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| Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] | |
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| Sujet: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Mar 22 Juil 2014 - 14:50 | |
| Qu’avait-il fait ? Par le Dracos, qu’avait-il fait ? Ce qui s’était passé était-il vraiment la réalité ? Amyelenor avait-il vraiment plongé son épée dans le corps de la Princesse ? Avait-il vraiment perdu l’esprit, au point de laisser cette haine, qu’il ne comprenait pas, à l’égard de la Kohan prendre le dessus ? Pourquoi l’avait-il détesté, d’ailleurs, lui qui l’aimait plus que tout ? Esmelda avait toujours été bonne avec lui, et Amy avait toujours éprouvé de l’affection à son encontre. Alors pourquoi, pourquoi l’avoir haï au point de violer son serment en répandant le Sang Impérial sur sa lame noire ? Cette épée était désormais souillée, tout comme son honneur et sa conscience. Mais plus grave encore que cela, il ignorait s’il avait ou non bel et bien tué la jeune femme. Par les Esprits, si Esmelda pouvait survivre, Amy n’en aurait plus rien à faire de mourir. Non, il mourrait avec grand plaisir et grande joie si cela pouvait sauver la vie d’Esmelda.
Peut-être un quelconque Esprit Supérieur daignerait considérer son sacrifice et accéder à sa demande. Oui, il pouvait toujours essayer, il n’avait plus rien à perdre. Plus rien à perdre… Non, que ferait Atalos sans lui ? La réponse était simple : son Lié mourrait, purement et simplement. Amyelenor avait-il alors le droit d’entraîner son Dragon dans son suicide rédempteur ? Leurs destins étaient certes liés et unis en un seul et même, mais avait-il le droit pour autant d’en disposer aussi égoïstement ? Atalos n’était pas un objet, non, c’était un être vivant doué de conscience et d’intelligence. Une telle décision devrait se prendre à deux, mais alors, quelle valeur aurait-elle ? Non, il ne devait pas penser ainsi, car son suicide ne serait-il pas, après tout, une forme de fuite ? Ne serait-ce pas faire preuve de lâcheté, que de s’en remettre à pareils actes ? Oui, Amyelenor le devait, pour honorer ceux qui avaient – injustement – placé leur confiance en lui ; il le devait, de s’en remettre à la Justice de l’Empereur, et d’accepter ce qui serait dit à l’issue de son jugement.
Soudainement, une profonde inquiétude s’empara d’Amy, si une inquiétude pouvait encore être aussi profonde que celle qu’il éprouvait quant à l’état de la Princesse. Qu’était-il advenu d’Atalos ? Avait-il lui aussi été enfermé ? Non, cela ne se pouvait, car sinon, son Lié au fort caractère aurait réduit Aigue-Royale en cendres, et le Dragonnier n’avait rien entendu de tel. Quelque part, il sentait la présence d’Atalos à travers leur Lien, mais… Mais Amyelenor ne se sentait pas le courage de l’appeler. Il avait failli en tant qu’homme, en tant que Lame Noire, et en tant qu’Âme-Liée. Il n’était plus digne de l’honneur que lui avait fait le Salvateur Céleste en se liant à lui, il y avait de cela bien des années maintenant. Par sa bêtise, Amy avait gâché la vie de celui-ci ; car si un Dragon était toujours admiré, un régicide, malgré son statut de Dragonnier, serait rejeté, et par conséquent, Atalos acquerrait un statut tout aussi ténébreux.
Le cachot où il avait été jeté, bien que situé non loin du Vampire qui s’était rué sur lui juste après sa tentative de meurtre, était humide. Il devait se trouver non loin du lac souterrain. Comme il serait amusant que le mur de pierre brute, à peine taillé, et de terre lâche et que sa cellule soit inondée. Une mort dans la souffrance pour expier ses crimes. Et qui ne serait pas un suicide ! L’atmosphère sentait le moisi et le renfermé, et il y régnait une fraîcheur inattendue par rapport à la moiteur ambiante des autres cavernes. Autrement dit, c’était le lieu parfait pour laisser pourrir quelqu’un, c’était le mot. Passer plusieurs mois enfermés dans ces lieux était une excellente recette pour en ressortir avec une pneumonie du feu de Dracos. Oh, il y avait bien une paillasse de… De paille dans un coin, mais celle-ci était tout aussi humide et avait les mêmes odeurs que sa geôle. Mais elle arrivait quand même à isoler plus ou moins bien de la fraîcheur du sol. Plutôt moins que plus, d’ailleurs.
La présence d’Atalos tendait à se faire plus forte dans son esprit, comme si son Lié cherchait à lui parler. Mais Amyelenor préféra repousser le contact et fermer ses pensées, plutôt qu’affronter son Lié. Il n’était pas d’humeur à supporter une énième dispute. Et même si le Dragon d’Or ne venait pas dans ce but, tant pis, le Dragonnier voulait être seul. Il ne voulait pas qu’Atalos soit lui aussi couvert par l’opprobre qu’Amy avait jeté. Plus vite l’ailé s’en irait, mieux ce serait pour lui et son futur. Toutefois, cela ne semblait pas être au goût de son Âme-Lié, dont la présence se faisait plus insistante, comme s’il cherchait à briser cette armure mentale qui l’isolait de l’extérieur. C’était du Atalos tout craché, cela ; têtu au possible, et ne supportant pas de ne pas pouvoir agir comme il l’entendait. Malgré lui, Amyelenor laissa échapper à cette pensée une pointe d’amour teinté de nostalgie. Mais les mots qui résonnèrent dans leur esprit à eux deux, eux, ne l’étaient pas :
*Va-t-en, Atalos. Je ne suis plus l’homme que tu as connu, alors va-t-en, c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour toi. Laisse-moi mourir pour mon crime.* |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Jeu 31 Juil 2014 - 19:22 | |
| Y avait-il meilleure façon de conclure une bonne journée que par un bon repas ? Et encore l'expression demeurait-elle bien en deçà des prévisions que nourrissait à cet instant l'esprit du dragon d'or : en fait de repas, c'était un véritable festin qu'Atalos envisageait. Et qu'importent les difficultés d'approvisionnement éventuelles ou la nécessité du rationnement, celui qu'on surnommait le Salvateur Céleste avait faim pour la première fois depuis des mois et bien mal avisé serait celui qui prétendrait lui refuser un repas digne de son appétit.
Ainsi déambulait-il dans les couloirs faiblement éclairés de la cité souterraine d'Aigue-Royale, la tête fièrement redressée tandis qu'il retrouvait la démarche impériale caractéristique des représentants de son espèce. En tout au plus quelques heures, son attitude avait considérablement évolué : le dragon terne traînant la patte et grondant à l'encontre du premier bipède qui osait l'approcher à moins d'une dizaine de mètres brillait désormais d'une assurance arrogante et caressait les alentours de son regard flamboyant. Un peu plus tôt, il s'était séparé de Silarae, la jolie dragonne blanche en compagnie de laquelle il avait passé une bonne partie de cette agréable journée, chacun s'en retournant auprès de son lié respectif. Toutefois, lorsque le massif dragon d'or atteignit la grotte de Coeurempire, principale centre de l'activité rebelle, un premier détail vint frapper son attention : plusieurs gardes et même certains badauds semblaient le considérer avec une certaine nervosité. Leurs regards étaient fuyant, craintifs même pourrait-on dire, et si d'ordinaire l'égo du dragon d'or savait apprécier la peur qu'il inspirait auprès des bipèdes les plus impressionnables, un petit quelque chose au fond de lui lui murmurait qu'il y avait cette fois des ennuis en perspective. Sans doute pouvait-on mettre cette sensation sur le compte d'un quelconque instinct, à moins que ce ne fut la difficulté qu'il éprouvait alors à localiser précisément son dragonnier qui l'intriguait ? Le lien était pourtant là, quand bien même il ne le ressentait que faiblement. Après tout, les perturbations de leurs communications avaient été leur quotidien depuis de longs mois maintenant, il n'y avait donc rien de surprenant à ce que ce soit encore le cas ce soir.
Là où les choses devinrent réellement inquiétantes cependant, ce fut lorsqu'Atalos laissa son esprit glisser le long de ce discret fil psychique qui l'unissait constamment à la jeune Lame Noire et qu'il découvrit à son extrémité un esprit qui semblait s'être refermé sur lui-même, comme si Amyelenor cherchait à s'isoler de son dragon. Il était vrai que leurs rapports s'étaient considérablement détériorés ces derniers temps mais jamais au point que l'un ne se referma totalement à l'autre comme c'était le cas en ce moment. A demi-conscient de son environnement tant il était concentré sur son dragonnier, Atalos manqua de peu renverser un chariot de vivres dont le conducteur ne dut le salut qu'à ses éclats de voix. Le dragon d'or secoua la tête avant de grogner à l'attention de celui qui osait ainsi le déranger, mais la situation de son lié l'inquiétait trop que pour qu'il s'attarda plus que nécessaire et il reprit rapidement son chemin vers... les geôles ? Etait-ce parce qu'il interrogeait un prisonnier et ne voulait pas être dérangé que le dragonnier s'était ainsi refermé sur lui-même ? Si tel était bien le cas, son comportement était pour le moins vexant et la perspective de planter là le jeune homme pour s'en aller dévorer son gueuleton tout seul lui aussi vint effleurer l'esprit du jeune dragon. Toutefois, le plaisir que prenait Atalos à manger venait au moins pour moitié du fait de pouvoir partager ce moment avec son lié, du moins dès lors que celui-ci n'essayait pas de l'empoisonner avec de la viande avariée préparée par Dracos savait quel cuisinier manchot.
Atalos laissa soudain échapper un grognement sourd accompagné d'un jet de flammes adroitement maîtrisé, juste de quoi faire prendre leurs jambes à leur cou aux deux curieux dont l'un avait pointé l'écailleux du doigt pour murmurer quelques mots à son congénère. Décidément, la bonne journée qu'il avait passée semblait prendre une bien désagréable tournure, mais n'en déplaise à la mauvaise humeur de son lié, il n'avait pas l'intention de la gâcher. La pression qu'exerçait le dragon sur l'esprit du jeune homme se fit plus forte, plus insistante, exactement comme l'aurait fait un enfant grattant à la porte qu'on refusait de lui ouvrir. Porte qui bientôt lui céda, mais en dépit des espoirs de l'écailleux, ce ne fut que pour le gratifier de quelques mots bien sombres avant de se refermer de nouveau. Amyelenor lui ordonnait de partir ? Parce qu'il n'était plus l'homme qu'il avait connu ? Et il espérait vraiment que le dragon d'or allait le laisser mourir ? Passée la seconde de stupeur, Atalos grogna avec sévérité, avant de littéralement écraser sous le poids de son esprit ancestral les barrières qu'espérait dresser son dragonnier :
* Te laisser mourir ? Et pourquoi pas me faire végétarien pendant que tu y es ? Où es-tu ? Tu es en danger ? Qui ose te menacer ? *
Mais la réponse tardait, à supposer même que son lié ait l'intention d'en formuler une ou simplement... qu'il soit encore en mesure de le faire. Le pas du dragon s'accéléra sensiblement et l'entrée des geôles apparut bientôt devant ses yeux d'or, ainsi que des gardes visiblement bien mal à l'aise à l'idée d'accomplir la tâche qui leur avait été confiée. L'un d'eux finalement, plus courageux ou plus inconscient que les autres, se détacha du groupe pour s'interposer devant le colosse d'écaille.
« Noble dragon d'or, nous... nous vous attendions. Son altesse Korentin Kohan nous a demandé de vous mener auprès de votre lié, mais auparavant, il souhaite que vous donniez votre parole de ne pas... intervenir. »
L'homme déglutit péniblement tandis qu'il soutenait le regard flamboyant du dragon. Lequel dragon n'appréciait que très modérément l'idée même d'avoir à nouveau à se soumettre à un serment bipède de quelque sorte qu'il fut, mais l'absence de baptistrel l'incita à penser qu'il ne serait pas lié autrement que par son engagement personnel. L'esprit du dragon approcha sans douceur de celui du garde pour y laisser résonner toute sa sévérité draconnique :
* Mène moi d'abord à mon lié, bipède, et peut-être que je ne te croquerais pas pour ton audace... *
« Les ordres de l'empereur sont formels, vous devez d'abord promettre sinon je ... »
* Les ordres ? Empereur ou non, je ne réponds à aucune autorité bipède, je suis un dragon. Maintenant mène moi à mon lié ou tu justifieras à ton empereur de la destruction de ses geôles ! *
L'homme hésita un instant mais céda finalement aux ordres du dragon. Sans doute la perspective de finir en pâtée pour dragon ici et maintenant l'effrayait-elle plus que celle, plus lointaine, de se faire remonter les bretelles par son roi pour avoir outrepassé de bien étranges consignes. Pourquoi Korentin craignait-il l'intervention du dragon ? Cette question ne demeura pas sans réponse bien longtemps, et à peine le garde eut-il finit d'expliquer que le dragonnier avait été écroué pour une tentative de meurtre sur la personne de la princesse qu'un puissant rugissement venait résonner dans chacune des cellules de cette aile d'Aigue-Royale. Le soldat s'était éloigné en courant, probablement dans l'intention d'aller chercher du renfort pour le cas où le dragon devait se montrer violent. Sage précaution s'il en était, car ainsi qu'il l'avait laissé entendre dans toute la prison, Atalos n'avait certainement pas l'intention de laisser son lié croupir dans un cachot, eut-il pour cela à user ses griffes jusqu'au sang pour creuser le roc et délivrer le jeune homme.
Le museau de l'écailleux s'avançait déjà vers le couloir qui menait aux cellules, cherchant à estimer si sa carcasse put espérer s'y faufiler et surtout en ressortir, tandis que son esprit revenait tonner avec affolement dans celui de son lié :
* Amy, qu'est-ce que cela veut dire ? Ils prétendent que tu es emprisonné, ils veulent m'empêcher de te voir. Dis moi où tu es, je viens te chercher ! * |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Sam 2 Aoû 2014 - 11:41 | |
| Pourquoi répondre ? Quel intérêt y avait-il encore, désormais, à maintenir un Lien entre eux ? Le terme de la vie d’Amyelenor approchait, car il mourrait pour son crime. Il n’y avait aucune autre issue. Après tout, il avait attaqué un membre du Sang Impérial, celui-là même qu’il avait juré de protéger. Alors, voilà pourquoi le jeune homme ne répondit pas aux questions du Dragon d’Or. Même la remarque de ce dernier sur le végétarisme ne parvint même pas à lui arracher un sourire, alors qu’en temps normal, Amy l’aurait taquiné sur cela. L’inquiétude de l’être céleste était palpable, tellement présente dans son esprit qu’Amy la ressentit avec force, jusqu’à ce qu’il redresse la barrière qui l’isolait et qu’Atalos avait abattu avec tant de hargne et de colère ; mine de rien, l’esprit d’Ata était puissant. C’était la première fois qu’Amy faisait cela, surtout avec autant de volonté. Comme s’il voulait signifier à son lié que son plus cher désir était de couper les ponts de manière définitive. Ce qui était le cas. Mais comment le faire comprendre à cette masse d’amour et d’obstination ? Plus têtu que toutes les mules d’Armanda réunies, Atalos serait capable d’attendre la chute de la dernière des montagnes s’il estimait qu’il devait le faire.
Quelques minutes après la rupture du contact, un puissant rugissement ébranla les galeries de la prison, faisant vibrer dans force bruits métalliques les barreaux des cellules, faisant se recroqueviller les prisonniers apeurés, qui se demandaient ce que signifiait tout ce boucan, et s’ils avaient quelque chose à en craindre. Damné Atalos, ne comprenait-il pas qu’il risquait de s’attirer lui aussi des ennuis en agissant de la sorte ? Voulait-il donc être enfermé également ? Non, une telle solution le mettrait hors de lui, mais alors, pourquoi ne restait-il pas calme ? Amyelenor ne craignait rien, dans l’immédiat, et puis… Il n’avait que ce qu’il méritait. Un traitement de parjure et de régicide. Rien de plus, rien de moins.
A travers leur Lien, il sentait la fébrilité du Dragon, comme si celui-ci se retenait à grand-peine de tout détruire afin de venir à sa rescousse. Du reste, ce devait effectivement être ce qu’il ressentait, car Atalos avait cela pour lui qu’il était extrêmement protecteur envers Amyelenor. Bien que cela était réciproque, Atalos avait néanmoins une stature bien plus menaçante que la sienne, ainsi qu’un potentiel de destruction bien plus développé.
*Surtout, ne bouge pas d’où tu es, Atalos, dit-il mentalement, un peu plus fortement qu’il ne l’aurait voulu. Ne bouge pas, ni n’agresse personne !*
Il était absolument indispensable qu’Atalos soit lavé de tout soupçon, afin que son nom ne soit pas plus terni qu’il ne l’était déjà, à cause des agissements d’Amyelenor. Et ce n’était pas en menaçant de tout détruire pour venir sortir un criminel de sa cellule que cela allait être possible. Peut-être devrait-il essayer de calmer son Lié, plutôt que de se braquer contre lui à chaque question de celui-ci. Après tout, s’il agissait de la sorte, c’était avant tout parce qu’il était inquiet.
*Je vais bien, si c’est ce qui te préoccupe, mais… On ne peut pas en dire autant de tout le monde. Je suis ici pour purger le crime horrible et atroce que j’ai commis. Je suis un meurtrier, Atalos, j’ai… Amyelenor s’interrompit un instant, cherchant ses mots. Il était difficile de parler de quelque chose d’aussi récent, et surtout, d’aussi honteux. Esmelda allait-elle bien ? Dracos, faîtes que oui. Je me suis parjuré, et j’ai attaqué une femme formidable. J’ai planté mon épée dans son ventre, je l’ai… Je l’ai tué. J’ai tué Esmelda, la Princesse. Je la haïssais au lieu de l’aimer, je… J’ignore ce qui m’a pris. Depuis les Bois Sombres, je suis incapable d’éprouver autre chose pour elle que de la haine. Et là… J’ai voulu la tuer, comme si… Comme si… Je suis un assassin.*
Que dire ? Comment expliquer ce qui lui avait pris depuis tous ces mois, et surtout aujourd’hui ? Rien, rien ne pouvait en parler. Lui-même ignorait le pourquoi du comment. Tout ce qu’il savait, c’était que par sa faute, Esmelda était morte, et qu’Atalos était lié à la mauvaise personne.
*Alors je t’en prie, ne viens pas. Abandonne-moi. Il t’est toujours temps de te sauver, de recommencer une nouvelle vie. Va voir un Baptistrel, ou que sais-je, et lie-toi à un autre, plus méritant, meilleur que moi. C’est le mieux pour toi, Atalos. Le mieux pour toi…* |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Dim 10 Aoû 2014 - 16:51 | |
| Ne pas bouger, ne pas bouger, cela lui allait bien de lui donner pareille consigne tiens. Aux dernières nouvelles, les rares fois où les deux liés s'étaient retrouvés séparés contre leur volonté, les évènements n'avaient pas précisément pris une tournure que l'on put qualifier de positive. D'ailleurs, lorsqu'une situation de ce genre se présentait, un même souvenir revenait encore et encore hanter l'esprit du dragon d'or : celui d'une porte se brisant sous ses assauts répétés pour lui offrir le spectacle d'un dragonnier baignant dans son sang tandis que se jetait à sa gorge un vampire à la fine silhouette. Et la seule idée de revivre semblable situation l'incitait à s'avancer plus encore dans le couloir, laissant ses écailles frôler les murs et s'aidant de ses griffes pour essayer de littéralement creuser les parois rocheuses. Toutefois, à peine quelques mètres plus loin, le dragon d'or dut accepter l'évidence dans sa plus subtile cruauté : le couloir se resserrait encore, jamais il ne parviendrait à atteindre la cellule de son dragonnier ainsi et pire encore, s'il insistait, jamais il ne parviendrait à se dégager. A contre-coeur, mais sans pour autant abandonner l'idée de délivrer la jeune lame noire par tout moyen nécessaire, Atalos rebroussa chemin et retrouva bientôt l'air libre, si tant est que l'on put ainsi qualifier l'atmosphère pesante de la cité souterraine. Ses iris d'or croisèrent les regards d'une troupe en armes rassemblée à quelques distances de là, pas spécialement agressive mais dont la présence n'avait guère besoin d'explications. Leurs instructions devaient certainement avoir un rapport avec la maîtrise des faits et gestes du dragon d'or, ce qui n'avait rien d'une perspective particulièrement plaisante fallait-il le préciser. Non seulement l'écailleux n'appréciait-il que très modérément l'idée même que des bipèdes pussent s'octroyer le droit de lui dicter sa conduite d'une quelconque manière, mais en plus le risque que le dragonnier eut à répondre des actes de son dragon demeurait-il bien trop réel à son goût.
* Tu ne me donnes pas l'impression d'aller bien, Amy, et je sais de quoi je parle, je te rappelle que je peux ressentir tes émotions aussi sûrement que je peux ressentir les miennes. *
Et encore cela n'était-il qu'une précision inutile tant la seule intonation qu'avait prise la voix du jeune homme au moment de lui narrer les évènements qui avaient conduit à son emprisonnement suffisait-elle amplement à comprendre le désespoir dans lequel avait sombré le dragonnier.
* Tu as tué la princesse ? *
Il n'y avait pas la plus petite pincée de reproche dans sa question, mais plutôt le plus grand étonnement qu'il fut capable de démontrer. Cet aveux n'avait pas le moindre sens, Amyelenor avait toujours adoré la jeune femme et se rendait malade à la seule idée qu'il put éventuellement la décevoir d'une quelconque manière, pourquoi donc aurait-il voulu lui faire du mal ? Le dragon d'or en secoua la tête, arrachant un sursaut au détachement de soldats chargés de le tenir à l'oeil, tant ces explications lui apparaissaient saugrenues. Après tout, il était mieux placé que quiconque en ce monde pour comprendre les pensées les plus profondes du jeune homme : on ne liait pas son âme à celle d'autrui sans conséquence.
* Tu es beaucoup de choses, Amyelenor Farkstein, mais certainement pas un assassin. Il y a forcément une autre explication à ton geste, Dracos n'aurait pas permis que je me lie à un individu qui put receler semblable noirceur. *
Le regard d'or alternait constamment entre l'entrée des geôles dont l'étroitesse lui arrachait de petits grognements frustrés, et le groupe de soldats qui ne le quittait pas des yeux. Finalement, le dragon revint vers l'entrée de la prison pour s'étendre le long d'un mur, ailes repliées sur le dos, la tête posée sur ses pattes avant croisées devant lui, à moins de deux mètres du passage qui menait aux cellules, pour laisser échapper ce que l'on ne pouvait qualifier que comme un long et profond soupir résigné. Il n'accorda pas la moindre attention aux gardes qui se faisaient mutuellement part de leur soulagement respectif et concentra son esprit sur celui de son lié tandis qu'il affirmait avec toute l'obstination dont il était capable :
* Je ne veux pas me sauver, mon dragonnier m'a appris ce qu'était le courage, ce ne serait pas me montrer digne de lui que de tourner le dos au premier obstacle venu. Et je ne veux pas non plus d'une nouvelle vie, celle que j'ai me conviens parfaitement car nul autre dans ce monde ou dans un autre ne sera jamais plus méritant ou meilleur que celui auquel j'ai décidé de lier mon âme... *
Le ton et le rythme des pensées du dragon d'or étaient monté crescendo, le simple fait de prononcer ces mots, et plus précisément le simple fait qu'il ait eu besoin de les prononcer, avait alimenté sa crispation et sa rancoeur à un point tel que son esprit s'auréolait à présent des sombres nuages d'un orage de colère. Dans le même temps, le dragon avait redressé la tête grognant, soufflant par ses naseaux et claquant des mâchoires pour signifier son mécontentement. En agissant de la sorte cependant, il ravivait également les inquiétudes de la garde qui semblait envisager de plus en plus sérieusement la possibilité d'intervenir. Mais qu'importe, Atalos apprécierait certainement pouvoir évacuer sa frustration par le biais d'un affrontement, fut-il tourné contre des alliés, et ce quand bien même il se limitait encore pour le moment à rugir dans l'esprit de son lié imbécile :
* Et le mieux pour moi serait que mon dragonnier cesse de nous faire perdre du temps avec des inepties indignes de l'homme qu'il est. Continue à parler comme tu le fais, et je réduirais chacune des pierres de cette prison en graviers s'il le faut, pour le plaisir de te croquer moi-même ! *
L'écailleux avait ponctué ses paroles d'un grondement menaçant et d'un petit jet de flamme en guise de semonce aux gardes dont les mains avaient désormais clairement glissés vers les fourreaux et autres boucliers. Soufflant des volutes de fumée par ses naseaux, le dragon d'or reposa lentement la tête sur ses pattes tandis qu'il poursuivait sur un ton brutalement radouci, désormais chargé d'amour et d'inquiétude :
* Il y a un détail qui nous échappe, tu aurais pu tromper n'importe qui sur tes sentiments à l'égard de la princesse, mais pas moi : je sais qu'ils sont sincères, tu n'as pas pu décider de la tuer ainsi. Qu'as-tu ressenti avant de l'attaquer ? Tu étais en colère contre elle ? Avait-elle fait ou dis quelque chose de mal ? *
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Sam 16 Aoû 2014 - 18:22 | |
| Il était illusoire de penser pouvoir cacher quelque chose à son Lié. Illusoire, oui, c’était le mot, et cela pour la seule et simple raison qu’ils partageaient une même Âme, divisée en deux corps distincts, mais néanmoins en contact l’une avec l’autre. Alors, en de telles circonstances, lorsque l’on n’y prenait pas garde, il n’était pas impossible que les émotions de l’un soient ressenties par l’autre. Si Amyelenor avait bel et bien érigé un mur psychique entre eux deux, celui-ci n’avait tenu que dans le sens d’Atalos vers lui. Dans l’autre, il était aussi perméable qu’un mouchoir de soie sous la pluie. Et cela devait expliquer pourquoi son lié ressentait aussi bien ce qu’il essayait de lui cacher.
*Oui, répondit-il à la question du Dragon d’Or. J’ai levé mon épée contre elle, ma lame noire, celle-là même qui devait la protéger, avec laquelle je devais défaire tous ceux qui voulaient s’en prendre à elle… Mais je n’ai pas su la protéger de moi. Sans le savoir, je me suis révélé être son plus grand danger à l’heure actuelle. Je n’ai… J’ai échoué, et j’ai tué…*
Le Dracos aurait-il pu prévoir ce qu’il allait advenir de leur Lien ? Avait-il vu l’invasion Alayienne, le retour de Néant, et sa haine inexpliquée envers la Princesse ? En son for intérieur, Amy savait que non, tout comme il savait que les paroles de son Lié étaient vraies. Les Dragons, êtres majestueux, souverains, et purs, ne pouvaient pas se lier aux sournois et autres pervers. On pouvait reprocher bien des choses à ces créatures célestes, mais certainement pas celle de se fourvoyer sur ceux qu’ils choisissaient. Néanmoins, malgré la beauté de cette explication idyllique, les faits étaient là. L’un des "Elus" avait commis un acte irréparable, une mortelle trahison. Assassin, voilà ce qu’il était, n’en déplaise à Atalos. Comment la qualifier autrement ? Mais malgré cela, ce dernier ne souhaitait pas le quitter, ne le voulait pas, et fermement. Le courage… Etait-ce du courage, ou de l’obstination ? Et la dignité ? Avait-elle véritablement sa place dans cette discussion ? Atalos avait suffisamment d’honneur pour avoir sa propre dignité. Il serait digne, toujours, quoi qu’il fasse.
*Tu ne les connais pas tous, Atalos, ne dis pas de telles choses. Sur toutes les âmes de cette terre, il y en a certainement des plus méritantes que les miennes, dit-il malgré l’énervement croissant qu’il sentait chez son Lié. Si tu veux véritablement te montrer courageux et digne de moi, alors pars, va-t-en, c’est ce qui est le mieux pour toi, je te l’ai dit. Tu es jeune, tu as toute ton existence devant toi pour devenir un fier et majestueux Seigneur du Ciel. Ne gâche pas ta vie en restant auprès d’un parjure meurtrier. Ton avenir est sans moi, Atalos.*
Visiblement, ce n’étaient pas les choses à dire. Aussi l’ancien général ne fut-il pas surpris de l’explosion de colère du Dragon, dont il perçut d’ailleurs le fort grondement, semblable à un tremblement de terre, qui fit tomber des grains de terre et de poussière du plafond. Il lui sembla même voir, à travers la semi-obscurité des cachots, une lueur n’allant pas sans lui rappeler les jets de flammes du Salvateur Céleste. S’il avait véritablement fait ce qu’il pensait, il y avait fort à parier que les Gardes n’allaient pas manquer d’interpréter cela comme une tentative d’évasion.
*S’il y a une chose que je t’empêcherai de faire, Atalos, réagit-il presque aussi violemment. C’est bien celle-ci… Je t’interdis de faire cela, tu entends ? Je te l’interdis. Je mourrai après mon jugement, mais pas avant. Et si tu y vois là des inepties, moi, j’y vois là le commun de tous les traîtres. Et tant pis si cela ne te plaît pas ! Je ne vais pas changer ma manière de raisonner pour te faire plaisir, alors que ton seul devoir devrait être d’aller te quérir un nouveau Dragonnier !*
Sans s’en rendre compte, Amyelenor s’était redressé, bien que toujours assis, durant sa sortie contre Atalos. Se calmant, il se radossa de nouveau à la paroi de sa cellule. Ce n’était pas l’inconfort qui manquait, ici, mais il était bien trop troublé pour s’en soucier. Et quand bien même s’en serait-il rendu compte, il aurait encore trouvé cette geôle bien trop luxueuse pour lui. Cela était toutefois dans un lointain et improbable avenir, surtout après la question soulevée par son Lié. Si lui disaient que ses sentiments étaient sincères, lorsqu’il aimait la Princesse, alors ce devait être vrai. Cela renforça son incompréhension face à ce qu’il avait accompli. Amyelenor n’avait aucun doute sur le fait que c’était lui qui avait porté le coup, mais en effet, lorsqu’il se demandait pourquoi avait-il agi de la sorte, il se retrouvait face à un mur infranchissable. La vérité était qu’il ignorait totalement l’origine de la haine qu’il avait éprouvée depuis des mois, depuis les événements des Bois Sombres, à l’égard de la Princesse.
*Peut-être suis-je plus matois que je n’en ai l’air, Atalos, répondit-il ironiquement. Mais à la vérité, je… Je ne sais plus… Non, Son Altesse n’avait strictement rien fait qui eût pu me mettre hors de moi en des circonstances normales. Et même ainsi, jamais je ne l’aurais attaqué. Je ne sais quoi te dire, c’est comme si… Si un nuage de brume intense s’était soudainement levé dans mon esprit, disparaissant après avoir tué la Princesse. Cette haine que je ressentais… C’est elle qui m’a fait agir ainsi, mais j’en ignore la raison. Comme si… Comme si moi, ou elle, attendait la première occasion pour l’assassiner. Peut-être deviens-je schizophrène.* |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Dim 24 Aoû 2014 - 11:53 | |
| L'essaim des gardes s'agitant autour de lui l'agaçait prodigieusement, et Dracos lui en soit témoin, si l'un d'eux se risquait à franchir cette invisible ligne qui démarquait la zone de confort du dragon, le fougueux imprudent verrait son inconscience récompensée comme il se devait. Ce d'autant plus quand les mots de son dragonnier résonnaient violemment dans l'esprit du dragon d'or. Il lui interdisait d'agir selon sa volonté ? Et comment espérait-il seulement y parvenir, ce petit malin qui s'apitoyait sur son sort ? Depuis le fin fond de sa cellule, sans doute ? Aucun bipède, fut-il dragonnier, n'avait le droit ou même la possibilité physique de le contraindre de quelque manière que ce fut : au mieux le dragon consentait-il à se ranger à l'opinion de son lié, comme il en avait été le cas aux frontières du domaine baptistral, alors que les chanteurs prétendaient soumettre l'écailleux doré à un serment qui n'avait nulle raison d'être. Mais s'il avait alors été prêt à endurer l'affront qui lui avait été imposé, à seule fin de plaire à sa Lame Noire de dragonnier, cette fois le jeune homme poussait le dragon vers des limites qu'il ne franchirait certainement pas. Qu'ils essaient seulement de le juger, ces bipèdes qui se proclamaient rebelles. Qu'ils essaient seulement de le condamner, et alors Aigue toute entière se retrouverait plongée dans un déluge de feu et de sang, parole de dragon.
Grognon, Atalos écouta les explications embrumées de son dragonnier, non sans darder son regard d'or sur la garde de plus en plus nerveuse. Schizophrénie ? Ce serait bien trop simple, trop facile, et de fait, c'était également bien trop impossible : qui mieux qu'un dragon qui partageait votre esprit pouvait se porter garant de votre équilibre mental ?
* Tu entends peut-être des voix dans ton esprit, Amy, mais cette même voix peut t'assurer que ce même esprit se porte bien. Tu n'es pas malade. Ou en tout cas pas de la façon dont tu sembles le croire. *
Pensif, le dragon se remémorait les batailles auxquelles il avait participé, et plus précisément les périodes qui avaient succédé à ces batailles. Le spectacle des survivants s'avançant d'un pas lent et mécanique au milieu des corps d'amis et d'ennemis tombés sous l'acier des lames, le regard vide et l'esprit assaillis de l'envie de pleurer et de hurler tout à la fois. Certains pouvaient ainsi connaître l'horreur de dizaines de bataille, jusqu'à ce qu'un jour, ils en viennent à mener la bataille de trop. Celle dont ils ressortaient certes vivants, mais marqués à vie. Paniqués à la seule idée de brandir leur épée, incapables de dormir sans se retrouver assaillis des plus horribles cauchemars, ayant perdu l'appétit ou faisant preuve d'une agressivité inexpliquée envers leurs proches... Le regard flamboyant du dragon d'or se perdit momentanément dans ses pensées tandis qu'il énumérait ces souvenirs, n'étaient-ce pas exactement les symptômes que lui et son lié avaient enduré ces derniers temps ? En fait, depuis leur combat contre Néant. Car c'était bien cette bataille qui avait marqué le début de leurs difficultés. Etait-ce leur bataille de trop à eux aussi ? Peut-être bien que oui après tout.
* Tu ne t'es jamais posé la question du pourquoi nous nous disputons sans arrêt ? Ton coeur, comme le mien, porte les stigmates de la haine et de l'agressivité, exactement comme ces soldats qui ont vu plus de batailles, plus de sang, plus de morts que leur esprit ne pouvait en tolérer. Je pense... Je crois que notre combat contre l'Esprit du Néant nous a affecté plus que nous ne voulions bien l'admettre. *
Certaines blessures marquaient la chair, d'autres marquaient l'âme, et si le temps pouvait guérir les premières, les secondes se révélaient souvent bien plus sournoises et bien plus difficile à soigner. A supposer même qu'il fut possible de s'en guérir totalement, ce dont on était en droit de douter.
* Tu ne veux vraiment pas que je te sorte de là ? Nous pourrions aller chercher de l'aide, Merithyn m'a expliqué que les baptistrels pouvaient percevoir les ondes cachées d'un esprit grâce à leur magie, peut-être pourront-ils nous dire ce que cette brume de haine cachait dans le tien... *
Et l'ordre des chanteurs leur devait bien cela après tout, s'ils consentaient à aider son dragonnier, alors peut-être le dragon d'or pourrait-il à son tour consentir à oublier l'affront qui lui avait été fait quelques mois plus tôt. |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Sam 6 Sep 2014 - 12:04 | |
| La schizophrénie pouvait-elle réellement expliquer ce qu’il s’était passé ? Jusqu’à présent, Amyelenor avait joui d’un équilibre mental parfait, du moins avant les négociations. Et parfait, autant que possible, il n’était pas assez versé dans cette science-là pour savoir ce qu’était la perfection mentale d’une personne. Mais dans tous les cas, il était dans la normalité, ça oui. S’il avait été fou, cela n’aurait-il pas été découvert bien plus tôt ? Les Lames Noies ne l’auraient-elles pas décelé en lui avant son intégration au sein de leur Ordre ?
*La seule voix qui ait jamais pénétré dans mon esprit est la tienne, Atalos. Là, ce n’est pas tellement ça, c’est plutôt… Amyelenor se tut, cherchant à mettre des mots sur ce qu’il ressentait. C’était comme une sorte de… De présence, comme… L’image qui s’en rapproche le plus, sans être tout à fait exacte, est un peu comme celle d’un marionnettiste. Il laisserait beaucoup de libertés à sa marionnette, mais pourrait la contrôler à tout moment pour l’obliger à faire et ressentir des choses impensables pour le contrôlé s’il n’était pas là. Je suis désolé, l’image est floue, mais je ne sais pas comment l’exprimer ni la décrire.*
Ce dont parla Atalos l’interpella. Oui, il n’avait eu de cesse de se demander ce qui avait pu arriver à leur relation pour qu’elle dégénère ainsi. Au début, il avait mis cela sur le dos de la fatigue, des difficultés de la guerre, du mauvais tournant que celle-ci avait pris une fois de plus, mais… Mais ce n’étaient là que des excuses, des illusions. Oh, il avait remarqué que celui avait suivi la Bataille du Plan Astral, mais… Mais Amyelenor s’était lui aussi braqué, et n’avait plus fait aucun effort pour éviter outre mesure les disputes avec son Lié. Et il s’était enfermé dans ses tâches et fonctions, fuyant le dialogue avec le Dragon d’Or. Eux qui étaient si proches, s’étaient éloignés l’un de l’autre. Cela dit, Amyelenor, bien que tourmenté par les batailles, et surtout, les hommes qu’il n’avait pu sauvé, ou qu’il avait dû sacrifier pour atteindre un objectif plus important, leurs souvenirs le hantaient. Mais c’était là le lot de nombreux Généraux qui commettaient l’erreur d’aimer leurs hommes… non, ce n’était pas une erreur, mais… Un Officier de l’ancien temps avait un jour dit qu’un bon Général devait aimer ses hommes, mais également être capable de sacrifier ce qu’il aimait.
*Penses-tu véritablement que ce soit cela ? Oui, sans doute, tous nos… Notre comportement est changé depuis notre retour, mais… Je ne crois pas que ce soit la bataille en elle-même qui nous ait causé du mal. Nous avons combattu sur de nombreux champs, chacun plus horribles que les précédents, et nous avons toujours tenus, parce que nous étions ensembles, à nous soutenir mutuellement. Là, j’ai l’impression que c’est différent, comme si… Comme si cette bonne femme était responsable de ce que nous sommes devenus, dit-il en référence à la forme féminine du Néant. Nous l’avons vaincu, certes, mais elle a pu trouver le moyen de se venger. C’était un combat difficile, et marquant, certes, mais pas de là à nous traumatiser à ce point. Nous ne sommes pas si fragiles.*
Sortir de là ? Amyelenor n’en avait pas le droit, et Atalos le savait pertinemment. Du reste, cela signerait leur éviction définitive de la Rébellion. Ils seraient alors des traîtres, traqués tant par les Rebelles que par les Alayiens. Aucun lieu sur Armanda ne pourrait leur offrir le moindre refuge, et tenter de voler par-delà les Mers et les Océans semblerait être un moyen détourné de se donner la mort.
*Je ne doute pas des compétences de Merythin, et sans doute lui ou son Ordre seraient-ils capables de tirer au clair la présente situation, mais… Même s’il s’avère que quelque chose m’a manipulé, je resterais coupable de ne pas y avoir résisté, Atalos. Je sais très bien que les serments des Humains t’apparaissent dérisoires, à toi qui appartient à une race si céleste, mais tu sais à travers moi combien ils sont importants pour nous. Et j’ai violé les miens en trempant dans le sang de la Princesse la lame même qui devait servir à la protéger. Je t’aime, Atalos, depuis le premier instant où nos yeux se sont rencontrés, ou ma main a provoqué ton éclosion… Je… Sa voix sembla se briser à travers leur lien. Tu étais si fragile, et pourtant si résistant, et tu avais déjà un sacré caractère, et… Tu es mon doux lié, celui qui m’a changé, Atalos. Et c’est précisément pour cette raison, pour tout ce que je ressens pour toi, que je te demande de ne pas me faire sortir. Je dois être jugé par la Justice de l’Empereur, et en attendant, je dois rester dans cette cellule. Son Altesse était bien plus qu’une simple Princesse à protéger, pour moi.* |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Mar 9 Sep 2014 - 18:29 | |
| Tête posée sur ses pattes avant croisées, le dragon d'or affichait une attitude renfrognée, pour ne pas clairement la qualifier de boudeuse. Visiblement, la réponse que venait de lui communiquer son lié ne lui plaisait pas beaucoup, et de fait, imaginer que sa lame noire de dragonnier put se faire manipuler par une entité quelconque, tel un pantin de chair et d'os, n'était certainement pas de son goût. S'il ne fit aucune remarque sur l'instant, préférant laisser son dragonnier poursuivre le cheminement de ses pensées, il n'en orienta pas moins son esprit au plus près de celui du jeune homme, à la recherche d'il ne savait trop quelle anomalie susceptible d'attirer son attention. Juste au cas où, car si marionnettiste il y avait bel et bien, Atalos se ferait un plaisir de lui apprendre ce qu'il en coûtait de s'attaquer à l'esprit du lié d'un dragon. Son inspection ne découvrit cependant rien de particulier, soit le manipulateur était suffisamment puissant et habile pour dissimuler ses méfaits à la vue même d'un dragon, soit le ressenti d'Amyelenor n'était pas le plus exact qui fut. Le jeune homme apporta cependant de lui même une nouvelle hypothèse à soumettre aux réflexions du colosse d'écailles, évoquant non pas la possibilité d'un trouble traumatique, mais bel et bien celle d'une vengeance directement dirigée contre eux par un Esprit Supérieur. Certes, ils avaient alors vaincu, mais leur victoire revenait avant tout au Dracos qui était parvenu à suffisamment affaiblir l'aînée des esprits pour leur permettre ce miracle, et s'ils avaient effectivement repoussés Néant lors de cette bataille, l'esprit du vide n'avait pas été totalement éliminé pour autant. Sans doute ne le serait-il jamais tout à fait d'ailleurs, car comment pouvait-on détruire ce qui par définition n'existait pas ? Cette constatation n'améliora en rien l'humeur bougonne du dragon d'or, car si effectivement la marionnettiste de son lié était la soeur des esprits supérieurs, il n'y aurait pas grand chose qu'un si jeune dragon put espérer accomplir pour l'en délivrer. Du moins, pas sans un peu d'aide, et si la seule idée qu'il put devoir réclamer le soutien des bipèdes l'exacerbait, Atalos était prêt à oublier sa fierté l'espace d'un instant. Après tout, il en allait du bien-être de son âme liée.
Toutefois, il apparut rapidement que cette extrémité lui serait peut-être épargnée : le dragonnier venait de réfuter l'aide des baptistrels et continuait de culpabiliser, pour le plus grand agacement du doré. Ah pour ça oui, l'habitude qu'avaient les bipèdes de promettre, jurer, assermenter à propos du moindre sujet qui passait à leur portée l'horripilait, et plus encore quand cela les concernait directement, son dragonnier ou lui.
* Prêter serment ne fait pas de toi un surhomme, Amy. Si notre comportement est le fruit d'une manipulation du Néant, il n'y a rien que tu puisses faire pour t'y opposer à toi seul. Tu auras besoin d'aide pour t'en défaire... Nous aurons besoin d'aide pour nous en défaire. *
Il avait insisté sur le nous, comme pour mieux rappeler à son lié qu'il n'était tout simplement pas même envisageable pour lui de laisser le jeune homme affronter seul les conséquences de ses actes. Après tout, le dragonnier avait été, et était encore d'ailleurs, responsable des faits et gestes du dragon d'or, en ce compris lorsque ce dernier accusait l'une ou l'autre bêtise ou provoquait un quelconque incident, alors pourquoi devrait-il en être autrement dans le sens contraire ?
* Et tu m'as changé autant que je t'ai changé, Amy. Je n'aurais éclos sous la main d'aucun autre que toi : tu étais celui que j'attendais, tu es celui que je voulais. Nous sommes liés par bien plus que tu ne peux l'imaginer, ce n'est pas une chose que l'on peut changer, ce n'est pas une chose qui changera. Je sais l'importance que tient la princesse Esmelda dans ton coeur, tout comme je sais l'importance que tu accordes à ton honneur et à ta parole. C'est pour ces raisons et ces raisons seulement que j'accepte de te laisser où tu es, mais en contrepartie, il te faudra accepter que j'y reste avec toi : si l'Empereur veut te juger, il te jugera avec moi ou ne te jugera pas. *
Et le ton ferme du dragon ne laissait aucune place à la négociation, le jeune homme avait lui même reconnu que l'écailleux n'avait jamais manqué de caractère depuis son éclosion, ce n'était certainement pas maintenant qu'il manquerait à cette réputation. Atalos laissa s'échapper un nouveau grognement sonore, l'accompagnant d'une volute de fumée s'échappant de ses mâchoires entrouvertes, avant de préciser non sans une pointe d'irritation devant la patience que réclamait son dragonnier :
* Lorsque cette histoire de justice impériale sera réglée, nous devrions aller à la rencontre de la matriarche draconique. Elle est bien plus sage et autrement plus puissante que moi, peut-être verra-t-elle quelque chose qui m'a échappé. * |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Jeu 11 Sep 2014 - 14:55 | |
| Visiblement, son hypothèse selon laquelle tout cela serait le fruit d’une machination perverse du Néant plongea Atalos dans une profonde réflexion. Son Dragon s’était tu, le laissant parler jusqu’à ce qu’enfin il eût fini. Amyelenor fut un instant tenté de relancer son Lié, afin de savoir ce qu’il en pensait, mais il se retint. Qu’ils soient d’accord ou non ne changerait absolument rien à la situation, ni à l’état de la Princesse. Parler ne la ramènerait pas à la vie, malgré tous les souhaits qu’il pourrait exprimer, lui ou d’autres, d’ailleurs. La Mort avait ceci de particulier qu’elle était irréversible, à l’inverse de la Vie. Un vivant pouvait mourir. Un mort ne pouvait pas revivre : à moins d’être Vampire, mais là, le problème était particulier, et puis ce n’était pas vraiment la question.
Amy remarqua l’intonation particulière qu’avait donnée le Dragon d’Or au pronom « nous », ainsi que le fait qu’il s’était corrigé pour le prononcer. Le message, bien que clair, témoignait de ce que certains appelleraient une marque d’amour indéfectible, mais que l’ancien Général trouvait être, en cet instant, le fruit d’une obstination sans bornes. Il comprenait le désir du Dragon de partager son sort, mais il le refusait. Blâmait-on un père parce que son fils était un assassin ou un voleur ? Blâmait-on le forgeron si l’épée qu’il avait vendue avait servi à massacrer des femmes et des enfants ? Certes pas. Voilà pourquoi Atalos devait accepter cet état de fait, et laisser Amyelenor affronter seul ce qui l’attendrait certainement après jugement.
*Au diable ces croyances de bonne femme, Atalos ! s’emporta le Dragonnier. J’étais une Lame Noire, et Néant ou pas, j’aurais dû résister, et planter cet épée dans mon cœur pour ne pas risquer de la planter dans le sien. Tel aurait dû être mon devoir ! J’aurais dû remédier à cela bien plus tôt, dès les premiers ressentis de cette haine. J’aurais dû me douter que quelque chose n’allait pas.*
Aussitôt qu’il eût prononcé ces paroles, un sentiment de culpabilité l’envahit. Il n’aurait pas dû s’énerver à ce point. Après tout, Atalos ne cherchait à faire rien d‘autre que de l’aider, en témoignait ses paroles suivantes. Le compromis que lui proposait Atalos lui en coûtait, Amy le sentait à travers leur lien. Et il ne pourrait pas obtenir plus, quelque soit la manière dont il s’y prendrait. Le Dragon d’Or ne reculerait plus d’un seul pouce. A lui donc de lâcher un peu de corde.
*Je suis désolé. Je… J’ai les nerfs à fleur de peau… C’est d’accord, j’accepte, mais à la condition seule que tu ne feras aucun grabuge qui pourrait te porter préjudice, Atalos. La situation est déjà suffisamment explosive pour ne pas provoquer d’émeutes au sein de la Rébellion.*
Un bruit sourd retentit dans les cavernes de la prison, et à celui-ci, Amyelenor reconnut un grondement poussé par Atalos. S’il y avait des gardes là-dehors, ceux-ci devaient craindre un souffle de flammes à tout instant. En d’autres circonstances, Amyelenor se serait amusé de leurs craintes, avant d’aller les rassurer. Mais en cet instant, il n’avait ni l’envie de le faire, ni même la possibilité, cloisonné qu’il était derrière de solides barreaux métalliques.
*Si tu penses que nous ne risquons pas de l’embêter avec nos problèmes de mortels, alors nous irons, si tu veux, mais… En aurons-nous le temps ? Chaque jour, les rapports signalent que les Alayiens raffermissent leur emprise sur l’Empire. Et le Néant lui-même… Je ne suis pas superstitieux, Atalos, mais le fait que j’ai assassiné la Princesse, juste en cet instant… Quelque chose se prépare…* |
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| Sujet: Re: Une Lueur d'Or dans les Ténèbres [PV Atalos] Mer 17 Sep 2014 - 18:40 | |
| Croyances de bonne femme ? C'étaient bien là les mots qu'avaient prononcé son lié ? L'opinion d'un dragon, créature céleste et majestueuse entre toutes, comparée aux commérages et autres superstitions qu'affectionnaient le sexe que la gent masculine humaine appréciait désigner comme faible. S'il n'avait été dragonnier, et plus précisément encore, s'il n'avait été son propre dragonnier, Atalos n'eut guère attendu longtemps avant de démonter cette prison pierre par pierre pour le seul plaisir de broyer l'impudent entre ses crocs. Quoiqu'à bien y réfléchir, l'idée n'était pas encore à écarter ou du moins était-ce l'impression du dragon devant les imbécilités que venait lui clamer haut et fort son lié. Se planter sa propre épée dans le coeur, voilà donc l'image qu'il avait du devoir d'un dragonnier, le devoir d'un élu du Dracos. Les bipèdes avaient un proverbe qui préconisait ''mieux vaut entendre cela qu'être sourd'' , mais dans le cas présent, le dragon d'or aurait certainement hésité plus que de raison, tant la surdité lui semblait préférable. Encore que pas même ce handicap ne l'eut épargné, en vérité, puisque les deux liés communiquaient par l'intermédiaire de l'union de leurs pensées.
Heureusement, les excuses ne se firent pas attendre et l'amour qu'il vouait à son lié aidant, la grogne du dragon doré s'envola aussi rapidement qu'elle avait déferlé dans son esprit. Qui mieux que lui pouvait comprendre la nervosité du jeune homme après tout ? Il connaissait la valeur qu'accordait Amyelenor à la vie en général, et à celle de ceux qu'il avait juré de protéger plus particulièrement encore : se retrouver écroué pour avoir assassiné la princesse était un prétexte plus que suffisant pour succomber au désarroi et à la colère. Il ne lui en tiendrait pas rigueur donc, et sa voix s'auréola d'une compréhension certaine lorsqu'il approuva la proposition que venait de lui faire son lié.
* Tu as la négociation tenace, mais c'est entendu : je reste ici, avec toi, mais je ne ferais rien qui puisse me porter préjudice. *
Ce qui impliquait qu'il ne s'opposerait pas à ce que son dragonnier eut à affronter le jugement de ses pairs, et ce quand bien même jamais l'intégrité d'un élu du Dracos n'aurait jamais dû être remise en question par quelques bipèdes, tout empereur, magistrats ou nobles qu'ils fussent. Mais ce que le dragon se garderait bien de préciser, c'était que la condamnation elle-même n'entrait pas dans le cadre de cette promesse. Car enfin, si son lié devait être privé de liberté pour un temps excessivement long ou pire encore, exécuté, l'intégrité physique du dragon serait remise en question et une intervention, possiblement musclée, serait dès lors plus qu'amplement justifiée. Et ce n'était certainement pas la perspective de plonger Aigue Royale dans une tempête de feu et de sang qui le ferait changer d'opinion sur ce sujet. Cette affaire réglée, le dragon aborda l'autre sujet de leur conversation :
* Ce n'est pas qu'un problème de mortels, Amy. Pour commencer, cela concerne un dragonnier donc un dragon, et ce seul fait surclasse considérablement ce que l'on peut appeler un problème de mortels. Ensuite, je suis persuadé que Néant est mêlée à nos problèmes, d'une manière ou d'une autre. Il faut que l'on sache en quoi et la matriarche pourra peut-être nous y aider, cela vaut la peine d'essayer. Quant à ce que préparent les Alayiens... nous le verrons en temps voulu, là aussi. La priorité pour l'instant est de te faire sortir de là, à moins que tu n'aies une suggestion susceptible de te permettre de combattre l'envahisseur depuis les geôles ? *
Sarcastique, lui ? Peut-être un peu, mais la situation ne s'y prêtait-elle pas ? En dépit de cette aigreur mentale toutefois, l'atmosphère à l'extérieur semblait sensiblement se détendre : la garde conservait encore un oeil discret sur les agissements du dragon d'or mais sa position allongée et son relâchement apparent aidaient à apaiser les craintes des soldats.
Longues et monotones, les minutes s'égrainèrent dans le calme, à tel point que même les gardes les plus anxieux avaient repris leurs activités et ne semblaient plus porter attention à l'écailleux. Au bout d'un moment, pour rompre le silence autant que l'ennui de l'attente, Atalos ramena son esprit vers celui de son lié, le temps d'une étreinte mentale avant de laisser échapper une question moins innocente qu'il ne s'était efforcé de le laisser paraître :
* Amy ? Dis moi, juste comme ça... Tu t'y prendrais comment, toi, si tu devais... enfin si tu voulais... imaginons... séduire une dragonne ? *
Bien sûr que non, il n'était pas hésitant. Il était un dragon fier et assuré, pourquoi aurait-il dû être gêné de poser une question à son dragonnier ? Il ne faisait qu'essayer de lui faire la conversation pour l'aider à tromper l'ennui de son enfermement, sur un sujet parfaitement anodin et sans rapport aucun avec la journée qu'il avait passée à survoler Gloria en compagnie d'une dragonne aux blanches écailles, rien de plus. Rien de plus. |
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