficile pour ne pas se montrer prêt à d'importantes concessions, mais Korentin entendait bâtir quelque chose de solide. Rien ne serait plus facile que de totalement destabiliser l'équilibre fragile qu'il était parvenu à établir au sein de la rébellion, et cela il ne pouvait se le permettre même pour saisir la belle occasion qui leur apportait l'appui des elfes sur un plateau d'argent. Certains avantages pouvaient parfois se révéler à double tranchant, il ne prendrait donc aucun risque.

Son invité avait poliment accepté son offre, s'installant avant de prendre la parole en langue commune bercée par l'accent mélodieux qui était l'apanage des elfes. Rien de nouveau dans ce qu'il disait, Korentin avait bel et bien entendu parler de ces sphères, de ces perles plutôt d'après ce qu'on disait. Des perles du Néant... Un nom bien trop poétique pour ces choses. Le reproche sous-jacent ne lui échappa pas mais il resta de marbre, couvant son interlocuteur d'un regard attentif. Meraennon pouvait bien lui reprocher à demi mot tout ce qu'il voulait, c'était son peuple à lui qui se trouvait sur les routes et même si Korentin entendait bien l'aider, il ne le ferait pas sans certaines contreparties et assurances.

On en vint au vif du sujet, et son attention se fit plus lourde encore. Son totem lui fichait la paix pour une fois, ou bien c'était Ashy qui repoussait les souvenirs afin de le mettre dans de bonnes conditions pour ce moment si important. Un sacré tournant quand même dans l'histoire que ce ralliement des elfes à la cause rebelle. Ils l'avaient toujours soutenue de loin bien sur, mais là ça allait changer la donne sérieusement. A condition bien sur qu'ils parviennent à un accord solide, ce sur quoi ils devaient travailler.

Il le laissa finir sans se découvrir, hochant la tête devant l'évidence qu'on lui soulignait. Les elfes étaient peu nombreux, c'était un fait. Mais ils pouvaient se montrer de redoutables combattants lorsqu'ils entraient vraiment en guerre, et ils excellaient effectivement dans bien des arts dont la plupart pourraient se montrer très utiles. Le silence les enveloppa enfin et il le laissa s'éternise, plus par habitude que par véritable désir de faire languir son interlocuteur. Il aimait prendre son temps dans ce genre de négociation et ne surtout pas s'avancer plus vite que la prudence ne le permettait. Quand enfin il se décida à parler, ce fut d'une voix pleine de doutes :

"Comme je le disais tout à l'heure, je suis bien conscient de vos difficultés actuelles et du caractère terrible de votre situation. Trop conscient même. Si cela se faisait, vous rejoindriez la rébellion avec bien du retard, et par pure obligation. C'est une base assez instable pour espérer bâtir quelque chose d'efficace et de durable..."

Il haussa les sourcils sur ces mots, plus interrogateur que véritablement fermé à cette possibilité d'asile. Il n'aurait pas l'outrecuidance de prétendre que tout ceci ne l'arrangeait pas, ce serait bien difficile à faire avaler à son partenaire de discussion. Mais il ne se priverait pas d'émettre ses doutes. Il continua calmement :

"Ce que vous dites est vrai, nous aurions beaucoup à gagner à vous compter à nos côtés. Mais je ne suis pas certain que vous soyez tout à fait conscient du fonctionnement de la rébellion. Je n'ai pas exigé l'allégeance des vampires, je ne l'aurai pas obtenue. Je ne peux donc accepter la votre, ce serait vous mettre dans une position d'infériorité vis à vis de Wintel, et vous pouvez me croire si je vous dis que vous n'aurez franchement pas besoin de cela si vous devez travailler avec lui. Les vampires sont nos alliés, aussi incroyable qu'une telle affirmation aurait pu sembler il y a encore quelques mois. Ils ne m'obéissent pas, ils travaillent avec moi dans un but commun. Les discussions sont délicates, âpres parfois, mais nous avançons. La question que je me pose c'est, est-ce que j'avancerai encore si je permet aux elfes d'être la troisième tête de cette alliance ?"

Il soupira, déjà épuisé à l'idée de ce que pourraient donner des conseils où le peuple humain en serait réduit à jouer les arbitres entre deux ennemis séculaires incapables de tolérer la moindre concession. Il ne pouvait tout simplement pas accepter une telle chose, ce serait bloquer totalement la rébellion et la faire courir à sa perte. Perçant, son regard se plongea dans celui de l'autre souverain tandis qu'il l'interrogeait :

"Qu'en pensez vous Sire Meraennon ? Votre peuple est connu pour sa sagesse, mais aussi pour la lenteur de ses prises de décision. Et vous n'avez pas brillé dernièrement par la stabilité de votre pouvoir politique... Comment puis-je espérer vous voir prendre la place qui vous a toujours attendu parmi vous, sans pour autant faire exploser ou totalement paralyser l'alliance ?"
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeDim 21 Sep 2014 - 19:57

L'humain parla finalement. Le silence était une tactique utile en négociation, mais pas forcément lorsque l'on débattait avec un elfe qui ne concevait pas le temps de la même façon que les hommes. Eli' aurait pu attendre des heures ainsi, quoique l'absence de nature eut été regrettable. Le seul problème fut cette voix pleine de doutes... il avait espéré une réaction plus enthousiaste. Mais apparemment l'alliance avec les vampires ne devait pas se passer très bien. Dû moins suffisamment pour que le souverain envisage avec réticence de se coltiner maintenant les elfes.

De durable ? Vous m'étonnez votre Grâce, je vous pensais plus au fait des derniers événements. A l'heure actuelle il ne s'agit plus de bâtir un nouveau monde, mais tout simplement de sauver des flammes le seul que nous ayons. La fin de toute vie consciente est plus proche que jamais et face au danger de l'extinction, le reste est sans importance... immédiate.

Certes, je comprends vos préoccupations face à la logistique interne de la rébellion, car après tout, c'est vous qui gérez cela au quotidien. Cependant si ces inquiétudes son légitimes, elles sont aussi hors de propos en la circonstance.

Je suis donc surpris, qu'un homme qui ait pris le pari fou d'une alliance avec ses propres prédateurs... face soudain preuve de pusillanimité.


La voix de l'elfe était douce, sans agressivité. Elle n'en demeurait pas moins aussi souple et agile que le roseau courbant devant la tempête. Les elfes avaient pratiquement inventés la politique et leurs intrigues se façonnaient à une échelle beaucoup plus vaste que les jeux humains. Il ne sous-estimait pas Korentin Kohan. Mais il n'avait pas non plus peur de lui. Pourtant l'enjeu était grand, mais il doutait que cet homme pusse condamner les elfes à l'extinction. Non, il cherchait simplement des garanties. Cela devait être ça. Il le fallait.

Laissant transparaître un peu de gêne dans sa voix, il poursuivit.


Vous m'avez mal compris. Je suppose que c'est inévitable entre deux races distinctes. Pour nous, le souverain est un père ou une mère pour le peuple. Il ne l'incarne pas. Quand je parle d'allégeance à notre cause, c'est à prendre au sens littéral du terme. Il ne s'agit pas d'une allégeance à votre personne car nous ne croyons pas qu'un homme, fusse-t-il un Kohan, puisse incarner à lui seul une cause qui dépasse chacun d'entre nous.

Nous parlons donc bien d'alliés unis autour d'une cause commune.


Un mince et simple sourire se dessina sur le visage parfait de l'elfe. Il ne dura que quelques secondes, puis celui-ci reprit.

Si je puis me permettre, la question est plutôt la suivante : est-ce que vous avancez tout court ? Votre cousin est toujours sur le trône, et les alayiens ont considérablement renforcés leur influence. Pire encore, l'initiative du chef des vampires et du baptistrel à l'origine du traité a probablement déclenché une cascade d’événements qui nous conduiront tous à la mort. Le Royaume Elfique est tombé et tôt ou tard cette base sera découverte.

Pardonnez-moi, mais pouvez-vous seulement vous permettre de refuser plusieurs milliers de combattants et de mages elfes ? Sur le simple motif que les réunions seront probablement houleuses ? C'est faire preuve d'une arrogance qui me paraît bien mal placé.

Quant à la lenteur de nos décisions. C'est effectivement le cas de nos politiciens, dû moins d'un point de vue humain. Mais nos généraux sont différents. Et je puis vous assurer que le Général Artaher est du genre... expéditif.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeMar 23 Sep 2014 - 21:56

HJ : j'ai ouvert la voie pour Aegnor, si il veut entrer après moi... ^^


L'autre semblait serein. Mais Korentin ne s'était pas vraiment attendu à ce qu'il s'impatiente... Avait-il seulement déjà vu un seul elfe impatient ? Non, pas à ce qu'il lui semblait. Il n'en avait pas vu énormément c'était vrai, mais tout de même ! Le but n'était pas de l'irriter de toutes façons mais bien de lui faire comprendre qu'il n'avait pas l'intention d'accepter l'arrivée de tout un peuple à Aigue comme ça parce qu'il le fallait et que ça lui apportait quelques avantages. Il était important qu'ils soient tous deux bien d'accords sur la place que pourraient prendre le peuple des bois au sein de la rebellion, si il prenait seulement une place.

Il haussa les sourcils face au choix des mots de son interlocuteur, et le reprit sèchement, peu disposé qu'il était à s'en laisser conter :

"Je suis parfaitement au courant des événements sire Meraennon. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué la rébellion en est le coeur."

Ou comment lui rappeler fermement que les humains n'avaient pas forcément apprécié le choix des elfes de garder leurs distances face aux problèmes du continent. Il le laissa néanmoins continuer après ce petit intermède, conscient de son talent politique certainement plus longuement affuté que le sien. La voix de l'autre s'éteignit et il profita de sa pause pour s'expliquer :

"Tout à une importance en l'état actuel des choses. Sauver le monde aujourd'hui n'aura aucun intérêt si c'est pour le détruire demain. Je veux voir à plus long terme. D'ailleurs je n'ai guère le choix."

Surtout en traitant avec les vampires. Il ne pouvait simplement pas s'allier avec eux sans faire l'effort de toujours tenter de prendre une longueur d'avance ne serait-ce que pour ne pas être trahit au moment où il s'y attendrait le moins. Quand on était l'empereur d'une si étrange rébellion on était forcé de s'adapter. Comme il le faisait d'ailleurs en écoutant avec patience son interlocuteur qui avait reprit la parole et qui manqua à nouveau lui faire hausser un sourcil. Unis autour d'une même cause hein ? Encore fallait-il qu'ils la connaissent sa cause à lui... Eux ne voulaient que survivre, lui avait des ambitions bien plus grandes et qui ne leur plairaient sans doute pas tout à fait. Tout comme l'arrogance de son interlocuteur lui déplaisait de plus en plus fortement. Les reproches... Il s'y était attendu, elles arrivaient même plus tard que prévu. Il reprit donc la parole sans hésitation :

"J'étais en prison il y a encore de cela quelques mois. La rébellion n'existait même pas. Alors oui, je pense que nous pouvons dire que nous avançons même si nous n'avons pas la bêtise d'attaquer encore l'Empire de front. Je suis d'ailleurs de plus en plus persuadé que le combat se mènera avant tout ici, avant d'arriver aux portes de Gloria."

Une information d'importance qu'il livrait là, mais elle n'était plus secrète. L'empereur rebelle avait bel et bien décidé de camper sur ses positions et de laisser le soin à Fabius de se découvrir le premier en espérant qu'il se casserait assez de dent pour que la contre-attaque le laisse complétement à la merci de ses ennemis. Le sujet suivant était plus délicat et Korentin ne l'attaqua qu'avec précaution :

"La.. Destruction de Dévoreuse a provoqué des événements que nous n'avions pas prévus. Mais cela n'enlève rien au fait qu'elle était indispensable, nous ne pouvions laisser un tel artefact dans la nature, et vous savez comme moi qu'on ne peut cacher ou protéger indéfiniment ce genre d'objet convoité. Je suis navré que ça ai eu un tel impact sur votre peuple, c'est une réaction atroce qui démontre encore une fois à quel point l'Esprit du Néant possède un coeur sombre et dur comme la pierre. Néanmoins je reste persuadé qu'elle aurait fini par s'en prendre à vous avec ou sans cet alibi. Ne souhaite-t-elle pas la fin des peuples magiques ?"

Il ne niait absolument pas la responsabilité de la destruction de Dévoreuse. Il l'aurait pu, mais il aurait pour cela fallu avouer qu'il n'avait pas été du tout au courant du plan du prince noir et du baptistrel. Un aveux qui l'aurait mis en situation de faiblesse et qui ne l'aurait pas du tout aidé. Il soupira en s'entendant accuser d'arrogance, presque trop fatigué pour vraiment se vexer et s'expliqua :

"Il ne s'agit pas de savoir ce dont je peux me permettre Meraennon, mais plutôt ce qui sera le mieux pour la rébellion. Vous apporteriez beaucoup, j'en suis conscient. Mais je crains aussi de vous voir détruire tout ce que j'ai pu construire jusque là."

Et ça, il ne le permettrait pas. Qu'ils soient lents ou expéditifs, les elfes haïssaient les vampires depuis plus longtemps encore et plus férocement que les humains. Et vice versa d'ailleurs. Les faire s'entendre serait quasiment impossible, il allait au devant de problèmes plus gros que lui-même. Il se décida à interroger clairement :

"Pouvez vous m'assurer que, quoi qu'il arrive, les vôtres parviendront à éviter tout incident diplomatique avec les vampires comme avec les humains, et qu'ils feront l'efforts de tenter de voir les choses à la manière non seulement des elfes mais aussi des humains, et des sang-froids ? Nous seront très souvent en désaccords, presque à chaque fois même. Et pourtant il faudra marcher ensembles. Ce qui signifie évoluer très vite, changer vos moeurs comme nous tentons de changer les nôtres et comme les vampires eux-même s'y efforcent. Vous aurez souvent envie de prétendre que vous faites plus d'effort que les autres, c'est le cas de chaque peuple. Saurez vous passer outre votre agacement ? Saurez vous être rebelle, Eliwyr Meraennon ? Rebelle avant d'être Elfe ?"

On s'agitait derrière la porte du bureau, plus que d'habitude et donc assez pour qu'il tourne la tête vers elle sans pour autant attendre la réponse à sa question.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 22:51

¤ Arrivée mouvementée ¤


« Comment a-t-il osé ! »

Aegnor laissa éclater sa voix dans la tente qui avait été dressée pour la nuit, le cortège des exilés s’était arrêté. Le prince serra les dents, son regard s’embrassant d’une rage soudaine alors qu’on venait de lui apprendre qu’Eliwyr Meraennon était parti et était arrivé à Aigue. Un des chuchoteurs Athillë Peldacielillë ayant envoyé message par le biais d’un oiseau pour le prévenir de cela. Ce traitre ! Il était parti tout seul pour rencontrer le roi de rebelle et ainsi négocier l’arrivée du peuple elfique. Comment osait-il ?! Cet être qui n’avait d’empereur que le nom. Il faisait enrager le prince. Bien sûr le fait d’une rencontre avec l’humain à qui ils allaient demander asile avait été décidé, mais Aegnor avait bien stipulé qu’il ferait partie de la délégation. Pour qui se prenait-il ? Cet elfe sans la moindre autorité, sans le moindre pouvoir dans cette étape difficile de l’histoire de leur peuple. Artaher dirigeait les opérations et Artaher tenait ses ordres d’Aegnor, quand bien même il lui laissait diriger cet exil comme il le voulait, ayant conscience que le général était bien plus compétent que lui dans ce domaine. Comment osait-il se rendre là-bas sans lui alors qu’il comptait parmi ces alliés des individus comme Firion Palardiel. Comment osait-il se rendre là-bas sans lui alors qu’il n’avait pas été capable d’adopter une position ferme en faveur de cette rébellion, simplement un avis officieux sur la question. Pitoyable que cet elfe, et il était encore à la tête de leur peuple. Foutaise que cela. Il avait permis que celui-ci se disloque, laissant des elfes derrière eux, les laissant vivre dans les bois de l’empire. Ils finiraient par mourir, soit tuer par la nature qui restait encore incontrôlable, soit par les Alayiens qui s’amuseraient avec eux avant de les tuer. Il les avait laissés en pâture à ses barbares ! Comment avait-il pu permettre une telle césure alors qu’il est évident que les elfes se doivent de rester unis. Peut-être n’aurait-il dû attendre aussi longtemps, fragilisant petit à petit le pouvoir de ce faux empereur. Donner un grand coup au moment de l’exil aurait pourtant été suffisant pour faire basculer le pouvoir.

Aegnor soupira, ses yeux toujours enflammer par la colère alors qu'il se dirigeait vers son armure. Commença à s'en équiper il se mit à aboyer des ordres. Qu'on lui prépare son cheval, qu'on lui prépare une troupe pour l'escorter, qu'Artaher garde un oeil sur les autres conseillés et prenne le tout en main si nécessaire. Cela apprendrait à l'Evanealle de se montrer gentil et calme. Qu'on lui fasse un tel coup en traitre, il ne le pardonnerait pas de si tôt. Mais après tout, une proie qui n'a de cesse de se débattre est une proie sur le point de flancher. Cela serait le dernier coup, la dernière tentative d'Eliwyr !

Grondant l'Evanealle enfourcha son destrier elfique avant de se saisir de Vhaleha qu'on lui tendait. Attendant que sa petite troupe enfourche également leur monture avant de partir au galop en direction d'Aigue sans perdre un instant. Avec de la chance, bien qu'il n'arriverait sans doute pas avant le début de la réunion, il se présenterait avant sa conclusion. Les destriers elfiques galopèrent aussi vite que le vent, aussi vite que leur pattes leur permettaient. Aegnor n'avait pas de temps à perdre.

A bout de souffles, les chevaux parvinrent tout de même à les mener jusqu'à l'une des entrées de Aigue ou une milice rebelle était en faction. L'Evanealle se présenta comme étant membre de la délégation elfique et demanda au plus vite qu'on l'amène auprès du roi et de l'autre partie qui était arrivée un peu plus tôt. L'un des gardes du prince expliqua qu'eux et l'autre partie de la délégation avait dû se diviser en deux pour détourner une patrouille Alayienne et assurer qu'au moins l'un de deux représentants de la race elfique arrive sain et sauf pour l'audience avec Korentin Kohan.

Les elfes furent débarrassés de leurs armes et leurs yeux bander alors que les humains les firent entrer sous terre, arpentant les boyaux terrestres en direction d'Aigue-Royal. Futile protection que cela, tout bon elfes qui se respecte arriveraient à retrouver son chemin même dans se dédale de terres. Comme si on pouvait espérer se faire perdre un elfe alors qu'il vivait dans une forêt bien plus déroutante que cela. Leurs yeux retrouvèrent la lumière alors qu'ils arrivèrent enfin à l'intérieur de la ville rebelle. Le blond ne prit pas la peine de regarder les structures qui composaient la ville, il n'avait pas de temps à perdre et demandant qu'on le conduise au plus vite jusqu'à Eliwyr Meraennon et Korentin Kohan.

Au bout de quelques instants, l'Evanealle mit un pied dans le Fort-Espérance, le coeur de cette rébellion. Qui aurait cru que les humains auraient été capables de construire un tel édifice sous terre. Il leur avait tout de même fallu l'aide des Baptistrels pour creuser les galeries. Aegnor nota dans sa tête qu'il devrait aller les remercier pour cela. Dire qu'elles allaient sans doute accueillir le peuple elfique. Les gardes humains conduire Aegnor à travers une série de couloirs pour l'amener à la salle où se trouvait le Roi des hommes et l'Empereur sur la sellette des elfes.

Les bruits à l'intérieur parvenaient aux oreilles de l'elfe. L'humain parlait fort, c'était un trait typique des hommes. Parler quelques octaves plus hautes que les elfes. Aegnor s'apprêta à passer quand un garde voulu s'interposer, estimant qu'il valait mieux prévenir de son arrivée avant, mais se ravisant alors que les pupilles embrasées de l'elfe se posèrent sur lui, le faisant baisser les yeux, incapables de supporter ce regard. Aegnor posa ses mains sur les portes avant de les pousser, les ouvrant alors qu'il apparaissait maintenant aux yeux des deux « représentants ».

Le prince posa son regard sur Eliwyr Meraennon qui semblait surpris de la présence de l'Evanealle. Sans doute n'apprécierait-il pas cette surprise. Son regard dur empli de reproche et de colère resta un moment poser sur ce dernier, alors qu'il finit par le faire glisser sur l'humain, le radoucissant. Faisant deux pas, il finit par saluer Korentin Kohan comme il se devait de saluer un roi auprès de qui il apprêtait de demander asile à son peuple avant de se redresser franchement.

« Je suis Aegnor Evanealle. Je tiens à présenter mes plus plates excuses auprès de Korentin Kohan, empereur légitime du royaume des hommes, pour mon retard et cette arrivée qui ne possédaient que peu de formes »


Le regard de l'Evanealle glissa à nouveau sur Eliwyr.

« Il semblerait que je n'ai pas été prévenu de l'avancement... important... de cette rencontre. Heureusement que j'ai été averti suffisamment tôt pour y assister avant la fin de cette dernière. Quelle bassesse... n'aurait-il pas été plus sage de présenter une face unie de notre peuple au lieu d'exposer la profonde dissension qui y règne. Oui, voilà qui va grandement aider le peuple elfique. J'aurais espéré que vous fassiez preuve d'un peu plus de jugeote. Vous êtes un vieil arbre incapable de changement, incapable de souplesse et sur le point de se briser Meraennon. »


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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeMar 30 Sep 2014 - 18:43

Quelle ironie. Alors que lui et ses confrères avaient passé toutes leurs longues vies à bâtir des politiques qui s'étendaient à travers les siècles, à jouer le jeu des intrigues sur une portée que les humains ne pouvaient concevoir, leur vie étant trop brève pour cela, voilà qu'ils manquaient de temps. Des elfes manquant de temps. Les Esprits avaient le sens de l'humour. Enfin, si tant est qu'ils aient encore quoique ce soit à voir avec les événements secouant Armanda. D'aucuns disaient qu'ils avaient définitivement abandonnés les races « mortelles » à leur triste sort. Et vu où ils en étaient rendus, il était presque normal de perdre espoir. Quoique l'Empereur s'y refusait, certes plus par principe que par réelle conviction.

L'humain était en position de force et il en profitait. Eliwyr ne savait juste pas pourquoi. Et cela le troublait. Etait-il devenu sénile ? A moins que devant l’imminence de leur propre extinction, les basses considérations politiques et logistiques ne lui apparaissaient que comme des futilités ? L'ambition du petit homme lui faisant face était à la limite de la folie. Non seulement il prévoyait de sauver le monde (Dracos savait comment…) mais en plus d'en bâtir un nouveau qui lui conviendrait. Et après ça on se plaignait de l'arrogance des elfes. Du rien du tout comparé à ce qui semblait animer la famille Kohan, que ce soit en bien ou en mal.

Ne livrant rien de ses sentiments, il se contenta de hocher brièvement la tête devant l'information donnée. Avec tous les problèmes qui les avaient occupés récemment, le Conseil n'avait guère penser à l'éventualité d'une attaque dans leur nouveau lieu de vie. Si tant est bien sûr qu'ils soient acceptés. C'était pourtant logique, étant donné les circonstances. Et Artaher devait avoir prévu le coup. C'était là son domaine de prédilection après tout. La guerre ou la mort, le guerre et la mort. Beaucoup d'elfes ne voyaient pas la situation autrement. Et les optimistes ne tarderaient pas non plus à rejoindre cette idée vu la vitesse à laquelle les choses tournaient mal.

Au moins l'humain prenait-il ses responsabilités au sujet de Dévoreuse. Toujours avec cet orgueil frisant la démence, mais qui était-il pour en juger ? Les humains interféraient maintenant dans un domaine qui relevait des Esprits Supérieurs… Une preuve supplémentaire (si tant qu'il en faille une…) que c'était bien la fin du monde. A la pensée de ces êtres -certes animés de bonnes intentions- mais somme toute assez grossiers, se mêlant des conflits entre entités dont la puissance était… Non, mieux valait ne pas y penser.


Cette… malédiction ne s'arrêtera pas à nos frontières.

Il n'en dit pas plus. Le sous-entendu se suffisait à lui-même. C'était facile de parler lorsqu'on ne savait rien, qu'on ne comprenait rien. Mais l'horreur serait bientôt aux portes de la rébellion et on verrait alors si les humains seraient toujours aussi sûr d'eux et de leur implication dans un domaine qui dépassait très largement leurs compétences.

Eli' resta impassible, mais une petite envie de rire faillit le prendre quand il entendit la suite. Bien sûr, il la contrôla, un tel manque de respect eut été catastrophique. Les hommes. D'abord il vous disait une chose, puis il vous assénait ensuite le contraire. Et toujours avec cet aplomb qui faisait déplacer les foules. D'abord les elfes devaient être les égaux des vampires pour que ça fonctionne. Ensuite il devait se dire rebelle avant d'être elfe. Korentin Kohan avait-il osé demander pareille chose à Lorenz Wintel ? De se considérer comme membre de la rébellion avant d'être le prince des Vampires ?

Heureusement (ou malheureusement), une distraction fort bienvenue en la circonstance (mais qu'il ne tarderait sûrement pas à regretter) lui ôta l'obligation de répondre. Il aurait dû mentir et il n'aimait pas cela. Néanmoins pour sauver son peuple il était prêt à affirmer tout et n'importe quoi. Y compris qu'il allait dorénavant s’habiller en rose et chanter devant un public de sang froid.

Aegnor Evanealle. Un problème de plus. Cette journée empirait, ainsi que son mal de tête. Mais que pouvait-il ? Ah ! Vivement la retraite. Que ce jeune coq gère donc les elfes si ça lui chante. Les discussions entre Lorenz Wintel et Korentin Kohan promettaient d'être mille fois pire que n'importe quel Conseil. Le pauvre imbécile ne se doutait pas une seule seconde dans quoi il mettait les pieds. La fougue de la jeunesse dirait l'autre.


Parce que je suis l'Empereur. Je ne vous dois ni explication, ni excuse Aegnor. Vous me remplacerez très probablement. Mais ce n'est pas encore le cas, alors sachez pour l'heure rester à votre place. Le titre de Prince n'est qu'honorifique et en attendant votre intronisation, vous n'êtes qu'un Conseiller. Soumis à mon autorité.

Votre sang ne vous permet rien d'autre que de prétendre. Et en attendant que vos prétentions soient légitimés, il ne tient qu'à vous de respecter nos règles et nos traditions. Si celles-ci vous déplaisent tant que cela, faites-moi donc tuer par Artaher -nul doute qu'il en sera ravi, vous pourrez ainsi coiffer la couronne tout de suite et faire ce qui vous chante.

Pour en revenir au principal, je comptais vous présenter plus tard, si jamais l'asile nous est accordé. Politiquement, il est important que la débâcle de notre peuple et tout ce qui s'ensuit ne soit associé qu'à mon nom et à mon nom seul, afin que votre règne puisse être un renouveau. Enfin, ce qui est fait est fait. Si cela convient à Sa Majesté Kohan, prenez donc place.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeDim 5 Oct 2014 - 20:20

Les mots de l'elfe résonnèrent lourdement dans la pièce, sinistres. Ils évoquaient un futur qui n'aurait sans doute rien de drôle, peut-être même la fin de tout... Korentin y croyait-il ? Pas vraiment. Il avait du mal à imaginer que ce puisse être possible. Quelque chose arriverait forément. Une intervention des Esprits, ou plus certainement du Voyageur. Il était là pour ça, non ? Certes il avait disparu depuis quelque temps, mais sans doute travaillait-il à leur salut en coulisse. En attendant son devoir était de mener la barque de son peuple aussi droit que possible. Il ne pouvait tout de même pas s'enterrer la tête dans le sable et se considérer comme perdu simplement parce qu'il semblait bien qu'il n'y avait plus d'espoir. Ce serait non seulement trop facile mais en plus très dommageable si il devait finalement s'apercevoir que les choses tournaient moins mal que prévu !

Il allait répondre, ouvrant déjà la bouche pour expliquer sa position à son vis à vis, quand l'autr elfe entra. Un autre elfe... Comme si un seul ce n'était pas suffisant, voilà qu'il se retrouvait avec un deuxième à gérer ! Qui était-ce celui là ? Il était presque sur d'avoir déjà vu son portrait quelque part... Sans doute allait-il se présenter très vite, c'était une part importance des règles de politesse de ce peuple, même is pour cette fois cette image était un peu écornée par l'arrivée imprévue de celui-là... Mais finalement le souverain humain fut renseigné avant même que le nouvel arrivant ne parle, il suffisait de voir la réaction de Meraennon... Il n'avait pas l'air content du tout, et ce n'était pourtant pas dans les habitudes des elfes de laisser transparaitre leurs pensées. Mais un plus un faisant encore et toujours deux, Korentin pouvait s'appuyer sur ce que lui révélait ce déplaisir indiscutable de son premier invité... Aegnor Eveanelle, cela ne pouvait être que lui. Ainsi donc leurs problèmes politiques n'étaient toujours pas réglés ?

Le concerné se présenta finalement, confirmant son identité qui ne manqua pas de faire froncer les sourcils à un Korentin passablement perplexe. Les règles humaines de succession étaient particulièrement simples, elles étaient justement faites pour éviter tout problème dès lors qu'un cousin un peu trop ambitieux ne se découvrait pas tout à coup des talents de menteur et d'assassin. Chez les elfes c'était apparemment beaucoup plus compliqué... Qui était-il sensé prendre au sérieux ? Aegnor Evanealle aurait été son choix le plus logique étant donné que le droit du sang parlait pour lui. Il était l'héritier légitime, mais à ce qu'il en savait il avait refusé la couronne... Abdiquer était un acte possible chez les humains, mais alors le pouvori restait quand même dans la même famille. Meraennon n'avait rien à faire dans toute cette affaire donc, pas la moindre légitimité pour un humain. Sauf qu'il était un elfe... Et Korentin savait d'expérience qu'on ne pouvait transposer les règles d'un peuple à un autre sous peine de se retrouver dans des situations inextricables. Ce n'était pas à lui de décider... Sa position n'était donc pas très confortable non plus, ainsi coincé entre deux elfes qui semblaient s'entendre comme chien et chat... Bon, il devenait urgent de faire redescendre la tension. Il salua donc le plus jeune avec une chaleur étudiée, juste assez pour ne pas le froisser et pas suffisamment pour froisser l'autre...

"Qu'importe la forme Sire Evanealle, je suis heureux de vous rencontrer. J'ai eu la chance d'échanger brièvement avec votre... Tante ? Pendant le règne de mon cousin. J'ose espérer que nos propres discussions seront aussi agréables et... Apaisées, que ce fut le cas avec Dame Galadrielle."

Ceci servit sur un ton tranquille mais parfaitement transparent. Il ne voulait pas d'esclandre. Si les elfes voulaient s'entretuer ils le feraient à l'extérieur d'Aigue, il n'était absolument pas à leur avantage de se montrer batailleurs et désunis à cet instant en plus, l'avaient-ils déjà oublié ? Sans doute pas, sinon peut-être en seraient-ils déjà à se taper dessus pour de bon et plus uniquement avec des mots... Soupirant à cette idée, Korentin proposa d'un signe de main poli la chaise qu'un serviteur venait d'apporter pour le nouvel arrivant. Il l'avait appelé "sire" et non "prince", entrant en cela en contradiction avec ce que l'elfe plus âgé venait de dire. Une façon comme une autre de couper la poire en deux... En le laissant s'installer et dans le but de détourner une conversation qui devenait vraiment glissante, il fit remarquer :

"C'est la deuxième fois que le nom de cet Artaher est cité. S'agit-il de ce général Terendul qui mène depuis bien longtemps l'armée Elfique ? Un sacré personnage..."

Il ne l'avait jamais rencontré de lui-même, mais on lui en avait parlé. En bien comme en mal d'ailleurs. Ses qualités guerrières et tacticiennes étaient vantées tandis que son sale caractère et le total mépris qu'il démontrait parfois à l'égard des autres races était décrié. Il haussa les sourcils en y songeant, et reprit :

"A lui seul il peut fournir un parfait exemple du double tranchant que pourrait-être l'adjonction du peuple elfique à l'alliance rebelle. Il pourrait apporter beaucoup, et il pourrait aussi détruire beaucoup. Vous ne pouvez que comprendre mes inquiétudes sur ce point... Et les dissensions qui semblent régner au coeur même de votre plus haute sphère politique ne me rassurent pas..."

Si ils se battaient déjà entre eux, qu'allait-il se passer dans les sphères plus basses ? Les elfes qui obéissaient à l'un n'allaient-ils pas faire tout le contraire de ce que disait l'autre simplement par conviction politique ? Comment espérer la stabilité de la part de tout un peuple quand leurs chefs eux-mêmes ne semblaient pas y parvenir ? Une terrible migraine commença à battre à ses tempes et il se les frotta doucement avant de poser la question capitale de cette conversation :

"Quelles garanties pouvez vous me donner à ce sujet ?"

Sa décision n'était pas prise. Il ne se voyait pas refuser l'entrée aux elfes, mais il n'avait pas non plus le droit de leur laisser prendre leur place dans l'alliance si ce devait être pour la détruire, voir même simplement pour l'affaiblir. Il ne pouvait donc qu'espérer une seule chose, que ces deux là sachent trouver les mots qui le rassureraient...


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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeJeu 9 Oct 2014 - 14:43

[hrpg: j'espère que cela ira. Eli, hésite pas à me dire si le fait qu'Aeg n'hésite pas prendre les devants te dérange et bloque.]


¤ Arrivée mouvementée II ¤


Arrivée qui ne pouvait être nulle autre que remarquer pour le jeune prince et empereur en devenir. Après tout, il était difficile de venir à la table de négociation deux chefs sans passer inaperçu. Mais Aegnor s'en moquait bien, au contraire, il se devait d'être remarqué, après tout, lorsqu'Eliwyr quitterait le trône c'est lui qui s'installerait sur ce siège tant redouter. Il devait donc se faire connaitre après du représentant des hommes. Celui des vampires viendrait plus tard, mais ça, c'était une autre histoire. Non le blond se devait de rester focaliser sur l'instant présent. Car une bataille, non, un jeu oui, un jeu politique allait s'engager. Comme il détestait cela. Se présenter ainsi devant l'empereur légitime des hommes lui qui n'étaient pas encore tout à fait Empereur des elfes, et démolir son adversaire sans la moindre retenue afin de lui montrer une dernière fois qu'il avait fait son temps et qu'il se devait de se retirer avant de ce couvrir de honte. Voilà bien une tâche ennuyante de laquelle l'Evanealle ne tirerait pas de plaisir... ou très peu, il est vrai qu'une petite part de lui demeurait encore en colère contre le Meraennon.

C'est donc sans la moindre retenue qu'il commença à attaquer l'empereur des elfes, dont en vérité, le simple titre était rattaché à la personne d'Eliwyr par une vulgaire ficelle. La trancher aurait été simple si simple. Mais là n'était pas la question, non, elle demeurait sur la façon de la trancher. Aegnor se devait de le faire correctement.

Si la réponse du roi légitime Korentin Kohan fut des plus amicales, au regard de l'arrivée que l'on pouvait largement qualifier d'inadaptée et même offensante. Celle du compatriote elfe fut nettement plus virulente, mais également mal venue. Un léger sourire en coin éclaira le visage du prince. Il connaissait la situation dans laquelle il se trouvait et pourtant il jouait les fanfarons. Avait-il perdu l'esprit ou son arrogance était telle, qu'il pouvait passer outre ? Après tout, Meraennon était un ancien conseiller, il restait de la même nature que ces êtres que l'Evanealle méprisait. Celui-ci n'avait de plus qu'une couronne sur la tête. Une couronne bancale.

Lentement et du pas gracieux des elfes, Aegnor se dirigea vers la chaise que lui présentant le Kohan tout en oubliant pas de le remercier avant de répondre sans attendre, donnant priorité à l'ancien Duc d'Aldaria.

« Je vous remercie Majesté. Et il en va, bien sûr, de même pour moi. »


Le blond s'assit avant de tourner son regard de feu sur le deuxième elfe d'attablé.

« Vous êtes dépassé depuis longtemps Meraennon. Pensez-vous que j'use de mon sang pour prétendre à cette fonction ? Pensez-vous que j'userais de violence pour obtenir le trône. Allons bon, je ne commettrais pas de telles erreurs qui ne feraient que tuer dans l'oeuf un futur règne. Il noble de votre part d'avoir ... un tel sens du sacrifice politique, mais ne vous en faites pas pour moi. Nous n'avons absolument pas la même vision. Ce que vous nommez débâcle je l'appelle renouveau. »


Un léger sourire qui ne manquait pas de souligner une certaine provocation orna les lèvres du prince durant ses paroles à l'intention d'Eliwyr. Mais une fois sa bouche close, les traits de son visage redevinrent durs et sérieux. Ses pupilles orange se mettant à brûler d'un éclat particulier qu'il tourna en direction de l'empereur des hommes. Espérant ne pas avoir enfoncé le clou de l'irrespect dans l'esprit du souverain, mais bien celui de future conversation fertile. La réponse de ce dernier ne tarda point. Artaher, ce nom, non, ce personnage semblait nourrir quelques inquiétudes qu'il faudrait vite dissiper. Les troubles politiques du peuple elfique suffisaient déjà. Sans attendre la réponse d'Eliwyr, le blond prit une fois de plus les devants. Après tout, même si l'elfe à côté de lui était le « chef » des elfes. Artaher était l'homme d'Aegnor. Le ton du blond se durcit.

« Je comprends parfaitement vos inquiétudes Majesté. Je puis d’ores et déjà vous rassurer au sujet d’Artaher. Il est un guerrier ainsi qu’un tacticien brillant. Certains voient en lui une brute. Mais cet elfe est empli d’une loyauté sans faille. Je peux vous promettre qu’il ne créera aucun incident ni aucune destruction. Et cette promesse n’est pas faite à la légère. »


Assurance désarmante qui pouvait même sembler être une arrogance poussée au vice. Mais Aegnor avait confiance en Artaher. Il était uni par un serment. Il était sa lame et une lame ne se retourne jamais contre son propriétaire. Un sourire éclaira par la suite le visage le prince.

« Pour ce qui est des dissensions, je me réfère à ce qu’a dit précédemment Eliwyr. Cet exil et cet asile sont synonymes de débâcle dans sa bouche. Son règne déjà fragile prendra fin bien avant que le reste des elfes n’arrivent à Aigue, si vous l’autorisez bien sûr. »


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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeDim 12 Oct 2014 - 15:51

Eliwyr soupira profondément. il ne prit même pas la peine de le cacher. A quoi bon ? Il commençait à croire qu'il ferait tout aussi bien de faire assassiner le Prince et son Général. Sérieusement, où iraient les elfes avec ces idiots bouffis d’orgueil ? Seulement au chaos et à la mort. Enfin, après tout, c'était dans cette direction qu'allait aussi le monde, alors peut-être n'était-ce pas plus mal.

Selon Artaher, votre propre bras droit, l'exil nous a coûté et continue de nous coûter quinze pour-cent des civils et trente-cinq pour-cent des militaires... Un renouveau ? Gardez un peu les sens des réalités et des convenances. Il y a un sacré paquet de cadavres, de nos compatriotes morts, qui ont probablement un tout autre avis sur la question.

Il ne s'agit pas de noblesse, mais de pragmatisme. Je suis un elfe de devoir, et je ferais ce que je pense être le mieux pour mon peuple. Tout ce que j'espère, c'est qu'une fois la couronne sur votre tête, vous arrêterez d'agir comme en enfant gâté et que vous en ferez autant.


La conversation revint ensuite sur des eaux plus calmes, une initiative avisée de l'Empereur des hommes. Au moins celui-ci était-il aussi habile diplomate que négociateur. Rien d'étonnant que cette rébellion réussisse à prospérer et ce malgré les circonstances. Evidemment, Aegnor ne put s'empêcher de continuer son insolence et de le coiffer au poteau, contre toutes les règles de bienséance. Mais que voulez-vous ? Il commençait à désespérer de ce gamin.

Et puis, de toute manière, il était le plus apte à répondre aux appréhensions et aux questionnement du Roi Korentin en la matière. Mieux valait que ce dernier n'est pas l'avis (véritable) de l'Empereur. Sinon, il ne laisserait jamais entrer le loup dans la bergerie. Artaher et Lorenz autour d'une même table pour discuter de stratégie militaire ? Il en rigolait d'avance. Ils n'avaient pas fini d'en baver, et fort heureusement pour lui, tout ça ne serait bientôt plus de son ressort, comme le fit d'ailleurs aimablement remarquer le jeune elfe à ses côtés. Et cela avec la subtilité d'un babouin en rut.


"Même pas encore Empereur qu'il remets déjà son autorité entre les mains d'un souverain étranger... Dracos que j'ai mal à la tête. "

En fait, si sa Majesté était sincère en ce qui concerne le statut que les elfes pourrait avoir parmi l'alliance... la décision nous reviendra. Je doute que les vampires vous laissent, vous, Korentin Kohan, décider de leur souverain. Mais peut-être suis-je dans l'erreur.


Il ne manquerait plus que ça pour parfaire le tableau !

Quoiqu'il en soit, cette décision devra attendre que vous ayez pris la votre, Majesté.

Eli' attendit donc. Que le jugement s'abatte ou que de nouvelles questions soient posées.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeMer 15 Oct 2014 - 18:05

Ils avaient du mal à s'arrêter... C'était vraiment une scène très étrange surtout quand on connaissait un peu les elfes et leur sens de la politesse profondément ancré surtout en ce qui concernait le respect au plus âgé... Apparemment cet Evanealle là n'en avait pas vraiment entendu parler, ou n'y prêtait pas attention, ce qui ne laissait pas d'amuser Korentin. Comme quoi ce peuple évoluait... En bien ou en mal il n'aurait su le dire, mais il se débarrassait lentement de son carcan de principes et autres règles rigides dans lequel il s'était enfermé si longtemps... C'était peut-être une catastrophe quand il y pensait, peut-être que ça allait conduire les elfes sur un terrible chemin mais il ne pouvait malgré tout s'empêcher de se dire que c'était indispensable à leur époque. Les elfes ne pouvaient plus se cacher derrière leur frontière magique, ils étaient condamnés à évoluer vite ou à disparaître. Finalement ce jeune là était peut-être ce qui leur fallait.. Mais Korentin n'aurait jamais eu la bêtise de le dire, ce n'était pas à lui de prendre parti et ça ne pourrait qu'avoir des conséquences funestes pour l'alliance si il commettait une ingérence.

Un peu lassé, il les observa pendant qu'ils continuaient à se chamailler même si avec un peu moins de hargne que tout à l'heure. Dommage tout de même que le peuple elfique n'ai pas choisi un autre moment pour tout ça... Avant le débarquement des Alayiens par exemple, et la prise de pouvoir de Fabius. Enfin tant pis, les choses étaient ce qu'elles étaient et il devait faire avec. Il commençait à devenir très fort à ce jeu là d'ailleurs... C'était là le seul avantage de ce nouveau monde, on apprenait vite ou on le regrettait.

La conversation se calma enfin et le plus jeune revint vers lui en lui arrachant un hochement de tête appréciateur. Un guerrier... Une loyauté sans faille... Il n'avait pas besoin de lui confirmer à qui elle allait cette loyauté et cela voulait donc tout dire. L'armée était acquise aux Evanealle, bien sur cela ne faisait pas tout en politique mais c'était un levier important. Et si le plus âgé avait dû en utiliser un autre pour se débarrasser du prince alors il l'aurait déjà fait. Moralité, le pouvoir basculait lentement mais surement du côté de l'elfe le plus fougueux, et ceci sans que l'autre ne cherche vraiment à l'empêcher. Pourquoi ? Ça c'était une question à laquelle il n'aurait sans doute jamais de réponse, mais tant pis. Le principal était qu'il savait à présent à peu près où en était le pouvoir chez les elfes, et vers où il tendait. Rassurant ou pas ? Pas totalement... Mais tout valait mieux que de rester dans le noir.

La promesse résonna entre eux tandis qu'il le fixait lourdement, cherchant à savoir jusqu'à quel point il pouvait faire confiance à ce flamboyant prince. Oh il avait l'air de quelqu'un d'honnête, ça il n'allait pas dire le contraire, mais saurait-il mener son peuple ailleurs qu'à la catastrophe ? Saurait-il tenir sa parole et faire en sorte que l'alliance ne se désagrège pas d'elle même ? Il n'était pas sur de tout cela, pas sur du tout même... Néanmoins il avait eu la promesse qu'il attendait, et il ne pouvait pas plus qu'au début de la conversation se permettre de laisser tout un peuple sur le carreau juste par principe de précaution. Il l'écouta jusqu'au bout avant de retourner son attention vers le plus âgé dont les mots lui firent secouer la tête avec fermeté :

"Je n'ai dis à aucun moment que je voulais prendre cette décision pour vous Sire Meraennon"

D'autant plus qu'il lui semblait à présent très clairement qu'elle était déjà prise en grande partie... Et tant mieux. Pas plus que les autres les elfes ne pouvaient se permettre de perdre leur temps en dissensions. C'est d'ailleurs cette assurance qui avait fini par le décider et qui l'amena à prononcer ces mots :

"Ma décision est prise, et j'espère bien que je n'aurai pas à la regretter. Aigue-Royal accueillera le peuple Elfique, et vos hauts dignitaires viendront agrandir les conseils d'alliance qui ont lieu de façon régulière. Néanmoins et si je ne peux et ne veux effectivement pas me mêler de votre décision, il n'est pas question que vous vous présentiez tout deux lors de ces conseils. Ce sera l'un, ou l'autre. Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir deux interlocuteurs différents pour un même peuple."

Et ce ne serait pas négociable, même si il était conscient de les mettre dans une position difficile tous les deux. Avec tranquillité, il interrogea :

"Ces mesures vous conviennent-elles ? Et savez vous combien d'elfes vont affluer et à quel rythme vers Althaïa ? Il ne s'agirait pas d'attirer l'attention de l'empire sur nous plus que nécessaire..."

Ils avaient déjà bien assez de problèmes comme ça, et celui des deux qui participeraient aux conseils s'en apercevrait très vite. Il allait devoir compter sur eux pour trouver le moyen de faire arriver leurs compatriotes à un rythme suffisamment raisonnable et discret pour éviter une catastrophe. Ils devraient bien s'en tirer, ils n'étaient pas aussi discrets que les vampires mais certainement plus que les humains et jusque ici les hordes d'arrivants qui avaient déferlés à Aigue avaient été assez bien jugulées non ? En vérité c'était ce qui suivrait qui serait sans doute plus inquiétant, mais il n'en était pas encore là. Repoussant pour le moment ses inquiétudes au fond de son esprit, il les observa en attendant de savoir si ils avaient encore des questions à mettre sur la table ou si ce premier acte s'arrêterait là...
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeLun 20 Oct 2014 - 20:40

[hrpg: Dit moi si je te laisse suffisamment de matière pour rep Eli. Sinon à me dire si il y a une incohérence au sujet de l'arrivée des groupes d'elfes.]

¤ Décision ¤


Le blond répondait aux questions sans aucune gêne et ce bien avant celui qui occupait actuellement la place d'empereur. Mais après tout, Aegnor était intimement persuadé qu'Eliwyr ne pouvait malheureusement apporter aucune garantie aux réponses qu'il pourrait bien donner. Artaher était la lame de l'Evanealle, il lui c'était lié à lui par un serment de fidélité, c'était donc à lui de répondre de ce dernier et non pas au Meraennon. Et pour ce qui était des dissensions. Une fois encore c'était à Aegnor d'y répondre non au père de ses cousins. Il était déjà clairement établi que l'empereur du beau peuple n'était pas à même de tenir le prince dont le projet de prendre sa place était à peine voilé. En réalité, la couronne avait déjà changé de tête.

Les dissensions donc, elle n'était pas uniquement liée aux deux elfes en présence non. Elles sous-entendaient également les divergences existantes entre les familles du conseil. C'était une raison de plus pour qu'il prenne la parole. Le blond avait déjà conscience qu'il fallait faire taire ces voix. Elles l'auraient dû être depuis un moment déjà, bien avant l'exil. Mais un conseil avait eu lieu pour prendre la décision de partir ou non. Quelle perte de temps cela avait été, et le temps était en ce moment même précieux pour les elfes. Eliwyr aurait dû prendre cette décision sans la moindre consultation, c'était un moment de crise et il avait laissé place à la discussion. L'Evanealle n'en méprisait pas pour autant celle-ci, non. Elle importait, mais il y a un moment pour chaque chose.

De plus ... le blond trouvait que chaque mot s'échappant de la bouche du Meraennon était une terrible bêtise. Son agacement quant à la situation et le stress des derniers jours y étaient sans doute pour quelque chose, obscurcissant son jugement.

« Mon coeur saigne de toutes ces pertes Eliwyr. Des elfes sont morts et pourtant vous sous-entendez que je me moque d'eux ? Que je crache sur leur cadavre alors que ceux-ci sont encore tièdes ? Les elfes vont se relever et sortiront de ces temps sombres et troubler plus fort que jamais, cet instant même est la fin de la décadence. En compagnie des humains, mais aussi des vampires nous allons remonter la pente. Alors oui, c'est une renaissance.»


Un léger soupire s'échappa du prince, alors qu'il vint se frotter les yeux et se tut pour laisser ses deux autres interlocuteurs s'exprimer.

« En fait, si Sa Majesté était sincère en ce qui concerne le statut que les elfes pourraient avoir parmi l'alliance... la décision nous reviendrait. Je doute que les vampires vous laissent, vous, Korentin Kohan, décider de leur souverain. Mais peut-être suis-je dans l'erreur. »


« Je n'ai dit à aucun moment que je voulais prendre cette décision pour vous Sire Meraennon. »


Voilà pourquoi Aegnor estimait qu'il devait parler avant quitte à carrément couper la parole du vieil elfe. Il était venu ici tout seul dans l'intention de représenter le peuple sylvain ? On dirait plutôt un humain sénile, au final la face présenter ici des elfes avec leurs faiblesses était bien mieux appropriée que celle qu'avait eu l'intention d'offrir le Meraennon.

Un sourire orna finalement les lèvres du prince alors que la décision de l'empereur des hommes tombait. Prévisible certes, le blond était même assuré qu'il dirait oui, mais il n'empêche, qu'entendre ces mots, faisait chaud au coeur. Les elfes avaient un refuge pour un temps. Ils en avaient besoin après cet exil. Eux qui n'étaient pas habitués à cela, ils allaient leur falloir un petit moment de répit pour remettre de l'ordre dans leurs pensées. Un petit et très court laps de temps bien entendu. Mais ils apprendraient à savourer ce luxe eux qui autrefois étaient éternels.

« Je vous remercie Majesté, cette main que vous nous tendez sera une dette inscrite éternellement dans le coeur des elfes. J'espère que nous pourrons un jour vous venir en aide de la sorte, même si en réalité, je ne souhaite pas le moins du monde que votre peuple se retrouve dans une situation semblable à celle des elfes. »


L’Evanealle effaça finalement son sourire pour redevenir sérieux.

«Cela me convient. Le peuple des elfes parlera d’une seule et même voix, ceci est une certitude. »


Une seule et même voix et non seulement au conseil d’Aigue, mais également lors des conseils de l’alliance. Il y avait déjà fort à parier qu’Eliwyr comptait envoyer des membres de familles pour ravir ces derniers. Voilà bien une chose que le blond ne permettrait pas. Les elfes ne pouvaient plus se permettre la moindre division ici. Et quand bien même il respectait les familles, elles devraient se taire sur l’heure pour le bien des elfes.

« Nous sommes quelques milliers à peine… »


Aegnor n’avait que très peu envie de s’étendre sur le sujet des pertes et de la véritable hécatombe que cela pouvait représenter pour les elfes.

« Certains elfes n’ont pas attendu la décision du départ définitif et sont partis bien avant le gros de notre peuple. Sans doute sont-ils déjà arrivés ici, je l’espère. Quoiqu’ils en soient le premier groupe arrivera avant la fin de la semaine, les suivants dans les semaines qui suivent, mais les derniers n’arriveront pas avant la fin du mois. Cela sera plus facile de nous accueillir que si nous arrivions d’un seul bloc. Les premiers commenceront directement les préparatifs pour l’arrivée des suivants et ainsi de suite. »


Maintenant se posait la question de comment les faire rentrer sans attirer l'attention des Alayiens.

« Cela ne sera pas facile d'éviter d'attirer l'attention sur ce lieu en effet. Mais nous allons faire au mieux. Si je ne me trompe pas, Aigue à plusieurs entrées, des galeries menant aux artères principales afin de rejoindre la ville. Eliwyr, les groupes pourraient prendre des entrées différentes ? Les elfes qui s'évaporeraient ici et là. C'est plus facile a masqué qu'une cohorte d'elfes. »


Mais ceci soulevait un autre problème.

« Cependant, cela diviserait également les forces de l'armée en charge de la protection.»


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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeMar 28 Oct 2014 - 19:20

Le vieil elfe hocha simplement la tête. Il n'aurait pas partie gagnante ici, et il doutait même de le vouloir. Quel ennui que tout ceci. Entre un enfant-roi et un souverain plus roublard qu'il ne voulait bien l'admettre (et dire qu'Aegnor ne semblait même pas s'en être rendu compte, trop heureux de marquer des points). Au rythme où les choses allaient, plutôt qu'Empereur, le jeune elfe serait très vite un courtisan gravitant autour de l'étoile Kohan. Mais ce n'était pas son problème. Cela ne le serait bientôt plus en tout cas.

Nouvel hochement de tête devant la décision du souverain humain. Une fois encore son homologue elfe faisait plus dans la flagornerie qu'autre chose. A moins qu'il ne soit sincère, mais cela ne pouvait pas être possible. Aucun politique, fut-il aussi jeune et idéaliste qu'Aegnor, ne pouvait sincèrement prendre ce genre d'engagement lourd de conséquence au nom de tout un peuple. Eli' préférait croire qu'il s'agissait là d'une tentative maladroite de flatter l'égo de son interlocuteur.

Une fois de plus, Aegnor lui coupa la parole avant même qu'il n'ait eu le temps de répondre. Il aurait tout aussi bien pu être un meuble. Il se demanda brièvement si c'était de cette manière qu'il comptait traiter les autres conseillers elfiques... Probablement. Il profiterait de la situation de crise pour exiger leur obéissance. Et ce n'était pas les humains ou les vampires qui s'y opposeraient. Ces deux races préféraient largement l'obéissance à la pensée, la discipline au débat.

Il ricana intérieurement. S'il n'avait pas eu ses enfants, il aurait pris un plaisir malsain à voir le vieux monde se désagréger. Le meilleur moment du spectacle eut été la partie où le jeune Aegnor se rendait finalement compte que ses idéaux l'avait mené à l'autoritarisme et au militarisme le plus forcené. Et le Beau Peuple, qui affrontait les monstres vampires depuis la nuit des temps, de se voir reléguer à une sorte de mauvaise copie de ces éternels ennemis.

Eliwyr sortit de ses pensées lorsqu'on le questionna. De retour dans son rôle de Conseiller.


Transmettez les positions des entrées au Général. Il fera de son mieux pour que la logistique corresponde aux souhaits de Sa Majesté. Du reste, toute cette planification relève de sa compétence.

Non pas qu'il se désintéressa de la question. Mais le meilleur moyen de tout rater, c'était d'essayer de tout faire soi-même. Il y avait des gens compétents à des postes-clefs, et c'était bien à cela qu'on les payait.

Maintenant que notre exil ici a été accepté, l'aide de l'alliance lui apportera toutes les informations dont il a besoin pour que cela se finisse dans les meilleurs conditions possibles. Et inversement, il enverra un messager vous transmettre toutes celles dont vous aurez besoin, Roi Kohan.

Ceci dit, l'elfe, aussi patient qu'il fut possible de l'être pour un membre de sa race (et un politique par-dessus le marché), se contenta d'attendre sagement d'être congédié. Peut-être y aurait-il d'autres questions, mais il en doutait. L'essentiel avait été dit. Le reste viendrait plus tard.
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MessageSujet: Re: L'union des exilés (Korentin, Aegnor) L'union des exilés (Korentin, Aegnor) Icon_minitimeSam 1 Nov 2014 - 23:26

L'atmosphère demeurait électrique entre les deux elfes, le plus jeune ne cessait de remettre le plus âgé à sa place et même si celui-ci contenait très bien son irritation, on ne pouvait que la ressentir. Ce ne devait pas être facile de se faire rabrouer par un être beaucoup plus jeune que soit, mais ça aurait dû être assez naturel quelque part si les elfes avaient le même respect du nom que les humains... Evenealle... Ce simple nom aurait dû régler la question, et pourtant ce n'était pas le cas. Dans quel pétrin politique les vieux alliés du peuple humain s'étaient-ils donc fourrés ? Au plus mauvais moment en plus...

Korentin gardait le silence, jaugeant prudement cette tension qui l'inquiétait et l'inquiéterait sans doute encore plus à chaque conseil. Il avait bien fait de ne pas permettre que les deux y soient présents, mais si ils ne réglaient pas leur problème alors la tension politique du peuple elfique rejaillirait forcément sur la rebellion, et il ne pourrait pas tolérer cela. Il n'avait absolument aucune envie d'aller se mêler des affaires d'un autre peuple, ayant déjà bien assez de problèmes avec le sien, mais peut-être n'aurait-il pas le choix au final... Un levier savamment choisit, un petit mot dans la bonne oreille au bon moment, une pression à peine esquissée... Tout cela pouvait suffire à renverser le cours de l'histoire d'un peuple quand il était aussi instable. Peut-être même que cela pourrait servir la rébellion... Mais avait-il envie d'en arriver là, même pour le bien de sa cause ? Sans doute pas. Pas vraiment... Cette idée le répugnait même de plus en plus à mesure qu'il réfléchissait et il décida de la laisser de côté au moins le temps de voir si il y aurait un autre chemin. Les habiles intriguants diraient plus tard qu'il avait raté sa chance, mais il y avait des chances dont on ne pouvait vouloir lorsqu'on était un homme intègre, même un empereur.

La voix du plus jeune vint le tirer de ses réflexions, et il accepta ses remerciements d'un signe courtois. La promesse et le choix des mots étaient maladroits, très maladroits même. Cet elfe là avait été éduqué à cette place, c'était indéniable, mais il était clair qu'il avait dû rater quelques leçons. L'humain ne s'en offusqua par pour autant, appréciant malgré tout l'honnêteté presque naïve du prince et s'y retrouvant sans mal. Depuis quand analysait-il chaque mot, chaque phrase de ses interlocuteurs pour y trouver la faille ? Il fut un temps où il aurait simplement remercié joyeusement  l'elfe de sa promesse et l'aurait classé parmi ses amis. Mais ce temps était loin... Il avait beau s'en défendre, il avait tout de même changé. Il se contenta donc d'un sourire réservé mais chaleureux et se permit même une réponse brève :

"Nous sommes déjà dans une situation similaire... Elle est différente par certains aspects, mais tout aussi difficile. Néanmoins je suis heureux de voir que la vieille amitié entre les hommes et les elfes perdure."

Aussi méfiante soit-elle.. Il avait bien capté le regard agacé du conseiller. Celui-ci n'appréciait pas la naïveté de son prince, c'était compréhensible mais très représentatif de l'état d'esprit des elfes les plus âgés. Korentin devrait s'attendre à une entente peut-être moins cordiale avec de nombreux elfes. Peut-être ferait-il mieux de vraiment se rapprocher du plus jeune en vérité... Peut-être devrait-il s'appuyer sur lui plutôt que sur l'autre. Pourtant ce dernier était sage et avisé... Korentin parviendrait-il à ménager les uns et les autres et à ne s'attirer ainsi les foudres d'aucun des deux camps ? Car c'était bien deux camps qui s'opposaient, il en avait la pleine conscience. Ce serait difficile de ne pas être pris entre deux feux, il allait danser sur une corde raide et il n'était pas sur d'avoir l'agilité suffisante pour ça...

Les elfes parleront d'une seule voix... Le jeune l'avait promit et il semblait honnête. Avait-il prit une résolution ? Korentin venait-il de précipiter le destin d'une chiquenaude involontaire plutôt que par une poussée volontaire comme il y avait pensé un instant plus tôt ? Le temps le dirait, et il dirait aussi si c'était une bonne chose ou pas...

La conversation prit un tour plus technique, et il se rassura de voir que les elfes avaient à peu près prévu leur coup quand au déplacement de leur peuple. Ce n'était pas une mince affaire après tout, et même si ils avaient eu de grosses pertes comme ils le signalaient, ça avait été quand même un tour de force logistique toute cette histoire. La parole de l'elfe plus âgé résonnèrent de façon à achever de le rassurer, et il hocha la tête, convaincu. Cet Artaher semblait avoir les cartes en main pour achever l'arrivée des elfes de façon propre et organisée. Il fallait à présent qu'il passe à d'autres affaires souvent moins importantes mais tout aussi urgente. Avec la courtoisie adroite des représentants de sa famille, il acheva donc la discussion :

"Très bien, je pense que nous en avons terminé avec l'essentiel. Vous avez traversé beaucoup d'épreuves et avez sans doute encore beaucoup à faire pour les vôtres. Aigue ne saurait remplacer ce que vous avez perdu, mais je vous encourage tout de même à la voir désormais comme votre nouveau foyer. Mes intendants vont vous installer au mieux."

Un geste vers le garde qui surveillait la porte fut suffisant pour que celui-ci l'ouvre aussitôt, laissant passer deux hommes qui vinrent s'incliner à la manière elfique devant les invités. Korentin avait veillé à ce qu'ils parlent couramment la langue du beau peuple, et soient au fait de ses coutumes. Si il pouvait faire reculer autant que possible la date du prochain incident diplomatique, il n'allait pas s'en priver. Les salutations d'usages accomplies, il pu enfin demeurer seul...
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