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L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE

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MessageSujet: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeDim 23 Mar 2014 - 11:43

La ville blanche... Terre de magie et fief de Korentin Kohan. Il avait été très aimé ici, et l'était encore par beaucoup de gens. La moitié d'entre eux ne croyait pas à sa culpabilité, l'autre moitié s'en fichait et n'appréciait pas plus le roi Fabius. Ceci créerait une atmosphère si épaisse qu'il aurait pu facilement la couper avec un couteau, mais il n'y prenait pas garde. Ses hommes les plus jeunes étaient mal à l'aise par contre, et remuaient sans cesse sur leurs selles. Un simple regard de leur commandant fut suffisant pour les calmer et ils imitèrent leurs aînés qui promenaient un regard exercé sur la foule sans se laisser décontenancer par les regards haineux. La plupart d'entre eux étaient des Lames Noires expérimentées, l'officier Davin faisait même parti du premier groupe qu'Aaron avait constitué et entraîné pour la garde de Rachèle. Il s'appuyait sur lui très souvent pour le suppléer. Chaque unité avait besoin d'un homme de confiance de ce type, c'était important. Conforté dans son opinion par le calme souverain que le garde laissait paraître pendant leur progression, Aaron se tourna à demi sur sa selle pour s'adresser à lui :

"Capitaine Davin, prenez les devants et assurez vous que la voie jusqu'à l'auberge est libre et dégagée."

Sous entendu qu'ils ne se jettaient pas tout droit vers une embuscade. Les rebelles devenaient de plus en plus effrontés ces derniers temps et ils n'hésitaient pas à s'infiltrer dans les villes, surtout celle-ci ! Sans doute auraient-ils été plus que ravis de se débarrasser du plus fidèle soutien de l'empereur. Ils en seraient pour leurs frais, Aaron était un homme courageux mais trop expérimenté pour ne pas se montrer prudent. Ce n'était pas par une témérité idiote qu'on gagnait ce genre de guerre aussi civile soit-elle.

Il suivit Davin du regard tandis que celui-ci partait en avant, accompagné de deux hommes sur des montures légères et rapides. Le reste de la troupe était armée plus lourdement. Nobles destriers de bataille, armures lourdes et capes épaisses le tout d'une parfaite couleur noire. Le roi Fabius savait se montrer généreux lorsqu'il s'agissait d'équiper ses plus loyaux serviteurs et l'unité d'Aaron était bien sur l'élite de sa garde. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il les avait envoyé plutôt que d'autres sur cette mission délicate. Aucun roi n'aimait se passer de son ombre mais les hommes de confiance étaient trop rares pour les garder inutilisés. Le mieux était sans doute d'accomplir son office rapidement afin de rentrer très vite auprès de son roi.

Les sourcils froncés derrière le heaume qu'il lui recouvrait intégralement le visage, il se mit à réfléchir à la mission en question. Il était à Aldaria depuis des jours, il lui avait fallu au moins cela pour parvenir à enfin identifier et surtout localiser l'homme qu'il était venu chercher. Un élément subversif qui utilisait sa voix et sa renommée pour tourner les gens contre le roi et sa cour. Jason Beauchant était en effet un barde assez connu qui avait fait le bonheur de nombreux nobles en venant chanter à leur table. Il avait d'ailleurs obtenu son nom de scène ainsi, sa voix était parmi les plus pures qui soient ! Quel dommage qu'il ai choisit le camp de rebelles...

Ainsi en avait statué le roi. Mis au courant des agissements du barde et surtout de la chanson offensante qu'il colportait à travers tout le royaume, Fabius n'avait pas fait dans la dentelle. Le chanteur était à présent recherché pour haute trahison et devait être jugé par nul autre que lui-même. Autant dire que son avenir s'annonçait des plus sombres... Aaron avait eu pas mal d'occasion de voir des gens tâter de la justice du roi, et leur sort était rarement enviable. Mais après tout, un bon empereur devait se montrer dur... Il ne pouvait pas se plaindre d'avoir hérité d'un roi décidé à ne pas faire preuve de faiblesse. Et puisque celui-ci avait décrété qu'Aaron devait traquer et ramener le chanteur, il se conformerait à ce désir !

Cela pouvait paraître un peu disproportionné d'envoyer le chef de la garde royale à la poursuite d'un simple barde. D'ailleurs le commandant s'en était étonné en premier lieu, puis le roi lui avait fait l'honneur d'éclaircir les raisons de sa position et il était resté bouche-bée devant la logique de la chose. Bien sur, rien n'était plus dangereux qu'un chanteur célèbre lorsqu'il s'agissait d'exciter les foules et de rassembler tout un peuple contre son chef légitime ! A lui seul, Beauchant était capable de mettre tout ce que Fabius avait construit en péril, les gens l'aimaient et adoraient ses chansons. Son talent lui permettait de leur mettre de mauvaises idées dans la tâte, l'arrêter était donc des plus urgents. D'autant plus que les rebelles devaient le chercher aussi dans l'espoir de le mettre à l'abri et de se servir de ses talents pour leur cause ! Mais Aaron serait le plus rapide, ses efforts lui avaient permis de localiser le chanteur, il n'avait plus qu'à l'arrêter à présent !

Ils arrivèrent à l'auberge sans encombres, le trot rapide de leurs chevaux et la présence des gardes Aldariens envoyé en urgence par lui-même ayant permis d'éviter que le barde ne s'échappe avant leur arrivée. Un simple regard vers Davin le renseigna et le rassura, sa cible était bien là... Elle n'avait donc plus aucune chance de s'échapper. Il ordonna à son unité de mettre pied à terre et les gardes lourds obéirent avec un bel ensemble. La foule curieuse qui les avaient suivi recula d'un pas prudent, impressionnée autant par la prestance de ce groupe d'élite que par la réputation de l'Ombre du Roi. Bien... Ils se tiendraient à carreau pour le moment sans défendre leur idôle, mais il fallait faire vite. D'un geste, Aaron ordonna à quatre de ses gardes de le suivre tandis que les autres restaient à l'extérieur pour sécuriser les alentours.

Leur entrée dans l'auberge ne passa évidemment pas inaperçue. Cinq gardes royaux lourdement équipés, la main sur la poignée de leurs épées... Tous les regards se tournèrent vers eux instantanément mais Aaron n'avait d'yeux que pour le frêle vieillard qui se planquait tout au fond du bâtiment. Il fronça les sourcils en le voyant trembler, et retira son heaume afin que tous puisse voir son visage avant de parler d'une voix forte :

"Jason Beauchant, vous avez refusé d'obtempérer à une convocation royale et avez été convaincu de haute trahison. Je vous arrête au nom de sa majesté Fabius Ier."

Deux de ses Lames se dirigèrent vers lui d'un pas lourd sous les murmures courroucés des clients qui enrageaient de ne pouvoir écouter la suite des chansons du hors la loi. Sentant leur mauvaise humeur, le commandant reprit :

"Dans sa mansuétude le roi consent à pardonner ceux qui ont accueillit, protégés ou soutenu de quelque façon que ce soit le bandit Beauchant. Il n'y aura donc pas de pendaison pour les complices, à l'exception de ceux que je considérerai comme trop impliqués."

Ses prunelles pâles parcoururent l'assemblée mais les hommes évitaient à présent son regard. Apprécier les chansons du barde était une chose, le soutenir face aux Lames Noires en était une autre. D'autant plus qu'ils pouvaient apercevoir et entendre les dizaines d'autres gardes royaux ou non qui attendaient derrière la porte... Satisfait, Aaron reporta son attention sur le pauvre barde que ses hommes traînaient à présent sans ménagement jusqu'à la porte. Mission accomplie, il ne lui resterait plus qu'à le ramener à Gloria et à prier les esprits pour son âme lorsque le roi l'aurait fait pendre... Mais la progression de ses deux Lames s'arrêta net lorsqu'un homme leur boucha le passage. Etait-ce volontaire ou était-il simplement trop idiot pour songer à se pousser ? Aaron fronça les sourcils en tentant de voir le visage à moitié caché par l'ombre et gronda :

"Ecarte toi du chemin petit. Avant que je ne perde patience..."

Les occupants de l'auberge murmurèrent en le voyant porter la main à son épée, fuyant son regard plus précipitement encore. Sa réputation de bretteur n'était plus à faire, pas plus que son peu de clémence...
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeLun 24 Mar 2014 - 22:20

La Rébellion. Ceux qui en faisaient partie portaient ce nom avec fierté, car ceux qui se prétendaient Loyalistes, ceux-là même qui servaient le Lord Fabius, avaient cru les insulter en les traitant de rebelles. Peine perdue. Car après tout, être un loyaliste ou un rebelle n’était qu’une question de point de vue, rien de plus. Ceci dit, Aristarkh se sentait-il vraiment concerné par cette guerre civile ? Sans doute, oui, car il y voyait là un moyen d’asseoir la puissance de la Maison Svenn dans le Sud. Après tout, si Korentin reprenait son Trône à Gloria, ce serait grâce aux Nordiens et aux alliances qu’ils avaient su obtenir des autres villes. Nul ne pourrait plus les considérer comme de lointains Nobles aux us barbares.

Le Jeune Loup avait quitté Aigue-Royale à la tête du petit groupe d’hommes que lui avait confié son Père : onze en tout, constitué d’un mélange de Nordiens, de Lyssaans et de deux jeunes Eclaireurs de l’ancienne Armée Impériale. Pas assez nombreux pour des batailles rangées, son escouade s’était vue confiée des missions de renseignement, bien que parfois elle prenait en embuscade quelques patrouilles isolées de-ci de-là. Quelques actions de sabotage étaient à mettre à leur actif, également. Et cette fois-ci, ils avaient deux objectifs : recueillir des renseignements sur la situation militaire dans et autour d’Aldaria, et récupérer un barde du nom de…



« Elthain ? Quel est le nom de ce barde, déjà ? »

« Jason Beauchant, Officier Svenn. »


Aristarkh acquiesça pour le remercier. Elthain Humdon était justement un de ces jeunes Lyssaans, et avait son âge environ. Le reste de leur escouade était divisé par groupe de deux ou trois et tournait dans la région, observant les mouvements de troupes, leurs nombres, et toutes les informations nécessaires à leur cause.

Alors que le Soleil s’était déjà levé depuis deux bonnes heures, les deux Cavaliers arrivèrent aux portes d’Aldaria. Le Nordien ne put s’empêcher de lever un regard hautain vers ces remparts de marbre blanc, qui seraient incapables de résister à un assaut sans magie. Nul combattant d’élite dans cette ville, sinon les Lames Noirs du Palais Blanc. Sinon, que des faibles usagers de la magie. Mais peu importait, ils ne venaient pas ici pour refaire la ville. De ce qu’il lui avait dit, le Général Farkstein avait des hommes à lui intra-muros, et lui avait assuré qu’ils n’auraient aucun mal à passer la porte.



« Halte-là, étrangers ! Quelles raisons vous mènent à Aldaria ? »

« L’après-guerre est toujours propice aux commerces, nous venons donc parler affaire avec Bassus Nepos le Forgesprit, répondit Aris en faisant son possible pour gommer toute trace de son accent Nordien et en priant pour que la phrase codée tombe dans la bonne oreille. »

« Arh, vous arrivez bien tard, étranger. Le vieux Bassus est mort, mais son fils a repris l’armurerie. Vous pouvez passer les portes. »


Faisant un bref signe de tête afin de remercier le garde, comme il siérait à tout bourgeois considérant un simple troufion, le Jeune Loup évita de regarder l’homme du Général afin d’éviter que celui-ci ne soit démasqué par un œil trop soupçonneux. Et remercia intérieurement ce Bassus Nepos, dont il n’avait appris l’existence que trois semaines auparavant. Apparemment, il s’était agi d’un très grand forgeron d’armes enchantées, mais que la mort avait ravi dans son sommeil peu avant la Bataille de Bois Sacré.

Il y avait, de manière étonnante, beaucoup de monde dans les rues. Aldaria ayant été épargnée par le plus fort des combats, la ville semblait en effet n’avoir pas souffert de la guerre. Oh, bien sûr, il y avait peu d’hommes, et une partie de ceux-ci arboraient clairement des blessures de guerre, mais mis à part cela… Enfin, l’avantage était qu’ils n’étaient pas totalement dans une ville ennemie, car même si Aldaria avait fait allégeance à Lord Fabius, le souvenir de l’Empereur Korentin était encore vif ici. Au moins les deux Rebelles auraient-ils des chances de ne pas se faire dénoncer si certains émettaient des doutes quant à leur… Appartenance politique.

Après avoir démonté à l’entrée de la ville, les guerriers remontèrent la rue principale. Deux hommes à pieds attiraient moins l’attention que deux hommes à cheval. Mais cela lui faisait une belle jambe, car il n’avait aucune idée d’où se trouvait le chanteur. Avisant une jeune vendeuse ambulante, Aris tira la manche d’Elthain, afin d’attirer son attention, et vint au-devant de l’adolescente.



« Pardonne-moi, jeune fille. Nous cherchons Jason Beauchant, le chanteur. Sais-tu où nous pouvons le trouver ? »


La jeune fille regarda d’abord ces deux inconnus d’un air méfiant, mais le tutoiement d’Aris à son encontre, et le sourire charmeur de celui-ci, la firent rosir de manière fort mignonne, et suffirent à la persuader de leur donner le nom de l’auberge et la manière de s’y rendre.


« Messire Beauchant ? Nous avons entendu parler de vous, et sachez que celui qui nous envoie apprécie que des Impériaux restent fidèles à la Vérité. »

« Je vous remercie, jeune homme, mais par les Esprits, qui êtes-vous ? »


Les yeux nocturnes du Nordien se plongèrent dans ceux du vieil homme. Lorsqu’il l’avait vu, Aristarkh n’avait pu s’empêcher d’être désappointé. Il s’imaginait quelqu’un de plus jeune. Et de moins… Moins fluet. Accoudés aux comptoirs, les envoyés d’Aigue-Royale s’étaient fondus dans la masse en sirotant une bière du bout des lèvres, attendant que le barde finisse sa chanson fortement… Pro-korentine. Ils s’étaient ensuite dirigés vers lui lorsqu’il était allé se rafraîchir à sa table, s’asseyant en face de lui.


« Vous êtes trop engagés pour que nous ne vous le disions pas. Nous sommes de la Rébellion, répondit-il dans un murmure, montrant rapidement sa chevalière, seule signe distinctif de ce qu’il était, aucune armoirie de la Maison Svenn n’étant visible sur ses vêtements. Nous avons de bonnes raisons de croire que votre vie ne tardera pas à être en danger. Lord Fabius ne tolèrera plus très longtemps vos ballades. »


Aristarkh ne sut jamais ce que Beauchant allait lui répondre, car au même moment, surgirent cinq Lames Noires. Elthain comme lui surent aussitôt pour quelle raison ceux-ci se trouvaient là. Les Rebelles étaient arrivés trop tard. Que ne fut pas la surprise du jeune Loup, lorsqu’il reconnut l’homme qui parlait. Aaron Dessay, rien que ça. Le tyran ne lésinait pas sur les moyens, apparemment.

Resté debout auprès du chanteur sur un signe de lui, Elthain était. Aris, lui, s’était placé sur la route des deux Lames Noires qui progressaient en direction de Jason. Il sentait le regard lourd de menaces des deux hommes, tandis que Sir Dessay l’interpellait. Petit. Aris sourit devant cette condescendance, plus que teintée d’une forte impatience. Tirant sur un simple nœud, les rubans qui entouraient son Organyx se détachèrent, révélant la magnifique double-épée, qui aussitôt se mit à rafraîchir l’atmosphère l’entourant. Ignorant royalement les deux Lames devant lui, Aristarkh leva le regard vers leur chef, faisant glisser en arrière le capuchon qui couvrait son visage.



« Cela faisait longtemps que je ne vous avais vu, Commandant Dessay. Oh, pardon, j’avais oublié que l’on vous nommait le Parjure Noir, désormais. »


Son ton était assurément railleur, mais il devait gagner du temps. En détournant l’attention, le Jeune Loup espérait qu’Elthain réussirait à faire fuir Beauchant par l’arrière-porte.


« Lord Fabius l’Usurpateur est tant à ce point en manque d’hommes, pour qu’il envoie un vieillard arrêter un simple chanteur ? Parbleu, Commandant, vous avez passé de loin l’âge de la retraite, ne rêvez-vous pas d’un peu de tranquillité ? Ou bien avez-vous pris goût à la trahison ? »


Cependant, même s’il se moquait de l’âge avancé de l’homme, Aristarkh n’était pas sans savoir quel combattant redoutable il était toujours. Reculant de deux pas, le jeune Svenn fit tournoyer sa lame dans ses mains, forçant également les deux Lames à faire un pas en arrière afin d’éviter le ballet des lames, et se mit en position. Son avantage le plus précieux serait son maniement de cette arme peu commune, contre laquelle ils ne devaient pas être habitués, du moins pour les autres Lames, à lutter.


« Allez, voyons voir ce que vaut la fine fleur des combattants Sudiers, contre les loyaux Fils du Nord. »
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeMer 26 Mar 2014 - 12:10

HJ : je suis obligé de te faire bouger, et tu devras le faire aussi forcément. Tu as mon autorisation pour cela dès lors que ça respecte mon perso, et si soucis de ton côté il suffit de me prévenir ^^


Il n'allait pas s'écarter... Pire que cela, il allait le défier. L'instinct aiguisé du commandant le mit en garde bien avant que le jeune chien fou ne dégaine son arme et il serra les dents avec irritation. Comme si il avait du temps à perdre en corrigeant un gamin... Celui-ci rentrerait très bientôt chez sa mère en pleurant tout ce qu'il savait, en supposant qu'il ne finisse pas plutôt derrière les barreaux d'une cellule, ce qui était tout aussi plausible. Quoique... Une lueur d'intérêt s'alluma dans les prunelles pâles lorsque Aaron entendit la voix qui l'insultait. Le surnom qu'il découvrait ce jour ne l'intéressait pas vraiment, mais le timbre lui était néanmoins familier... Il l'avait déjà entendu quelque part. Le geste suivant du jeune homme le lui confirma et il s'autorisa à cingler calmement :

"Svenn junior... Intéressant... Tu as quitté les jupes de ton père ?"

Il avait choisit son angle d'attaque de façon instinctive, pressentant déjà que l'autre allait l'attaquer dans le même domaine et que la meilleure défense consisterait à le rabaisser au rang du gamin qu'il était. Là encore, ses pronostics se confirmèrent et il laissa un rictus agacé découvrir ses dents. Le titre octroyé au roi lui déplaisait plus encore que les affirmations sur son âge avancé et sa réponse ne se fit pas attendre :

"Sa Majesté a été bien inspirée de m'envoyer. Cela permettra au moins de corriger ton insolence une bonne fois pour toutes puisque ton père ne semble pas y parvenir.

La défi résonna alors fortement dans la pièce et il n'y répondit que par un rire méprisant.

"Viens prendre ta fessée..."

Fidélité émit un son aussi doux qu'intimidant lorsqu'il la tira au clair et de nombreux hommes dans l'assistance ne purent plus détacher le regard de la célèbre lame. Aaron était connu pour ne pas la brandir à la légère, ce qui amena la plupart d'entre eux à quitter leurs chaises afin de reculer prudemment vers la porte de derrière. D'un geste, le commandant ordonna à ses quatre lames de s'attaquer aux hommes qui accompagnaient Svenn et l'un d'eux prévint le barde qui reculait déjà :

"Le bâtiment est cerné, tu n'iras nul part."

Il s'interrompit aussitôt pour bloquer l'attaque brutale de l'un des Nordistes qui ne l'entendait bien évidemment pas de cette oreille. La salle résonna bientôt du bruit des épées, et cela risquait de durer un moment vu la valeur des gardes d'élite et des guerriers entraînés du nord. Mais Aaron n'avait d'yeux que pour son propre adversaire. Celui-ci ne portant pas de casque, il avait posé le sien sur la table la plus proche et se tenait à présent très droit, pointe de l'épée tendue vers le sol dans une féline posture attentive. Il étudiait l'arme avec circonspection, conscient du changement de température de la pièce et du danger mortel que pouvait représenter la paire de lames inversées. Voilà qui allait s'avérer intéressant... Ce n'était pas la première fois qu'il affrontait ce genre particulier d'adversaire, mais c'était loin d'être une habitude pour autant. Le fils posséderait-il le même talent que son père ? C'était possible, mais il était de toutes façons bien trop jeune pour l'égaler. Il n'avait pas la moindre chance, ce qui rendait son comportement plus téméraire encore. Ah la jeunesse...

Il se déplaça comme un danseur, vif et rapide malgré son âge. Ses mouvements étaient d'autant plus fluides qu'il les débarrassait instinctivement de toute les fioritures inutiles qu'affectionnaient les autres bretteurs. Il n'était qu'efficacité redoutable, l'une des armes les plus affutés de l'empire qui se précipitait à présent sur sa cible. Le métal crissa lorsqu'ils croisèrent le fer pour la première fois et il pivota sans se laisser déséquilibrer. Ce premier contact sans conséquence était une volonté de sa part, il aimait jauger ainsi son adversaire et lui donner confiance en lui donnant l'impression de l'avoir bloqué grâce à son seul talent. Plus gracieux qu'il ne l'était à aucun autre moment que dans le combat, il effectua un pas sur le côté afin de se tenir pile à la limite de l'allonge du jeune homme. Il calculait cette distance idéale d'instinct sans effectuer le moindre effort, c'était l'un des points forts qui avait fait de lui un bretteur exceptionnel. Il bougea encore et sa lame se flouta lorsqu'il fit mine de frapper à nouveau plus rapidement que l'oeil ne pouvait se déplacer, mais ce n'était qu'une feinte et plutôt que la pointe de fidélité se fut sa lourde botte renforcée que l'autre rencontra lorsque le garde royal tenta de le faucher pour l'expédier à terre. Ce faisant, il gronda :

"Tu ferais mieux de te rendre Aristarkh !"

Il l'avait déjà cerné, pressentant tout le talent latent du garçon mais conscient que ni cela, ni sa jeunesse, ne pourrait lui permettre de se sortir vainqueur d'un tel combat. Il n'égalait pas un Havard, ni un Thelem. Cela finirait peut-être par arriver, mais c'était encore loin d'être le cas. Peste que la fierté du nord, il ne céderait pas, et le blesser gravement serait un gaspillage...
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeSam 29 Mar 2014 - 22:28

[HRP : Je n'ai pas osé faire trop bouger tes hommes, vu que je t'ai un peu "contrôlé" lors d'une des phases du combat, j'espère que cela ne te dérange pas non plus (même si tu m'avais dit que non, fin bref >.> Si tu veux que je change, n'hésite pas Smile )]



Aaron fut le premier à prendre la parole après lui, et ce n’étaient assurément pas pour des paroles aimables. Chose normale, après tout, car une fois que l’un et l’autre étaient « nettoyés » de leur rang respectif, il ne devenait plus que deux ennemis qui n’allaient pas tarder à s’affronter. Sachant que l’autre le provoquait, Aristarkh n’en serra pas moins les dents. Les Svenn, et les Nordiens de manière plus générale, n’étaient pas des êtres faibles comme les Sudiers. Les « jupes de son père », il les avait quittées depuis longtemps maintenant, depuis le jour où il était né. L’entraînement martial qui fut le sien dès qu’il avait appris à marcher, les longues heures punitives qu’il avait passées dans cette cage à prisonniers suspendue au-dessus d’un gouffre, accrochée aux remparts de Glacern, … Tout cela avait contribué à faire de lui un parfait exemple d’acier Nordien, fort et tranchant. Et fier. Aussi répondit-il dans le même registre, renversant le sablier de l’âge, et n’accordant pas à Fabius son titre officiel parmi les Loyalistes.

Le qualificatif d’insolent souleva les lèvres du Jeune Loup en un fin sourire. Il était vrai qu’il n’avait pas fait montre de beaucoup de respect envers un homme de son âge et de son rang, mais à la guerre, tout était permis, et s’il pouvait ne serait-ce qu’un peu déstabiliser son adversaire, cela ne serait pas de trop, le Commandant Dessay étant un redoutable épéiste. Contre qui lui tenaillait une féroce envie de croiser le fer, envie qui allait se réaliser aujourd’hui.



« L’acier duquel je suis fait est déjà pris, Commandant Dessay. A vouloir me refondre, vous risquez fort de vous brûler avec la forge. »


Lorsque la Lame dégaina, de nombreux clients de l’auberge reculèrent vers les murs du fond, dégageant autour de la scène qui se déroulait sous leurs yeux un espace respectable. Et dans son dos, presque à la limite de son champ de vision, il put voir que Elthain venait de tirer sa lame, mais que celui-ci – ô surprise – n’était pas le seul homme à s’être dressé contre l’élite Impériale. Un homme et une femme étaient venus à ses côtés ; leurs visages ne lui disaient rien, mais qu’importait. Rebelles ou sympathisants, il n’allait pas cracher sur leur aide ; deux épées de plus ne seraient pas de trop pour faire sortir Beauchant de ce guet-apens.

La garde de Dessay, elle, était particulière. Rares étaient les militaires à maintenir ainsi leur épée au début d’un combat, la plupart étant déjà dans une posture défensive plus classique, suivant leur arme. Soudain, l’homme en noir attaqua. Rapidement. Prestement. Gracieusement. Aristarkh devait lui reconnaître un style magnifique. Faisant faire une demi-rotation à son arme, le Nordien bloqua l’attaque avec sa lame gauche, s’étant esquivé sur la droite. Si Dessay voulait jouer au chat sautillant, il serait servi, car sa petite taille permettait au Jeune Loup une rapidité et une vivacité plus que bienvenue lors des combats avec des adversaires plus grands et plus forts.

Quelques mètres plus loin, Elthain et la femme inconnue avait acculé un noir combattant, mais les autres les assaillirent à leur tour, et ils durent battre en retraite. L’une des Lames restait en retrait, gardant la porte arrière de l’auberge, condamnant les acteurs de ce combat à une victoire totale de l’un ou l’autre des partis.

Mais ce qui se passait dans son dos ne rentrait plus dans les considérations du Nordien. Ce n’était point du désintérêt, mais combattre un soldat comme Dessay ne pouvait se faire en se concentrant sur deux choses à la fois. Ce vieil homme bougeait rapidement, très rapidement. Trop. Lorsque sa lame bougea une nouvelle fois, Aris mit son arme sur la trajectoire de celle-ci, mais au lieu du son de l’acier contre l’acier, ce fut un violent coup dans l’estomac qui le fit se plier en deux et reculer. Luttant pour aspirer de l’air, ce coup lui ayant coupé la respiration, Aristarkh ne s’en remit pas moins en garde, veillant à ne laisser aucune ouverture facile à son adversaire.



« Me rendre, Commandant ? Malgré votre erreur de loyauté, vous n’êtes pas sénile. Vous connaissez les Nordiens : mon honneur et ma fierté m’interdisent de me rendre. Mais je vous retourne cette magnanimité : déposez vos armes, vous et vos hommes, et nous vous laisserons vous en retourner sains et saufs. »


Le Jeune Loup darda ses yeux dans ceux du vieil homme, et fit lentement tournoyer son Organix. Les tables, les bancs et les comptoirs le gênaient, son arme étant somme toute encombrante, mais il devrait faire avec. Les conditions externes d’un combat n’étaient pas toujours favorables. Aris faisait basculer son poids d’une jambe à l’autre, ne restant jamais immobile, toujours prêt à bondir, à l’instar d’un loup. Ses muscles étaient tendus, et son regard ne lâchait pas l’homme en face de lui, qui refuserait sans doute de se rendre. Un homme tel que lui ne le pouvait tout simplement pas, car sinon, jamais il n’aurait atteint son poste actuel. Jamais même il n’aurait maniée la noirépée

Soudain, Aristarkh sauta en avant, l’une de ses lames pointée vers le cou de son adversaire, lequel esquiva. Loin de se laisser démonter, le Nordien imprima un mouvement circulaire à son arme, mais l’épée adverse se retrouva sur son chemin, le contraignant à reculer, en tournoyant sur lui-même. Lorsqu’il s’immobilisa, il était droit comme un I, son arme plaquée contre son corps.



« Vous êtes à la hauteur de votre réputation de bretteur d’exception, Commandant. »


Et ce qu’il ne dirait pas, c’était qu’il était honoré de combattre un tel épéiste, de pouvoir se frotter à lui. Mais il comptait bien briser cette légende, car perdre contre elle signifierait l’échec de sa mission, et la honte de sa Maison. Pris d’un élan fougueux, le Jeune Loup repartit à l’attaque, mais le mouvement de sa lame faucha à l’insu de tous une lampe à huile sur une table, et l’envoya s’écraser sur le sol sous une table, les flammes commençant de manière insidieuse leur œuvre de destruction, tandis qu’Aris était entièrement tourné dans une offensive complète.
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeDim 30 Mar 2014 - 13:38

Fier comme un nordiste... L'expression prenait tout son sens dans ce combat et Aaron ne fut donc pas vraiment étonné de la réponse du jeune homme. Elle lui tira tout de même un demi-sourire ironique, l'autre ne pouvait pas s'en douter mais son amour de l'art de l'épée ne s'arrêtait pas uniquement au combat. Il était aussi à l'aise dans une forge que dans ce genre de danses, d'ailleurs il avait même très brièvement envisagé d'en faire son métier. Peu de chance pour que l'idée de plier de l'acier ne l'intimide donc...

Il ne se battait pas mal, respectant le style particulier du nord sans pour autant s'y enfermer au risque de s'avérer trop facile à cerner. Son arme si spéciale lui allait plutôt bien et on pouvait sentir les interminables heures d'entrainement qu'il avait dû subir aux côtés de son guerrier de père. Celui-ci avait dû lui mener la vie dure, Aaron avait entraîné trop de jeunes hommes pour ne pas savoir que c'était indispensable pour les rendre efficaces. Havard avait su y faire apparemment, ce qui n'étonnait pas Aaron plus que cela... D'ailleurs il était trop concentré sur son combat pour s'accorder le temps de réfléchir.

Le bruit de sa lourde botte ferrée s'enfonçant dans l'estomac ennemi s'avéra tout à fait satisfaisant. Le jeune se plia en deux, le souffle coupé par l'assaut du plus ancien qui, sans pitié, pressa aussitôt son avantage. Ce genre d'attaque était parfois suffisante pour terminer un combat aussi vite qu'il l'avait commencé, mais le jeune loup ne se laissa pas faire et recula rapidement avant de se remettre en garde. Il pouvait jouer les petits durs aussi longtemps qu'il le voulait, il finirait par perdre.

« Me rendre, Commandant ? Malgré votre erreur de loyauté, vous n’êtes pas sénile. Vous connaissez les Nordiens : mon honneur et ma fierté m’interdisent de me rendre. Mais je vous retourne cette magnanimité : déposez vos armes, vous et vos hommes, et nous vous laisserons vous en retourner sains et saufs. »

Il demeura de marbre devant ce qui n'était que bravade. Aristarkh savait pertinement que l'auberge était cerné et que même si miraculeusement il parvenait à se tirer d'affaire dans ce premier combat, il n'aurait aucune chance contre la loi du nombre. L'Ombre du Roi chassa donc cette futilité d'un haussement d'épaule léger :

"Tu répétera ça aux Lames qui t'attendent dehors, lorsque tu auras fini de discuter avec la mienne..."

Autant dire qu'il n'était pas certain qu'il soit encore en état de parler après ça. Surtout en étant aussi têtu... Mais c'était son problème et pas celui d'un Aaron peu habitué à faire preuve de clémence. L'autre avait fait son choix en l'affrontant, il ne le tuerait pas de gaité de coeur mais il n'aurait pas non plus de remords si cela devait arriver. Bien sur il ferait ce qu'il pouvait pour le capturer vivant pour peu que ce soit possible, mais dans le cas contraire il ne mettrait pas sa vie ou celle de ses hommes en danger pour un rebelle.

Calme et sur de sa force, il soutint sans faillir le regard défiant du jeune homme. Aucune ombre ne brûlait dans ses prunelles pâles, il était parfaitement concentré sur le combat et ne doutait pas. Il se déplaça lentement sans rien perdre des déplacements plus vifs de son adversaire qui se tenait prêt à bondir. Cela ne tarda d'ailleurs pas et le garde royal en fut quitte pour esquiver une lame qui entendait l'égorger. L'autre ne ferait pas preuve de plus de pitié que lui... Tant mieux, il n'aimait pas les mauviettes. Décidé à ne pas le laisser souffler, Aaron ne le laissa pas replacer son arme comme il en avait l'intention et le contraignit à reculer en désordre, espérant lui faire ainsi perdre l'équilibre ou percer sa garde. Il n'y parvint pas encore cette fois-ci et ne commit pas l'erreur de le suivre lorsque le garçon retrouva une posture défensive parfaitement équilibrée. Immobilisé juste à la limite de l'allonge de l'organix, il reprit sa posture féline, une lueur mortelle dans le regard. Le prochain assaut serait sans doute décisif... Il absorba le compliment, l'acceptant sans s'y arrêter vraiment et laissa un sourire dur éclairer son visage en lisant la résolution dans les yeux de son interlocuteur. Encore un qui visait l'honneur de mettre à mal l'Ombre du Roi... Il secoua la tête :

"Ne rêve pas trop gamin. Tu es bon mais encore bien trop vert pour te frotter aux carnes de mon genre..."

Lorsque l'autre se précipita vers lui, il l'attendait. Du coin de l'oeil il suivit la lampe qui s'éclatait sur le sol, notant instinctivement le danger dans un coin de son cerveau. Mais il avait une autre priorité, il faudrait seulement qu'il accomplisse son office un peu plus vite que prévu si il voulait éviter que tout le quartier ne s'embrase... Le jeu était terminé donc.

Bien campé sur ses pieds, il ne tenta pas d'esquiver l'attaque bien trop fougueuse qui était synonyme de victoire. Seules ses hanches pivotèrent lorsque l'Organix frappa à hauteur de son visage, son déplacement léger lui permettant d'échapper à une blessure mortelle et de laisser simplement passer la lame à quelques centimètres de son oreille droite. L'élan du jeune homme ne pouvait lui permettre de reculer assez vite, il s'était lancé à corps perdu dans cette attaque qui aurait dû s'avérer décisive. Elle le fut d'ailleurs, mais pas dans le sens où il l'entendait... Enfoncé dans sa garde comme dans du beurre, le commandant n'eut plus qu'à dévier l'arme ennemie d'un coup ravageur qui tordit violemment le poignet exposé. Un os craqua sans qu'il ne sache vraiment si il l'avait cassé ou non. Cela importait peu, ce qui importait c'était que le jeune loup se retrouvait dans l'impossibilité de garder son arme en main. Sachant qu'il n'allait sans doute pas se laisser démonter pour autant, Aaron ne lui laissa pas une seule seconde pour retrouver ses esprits. Du plat de sa lame, il le frappa en plein visage avec une force suffisante pour l'expédier aussitôt à terre. Un nouveau coup de pied caressa les cotes de l'obstiné alors qu'il cherchait à se relever d'un bond et enfin la froideur de Fidélité passa comme un frisson sur le cou dénudé. Fin de la partie.

Soutenant le regard fier du vaincu, le garde royal fronça les sourcils en le voyant faire fi de la douleur pour chercher encore un moyen de se tirer d'affaire. De tous les prisonniers qu'il pouvait capturer, les nordistes étaient sans doute les moins accommodants... C'est donc sans le lâcher totalement du regard qu'Aaron vérifia où en étaient ses hommes. L'un d'entre eux était blessé, un autre avait tué l'un des rebelles mais les combats faisaient encore rage. Et le feu risquait de s'étendre très vite... La plupart des spectateurs avaient d'ailleurs quitté les lieux. Pas sa cible néanmoins qui se tenait recroquevillée dans un coin. Bien.

"RENFORTS !"

L'ordre tonna soudainement mais ne prit apparemment pas au dépourvu les hommes qui se tenaient à l'extérieur puisque un petit contingent se précipita aussitôt dans l'auberge. Quelques gardes simples et quelques Lames de son unité. Il envoya les premiers jouer les pompiers de service tandis que les seconds se précipitaient pour soutenir leurs collègues dans leurs combats. Sa lame toujours en attente sur la carotide de son prisonnier, Aaron prévint :

"Ils n'auront peut-être pas autant de chance que toi. Si tu veux les voir vivre alors qu'ils lâchent leurs armes. Immédiatement."

Sans bouger, il attendit la décision du jeune homme tandis qu'un autre soldat enveloppait l'Organix dans sa cape pour le mettre hors de portée.

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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeLun 7 Avr 2014 - 21:48

Sa pointe avait accueilli avec… Eh bien, à le voir, on aurait pu croire qu’il ne l’avait pas entendu, ou bien que le Commandant se fichait complètement de ce qu’il venait de dire. Avec détachement, ses épaules se haussèrent, ce qui en disait long sur le peu de considération qu’il accorde à la proposition de capitulation d’Aris. Mais l’homme venait de souligner un point important. Si les Rebelles parvenaient à sortir, avec ou sans leur colis, de cette auberge, ils auraient encore plusieurs combats avant d’atteindre les portes, sans compter que des archers les prendraient certainement pour cibles. Peut-être qu’en prenant l’Ombre de l’Usurpateur en otage, cela leur donnerait une assurance-vie, quitte à s’en débarrasser par la suite, en l’abandonnant à quelques centaines de mètres des portes de la ville… Voire de manière plus définitive.


« Ma lame sous votre gorge sera peut-être un argument suffisant pour convaincre vos hommes, Commandant. »


Aristarkh savait pertinemment que les Lames mourraient volontiers sur ordre de l’Empereur, et que leur loyauté lui était toute acquise, mais peut-être certains portaient une grande admiration à leur chef, certains qui seraient prêts à déposer les armes pour préserver la vie de leur héros. Les chefs charismatiques emportaient souvent l’admiration des soldats qu’ils avaient sous leurs ordres.

Leur passe d’armes suivante fut brève, mais intense. La force d’Aaron ne correspondait pas à son âge, car le vieillard était diablement bien conservé, et même la rapidité et les réflexes du Nordien ne parvenaient pas à en venir à bout. Mais qu’attendre d’autre de la part du plus haut gradé de cet ordre illustre qu’étaient les Lames Noires ? Se repliant après une dernière attaque, Aris adopta une posture de garde offensive en se tenant aussi droit que raide. Souriant à la réplique de son adversaire, le Jeune Loup lui adressa un clin d’œil.



« Le Croc du Dragon ne s’est pas fait en un jour, Commandant Dessay, répondit-il. Même la plus mauvaise des lames peut venir à bout de la viande la plus coriace. Mais trêve de palabres, vous comme moi avons des tâches autrement plus urgentes. »


Et là-dessus, le Nordien attaqua, brisant dans ses mouvements une lame à huile qui ne tarda pas à mettre le feu aux tables de bois, ainsi qu’aux bancs. Mais lui n’en avait cure, car son attaque allait lui permettre de mettre à terre le Commandant, il le voyait. Sa lame s’approchait de son visage, aussi mortelle qu’un loup bondissant sur sa proie. Et puis, soudain, cet avenir de victoire s’évapora aussi brusquement qu’une flamme soufflée à la fin d’une veillée. Se décalant de quelques centimètres, Aaron esquiva sa lame, et Aris, emporté par son élan, continua d’avancer, ne fendant rien d’autre que de l’air. Il n’eut pas le temps de se dégager, car il sentit une main gantée de cuir et de mailles saisir son poignet, et le tordre. Contractant sa mâchoire afin de ne pas hurler de douleur et de se déconcentrer, ladite douleur lui fit lâcher son arme. Ses yeux, aveuglés par le brusque éclat de lumière causé par la souffrance, achevèrent de le déstabiliser, ce que son adversaire mit à profit pour le jeter à terre d’un coup de lame, le plat de celle-ci frappant sa mâchoire. Aristarkh sentit le goût du sang envahir sa bouche, mais aucune dent n’avait été détachée. Sa pommette avait pris le plus gros du choc.

Aris ne pouvait cependant pas rester au sol, aussi tenta-t-il de se redresser. Tenta. Une lourde botte le cueillit dans les côtes, et l’une d’entre elles produisit un craquement inquiétant. Fermant les yeux afin d’ignorer la douleur le plus possible, il les rouvrit emplis d’une froide colère, et d’orgueil Nordien, sur le Commandant qui apposait sa lame contre son cou. Mais Aris ne considérait pas la partie comme finie. Si son Organix était certes tombée, il lui restait Espérance, son autre épée. Lançant sa main gauche vers sa hanche du même côté, il referma ses doigts sur la poignée, mais une Lame la lui arracha brusquement du fourreau, après lui avoir écrasé le bras au sol. Désarmé il était désormais.

Hurlant un ordre, une dizaine d’hommes pénétrèrent dans l’auberge au son de la voix de leur supérieur. Le piège se refermait, et sa meute n’avait plus aucun moyen de s’échapper. Sa meute… Elthain et cette femme inconnue, ainsi que feu cet étranger qui avait également tiré son épée à leurs côtés… S’il voulait les voir vivre ? Quel chef ne le voudrait pas ? Même si la combattante n’avait pas été de sa troupe, Elthain, lui, en faisait partie, et Aris ne pouvait s’empêcher de la considérer comme une sœur d’armes.

Son esprit tournait à pleine vitesse. S’il s’obstinait, ils mourraient tous sans avoir accompli leur mission. S’il acceptait de déposer les armes, ils auraient une chance de survivre, même si leur mission était un échec, et auraient l’occasion d’en accomplir d’autres, plus victorieuses, par la suite. Grinçant des dents, ce qui provoqua un nouveau pic de douleur, Aristarkh cracha du sang sur le sol de pierre, et leva les yeux vers la Lame Noire, la foudroyant du regard.



« Elthain, commença-t-il d’une voix vibrante de fureur. Et vous aussi, brave étrangère. Lâchez vos armes. »

« Mais… Officier Svenn, notre… »

« Soldat Humdon, c’est un ordre, le coupa-t-il. Et je suis votre supérieur, obéissez ! »


Le Nordien ne s’adressait pas directement non plus à la jeune femme, n’ayant aucune autorité sur elle, mais celle-ci se rendit dans le même temps qu’Elthain, sans dire un mot. Reportant son attention sur la Lame, Aristarkh lui adressa un sourire féroce.


« Et maintenant, Commandant ? Comptez-vous faire fi des Lois de la Guerre, et exécuter des prisonniers de guerre désarmés ? Si telle est votre intention, laissez partir mes hommes. Un Svenn constituerait un trophée de choix pour Lord Fabius l’Usurpateur, non ? »


Mais l’intention de Dessay n’était visiblement pas de les exécuter. Bonne nouvelle. Elle n’était pas non plus de les laisser repartir. Mauvaise nouvelle. Mais prévisible celle-ci était. Les Lames leur confisquèrent leurs armes, tandis que des cordes leur étaient passées aux poignets, sans douceur aucune, ce qui relança la douleur de son poignet méchamment tordu. Il n’était heureusement pas cassé, mais seulement fêlé, de ce qu’il en sentait, mais cela lui prendrait du temps avant de retrouver son habileté à manier son arme favorite, ou même une simple épée.

Et ainsi les Rebelles furent-ils amenés hors de l’auberge en flammes, et traînés dans la rue devant une foule immense qui s’étendait jusqu’aux portes, formant comme une haie d’honneur silencieuse. La plupart avaient les yeux baissés vers le sol, bien que certains regardaient la colonne de cavaliers, parfois avec admiration, parfois avec dégoût, parfois même par curiosité.



« Dîtes-moi, Commandant Dessay, interpella-t-il le ci-nommé alors qu’ils approchaient des portes de la ville. Une question me taraude, et sans doute d’autres ici présents. Pour quelle raison avez-vous trahi votre souverain légitime, vous qui aviez fait serment de protéger son Sang ? »


Suivant la réponse de l’homme, Aristarkh espérait déclencher un mouvement de foule, qui pourrait déboucher sur un début d’émeute. Avec beaucoup de chance, cela pourrait suffire pour que lui et ses hommes soient libérés et, qui sait, peut-être de prendre Aldaria. Mais sur ce point-là, il avait sans doute énormément d’espoir.
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeDim 13 Avr 2014 - 12:13

Il semblait furieux de s'être laissé prendre ainsi, mais au moins n'était-il pas idiot. Aussi dur que celui sembla être pour lui, il donna l'ordre de déposer les armes. Bien... Aaron n'aurait-eu aucun scrupules à faire tuer les autres par ses propres hommes, un prisonnier c'était déjà assez difficile à gérer comme cela et seul le jeune loup avait une certaine importance. Néanmoins il ne reviendrait pas sur sa parole, les rebelles auraient la vie sauve tant qu'ils se tiendraient à carreau et au moins jusqu'à ce qu'ils comparaissent devant Fabius. Là il ne répondait plus de rien... Ce ne seraient plus ses affaires. Sauf qu'avant d'en arriver là ils auraient de nombreuses lieux à parcourir jusqu'à Gloria... Il pouvait aussi les faire enfermer dans les sombres cachots Aldariens bien entendu, mais Fabius voudrait avoir Aristarkh sous ses yeux....

Le rebelle en question confirma ses pensées d'une voix acerbe qui lui tira un haussement d'épaules :

"Il n'y a pas de lois dans la guerre. Le meilleur gagne, c'est tout."

La lame aiguisée de Fidélité s'éloigna toutefois du cou exposé tandis qu'il faisait signe aux siens de venir cueillir les prisonniers. Les armes furent rassemblées tandis que les gardes finissaient de maîtriser le feu, mais Aaron n'avait d'yeux que pour le fils Svenn dont on liait les mains. Le visage fermé, il s'approcha de lui avant qu'on ne l'emmène et n'hésita pas à l'attraper par les cheveux afin de le contraindre à le regarder dans les yeux. Il gronda à quelques centimètres de son visage :

"Encore un mot de ce genre vis à vis de l'Empereur et je te brise les deux jambes. Tu feras le voyage jusqu'à Gloria en civière, et je veillerai à ce qu'on chante la honte du voyage du jeune loup à travers tout l'Empire. Est-ce bien clair ?"

Cela ne pouvait pas l'être plus, il se fichait pas mal de ce que l'on pouvait dire sur lui mais il ne tolérerait aucune insulte envers son roi ou les Kohan qui étaient sous sa protection. Et il n'hésiterait pas une seule seconde à mettre sa menace à exécution, après tout cela ne lui coûterait rien de réquisitionner un chariot pour faire voyager le blessé et celui-ci aurait moins de chances de s'échapper avec les deux jambes cassées. Bien sur cela lui rendrait le voyage terriblement désagréable et ce ne serait pas franchement très glorieux que d'arriver à la capitale alité comme une vieille femme. Cette dernière considération serait certainement suffisante pour forcer le rebelle à se tenir coi... Sinon, tant pis pour lui.

Le message passa au moins temporairement apparemment, puisqu'ils purent sortir sans problèmes. Une foule immense les attendaient et ne s'écarta parfois que de mauvaise grace devant leurs armures et leurs armes brillantes. L'atmosphère était lourde et pas loin d'être belliqueuse, Aaron n'aimait pas cela... D'autant plus que Svenn choisit justement ce moment là pour la ramener encore :

« Dîtes-moi, Commandant Dessay. Une question me taraude, et sans doute d’autres ici présents. Pour quelle raison avez-vous trahi votre souverain légitime, vous qui aviez fait serment de protéger son Sang ? »

Le commandant se crispa, pas du tout dupe de la manoeuvre. Il aurait dû penser à le faire baillonner, mais il était un peu tard à présent... Des centaines d'oreilles étaient à l'affut de sa réponse. Il savait reconnaître une foule hésitante lorsqu'il en voyait une, et celle là était sur le point de basculer vers la mauvaise décision. L'ombre de Korentin était encore trop présente ici, les petites gens n'avaient pas apprécié qu'on leur vole leur duc et qu'on le dépouille de son héritage. Que les raisons soient bonnes ou mauvaises, ils se sentaient plus proches de Korentin que de Fabius. Que dire à présent ? Un mot de travers et c'était toute son unité qui risquait le lynchage. Il pouvait aussi donner l'ordre de tailler dans la foule et de foncer vers l'avant mais il n'était pas du tout certain de parvenir à atteindre les quartiers riches et moins encore le palais blanc. D'autant plus qu'il aurait préféré prendre directement la route vers Gloria... Il faudrait oublier cette idée si la moitié de la cité décidait tout à coup de se dresser entre eux et les grandes portes. Mieux valait d'abord tenter de calmer la foule, même si ce n'était franchement pas son domaine. Il répondit donc d'une voix morne, mais claire :

"Korentin Kohan est un meurtrier, les faits et les témoins en attestent. Il ne peut hériter du trône. Fabius Kohan est le roi légitime, il combat pour le bien du royaume et de ses gens. C'est son Sang que je protège désormais, avec fierté"

Un murmure passa dans la foule, l'hésitation revenait tandis que s'éloignait la perspective de la voir fondre agressivement sur les Lames toujours en marche. Sans cesser de surveiller la situation du coin de l'oeil, Aaron serra durement le bras du rebelle en approchant la bouche de son oreille pour n'être entendu que de lui :

"Et sois sur d'une chose petit. Si j'avais su en voyant grandir Korentin qu'il tuerait un homme aussi droit que Gregorist j'aurai jeté ma vie et ma carrière aux orties afin de le tuer avant qu'il n'accomplisse l'irréparable. Je me maudis chaque nuit de n'avoir rien vu... Gregorist ne méritait pas une mort aussi déloyale"

Le ton était dur, mais une peine sincère vibrait dans sa voix. Il avait aimé Gregorist comme un fils, bien plus que Fabius et Korentin malgré tout le profond respect qu'il avait pour eux deux. Et la peine de Rachèle... Cela c'était une chose qu'il ne pardonnerait jamais, Korentin ne trouverait pas grace à ses yeux et il se ferait un plaisir de le traîner devant la justice si il en avait l'occasion. Mais ce n'était pas encore pour tout de suite, pour l'instant c'était ce gars là qui devait y goûter et pour ça ils allaient devoir sortir de la ville. Profitant du calme fragile de la foule, il fit accélérer le pas à ses hommes afin d'atteindre les portes qui séparaient le quartier marchand des quartiers pauvres. Dans ce corps de garde il trouverait de nombreux renforts afin de traverser en toute sécurité le dernier quartier d'Aldaria. On les fournirait aussi en vivres et en montures pour le voyage... Avec les rebelles et le barde comme prisonnier ils allaient mettre beaucoup plus de temps qu'à allé pour retourner à la capitale, mais le jeu en valait la chandelle. Restait à atteindre les portes et cela ce n'était pas gagné... Il grogna doucement en voyant Aristarkh ouvrir la bouche à nouveau :

"Si la foule se retourne contre nous, rebelle, tu seras le premier à mourir."




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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeMer 16 Avr 2014 - 16:34

Le meilleur gagne… Cela n’était pas toujours vrai, car Lord Fabius lui-même, s’il n’avait pas conclu de paix avec l’envahisseur, aurait très certainement perdu la guerre. D’ailleurs, cette paix était elle-même un signe de défaite de l’Empire, car si ce dernier avait gagné la guerre, les Alayiens auraient été repoussés à la mer. Non, l’Empire avait bel et bien perdu, victime d’ennemis tant extérieurs qu’intérieurs. La trahison était venue de l’intérieur même de la Maison Kohan, ce qui voulait dire que la corruption s’était répandue jusque dans les hautes sphères au Sud. Sans le soutien de Glacern, l’Empereur légitime n’aurait aucune chance de recouvrer le Trône qui lui revenait.

Le Jeune Loup grogna lorsque le Commandant vint lui saisir les cheveux, en réponse à… Oui, il n’avait pas dû supporter d’entendre son souverain être de nouveau appelé l’Usurpateur. C’est qu’il était susceptible, en fait. Mais alors qu’Aristarkh allait lui envoyer une remarque bien sentie sur son « Empereur », l’image de lui arrivant sur une civière dans la Capitale Impériale, repassant ses portes brisé physiquement, s’imposa à son esprit. Autant il était certain de pouvoir faire fi de la douleur, autant… Non, un Loup ne pouvait se permettre d’être ainsi rabaissé par des Lions paresseux du Sud. Il n’avait pas le droit de couvrir sa Maison de déshonneur. Un prisonnier debout était plus fier et avait meilleure allure qu’un prisonnier porté par d’autres.



« Soyez maudit, Dessay, grogna-t-il en le regardant haineusement. »


D’autres adjectifs lui vinrent en tête, mais les lui jeter à la figure ne siérait pas à un homme d’une Maison aussi altière que la sienne. Et puis, en soi, le Commandant ne faisait que son travail, même si celui-ci s’était fourvoyé dans ses allégeances. En cela résidait leur actuelle inimitié, car si Aaron Dessay était resté fidèle au Lord Korentin à la mort de Gregorist, les deux hommes, l’ancien et le jeune, auraient lutté côte à côte sur les champs de bataille. Mais il ne servait à rien de ressasser le passé, et de se demander ce qui aurait pu être, car cela n’était pas, et seul comptait la situation présente, et ses conséquences pour le futur.

Situation présente qui pourrait finalement tourner à son avantage, eut-il l’espoir, lorsque ses mots atteignirent la foule, alors qu’ils se dirigeaient vers les limites de la ville. Même des Lames Noires aussi surentraînées que celles qui les avaient faites prisonnières ne pourraient faire face à une foule en colère. Et même s’ils parvenaient à en réchapper, l’inimité des Aldarians envers le pouvoir actuel et ses chiens de garde ne ferait que croître. Seulement, sans pour autant réussir à se mettre les citoyens de son côté, Aaron sut éteindre l’étincelle qui risquait de mettre le feu aux poudres. Etait-ce grâce au ton calme qu’il avait employé, ou à l’aura de froid commandement qui émanait de lui, Aris n’en savait rien, mais le fait était qu’aucune émeute n’exploserait dans les minutes qui arrivaient. Toutefois, lorsque l’Officier vint s’adresser uniquement à lui, le ton était tout autre, car une émotion perçait malgré tout sa voix aux inflexions d’acier. Que le vieil homme aimât Gregorist, Aristarkh n’en doutait pas une seule seconde. Peut-être était-ce cette peine, et la honte que cela soit arrivé sous son commandement, qui avait aveuglé ce guerrier qu’était Dessay, le poussant à faire allégeance à la mauvaise personne ?



« Ne vous êtes-vous jamais demandé, Commandant, lui répondit Aris, tout aussi doucement afin que lui seul l’entende, que si vous n’avez rien vu, c’est qu’il n’y avait rien à voir ? Lorsque je l’ai rencontré alors qu’il était Lord Régent, Korentin ne m’a point fait l’impression d’être intéressé par le pouvoir. »


A l’inverse de Fabius, bouffi d’ambition, songea-t-il par-devers lui, sans oser l’exprimer à haute voix, car cela risquerait de mettre son Père dans l’embarras, si d’autres en venaient à apprendre la teneur du contenu des lettres échangées à l’époque entre eux deux.

Alors qu’ils approchaient sans encombres, mais toujours autant regardés par la foule, du mur séparant le quartier marchand du pauvre, le Jeune Loup prit son inspiration, dans une nouvelle tentative de haranguer la foule, quitte à finir bâillonné, le Commandant le menaça à nouveau. Aristarkh ne put se retenir de rire.



« Vous n’en ferez rien, Commandant, lança-t-il avec une assurance qui frôlait l’impudence, au vu de son état actuel. Même dénué de griffes, un Loup reste dangereux. »


Une des Lames tira sur la chaîne qui lui liait les mains, ce qui réveilla la douleur de son poignet foulé, et le fit taire, tandis que des Gardes d’Aldaria les arrêtait à la porte marquant la frontière entre les deux quartiers, et les équipaient pour le voyage. Les prisonniers, tant combattants que chanteur, furent installés sur des montures, mais celles-ci étaient loin d’être d’aussi bonnes qualités que celles données aux Lames. Aucun risque n’était pris, visiblement. En cas de fuite, les montures de leurs gardes les rattraperaient en un rien de temps.

Les Lames et les Gardes de la ville qui les escortaient jusqu’à la sortie semblaient tendus, et leurs mains n’étaient jamais loin de leurs armes. Mais cela s’avéra être une inquiétude inutile, car, malheureusement pour les Rebelles, aucun événement en leur faveur ne survint. Et puis, reliés entre eux qu’ils étaient sur leurs montures, peu espacées les unes des autres, ils ne pourraient rien faire sinon espérer que nulle épée ne se dirige vers eux. Assurément pas une situation agréable pour les soldats qu’ils étaient.

Les cavaliers avaient quitté la cité Humaine depuis maintenant une dizaine de minutes, et chevauchaient vers la Capitale à petite allure. Malgré qu’il soit visiblement pressé d’arriver, le Commandant ne semblait pas vouloir épuiser inutilement les montures. Craignait-il d’être attaqué, ou était-ce là la manifestation d’une éternelle prudence ?



« Quelles nouvelles de Gloria, autrement, Commandant ? Les envahisseurs Alayiens n’empiètent pas trop sur les pouvoirs de votre… Mmmh… De l’homme que vous servez ? En toute honnêteté, et sans vouloir remettre en question l’inquiétude constante que doit ressentir Lord Fabius envers son peuple, j’aurais pensé que jamais un membre de la Maison Kohan ouvrirait les portes à un ennemi. Assurément, cela ne se verrait guère dans nos rudes terres. Nous autres, les Fils du Nord, préférons mourir au combat que vivre agenouillés sous la férule d’un occupant étranger. »
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeSam 19 Avr 2014 - 19:27

Même si son avertissement de tout à l'heure était parfaitement passé au vu de l'étincelle de haine qui s'était allumée dans le regard du nordiste, Aaron n'était pas certain que cela suffise à le faire tenir coi alors que l'occasion de retourner la foule à son avantage se présentait à lui. Il se maudit lui-même en re-songeant à l'opportunité manquée de faire baillonner son prisonnier. Le faire maintenant enverrait un mauvais signal aux badauds qui comprendraient alors le pouvoir qu'ils avaient de renverser la situation. Mieux valait assumer son erreur et faire accélérer la cadence pour se sortir rapidement de ce guêpier, ce qu'il fit justement.

Le murmure du prisonnier dans son oreille ne lui tira qu'un demi haussement d'épaule agacé. Pensait-il qu'il s'était retourné contre Korentin comme ça sans raison et sans avoir un minimum enquêté lui même ? Aussi désespéré qu'il ai été à la mort de Gregorist, il restait un garde royal et son premier devoir avait été de mettre toute la clarté nécessaire sur ce qu'il considérait comme son propre échec. Les preuves de la culpabilité de Korentin lui avaient sautées aux yeux jusqu'à le rendre fou de rage, l'aurait-il voulu qu'il n'aurait même pas pu la nier. Korentin était coupable de cette faute, et devrait en payer le prix fort un jour ou l'autre. Rien ne le ferait jamais démordre de cela. Il répondit sur le même ton :

"C'est un maître de l'intrigue, un menteur né. Sa grande force réside justement dans le fait qu'il semble ne pas savoir mentir, je l'ai toujours cru d'une honnêteté sans faille. Là dessus, j'ai failli au roi Gregorist."

Et il s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours, mais cela ne changeait rien à la tragédie et il n'avait d'autre choix que de mettre sa peine de côté pour servir au mieux le nouveau roi. Celui-ci n'aurait pas toléré qu'il prenne sa retraite, et d'ailleurs il ne le souhaitait pas, quel serait le but de son existence alors ? Autant mourir tout de suite... Le fait que Fabius l'ai laissé continuer à porter l'armure noire malgré son échec alimentait encore son fanatisme. D'aucun murmuraient que ce roi était inflexible et ne savait pas pardonner, mais son Ombre n'était pas de cet avis. Il était dur comme tout souverain se devait de l'être, sans doute plus que Gregorist d'ailleurs... Mais au moins était-il juste. Ce qui n'était pas difficile d'ailleurs puisque aux yeux d'Aaron c'était les Kohan qui incarnaient la justice.

Une lueur de satisfaction s'alluma dans les pâles prunelles lorsque Aaron aperçu le corps de garde enfin à portée. Finalement ils n'allaient peut-être pas tous mourir là malgré les désirs et les provocations du nordiste... Il ne lui accorda que son dédain :

"Sauf que tu n'es qu'un louveteau."

Oh il ne sous estimait pas les nordistes, c'était une chose assurée. Il avait déjà croisé le fer avec pas mal d'entre eux et malgré tout son talent il ne pouvait que reconnaître qu'ils représentait des adversaires autrement plus acharnés et dangereux que la plupart des hommes du sud. Le climat de leur région les avaient forgé durement, ils avaient leurs propres forces ainsi que leurs propres faiblesses. L'arrogance notoire dont faisait preuve la majorité d'entre eux étant la plus criante, jeune fou que celui-ci qui après une première correction s'estimait encore en droit de piper mot face à lui... Aaron n'était pas spécialement arrogant, au contraire il aimait cacher ses points forts afin de ne les dévoiler qu'avec plus de soudaineté. Mais il était un homme sur de lui, assuré de ses propres succès et de la discipline de fer qui avait fait de lui ce qu'il était. Il n'avait pas peur d'un gamin, aussi Svenn soit-il. En entrant dans le corps de garde il prévint :

"Tiens toi tranquille si tu tiens à tes dents de lait."

Le tourbillon des préparatifs l'aspira presque aussitôt et il laissa le jeune homme à la garde de ses hommes les plus sérieux afin de veiller à ce que leur départ se fasse dans de bonnes conditions. Il devait envoyer un messager léger à Gloria afin de les précéder et de prévenir le roi de sa prise. Un autre au palais blanc afin d'expliquer son départ précipité. Il devait aussi faire constituer la forte escorte qui les protégeraient sur la route dangereuse, et s'arranger pour que leurs vivres durent jusqu'au terme du voyage ce qui incluait une bonne logistique. Quand aux montures, elle devraient avoir le pied sur et le souffle solide.

Ce ne fut qu'une fois entièrement satisfait par tout ces points qu'il donna le signal du départ et fit enchaîner les prisonnier à leurs propres chevaux. Des bêtes placides, assez obéissante pour revenir vers leurs maîtres d'un seul coup de sifflet si il prenait fantaisie aux rebelles de tenter une évasion et certainement pas assez rapide pour échapper aux fougeux destriers des gardes royaux si le sifflet s'enrayait. Il avait normalement pensé à tout... Restait à se tenir loin des imprévus et à voyager aussi prudemment que possible. Le roi attendait son barde, et attendrait sans doute avec encore plus d'impatience le fils Svenn quand il recevrait le message du coursier. Aaron n'ignorait bien sur pas qu'il l'avait fait relâcher lui-même et non sans raison, mais puisque celui-ci venait tout gentiment se jeter dans leurs filets et en se mettant en tort vis à vis des lois royales ils n'allaient quand même pas cracher dans la soupe... Sa Majesté trouverait bien le moyen de tirer partie de toute cette histoire pour le bien du royaume, Aaron faisait confiance à son esprit aiguisé pour cela.

Ils avaient quitté la ville depuis peu lorsque le jeune loup se décida à réouvrir la bouche, rallumant dans l'esprit d'Aaron la possibilité de le faire baillonner. Il n'était pas dit qu'il supporterait l'insolence du gamin jusqu'au terme du voyage, et lui casser toutes les dents ne suffiraient peut-être pas. Néanmoins la question qu'il posa était légitime même si les termes restaient inappropriés, cela méritait une réponse et à part chevaucher en silence le commandant n'avait pas grand chose d'autre à faire que de lui répondre. Il s'y décida donc sans réelle réticence, il comprenait ses doutes pour les avoir eu lui-même :

"Les Alayiens forment une caste à part de par la volonté du Roi. Ils n'empiètent en aucun cas sur la souveraineté de l'Empire. L'Empereur leur a d'ailleurs fait clairement comprendre que cela ne serait jamais le cas et qu'ils devraient rester à la place qu'il leur a assigné si ils souhaitent rester les bienvenus."

Tout ceci était vrai, Aaron le savait pour avoir assisté à cette entrevue rocambolesque entre Fabius et le Prêcheur accompagnée de sa folle de "soeur". Bien sur il ne doutait pas une seule seconde que si toute cette histoire n'avait pas arrangée les Alayiens alors ils n'auraient jamais consentit à cet arrangement, ils avaient été trop proches de la victoire... Mais au moins Fabius semblait-il garder la main, c'était vital. Il se rembrunit devant le sous entendu habile et sa machoire se crispa durement lorsqu'il reprit :

"Sa Majesté Fabius met la sécurité de son peuple au dessus de tout. Il est parvenu à faire cesser une guerre que nous étions persque assurés de perdre avec ou sans l'aide du Nord. Il a probablement sauvé des milliers de vies, et vous avez fait de même à plus petite échelle en ordonnant à vos hommes de lâcher leurs armes tout à l'heure. Cela a été difficile pour vous, songez à l'effort qu'il lui a fallu de son côté pour envisager cette solution à laquelle personne n'avait pensé. C'est cela un Roi."

Il avait parlé avec ferveur, sans réel espoir de persuader le nordiste mais entièrement concentré sur l'étendue de son fanatisme. D'un regard sévère, il fit comprendre au jeune homme qu'il ne tolérerait aucune réplique et qu'il n'aurait aucun scrupule à le forcer à se faire si il décider d'ouvrir encore la bouche. Le reste du voyage se ferait en silence, ce n'était pas comme si l'Ombre du Roi était du genre bavarde... Et les jours de rude voyage qui suivirent le prouvèrent bien...



HJ : une petite ellipse de quelques jours suit ce RP. Havard peut entrer à ce moment là si il veut, à moins que tu ne préfères continuer encore un tour ou deux comme ça Aris. Suis ouvert à tout ^^
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeLun 21 Avr 2014 - 15:54

A son sens, Aaron se fourvoyait, mais comment Aris aurait-il pu le lui faire comprendre ? L’homme avait des décennies de service de la Maison Impériale derrière lui. Aristarkh, lui, n’avait que dix-huit années, et peu d’exploits guerriers dont se glorifier. Aussi cher qu’il lui en coutât, il devait se rendre à l’évidence : il ne pourrait pas faire changer d’avis le Commandant des Lames sur l’Empereur Korentin, et encore moins le persuader de rejoindre la Rébellion. Bien fol serait celui qui pourrait s’en targuer, d’ailleurs.


« Vous avez failli, Commandant, c’est un fait. Mais pas de la manière que vous pensez. Néanmoins, je n’en dirais pas plus, car je sais que vous comprenez ce que je sous-entends, termina le Jeune Loup avec un regard appuyé. »


Le reste de la traversée d’Aldaria se fit sans encombre, et Aris renonça à ses projets de déclencher une émeute. Quel dommage, il aurait dressé avec grand plaisir la bannière au Loup au-dessus du Palais Blanc, mais cela serait pour une autre fois, visiblement. Encore que, il ne risquait pas de commander d’unités plus conséquentes avant longtemps, surtout après l’échec de sa présente mission. La réaction de son Père à son encontre l’effrayait plus que le fait de se retrouver jugé par les Tribunaux Impériaux comme traître à la Couronne. Oui, s’il s’en sortait jamais, Aristarkh devrait s’attendre à une sacrée réprimande.

D’une oreille critique, le Svenn écouta les explications du vieil homme. Mais sa peinture de la situation était par trop optimiste à ses yeux. A l’entendre, on aurait pu croire que les Alayiens étaient les perdants ayant vécu par la miséricorde de Lord Fabius, alors que… Non, Aaron Dessay était un homme intelligent, lui aussi devait se douter que ce « marché » arrangeait énormément les Alayiens. Mais quel était donc leur but final ? Cela, il ne le savait pas. Et arriver à le découvrir leur donnerait à eux, les Rebelles, une sacrée longueur d’avance. Non, la fin de la guerre n’était pas du fait de Fabius, pas directement, car il n’avait plus les moyens militaires de contraindre l’ennemi à la paix si celui-ci souhaitait continuer la lutte. Mais le ton et le regard du Commandant ne souffraient aucune réplique, aussi Aristarkh ravala-t-il ce qu’il avait envie de dire. La chevauchée jusqu’à Gloria risquait d’être longue.

********

Chaque pas de leurs chevaux les éloignait d’Aldaria, et les rapprochait de la Capitale. A chaque pas, semblait également s’évaporer de plus en plus tout espoir de liberté. Aristarkh avait beau guetter l’instant le plus propice pour tenter une évasion, les Lames étaient d’une vigilance constante, et toute tentative manquée conduirait, immanquablement, elle, à leur mort à tous les trois. Leurs armes confisquées, et des montures tout sauf d’excellente qualité, tout cela ne jouait pas en leur faveur.

Son poignet lui faisait de plus en plus mal, et avait grandement enflé depuis le premier jour. Pour sûr, la corde autour des ses mains ne faisait rien pour arranger sa guérison. Cela aussi était gênant, car si, par le plus grand des hasards, les Rebelles parvenaient à récupérer leurs armes, Aris ne pourrait pas utiliser son Organix, et serait contraint de manier son autre épée, Espérance, de la main gauche. Même si le maniement de son arme principale l’avait rendu quelque peu ambidextre par la force des choses, il n’était pas non plus à l’aise à manier une lame avec cette main.

Autour d’eux, sur les côtés des chemins, se voyaient de temps à autre des étendues de champs. Bien que brûlés par une partie de l’Armée Impériale en retraite vers Aldaria, ceux-ci recommençaient à verdir. Seulement, le manque de fermiers et de paysans, que la guerre avait fauchés, laissait lesdites cultures à l’abandon. Les quelques rares pousses qui tentaient de pousser malgré l’Hiver ne risquaient pas d’aller bien loin si nul ne s’en occupait, le Printemps venu. N’ayant rien d’autre à faire, et estimant que la faible réserve de patience d’Aaron avait recouvré son plein potentiel, Aris décida de titiller ce dernier.



« Puisque bon nombre de nos travailleurs des champs ont trouvé la mort en luttant contre les Alayiens, pourquoi ne pas se servir de ces nouveaux… Alliés, pour venir prendre soin des champs ? Ou alors Lord Fabius craint de trop leur donner d’importance, ce faisant ?
Continuant sur un ton ironique, Aris reprit :
Mais je comprends son malaise. Après tout, l’Usurpateur n’a jamais été formé pour régner sur l’Empire, vous en conviendrez, Commandant. Oh, je ne doute pas qu’il est un grand politicien, mais… Ces gens-là ont tendance à ne pas avoir le sens des réalités, vous ne trouvez pas ? »



Quelque chose dans la physionomie du Commandant apprit à Aris qu’il avait été trop loin, cette fois-ci. Surtout au vu de ses réactions à chaque fois qu’il parlait de l’Usurpateur, juste avant leur départ de la ville.
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeDim 27 Avr 2014 - 15:46

Les sous-entendus du jeune homme le laissèrent de marbre, ce n'était pas un gamin qui allait avoir raison sur de tel sujet non ? A son âge Aaron se tenait à carreau lui, enfin non pas vraiment mais en tout cas on ne l'écoutait pas beaucoup plus et il ne voyait pas pourquoi il en serait autrement maintenant que les rôles étaient inversés. Le silence fut donc la seule réponse qu'il lui accorda.

Chaque jour qui passait les rapprochaient de Gloria et donc de la sécurité. Ils déboucheraient bientôt sur l'une des routes royales les plus fréquentées et le mieux entretenues. A partir de là le voyage serait plus facile ainsi que bien moins dangereux car il y passait fréquemment des patrouilles qui se feraient un plaisir de les escorter jusqu'à la capitale. Là, Aaron pourrait se débarrasser de son fardeau en laissant le sort de chaque rebelle à la seule discrétion du roi. Ce serait un véritable soulagement quelque part, le boulot de geolier ne faisait pas partie de ses attributions et il en avait déjà par dessus la tête de se les trimballer jour après jour. Sa place était près du roi, mais il ne pouvait quand même pas relacher le fils Svenn. Il avait vraiment l'art de se mettre dans des situations déplaisantes... Tant pis, ce serait bientôt réglé après tout. Gloria leur tendait les bras. Dommage que le louveteau choisisse ce moment pour sortir de son mutisme...

Agacé, Aaron promena quand même instinctivement son regard sur les champs alentours lorsque le gosse en parla. Il était vrai que ce n'était pas très glorieux, mais c'était le lot de toutes les guerres n'est-ce pas ? Et Fabius avait mine de rien amélioré les choses en créant cette alliance, comme le commandant ne se gêna pas pour le rappeler d'un haussement d'épaule :

"Ce n'est pas Korentin qui a fait cesser cette guerre pendant cette régence. Le peuple souffre, c'est un fait. Mais sa situation aurait été en empirant sans la création de cette alliance. Et peu d'Armandéens accepteraient de confier le labourage de leurs champs aux Alayiens. Même si je ne doute pas qu'eux seraient ravis d'aider tant qu'on les laisse prêcher leurs croyances en parallèle..."

Et là dessus personne ne pouvait dire le contraire, aucune guerre n'était jamais bénéfique pour le petit peuple. Ils avaient peut-être du mal à supporter cet ordre d'Obsidienne que la plupart des gens haïssaient, mais ils n'avaient plus à les craindre et c'était déjà une grosse amélioration dans leur vie. Mais ce n'était pas une raison pour faciliter les tentatives de persuasions des Alayiens concernant leur religion, le tout étant de garder un équilibre et de préserver cette alliance sans pour autant la mettre en avant. Fabius faisait cela très bien.

Tout aurait été pour le mieux si Aristarkh avait décidé de s'en tenir là. Sauf qu'il ne su pas s'arrêter et qu'il atteignit très rapidement le point de non retour, entraînant un raidissement de tous les gardes royaux qui l'escortaient. Allons bon... Les traits d'Aaron se durcirent lorsqu'il leva un poing pour donner l'ordre de la halte. Les soldats obéirent aussitôt et deux d'entre eux firent mine de s'occuper du jeune Svenn, mais c'est Aaron lui-même qui s'occupa de lui faire mettre pied à terre. Si on pouvait appeler ça ainsi vu la façon dont il le désarçonna brutalement pour lui faire toucher le sol sans douceur et certainement pas les pieds en avant. Le bruit du corps s'écrasant au sol ne sembla pas l'émouvoir lorsqu'il descendit à son tour de sa monture. Il tendit la main vers l'un de ses hommes qui préférait depuis toujours l'efficacité brutale de sa masse d'arme à la gracieuse danse des épées.

"Prêtez moi votre arme deux minutes Gaëlan"

L'ordre donné d'une voix calme fit ciller le garde qui obtempera avec un petit temps de retard, une lueur interrogatrice dans le regard. Gaëlan était un jeune garde, tout juste promu Lame Noire. Il ne connaissait pas encore la rigueur toute militaire de son chef et le soin qu'il mettait à ne jamais proférer de menace en l'air. Aaron n'était pas un homme habitué à plaisanter, lorsqu'il disait sang il faisait couler le sang. Et lorsqu'un os devait être fracassé, il s'y employait avec autant de précision que d'intransigeance. Les autres gardes bien plus expérimentés et habitués à le cotoyer ne s'y trompèrent pas, aussi plusieurs d'entre eux s'employèrent à éloigner de force les deux autres rebelles, prêts à les maintenir si ils faisaient mine d'intervenir. Pendant ce temps Aaron soupesa avec attention la masse d'arme, calculant calmement la force dont il allait avoir besoin pour briser la jambe de son prisonnier sans pour autant l'estropier à vie. Il était un homme soigneux après tout... Sa voix glaciale résonna dans le soudain silence tandis que l'autre prenait lentement conscience de ce qu'il comptait faire :

"Je t'avais prévenu petit. Tu apprendras que je ne parle jamais à la légère, je ne suis pas ton copain et je n'ai pas l'intention de supporter ton impertinence vis à vis du roi. Cela ne sera pas fait avec plaisir, mais ça ne m'empêchera pas de dormir non plus. Maintenez le."

Les deux seules Lames restées toutes proches s'emparèrent alors des bras du garçon, le relevant de force tandis qu'Aaron soulevait la lourde masse. Il visa soigneusement, évitant le genou qui risquerait de ne jamais se remettre d'une telle blessure pour plutôt prévoir un coup plus bas, au niveau du tibia. Un bon os le tibia, la douleur serait indescriptible et il mettrait du temps à se resouder mais bien réduite la fracture ne porterait à aucune conséquences futures. Aaron n'aurait pas supporter d'estropier à vie un combattant prometteur. L'autre ne s'estimerait sans doute pas heureux pour autant, mais le but n'était pas là. Leurs regards se croisèrent une seconde, celui du vieux garde était dur et sans aucune trace de possible clémence. Sur un signe de sa part l'une des Lames qui maintenait la victoire le baillonna de sa main, il gronda en élevant sa masse :

"Repense à cet instant à chaque fois que le mot Usurpateur menacera de franchir tes lèvres... Et dis toi bien qu'au prochain coup, je te coupe les parties. Là non plus ce n'est pas une blague."

Deux cris simultanés trouèrent le silence juste avant l'impact. Un cri féminin, sans doute celui de la fille qui était venue en aide aux rebelles et qui ne supportait pas cette vision. Le second étant celui de la vigie chargée de monter la garder pendant cette halte. La suite ne fut alors plus que confusion, quelque chose déséquilibra Aaron et la masse s'abattit à quelques centimètres de sa cible tandis qu'il se rétablissait de justesse en tirant l'épée. Une attaque... Satané gamin qui l'avait obnubilé au point qu'il se laisse surprendre ainsi !

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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeMer 30 Avr 2014 - 17:01


Il fulminait depuis des jours. A tel point que ses officiers nordiques eux-mêmes tendaient à l’éviter lorsqu’ils le pouvaient, n’engageant la conversation qu’en cas de nécessité absolue, de telle sorte qu’il resta la majorité du temps complètement seul, même lorsqu’il était entouré du reste de la troupe. La seule délicatesse qu’ils avaient était de ne pas établir de périmètre de sécurité autour de lui. Là, il leur en aurait certainement voulu. Mais pour le coup, l’individu à qui il en voulait profondément, c’était bien son incompétent de fils. Il savait Aris capable de beaucoup d’âneries, en particulier auprès de la gente féminine, mais là il battait des records inimaginables de bêtise. Non, depuis que le message était arrivé jusqu’à lui, il ne décolérait absolument pas et se sentait proprement incapable d’aligner deux phrases sans grincer des dents au sens littéral du terme, la mâchoire bloquée sur une colère qu’il refusait de passer sur un autre que le destinataire premier. Un espion discret, implanté à Aldaria, dont Aris n’avait pas eu connaissance et qui avait vu la troupe quitter la ville, avec ses prisonniers. Un message délivré pas voie magique à l’unité la plus proche de l’affaire à ce moment précis, à savoir la sienne. Il n’aimait pas la magie, mais comme beaucoup de choses qu’il était contraint de supporter pour le bien de la rébellion, il s’en accommodait et lui trouvait une certaine utilité. La rapidité du message avait sans aucun doute sauvé son fils d’un emprisonnement peu confortable. Peu confortable pour lui le premier, car Havard n’aurait jamais accepté que l’on tente de faire pression sur lui au travers de son fils. Aris aurait séjourné dans les geôles loyalistes jusqu’à la fin de la guerre ou aurait probablement était sacrifié sur l’autel d’une menace qui ne porterait pas. D’autant plus qu’il n’était pas son héritier. Quantité négligeable donc au regard de l’importance des combats et de maintenir la rébellion. Aris comprendrait bien. Ou il ne comprendrait pas, ça aurait de toute façon le même effet. Heureusement pour lui, donc, ils avaient été prévenus à temps et avaient pu réunir plusieurs unités afin de constituer une force de frappe suffisante pour arracher les prisonniers aux mains de l’Ombre du roi.

Des archers Lyssiens, des rebelles issus de l’armée, qui avaient désertés à divers moments, ainsi que des cavaliers Nordiques fidèles venus lui donner un coup de main. Il avait fallu accélérer le rythme du voyage pour pouvoir rattraper la troupe loyaliste qui, fort heureusement, était en nombre suffisamment important pour en être ralentis. Pas de beaucoup, mais juste assez pour faire la différence. Sur le point de les rattraper, il allait falloir être rapide et ne pas hésiter un seul instant. Ils ne passeraient pas inaperçu indéfiniment aux vigies et aux potentiels éclaireurs. Sans compter qu’il passait régulièrement des patrouilles armées qui viendraient à l’aide du convoi s’il advenait que l’attaque dure de trop. C’était l’instant ou jamais. Après cela, la route les mènerait trop près de Gloria. Et pourtant, ils semblaient manquer de réactivité, en face. Etrange. Mais mieux valait ne pas se poser trop de question. Ses propres éclaireurs lui affirmaient qu’ils étaient mûres pour une attaque, aussi n’attendit-il pas davantage. Laissant le gros des troupes à la charge d’un de ses officiers, il prit la tête de l’archerie Lyssienne montée et engagea le combat. Les hommes décochaient leurs flèches sur tout impérial visible, restant en mouvement, éliminant les unités de secondes lignes ennemies en priorités avant que les cavaliers de front n’entrent en scène… Il laissa la bataille aux autres, les siens étaient parfaitement capables de venir à bout de leurs opposants. Lui avait un but bien précis. Sa flèche, décochée sans l’ombre d’une anicroche, avait abattu le soldat le plus proche de celui qui semblait bien être le fameux Aaron Dessay, maître des lames noires. La masse qu’il tenait, dirigée contre son fils, n’avait pas atteint sa cible, fort heureusement. Il se voyait mal rapporter un Aris en morceau… plutôt l’achever sur place et l’empêcher de souffrir. Mais il n’aurait pas à le faire, à ce qu’il semblait. Raccrochant l’arc Lyssien qu’il avait emprunté sur le montant de selle prévu à cet effet, il passa une jambe par-dessus sa monture et vida les étriers, se recevant lourdement.

Havard attrapa les deux morceaux de son organix, dans ses fourreaux dorsaux et esquiva avec aisance l’attaque d’une lame noire téméraire dont il entama méchamment le cou, là où le casque ne protégeait pas, manquant la lui décrocher. Face à lui, le commandant Dessay. Un homme reconnu pour son talent à l’épée et pour un fanatisme presque pathétique de ferveur. Néanmoins, s’il ne pouvait respecter cette facette de l’homme, il respectait le talent qu’on lui prêtait. Autour d’eux, la bataille engagée faisait rage, les rebelles frappant fort et rapidement, ne cherchant pas l’égalité du combat. Aris était là, en chaîne. Il ne détourna son regard du commandant que le temps d’un battement de cœur, décochant à son rejeton un coup d’œil à fendre les pierres et plus froid que les montagnes en hiver. Ils discuteraient plus tard, pour le moment, il n’avait qu’un objectif. Rassemblant les gardes de ses deux armes, il enclencha la jointure, reformant l’organix. L’autre ne se rendrait pas gentiment, il ne l’aurait certainement pas fait si ils avaient été déjà vainqueur, alors en un instant où la bataille était encore en pleine action, l’issue vacillante, il ne fallait pas y compter. Emeril disait d’Aaron qu’il lui était égal. Il allait avoir l’occasion de vérifier ça tout de suite. « En garde » fut tout ce qu’il consentit à gronder avant que son arme de siffle dans l’air, assoiffée du sang de l’homme. Profitant du duel qui s’annonçait, un autre nordique s’approcha pour libérer les prisonniers…
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeMer 7 Mai 2014 - 11:32

Certes, Korentin n’avait pas plus fait cessé cette guerre qu’aucun Officier n’avait remporté de batailles décisives. Certes, d’aucuns auraient pu trouver à y redire à propos de sa politique de régence de l’Empire. Cependant, contrairement à Fabius, il n’avait pas ployé le genou, tournant ainsi le dos à des siècles d’histoire et de fierté Impériale. Oui, la fierté avait un coût en vies humaines, et en souffrance, mais qu’est-ce qui n’était pas coûteux ? La survie valait-elle la prostitution de la nation ? Même si Fabius lui avait paru, au départ, aussi assoiffé de pouvoir que… Il ne serait jamais allé imaginer qu’il sacrifierait une part de son indépendance pour l’obtenir.

La suite des paroles du Jeune Loup firent néanmoins mouche. Peut-être même un peu trop. Aaron semblait s’être tendu d’un coup, lorsqu’il ordonna à la colonne de s’arrêter. Toutes les Lames Noires semblaient se douter de ce qu’il allait se passer, sauf peut-être celui à qui fut demandée son arme, une masse d’armes de très belle facture, aussi noire que leurs épées. Aristarkh, toujours à terre, la bouche pleine de poussière après avoir été jeté à bas de sa monture, prit alors lui aussi conscience de ce qu’allait faire le Commandant. Il semblait vraiment l’avoir énervé, ce coup-ci, car les menaces proférées quelques jours auparavant semblaient avoir l’air de bientôt être mises à exécution.



« Vous nommez cela impertinence, mais moi je nomme cela vérité, très cher Commandant, répondit Aris sur un ton de défi, après avoir craché un mélange de terre et de sang. »


Deux Lames le relevèrent, sans plus de ménagements qu’il n’avait chu. Aaron, de son côté, semblait réfléchir à l’endroit qu’il allait toucher avec son arme. Intérieurement, malgré son attitude, Aristarkh se maudit, ne sachant que trop combien de telles blessures pouvaient vous poursuivre le reste de votre vie. Quelle fierté mal placée. Et cette fois-ci, rien ne pourrait le saiuver. Etait-ce ainsi que tout cela se terminerait, alors ? Sur une route, alors qu’il était enchaîné, loin de ses rêves de mort glorieuse sur le champ de bataille ? Quelle fin pitoyable. Mais il ne le supplierait pas, cela, jamais. Jamais il n’implorerait le pardon d’un adversaire, d’un ennemi, aussi respectable soit celui-ci. S’il devait mourir ou être blessé, il le ferait la tête haute.


« Vous aurez beau me briser les jambes, vous ne briserez pas mes convictions, Dessay, dit-il, les dents serrés dans l’attente de l’impact. »


Tout son corps se tendit, dans une anticipation du choc prochain, mais c’est alors que tout bascula. Aaron était en train d’abaisser la masse lorsque quelque chose le déséquilibra, ce qui fit s’abattre l’arme à côté de ses genoux. Puis vint alors un bruit de cavalcade. La colonne des Lames était-elle en train de se faire charger ? Aristarkh regarda autour de lui, et il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Des Rebelles étaient là, et pas n’importe lesquels. Il aurait reconnu entre mille la silhouette massive de son Père. Mais par quel hasard pouvait-il bien se trouver là ? Il ne lui semblait pas qu’il ait eu une mission en-dehors d’Aigue-Royale. Du moins, rien de tel n’était à sa connaissance prévue avant son départ. Mais le hasard semblait bien trop gros pour n’être que coïncidence.

Quelque chose dans la physionomie de son paternel empêcha toutefois le Jeune Loup de trop se réjouir. Il n’avait que rarement vu son Père aussi énervé, et… Diantre, il ferait peut-être mieux de s’esquiver, tout compte fait, car s’il échappait à la vindicte d’Aaron pour tomber dans la noire colère de son Père, ce serait comme échapper à la peste pour attraper le choléra. Son regard… Un regard à faire s’écrouler des montagnes. L’ire du Nord. Tout compte fait, il aurait peut-être préféré se retrouver dans les geôles Gloriannes, cela aurait peut-être été plus sûr pour lui.

Sentant la pression des liens autour de ses poignets se relâcher, Aristarkh amena ses mains devant lui. Il tenta de faire jouer son poignet droit, mais peine perdue, cela ne réveilla que de la douleur, la fêlure semblant ne pas encore s’être arrangée. Normal, en si peu de temps, cela dit. Tout autour d’eux, des combats s’étaient engagés, et son Père semblait s’être lancé dans un duel avec Aaron. Aristarkh serait bien allé l’aider, mais cela ne risquait que de jeter de l’huile sur le feu de ce qui promettait être une soufflante mémorable pour lui. Aussi se contenta-t-il, en compagnie des deux autres prisonniers, de récupérer leurs armes laissées sans surveillance. Le jeune Nordien se contenta de dégainer son épée, Espérance, la seule arme qu’il pourrait manier de la main gauche, l’Organix étant exclue. Se retournant, il se dirigea vers le jeune Gaëlan, qui avait entretemps réussi à récupérer sa masse.
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeLun 12 Mai 2014 - 16:45

Des rebelles... Voilà qui tombait plutôt mal, même si une attaque de brigands ne les aurait sans doute pas arrangés non plus. Aaron détestait être surprit, ce n'était pas du tout dans ses habitudes et même si ses réflexes étaient encore honorables il préférait avoir la priorité pour toutes les initiatives. Sauf que là il n'avait pas vraiment le choix, il allait devoir improviser. Et avant tout, il fallait survivre. Fort de cette ferme intention, il roula sur lui-même juste à temps pour voir l'une de ses Lames s'écrouler, mortellement touchée. Leurs ennemis utilisaient des arcs... Voilà qui diminuait singulièrement leurs chances de survie à cette attaque !

Rageur, il sauta sur ses pieds en englobant toute la bataille de ses prunelles pâles. Ses hommes étaient en très mauvaise posture, et il ne faudrait que peu de temps pour que les moins expérimentés ne perdent pied. Les Lames Noires se battaient comme des fauves bien sur, mais cela ne suffiraient pas. Ils n'étaient tout simplement pas assez nombreux, et surtout ils avaient été pris au dépourvu. Il fallait absolument qu'il renverse la situation dès maintenant, c'était encore possible même si il était mieux adapté à l'habituel style de combat défensif des gardes du corps qu'à une véritable bataille de cet ordre. Ce n'était de toutes façons pas comme si il avait le choix... Le tout était de faire en sorte que le moral des siens de vacille pas, et ça c'était dans les cordes d'un combattant de sa trempe. Mais encore fallait-il qu'il en ai la possibilité... Et le cavalier qui fonçait dans sa direction et dont il lui semblait bien reconnaître la haute stature risquait fort de lui mettre des bâtons dans les roues... Son doute se mua en certitude lorsqu'il le vit sauter à bas de sa monture et tuer d'un seul geste fluide la Lame Noire qui s'était jetée sur lui. Ainsi donc...

"Svenn..."

Non pas le gamin, l'autre. Pas son frère non plus, le père voyons. Il n'était pas très difficile de deviner ce qu'il était venu faire dans le coin, délivrer son malfrat de rejeton pour sur... Ce dernier pouvait s'estimer chanceux de ce sauvetage providentiel juste avant que la sentence du commandant ne s'applique. Mais il n'était pas encore sorti d'affaire, pour peu qu'Aaron mette à bas cet ennemi là et il y avait fort à parier que la bataille tournerait en sa faveur. Ce serait une toute autre paire de manche qu'avec le gamin évidemment, mais après Emeril et sa colère incendiaire le garde royal n'était plus vraiment à ça près. Les Esprits avaient apparemment décidé que sa fin de carrière devait être pimentée, ou bien c'était simplement lui qui attirait les ennuis comme un aimant. Quoi qu'il en soit, il ne refuserait certainement pas ce combat.

Impassibles, les pâles prunelles toisèrent la posture et la garde de l'homme du nord. Encore un organix... Peste de ces machins là. Si le premier ne lui avait pas causé grands dommages, celui-ci risquait fort de s'avérer bien plus dangereux et il allait devoir pousser sa technique à l'extrême pour ne pas se laisser surprendre par les doubles lames. Au moins n'aurait-il pas à craindre la moindre magie, si ses souvenirs étaient bons Havard Svenn était aussi doué que lui dans ce domaine, ce qui n'était pas peu dire. Ce serait un duel de haut vol purement guerrier, et bien malin qui pourrait dire lequel d'entre eux en sortirait vainqueur. C'est pourtant avec une calme assurance qu'Aaron pointa la sombre lame de Fidélité vers le sol, en cette garde faussement décontractée qui lui était si particulière. Il changea tout de même l'une de ces habitudes, cherchant d'instinct à destabiliser verbalement son si sérieux adversaire :

"On vient chercher son fiston ? C'est un peu tôt, il n'a pas eu le temps d'intégrer toutes ses leçons... Est-ce donc un louveteau ou un poussin pour qu'il ai besoin d'être couvé ainsi ?"

Le regard mauvais du géniteur vers son fils ne lui avait évidemment pas échappé, aussi pensait-il viser juste. Il n'attendit néanmoins pas la réponse pour passer à l'attaque en un mouvement aussi vif qu'impeccable qui fit tinter méchamment leurs lames. Le combat était lancé... Il n'était désormais plus en droit de perdre son temps à regarder autour de lui, la moindre seconde d'inattention pouvant être fatale. Mais il était difficile de ne pas voir le nordiste qui se dirigeait vers les prisonniers dans l'espoir de le libérer. Le jeune loup n'avait pas attendu pour s'armer et s'apprêtait quand à lui à débuter un duel féroce avec Gaëlan à nouveau en possession de sa masse. Peu de chance pour qu'elle finisse par briser la jambe à laquelle elle était destinée malgré tout, Gaëlan manquait d'expérience pour affronter cet adversaire là. Et décidément ce nordiste en train de trancher les liens des deux prisonniers restant avait une tête qui ne revenait pas du tout à Aaron. Il y avait trois nordistes de trop dans cette scène, dont un qui risquait de l'occuper un bon moment. Fort contrarié, le vieux garde montra les dents en une mimique qui n'avait rien à envier aux loups sauvages ou non et redoubla d'ardeur dans la danse mortelle qu'il avait engagé avec Svenn père. Ce faisant, il gardait le fils et la Lame Noire dans sa vision périphérique et ne perdait pas une miette de leur combat. L'occasion qu'il attendait se présenta enfin lorsque la contre attaque de l'organix effleura son visage et lui donna le bon prétexte pour plonger sur le côté et atterrir... En plein dans l'autre combat !

Ou comment planter là un ennemi qui vous occupe pendant que le combat tourne en votre défaveur. Il combattrait Havard Svenn avec plaisir et efficacité mais pas au prix de la victoire. Pas idiot, il voyait fort bien que la bataille tournait en déroute pour les siens et qu'ils ne tiendraient pas sans lui, surtout si les deux prisonniers étaient libérés à leur tour. Il profita donc de l'effet de surprise pour rentrer dans le lard d'un Aristarkh certainement ahuri par une telle rencontre et grogna à l'encontre de Gaëlan :

"Tue l'autre !"

Aussi surprit que le louveteau, la jeune lame ne se le fit pourtant pas dire deux fois et se précipita. Brave petit... La discipline sans faille de leur ordre faisait merveille dans ce genre de cas, d'abord obéir, ensuite réfléchir. Cela évitait une perte de temps inutile et dans le cas présent cela laisserait peut-être une chance au jeune homme de parvenir à remplir sa mission. Expérimenté au non, l'autre nordiste n'avait rien vu de la scène et allait sans doute mourir avant même d'avoir pu comprendre ce qui lui arrivait. Un problème de moins sur les bras donc, mais il en restait deux... Et ils avaient dû apprécier moyennement sa petite manoeuvre...

Loin de chercher à rompre le combat avec le plus jeune des Svenn, Aaron l'ensevelit proprement sous une avalanche de coups et d'attaques plus ou moins tranchantes mais toutes potentiellement mortelles. Il n'avait que quelques secondes devant lui avant que le risque de se retrouver avec un Havard frustré perché sur le dos ne devienne vraiment trop pressant, et il les mit à profit pour faire frôler la mort au gamin une demi douzaine de fois. Dommage, il aurait préféré s'en débarrasser avant d'être à nouveau monopolisé par le père, sachant très bien que le louveteau risquait d'en profiter pour prendre la tête de la bataille et achever de mettre en déroute les Lames Noires. Décidément, ce n'était pas sa journée...

Dangereusement frustré, il rompit brutalement lorsque l'ombre d'Havard Svenn accrocha suffisamment son regard pour lui apprendre qu'il était tout près. Un coup d'oeil vers Gaëlan lui apprit que celui-ci avait parfaitement remplit son rôle, les prisonniers restaient des prisonniers et c'était très bien ainsi. Par contre il était très loin de pouvoir s'estimer tiré d'affaire de son côté... Il recula avec la lenteur réticente d'un fauve de mauvais poil et pointa résolument Fidélité vers la poitrine du père. Celui-ci restait la menace la plus dangereuse, même si il espérait bien que le fils allait quand même poursuivre l'affrontement ne serait-ce que pour éviter qu'il se mêle au reste de la bataille. Sans doute était-ce trop demander, d'autant plus que son petit numéro n'avait pas suffit et que le nombre de ses alliés s'amenuisait de minute en minute. Il se rembrunit en voyant ses hommes tomber, ses prunelles prenant une teinte de plus en plus mortelle tandis qu'il attendait l'attaque...
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeMar 20 Mai 2014 - 19:33


Il n’avait pas encore décidé ce qu’il allait faire de son fils. N’ayant pas les hauteurs de Glacern sous le coude, il lui serait impossible de suspendre efficacement cet imbécile. Et puis, le châtiment commençait à s’user, il le subissait depuis un moment. Il était largement temps de se renouveler et de s’adapter au lieu présent. Mais avant de penser châtiment, il allait devoir s’occuper du commandant sombre face à lui. A priori, ils avaient le même niveau et une expérience à peu près similaire. Et ils n’appréciaient tous deux pas la magie… Autrement dit, seul la maîtrise et l’endurance déciderait de la sortie de ce duel. Qu’il comptait bien remporter. Hors de question qu’il meure ici, ombre du roi ou non. Il était de toute façon bien trop en colère pour mourir… Pour le moment, oui, il n’y avait rien d’autre qu’eux deux. C’était l’accord tacite, juste eux deux et le reste du monde irait se faire frire. Ou plus certainement, la bataille continuerait de battre son plein. Il n’avait pas de doute sur son issue, tant qu’il aurait le vieux garde du corps sous la griffe. Ses archers et des troupes montées étaient en bonne posture et avaient un avantage certain. Leurs ennemis ploieraient éventuellement, ils n’avaient de toute façon guère le choix. Qu’ils soient tous massacrés n’était d’ailleurs pas un problème, cela ferait quelques épées de moins à l’usurpateur. Et s’il mettait son adversaire à bas avant cela, peut-être aurait-il en revanche le plaisir de quelques prisonniers à interroger. Reportant son attention immédiate, qui avait déviée pendant un bref instant, il fut à temps pour entendre la provocation qu’on lui lançait….

Il aurait pu en grogner littéralement. Il l’aurait bien étripé pour avoir touché aussi juste. Aris était un poussin se prenant pour un coq… et jamais il n’aurait dû lui laisser le moindre commandement, une erreur qu’il réparerait bientôt. Mais son adversaire n’attendait pas véritablement une réponse de sa part et il vint à la rencontre de son attaque sans exprimer un mot de plus. Au tintement martial de leurs armes, il entraîna Aaron dans une danse cadencée, de haute volée. L’organix, contrairement à son épée ‘commune’ ne lui donnait pas le champ de faire pleinement parler sa force physique… Il s’agissait ici d’un jeu plus subtile mais non moins mortel ou terrible, alors que les deux hommes restaient prit dans la tourmente de cette valse d’acier. Le premier tour de cet échange était uniquement destiné à juger avec plus de précision les capacités de son rival. Il avait confiance en Emeril, mais ce que le légendaire bretteur pouvait percevoir et ce que lui percevait avec ses propres moyens étaient deux choses foncièrement différentes. Ils n’avaient ni le même style ni les mêmes atouts. Cependant, alors qu’il manquait de verser le premier sang au détour d’un arrondi de son organix, l’autre en profita pour prendre la poudre d’escampette… Ah non ! Mais qu’est-ce qu’il croyait faire exactement, là ? Il lui faussait compagnie ? Oh non, non non… ça n’allait certainement pas se passer comme ça. Il était à lui ! C’était son adversaire à lui et à lui seul, il lui appartenait entièrement tant que leur duel durerait. Fallait-il qu’il le marque au fer rouge ? Il n’y voyait pas d’inconvénient mais il était à LUI !

Grondant et feulant de colère, il se précipita sur eux sans faire cas de son fils. Il n’avait attendu qu’une poignée d’instant, le temps pour lui de se trouver une ouverture, et pour Aaron de se tourner vers lui, reculant subtilement. Ne se faisant pas prier, il l’engagea à nouveau, prenant simplement un instant pour rugir à son fils d’une voix qui n’omettait aucun refus sous peine de mort prématurée et violente l’ordre de rejoindre les autres et d’achever ce qu’ils avaient commencés. Si il avait eu envie de le tuer, une autre idée avait germée dans son esprit coléreux. D’un tourbillon de coups enchaînés faisant tinter les lames de l’organix en un jeu mortel où le moindre faux pas équivaudrait à des lambeaux de chair en moins, il força le commandant sombre à s’écarter d’Aristarkh, laissant son fils dans son dos. Sachant que son fils ne chercherait pas à discuter, il se focalisa de nouveau sur le bretteur face à lui. De passe en passe, il saisissait davantage son style et changea le sien, au détour d’une parade rapide d’Aaron. Profitant de la rencontre de leurs lames, il décrocha la partie basse de l’organix et visa ailleurs, d’un mouvement vif, sans pour autant gagner les points vitaux. Il le voulait en vie après tout. Mais quitte à devoir le ramener en vie, il voulait profiter de l’affrontement avant. Une lame dans chaque main, il attaqua à nouveau, en profitant pour marteler en rythme son adversaire, cherchant avant tout à l’user et le fatiguer sous sa force pour éviter d’avoir à lui fracasser le crâne pour le mettre à terre.

Autour d’eux, la bataille perdait en intensité sans qu’il le remarque. Le travail d’Aris sans doute. Ce ne fut que quand un remarquable silence en comparaison des clameurs précédentes tomba sur son entourage qu’il prit le temps, de sous une mèche couleur d’ossement, de regarder plus loin que la lame et le corps de son ennemi. « Restez en arrière » parvint-il à articuler alors qu’il se distançait sensiblement de son adversaire, d’un commun accord. Parler était difficile alors qu’il était pris dans le feu de l’action. Les renforts, les patrouilles n’étaient pas encore en vue… il allait faire durer encore un peu, juste encore un peu, quelques instants tout au plus. Il était à lui et rien qu’à lui. Sa propriété, son adversaire… et à lui…
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeVen 23 Mai 2014 - 19:20

Du coin de l’œil, Aristarkh voyait son Père tenir la dragée haute à Aaron, mais l’inverse était vraie aussi. Les deux combattants… Eh bien, livraient un duel digne des plus grands contes de chevalerie. Le Jeune Loup espérait la victoire de son paternel, mais dans le même temps, la redoutait, car il savait que la joie ne serait pas au rendez-vous de leurs retrouvailles. Mais il avait d’autres problèmes plus urgents pour le moment : son combat avec la jeune Lame Noire. Le Nordien devait prendre garde à ne pas abîmer le tranchant de son épée au contact de la masse, et ce avec d’autant plus d’attention que leurs styles de combat s’en trouvaient obligatoirement différents. Quelle idée de ne pas choisir l’épée, aussi ?

Mais soudain, ce n’était plus Gaëlan qui lui faisait face, mais bien Aaron, qui avait surgi devant lui tel un Alayien en boîte. Surpris, Aris eut un mouvement de recul, ce qui lui coûta le premier coup. Le Commandant se jeta en effet sur lui avec une telle férocité qu’Aristarkh ne put que parer, coup après coup. Il avait à peine le temps de respirer, et encore moins celui de contre-attaquer. Leurs pieds crissaient sur le sol de terre et de pierre, tandis qu’Aaron continuait d’avancer. A un moment, le Nordien faillit d’ailleurs perdre pied, sentant une pierre mal logée dans le sol se dérober sous lui, manquant de l’envoyer rouler sur le chemin, ce qui lui aurait coûté dans le meilleur des cas une vilaine blessure.

Mais son nouveau combat fut lui aussi interrompu, cette fois-ci par un Havard enragé qui, non content de se mettre entre lui et Aaron, lui faisait clairement comprendre qu’il le dérangeait, bien que les mots choisis n’étaient pas ceux-là. En réalité, le ton de la voix était bien plus menaçant que les mots sur lequel ils avaient été prononcés. Se sentant une nouvelle fois humilié, Aristarkh fut néanmoins suffisamment sage pour ne rien rétorquer à son Père. Cela aurait été comme signer son arrêt de mort. Depuis son plus jeune âge, il avait toujours tout fait pour ne pas contrarier volontairement son patriarche, hélas pas toujours avec succès.

Aussi se jeta-t-il à corps perdu dans son combat avec Gaëlan, espérant y faire quelque bonne impression à son Père en se débarrassant d’un membre du corps d’élite d’Armanda. Aristarkh se rendit compte qu’il avait un avantage sur ce dernier, quoiqu’involontaire. En effet, étant obligé de combattre de la main gauche, il déstabilisait se faisant son adversaire, qui avait très certainement l’habitude de se battre exclusivement contre des droitiers. La lutte ne fut pas aisée pour autant, mais le Nordien finit par défaire la jeune Lame, après l’avoir poussé à l’erreur, et en lui plantant sans cérémonie la pointe de son épée dans la maille fragile qui protégeait le cou.

Une petite quinzaine de minutes plus tard, les Rebelles finirent par éliminer la totalité de l’escouade Loyaliste, sinon quelques prisonniers qui le furent contre leur volonté. Les soldats se retournèrent alors vers le Lord de Glacern, qui détaillait froidement son adversaire d’un air qu’Aris ne connaissait que trop bien. Les seuls mots qui filtrèrent de ses lèvres furent à leur intention, et troublèrent Aristarkh. Son sens du devoir entrait en conflit avec son amour filial. Il savait son Père capable de vaincre, mais une petite voix lui soufflait en lui qu’il pouvait tout aussi bien mourir. Et dans ce cas, qu’aurait-il fait, lui, sinon avoir regardé son propre géniteur mourir sans rien faire ? Aussi, devait-il donc obéir, ou désobéir, à cet homme ? Il n’était pas sans ignorer ce qu’il risquait à braver ouvertement un ordre de son Père, mais au vu de la rage de celui-ci à son égard, le Jeune Loup jugea qu’il n’était plus à ça près. Aussi, prenant son courage à deux mains, il fit les quelques pas qui le séparaient du cercle imaginaire du combat, et vint se placer quelques mètres sur la gauche d’Havard.



« Je suis navré, Père, mais vous ne m’avez pas éduqué pour vous regarder combattre seul sans me tenir à vos côtés. Vous m’avez toujours appris que les Loups chassaient en meute, et non en solitaire, dit-il en se mettant en garde. »
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeVen 30 Mai 2014 - 18:05

Il avait énervé son adversaire, celui-ci était aussi frustré que lui sinon plus. Eh quoi ? Ce n'était pourtant pas lui qui perdait la bataille... Ils n'étaient jamais contents ces gens du nord, comme si ça allait le tuer d'attendre quelques minutes le temps qu'il trucide proprement son fils... Bref.. Qu'est-ce qu'il racontait lui ? Tant d'émotions lui faisaient perdre la tête. Et ce n'était pas le moment si il ne voulait pas que cela n'arrive pour de bon. Il se renconcentra donc sur son combat en tentant de faire abstraction du lourd silence qui n'annonçait vraiment rien de bon. Sale journée vraiment...

« Restez en arrière »

Excellente idée ça, il avait déjà fort à faire avec un seul adversaire pour ne pas se retrouver avec tout le groupe ennemi sur le dos. Le problème étant désormais de savoir ce qui allait bien pouvoir se passer même si il gagnait le combat. Aucune chance que les autres ne le laissent repartir tranquillement, il pouvait d'or et déjà s'estimer perdu. Mais il repoussa cette pensée le plus loin possible, il ne la gérerait que plus tard. Chaque chose en son temps et priorité à son duel. Au moins aurait-il le plaisir de finir dignement sa carrière aux prises avec un adversaire de qualité.

Tous les sens en éveil, il demeura un instant immobile en tentant d'analyser la lueur étrange qui brillait dans le regard de son adversaire. A quoi pensait-il ? Quel serait son prochain geste ? C'était difficile à prévoir et il semblait bien que l'homme avait l'intention de le laisser venir. Soit... Après tout il s'était dérobé à lui tout à l'heure, il pouvait bien lui faire l'honneur de lui sauter dessus à présent. Ce qu'il ne se serait pas gêné pour faire si l'oisillon n'avait pas décidé d'entrer en jeu à son tour. Sa voix résonna calmement lorsqu'il alla se placer à la gauche de son père et l'ombre ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel :

"Très touchant..."

Et très embêtant, un ennemi aurait parfaitement suffit à son bonheur, surtout celui là. Mais ce n'était de toutes façons pas comme si on lui demandait son avis, et il était trop fier pour laisser transparaître le moindre doute quand à l'issue de ce combat. Il gronda à leur encontre :

"Mais ne commettez pas l'erreur de me prendre pour un agneau..."

Ou si, qu'ils la commettent. Il aurait le plaisir d'utiliser cela à leurs dépends... Dommage qu'ils sachent tout deux parfaitement à qui ils avaient affaire. Il réprima un léger haussement d'épaule à cette pensée et amorça un pas vers eux. Trêve de bavardages, il fallait en finir !

Il ne s'attendait absolument pas à ce qui suivit et coupa net son élan lorsque le père se retourna brutalement contre son fils pour.... Lui fracasser le crâne ? Les valeurs familiales du nord étaient décidément très étranges... Il suivit bêtement la lourde chute du gamin des yeux avant de se maudire tout seul. Pourquoi n'avait-il pas profité de cette petite seconde d'action pour attaquer ? Il n'était vraiment pas assez concentré sur ce qui pourrait bien s'avérer son dernier combat, cela n'allait pas du tout. Se fustigeant lui-même, il s'élança cette fois sans plus de réflexion et les lames crissèrent en se croisant. Ceci dit il ne pu s'empêcher de commenter l'action, n'aillant de toutes façons plus grand chose à perdre :

"Crâne d'acier que ce gamin, j'aurai dû faire de même directement..."

Cela lui aurait évité bien des problèmes, y compris l'effet de surprise de l'attaque car après tout si il n'avait pas été concentré sur son prisonnier il aurait sans doute vu venir le coup. Bon possible que le père ne tolère pas qu'un autre que lui touche à sa progéniture remarquez, mais il ne lui demandait pas son avis non plus. Il pressa son attaque en changeant constament de style, cherchant à faire reculer son ennemi jusqu'à il ne savait où. Il en était encore à chercher un plan pour tout dire, encerclé qu'il était par tout un groupe de visages belliqueux. Mais ça viendrait, ça viendrait. Il devait déjà commencer par désarmer celui là. Serait-il capable de le prendre en otage ? Ce serait sans doute la meilleure solution... Cette idée lui redonna un regain d'espoir et il redoubla d'effort, utilisant toute sa redoutable palette technique pour tenter de surprendre l'autre qui lui rendait coup pour coup. Il y avait de quoi s'énerver, mais Aaron était trop expérimenté pour ça fort heureusement. Posément, il changea à nouveau d'angle d'attaque, cherchant la faille qui existait chez tous les bretteurs. Le tout était de la trouver, et d'éviter que l'adversaire ne trouve la sienne... Il grimaça soudainement lorsque sa lame claqua séchement en bloquant une attaque à quelques millimètres de son oeil droit. Situation dangereuse, il avait découvert son flanc... Parfaitement conscient du risque, il pivota sans perdre la tête et chercha à reculer de l'étau adverse qui menaçait de se resserrer. Peine perdue, aucune erreur n'était tolérable dans un tel combat.
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeSam 31 Mai 2014 - 16:34


Il aurait dû s’en douter, jamais Aris ne parvenait à s’en tenir à ses ordres de bout en bout, il fallait évidemment qu’il se prenne à jouer l’imbécile quand il ne fallait pas. Hors justement là il ne le fallait pas. S’il ne l’avait effectivement pas éduqué pour se tenir sans combattre et soutenir l’effort de guerre il lui avait également appris à choisir ses combats. Enfin il avait essayé. La leçon n’était pas passée, ça c’était évident. Il n’avait que faire de lui en plein milieu d’un duel pareil… Aris n’était pas à sa place et n’avait pas ce qu’il fallait pour les rattraper sur l’instant. Tout ce qu’il risquait, c’était de se faire tuer et de le faire tuer avec lui en se mettant en travers de ses jambes et en lui ôtant une liberté de mouvements dont il allait avoir particulièrement besoin. Il n’avait pas besoin d’un boulot attaché à son pied dans un moment pareil. Et si cela ne suffisait pas, il y avait également le fait qu’il avait enfin un adversaire à sa mesure et qu’on essayait de le lui voler. Dessay était à lui et à personne d’autre. Il n’avait jamais été partageur de ce point de vue là, pas plus avec ses hommes qu’avec son fils. Et ça, il allait bien falloir qu’il se le fourre dans la tête une bonne fois pour toute. Mais puisque cet idiot défiait ses ordres il allait en payer le prix dès à présent. D’un mouvement vif, trop pour le jeune homme, il se retourna face à lui et lui décocha un coup ajusté spécialement pour l’expédier mâcher l’herbe sans un pli. Il aurait certainement une légère commotion mais il n’avait pas dû lui fendre quoi que ce soit et ses jours ne seraient pas en danger, ce qui était le principal. Les autres s’occuperaient de lui en attenant qu’il en termine avec Dessay. Dessay qui d’ailleurs avait bien obligeamment attendu qu’il en termine avec son idiot de rejeton pour attaquer. La surprise ou un simple élan subit de chevalerie ? Il doutait de la seconde option mais dans tous les cas cela lui allait parfaitement puisqu’il était à présent entièrement sien.

S’élançant à sa rencontre, il accueillit avec satisfaction le choc des deux lames l’une contre l’autre. Le commentaire manqua le faire sourire. Oui il aurait dû, mais il fallait croire qu’il avait plus de scrupules que lui, bien qu’il ait clairement eut l’intention de lui briser une articulation. Lui-même avait depuis longtemps finit par se convaincre qu’avec son fils, il valait mieux user des grands moyens avant d’avoir un soucis plus grand encore que celui que le jeune loup apportait. Il balaya cependant le sujet rapidement, se concentrant uniquement sur le ballet d’acier qu’ils échangeaient. Dessay était vraiment doué et son éventail technique était assez large pour lui donner une sacré réplique, le forçant à mobiliser toutes ses capacités afin de contenir l’assaut. Il rendait coup pour coup, s’adaptant aux changements de styles qu’effectuait son adversaire afin de ne pas se faire surprendre et entailler. En réponse, il pressa davantage, cherchant à le pousser dans les limites de son corps et dévoiler la faiblesse qui était la sienne et qu’il utiliserait alors, faisant de chaque attaque une offensive réellement létale si l’autre avait le malheur de ne pas bloquer. Lorsque la lame noire bloqua une attaque haute, ses yeux scintillèrent un bref instant. Il avait le flanc découvert et le savait. C’était visible, en le voyant pivoter pour l’empêcher de plonger dans l’ouverture. Malheureusement il venait de trouver ce qu’il cherchait. Il pressa son avantage, refermant consciencieusement l’étau qu’il avait sur l’autre en lui infligeant des séries de coups sur ses deux flancs… Il ne pouvait en protéger qu’un à la fois sans bouger, et ses mouvements eux-mêmes pouvaient lui servir. Ils échangèrent des coups pendant encore quelques instants avant qu’il ne trouve ce qui lui manquait et ne l’assomme proprement à son tour.

Le regardant s’étaler au sol, il se fit la réflexion que le vieux commandant se serait très certainement battu jusqu’à épuisement, têtu comme il était. Au moins, ainsi, les choses étaient réglées. Donnant ses ordres, il chargea plusieurs hommes de s’occuper des morts et des blessés, deux autres de son fils et enfin, il aida l’un de ses nordiques à entraver Dessay correctement avant de le hisser en équilibre sur une monture. Il prit Aris avec lui, le gardant sur le devant de sa selle plutôt que de le laisser monter. Il n’aurait de toute façon pas pu correctement tenir sa monture. Il avait perdu plusieurs hommes, mais rien de comparable au massacre de ce convoi, fort heureusement… et ils avaient une belle prise.

*** [Un peu plus tard]***

Ils avaient repris la route, se fondant dans la campagne et prenant la direction d’Aigue-Royale ou ils seraient certainement très attendus, ayant du retard sur leur planning originel. Ses éclaireurs s’occupaient de vérifier de la sûreté des environs, les blessés étaient pris en charge comme le guérisseur de la compagnie le pouvait. Et apparemment, ses prisonniers étaient en passe de se réveiller. Parfait. Ce fut d’abord Aris, qu’il empêcha de dégringoler sous les sabots de son destrier lorsqu’il revint à lui. « Reste tranquille » gronda-t-il, un bras passé autours de son torse, l’autre sur les rennes de sa monture qu’il conduisait adroitement. Jetant un coup d’œil sur la lame noire qu’il gardait proche sur sa monture, il eut la satisfaction de le voir reprendre du poil de la bête. « On dirait que mon fils n’est pas le seul à avoir le crâne solide» commenta-t-il posément, attirant quelques sourires alentours.
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MessageSujet: Re: L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE L'ombre et le loup [PV Aristarkh] TERMINE Icon_minitimeMer 4 Juin 2014 - 14:09

Aristarkh se tendit sur ses jambes, prêt à bondir à la moindre attaque du Commandant, prêt à parer et à contre-attaquer. Aux côtés de son Père, il éprouvait un sentiment de fierté. Sans doute que cela ne plairait pas à ce dernier qu’il ait désobéi aussi ouvertement à un ordre direct, mais non, comme il le lui avait dit, il ne pouvait pas se contenter de regarder sans intervenir. Le Sang du Loup était trop fort dans ses veines pour cela.

Mais le jeune Nordien aurait dû se douter que quelque chose n’allait pas. L’air surpris de la Lame Noire ne pouvait s’expliquer par son arrivée impromptue, puisqu’il avait pris le temps de railler celle-ci, ni par un quelconque changement de situation autour d’eux : à l’heure actuelle, ses hommes étaient déjà morts ou prisonniers ; et nul cri d’alarme ne retentissait parmi les Rebelles, qui lui aurait appris la survenue d’une patrouille ennemie.

Son regard fut toutefois attiré, brièvement, par un mouvement à sa droite, comme si… Comme si son Père allait lui asséner un coup d’épée. Aristarkh vit le mouvement, de manière si rapide que l’on aurait pu comparer le geste à un éclair, puis sentit le plat de la lame lui fracasser le crâne. Malgré qu’il ait vu l’action, il n’eût pas le temps de lever son arme et de parer, et fut ainsi expédié sans plus de cérémonie dans les limbes de l’inconscience.

********

Le balancement du cheval sous ses jambes le réveilla, mais le mal de crâne qu’il éprouvait, et cette retrouvée brutale de son éveil faillirent le déstabiliser, n’eussent été les bras puissants d’un homme qui le tenait, lequel était assis derrière lui. Il reconnut sans peine l’ombre projetée par la haute stature de son Père, ainsi que le ton de colère contenue dans les deux seuls mots qu’il lui adressa en guise de « bonjour ». Aris grinça les dents devant cette humiliation d’être ainsi transportée, mais il devait reconnaître qu’au moins n’était-il pas jeté en sac de pommes de terres au travers d’un autre cheval. Mais cela ne devait guère tenir à l’amour de son Père, mais plutôt au souci de ne pas déshonorer le nom de Svenn.

Il fit mine d’ignorer les dernières paroles de son Père, qui contenaient un double sens lui faisant clairement comprendre qu’il n’avait pas apprécié son insubordination précédente. Tout en étouffant la rancune qu’il éprouvait en pareil instant ; le Jeune Loup en vint à se demander quand, et de quelle manière, exploserait la fureur d’Havard Svenn, Seigneur de Glacern. Sans doute Aigue-Royale serait-elle son tombeau à lui, son fils, d’ici quelques malheureux jours.




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