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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
Nous jouons actuellement en Octobre-Novembre-Décembre de l'an 7 de l'ère d'Obsidienne (équivalent de l'an 1760 d'Argent).



 
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Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE

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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeDim 8 Juin 2014 - 19:39

Sa rencontre avec Lisaë Terendul avait été... âpre. Pour ne pas dire pire. Les mots avec lesquelles elle l'avait poignardé, les regards avec lesquels elle avait voulu le briser... Et le pire c'était qu'Eliowir ne pouvait lui en vouloir. Il comprenait ce qu'elle ressentait. En un sens, elle avait même dit tout haut, ce qu'il pensait tout bas, en son for intérieur. Sauf que lui... Il devait vivre avec cela tous les jours que Dracos faisait. Il devait vivre avec ces pensées, ces sensations, cette haine de lui-même, tous les jours, en tout temps et à chaque instant. A jamais. Comment pouvait-il alors se battre contre elle et contre les accusations amères et douloureuses dont elle l'affublait ?

Il s'était donc défendu de façon bien molle, cédant le terrain de ce nouveau champ de bataille dont elle défendait les frontières telle une mère en furie. Une mère, qu'une fois encore il comprenait. Sans doute aurait-il réagi exactement pareil si les rôles avaient été inversés.

Toujours était-il que cette confrontation avait eu au moins un mérite. Elle le confortait dans ses pensées, ses idées de nouveau chemin à suivre : il ne pouvait éternellement rester ici, en ces terres elfiques. Quand bien même on le lui permettait encore...

Car oui, il était intimement persuadé que, même au vu de son meurtre impardonnable, il serait autorisé à rester en terre elfique, même si certainement sous rudes conditions. Et même si Lisaë menaçait de saisir le Conseil, il savait que ce dernier se laisserait convaincre même si difficilement. Après tout, des elfes tels que lui combinant toutes les expériences qu'il recelait, il y en avait bien peu. Et ses expériences ne pouvaient qu'être utiles au peuple elfique : combat en pleine guerre vampirique, Grand-maitre mage reconverti aux arts de la guerre, expérience de guerre contre les Alayiens et tout son savoir sur eux, tout son savoir sur les vampires qui se disaient leurs nouveaux alliés depuis la trêve contractée il y a peu, tout son savoir enfin sur le peuple humain qui mine de rien, à terme, pouvait menacer le royaume elfique quand le temps serait venu, quelque maigre savoir sur les dragons venant compléter la mémoire tronquée des elfes... Il n'était après tout pas la mémoire des elfes pour rien non plus. Oui, tous ces savoirs combinés en un seul être ne pouvait que convaincre le Conseil. Après tout, si Eliwyr s'était laissé convaincre si facilement, avec leur passé commun pourtant délicat, ce n'était pas pour rien. Les menaces de Lisaë Terendul au sujet du Conseil ne lui faisaient donc ni chaud ni froid.

Non, ce qui lui faisait penser qu'il ne pouvait rester, n'était ni les Terendul, maudits soient-ils, ni le Conseil, maudit soit-il aussi lui et ses complots. Non, ce qui lui faisait penser cela et lui faisait même penser à rejoindre la Rébellion, c'était le fait qu'en restant ici... il ne serait d'aucune utilité, d'aucune réelle aide pour son peuple. Bien au contraire. Il pourrait certes partager avec eux son expérience et son savoir... mais cela était finalement si peu en comparaison de ce qui se préparait au delà des frontières. Et son expérience et son savoir... Il en avait déjà consigné beaucoup sur parchemins, qu'il escomptait bien confier, en temps utile, à l'Empereur légitime. Quelqu'il soit. Qu'il se nomme Evanealle ou pas. Ces expériences et ce savoir écrits serviraient les elfes comme ils se devraient... et alors le vieil elfe ne servirait plus à rien. Et serait même un poids pour le nouvel Empereur qui l'aurait autorisé à rester. Cela serait une preuve qu'on désignerait à tout va pour saper l'autorité nouvelle de cet Empereur. Cela serait comme une souillure sur ce nouveau règne. Or qu'il s'agisse d'Eliwyr, ou qu'il s'agisse du jeune Aegnor si celui-ci se décidait enfin à prendre ses responsabilités, comme les rumeurs le prétendaient, les choses ne seraient faciles ni pour l'un ni pour l'autre et ils n'auraient nul besoin de ce souci supplémentaire sur les épaules.

Non, nul besoin de cela dans cette période de crise pour les elfes, pour son peuple, qui, même si celui-ci le reniait, restait son peuple au fond de son âme. Un peuple qu'il aimait, chérissait, et qu'il voulait protéger. Ici, en ces sombres et belles forêts, il ne pouvait les protéger réellement, pas efficacement du moins, et certainement pas éternellement. Par contre, au sein de la Rébellion... Ainsi il songeait de plus en plus à la rejoindre.

Non, en fait, il avait enfin pleinement décidé qu'il devait la rejoindre. Avec l'accord de l'Empereur si possible, tant qu'à faire. Qu'il ne soit pas dit qu'il soit non plus un ingrat fuyant devant tant de haine, après le geste délicat qu'on avait eu la bonté de lui accorder, en l'autorisant, officieusement en attendant l'officiellement, à rester. Or à savoir quel Empereur il devait consulter... Eliowir aurait aimé l'aval des deux prétendants, en attendant que leur différent soit éclairé. Voir Eliwyr serait abordable, avec un peu de ruse, mais pouvoir aborder le jeune Aegnor... C'était là chose quasiment impossible, le gamin semblait bien gardé par les sbires de Terendul. Eliowir allait donc devoir se confronter au Général, aussi difficile cela lui semblait-il, et le convaincre de lui obtenir une entrevue avec Aegnor.

C'est ainsi qu'il se retrouvait, devant la porte des Terendul, sur leur seuil, en proie aux doutes et à une sombre appréhension. Il se força au calme, tenta de plaquer son masque de politesse le plus imperturbable, le plus impassible, et se redressa en bon lion, se drapant dans son altière arrogance, avant d'enfin oser frapper. Et d'attendre... d'attendre... d'attendre, les coups sourds du temps semblant se faire marteler plus durement en son coeur tambour.





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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeJeu 12 Juin 2014 - 15:55


Il était consigné dans la maison familiale sans possibilités de sortir. Pire encore, pourtant, que d’être traité comme un simple prisonnier dans sa propre maison, il avait fallu que son père ordonne à des soldats de le surveiller, renforçant encore le sentiment qu’il avait d’être pris au piège. Un animal en cage voilà ce qu’il était à l’heure actuelle. Un animal apparemment dangereux, vu comment on l’observait… Et bien si son paternel avait voulu rendre plus vivace encore la sensation qu’il n’était pas le bienvenu et qu’il pouvait comprendre leur ennemi, alors c’était parfaitement réussi, chapeau bas. Il n’avait qu’une envie, c’était de disparaitre loin en emmenant Aranël avec lui, ainsi que Enetari. Tout ça pour quoi ? Pour un sort. Parce que son imbécile de paternel n’était pas capable de faire preuve d’ouverture d’esprit, voilà qu’il lui imposait cet enfermement. Et évidement il n’avait d’autre soutient qu’Aranël… Son frère lui suffisait, très souvent, mais pas cette fois. Il aurait voulu davantage. Hélas, beaucoup d’elfes, y compris dans sa propre famille, considèreraient cela comme une abomination. Pourquoi ? Simplement parce que les elfes étaient les ennemis des vampires ? Est-ce que cela suffisait vraiment à justifier leur bêtise ? Critique, il estimait que non et campait sur ses positions, dans l’intimité de son esprit puisqu’il avait résolu de toute façon de traiter ses gardes, et son père, comme de simples meubles jusqu’à nouvel ordre. Puisqu’ils voulaient se conduire comme des têtes de bois, il agirait envers eux comme des meubles… Ce n’était certes pas de la justice, mais ça avait le mérite de lui offrir un semblant de satisfaction personnelle. C’était tout, cependant, et il devait avouer que toute activité d’intérieur, strictement encadrée et surveillée, devenait vite lassante. Il ne s’énervait pas, encore moins capable de cela après son coup de sang près de la frontière du royaume, mais ça ne l’empêchait pas de vouloir empoisonner ces troubles fêtes dès qu’ils avaient le malheur de signifier leur présence par un geste ou une interdiction.

On vérifiait tous ce qu’il lisait, tous ce qu’il faisait, même ses inventions… Lui qui détestait être bridé, voilà qu’il portait un harnais invisible attaché soit à ces deux molosses, soit à son irritant géniteur. Sa mère seule lui était un lot relativement agréable, au sens où elle n’était pas aussi intrusive et grossière que les autres, et était sincère dans son désir de lui venir en aide. Il ne parvenait plus à imaginer correctement, si ce n’était des plans de fuite plus rocambolesques les uns que les autres. Il allait bien finir par trouver une solution adéquate pour se sortir de son mauvais pas, il fallait simplement patienter, attendre son heure sans se trahir. Il y avait toujours une opportunité, à un moment où un autre, et il comptait bien saisir la sienne quand elle viendrait. D’où viendrait-elle d’ailleurs ? Il pariait bien entendu sur sa mère, c’était le plus probable au vu de sa douceur et du fait qu’elle était presque complètement acquise à sa cause. Mais il ne fallait négliger aucunes pistes… Surtout que Lisaë était particulièrement vive et intelligente. Contrairement à son lourdaud de père. Dans tous les cas, son opportunité si attendue ne semblait pas encore se décider à arriver. Heureusement qu’il était patient, mais à force, il risquait fort de s’arranger pour faire exploser Aranël de colère et en profiter pour s’esquiver sachant que son frère monopoliserait toute l’attention. Il n’eut cependant pas à le faire, à son grand étonnement, lorsqu’un importun vint une journée se présenter à la porte de la grande maison de sa famille, alors que ses parents, frère et sœur étaient parti à l’extérieur. De qui pouvait-il s’agir exactement ? Aucune réelle idée, du moins, il n’avait aucune identité de la personne en question ou de son nom mais il avait un nom à lui donner, qui venait sans le moindre souci. C’était son opportunité. Feignant parfaitement d’être prit dans son montagne animalier, il sentit les deux gardes s’éloigner.

Evidemment, on n’allait pas vraiment le laisser aller ouvrir, ils le feraient forcément. Il entendit la porte s’ouvrir, les gardes s’adresser au nouveau venu… Esquissant une moue légèrement satisfaite, il se releva et, le plus discrètement du monde, ouvrant le rideau de la fenêtre pour se glisser à l’extérieur. Il grimpa tant bien que mal sur le bord de bois entourant la maison et se mit à descendre, à l’abri des regards. Arrivé au niveau du sol, il entendit distinctement les exclamations des gardes qui venaient de s’apercevoir de sa disparition… Détalant joyeusement en direction du quartier marchand pour espérer se fondre dans la foule et s’en aller rôder dans la forge du maître armurier, il n’accorda pas à la maison ou à ce qui se trouvait dans son dos la moindre attention, persuadé que les gardes ne le suivraient pas.
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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeDim 15 Juin 2014 - 18:53

Un battement de coeur, puis deux, puis trois, se muant en un tambour battant, au même rythme effréné que les grains s'écoulant dans le sablier du temps... à tel point qu'il crut un instant qu'on ne lui ouvrirait pas. Jusqu'à ce qu'enfin le lourd battant de bois se dérobe lentement sous ses yeux pour révéler dans l'encadrement un fier soldat elfique. Un soldat qu'il ne reconnut pas... mais qui sembla, quant à lui, le reconnaitre sans mal. Etait-ce les cicatrices ou son allure générale qui venait de révéler son identité au jeune elfe devant lui ? Eliowir n'en eut aucune idée. Mais le sifflement interloqué, teinté d'une étrange colère et d'un brin de mépris, que lui offrit le garde, quand il daigna adresser la parole au visiteur qu'Eliowir était, ne laissa aucun doute sur la question.

- Vous, fit le garde.

Pas un salut, pas l'ombre de cette politesse normalement toute elfique. Rien. A croire que les moeurs elfiques se perdaient bel et bien, songea, amer, le vieil elfe. En temps normal, il aurait dû lui-même offrir le salut cérémonial, son statut de paria le propulsant si bas sous terre que même un garde lui était supérieur en grade. Ou du moins était censé l'être. Mais le lion en lui ne put que rugir de colère et se révulser à cette idée. Le vieil elfe resta donc bien droit, fier, altier, le menton levé presque en signe de défi, toisant l'autre de sa haute stature, lui accordant un regard, si ce n'est méprisant, du moins des plus hautains.

- Oui, moi. Eliowir de la maison Serillëiel, digne famille héritière de la Mémoire des Elfes. Pour ne pas vous plaire. Je viens...

Mais il n'eut guère le temps de préciser la raison de sa venue, que du brouhaha se fit entendre derrière le garde. Eliowir aperçut rapidement, à travers une ouverture devant lui, une silhouette fine et svelte se faufiler sur le bord en bois qui entourait la maison. Qui l'entourait à l'extérieur... Qu'est-ce que faisait donc cette silhouette en équilibre précaire à cet endroit ?

Mais là encore, il n'eut guère le temps d'approfondir la question, que déjà deux autres gardes arrivaient au pas de course à l'entrée, et, étouffant moult jurons des plus imagés, apostrophèrent leur collègue :

- Le gamin a disparu. Il n'est plus dans sa chambre.

Le timbre fort et rapeux semblait empreint d'une certaine inquiétude. Et visiblement aucun des trois gardes présents n'avaient vu la silhouette esquisser mouvement vers le bas à travers la fenêtre grande ouverte qui faisait face à la porte d'entrée. Etaient-ils donc aveugles ? ou simplets ? Ou... gardes tout simplement ? Il ne fallait guère demander beaucoup à des gardes, après tout...

- La fenêtre de sa chambre était ouverte, il a dû réussir à se faufiler dehors. Toi, va vérifier tout de même en fouillant la maison. Vu comment le gamin est futé, ca pourrait bien être une ruse. Toi, suis-moi, et ferme donc la porte, les intrus sont malvenus pour le moment. Nous allons fouiller les environs extérieur.

Et se disant, les deux gardes passèrent devant Eliowir pour sortir au dehors et fermèrent la porte derrière eux, au nez du vieil elfe, sans un regard ni même un mot à son égard. Eliowir se retint de commenter d'un sarcasme acide et préféra réfléchir à la situation.. rocambolesque.. étrange... et déroutante dans laquelle il venait de tomber.

Il venait demander audience au général, qui visiblement était absent... et pour tout accueil on venait de lui fermer la porte au nez pour aller partir à la recherche d'un gamin en fuite. Un gamin... un gamin !

Et soudain Eliowir ébaucha un semblant de compréhension. Des renseignements qu'il avait pu avoir, il avait appris que le général avait des enfants. Trois précisément. Ce qui lui avait été quasiment confirmé lors de sa rencontre avec Lisae, la digne femme du général Terendul. Et visiblement l'un d'eux s'était échappé. Pourquoi donc s'était-il sauvé en douce de cette façon presque sournoise ? Sans doute avait-il été puni ou quelque chose de ce genre, et consigné dans sa chambre ? Voilà bien le genre de punitions qui étonnait quelque peu Eliowir, lui qui avait été habitué à d'autres formes plus... radicales. Coups de cane sur les mains ou dans le dos, ou encore destruction de l'objet illicite et inconvenant, comme ses instruments de musique. Mais jamais il n'avait été consigné dans sa chambre. Consigné aux études oui, mais sinon... Voilà donc bien une étrange méthode d'éducation encore. S'ébrouant pour chasser ses soudains souvenirs, il s'apprêtait à repartir, se résignant à reporter sa visite, quand une idée lui vint à l'esprit.

Si le môme était sorti sans autorisation, et surtout s'il était sorti grâce à sa visite à lui, cela allait encore lui retomber sur le dos. Et puis, allez savoir ce que le gosse était capable de faire ? Il pourrait bien se blesser, ou se perdre s'il vadrouillait or du royaume... Ce n'était après tout qu'un enfant, de ce qu'il avait cru comprendre. Peut-être vaudrait-il mieux qu'il tente de le retrouver lui-même ? Les gardes étaient partis dans la mauvaise direction. Lui qui avait vu, par une des fenêtres, le garçon descendre par l'arrière de la maison, il ne pouvait en déduire qu'une seule option : le garçon se dirigeait sans doute vers le quartier marchand. Alors que les gardes, idiots soient-ils, étaient partis vers la place principale. Il fallait d'ailleurs vraiment être des buses ineptes à penser pour s'imaginer qu'un fuyard irait sur la place principale...

Et se disant, pestant contre les gardes, le môme, la famille Terendul dans son entier, et Dracos lui-même, Eliowir partit d'un bon pas vers ledit quartier, non sans remettre sa capuche sur sa tête, histoire de ne pas non plus trop attirer l'attention. Pas suicidaire non plus, le vieux lion. Il passa rapidement du pas à la presque course... qui se transforma bien vite en véritable sprint quand il aperçut la frêle silhouette tourner à un arbre. Direction bel et bien le quartier marchand. Bougre de gosse ! S'il y parvenait, non seulement il risquait de se fondre dans la masse de gens agglutinés souvent là bas, mais qui plus est il mettrait le vieil elfe en très mauvaise posture. Eliowir pressa donc encore le pas, courant vivement et puisant dans les forces de son cher totem pour forcer encore l'allure. Visiblement le môme n'était lui-même pas un sprinteur né. Heureusement pour le vieux lion.

Le gamin était toutefois encore bien loin devant lui. Essoufflé et peinant à garder l'allure soutenue, Eliowir opta pour une parade, certes mesquine, mais nécessaire, et invoqua une barrière de ronces qui se dressa ainsi devant le garçon, lui obstruant le chemin. Certes, le gamin pourrait tenter de la franchir en grimpant par dessus, mais ce serait au prix de sacrées écorchures. Il pourrait aussi la détruire par magie, mais Eliowir s'apprêtait alors à riposter lui aussi en réinvoquant barrière sur barrière. Et non, il se refusait d'user de magie sur le gosse. Dracos merci, il préférait ne pas ouvrir sa boite de pandore. Outre que Terendul l'étriperait alors, Eliowir préférait l'éviter, trop peu confiant en lui-même à cette idée. Il aurait l'impression de récidiver un acte abjecte. Sans compter, que de trop vieux souvenirs le hantaient encore pour qu'il parvienne à retenir le flot de folie qui pourrait bien le submerger s'il osait un tel geste. Non, pas de magie sur le gamin lui-même. Dut-il épuiser ses forces à courir ainsi derrière lui.

Heureusement pour le vieux lion, le gamin avait semblé surpris par cette soudaine barrière, et Eliowir était parvenu à le rattraper. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres l'un de l'autre, et Eliowir héla alors le gosse.

- Ne cours pas ainsi, petit. Attends, ne cours pas. Ne m'oblige pas encore à t'enfermer de ronces pour t'empêcher de fuir. Et d'ailleurs... pourquoi fuis-tu ? Ou peut-être... qui fuis-tu ? Ajouta-t-il, un fin sourire narquois s'esquissant alors qu'il songeait que, si ca se trouvait, le gamin fuyait son propre père.

Voilà bien qui ne l'étonnerait guère d'ailleurs, aux souvenirs qu'il avait du fier et exigeant général.

Eliowir dut toutefois s'arrêter quelque peu, mains sur les genoux, peinant à reprendre son souffle, sa capuche de cape tombant alors de côté révélant ses traits balafrés.

- Ne me dis pas que notre cher Général est aussi intransigeant avec ses enfants qu'avec ses soldats. Car tu es bien un de ses enfants, n'est-ce pas ? Puis-je d'ailleurs savoir ton nom, enfant Terendul ? Osa-t-il demander, toujours essoufflé, tout en accordant toutefois un rapide salut cérémonial.

Sans pour autant tenir la pose. Il ne fallait pas exagérer non plus. Et puis ce n'était pas comme s'ils n'avaient pas déjà dérogé à tout protocole. Alors un peu plus ou un peu moins... Il tut aussi le fait qu'il ne s'était pas présenté lui-même. Il n'en avait guère envie. Pas la peine d'effrayer plus encore le gamin. En espérant toutefois que ce dernier ne l'ait pas reconnu, si jamais son père était venu à parler de lui...

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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeLun 16 Juin 2014 - 14:25


Il était libre ! Pas sortit d’affaire, pas encore, mais au moins il était libre et il pouvait agir comme bon lui semblait sans avoir des gardes juste derrière l’épaule, à l’observer comme si il était un mécanisme prêt à dérailler à n’importe quel instant. Sans avoir son père qu’il le traitait comme un pestiféré ou que savait-il encore. Depuis quelques jours c’était un véritable festival et garder en mémoire la moindre stupidité ne lui était pas particulièrement amusant. Bien au contraire. Mais heureusement c’était terminé pour au moins quelques heures. Au minimum. Il allait s’engouffrer dans le quartier marchand, s’enterrer dans la forge et ne plus en ressortir jusqu’à ce que le besoin s’en fasse vraiment sentir. Peut-être même ne reviendrait-il pas du tout, cela leur ferait les pieds après tout. Il pouvait très bien se trouver une monture et quitter le royaume elfique. Pour le coup, il serait définitivement débarrassé de son imbécile de patriarche. Mais cela voudrait également abandonner son frère et il ne pouvait pas. Et Aegnor également, le pauvre ne risquait pas de faire grand-chose sans lui… ou alors si, mais des bêtises ! Vu comment l’Evanaelle fonçait tête baissée avec l’enthousiasme d’un buffle furieux, il valait mieux que quelqu’un rattrape le coup quand c’était possible. Il allait finir par s’attirer de gros ennuis. Bon, au moins il allait profiter pour prendre un bon bol d’air… et planquer son livre sur la magie vampirique avant qu’on ne le trouve et le brûle. Oui, ça c’était une bonne solution. De toute façon personne ne parviendrait à le trouver de sitôt ! Seul son jumeau était au courant de ses cachettes et il savait qu’Aranël ne dirait rien à personne. C’était presque trop facile.

Trop facile effectivement. Il aurait dû se méfier davantage, mais sur le coup, l’ivresse de cette victoire facile l’avait emporté. Il s’était mis à courir à bonne allure, juste assez pour ne pas perdre de temps mais pas non plus trop afin de ne pas se fatiguer outre mesure. Et puis pourquoi se serait-il réellement pressé ? Ces imbéciles de gardes devaient le chercher un peu partout sauf là où il fallait vraiment, usant plus de leur capacité à obéir limitée que de leur intelligence, si toutefois ils en avaient une. Il n’aurait jamais pensé un seul instant que quelqu’un d’autre serait venu se mêler de cette histoire et encore moins l’invité de ses parents, qui sans aucun doute serait aussi ennuyant que cérémonieux, avec ces tics purement elfique qui donnaient parfois l’impression qu’ils s’étaient enfoncés un cactus profondément dans un orifice non prévu à cet effet. Pour le coup, lorsqu’il vit la muraille de ronces bondir hors de terre pour lui barrer la route, il fut effectivement très surpris et pila net pour éviter de se jeter dans les épines accueillantes qui n’attendaient que de lui déchirer vêtements et chair. Légèrement haletant, il observa cet obstacle soudain et inattendu qui lui barrait la route… et qui, accessoirement, vandalisait le chemin menant vers le quartier marchand. Allons bon, qu’est-ce que c’était que ça ? Une revendication des ronces ? Qui était-donc l’ahuris qui se permettait de… ah et bien, lui justement, l’hurluberlu qui avançait vers lui en ahanant. Qui était-ce donc que celui-là, qui se permettait de venir le déranger au pire moment qui soit ? Mais au vu de son intervention, il pariait que cet intrus savait pertinemment ce qu’il faisait.

Ce qui aurait pu l’agacer profondément s’il avait été capable de le faire. Fort heureusement, ce n’était pas le cas, aussi se retourna-t-il simplement vers l’importun en le toisant d’un regard parfaitement lisse et dépourvu de sentiments. Mais de quoi il se mêlait celui-là ? On lui avait demandé son avis ? Il ne lui semblait pas… Dingue tout de même comme certaines personnes n’avaient tellement rien à faire de leurs personnes qu’elles se sentaient contraintes de venir ennuyer les autres ! Silencieux, il le laissa parler, n’ayant pas vraiment l’intention de gaspiller son souffle à tenter de l’en empêcher. Plutôt attendre qu’il en ait terminé et reparte, fort aise de lui-même. Enfin si il parvenait au bout de son discourt, vu comme il avait du mal à respirer, le jeune elfe s’attendait à le voir tomber raide mort dans les secondes qui suivaient. Voilà qui l’ennuierait encore plus. Il ne manquait plus à son palmarès qu’une vieille carne morte… Surtout avec les derniers évènements, il n’avait pas envie de devoir expliquer que, non, il ne lui avait rien fait du tout et que, oui, l’autre s’était simplement écroulé après un trop gros effort. Il manqua soupirer… mais de quelle poissonnière humaine avait-il écopé là ? Qu’il soutienne un changement radical de mœurs avec Aegnor ne voulait pas dire que les elfes se devaient de prendre les mauvaises habitudes des humains ! « Non vous ne pouvez pas » trancha-t-il d’une voix parfaitement calme, presque monocorde. Son nom ? Et puis quoi encore ?! Il voulait aussi se faire inviter pour le thé tant qu’il y était ? Et puis cette barrière de ronces l’ennuyait vraiment… « En revanche, vous allez me fournir le votre. Que je puisse signaler le vandale qui s’amuse à détériorer les routes du royaume pour son seul plaisir »

Croisant les bras posément, il fit face à l’autre sans rien ajouter. Sur le coup, il avait bien eu envie de lui renvoyer un sort à la figure histoire de lui apprendre à essayer de l’enfermer. Mais l’autre avait l’air d’être un mage puissant, l’énergie qu’il dégageait, psychiquement, plutôt que physiquement, le prouvait assez. Il aimait à se dire qu’il savait choisir ses batailles. Et puis au besoin, il pourrait revenir à sa solution de départ si celle-ci ne fonctionnait pas. Pour le moment, il préférait jouer sur un terrain qu’il se savait réellement maîtriser.

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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeDim 22 Juin 2014 - 23:52

« Non vous ne pouvez pas »

Bon visiblement le gamin était aussi mal éduqué que la moitié des elfes de la nouvelle génération. C'était fou cette propension que développaient les jeunes elfes à parler de façon si discourtoise à leurs aînés ! Ce qui conforta Eliowir dans l'idée, déplorable et désespérante, qu'il s'agissait donc là bel et bien d'un effet générationnel et qui faisait craindre au vieil elfe que son peuple perde son éducation si distinguée et sa culture si grande et si noble. Il se contenta donc de répondre par un haussement de sourcil à cette assertion péremptoire du gamin.

« En revanche, vous allez me fournir le votre. Que je puisse signaler le vandale qui s’amuse à détériorer les routes du royaume pour son seul plaisir »

Ah voilà bien la morgue caractéristique d'un Terendul, il la reconnaissait bien là. Quel toupet avait ce môme ! Et s'il ne ressemblait pas tant que cela à son paternel de général avec ses traits bien plus fins et bien plus gracieux, sans compter une charpente bien moins musculeuse, il en avait assurément au moins une once du caractère.

Et finalement, étonnamment même, ce fut l'amusement soudain, face à l'incongruité de la situation et à l'attitude du gamin qui semblait vouloir se targuer d'une assurance faussement princière mais qui reflétait aussi à ses yeux un certain malaise, qui l'emporta sur l'agacement. Tant et si bien qu'Eliowir ne put retenir un bref éclat de rire. Grave et un peu rauque, comme si sa voix ne savait plus vraiment comment on s'y prenait pour rire. Cela ne pris que quelques secondes à peine, avant que rapidement sérieux ne reprenne ses droits. Mais ce fut intense pour le vieux lion qui n'avait pas ri de si bon coeur depuis si longtemps.

- De mon temps les elfes avaient encore quelque notion de courtoisie et de politesse. Mais soit, petit, puisque tu le désires tant, je vais satisfaire ta curiosité outrancière, posée avec cette morgue péremptoire digne d'un Terendul, fit-il un fin sourire moqueur étirant ses fines lèvres balafrées. Je me nomme Eliowir Serillëiel.

Et avant même que le gamin ne reprenne la parole, il le stoppa d'une main levée, tout en se redressant de toute sa haute stature. Il n'avait certes pas la carrure du général, étant lui-même bien plus frêle et élancé, mais il était de haute taille et le temps des guerres lui avait dessiné une fine musculature nerveuse, lui donnant une certaine prestance, il le savait. Sans fausse fanfaronnade.

- Oui, je sais, je suis un banni. Ou plutôt je l'étais, le Conseil et l'Empereur m'ayant accordé de... revenir... même si...

Il fit un vague signe de la main comme chassant une mouche inopportune.

- Bref. Je ne suis plus banni, plus vraiment. Donc inutile de t'alarmer. Inutile également d'avoir peur de moi, je ne te veux aucun mal. Je cherche certes à t'empêcher de fuir, mais je ne te veux aucun mal.

Il marqua un court temps de pause, tout en penchant légèrement la tête sur le côté, observant d'un air songeur le jeune gamin.

- Pourquoi fuis-tu petit ? Que ou qui fuis-tu comme cela ? Je sais le Général, ton paternel, des plus... bornés, têtus, autoritaires et plutôt porté sur l'exagération quant à ses récriminations et ses décisions de discipline avec ses soldats... mais ne me fais pas croire qu'il est de même avec ses enfants ? Ce serait un comble, souffla-t-il presque pour lui-même.

Peut-être un peu trop fort toutefois.

- Si je puis te donner un modeste conseil, la fuite n'est jamais une bonne solution petit. Jamais. Crois en mon expérience. Surtout s'il s'agit de fuir ton père.

Et se disant, il ne put réprimer une grimace, au souvenir du devenir de certains fuyards. Du temps où il avait été Conseiller et où il avait vu le Général en action, il n'avait pu que louer ses talents, mais aussi avait pu observer pleinement les résultats desdits talents... et le sort réservé aux fameux fuyards, quelqu'il soit. Cela n'avait jamais été des plus glorieux. Et il préférait essayer d'éviter l'ire de Terendul si son fils avait bel et bien chercher à le fuir...

- Quant à ça, ajouta-t-il, désignant cette fois la barrière de ronces qu'il avait éhontément créée, je ne suis plus à ça près, je pense. Sans compter qu'il ne sera guère difficile de réparer les dégâts.

Et non, que le gamin ne rêve pas, il n'allait certainement pas l'ôter de suite pour permettre au môme de s'éclipser de nouveau dans le dédale du royaume elfique.

[HJ : pas terrible, terrible.. J'espère que ca t'ira, sinon n'hésite surtout pas Wink]



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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeJeu 26 Juin 2014 - 18:31


Si on avait commis le sacrilège de lui affirmer qu’il ressemblait à son père, de quelque façon que ce fut, on pouvait être certain que Nomin aurait pris un plaisir presque malsain à faire de la vie du malheureux un cauchemar éveillé et sans fin. S’il respectait intérieurement, très intérieurement, son paternel, il était hélas complètement en opposition à lui et avait développé un problème inqualifiable à son égard. Fort heureusement, cependant, personne ne le lui avait dit, aussi observait-il le vieillard d’un œil froid et neutre, de ce même regard lisse de caïman endormit qu’il dédiait habituellement à ceux venant le déranger en pleine ébullition inventive. A la place et en moindre affront, on riait de lui. Hey bien, qu’avait-il dit de si drôle que l’autre s’en gausse comme une baleine ? Très bonne question, il n’avait pourtant pas eu l’impression de sombrer dans une quelconque bouffonnerie. Ou alors cet individu était sénile, ce qui pouvait également expliquer l’attitude décalée qu’il arborait avec autant de légèreté. Dans tous les cas, il attendait sa réponse et avait bien l’intention de l’obtenir. Ce fut donc avec une patience souveraine qu’il attendit, non sans lui souhaiter intérieurement de s’étouffer dans son rire même si cela lui causait des ennuis après coup… et la patience payait toujours puisque l’autre daigna finalement répondre. Mais hélas, pas sans laquer la seule information qui lui importait de badinages divers et variés qu’il n’osait encore qualifier. Il haussa vaguement un sourcil fin, et le laissa s’exprimer, attendant avant de parler à son tour histoire d’être certain de pouvoir attraper la plus infime perche tendue pour le battre avec, si perche il y avait… Mais perche il y avait forcément, toujours, non ? Il ne pouvait qu’en tendre une oui, même si une qu’il n’utiliserait pas immédiatement. Tout valait d’être conservé.

Ainsi, il s’appelait Eliowir. Un nom qui ne lui disait pas grand-chose à vrai dire, aussi l’observa-t-il avec intensité, dissimulant tant son scepticisme qu’une probable curiosité à cet égard. Banni ? Lui ? Et pourquoi donc alors ? Que faisait-il-là si il était censé être banni ? On ne levait pas un bannissement pour rien, normalement, qu’est-ce que cette vieille chose avait de si spéciale qu’on lui offre cet inestimable présent ? Dur de le savoir rien qu’ne le regardant. Il n’était pas encore doué à ce point-là…. Et tient, il venait de trouver sa perche. Ainsi, ce vieil elfe avait une piètre estime de son père ? Voilà qui allait lui servir en rentrant, ça n’était certainement pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Alors ça, il allait le ressortir à qui de droit, histoire de causer quelque ennui à cet empêcheur de tourner en rond. Et en plus s’il avait été banni, il y avait fort à parier qu’Artaher aimerait encore moins cela. Un tout bon pour Nono donc ! Avec cela en tête, il assena enfin de ce ton parfaitement calme qui était sa marque de fabrication. « Pour commencer, sachez que mes manières ne laissent pas à désirer et que je sais être poli. Néanmoins vous ne m’avez donné aucune raison de l’être avec vous. Je dirais même qu’il est singulièrement culoté d’oser demander à son vis-à-vis de la courtoisie lorsque l’on se mêle de ce qui ne nous regarde absolument pas, en vandalisant le bien et le confort publique et en manquant blesser un enfant. De mon temps, les elfes étaient encore prévenants envers leur avenir. Outre cela, la moindre des choses lorsque l’on veut obtenir quelque chose, il est naturel de commencer par montrer l’exemple, ce que vous ne faites absolument pas »

Il s’interrompit sur son souffle avant de reprendre de son ton monocorde. « Ensuite sachez que je ne vous connais absolument pas, et que votre nom ne me dit rien, vous pourriez tout aussi bien être la cousine germaine de l’Empereur pour ce que j’en sais. Je n’ai ainsi pas la moindre raison de m’alarmer et même si j’en avais la moindre, je n’ai pas pour habitude de le faire. Cela dit, si j’avais une raison valable de m’alarmer, je pense que le fait que vous oyez ou non banni n’y aurait rien changé. Seules les conséquences possibles d’une intervention de la garde changeraient » A nouveau, il marqua une pause avant de poursuivre « Et pour finir, ce que je peux ‘fuir’ ou non ne vous concerne en rien, messire Eliowir le donneur de leçons. Mais puisqu’il semble que je ne puis me débarrasser de votre ‘outrancière’ personne, apprenez que ce que je fuis, c’est un enfermement prolongé en compagnie de deux imbéciles de gardes qui me traite comme si j’étais porteur d’une forme de gale cutanée particulièrement virulente et qui affecterait mon comportement. Aussi ai-je décidé de m’auto libéré pour bonne conduite et de prendre l’air quelques heures loin de tous ces nonsenses. Et je vous serais grès de porter vos doléances envers mon père directement au premier concerné, sans en faire part à tort et à travers et ce quel que soit ce que je puis moi-même penser de lui » Non mais ! Bon certes, il jouait un peu de mauvaise foi… mais tant pis ! Il n’avait jamais juré qu’il allait se montrer franc avec cet individu après tout ! « Et à présent retirez ces damnés ronces avant que quelqu’un ne se blesse »
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeVen 11 Juil 2014 - 23:11

Un môme n'aurait aucune raison d'être poli envers un ancien ? Eliowir en aurait presque ri. Quand bien même le gosse pouvait être très élevé dans la hiérarchie elfique, l'âge seul d'Eliowir pourrait le hausser au dessus de l'avorton. A la seule exception notable que l'avorton en question fasse partie de la famille impériale, ce qui n'était pas le cas. Sans compter que par son ancien statut, et par la haute naissance qui était la sienne, ajoutés à sa grande expérience, il était sans doute l'un des plus au fait et des plus respectueux de toutes ces coutumes élémentaires en bonnes moeurs elfiques. Ce que ledit môme ne savait certes pas, mais peu importait. Toutefois, étrangement, alors que cette simple assertion aurait pu faire rugir son lion outragé en d'autres circonstances, il se sentit, à cet instant, plus amusé qu'outré. Et se contenta donc de répondre d'un simple haussement de sourcil des plus évocateurs, faisant comprendre au mioche que ce n'était pas au vieux lion qu'on apprendrait à faire la grimace sur les questions de politesse, de courtoisie elfique et autres joyeusetés sociétales en tout genre.

Se faisant, Eliowir se redressa alors de toute sa haute et svelte stature, et toisa le gamin de son regard le plus nonchalant et le plus arrogant, made in elfe supérieur en tout et sur tout. Un jeu auquel il était plus que rodé, Serillëiel et lion aidant. Croisant les bras sur la poitrine, il releva le menton, tout en offrant au petit Terendul un sourire des plus sarcastiques, écoutant attentivement la suite. Une attitude qui, outre révéler au petit ses propres origines bien nées, lui permettait aussi de cacher le léger pincement au coeur qui l'étreignit quand l'autre argumenta sur le fait d'avoir failli blesser un enfant, et de prendre soin de l'avenir des elfes... A croire que la petite perle de peste en devenir savait pour lui. Mais non... Non, visiblement non.

« Et à présent retirez ces damnés ronces avant que quelqu’un ne se blesse »

- J'avoue... n'en avoir aucune envie, répondit-il d'un sourire aussi insolent que les paroles éhontées du mioche.

Le vieil elfe ne fit rien alors pour retirer son sortilège. D'ailleurs, quelque part, au fond de lui sourdait un secret sentiment : abimer les belles allées elfiques l'amusait aussi. Il avait envie quelque part de voir l'air outragé de ses anciens compères qui l'avaient banni, maudit, honni... Piètre vengeance, sentiment des plus mesquins même, pire que gamins, mais c'était plus fort pour le vieux lion.

- Et je puis t'affirmer que ton paternel connait déjà toutes les doléances que je puisse nourrir envers lui. Il sait déjà tout le bien que je pense de lui. Et tout le mal aussi. Nous nous connaissons bien tous deux. Ou nous sommes bien connus... Comme tu préfères, ajouta-t-il, tout en balayant l'air de sa main comme chassant une mouche inopportune. Ton père est un grand général, un fin stratège, et personne ne pourrait mieux mener l'armée que lui en notre temps. Mais avouons-le... qu'est-ce qu'il peut être borné et têtu comme un ours. Même quand il a tord.

Et ce n'était là nullement médisances au final. Il ne faisait qu'énoncer un fait, une vérité que beaucoup partageaient, même si en pensées, avec lui.

A cette pensée, il ne put retenir un bref ricanement. Non plus de ce rire précédent, mais cette fois de ce rire cynique et un brin sarcastique qui avait si bien caractérisé l'ancien conseiller qu'il avait été. Chassez la nature, et elle revenait au galop...

- Ton père est quelqu'un de bien, je ne remets aucunement ce fait en question. Toutefois, il a tendance à être un peu trop porté sur l'aveuglement borné et éhonté. Et je subodore même que c'est cela même que tu fuyais. Enfin... simple hypothèse toutefois, ajouta-t-il, cette fois le plus sérieusement du monde. Moi je l'ai longtemps fui et dénoncé en tout cas, quand j'étais encore... Bref.

Avant qu'un fin sourire ne revienne étirer ses lèvres pâles.

- Quant à ses soldats... Il est vrai qu'ils ont souvent peur de la gale cutanée, quelle qu'elle soit en réalité.

Il devait avouer que le gamin avait une certaine éloquence et une belle imagination. Deux qualités qu'Eliowir appréciait déjà.

- Je ne peux que comprendre la frustration, l'agacement, le dépit même, que leur imbécilité rance peut t'inspirer et les extrémités auxquelles leur comportement soldatesque jusqu'au boutisme a pu te pousser. Mais je doute qu'une évasion apaise la colère de ce cher général. Non, en fait, aucun doute ne m'habite, la certitude m'envahit ! Il serait bien capable de monter la garde lui-même devant ta chambre, ou pire, pour mieux te garder enfermé le double de temps de ta punition actuelle. Je crois pouvoir affirmer que ce n'est pas ainsi que tu parviendras à t'affranchir de son autorité peut-être un brin, je dis bien un brin (mais ce mot sonnait un peu trop sarcastiquement dans la voix du vieux lion pour être honnête), exagérée.

Puis un long soupir échappa à Eliowir, tandis qu'il observait le petit môme en face de lui. Cette lueur intelligente vrillant son regard. Cette froideur calme et nonchalante. Faussement calme sans doute... Finalement non, pensa-t-il... avant de finir à haute voix sa pensée.

- Finalement non, tu ne lui ressembles pas tant que ça. Tu ressemblerais presque plus à ta mère. Pas tout à fait... mais il y a un je ne sais quoi en toi qu'on lit aussi en elle. Ce regard... cette attitude... si... cette noblesse oui. Cette noblesse. J'oserai espérer cette noblesse d'âme.

Et se disant, il hocha la tête, clairement parti dans ses songes, même si toute son attention se focalisait sur le gamin.

- Je crois qu'on ferait mieux de te raccompagner. Ne crois-tu pas ?

Notez bien qu'il lui offrait le choix. Il détestait l'idée de le laisser se sauver, mais il détestait plus encore l'idée de le forcer à rentrer chez lui... et à affronter la colère paternelle. Etrangement soudain, il avait presque envie d'affronter la colère paternel à la place du gamin. Il doutait toutefois que cela suffise pour effacer tous les tords, réels ou imaginaires, que papa Terendul pouvait bien reprocher à son fiston adoré.

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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeDim 20 Juil 2014 - 20:37


Dès le départ, il avait facilement compris que cet hurluberlu-là serait une épreuve pour son calme habituel. Mais là, il décrochait vraiment la palme de l’inutilité et l’envie de lui jouer un mauvais tour commençait sérieusement à titiller l’adolescent. Un mauvais tour qui l’accompagnerait un long moment, voir qui lui resterait définitivement. A vie ! Comme disaient certains, même si dans son cas, il ne devait pas avoir plus de quelques années devant lui avec cet air décrépi. Une vieille racine qu’il aurait mieux fallut élaguer rapidement plutôt que de la laisser pourrir, et ça aurait été un service à lui rendre. La suite lui fit d’ailleurs regretter de ne pas avoir une véritable vieille racine pourrie pour la lui faire avaler de force. Non mais qu’est-ce qu’il n’avait pas compris exactement dans ses paroles ? Il avait pourtant été fort clair, si il voulait porter jugement envers Artaher Terendul, qu’il s’adresse au concerné et ne l’ennui pas avec. Et en plus quelle était cet esprit de dire du mal de son père devant son enfant hein ? Il n’avait besoin de personne pour casser du sucre sur le dos de son père et il était le seul à en avoir le droit. C’était son père après tout, il lui appartenait de pouvoir jouer les mauvaises langues et celles qui ne comprendraient pas ça il les couperait. Non mais ! Arquant un sourcil, il retint l’envie de lui répondre sèchement que, si son père le savait déjà, il n’avait qu’à ravaler ses paroles et trouver un autre sujet de conversation, car celui-ci n’avait rien à faire avec lui. A la place, il énonça distinctement. « Ma préférence va à votre silence » Mais cet âne bâté ne s’arrêtait toujours pas. Dracos tout puissant mais c’était une langue ou un tapis de dix lieux qu’il possédait ?! Non pas un tapis… un tapis ça restait sagement posé sur le sol. Ça… ça gigotait comme un vers baveux et ça donnait envie de l’épingler. Ah oui tient, comme un insecte mort. Bonne idée.

Surtout quand on lui sortait que son père était quelqu’un de bien. Pour le coup c’était lui qui aurait pu… dû ? Rire. A la place, il cligna des yeux. Bon, lui le remettait en question, ce fait justement ! Son père n’était pas franchement quelqu’un de bien. Il n’était pas quelqu’un de mal, mais pas de bien non plus. Croisant une fois de plus les bras, il darda un regard parfaitement froid sur lui. Mais qui lui demandait de faire des hypothèses ? Tout ce que lui voulait c’était qu’on enlève ces ronces et qu’on lui fiche la paix une fois pour toute ! Ah il comprenait ? Et est-ce qu’il comprenait aussi à quel point il était le malvenu ? Non parce que définitivement pour être aussi empathique à son égard, il devait l’avoir bien comprit ça ? Inspirant en pinçant sensiblement les lèvres, il faillit de nouveau l’interrompre et lui renvoyer ses certitudes au visage mais préféra attendre. « Non je ne crois pas » Noblesse d’âme, et puis quoi encore ? La noblesse tuait des centaines d’êtres mais n’en sauvait aucun. On louait la noblesse d’âme et l’héroïsme mais elle n’apportait rien. Ceux qui portaient des vertus comme étendards finissaient dans la bourbe. Ce n’était qu’un bouclier de papier ou pire, de vent, des mots creux et vides. Ces mots-là, noblesse, altruisme, bonté… étaient vides. Ça n’aiderait pas les elfes, ça n’aiderait pas Aegnor. Et cela ne l’aiderait certainement pas lui. Son regard passa de froid à franchement mauvais en réponse supplémentaire. La malveillance consommée que ses prunelles portaient caressant la grande gigue alors que son ouïe captait des bruits de pas venant dans leur direction. Rapide comme un serpent, il lui envoya un sortilège de flou et, serrant les dents et les poings, concentrant sa volonté, il se jeta tête la première dans les ronces. Des douleurs désagréables se firent sentir lorsque les aiguilles déchirèrent sa peau, notamment au visage, et que de petits ruisselets de sang apparurent. Il parvint à s’en extraire, s’arrachant un peu du tissu de ses vêtements et contourna l’obstacle en courant pour se jeter directement dans le giron des elfes qui arrivaient du côté du quartier marchand.

Il n’aimait pas la douleur mais, décidé comme il l’était, ça ne lui faisait rien. Fort heureusement, il sembla qu’il avait été assez rapide pour qu’Eliowir ne l’attrape pas, mais tout juste. Aussi, il adopta son air endoloris et dérouté et vint se plaindre auprès d’eux du vieil elfe, affirmant qu’il l’avait blessé avec ses ronces et qu’il le forçait à entendre ses médisances sur son père le général. Si vraiment Eliowir avait été banni et donc indésirable, nul doute que les elfes n’hésiteraient absolument pas à s’interposer entre eux, et donc à lui permettre de fuir. Ça le satisfaisait. Cependant, la sensation de brûlure de ses écorchures semblait un peu trop importante pour de simples égratignures justement… Touchant sa joue, il se rendit compte qu’il s’était certainement fait plus mal que ce qu’il avait voulu au départ. Bon ça rendrait le jeu plus crédible mais… aïe.

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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeVen 25 Juil 2014 - 0:08

« Ma préférence va à votre silence »

Eliowir entendit parfaitement l'impertinence du mioche. Mais il préféra faire la sourde oreille et poursuivre sur sa lancée. Lui aussi pouvait se montrer d'une certaine impertinence quand on le titillait. Et ces derniers temps on le titillait bien souvent... il lui fourmillait de plus en plus l'envie de faire ravaler à tous ces stupides elfes rabouteux leurs propos injurieux, leurs mesquines haines et leurs aveugles présomptions. Que ce soit envers lui ou envers d'autres d'ailleurs. C'était dans ces moments-là qu'il comprenait pleinement... qu'il n'avait plus sa place parmi son peuple. Trop vieux, d'un autre âge, pétris de moeurs d'un autre temps dépassé alors, tout en étant trop avant-gardiste dans certaines visions du monde, trop interventionniste dans sa conception des événements d'Armanda dans son entier, dans sa conception de la politique elfique à adopter, dans ses idées quant à l'implication que les elfes se devaient de prendre pleinement, bien plus pleinement qu'ils ne l'avaient jamais fait jusqu'alors dans les affaires du monde, et non plus seulement dans les affaires du royaume... Oui, il n'avait plus vraiment sa place parmi ceux qui avaient été, et resteraient tout de même en son for intérieur, les siens. Il était elfe, mais ne faisait plus vraiment partie des elfes...

Oh Dracos, que cette constatation lui était cruelle. Elle lui déchirait le coeur plus encore que tous les regards meurtriers et prometteurs de mille maux qu'on avait pu lui offrir jusque-là.

Le vieux lion parvint toutefois, il ne sut comment, à faire taire tous ses pleurs intérieurs et à poursuivre son long discours. En vain, toutefois, constata-t-il, quand le gamin, insupportable et amusant gamin tout à la fois, lui répondit d'un "non, je ne crois pas", des plus laconiques. Il ne manqua pas toutefois le changement, léger, presque imperceptible, dans l'attitude du petit. Son regard surtout... ce regard que les gamins vous lançaient quand ils préparaient un mauvais coup.

Et quel mauvais coup ! A peine avait-il pensé cela, qu'il aperçut un flou se former en face de lui. Il réagit alors d'instinct. De cet instinct qui s'était affûté au fil des batailles. Il chassa rapidement l'air flouté par un sort de vent violent, qu'il envoya de côté, histoire de ne pas blesser l'enfant devant lui. Pour apercevoir, avec un désespoir pétrifié, que le môme s'était jeté sur les ronces. Le sang d'Eliowir se glaça et le stupéfia sur place, l'empêchant de réagir, d'intervenir, de retenir le mioche afin de le soigner... Il aperçut comme dans un cauchemar le gamin contourner la barrière de ronces, et courir en direction des elfes arrivés non loin... mais peina toujours à s'extirper de la soudaine hantise qui l'avait cloué sur place : celle d'avoir, de nouveau, blesser un enfant. D'avoir blessé... pas tué... non pas tué, tenta-t-il de se raisonner. Blessé, pas tué... et pas blessé intentionnellement. Si le gamin ne s'était pas jeté de lui-même sur les ronces... mais il n'aurait certainement pas dû invoquer les ronces. Et les vents violents ensuite... les vents auraient pu projeter le gamin contre les ronces, mal controlés... Non, il n'aurait pas dû. Il ne devrait pas utiliser sa magie en présence d'enfants, songea-t-il alors, tout en commençant seulement à sortir de son étrange léthargie. Oui, il ne devait plus utiliser de magie devant les enfants... pas de magie offensive ni dangereuse du moins.

Fort de cette résolution, il se décida alors à bouger. Il lui fallait rattraper le gamin. Non pas pour éviter... ce qu'il avait sans doute encore une fois mérité. Il était de toute façon trop tard. Il voyait déjà le môme parler avec les elfes, et ceux-ci le fusillaient déjà du regard. Le menaçaient même déjà de ne pas approcher. Il ne prêta nulle attention aux-dites menaces et continua d'avancer. Sans courir toutefois, il était peut-être fou mais pas totalement suicidaire. Il préféra opter pour un pas calme, faussement sûr de lui, se drapant dans sa légendaire arrogance, telle une vieille cape mitée par le temps. Il n'offrit aux elfes qu'un regard des plus méprisants... avant de tourner son attention sur le gamin.

Un gamin qui semblait fort déconfit de ne pas pouvoir fuir. Du moins est-ce ce qu'en déduisit vaguement le vieil elfe, tout en se maudissant de voir du sang sur ce visage juvénile, du sang ! A cause de lui, encore ! Et le regard qu'il lança au gamin fut alors empli d'une certaine peine, d'une certaine tristesse, submergée également d'une culpabilité déferlant férocement sur les écumes de sa conscience malmenée. Il dut se forcer encore une fois à reprendre pied, à détacher son attention du jeune elfe... et il put alors constater le pourquoi du comment le gamin n'avait pas pu encore prendre la poudre d'escampette : les elfes avaient comme encerclé le môme. Un seul d'entre eux avaient eu, semble-t-il, le courage, de s'avancer pour faire barrage de son corps. Les autres semblaient quelque peu méfiants à son encontre mais également.... apeurés. Oui, les elfes adultes avaient, eux aussi, peur de lui ! Eliowir ne sut s'il devait, en cet instant, s'en réjouir, ou s'en sentir découragé et accablé.

- N'approchez pas, Infanticide, clama l'elfe qui se tenait entre le vieux lion et le jeune serpent des ronces. N'approchez pas. Vous ne toucherez pas un cheveu de plus de cet enfant, meurtrier.

- Je ne lui ferai aucun mal, se contenta de répondre Eliowir d'une voix blasée. Je souhaitais juste le ramener à son paternel.

Mais, bien entendu, on ne semblait pas enclin à le croire. Eliowir aperçut le mouvement, l'ébauche de geste clé... qu'il para, avant même que l'autre n'ait pu finir de le lancer, par l'invocation d'un golem de terre. Le sort s'écrasa contre ce dernier et le pulvérisa en poussières. L'elfe ne semblait pas pour autant se décourager et s'apprêtait à attaquer de nouveau, tandis que l'un de ses comparses s'esquivait, bafouillant visiblement qu'il allait chercher du renfort et prévenir le général. "Parfait", ne put s'empêcher de penser le vieux lion "comme ça, tout sera réglé". Il préféra toutefois ne pas laisser l'elfe continuer cette bataille inutile et s'empressa de neutraliser les deux elfes adultes qui restaient de sorts bien placés. Deux cercles d'emprise parfaitement orchestrés, aux endroits stratégiques où se tenaient les deux mécréants, associés à un sort de mutisme pour les faire taire, lui permit de réduire à néant les efforts futiles et inutiles de ses adversaires du moment. Adversaires qui lui lancèrent alors des regards outrés et outragés, où colère se mêlait à une certaine terreur. Après tout, allez savoir ce qu'un Infanticide comme lui allait bien pouvoir faire !

Et cette pensée amère lui arracha un fin sourire narquois et plus qu'arrogant, tandis qu'une autre idée germait en lui. Sans attendre, il lança un sort de terre d'hallucinations là où se tenaient les deux elfes, tout en leur souhaitant, alors qu'il finissait tout juste le chant elfique, de vivre de belles illusions. Il tut bien entendu, quelles furent les hallucinations qu'il venait ainsi de créer pour ces maudits bougres ! Mais quelle douce vengeance, ne put-il s'empêcher de penser, en contemplant un fugace instant son oeuvre.

Avant de rapidement se rappeler la présence du gamin, qui, étrangement, n'en avait pas profité pour fuir. Et qui saignait toujours. Une grimace se dessina sur les traits balafrés du vieil elfe alors qu'il détaillait rapidement la blessure qui écorchait la joue juvénile.

- Ca doit faire mal. Je peux le soigner, si tu le souhaites. Avant que d'autres elfes n'arrivent... Autant dire que quand ils seront là... Je ne pourrais plus rien faire, ajouta-t-il, d'un ton maussade, tout en haussant les épaules. Je ne voulais pas que tu sois blessé, ajouta-t-il rapidement. Vraiment. Je ne...

Il ne parvint pas à finir sa phrase, ni même sa pensée, et se contenta de hausser de nouveau les épaules.

- Je ne te veux pas de mal. Je souhaite seulement que tu n'aies plus mal et te soigner cette vilaine écorchure. Mais je ne te ferais rien sans ton assentiment.

Et comme pour soutenir ses mots, il leva les mains, en signe de désarmement. Bon le mage qu'il était n'était pas forcément désarmé, même les mains levées, mais qu'importait.
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeDim 27 Juil 2014 - 17:25


Au vu de la réaction des adultes vers qui il venait de se tourner, il avait dû manquer un chapitre et méjuger du contentieux réel de la vieille carne avec les autres. Oui, à un point improbable en réalité, vu jusqu’où ça avait l’air d’aller. Et bien ? De quoi s’agissait-il exactement ? Voilà qu’il était curieux maintenant. Cela dit, il n’allait pas le montrer même si il aurait bien voulu savoir de quoi il s’agissait exactement. Il était peut-être jeune mais le dégoût et la peur chez les adultes, il les sentait parfaitement et sans forcer. Hors quel crime (puisque crime il y avait forcément) pouvait être suffisamment grave pour provoquer ce genre de réaction ? Il ne connaissait pas encore bien les codes des lois elfiques, ce n’était pas un sujet particulièrement passionnant, d’autant qu’il avait tendance à mépriser les codes quels qu’ils soient au fond de lui-même. Mais cela devait être un crime grave, d’autant qu’il avait dit qu’il ne devait pas avoir peur de lui… il s’était donc attendu à ce qu’il ait effectivement peur. S’il avait pensé fuir immédiatement, il n’avait pas pu et à présent il avait carrément chassé cette idée-là de son esprit. Il voulait voir la suite. Et puis en plus de ça… en fait c’était très bête mais la douleur et le sang, même en petites quantités, lui ôtaient généralement la plupart de ses forces. Il n’était pas douillé, mais il n’était pas particulièrement robuste non plus et si il aimait l’extérieur, il ne privilégiait pas l’entraînement physique comme son frère. Il n’était pas habitué à voir du sang, même en petite quantité et la vision ainsi que cette douleur lui apportèrent une sensation diffuse de lourdeur et d’étouffement, la tête un peu plus légère. Pas au point de le faire tourner de l’œil, mais désagréable tout de même. Il resta donc relativement sage alors que les évènements se déroulaient, observant de son regard neutre quoi que légèrement vitreux l’affrontement de courte durée qui se déroulait-là, à quelques pas.

L’idée d’avoir du renfort était satisfaisante, en revanche… Il aurait volontiers sacrifié celle-ci pour la certitude qu’Artaher n’allait pas débarquer. Roh mais non, il l’ennuyait déjà assez comme ça à la maison, pas besoin qu’il vienne aussi l’ennuyer ici, et en plus quand il s’enfuyait loin de ses gardes forcés. Roh mais étaient-ils tous si bornés et imbéciles qu’ils ne puissent se débrouiller sans cet âne-là ? Et bien il semblait bien que oui… quels empotés tout de même, même pas capable en surnombre de venir à bout d’un vieux morceau de fougère défraîchis. Il aurait pu intervenir, un coup en traître et ça aurait été probablement finit, mais il se sentait vraiment mal en réalité et avait peur de réellement sucrer les fraises si il bougeait un peu trop. Aussi se laissa-t-il approcher sans esquisser de mouvement, qu’il s’agisse d’attaque ou de fuite. Ce n’était pas drôle. Il aimait troubler et charger ses interlocuteurs mais si ceux-ci le faisaient eux-mêmes ça n’avait plus rien d’amusant ou de satisfaisant. « Et à vous échinez à m’affirmer ne pas me vouloir de mal, vous ne vous demandez pas si moi je vous en veux ? » A quel point pouvait-on être naïf exactement ? C’était terrifiant d’une certaine façon. « Parfois certaines personnes n’attendent aucun altruisme de la part des autres, s’échiner à vouloir le prodiguer relève de la sottise » Il sentit sa tête tourner un peu et se demanda si, en utilisant le sort de cicatrisation, il parviendrait à se soigner. Sans doute, mais si c’était pour finir encore une fois inconscient… non merci. « Mais puisque vous voulez tellement faire preuve de bonne volonté très bien, je consens à ce que vous me soigniez » Grand seigneur jusqu’au bout, il se laissa donc approcher et soigner, ne faisant pas le moindre commentaire dessus. Etre aimable semblait totalement au-dessus de ses forces, ou bien était-ce simplement que malgré tout il ne jugeait pas encore assez bien cette vieille chose ?

Alors qu’il allait reprendre la parole, cependant, les gardes arrivèrent. Soulagement pour lui, son père n’était pas du nombre. Il devait être ailleurs. Ça irait donc très bien. Il n’aimait peut-être pas beaucoup cet Eliowir mais il aimait encore moins les gardes. Furtivement, il relança un flou et entreprit de détaler allègrement vers l’arrière du quartier marchand. « Suivez si vous le pouvez ! »

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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeVen 8 Aoû 2014 - 21:58

Un instant, en voyant le manque de réaction du garçon, son immobilité presque figée, et surtout son étrange et anormal silence, Eliowir crut que le gamin s'était blessé plus profondément que ses blessures visibles ne le laissaient penser. Seuls les grands yeux gris encore ouverts, semblant scruter la scène et la poignarder de mille et une questions, assurèrent au vieil elfe que le môme était encore vivant et n'allait pas passer dans les limbes de ce pas. Il ne pouvait toutefois s'empêcher de ressentir une vive inquiétude. Non pas à l'idée de ce dont on allait, encore, l'accuser, ni de ce qui pourrait alors l'attendre quand le fier Général verrait l'état de son fils, mais une réelle inquiétude pour le gamin, pour la douleur dont il devait souffrir, et pour son effrayant manque de réaction.

C'est donc avec circonspection, les entrailles nouées en une anxiété qu'il n'avait plus éprouver depuis longtemps, qu'Eliowir s'avança, à pas comptés, vers le petit elfe, tendant une main comme il l'aurait fait face à un animal sauvage pour que l'autre puisse vérifier qu'il n'y avait aucun mal à craindre de lui, de cette main. Mais il n'était plus qu'à deux ou trois pas du gamin, quand il fut cloué sur place par les mots, aussi soudains qu'abruptes, qui daignèrent s'élever entre eux, telle une invisible barrière.

« Et à vous échinez à m’affirmer ne pas me vouloir de mal, vous ne vous demandez pas si moi je vous en veux ? »

Eliowir ne put que répondre par un fin sourire, un brin moqueur, tout en haussant les épaules en signe de déni nonchalant. Qu'importait au final que le petit elfe lui veuille du mal ? La moitié, non les trois quarts, au moins, des elfes lui en voulaient déjà. Un de plus ou un de moins... Et surtout, même s'il ne l'avouerait pas devant le mioche de peur de définitivement le vexer, il avait connu pire menace que cela et ne craignait rien, en son for intérieur, d'un tel petit serpent, qui en était encore à ses premières mues.

Ce geste suffit alors à abattre le mur irréel qui l'avait stoppé, et Eliowir franchit rapidement les quelques mètres qui le séparaient encore du mini Terendul.

« Mais puisque vous voulez tellement faire preuve de bonne volonté très bien, je consens à ce que vous me soigniez »

- Vous m'accordez là un grand honneur, petit Seigneur, répondit, quelque peu sarcastique, le vieil elfe.

Il ne se fit toutefois pas prier pour intervenir enfin et effacer ce sang qui coulait de la peau délicate. Honnies soient ces traces carmines, ne put-il s'empêcher de penser. Tout en se rappelant d'autres traces carmines, d'autres blessures... plus profondes elles, plus féroces, plus... Et ce souvenir brutal le figea un court instant dans son geste. Ces images du passé s'imprimant sur ce visage du présent semblèrent arrêter son geste, sa magie, sa raison même. Il se vit, comme si son esprit se détachait alors de son corps statufié, la main levée vers le visage juvénile, la bouche légèrement ouverte alors qu'il s'apprêtait à psalmodier un sort de soin, les yeux écarquillés sur le visage fin, si jeune, si fragile, si...

Et tout comme cette vision, fugace, véloce, traître, lui était venue, tout comme il semblait s'être englué dans les sables du temps, tels des sables mouvants, sa conscience lui cria de réagir. L'effort fut violent, mais il parvint enfin à chasser ces pensées moribondes et à revenir au temps présent. Secouant la tête pour en chasser les dernières vapeurs empoisonnées, il se força à s'ancrer sur ces yeux gris, ces lèvres plissées dans un air faussement sévère, pour reprendre son geste. Sa magie...

Lui qui s'était promis de ne plus user de magie sur un enfant. Mais là il s'agissait d'une bonne magie, d'une tout autre magie. Il s'agissait de guérir, de soigner, d'effacer ce sang honni, d'éradiquer douleur vicieuse et malvenue... Se raccrochant alors tel un désespéré à cette pensée, il parvint à enfin lancer son sort de soin. Et même si sa main trembla, même si sa voix ne se fit que murmure, le sort eut son effet. Plus aucune trace de plaie ne sembla poindre sur cette peau blanche et pure. Et quelques couleurs semblaient même revenir un peu sur ce visage qui était devenu soudain un peu trop blême pour être honnête.

Il venait tout juste de finir son oeuvre, que les gardes arrivaient vers eux. Il aperçut le sortilège lancé par le gamin et fut plus que surpris que ce dernier l'invita à fuir avec lui. Si l'offre était tentante, plus qu'alléchante, elle présentait aussi pour le vieil elfe un petit fumet de lâcheté qu'il n'appréciait pas du tout. Cela ne seyait pas au fier Serillëiel qu'il avait été et était encore. Cela seyait encore moins à son noble lion des plus arrogants. Il ne pouvait toutefois laisser filer non plus le gamin entêté, borné, tout Terendul en somme. Non, il ne pouvait le laisser filer. Car il savait, au fond de lui, que fuite était parfois pire que combat...

Il s'empressa donc de suivre le gamin, de le rattraper autant que faire se pouvait, et alors qu'ils tournaient à l'angle d'une maison, il parvint à l'attraper, le moins durement possible, au niveau du coude.

- Attends gamin, fit-il, essoufflé. Attends.

Il tint sa prise, même si pas trop serrée, sur le bras frêle, afin d'empêcher l'autre de continuer sa course effrénée. Il s'empressa de lancer une purée de pois, lâchant un court instant le gamin, avant de rapidement lui ressaisir le bras.

- Ca nous fera gagner un peu de temps. Je ne sais pas exactement ce que tu fuis petit. Mais... Mais si je peux te donner un conseil, un seul, même si je devine sans peine que tu n'as que faire des conseils, que tu en as assez entendus de ta courte vie et que tu en as plus que marre des conseils, même si je devine tout cela, j'en aurais quand même un à te souffler : Ne fuis pas petit, mais affronte. Quelque soit l'adversité, quelque soit le problème, ne fuis pas mais combats. Je connais d'ailleurs assez ton paternel pour savoir que, tu pourrais fuir dans les limbes de Néant, il irait t'y chercher lui-même. Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte le front levé.
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeLun 11 Aoû 2014 - 18:56


Mais il ne comprenait vraiment rien… c’était là la première chose à laquelle il parvint à penser. L’autre ne comprenait rien et pire que cela il n’entendait rien. Il ne voulait pas entendre ce qu’il lui disait parce que ça allait fermement à l’encontre de la fantaisie que son esprit sénile avait tissée à son encontre. Pour une raison qu’il ignorait et ne souhait d’ailleurs pas vraiment connaître. Ça n’avait rien de sain qu’un vieillard comme celui-là se complaise à s’imaginer des choses à son sujet et au sujet de sa famille. Entendre, voir et comprendre uniquement ce que l’on voulait, tout le monde le faisait plus ou moins mais là ça en arrivait à un point inquiétant et il était tenté de revenir sur l’idée qu’il avait eu de le garder pour lui histoire de l’interroger.

Au pire, sa mère saurait bien de quoi il en retournait non ? Ce n’était pas plus compliqué que cela. Serrant à nouveau les yeux et l’observant froidement, il tira légèrement sur sa prise quoi mine de rien faisait mal. Puis voyant qu’il n’allait pas réussir à le faire lâcher prise dans sa certitude si totale de ce qu’il disait qu’il se décida pour une approche un poil différente. Sa main libre darda entre eux et l’attrapa par le col, le griffant à la gorge au passage sans douceur et serra. Il n’avait pas la force de l’embarquer vers le bas et de le faire plier mais le geste était symbolique. Ce fut avec la plus grande froideur qu’il siffla sa réponse, l’assenant avec autant de conviction que l’autre semblait en avoir. « Maintenant vous allez m’écouter une bonne fois pour toutes et rentrer vous mes paroles dans le crâne épais qui vous sert si bien, car je commence à en avoir assez et je ne me répèterais pas » Il cloua son regard au sien avec toute la détermination et tout le culot que son jeune âge lui conférait.

« Je n’ai pas besoin de vos conseils tout simplement parce que je ne suis pas en train de fuir. Je veux qu’on me fiche la paix, que ce soit votre insupportable personne qui, en plus de ne rien avoir à faire là vient de rater la seule occasion que vous aurez jamais, ou de quoi que ce soit d’autre dans cette damnée forêt. Vous, et tous les autres hypocrites qui peuplez ces bois n’avez rien à m’apprendre que je ne sache déjà. Tout ce que vous voulez c’est pouvoir m’offrir quelque chose parce que vous avez un contentieux avec la jeunesse, je n’ai pas besoin de connaître les détails mais vous cherchez simplement à apaiser quelque chose chez vous et à vous complaire dans la certitude que vous pouvez effectivement comprendre quoi que ce soit que je puisse vivre parce que vous pensez votre perception et vos expériences universelles »

Il le relâcha finalement sans pour autant cesser de darder son regard et poursuivit. « Vous avez fuis et vous voulez maintenant essayer de vous rattraper en affrontant vos détracteurs et bien tant mieux pour vous, mais ne me croyez pas votre semblable. Je suis moi, avec mes problèmes, avec mes façons d’êtres et de voir les choses et je n’ai pas l’intention de me transformer en vous pour vous faire plaisir ! Je.ne.fuis.PAS ! Ce que je veux c’est le calme que vous vous complaisez à me refuser… Lâchez moi une fois pour toutes ou allez donc jusqu’au bout de votre imagination bornée mais arrêtez donc de vouloir justifier vos actes en disant me vouloir le moindre bien ! »

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Eliowir Serillëiel
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeMer 20 Aoû 2014 - 22:58

Quand le gamin vint l'agripper par le col, le vieil elfe n'émit aucune résistance. Il lui aurait été facile, même d'une main, de se dégager de cette prise fort enfantine, surtout avec sa force de lion, s'il en avait eu envie. Mais il préférait ne pas user ni abuser de cette force contre le mioche. Sans compter qu'en d'autres circonstances ce geste puéril, inutile, l'aurait fort amusé. Il n'était de toute façon plus à une griffade près... Les paroles pleines de fioul que le môme lui servit l'auraient également bien amusé en d'autres temps, même si l'agacement s'y serait alors mêlé. Tant d'insolence ! Tant de convictions en son bon droit ! Ainsi était la jeunesse actuelle : rebelle, révoltée, sans une once de respect pour ses anciens ou pour les moeurs des temps immémorables des elfes, souhaitant changement et bouleversement à tout rompre, quitte à chambouler des siècles d'existence...

Si effectivement depuis quelques temps, depuis bien peu de temps pour tout avouer, le vieil elfe admettait que le changement était nécessaire et l'appelait aussi de tous ses voeux, il était tout de même plus modéré au fond de lui quant à l'importance et la vitesse à laquelle ils devaient intervenir. Changer les choses oui, mais pas toutes les choses. Certaines étaient bonnes à garder n'est-il pas ? Les us et coutumes des elfes n'étaient pas toutes infondées ni dépassées, si ? Mais ces questions-là, après tout, ne lui appartenaient plus. Elles appartenaient justement à cette jeunesse. A eux, ces rebelles, ces révoltés, de construire leur monde moderne. Le monde des elfes à venir, l'avenir de leur peuple séculaire... oui à eux de le construire, quitte à le déconstruire, comme ils s'échinaient à vouloir le faire. Lui, de toute façon, semblait ne plus appartenir à ce temps-là, à ces moeurs nouvelles et à venir. Il semblait ne plus avoir de place, ni de droit dans ce qui se dessinait devant lui. Cela lui fendait le coeur d'admettre cet état des choses, mais c'était ainsi qu'il les ressentait. Et après tout, n'était-ce pas ce que son peuple, ces elfes bien pensants, s'escrimaient à lui faire comprendre depuis sa tentative de retour ?

Ainsi, alors qu'en d'autres temps, quelques heures auparavant à peine d'ailleurs, il se serait récrié quant à tant d'insolence et d'impertinence outrancière, en cet instant précis le vieil elfe se tut. Et écouta. Son coeur se serra, manqua plusieurs battements, mais se tut, même s'il ne put consentir à donner raison à cette jeune colère non plus, pas totalement du moins. Le silence fut la seule arme qui lui resta sur l'instant. Un long et profond silence qui résonna entre eux encore quelques secondes alors que les mots âpres et durs du gamin ricochaient encore contre les murailles de sa raison effritée.

Le lion ne pouvait que consentir certaines choses. Le gamin était jeune mais semblait être assez intuitif pour avoir mis le doigt sur certaines vérités. Certaines, pas toutes du moins. Ou en tout cas des vérités tronquées, des vérités amputées de leur part d'antagonisme, de leur subtilité, de leur vérité miroir... Une vérité qui se voulait pleine et entière, sans réelle nuance, toute de noire et de blanc, de sombre et de lumineux, sans ombres oscillantes, une vérité qui n'admettait nulle autre, avec la force de la conviction comme seule la jeunesse était capable d'en produire. Et même si l'elfe qu'il était avait appris qu'il y avait parfois bien d'autres vérités, que la vérité était bien plus difficile à assener ainsi, il préféra se taire. C'était là, jugea-t-il du moins, une vérité que le plus jeune ne voulait pas forcément entendre. Au lieu de cela, il préféra darder son sombre regard tout de nostalgie sur le visage juvénile.

Il ne souhaitait toutefois pas laisser partir le jeune elfe ainsi. Pas comme ça. Pas sur une telle incompréhension. Pas en laissant le gamin commettre peut-être une erreur. Il aurait voulu l'aider, oui, véritablement, quand bien même il s'agissait d'un petit Terendul. Mais en l'état des choses, tout ce qu'il pourrait dire semblait prêt à braquer le jeune elfe. Il souhaitait avoir toutefois une dernière fois la chance de lui faire comprendre son point de vue, sa vision des choses. Et oui, le gamin avait vu juste, son expérience. Elle était ce qu'elle était, mais elle avait au moins le mérite d'exister et de permettre ensuite d'en tirer des conclusions. Là où le gamin avait raison, c'était qu'il n'appartenait pas au vieux lion d'en tirer les conclusions pour le gamin. A lui de tirer de l'expérience de ses aînés les conclusions qu'il jugerait bonnes pour lui, et uniquement pour lui... Mais pour cela, fallait-il encore qu'il puisse partager, même si rapidement, un bout de son expérience.

Eliowir se décida alors. Il lâcha le gamin, mais sans attendre, enchaina en fermant les poings et en les ramenant contre lui, tout en déposant un genou à terre. Attitude qui aurait pu paraitre saugrenue, si un Dôme de pierre ne s'était pas ainsi formé petit à petit autour d'eux.

- Je ne cherche pas à vous enfermer, ajouta-t-il rapidement, tout en se relevant péniblement. Mais je cherche juste à nous faire gagner quelques secondes, minutes, de tranquillité. Un seul mot de vous pour réclamer votre liberté et vous l'aurez, offrit-il, tout en laissant un doux silence planer entre eux.

Mais aucun mot ne vint rompre son élan. Il prit cela pour une sorte d'encouragement, même si c'était certainement loin d'en être véritablement un, et poursuivit.

- Vous n'avez pas tout à fait tord. J'ai effectivement un... contentieux... avec la jeunesse. Je ne crois pas que vous ayez compris qui je suis. On me nomme... L'Infanticide. Et cela n'est pas pour rien. J'ai...

Un temps d'hésitation, une cassure dans sa voix, menacèrent, comme toujours quand il évoquait ce cauchemar du passé, de lui briser la voix.

- J'ai tué mon fils. Acte honni, que je ne pourrais réellement expliqué. Il était muet, il n'était pas bien âgé, et semblait impuissant en magie. Tout de désespoir de voir un Serillëiel, mon unique héritier, dépourvu de magie, j'ai... mon sort l'a tué sur le coup. Ce n'est pas lui que je visais, pas consciemment, mais... Une part de moi voulait peut-être sa mort, au fond. Je n'en sais rien. Un mage de ma puissance ne peut perdre le controle ainsi.. Cela ne s'explique pas, cela n'est pas possible... Et pourtant... Il est mort... Tout ce sang... Cette vie fuyante...

Il regarda ses mains un court instant.

- Voilà mon contentieux, jeune elfe, conclut-il alors en relevant ses perles sombres sur le jeune visage. Et oui, je cherche à apaiser quelque chose, à chaque instant, chaque sable du temps qui passe. Mais en vain. Mais je ne me targue pas de vous comprendre, ni de comprendre qui que ce soit. Je ne me comprends déjà pas vraiment moi-même.

Il hocha la tête en signe de dénégation, avant de poursuivre, tentant de raffermir sa voix qui s'était effritée en un fin murmure.

- Oui mon âge avancé, mes plus de sept cent ans, presque huit cents d'ailleurs, m'ont fait acquérir une certaine expérience qu'on ne peut me dénier, jeune insolent que vous pouvez être.

Nul reproche toutefois dans ces derniers mots. Ce n'était là qu'une constatation, un fait, que même le plus ingrat des gamins ne pouvait dénier.

- Mais vous avez raison sur un point quant à cette expérience : si elle peut servir les autres, les générations à venir, il revient à ces autres d'en décider, et de choisir le comment cette expérience peut leur servir. Il ne me revient effectivement pas d'en décider pour eux. Encore faut-il qu'on veuille la partager... Et oui j'ai fui. Mais je n'ai jamais fui les autres, le monde, ni même mon peuple. C'est moi-même que j'ai fui. Le monstre honni que je suis devenu, le criminel, le meurtrier... L'Infanticide.

Et cette fois sa voix se brisa. A tel point qu'il dut détourner le regard, tournant sa tête de profil, pour tenter de chasser l'image de son fils décédé qui cherchait à se superposer à celle du petit Terendul. Il ravala les sanglots qui menaçaient de lui échapper et parvint à reprendre, non sans oser toutefois revenir happer le jeune regard, trop honteux au fond de lui de sa réaction.

- Je n'ai jamais fui mes détracteurs et ai toujours fait front face à eux, même si en silence. Mais il y a pire détracteur que les autres parfois.

Pour sa part, son pire détracteur n'était autre que lui-même, comme avait si souvent tenté de lui faire comprendre Shadowsong.

- Ce que mon expérience m'a appris toutefois est... que la fuite n'est pas une solution. Mais ce ne sont là que mes conclusions. Je vous laisse libre de tirer vos conclusions à vous, des expériences que je vous offre si vous en voulez, et des expériences que vous ferez par vous-même.

Ce fut au prix d'un immense effort qu'il parvint à regarder de nouveau le gamin. Mais en le regardant, il regardait aussi bien d'autres choses, un passé, un présent... un avenir peut-être aussi ?

- Je suis peut-être d'un autre temps, d'un temps révolu, dépassé, enterré, que les générations futures veulent sans doute oublier...

Oublier, mot horrible pour lui, incarnation de la mémoire des elfes, comme sa famille se targuait de l'être tant...

- mais qu'au moins le peu de temps qu'il me reste à vivre serve un peu à quelque chose. Que ces longs siècles d'existence permettent d'apprendre certaines choses, pour moi ou pour d'autres. Toute me vie durant, quand j'étais encore un noble conseiller, ou quand je n'étais qu'un banni honni, j'ai toujours tenté d'oeuvrer pour mon peuple. Et non pour justifier mes actes comme vous pouvez le croire. Alors prenez donc ce qui vous plaira de ce que je peux apporter, prenez, faites en votre expérience, vos conclusions, faites en ce que vous voulez, jeune elfe. Et construisez nous un monde où les elfes auront encore une place, une vie possible, une existence digne. Si seulement vous pouviez réussir, là où nous avons échoué...

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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeMer 27 Aoû 2014 - 19:32


Il ne cherchait pas à l’enfermer hein ? Et bien il s’y prenait d’une étrange manière. Et en plus de ça il allait s’attirer des ennuis. Mais après tout ça le regardait lui hein. L’adolescent ne comptait pas payer les pots cassés à sa place. Alors s’il voulait s’enfoncer, qu’il le fasse. Le vieillard le fatiguait. Il n’était plus du tout curieux à son égard. L’autre l’ennuyait tout simplement et même lui adresser la parole était un surplus qu’il ne concèderait plus aisément. Dardant sur lui un regard acéré, il attendit simplement, bras croisés, qu’il finisse monologue. Il ne pouvait pas réellement l’empêcher de parler. A part lui dire de se taire, il n’avait guère d’options et celle de piquer une colère à la Aranël ne lui disait rien. Il écouta donc, bien forcé de le faire et sans doute n’avouerait-il jamais qu’il trouvait quand même ça intéressant. Non il ne l’avouerait pas, ce serait lui faire plaisir ! Il avait tué son fils ? Pas étonnant donc que les autres aient réagit aussi violemment à son petit numéro, il ne devait franchement pas être apprécié au sein du royaume vu la vénération que les enfants suscitaient. Et pas étonnant qu’il se comporte comme ça aussi. Mais l’avait-il réellement fait, hein ? Il disait ne pas pouvoir l’expliquer, dès l’instant où un individu avouait en étant incapable d’expliquer, il devenait sceptique et critique… Et la suite le lui confirma. Ce fut un regard lourd de plomb qu’il darda sur l’ancêtre. A la toute fin, il s’autorisa même à se masser l’arête du nez. Et bien c’était d’un compliqué avec lui… « Vous vous écharpez l’esprit tout seul » finit-il par dire, pinçant littéralement la peau de son nez. « Bien, il semble que l’on doive être bientôt interrompu, je serais donc relativement bref… »

Il porta à nouveau son regard sur lui, sans la moindre concession. « Ne pouvez-vous vivre sans avoir besoin d’une quelconque utilité ? Je ne vous entends dire que ‘servir mon peuple’, ‘donner un avenir à mon peuple’, prenez mon expérience’… arrêtez donc un peu. Servez-vous, vous-même ! Si vous ne pouvez d’abord vous servir et penser à vous pour vous et par vous sans éprouver un remord, alors ça ne sert à rien de vouloir servir le reste de votre peuple. Si je veux de votre expérience je n’ai pas besoin de vous le signifier, je n’ai qu’à observer. Vivez, tout simplement. C’est un droit inaliénable que tout le monde possède, infanticide ou non » Il croisa les bras. «Ne Et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ai-je parlé d’oublier ? Oublier c’est fuir, on ne construit pas le futur en oubliant. On fait la paix avec son passé pour construire un futur solide, voilà ce que l’on fait, aussi difficile que cela puisse être. C’est parce que je sais que ce royaume est pour les trois-quarts peuplé d’imbéciles que je peux devenir meilleur qu’eux. C’est ce que les anciens ont voulu faire, oublier. Ils ont voulu occulter le monde à l’extérieur de la barrière. Et tout ce qui s’y trouvait. Ils se sont immergés dans le passé, en voulant oublier qu’il y a un lendemain, que rien même dans leurs demeures, n’est scellée à jamais et qu’ils ne pouvaient empêcher le temps de les rattraper » Il parlait avec sérieux, froidement et presque gravement, très concerné par le sujet.

« Je n’ai pas besoin de vous construire un monde. Le monde est là, et il tend la main à tout un chacun. A vous de saisir la main tendue ou de rester derrière, personne ne peut le faire à votre place. Aucun seigneur, aucun conseiller ou empereur. Le futur commence à l’instant où vous décidez d’emprunter sa route, ni plus ni moins » Il eut l’ombre d’une moue avant d’assener « L’échec, vous le vivrez quand vous vous complairez totalement dans l’abattement pour ne plus rien attendre du lendemain. Chacun est maître de soit même, chacun est son propre destin » L’adolescent regarda vers l’extérieur, conscient de la présence des soldats qui cherchaient à les faire sortir. « [color=#1FA055]D’aucuns disent qu’on vit par soi-même mais qu’on existe par les autres. Quoi que vous affirmiez je crois que vous avez fuis vos détracteurs, si, parce qu’ils ancraient dans la réalité ce que vous pensiez de vous-même tout bas. Quant à moi je vous dirais que je ne vous pense pas coupable, pas réellement. Un acte que l’on ne peut expliquer est un acte dont on est ni maître ni instigateur. Faites en ce que vous-voulez, vieil elfe » Le dôme de pierre retombait enfin, pour révéler les soldats. Il tourna de nouveau la tête vers eux, soupirant sensiblement. « Capitaine Vaëris… Salutation. Je suppose que vous allez vouloir me ramener chez moi ? »

Les ordres de son père étaient connu des soldats après tout… L’autre opina, en décochant un regard froid à l’autre elfe. Nomin soupira. « J’ai trébuché dans les ronces, il m’a soigné. J’ai menti pour qu’il ait des ennuis » La suite, il l’occulta, n’en ayant pas grand-chose à faire. Le regard lointain et froid, impassible, il finit tout de même par tourner la tête vers le vieil elfe, alors que les autres semblaient encore avoir du mal à le croire. « Pour information, mon père trouve qu’utiliser la magie vampirique est une abomination et que je suis un danger pour moi-même car je souille mon âme. J’escompte que vous réfléchissiez à cela puisque je dois à présent rentrer grâce à vous »

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Eliowir Serillëiel
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Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Left_bar_bleue5/10Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Empty_bar_bleue  (5/10)
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MessageSujet: Re: Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Ne fuis donc pas petit, mais affronte... Affronte, le front levé [PV Nomin]TERMINE Icon_minitimeDim 7 Sep 2014 - 0:02

Bref, avait-il dit ? Si cela signifiait être bref... Alors il s'appelait Dracos et tous les elfes se prosternaient devant lui ! Bon, certes, le "relativement" apportait un brin de nuance à ce bref aussi bref qu'un long fleuve agité courant tout le continent pour rejoindre l'océan... Telle était en tout cas l'impression que lui donnait, en cet instant, lors de cet interminable discours, ce jeune garnement.

Toutefois... Toutefois, même si ce discours avait tendance à le blesser, égratignant son orgueil, son outrageuse arrogance, et son estime de lui déjà bien malmenée, il devait concéder au gamin quelques vérités. Des vérités qu'on lui avait déjà assenées à quelques reprises, des vérités que sa raison semblait accepter peu à peu, que son esprit semblait comprendre et appréhender, sans pour autant toutefois que son coeur parvienne à les faire siennes.

Car c'était là tout le problème : une part de lui acquiesçait à ses paroles, et ne pouvait que concéder que, oui, il devait mettre fin à ce constant auto-apitoiement désoeuvrant et désastreux, à ce calamitique flagellement qui n'était que négation, à cette culpabilité mortifiante qui n'engendrait qu'un détestable besoin d'être utile. Être utile pour redonner un sens à sa vie, un sens à l'existence vide qu'il avait l'impression de suivre, et que pourtant son éternelle culpabilité ne lui permettait pas de quitter en toute lâcheté... Mais cette part qui acceptait ces mots, ces paroles, ces pieux et presque sages conseils, ne parvenait à faire entendre sa voix à son alter ego, cette autre part si pétrie de remords, de regrets amers, et de dégoût profond...

Il eut beau alors acquiescer silencieusement, se contentant d'observer lourdement son jeune interlocuteur sans bouger d'un iota ni même ciller, il ne parvint pas pour autant à faire taire, en son for intérieur, les voix qui rugissaient d'agacement, de dépit, et de sinistre rébellion. Une véritable cacophonie commençait à naitre en lui, hurlant mille notes dysharmoniques, dans un concerto cauchemardesque où de vieux fantomes reprenaient forme dans ses brumes éthérées. Où le jeune gamin en face de lui devenait un autre gamin, plus âgé... plus silencieux aussi.

"Fais le taire. Quel impertinent présomptueux ! Fais donc taire ce vil serpent aux mots acérés et au venin acide", lui souffla une petite voix.

Où le silence de ce vieux fantôme, ce mutisme assourdissant d'alors devenu ensuite éternelle absence, se confondait soudain avec le bruissement et le flot ininterrompu des mots muets...

"Mais qu'il se taise, maintenant ou à jamais. Qu'il se taise donc !"

Où la pâleur de nacre du gamin se teintait soudain de ruisseaux carmins, dont les sillages dessinaient d'étranges formes...

"Oui, tarissons ce fleuve de mots par un fleuve de sang..."


Où le vieil elfe vit sa main de lever, en un geste impérieux, avant de rudement s'abattre en direction du fantôme.

"Silence, le doux silence des feuilles..."

Où le fantôme s'affaissa... seul... inerte... dans une mer de vie s'égrénant lentement mais sûrement. Tandis que le gamin, l'autre, le bref gamin, restait debout, les mots s'écoulant toujours de lui tel le cours inexorable des forces naturelles.

"Pas coupable ? pas coupable ?! Mais sait-il seulement de quoi il parle ?", "Pas réellement, dit-il". "Mais coupable, réellement ou pas, quelle différence ? Il est mort. Ils sont morts. Morts !" "Oui. Morts. Tués. Par nous." "Oui par nous. Coupable..." "Ou non. Mais par nous oui". "Quelle différence alors ?" "La différence... peut-être que..." "Oui, peut-être que..."

Oui, peut-être que... Et cette pensée suffit à balayer fantômes et cacophonies dissonantes, tandis que réalité tentait de reprendre formes devant ses yeux atterrés. Troublé, profondément bouleversé, il observa un instant sa main, constatant qu'elle ne s'était pas levée. Qu'elle n'avait pas bougé du long de son flanc. Qu'elle n'avait pas lancé ses feuilles si silencieuses et pourtant si meurtrières...

Il leva le dôme sans même y penser, son regard nuit osant se relever sur ceux de glace du garçon. Pas un mot ne lui avait échappé. Mais ses yeux parlaient pour lui. Tout comme les yeux de son fils parlait pour lui aussi, pensa-t-il subrepticement, le remord menaçant d'étreindre son coeur une dernière fois à jamais.

« Capitaine Vaëris… Salutation. Je suppose que vous allez vouloir me ramener chez moi ? »

Eliowir ignora le regard polaire et méprisant, haineux même, que les soldats dont le capitaine le gratifièrent et se contenta de porter toute son attention sur le plus jeune. Etonné de ce revirement abrupte de situation, quand il entendit ce dernier expliquer, limite de façon mensongère, les événements. Disons que chez lui mensonge se faisait par omission et silence. Silence, et encore silence...

- Il est étrange que tout ce que tu m'as dit m'ait déjà été offert par un autre. Un autre elfe. Un certain baptistrel. Leur gardien pour être plus exact.

Shadowsong, ce cher Shadowsong.

- Etrange que de tels... conseils... fassent echo par toi, jeune pousse. Encore faut-il que l'écho ne se perde pas dans les méandres de vieux esprits...

Ce n'est alors qu'à cet instant, qu'il accorda un ersatz d'attention aux soldats elfiques, qu'il voyait s'avancer vers lui, de façon presque menaçante. Il retrouva alors toute sa morgue et toute son arrogance Serillëiel. D'un geste des plus hautains, il leva la main, paume vers eux, comme pour les arrêter par ce simple geste. Et cela les arrêta effectivement. C'est alors d'un ton cynique et polaire, qu'il s'adressa à eux, tout en les toisant de sa haute stature :

- Nul besoin de me contraindre à vous suivre pour rendre des comptes à votre Général. Je pensais de toute façon solliciter une entrevue avec lui.

Même si du coup l'entrevue s'annonçait houleuse et difficile.

Il lança toutefois un regard peu amène, comme promettant mille maux à cette soldatesque, si elle osait poser la main sur lui. Et, là encore à sa grande surprise, cela eut l'effet escompté, car les soldats ne firent pas un mouvement de plus, le capitaine se contentant alors de faire un pas de côté, ouvrant ainsi la voie à ses deux proies, tout en leur indiquant d'un geste de la main de prendre les devant.

- Je vous en prie, à vous l'honneur, se contenta de répondre ledit capitaine, d'un ton rogue.

Avant d'obtempérer, Eliowir se permit toutefois de se retourner de nouveau face au gamin :

- Qu'importe ce que peut penser ton paternel, jeune elfe. Ce Général a toujours eu des idées bien arrêtées sur tout, même sur rien, et a toujours pensé détenir la vérité. Comme s'il n'existait qu'une seule et unique vérité en ce monde... Qu'importe ce qu'il pense et ce qu'il escompte faire. Mais je maintiens ce que j'ai dit, comme tu l'as dit toi-même : fuir ne sers à rien. Ne fuis pas petit. Ne fuis pas, mais affronte. Et oui, je te l'accorde, cela vaut aussi pour moi. Pour nous. Nous tous...

Vu ce qui les attendait...
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Il lui avait jeté son ultime regard et n’avait pas l’intention de poursuivre sur cette pente. Chacun avait dit ce qu’il avait à dire… mais devoir rentrer si tôt lui laissait un goût amer. Il aurait voulu pouvoir respirer encore un peu sans avoir les autres idiots sur ses talons et dans son ombre en permanence, à le regarder comme s’il était une menace potentielle qui risquait de dégénérer en permanence, d’un instant à l’autre. Cependant, dans une situation comme celle-là, il ne se voyait pas vraiment faire autre chose que de suivre les gardes, on lui avait volé sa seule occasion de prendre l’air après tout. En temps normal, il aurait attiré autant d’ennuis que possible, mais pas pour cette fois. Le chemin n’en paru pas moins long pour revenir jusqu’à la maison qui était la leur… Et ce fut un chemin parcouru en silence. Dans un silence presque sinistre d’ailleurs, mais qu’il n’avait nullement l’intention de rompre. Il marchait en avant de la troupe, surveillé par le capitaine, aussi eut il l’immense joie de voir la porte de la maison s’ouvrir en premier. Là encore, aucun mot ne s’échappa de ses lèvres. Il se contenta de se retourner pour décocher un regard très lourd et très significatif au vieillard avant d’être happé par la présence de son père en colère. Mais quand n’était-il pas en colère hein ? Une fois qu’il put être envoyé dans sa chambre, il soupira tout simplement et s’installa sur la chaise proche de la fenêtre, qui avait été remplacée après que son père eut brisé la dernière. Avec détachement, il tendit un instant l’oreille pour entendre la discussion, puis se déplaça, se guignant des gardes montés avec lui pour regarder par la fenêtre pour voir ce qui pouvait se passer sur le perron. Une main s’abattit pourtant bien vite sur son épaule pour le ramener à l’ordre et il soupira, re rentrant à l’intérieur et allant s’installer au bureau pour poursuivre un de ses plans. Celui de sa machine volante. Oh oui, qu’il aimerait donc voler…
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