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Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE

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Lorenz Wintel
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MessageSujet: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeLun 24 Fév 2014 - 23:50

Une déchirure... Un changement radical dans tout son être. C'était la dernière chose dont il se souvenait, la dernière sensation qu'il avait ressentit lorsque la douleur de la malédiction associée à celle de la pierre l'avait vaincu au point de lui faire perdre conscience. Etait-il mort ? Avait-il échoué aux portes de son serment ? Cela ne pouvait qu'être cela... Il ne voyait pas comment il aurait pu survivre alors qu'il n'était plus en état de se défendre lui-même... La faiblesse était une tare, il éliminait sans pitié ceux qui en faisaient preuve. Etait-ce son tour ?

Il bougea faiblement dans son inconscience, refusant encore d'accepter la défaite. Mais qu'était-il sensé combattre ? Il flottait dans une obscurité totale, hors du temps et hors du monde, incapable de savoir si deux jours ou deux siècles s'étaient écoulés depuis ses déboires. Une présence rassurante l'effleura, et il marmonna pour lui-même. Quelques mots en Elfique, un prénom. Enelya... Oh Enelya... Avait-il vraiment échoué ? Il s'agita tout à coup, fièvreux, entêté dans sa résistance. Il ne voulait pas mourir, il l'aimait trop pour la rejoindre alors même qu'il en était indigne. Un chant doux chatouilla ses oreilles, lui tirant un grondement sauvage. Quoi ? De la musique ? Même ici on venait lui casser les oreilles ? Damnation ! Il se débattait dans son lit, conscient tout à coup de ne pas être mort et craignant qu'on ne vienne l'achever. Il devait reprendre conscience, il devait se défendre... Le monde voulait sa mort, et il ne comptait pas se laisser faire. Il était fort, il ne craignait personne. Il était le prince noir, pas question de rester aussi faible.

Une autre voix, un murmure plus mélodieux encore à ses oreilles. Enelya ? La pression de la main douce sur sa joue lui tira un gémissement. Elle ne devait pas toucher la marque, elle allait se brûler... Sauf qu'il n'avait aucune magie en lui. Il chercha sa puissance brièvement, il chercha le serpent. Sans succès. Il était trop faible, presque mort pour de bon... Il se crispa, désemparé par sa propre impuissance et toujours frustré par la mélodie opiniatre qui réparait les lambeaux de son âme. Elle lui faisait du bien, il le sentait... Alors pourquoi haïssait-il cette voix à ce point ? Il ne se souvenait plus... Mais cela n'avait pas d'importance, il en détestait le propriétaire et il lui ferait la peau à la première occasion. En attendant, il se concentra sur l'autre voix, celle d'Enelya... Ou pas... Non cela ne se pouvait. Il ne savait plus... Il ne voulait simplement pas réfléchir. La main douce l'effleura à nouveau et il s'apaisa. Plongeant dans un sommeil profond comme il n'en avait plus connu depuis qu'il était vampire, le chant s'intensifia, mais il ne l'entendait plus...



************
Une semaine plus tard

La soif... Lyroë... La pierre... Enelya.. La soif encore... Merithyn, Eliowir, Ambre... Et la soif... Dracos, ce qu'il avait soif... Depuis combien de temps ne s'était-il pas nourrit ? Il s'agitait de nouveau, émergeant à peine d'un rêve exquis où il avait retrouvé sa vampiresse perdue. Il délirait à moitié, encore perdu dans les vapeurs de ses songes et il marmonnait des mots sans suite dans sa langue maternelle. On parlait à côté de lui, mais il ne parvenait pas à saisir la significations des mots, cela l'agaçait... Il remua de nouveau, manquant dégringoler du lit sans véritablement s'en apercevoir. Une présence s'approcha, odeur humaine... Il se raidit, bizarrement attentif dans son délire. Ses canines se découvrirent avec voracité lorsqu'un poignet se présenta devant sa bouche, mais il n'avait pas la force de mordre. Le bras se retira, et il manqua sombrer à nouveau dans une inconscience totale mais une brusque odeur de sang le ramena illico à l'instant présent. Le poignet se présenta à nouveau, entaillé... Lorsqu'il sombra encore une fois, il avait le ventre plein.




*********
2 jours plus tard

Il avait rêvé encore, ou cauchemardé peut-être. Il avait vu Enelya, comme toujours. Mais son visage lui demeurait caché, presque invisible dans une obscurité que même ses prunelles vampiriques ne parvenaient pas à percer. Un sursaut furieux l'avait secoué lorsqu'elle s'était éloigné de lui, cette fois il en avait assez de lui courir derrière ! Elle lui cachait quelque chose, ou peut-être que c'était simplement son inconscient qui essayait de s'adresser à lui. Dans tous les cas, il se sentait prêt, il voulait comprendre. Sa main se montra douce, mais ferme lorsqu'il la posa sur le bras de la vampiresse. Elle pivota vers lui avec lenteur, mais c'est lui qui recula.

"Elliseï ?"

Sa propre voix étonnée l'avait réveillé, et il avait mis un moment à réaliser qu'il était encore de ce monde, qu'il ne délirait plus. Avec prudence et sans ouvrir les yeux, il s'inspecta lui-même. Tâtonnant faiblement à la recherche de sa puissance magique, et cherchant le serpent à nouveau. Il le sentait... Mais qu'il était loin... Sa température était basse, trop basse par rapport à ce qu'elle aurait dû être. Quand à son énergie vitale, elle frôlait le Néant. Il n'était même pas certain de réussir à rassembler la force nécessaire pour faire fonctionner ses paupières... Où était-il ? L'endroit était parfaitement silencieux... Etait-il seul ? Il aurait préféré, il n'était pas sur d'apprécier l'état dans lequel il allait retrouver son corps et n'avait pas envie d'avoir de témoins pour son réveil. Mais cela n'avait sans doute aucune importance, si il n'était pas mort malgré les terribles ravages qu'avaient subis son corps et son âme c'était qu'on l'avait forcément soigné. Qui ? Il priait le Dracos pour se tromper...Rassemblant son courage et le peu d'énergie qu'il possédait encore, il ouvrit les yeux/

Le monde n'était pas très clair... C'est la première pensée cohérente qui lui vint lorsqu'il reprit enfin le contact visuel avec son environnement. Il cligna une fois ou deux des paupières et parvint finalement à éclaircir un minimum sa vision. Un... Mur ? Voilà qui ne l'éclairait pas beaucoup sur l'endroit où il pouvait se trouver ! Son odorat le renseigna bien plus efficacement en lui apportant l'odeur infecte des elfes qui pullulaient apparemment dans le coin. Hmm... Peu plausible qu'il ai été transporté dans le royaume elfique, à moins d'y être prisonnier et dans ce cas dans une très mauvaise situation. Le domaine baptistral donc, oui c'était d'autant plus logique que c'était le dernier endroit où il s'était trouvé avant de frôler la mort. Il sentit la présence du baptistrel avant même de tourner la tête et sa voix ne fut qu'un grondement animal :

"TOI !"

Une telle vague de fureur s'empara de lui à cet instant qu'il oublia tout. De son état physique lamentable à la défection de sa puissance magique en passant par la déchirure provoquée par la pierre et même le rêve qui lui avait révélé tout l'attachement qu'il ressentait pour Ambre. Une seule chose comptait. Le cou gracieux de l'elfe qu'il allait broyer dans sa main dès la première seconde où il parviendrait à le saisir. Ah il n'avait pas de magie ? Ah il n'avait pas de dagues ? Foutaises que cela, il voulait le tuer à mains nues, juste par pur plaisir et par le besoin viscéral qu'il ressentait de lui faire payer toute la mascarade qu'il avait dû subir. Il lui aurait sauté dessus d'un seul bond de prédateur vampirique si il en avait eut la possibilité, mais il ne parvint qu'à se soulever à demi sur ses avant-bras avant de retomber dans un abime d'épuisement. Changement de programme... Les prunelles d'acier transpercèrent l'elfe chanteur tandis que l'ancestral cherchait les faibles ressources magiques qui lui restaient et les lançaient à corps perdu contre les défenses du chanteur. Il frappa une fois, deux fois, trois fois même. Epuisant ses faibles réserves magiques contre des défenses qui ne daignèrent même pas vaciller devant cette pitoyable tempête. L'autre semblait simplement attendre calmement qu'il en termine avec ces tentatives inutiles... Et il n'eut pas vraiment d'autre choix, il n'avait tout simplement pas assez de force pour lancer une quatrième attaque qui se serait révélée tout aussi inutiles que les trois autres. Bon... Message reçu, il était un peu tôt pour assouvir son envie de meurtre... Mais que l'autre ne se croit pas à l'abri. Il haleta, furieux :

"Ne... Crois... Pas t'en sortir comme... Comme ça... Baptistrel toi ? Il n'y a pas de traître plus infâme et de menteur plus adroit sur toutes les terres d'Armanda ! Tu es comme ton serment, tu n'es que du vent !"

Le venin lui montait à la bouche, presque aussi acide que celui qu'il crachait. Il se raidit lorsque l'autre s'approcha de lui, mourrant d'envie de lui arracher les yeux dans la seconde mais conscient d'en être incapable. Il serra néanmoins son bras avec plus de force qu'il ne s'en serait cru capable avant de souffler, épuisé :

"Pour cela chanteur, pour ce que tu m'as fait... Si une justice existe au sein de l'esprit de la mort je suis prêt à la subir et à payer le prix de chacun de mes actes. Mais j'espère que ton châtiment sera à la hauteur du mien !"

Sa main retomba, la tête lui tournait trop pour qu'il puisse soutenir cette explosion de rage pure. Néanmoins et malgré le fait qu'elle l'ai complétement vidé, elle lui avait fait beaucoup de bien. Crever l'abcès avait été nécessaire, cela le rongeait trop profondément. Pourquoi se sentait-il si blessé de la trahison d'un elfe ? Cela n'aurait pas dû avoir une telle importance pour lui... Mais il avait renoncé depuis longtemps à comprendre la nature du lien qui le rattachait à Shadowsong, et il ne voulait pas non plus comprendre pourquoi c'était si douloureux. La douleur... Elle était là justement, et pas seulement moralement. Le souvenir de la torture provoquée par la pierre le tenaillait toujours, la déchirure en lui était bien palpable... Quels dégâts avait-elle provoqué exactement ? Il frémit en songeant que rattachée comme elle l'était à son chant nom, elle avait peut-être tout simplement endommagé son être profond... Son... Âme ? Ou quoi que ce soit... Il grimaça lorsqu'une onde de douleur le traversa, et même sa fierté ne pu l'empêcher de tourner un regard inquiet vers le baptistrel :

"Qu'est-ce qu'elle m'a fait ? Quelles seront les conséquences ?"

Il secoua la tête avec impatience en comprenant qu'il s'inquiétait de son niveau de douleur et grogna:

"Je n'ai pas peur d'avoir mal, j'ai mal depuis qu'on a eut l'idée saugrenue de me mettre au monde. Je veux savoir si cette pierre a pu me mutiler physiquement ou moralement et si elle m'empêchera d'honorer mon serment. Et par dessus le marché Shadowsong, je veux savoir à qui tu as offert ce genre d'abomination avant d'avoir enfin retrouvé la force nécessaire pour te BROYER LES OS !"

Et bien voilà, il hurlait à nouveau... Mais il fallait dire qu'il avait toutes les raisons du monde de se sentir très légèrement à fleur de peau ces temps-ci... Sa voix plus ou moins mélodieuse sembla porter loin puisque le bruit caractéristique d'une porte ouverte avec précipitation vint détourner brièvement leur attention. L'odeur humaine bien connue détourna instantanément l'ancestral de l'objet de son courroux et l'acier se fit moins tranchant lorsqu'il tourna la tête vers elle, presque avec gêne.

"Ambre..."

Qu'avait-elle entendu ? Et pourquoi était-elle encore là d'ailleurs, alors qu'elle aurait pu aisément s'échapper enfin de son contrôle ? Leurs regards se croisèrent, celui du vampire se teintant d'une lueur prudente et presque décontenancée. Il savait à présent... Il ne pouvait plus prétendre ignorer les sentiments qu'elle lui inspirait. Il ferma les yeux une seconde, fiévreux à nouveau. Et les rouvrit pour affronter à la fois la réponse du baptistrel et les possibles paroles de l'humaine...
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Merithyn Shadowsong
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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeVen 28 Fév 2014 - 19:34


Etait-ce un songe ou un cauchemar qui se déroulait là ? Il n’en était pas tout à fait certain, et pourtant tout c’était déroulé en lui laissant l’impression d’une demie illusion lointaine, comme si tout cela n’était pas… ne pouvait pas être réel. Depuis l’instant où tout avait pris fin, il ne cessait de se demander quand le délire cauchemardesque prendrait fin… tout en sachant qu’il n’y avait strictement aucune chance que cela advienne puisqu’il ne s’agissait que de la réalité. Dure, cruelle et brutale réalité oui, il ne pouvait pas le nier, pas même au plus profond de lui-même… Il ne pouvait chasser la vérité, se dissimuler derrière des œillères, non ce n’était vraiment pas possible et pourtant il aurait tant voulu en être capable. Elle s’imprégnait sur lui comme une marque au fer rouge, comme une blessure douloureuse lui souillant la chaire et qui se rappelait à lui à chaque minuscule instant qui passait sans jamais lui offrir la moindre paix, le moindre instant de bonheur. Oui, il ne pouvait détourner le regard de l’horrible réalité, la simple idée de le faire lui était aussi insupportable que la réalité elle-même… Il n’avait même plus la force d’une telle lâcheté. En vérité, il ne lui semblait plus avoir la force de quoi que ce soit sans pour autant qu’il puisse se permettre de se laisser tomber à terre, il y avait simplement trop à faire, trop à penser et trop à supporter pour accéder au sommeil ou mieux, à l’oubli définitif. Depuis l’instant où tout avait semblé se figer sur un monde plein de cendre et de deuil, il n’avait réussi à trouver le sommeil ni aucune paix d’aucune sorte. C’était tout simplement impossible, sa résistance était enfin arrivée à bout de ce qu’il pouvait supporter et cette fois il l’avouait, il n’en pouvait plus. Il n’était pas capable d’avancer et de se remettre, en l’état… c’était tout simplement impossible, inimaginable. Comment pouvait-on seulement sourire de nouveau, avancer, prospérer, vivre… quand tant de mal avait été fait. Il s’en sentait tout simplement incapable et se repassait en tête tout ce qui lui était tombé dessus depuis l’instant où l’armée Alayienne avait attaqué le sanctuaire.

Cette attaque avait été le glas. Quelque chose s’était brisée là, nettement, comme une figure de cristal tranchée par le fil d’une épée. Le sanctuaire envahi et souillé… souillé par les hérétiques, par la mort et par le chaos le plus terrible qui soit, bouillonnant de haine et d’envies de meurtres… La terre autrefois si pure, intouchée, était à présent gorgé de sang. Le paysage autrefois paisible était à présent marqué par les combats, par la bataille et l’horreur, en une ombre qui, peut-être, ne s’effacerait jamais. Ils pouvaient effacer le massacre, ils pouvaient faire pousser l’herbe, reconstruire les bâtiments, enrichir la terre afin de lui permettre de retrouver son intégrité… ils pouvaient chasser les miasmes et les cris de l’air et laver le sol et les rivières… mais cela ne changerait rien au poids qui pesait sur les cœurs et à la certitude de ce qui avait eu lieu. Ils ne pouvaient, aucun d’entre eux, ôter de leurs mémoires ce qui s’était passé… Il faudrait faire avec apprendre à vivre avec cela et en tirer les conséquences, les leçons nécessaires. En temps voulu, mais pour le moment il s’agissait surtout de se remettre du choc terrible que représentait cette bataille au cœur du sanctuaire et la destruction de l’un des havres ainsi que celle, plus partielle, d’un second. Mais si ce n’était que cela, à ses yeux à lui… il y avait cependant bien davantage, des blessures bien plus personnelles et plus terribles encore, d’une certaine façon. Et la première d’entre elle était la mort de Lyroë… Lyroë, son amie, sa sœur et confidente, son plus grand soutient. Elle était morte consumée par la haine, elle était morte par l’usage d’une magie horrifiante, un sacrifice trop grand pour ce que cela représentait. Elle était morte dans ses bras, en lui assurant qu’elle veillerait sur lui… Elle était morte là, contre lui, sans qu’il ne puisse y faire que ce soit, dévasté et ravagé comme son domaine par cette perte de plus. Sa Lyroë qu’il aimait comme sa propre famille… elle était partie, en un lieu où il ne pouvait la suivre et l’avait laissé, abandonné, avec quelques maigres mots de réconfort et la seule satisfaction d’être parvenu à sauver son âme. C’était tout ce qu’il avait alors pu faire pour elle car aucun de ses pouvoirs de guérison n’était assez fort pour défaire ce que cette magie-là avait accomplie en si peu de temps… l’amour des esprits conçue en un être, réduit à rien par cette hérésie… et pour quoi ? Pour quoi vraiment… du vent, rien d’autre que cela… Elle s’était sacrifiée pour rien.

Pour rien… était-ce cela le pire dans cette histoire ? Peut-être bien que oui… Il avait dû encaisser tant de vérités d’un seul coup, inattendues et cruelles vérités, comme des voiles que l’on levait sur la réalité. Lui qui pourtant était un gardien de la vérité, un parangon de sa force et de sa valeur, n’avait pu supporter de voir ces vérités-là, trop laides et viles à ses yeux. Des vérités qu’il avait occultées ou qu’il n’avait pas soupçonnées avant cela et que la mort de son amie avait mises en lumière. Alors peut-être n’était-elle pas morte pour rien… mais ce qu’elle avait apporté n’était que tristesse et désespoir. Il voyait encore son visage, asséné par la caresse de la mort… et la dague glaciale de peine plantée dans son cœur à lui, les larmes qui ne venaient pas, incapable qu’il était d’exprimer son affliction, il ressentait encore la vie la quittant, son poids au creux de ses bras… et pourtant il n’avait plus se concentrer sur son deuil. Il avait dû abandonner son amie aux soins de ses pairs tandis que lui-même s’échinait à stabiliser l’état de Lorenz, à le soigner et tenter d’effacer les terribles dégâts causés par la pierre… Il n’avait pris de repos tout le long de ce combat, il s’était échiné de toutes ses forces, jusqu’à n’en plus pouvoir, uniquement porté par la tension nerveuse et la ponction d’énergie qu’il effectuait sur le sanctuaire du feu. Têtu, peut-être trop, il avait refusé l’énergie offerte par Shaynar, non point dans une tentative stupide et folle de repousser son lié qui était pourtant l’une des seules raisons qui le faisait encore tenir debout… mais il ne voulait pas le moindre conflit de ce côté-là. Il n’utiliserait pas l’énergie offerte par son compagnon écailleux pour soigner Lorenz, cela, ça ne regardait que lui. Et tout son art des soins et de la magie fut nécessaire, toutes les connaissances offertes en héritage par le statu de Gardien Pourtant il avait bien cru le perdre… et il lui était clairement apparut que sa perte lui fendrait le cœur, autant peut-être que celle qu’il avait déjà ressentie par le passé.

C’était étrange, déroutant… cela ne devrait pas être et pourtant ? Il entretenait clairement un lien singulier avec le vampire et l’idée de sa mort lui était difficilement acceptable tout en étant obligatoire. Et l’avoir vu si proche, avoir vu le résultat de ses propres choix en l’existence et le pouvoir de la pierre de chant-nom… l’avait glacé d’effrois. Savoir que ce don qu’il avait fait pouvait causer une telle souffrance, bien au-delà de ce qu’il avait cru… oui cela l’avait choqué, réellement et profondément. Il avait toujours cru que ses pouvoirs étaient entièrement bénéfiques et pourtant, sot qu’il était, il en avait oublié la part de chaos de chaque chose. La part même de chaos dans ses pouvoirs. Et ainsi était advenu ce carnage. Il avait eu honte… tellement honte de lui-même après cela. C’était lui qui avait tué Lyroë, même sans le vouloir, en fournissant ce qui avait amené sa perte. Et c’était lui qui avait torturé Lorenz… Il ne parvenait pas à se défaire de cette horrible impression de souillure et d’une cangue lourde comme le monde sur ses épaules. Il s’était jeté à corps perdu dans les soins à prodiguer, et avait même exigé la présence constante d’Ambre afin de donner un ancrage émotionnel à l’âme en souffrance du vampire. Et lorsqu’enfin il fut à nouveau en un seul morceau, faible, aussi faible et vide de force qu’un nouveau-né, alors seulement il avait osé le quitter quelques heures afin de prendre un peu de repos, le confiant à ses pairs afin qu’ils le veille et le protège de tout. Il avait également à cette occasion envoyé Ambre dormir, car elle aussi avait besoin de repos. Et pourtant même alors, les cauchemars ne l’avaient pas quitté… il ne parvenait qu’à peine à dormir… et le peu qu’il dormait lui était encore plus atroce que l’éveil. Ses songes n’étaient qu’horreurs grotesques et déformées, monstruosités venues d’un monde de délire sanglant lui prédisant une fin atroce… Il avait fini par abandonner, refusant de retourner au sommeil, il s’en remettait aux potions énergisantes et aux coupes sommeil afin de s’éviter la torture des nuits… Shaynar n’approuvait pas, il s’inquiétait, l’elfe le sentait mais n’avait tout simplement pas le courage de faire face. Broyé par la pression, il attendait l’instant où la corde fine qui le reliait encore à la santé mentale se briserait…

Heureusement, il avait assez de science médicale et de science de l’herboristerie pour se préparer des breuvages différents, s’évitant pour le moment la dépendance. Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher, nuit et jour, pendant les soins et en dehors, de laisser son esprit s’étioler en des visions toutes plus étranges les unes que les autres… qu’était-ce donc là ? Il avait peur, peur de savoir, peur de comprendre… pour l’instant tout ce qui importait était le réveil de Lorenz. Alors il restait là, près de lui, de longues heures, dans un silence presque total, seulement rompu, parfois, par une maigre discussion avec Ambre. Ce n’était pas qu’il ne souhaitait pas lui parler, mais il avait déjà si peu de force et il refusait de craquer devant elle, elle n’avait pas besoin de ça, pauvre enfant… c’était tout aussi dur pour elle. Combien de temps ? Il ne savait même plus… s’en fichait complètement. Il n’en avait rien à faire. Tout ce qu’il désirait c’était le voir ouvrir les yeux… Et finalement, après ce qui lui avait semblé des années, il le vit enfin reprendre conscience. Assit sur une chaise humble près du lit, les yeux se fermant à demi mais se forçant à veiller encore, il avait attendu en se disant qu’il ferait mieux de boire une nouvelle potion d’énergie, afin de tenir encore un peu. Il ne prit qu’à peine conscience de l’éveille du vampire, seul en sa compagnie. L’humaine était allée préparer un breuvage médicinal qu’il avait prescrit. Aussi, en entendant le cri, il leva sur le gisant un regard assombrit, couleur de vieil argent terni et les yeux ourlés de lourdes cernes, restant presque sans réaction face à la rage et à la haine qui animait son patient. Sensible comme il l’était, il aurait dû souffrir le martyr de tout cela, mais ne ressentait rien de plus qu’une vague pulsation sourde dans le cœur et les os, drainé de toute autre chose… Clignant à peine des yeux, il le regarda essayer de bouger puis le vriller de ses prunelles aussi grises que les siennes. Il le laissa tenter de pénétrer ses défenses, imperturbable en apparence, les murs l’entourant ne vacillant même pas face à ce qui n’était qu’une pathétique pichenette en comparaison de la véritable puissance du vampire. Encore trop faible, il fallait s’en douter, il venait à peine de reprendre réellement conscience et déjà il s’échinait à se dépenser. Un patient bien peu coopératif et pourtant… pourtant il était tellement soulagé.

Soulagé de le savoir enfin éveillé, de le voir parler et bouger même si c’était avec des envies homicides. Les mots, crachés avec venin, lui coulèrent dessus, un bien maigre assaut en comparaison de tout le reste et de sa propre flagellation. Aussi, avec un soupire doux, il se leva pour approcher de lui, voulant s’assurer qu’il n’allait pas replonger dans le coma. Aucune parole ne vint de sa part à la rencontre des mots du vampire. Il avait bien autre chose en tête en l’instant, restant profondément inquiet pour lui. Très inquiet même, et cela même si Lorenz parvenait encore à le menacer de mort. C’était un bon signe oui, mais pas assez bon pour lui… il s’angoissait de savoir si sa santé se stabiliserait et surtout si… si son âme porterait des marques indélébiles. Et son corps… il souffrait et d’autant plus qu’il portait à nouveau la malédiction des dragons sur lui. Il avait peur que le contrecoup des tortures infligées par Lyroë couplé à la malédiction ne l’achève mais puisqu’il semblait capable de hurler… quoi que le connaissait, si il avait simplement eu la force de ramper pour venir le tuer, il l’aurait sans doute fait. Un nouveau soupire lui fut arraché alors qu’Ambre revenait dans la pièce et qu’il s’éloignait légèrement du vampire pour se rapprocher d’elle. « C’est prêt ? » Dès qu’il eut confirmation, il récupéra la potion et remercia la jeune femme avec sincérité, retournant auprès de Lorenz qu’il observa, tenant le Vial dans ses mains jointes. Sérieux, il déboucha le petit flacon. « Vous avalez ça, sans rechigner ou je vous y force » Il n’était pas en assez bonne santé physique et morale pour accepter qu’il joue les divas sur ce point-là. Qu’il veuille le tuer était une chose, qu’il refuse de se soigner en était une toute autre. Il était, hélas, têtu comme vampire et pour le coup, cela le fatiguait même si encore une fois, il prouvait qu’il reprenait lentement du poils de la bête. Lui donnant donc la médication plus ou moins de force, il reposa la flasque sur une petite table de bois près du lit puis s’installa de nouveau dans sa chaise avec un vague soulagement… son corps souffrait du manque de sommeil et ne s’habituait pas encore à ne se nourrir que d’eau et d’énergie brute.

« Elle a… corrompu un diamant de pureté avec une magie extrêmement noire, afin de le transformer en arme contre vous. Elle a torturé votre âme, mais je pense que vous l’aviez compris » Il avait singulièrement mal au crâne et se sentait à nouveau glacé rien que d’y penser « J’ai fait tout ce que je pouvais pour vous soigner, et ambre m’a aidé en concoctant des potions. Mais vous êtes encore très faible et le resterez de longues semaines. Il va vous falloir vous reposer le plus possible et être coopératif avec votre traitement si nous désirons vous remettre sur pied. Si vous vous montrez raisonnable, vous devriez pouvoir vous levez d’ici moins d’un mois » Un long soupire douloureux s’arracha à ses lèvres avant qu’il ne poursuive « Quand à votre âme… je… ne pense pas qu’elle gardera de lourdes séquelles. Vous n’êtes pas mutilé, et vous pourrez poursuivre votre serment. Mais je ne peux pas prétendre que cela n’a eu aucun effet… je n’ai simplement pas encore plus pleinement diagnostiqué… » L’étendue des dégâts ? Ou simplement ce qui resterait derrière de tout cela… « Alors vous allez me faire le plaisir d’arrêter de parler de meurtre avant d’être capable d’en commettre un. Vous n’avez peut-être pas peur d’avoir mal mais moi si » Et il se fichait également de ce que le vampire en pensait, il n’avait plus la patience pour ça. Il eut un vague sourire pour Ambre toutefois, appréciant cette petite humaine courageuse qui réveillait la bonté au fond de Lorenz. « Ambre s’est beaucoup soucié de vous, elle ne vous a pas quitté tout le temps des soins… elle vous a même parfois veillé quand je n’étais pas là »
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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeJeu 6 Mar 2014 - 17:24

Le temps guérit les blessures, c'était du moins ce qu'on lui avait toujours dit. Était-ce vrai? Elle n'en savait rien. En doutait même grandement, puisque c'était ce même temps qui était responsable de bien des malheurs. Les semaines passées à observer le Prince lui avait amené nombre de questions à l'esprit, et ne pouvoir avoir de réponse lui rongeait l'âme lentement. Mais ce venin n'était pas le pire, non. Il était bien loin de celui, plus cruel, plus présent de la peur et de la douleur. A côté de ce dernier, il était même insignifiant, veillant dans son ombre et tentant de s'imposer mais le cœur et l'esprit étaient déjà trop malades pour qu'il ne change quoi que ce soit à la donne.

Ambre n'avait pas véritablement compris ce qu'il était arrivé à Lorenz, ni par quel maléfice exactement la femme elfe était morte. Elle en avait saisi les grandes lignes, avait tourné et retourné ce dont elle avait été témoin mais toujours, certaines choses restaient inexpliquées. Les détails lui échappaient par faute de connaissance, et elle n'avait osé se tourner vers Merithyn pour le questionner, craignant qu'il s'effondre devant elle. Le peu de conversation qu'ils échangeaient était superficiel, sans osé allé plus loin pour ne pas heurter une quelconque surface sensible et fragile qui se brise à ce contact des mots cachés, qui montreraient que tout ce qui s'était déroulé jusqu'à présent ne relevaient pas du cauchemar mais bien d'Armanda. Les mots... Ils avaient un immense pouvoir, les baptistrels le savaient mieux que personne. En somme, n'était-ce pas eux qui, chantés, avaient soutenu Lorenz dans sa douleur et ramené, petit à petit, vers sa non-vie? La guérisseuse, elle, n'avait pour unique solution que ses potions et ses suppliques aux esprits, sacrifiant ses nuits et ses journées à rechercher les meilleurs remèdes, demandant parfois un avis ou conseil à l'elfe blond et triste, poursuivant sa quête de connaissance des plantes dans les livres qu'elles feuilletaient parfois en veillant sur le Prince, afin de ne pas perdre la plus petite seconde. D'autant qu'ici se trouvaient des variétés inconnues de végétaux qu'elle pouvait utiliser selon ses besoins, et cette trouvaille l'aurait excitée comme une gamine devant un nouveau jouet si elle n'avait pas été si triste, épuisée et soucieuse. Pas seulement pour Lorenz, mais pour le continent entier et, indubitablement, pour Merithyn. Il semblait éteint et vide, et son manque d'énergie se répercutait sur la jeune humaine, qui n'avait qu'une envie: tenter de le réveiller et de l'arracher à ses douleurs. Elle ne se souvenait pas l'avoir jamais vu sourire, mais leurs rencontres passées avaient été trop peu nombreuses pour qu'elle en ait l'occasion. Et dans la chambre plongée dans l'obscurité du vampire, son visage autrefois serein semblait n'avoir jamais connu la joie et la paix. Voilà pourquoi entre ses recherches et ses mixtures, la frêle esclave tentait de lui trouver de quoi apaiser son âme sans aucun doute malheureuse, sans avoir la moindre considération pour elle-même et les besoins de son corps qui aurait lui aussi nécessité un traitement de faveur. Mais après tout lui était capable de soigner le blessé, alors qu'elle en était incapable, c'était donc normal que ce soit le beau blond qui passe prioritaire de ses inquiétudes après, bien évidemment, le vampire affaibli. Elle pouvait simplement se montrer utile pour ne pas gêner, et veiller au côté du chanteur comme celui-ci l'avait demandé. Pour quelle raison l'avait-il fait? Elle l'ignorait, aucune explication ne lui avait été donné, mais n'avait pas tenté de l'apprendre. Si sa présence pouvait servir alors elle l'offrait de bon cœur, bien que tentant de fuir ce que ses noires pensées lui offraient avec cruauté. Les derniers événements tournaient en boucle dans son esprit innocent. Sans doute aurait-elle dû s'habituer à voir la mort en face, mais c'était plus fort qu'elle, elle n'y parvenait pas. La simple existence des vampires qu'elle côtoyait relevait de l'union étrange de la mort et de la vie mêlée. Pourtant croiser le regard d'un être vivant, bien vivant, qui s'effondrait avec une hache en pleine poitrine ou bien vidé de son énergie, était encore différent. C'était une noirceur différente, plus marquée, qui troublait l'âme et bouleversait les témoins, les culpabilisant, les détruisant petit à petit. Qu'était-il advenu des centaines, milliers de soldats qui avaient combattu pour la liberté? Combien aurait-elle put sauvé si elle ne s'était pas enfuit bêtement aider la princesse, échouant dans sa tentative, préférant risquer bêtement sa vie plutôt que soigner celles des autres? Et l'elfe morte dans les bras du baptistrel, son âme avait-elle trouvé la paix, les esprits avaient-ils été bons avec elle ? Elle avait souffert c'était indéniable, et sa mort n'avait pas sut apporter ce qu'elle avait souhaité accomplir : tuer son ennemi. Elle aussi était à plaindre, sincèrement.
Il semblait à la guérisseuse que des visages connus et inconnus s'introduisaient sous ses paupières chaque fois qu’elle les fermait, à chaque clignement d'œil et lorsqu'elle trouvait quelques instants pour se reposer, leur regard accusateur la fatiguant et la minant plus que cette veille quasi-constante. Cette impuissance, cette culpabilité, elle l'endurait difficilement, d'autant que son point de repère le plus important, Lorenz, était trop affaibli pour qu'elle ne puisse s'y appuyer véritablement. Oh, non pas se reposer sur lui comme deux amis, deux amoureux ou deux parents le feraient, mais sur son existence et son côté éternel qu'elle avait l'impression d'avoir toujours connu; en un sens, tant qu'il existait et était puissant, elle savait que tout était réel. Elle croyait en sa force et sa puissance. Mais affaibli comme il l'était... Elle se débattait contre elle-même pour retirer les fictions du réel, doutant parfois même qu'il ne s'agissait pas d'une illusion détraquée de son esprit. Et lorsqu'elle s'apercevait que non, que tout était bien réel, que cette faiblesse digne d'un nourrisson à peine sorti du ventre de sa mère était bien réel, son regard se voilait douloureusement. De toute sa vie de guérisseuse, elle n'avait jamais rien de tel et ne pouvait que se demander si la science de l'elfe et ses propres connaissances en herboristerie seraient suffisantes. Elle l'espérait. Mais les blessures dont souffrait le Prince étaient davantage psychologiques que physiques, et Ambre était incapable de savoir s'il guérissait vraiment. Pourtant son mauvais caractère et sa force émotionnelle devait l'aider, elle doutait que le grand Lorenz Wintel se laisse ainsi humilier par une elfe.

La décoction qu'elle préparait était enfin terminée, et elle se pencha en avant pour en sentir les effluves, son parfum fleurit et apaisant détendant les traits tirés de son visage, soulignant les larges cernes qui marquaient ses yeux de noir et faisaient ressortir la pâleur de son jeune visage. L'angoisse la vieillissait inutilement et ses yeux habituellement pétillants et curieux étaient ternes et tristes, recouverts d'une pellicule d'anxiété et de fatigue. Merithyn était resté à veiller sur le malade, bien qu'un peu de repos n'aurait pas été de trop en ce qui le concernait, et Ambre avait ainsi eu l'occasion de s'éclipser le temps de concocter de quoi soulager Lorenz, et récupéré l'infusion préparée un peu plus tôt pour le baptistrel. Ce n'était pas sûr qu'il l'accepte, mais elle pouvait toujours tenté de le convaincre. Aussi renfermé qu'il soit, il n'en restait pas moins gentil et prévenant, et elle espérait qu'au moins par politesse il accepterait. Si ce n'était pas le cas, le breuvage ne ferait de toute façon pas de mal à Lorenz... ou à elle-même.
Se redressant, la jeune humaine rejeta en arrière une mèche de cheveux avant de retourner vers la chambre du vampire. Une tasse fumante dans une main, sa décoction coincée contre sa hanche pour avoir l'autre main de libre, elle se rapprocha de sa destination finale avant de s'arrêter brusquement en entendant des éclats de voix. Des voix... Ou bien il y avait un intrus ou... la deuxième possibilité était la bonne et le cœur de la demoiselle s'emballa. Il était éveillé. Bien éveillé même. Bien malgré elle, un sourit fleurit doucement sur ses lèvres pâles, éclairant son visage épuisé d'une lueur d'espoir. Si le Prince était en mesure de grogner, c'était que tout allait mieux. Mais son optimisme ne dura pas longtemps. Il ne pouvait pas seul, et la seule autre personne qui pouvait se trouver avec lui était celui qui le moins devait avoir l’énergie de le supporter. Et que Dracos le vampire pouvait-il bien lui reprocher ? C'était à lui qu'il devait la vie. Ambre pinça les lèvres, désapprobatrice devant tant d'injustice et de non-respect. Et après les longs moments passés près de Lorenz, la jeune femme savait qu'il pouvait être extrêmement violent. Comme si Merithyn avait besoin de cela... Elle poussa la porte avec précipitation, couinant lorsqu'une partie de la tasse se renversa sur son avant-bras gracile, et se figea devant l'ambiance emplie de violence qui brûlait l'air et le salissait de manière déplaisante. Son regard pâle croisa celui tout aussi clair de celui par elle était lié, s'y attarda quelques instants avant de s'en détourner, rassérénée. Le sang qu'elle lui avait offert lorsqu'il était encore faible semblait avoir fait son effet, et ne regrettait absolument pas d'avoir dû s'entailler elle-même le bras pour le nourrir. Elle avait appris depuis bien longtemps que pour sauver les autres il fallait parfois offrir de soi et la douleur n'était qu'un faible prix pour épargner.
Se dirigeant vers la proie de la furie, la jeune femme lui glissa la tasse fumante dans les mains, secouant son bras pour en chasser les gouttelettes qui perlaient encore et tenter d'atténuer la brûlure qui pulsait lentement en elle, bien qu'elle l'oublie rapidement pour se tourner vers le blessé après un dernier sourire à Merithyn, rougissant vaguement sur sa phrase de conclusion. Elle ne l'avait pas quitté certes, mais c'était sur la demande du baptistrel, du moins en partie. Ce n'était donc pas surprenant. L'inquiétude qu'elle avait ressentie devant le corps immobile s'imposa dans sa mémoire, tout comme les petits gestes ayant bercés la convalescence du blessé. Cela, personne ne lui avait demandé.

-Tenez, vous semblez épuisé.

Préférant ne pas enchérir dessus, elle pivota en direction de l'alité. En deux enjambées elle fut près du lit et posa son petit pot près du vampire, prenant garde à ne pas le toucher mais tout en scrutant avec attention son visage, cherchant les marques d’amélioration de son état. Si le regard était toujours fiévreux, au moins semblait-il moins fragile et la souffrance s'était atténuée. « Je n'ai pas peur d'avoir mal, j'ai mal depuis qu'on a eut l'idée saugrenue de me mettre au monde. ». La phrase qu'elle avait entendue juste avant de rentrer dans la pièce lui revint en mémoire et son regard bleu s'assombrit, attristée pour le vampire. Elle ne se serait jamais attendue à une telle révélation de sa part, bien que ce ne soit pas à elle qu'il l'ait faite.

-Comment vous sentez-vous ? Merithyn vous a sauvé la vie. Il n'a eu de cesse de vous ramener depuis le début.

Sourcils froncés, elle l'observait avec attention en parlant d'une voix douce, donnant presque l'impression d'une mère morigénant son enfant après que ce dernier ait insulté son guérisseur, avant d'aller s'asseoir sur la chaise qui depuis de nombreux jours supportait son faible poids. Elle désigna brièvement la décoction.

-Buvez, cela vous apaisera. Vous devez vous reposer.

Et Dracos savait qu'il en avait besoin, d'être apaisé. Même ainsi, il était effrayant. Et quand elle disait se reposer, c'était également se calmer et cesser de hurler contre le pauvre baptistrel. Difficile de le dire explicitement.


Dernière édition par Ambre Orétoile le Jeu 13 Mar 2014 - 11:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeMar 11 Mar 2014 - 12:19

La douleur dépassait presque son seuil de tolérance... Rectification, elle le dépassait tout à fait. Au delà de la faiblesse de son corps, il pouvait sentir toute la détresse mortifiée de son âme à peine restaurée. Oh les soins du baptistrel avaient agit bien sur, sans cela il serait mort. D'instinct, il ressentait les points faibles des fragiles des réparations toutes récentes et il ne pouvait s'empêcher de passer et de repasser sur la déchirure trop profonde que le chanteur n'avait pas pu refermer tout à fait. Elle était minuscule sans doute, pas plus grande qu'un écorchure que son organisme vampirique aurait mit quelques minutes à refermer, mais il s'agissait de son âme... Comment savoir ce que le moindre accroc allait pouvoir occasionner comme dégâts ? Et si cela le changeait tout à fait ? Ce qu'il ressentait pour Ambre... Cela venait peut-être de là ? Il rumina cette pensée une seconde avant de la jeter aux orties, ce qu'il ressentait n'était pas tout nouveau, il l'avait simplement rejeté de son esprit pendant trop longtemps.

Effrayé par tous ces changements trop rapides pour l'immuable vampire qu'il était, il détourna sans attention de ces douleurs psychologiques. Ou essaya, car ce n'était pas si simple d'ignorer un tel mal. En désespoir de cause il plongea dans celui qu'il connaissait le mieux, accueillant la douleur de la malédiction des dragons comme un moindre mal. Avec curiosité, il tâtonna à la recherche du lien qu'il avait partagé avec Achroma et se renfrogna devant les vestiges de ce qui n'était plus qu'un souvenir. Il avait perdu son ombre... Le préjudice était énorme, et le risque que cela finisse par se retourner contre lui encore plus d'autant qu'il risquait d'y avoir perdu aussi un dragonnier et sa lié. Achroma ne pourrait que se détourner de sa cause après tout ceci, et il serait difficile de le soumettre aussi efficacement qu'il l'avait été... Eliowir... Sa mort serait lente et plus abominable qu'aucune autre.

Il vampire reporta son attention sur l'humaine en attendant ce moment de grace, mais le baptistrel avait apparemment d'autres projets. Les mots doux de la petite étoile tirèrent un froncement de sourcil à l'ancestral. Epuisé hein ? Il pouvait bien l'être vu la responsabilité qu'il avait dans tout cela ! Il n'avait toutefois pas la force de l'invectiver plus avant, pas encore... Cela viendrait. Il n'avait pas fini de lui dire à quel point il lui répugnait et peu lui importait que le chanteur en soit touché ou pas. Il le couva de son regard tranchant, pour ne pas dire assassin, lorsqu'il s'approcha du lit et se raidit devant le ton impérieux. Et puis quoi encore ? Il y avait des siècles entiers qu'on ne lui avait plus parlé sur ce ton, et il n'appréciait que moyennement. D'ailleurs il apprécia moins encore la scène suivante mais elle eut au moins l'avantage de lui confirmer qu'il n'avait décidément pas assez de force dans les mains pour broyer les cervicales de l'elfe, ni même pour l'étrangler. C'était bien dommage... Il caressa une seconde l'idée de lui cracher le breuvage au visage mais il était un être patient dans ses rancunes et il n'avait pas besoin d'être un très bon stratège pour deviner que la mort de son ennemi ne viendrait que plus vite si il accélérait sa guérison ! Il laissa donc passer l'affront malgré la lueur dangereuse qu'avait prit l'acier de ses prunelles en fusion et se contenta de montrer les crocs dans un rictus parfaitement instinctif. Ah les planter dans la jugulaire palpitante... Même en sachant que l'autre ne pourrait certainement pas se transformer vu son jeune âge, l'idée de le vider de son sang pour le simple plaisir de le sentir agoniser sous sa main était des plus tentantes... Il n'avait jamais voulu le mordre jusque là et avait même été jusqu'à refuser colériquement son sang pour la secrète raison qu'il ne voyait pas cet être là comme une possible nourriture jusque ici. Il regrettait à présent de l'avoir traité différemment, pour ce que ça lui avait apporté...

Il ravala sa haine en sentant à quel point elle drainait son énergie, conscient que toutes les potions du monde ne parviendrait pas à l'éveiller une seconde fois si il poussait le bouchon jusqu'à resombrer dans le coma. Il était de toutes façons trop concentré sur les explications qui tombaient enfin de la bouche de l'elfe pour penser à autre chose. La torture de son âme... Oui cela il l'avait deviné par lui-même, bien qu'une telle chose lui avait semblé impossible peu de temps auparavant. Bien sur on pouvait faire mal à un être vivant ou mort sans même le toucher, simplement en s'attaquant à son fonctionnement psychologique mais ça avait été différent, plus profond, et donc plus terrible. Il frissonna à cette pensée et pas uniquement parce que l'absence du serpent le glaçait. Il transperça du regard l'elfe qui osait lui faire encore des recommandations et se crispa à nouveau en entendant parler d'un mois entier. Dracos... Si le traitement qu'il avait subit ne le tuait pas avant la fin de ce délai alors ce serait le ressassement de sa rancune qui le ferait... Et il ne pouvait bien évidemment pas exiger qu'un autre que l'objet de son courroux ne le soigne, les vampires ne possédaient pas la science nécessaire déjà d'une et même parmi eux il n'avait confiance en personne pour ne pas profiter de la situation et l'achever afin de prendre sa place. Quand aux autres peuples, mieux valait ne pas en parler. Il était coincé...

A cette pensée, il serra la mâchoire jusqu'à la rendre douloureuse mais cela n'arrangeait pas le problème. Il avait besoin de l'elfe, encore... Et même si celui-ci était le premier responsable de cet état de fait. Pour la première fois depuis son réveil, le vampire observa son guérisseur plus attentivement et sans les oeillères que la colère lui imposaient. Tiens... Il ne l'avait pas vu en si mauvais état depuis la nuit où l'avait rossé sévèrement. Et encore, c'était pire ici car pas seulement physique. Il souffrait donc, autant que lui sinon plus... Il hésita un instant entre satisfaction, indifférence et frustation mais c'est cette dernière qui gagna la manche. Quoi de plus frustrant en effet que de vouloir faire souffrir quelqu'un et de s'apercevoir qu'il se débrouillait fort bien tout seul ? C'était typique de Shadowsong cela que d'avoir des réactions aussi illogiques... Cet idiot trouvait le moyen de tenir à lui, venu d'un autre que lui cela aurait plongé l'ancestral dans la perplexité mais c'était Merithyn n'est-ce pas ? Lorenz aurait été presque déçu de ne plus pouvoir le traiter d'imbécile...

Bêtement, tout ceci le calma. Il n'aurait pas très bien sur expliquer pourquoi mais le fait de s'être aperçu que l'autre n'avait pas changé et qu'il n'avait effectivement pas essayé de le tuer volontairement le rassérénait. Comme toute créature de la nuit, il n'aimait pas les changements surtout lorsqu'ils concernaient des connaissances aussi anciennes que l'elfe pouvait l'être. Savoir que l'autre tenait à lui ou tout au moins à sa survie le laissait de marbre en apparence, mais c'était un fait qu'il avait fini par considérer comme un dû et auquel il n'entendait pas renoncer. Merithyn lui appartenait en un sens... Il était sa propriété au même titre qu'Ambre même si leur lien tout aussi complexe était bien différent.
Il ferma les yeux quelques secondes, aussi soulagé par cette introspection que par les paroles rassurantes qui lui annonçait qu'il pourrait continuer à avancer vers son objectif. Si il y aurait des effets ? Evidemment qu'il y aurait des effets, on ne sortait pas indemne de ce genre de choses. Mais le plus important restait son serment, le reste ne l'intéressait pas.

« Alors vous allez me faire le plaisir d’arrêter de parler de meurtre avant d’être capable d’en commettre un. Vous n’avez peut-être pas peur d’avoir mal mais moi si »

Il ouvrit les paupières à nouveau et le couva d'un regard moins agressif. Non, il ne parlerait plus de meurtre avant un moment. Il n'y avait rien de plus pitoyable qu'une menace que l'on ne pouvait rendre réelle et c'était le cas à l'heure actuelle puisqu'il n'avait ni la force physique ou magique, ni la volonté de tuer le baptistrel. Il ne pardonnerait bien sur pas entièrement ce qui s'était passé, mais il était capable de le ranger dans un coin de son esprit jusqu'à leur lutte finale. Oui, cela il pouvait le faire. Ne serais-ce que pour le souvenir d'un instant magique au coeur d'une clairière. Enelya... C'était grâce à Shadowsong qu'il avait pu lui dire au revoir, ne s'apercevant qu'à cet instant là à quel point il avait pu regretter de ne l'avoir pas fait. La souffrance inonda ses prunelles à cette pensée, mais celle-ci était plus profonde encore que toutes les autres. Elle était partie...

Pourquoi n'avait-il pas fait cette constatation plus tôt ? Bien sur il n'avait jamais douté de sa mort mais il s'apercevait à présent qu'il ne l'avait jamais acceptée tout à fait. Il l'avait cherché inconsciemment pendant des siècles, les mains sanglantes jusqu'aux coudes et les yeux tournés vers des objectifs délirants dans le simple espoir qu'elle serait fière de lui. Il n'avait pas seulement poursuivit son serment dans cette course, c'était elle qu'il poursuivait... Et à présent, grace à l'elfe, il était délivré de cet espoir malsain. Enelya n'était plus, cela ne le délivrait pas de son serment mais il n'était plus enchaîné à son souvenir. Il était capable d'avancer, de chérir son souvenir mais sans se laisser engloutir par lui. Son âme se convulsa à cet instant en un sursaut douloureux qu'on aurait pu croire lié à ses blessures mentales, mais en croisant le regard du baptistrel, l'ancestral comprit qu'aucun d'entre deux n'était dupe. Il venait de changer profondément... Son chant nom lui même prenant un tempo différent, une note moins bestiale. Il grimaça, épuisé et empli de doutes devant tout ces événéments précipités. Jamais il ne s'était sentit aussi perdu. Son regard se détourna tandis qu'il évitait celui du chanteur, préférant ne pas voir la lueur pleine d'espoir qui s'y était sans doute allumée alors qu'il parlait encore :

«Ambre s’est beaucoup soucié de vous, elle ne vous a pas quitté tout le temps des soins… elle vous a même parfois veillé quand je n’étais pas là »

Sa réponse ne fut qu'un grognement indistinct, il était troublé par tout ceci et plus troublé encore par l'intensité de ses sensations tandis qu'il affrontait le regard de l'humaine. Il s'était souvent demandé ce qu'elle déciderait si il lui laissait l'occasion de quitter son service et de retrouver sa liberté, il avait la réponse à présent... Il aurait dû en être heureux, mais en réalité il n'en était que plus perturbé. L'aimait-elle ? Elle ne serait pas la première humaine à s'éprendre de lui malgré le danger qu'il représentait... Mais il n'y croyait pas. Elle était trop différente des autres, trop intelligente pour se laisser simplement attraper par les avantages que lui procuraient sa condition de vampire et qui n'étaient en fait que des armes pour attirer les proies comme elle dans ses filets. Alors quoi ? La pitié ? Elle en était bien capable... Mais cette idée lui déplaisait terriblement et il préféra la chasser avant de se remettre en colère. Non... Mieux valait ne pas savoir pour le moment, il avait tout le temps de percer ce mystère... Au silence dans la pièce il comprit qu'elle attendait une réponse de sa part et il n'eut d'autre choix pour cacher son trouble que de répondre avec férocité :

"Il n'aurait pas eu à me sauver la vie si il avait tenu parole."

Le ton était moins agressif qu'il ne l'aurait voulu, il tentait désespèrement de reprendre le contrôle de lui-même et de réendosser la carapace qui l'avait protégé si longtemps et qui se fendillait à présent de façon angoissante. Il parvint tout de même à lui décerner le regard doucement ironique qu'il utilisait lorsqu'il se moquait d'elle sans méchanceté :

"Je ne me suis jamais sentit aussi bien..."

Il aurait pu tout aussi bien se trouver à l'autre bout de l'univers qu'il n'aurait pas été plus éloigné de la vérité qu'en cet instant. Son corps lui faisait mal, son âme lui faisait mal, sa magie fichait le camps, son totem dormait il ne savait où et tout ce qu'il avait toujours considéré comme des vérités immuables et acquises disparaissaient à présent à ses yeux. Son monde s'écroulait... Et il ne pouvait rien faire pour le retenir. Jamais il ne s'était sentit aussi impuissant qu'à cet instant, même dans cette fichue clairière, alors non évidemment il ne se sentait pas bien du tout. Pourtant... Il ne se sentait pas si mal que cela quand il y pensait... Et il n'avait aucune envie de réfléchir au côté paradoxal de cette situation.

Tiré brusquement de ses pensées, il posa un regard incertain sur la petite fiole qu'elle lui désignait et se rembrunit. Encore ? Il n'osait imaginer le nombre de breuvages amers qu'ils allaient prétendre lui faire avaler en un mois. Elle faisait néanmoins preuve d'une technique difficile à contrer, en déposant l'objet pile là où il avait la force de l'atteindre sans prétendre lui en faire avaler le contenu par elle même comme l'avait fait l'elfe, elle lui offrait un échappatoire. Il pouvait faire l'effort de s'en saisir et de se soigner lui-même, préservant sa fierté, ou bien refuser stupidement et se le voir administré comme un enfant colérique. Il haussa un sourcil à cette pensée, sachant que l'ancienne Ambre n'aurait sans doute même pas pensé à un tel stratagème mais que celle qui avait beaucoup apprit dans l'art des plans tortueux à son contact en était tout à fait capable. Peut-être qu'il se trompait et que ce n'était simplement que le fruit du hasard, mais elle apprenait si vite qu'il doutait fortement que ce soit le cas. Il l'enveloppa d'un regard pénétrant, soupesant soigneusement ses possibilités avant de tendre enfin lentement le bras vers la fiole. Ses sourcils se froncèrent légèrement juste avant qu'il n'en avale le contenu et l'ironie onctueuse du politicien traversa à nouveau la pièce lorsqu'il lui démontra qu'il n'était pas dupe :

"Très malin..."

Le breuvage avait mauvais goût... Et était d'autant plus difficile à avaler qu'il n'avait pas l'habitude d'ingérer autre chose que du sang. A charge de revanche Ambre... Il allait devoir faire preuve d'une grande patience pour supporter tous les soins pendant sa convalescence, mais il comptait bien se servir de tout ceci.

La fiole vide retomba sur la couverture lorsqu'il en eut terminé, il n'était pas certain d'avoir la force de la reposer à sa place. Il ignora le conseil de l'humaine, estimant qu'il avait déjà bien assez dormi et désireux d'avoir d'autres explications sur ce qu'il avait bien pu rater.

"La dragonnière... Est morte je suppose ?"

Il ne supposait même pas en vérité, il était sur de lui. La nature du lien qu'elle avait fabriqué avec l'objet maléfique ne lui avait pas échappé, il utilisait la magie à de trop sinistres fins pour ne pas savoir ce qu'un tel sortilège pouvait faire. Elle n'avait pas pu s'en délivrer, Merithyn lui même n'aurait pas pu l'en délier. Elle s'était condamnée elle-même... Il n'aurait dû avoir que mépris pour elle, mais l'obstination avec laquelle elle avait poursuivi sa vengeance éveillait un écho en lui. Il pouvait comprendre... Même si aucune vengeance au monde ne pouvait passer devant la sienne. La loi du plus fort avait parlé même si il n'y était pas pour grand chose pour une fois. Il survivait, et elle était morte. Il passa à un autre sujet, réfléchissant à voix haute :

"Les Alayiens n'auraient pas dû être vaincus après qu'ils aient passé la barrière... J'en déduis que les dragonniers sont sorti vainqueurs de leur combat, contre toute attente... Sont-ils de retour ? Avec ou sans pertes ? Les négociations reprendront-elles ?"

Il ne croyait pas à ce dernier point, il aurait été trop difficile de reprendre après tout cela. Mais il refusait l'idée d'avoir fait tout ces efforts pour rien. Les Armandéens avaient peut-être remporté une bataille mais la guerre continuaient et ils n'auraient pas le dessus contre les Alayiens si ils combattaient séparéments. Il devait trouver le moyen de faire signer au moins les accords qui avaient été établis avant l'attaque. Les délégations étaient-elles encore là ? Il fronça les sourcils à nouveau lorsqu'un souvenir éclata dans son esprit :

"La princesse humaine... Le Prêcheur s'est emparé d'elle et l'a emmenée quelque part... Gloria est-elle tombée ?"

Il imaginait fort bien que le serviteur du Néant en question avait dû se servir de cet otage pour obtenir la reddition de la ville. Gregorist Kohan ne lui semblait pas du genre à céder, mais c'était sa soeur tout de même... Dracos... Si Gloria était tombée alors les choses allaient singulièrement se compliquer ! La pensée de Wallam l'effleura tout à coup et il cligna des paupières, un peu hébété par les coups du destin. Ainsi donc ce ne serait pas lui qui provoquerait la douleur du rebelle... Il ne savait plus trop si il devait s'en réjouir ou non, c'était décidément trop de choses à la fois...

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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeMer 19 Mar 2014 - 23:55


Surpris que la jeune femme ait également pensée à lui, il prit la tasse avec docilité et la remercia dans un souffle. C’était gentil de sa part, mais en même temps, il semblait bien que l’humaine soit la gentillesse incarnée. D’une douceur et d’une pureté proverbiale. Qu’elle daigne s’inquiéter de sa santé de quelque façon que ce soit était flatteur et agréable, et il lui en était infiniment reconnaissant. Ça n’améliorait guère son humeur et son moral, mais c’était néanmoins une gentille attention… qui ne paierait pas auprès de Lorenz, espérait-il. Un homme amoureux était souvent jaloux, et il ne voulait pas du tout disputer au vampire la tendresse d’Ambre, encore moins dans un moment aussi critique, alors que l’ancestral avait tant besoin d’elle. Et puis, il n’était pas très à l’aise avec de tels gestes. D’habitude, c’était lui qui s’occupait des autres et les chérissait autant que possible. Il n’était après tout qu’un serviteur, alors voir cette douceur retournée le déstabilisait profondément. Même lorsqu’il avait demandé à Ambre de veiller Lorenz seul, il s’en était voulu de la fatiguer davantage alors que lui-même pouvait encore tirer un peu sur la corde… même si il savait que la présence de l’humaine était bien plus bénéfique que la sienne. Un instant, donc, il se contenta d’agir selon ce que la convenance désirait le plus et afin de ne pas aller contre ce geste si singulier qu’elle avait à son égard. Tenant la tasse chaude entre ses doigts, il la porta à ses lèvres et la bu lentement avant de la reposer près de lui, sur le meuble de bois. Le breuvage lui fit du bien et il le marqua d’un soupire discret. Son propre état ne comptait absolument pas, pour le moment, aussi préférait-il taire les réactions physiques qu’il pouvait avoir. Et il le pensait d’autant plus après le sourire qu’elle lui adressait. Il ne méritait pas tant de gentillesse de sa part et encore moins un tel sourire… il n’y avait guère de raisons pour lesquels elle se comporterait ainsi. Mais l’interroger serait également une insulte envers elle et il ne désirait pas l’insulter.

Heureusement, Ambre en resta là, et se tourna vers Lorenz, ce qui lui permit de se dégager de ces pensées-là au profit de l’inquiétude qu’il éprouvait encore pour le vampire. Une inquiétude qui ne cesserait peut-être jamais, en particulier après ce qui s’était passé. La constance de cet homme l’avait toujours impressionné, autant que cet air inexpugnable qu’il arborait en permanence alors même qu’au fond de lui, oui tout au fond, il y avait tant de choses. C’était à ce titre que le diamant de pureté avait été imprégné du chant-nom de cet être, pour que leurs porteurs comprennent réellement qui était Lorenz, qu’ils puissent réellement, pleinement, jauger de la valeur de leur adversaire. Peut-être avait-il également pensé leur ouvrir les yeux sur ce qu’il était et les raisons qui le poussaient à combattre… Pour Lyroë, c’était raté en tout cas. Mais ce n’était plus si important à présent, elle était morte, bien sûr, et cependant il ne s’agissait pas de cela. Avec la disparition de Cymbor, son amie avait perdu une partie d’elle-même, de son âme et de son être. Elle en avait cruellement souffert bien entendu, plus que quiconque pourrait sans doute le comprendre ou l’imaginer… Sans doute était-il, d’une certaine façon, coupable de sa chute. Il aurait dû lui prêter une oreille plus attentive, il aurait dû la réconforter, l’écouter, mais au contraire, il avait bataillé pour qu’elle se défasse de sa haine et de sa douleur sans que la blessure se referme. Et Kylian ? Que se passerait-il pour lui ? Il n’osait l’imaginer, ne pouvait encore le concevoir. Pourtant, il était certain d’une chose… il n’avait pas voulu que les diamants deviennent des armes de torture. C’était la une corruption profonde de leurs natures. Ce que l’objet avait fait à Lorenz… cette fêlure dans son âme, qu’il ressentait aussi clairement que les autres changements, comme si il s’agissait d’une entaille sur son propre corps, était une preuve suffisante de sa honte. Il ne pourrait jamais oublier cela.

Quoi qu’on lui dise, il le savait, il était indigne. Indigne de son rang et indigne du titre de guérisseur. C’était totalement involontaire. C’était même contre sa volonté, que tout cela s’était produit. Et pourtant il en était responsable au même titre que son amie. « Oui » souffla-t-il à la question la concernant, d’une voix blanche. Il failli se briser, là, tout de suite. Acquiescer semblait donner corps à cette vérité, qui le frappa à nouveau de plein fouet, lui broyant le cœur qui sauta un battement puis accéléra subitement. Il crispa une main sur l’accoudoir de sa chaise mais parvint à ne rien laisser paraître de plus. Il pleurerait son amie plus tard, lorsque le moment serait venu d’embrasser pleinement le deuil qu’il se devait de faire une fois encore. Un de plus. Il n’y avait pourtant rien de pire qu’un deuil. Il se sentait étrangement seul et démuni, devant cette constatation… il était de plus en plus seul. Eliow n’était plus là, Lyroë non plus, Llyah non plus, ses parents également. Il ne lui restait presque personne en ce monde qui le connaisse vraiment et le voit vraiment, comme Merithyn et non comme Baptistrel ou Gardien. Shaynar était là évidement, son presque-lié… mais en dehors du dragon ? Et bien, aussi étrange que cela paraisse, il n’y avait que Lorenz, certainement, qui lui restait, si l’on plaçait Shaynar à part. Un gouffre semblait s’ouvrir sous ses pieds dans lequel il craignait de tomber. Etre seul… il le craignait profondément en vérité. Il dû se faire violence pour revenir à la réalité et reposa son regard sur lui. Ah oui… dans la bataille et ce qui avait suivi, il n’avait pu être mit au courant. Ambre non plus très certainement. Ils avaient été si occupés que, si on n’était pas venu directement le trouver, il n’aurait pas su non plus. Il inspira doucement, puis reprit la parole d’une voix qu’il espérait ferme, à défaut de posséder sa douceur habituelle.

« Les dragonniers sont de retours, effectivement. Sans pertes, quoi que certains semblent se remettre plus ou moins bien de ce combat. Mais les négociations ne reprendront pas, les accords seront signés lorsque vous serez remis. Quant à Gloria… » Il repensait aux nouvelles qui leur étaient parvenu et ne parvenait que difficilement à y croire. Un tel revers ne pouvait qu’angoisser quant aux perspectives que la fragile alliance pouvait espérer. Ils avaient gagné la bataille et pourtant la guerre était toujours aux mains Alayiennes. « L’Empereur Gregorist est mort. Assassiné par son cousin, Korentin Kohan, officiellement du moins. Fabius Kohan est monté sur le trône et a ouvert la ville à l’armée Alayienne. Un traité de paix s’est établit entre eux, ils soutiennent le nouveau souverain. D’après ce que l’on m’a également dit, Korentin Kohan ainsi que la princesse Esmelda se sont échappés. Comment, je ne sais pas, les détails n’ont pas été divulgués. Aldaria a renouvelé son allégeance, Elena va faire de même, ainsi que Lyssa, je pense, de même qu’Althaïa. Glacern a déclaré sécession et entre en rébellion à l’heure actuelle. Je suppose qu’ils vont couronnés Korentin Kohan… » Il redevint silencieux un bref instant. Ce n’était pas de bonnes nouvelles, pas le moins du monde. « Le chef de la délégation humaine est mort. Tué pendant la bataille. Cela dit, je suppose qu’une fois le dragonnier Farkstein retourné auprès de l’Empereur rebelle, ils signeront également l’accord établit. C’est dans leur intérêt » Cela dit, et même si il ne le disait pas à voix haute… ils n’étaient pas dans la meilleure situation possible. « Les délégations sont encore là. Les humains s’occupent de leurs morts. L’impératrice elfique de ses rejetons… j’ai eu d’ailleurs du mal à m’expliquer le geste de votre conseillère… Vanaël Aerin je crois. La mordre sans crier gare… Enfin peu importe. Ils sont encore là. Les votre piétinent, comme vous vous en doutez, dès qu’ils ont appris ce qui s’est passé les choses ont bien failli dégénérer. Je me suis permis de les calmer, nous n’avions pas besoin de cela » Et il n’avait pas la patience de s’occuper d’eux en plus du plus important. « Votre dragonnier a également émis le souhait de vous voir, mais j’ai eu du mal à l’en dissuader. Apparemment je ne suis pas digne de confiance, vous approuverez sans doute »

Il s’interrompit, soupira lourdement. « Je crois que c’est tout ce qui me vient à l’esprit pour l’instant… à moins que vous ne souhaitiez que je vous fournisse une information précise que je n’aurais pas encore mentionnée ? » Au moins, il était toujours aussi prolixe. Parler avec Lorenz était un moyen de se rassurer, semblait-il. Le changement d’attitude ne le soulageait pas, mais il l’appréciait à sa juste valeur. Ses flagellations n’en étaient que plus franches. Il se tourna cependant vers Ambre. « J’ai cru comprendre que vous et la princesse vous entendiez bien… je suis désolé de ne pas avoir pu l’aider » Et il s’inclina légèrement.
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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeJeu 27 Mar 2014 - 18:59

Elle avait l’impression d’être de trop mais cela, elle en avait l’habitude et ne la dérangeait pas vraiment, après tout elle n’avait ici que le rang d’esclave. Lorenz et Merithyn lui donnaient, chaque fois qu’elle les voyait ensemble, l’étrange impression qu’ils étaient liés et… et se comprenaient ; et elle, spectatrice, observait leurs réactions avec fascination. Malgré la colère du vampire à l’égard du baptistrel, elle doutait que son ressentiment ne soit trop long ; après tout, il était l’un des seuls qui le comprenait réellement. Du moins l’espérait-elle, tristement et naïvement, pour le bien des deux. Que malgré toute la rancune, la fureur, les remords et la peine qui flottaient entre eux, le lien n’était pas brisé. Il était trop fort, trop étrange pour que cela soit. En attendant, cette tension entre eux était profondément déplaisante et saturait l’air, tordant et déformant l’humeur des présents. La douleur de la brûlure du breuvage fumant n’était rien face à celle qu’elle ressentait à ne pouvoir apaiser les êtres souffrants qu’elle avait face à elle. Si opposés…
L’elfe accepta sa tasse sans broncher, au plus grand soulagement d’Ambre qui n’aurait guère eut la force de le convaincre, et elle l’observa une fraction de seconde tandis qu’il en prenait une première gorgée, ses traits délicats se détendant imperceptiblement. Ainsi, il ressemblait presqu’à un enfant renfermé et triste, et l’instinct maternel de la jeune fille lui donnait l’étrange envie de le prendre dans ses bras en le berçant doucement, jusqu’à ce que son regard retrouve la sérénité qui était habituellement la sienne. Sans doute ne comprit-il pas le comportement de la petite humaine mais elle pouvait difficilement s’exprimer dessus ; le temps qu’avait duré la convalescence du vampire, elle s’était rendue compte que la présence du chanteur lui avait rappelé celle si chaleureuse et rassurante de ses frères. Cela faisait si longtemps qu’elle ne les avait pas vus… Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine lorsqu’elle avait pris conscience de cela. D’autant qu’en rien Merithyn ne les lui rappelait. C’était étrange.
Elle se détourna de la cible de ses réflexions pour faire face au blessé. Lui aussi avait parfois un comportement infantile. Mais il s’agissait alors d’un bambin capricieux et violent, qui ne connaissait pas le refus et la contradiction, un jeune profondément perturbé et auquel elle n’avait pu, pourtant, s’empêcher de s’attacher ; mais pas d’un amour maternel. Si au moins il était moins têtu... Son affection pour lui était bien sincère, mais elle ignorait à quelle degré exactement elle s'élevait. Elle l'observa discrètement, notant la détermination de son regard et la force qui émanait de lui alors même qu'il était encore convalescent. Malgré elle, il l’impressionnait.

Chassant ces comparaisons saugrenues et sa discrète contemplation, elle eut un sourire mi-gênée mi-satisfaite devant la remarque de Lorenz ; certaines choses lui venaient de lui, il ne pouvait se plaindre qu’elle n’était pas attentive, et après tout cela n’était que pour sa santé. Récupérant la fiole qu’il avait laissé tomber sans plus y prêter attention, elle la posa sur la chaise où elle avait l’habitude de s’assoir, préférant demeurer debout et observer avec attention les deux hommes. Elle fronça les sourcils avec colère en entendant le peu de tact du vampire devant la mort de l’elfe qui l’agressait, bien que cela ne la surprenne nullement. Bon, d’accord, elle avait failli le tuer, mais quand même. C’était inutile d’être aussi blessant, d’autant qu’il devait savoir que cela peinerait le chanteur qui prônait la vie, et que malgré l’habitude de le voir sans pitié aucune dans la vie de tous les jours, Ambre ne pourrait que s’en offusquer. Comme une basse vengeance à l’égard de celui qu’il semblait considérer comme le fautif. Le regard de la jeune fille s’assombrit ; aucune mort ne pouvait réjouir, aucune ne le devait. Peu importait la haine, il fallait au-dessus de tout voir qu’une vie s’était éteinte, que quelque part quelque souffrait forcement de cette absence. La preuve vivante était devant lui. Les mains de la jeune fille se serrèrent sur la fiole, mais elle ne pipa mot et écouta la suite avec attention. Elle n’avait guère eu de nouvelles de l’extérieur et les quelques informations qu’elle avait eu, elle craignait qu’elles ne soient modifiées par le passage à la rumeur. Une vérité qui passait par trop de bouches devenait inéluctablement modifiée, et rarement dans le bon sens. Amplifiée, exagérée, et profondément troublante pour celui qui l’entendait ainsi. De plus, Ambre adorait les histoires. Qu’elles soient vraies ou non, elles recelaient toujours une part de rêve… ou de cauchemar. Mais chaque chose avait du bon, elle croyait profondément en la maximum du « A quelque chose malheur est bon » et n’imaginait pas que le mal ne puisse conduire qu’au mal. Il y avait toujours une étoile dans la nuit la plus noire, il suffisait simplement de la trouver ; mais pour cela, il fallait croire en son existence sans jamais faiblir.

Les nouvelles malgré tout n’étaient pas bonnes, pas du tout même. Certes, les dragonniers avaient vaincu, et sans perte, mais malgré tout.

- Alors l’Empire a vraiment signé la paix avec les alayiens ? Impossible…

Certes c’était de nombreuses vies épargnées mais… mais il était inimaginable d’avoir souhaité faire la paix avec ces envahisseurs. A cette révélation, son cœur balança, hésitant entre les points bénéfiques et négatifs de cette nouvelle alliance, tandis que son instinct lui soufflait très clairement que c’était mauvais. Pour tout le monde. Après la guerre contre les étrangers, venait la guerre civile. Ce n’était guère optimiste comme vision.
A la mention de Gloria, elle sentit sa gorge se nouer.

- Et les villages alentours ? Que sont-ils devenus ?

Anxieuse, suspendue aux lèvres de Merithyn, elle attendait sa réponse. Personne ne pourrait précisément lui dire si oui ou non le petit village d’Amaryllis était encore debout, ce qu’étaient devenus ses habitants. Non, cela ne l’avancerait à rien. Mais… Mais elle avait besoin de le savoir. D’avoir quelques mots auxquels s’accrocher. Elle avait été forte trop longtemps, et la fatigue, en plus de la peur, la rattrapait à grands pas. Elle sentit ses yeux s’embuer, ses épaules trembler, mais résista. S’accrocha. Serra les dents de toutes ses forces. Supplia les Esprits de lui donner encore la force de s’accrocher, se raisonna. Pourquoi devrait-elle pleurer, alors que tant d’autres vivaient des temps bien plus sombres ? Ils avaient vu leurs frères, leurs épouses, leurs amis, leurs enfants tomber, se faire mutiler, torturer, mourir lentement de faim, de froid, de pauvreté et de douleur. Et pourtant elle le savait, elle le sentait, eux gardaient courage, eux relevaient la tête. Elle était faible. Elle le sentait, elle le savait, elle le vivait, et détestait cela. Les larmes refluèrent, difficilement. Son corps s’apaisa. Une guérisseuse n’avait pas le droit de se laisser aller sans avoir aider tous ceux qu’elle pouvait, sans que rien ne justifie véritablement cette douleur. Elle avait la désespérante envie de se réfugier dans des bras réconfortants, mais trop timide pour oser ou demander, trop silencieuse dans sa détresse et trop renfermée dans sa volonté de paraitre forte pour tous ceux qui ne parvenaient plus à l’être, elle demeura immobile, se contentant de remercier d’un signe de tête le baptistrel, sa réponse n’étant guère plus qu’un murmure à peine vacillant.

- Je vous remercie. Je l’apprécie, c’est vrai. N’a-t-on vraiment rien sur elle, pas même un soupçon ?

D’accord, elle se doutait bien de la réponse, et que pour le bien de la jeune princesse il valait mieux pour elle demeurer incognito. Mais ne rien savoir et ne rien pouvoir faire rendait folle la jeune fille.
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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeSam 29 Mar 2014 - 14:44

Le baptistrel mit un moment à se décider à lui répondre, apparemment plongé dans ses pensées et dans la faiblesse qu'il sentait ressentir. Marrant de voir comme il avait derrouillé aussi... Au moins ne se sortait-il pas indemne de ce qui demeurait une trahison aux yeux de l'ancestral. Il trouva tout de même la force de commencer à lui donner les informations qu'il réclamait et le vampire se détendit en comprenant que l'attaque Alayienne n'avait pas balayé pour autant tous leurs projets. Les accords seront signés tout de même... C'était le principal. Sauf que la suite vint mettre un coup sérieux à ses plans :

"Assassiné ? Cet idiot s'est laissé assassiner ?"

Sa mâchoire se crispa devant cette information. La sottise sans limites de Gregorist Kohan l'avait toujours arrangé, il y voyait simplement un sérieux coup de main pour l'établissement de ses plans. Mais à présent cela le gênait plutôt qu'autre chose. Il en connaissait pas ce Fabius Kohan autrement que de nom. Il avait prit la peine de se renseigner sur toute la famille royale, mais s'était surtout concentré sur le roi, sa soeur et son héritier direct. Ce coup de sort le desservait, rien n'était plus dangereux que de ne pas connaître un ennemi potentiel et c'était apparemment ce qu'il était vu ce que le chanteur disait ensuite... Le vampire demeura de marbre en apprenant que l'homme s'était allié aux Alayiens mais les jointures de ses mains avaient blanchit. Il gronda ironiquement :

"Evidemment... Tout sauf une alliance avec les vampires hein ? Lorsqu'il comprendra que n'importe quel peuple Armandéen valait mieux que cet envahisseur, il sera trop tard... Que n'ai-je pas pris le contrôle de l'empire avant leur débarquement..."

Il ferma les yeux à cette pensée, chassant le regret qui n'était pas utile. Bien sur si il avait pu savoir ce qui se passerait, il aurait accéléré sa conquête et plutôt qu'un faible royaume humain en guerre les Alayiens auraient eu affaire à un puissant empire vampirique en plein essort. Mené par sa poigne ferme, le royaume aurait eu ses chances de se défendre même en tenant compte du soutien de l'Esprit du Néant. Sauf qu'avec des si, on n'avançait pas beaucoup... Ce qui était fait était fait, il fallait à présent combattre avec les armes et les outils qu'ils possédaient et ne pas rêver à ce qui aurait pu être. Au moins tous les humains n'étaient-ils pas d'accords, si une rébellion s'organisait cela affaiblirait tout le monde sauf les peuples vampiriques et elfiques. Ce n'était pas si mauvais... A condition que les Alayiens ne sortent pas vainqueur... Il plissa les yeux lorsque l'elfe parla de ses vampires, il ne voulait même pas savoir comment il les avait calmé, cela ne l'intéressait pas. Par contre il devait se montrer clair dès maintenant :

"Aucun ne doit me voir, pas même le dragonnier. Tu connais nos coutumes."

Il fixa l'elfe droit dans les yeux, sachant que celui-ci se doutait très bien de ce qui se passerait dès qu'un vampire aurait la confirmation que son prince n'était pas en état de soutenir un combat. Ce n'était sans doute que la peur et l'ignorance qui les retenaient à l'heure actuelle, si ils pensaient avoir une seule chance de sortir vainqueur alors Lorenz aurait vingt défis de prince sur les bras d'ici la nuit suivante. C'était ainsi que fonctionnait les vampires, il l'acceptait et appréciait même cette loi qui assurait à son peuple de rester fort mais il n'aurait jamais cru qu'il pourrait en faire les frais un jour. C'était plus que vexant pour son orgueil, mais il pouvait l'épargner tout de même assez facilement par la logique :

"Soyons clairs chanteur, je suis le seul à avoir l'autorité nécessaire pour mener mon peuple et éviter qu'il ne se désagrège. Si j'en perd le contrôle, Armanda n'aura plus aucune chance contre les Alayiens."

Les explications n'étaient pas nécessaire, le baptistrel avait sans doute déjà pensé à cela depuis longtemps. Et même si ce n'était pas le cas, il ne serait pas très logique de vouloir la mort d'un être qu'il s'était évertué à sauver pendant si longtemps. Mais au moins les choses étaient-elles claires, aucun vampire n'avait droit de visite dans cette chambre. Pas avant qu'il n'ai la puissance nécessaire pour lui faire courber l'échine en tout cas... C'était ainsi que les choses devaient se dérouler.

Un peu rasséréné, il secoua la tête :

"Tu m'as dit tout ce que je voulais savoir"

Il avait de quoi ruminer et réfléchir pendant un bon moment là... Mais il y avait autre chose qui le perturbait et qu'il ne pouvait que difficilement régler. Les interrogations d'Ambre l'avait laissé de marbre, il n'était pas vraiment étonné qu'elle s'inquiète au sujet des humains. Mais la douleur soudaine qu'il sentait dans la vibration de sa voix l'indisposait et l'amena à tourner toute son attention vers elle. L'acier de ses prunelles se fit plus sombre et orageux lorsqu'il le posa sur la guérisseuse, tous les sens à l'écoute des signaux de détresse de son corps. Il n'avait peut-être pas la sensibilité du baptistrel mais il connaissait à présent assez bien la petite étoile pour savoir lorsque son éclat se ternissait. Un tel afflux de faiblesse aurait dû instantanément faire monter le venin à sa bouche, sauf qu'il se contenta de se raidir en la voyant trembler. Tout ceci lui déplaisait.

Il hésita, tête penchée vers elle. Toutes ses formidables capacités étaient concentrées sur un but inaccessible, comprendre une humaine... Quel drôle d'objectif pour l'ancestral qu'il était et qui n'avait jamais été l'un d'eux. Il aurait tout aussi bien pu essayer de comprendre un dragon, peut-être même que cela aurait été plus facile vu le gouffre qui existait entre son propre caractère et celui de l'objet de son intérêt. Elle souffrait, il n'avait pas besoin de notice pour le savoir. Sa froide logique et les connaissances qu'il avait engrangées sur elle lui soufflaient qu'il s'agissait simplement de son empathie pour les victimes des Alayiens. Mais Dracos seul savait ce qu'il était sensé dire ou faire pour soulager cette souffrance... Ce n'était pas une chose qui l'intéressait en général et il se retrouvait donc parfaitement désarmé. C'est avec un certain soulagement qu'il la vit reprendre le contrôle d'elle même avant d'avoir pu prendre une décision, sans doute aurait-il simplement empiré les choses. Il la fixa encore un moment sans chercher à cacher son intérêt, l'enveloppant dans un regard de braise qui ne se détournait pas. Oui décidément, il avait bien des choses à réfléchir...

Il ferma les paupières enfin, épuisé par tout ceci et désireux d'obtenir au moins quelques heures de paix pour faire le tri dans ce capharnéum. Ce qu'ils disaient le l'intéressait plus vraiment, il n'avait plus les capacités de concentration nécessaire et il sentait les effets de la potion qui agissait sur ses cellules mortes. Il ne trouverait plus le doux refuge de l'inconscience à présent, mais il était tout de même capable de s'éloigner assez de la réalité pour trouver le repos et le calme. Sans plus d'intérêt pour eux, il décrocha. Il avait besoin de cette mise en veille pour retrouver ses forces, jusqu'au moment où il pourrait à nouveau sortir de l'ombre...


HJ : dernier rp pour moi, je vous laisse conclure si vous voulez ? ^^
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MessageSujet: Re: Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Un réveil agité... [PV Meri et Ambre]TERMINE Icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 22:28


Il s’était passé tant de choses en peu de temps qu’il avait bien pensé ne pas toutes les retranscrire. D’autant plus dans l’état de fatigue et de tension nerveuse qu’il supportait à l’heure actuelle… Cela dit, même dans son état, il ne pouvait, pour des raisons tout à fait différentes, que rejoindre la frustration de Lorenz au sujet du souverain humain. Ou de feu le souverain humain, pour être exacte. Ça ne l’arrangeait pas plus que le vampire. Pas que Gregorist Kohan est jamais été particulièrement ouvert d’esprit la seule fois où il s’était adressé à lui pour quelque chose ayant eu la moindre importance, mais il y avait un monde entre cet état d’esprit parfois un peu obtus et la menace d’un Fabius Kohan allié aux Alayiens. Ils n’y pouvaient plus rien sur l’instant, hélas, même si à terme, soutenir la rébellion humaine serait très certainement profitable pour les vampires… en particulier si Lorenz désirait vraiment s’adjuger l’Empire humain. Perspective peu enviable en vérité, surtout pour les humains, et les elfes. Même si il entretenait une relation étrange et singulièrement proche du seigneur vampirique, il n’était pas pour autant prêt à le voir régner sans partage sur les hommes. Surtout en sachant ce qu’il désirait en faire. Quoi qu’il serait encore préférable de voir Lorenz maître de l’Empire plutôt que les Alayiens et le Néant. Il fallait l’admettre, en toute sincérité. L’idée d’ailleurs, lui arracha un maigre et pâle sourire, qui disparut bien vite et Merithyn hocha doucement la tête, à l’affirmation, ordre déguisé. Certes. Il connaissait parfaitement leurs coutumes, c’était d’ailleurs la raison pour laquelle Seithvelj était resté dehors après un refus ferme et définitif de sa part. La demande en elle-même l’avait parfaitement hérissé. Qu’il sache que le dragonnier n’avait réellement pas eu d’intentions homicides n’y changeait strictement rien. Il s’était sentit personnellement agressé. Et cela s’était confirmé en l’entendant dire qu’il n’était pas digne de confiance. Avec son état déjà précaire et ses nerfs à fleur de peau, il avait cru entrer en éruption. Fort heureusement, ses pairs s’étaient occupés de calmer les choses et il s’en était retourné à la médication nécessaire à Lorenz, pour son plus grand plaisir. Il n’aimait pas le millénaire, et c’était réciproque. Mais là, ça atteignait des sommets inimaginables. L’elfe n’ajouta rien à ce que disait son interlocuteur. Les explications n’étaient nullement nécessaires. Il savait. Et puis… aussi incompréhensible pour le reste du monde que cela fut… il voulait voir Lorenz vivre. Même lorsque le duel qu’ils s’étaient promis arriverait, il ne le tuerait pas de bon cœur. Il n’était pas ainsi, et malgré tout, ne le serait certainement jamais. S’il avait pu le garder en vie indéfiniment et éviter la rencontre malencontreuse…. Mais c’était impossible. Détourné soudain de Lorenz, il reporta son attention vers Ambre. Navré de la troubler, il l’était effectivement. Profondément même. Mais elle avait le droit de connaître ces nouvelles. Vivre dans l’ignorance ne tiendrait éternellement. Elle l’aurait appris d’une façon ou d’une autre et peut-être avec moins de douceur encore qu’il n’en avait montré.
« Et bien… les Alayiens ne s’en sont pris qu’aux mages les plus apparents, ils ne veulent pas tuer les humains, simplement les convertir. Mais je suppose qu’avec l’effort de guerre lié au siège, les villages les plus proches ont également dû être les plus sollicités » Il s’arrêta un instant puis prit conscience que cela pouvait sembler alarmiste. Du moins un peu trop. Soucieux donc de la ménager, il reprit, d’une voix qui se voulait posée. « En terme de vivres, de matières premières, j’entends. Je ne sais rien d’autre, veuillez m’en pardonner. Je n’en sais également pas plus sur la princesse Esmelda. Mais si j’apprends quoi que ce soit, je vous le dirais immédiatement, soyez-en certaine » Mal à l’aise face à tout cela, il décida de détourner le regard vers Lorenz et le trouva en plein songe, loin d’eux donc. Restant un moment immobile, l’observant avec attention, il finit par soupirer avec douceur et se releva en silence, reprenant sa tasse, ainsi que la fiole contenant auparavant la potion de guérison. Soufflant avec précaution à Ambre qu’il allait retourner à son office, il l’invita cependant à rester autant qu’elle voulait. Une nouvelle fois.
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