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| Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] | |
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| Sujet: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Jeu 27 Fév 2014 - 19:36 | |
| Brûlure... Une sensation désagréable venait le perturber dans ses réflexions. Cela faisait des heures entière qu'il n'avait pas ouvert les yeux, typiquement vampire dans la parfaite immobilité qu'il s'imposait afin de permettre à son organisme de se remettre aussi rapidement que possible des traumatismes vécus presque dix jours plus tôt. La guérison était lente, trop lente même... Mais il n'y pouvait rien. Il devait déjà s'estimer heureux d'exister encore et d'avoir échappé à une mort atroce, aussi douloureuse que soit sa convalescence. Il ne pouvait rien faire d'autre que patienter, en se plongeant dans un état semi méditatif étant donné qu'il ne pouvait pas dormir et que son corps avait apparemment fini de lui faire perdre connaissance à tout bout de champs...
Sauf que cette fois, quelque chose le gênait dans son repos. Ses sourcils se froncèrent presque imperceptiblement tandis qu'il cherchait à analyser cette sensation. Sa joue était douloureuse, brûlante... Le serpent en lui était encore bien faible mais bien assez fort pour lui rendre son insensibilité au feu. Alors quoi ? La marque ? Elle le brûlait à nouveau ? Aussi désagréable que ce soit ce serait plutôt une bonne nouvelle car ce serait le signe que sa puissance magique était de retour. Mais il était un peu tôt pour cela... Contrarié, il n'eut d'autre choix que de finir par ouvrir les yeux afin de comprendre enfin la source de sa gêne. Soleil... Le rideau opaque qui obscurcissait la fenêtre avait été tiré maladroitement, un rayon venait lui chatouiller le visage... Merveilleux... Il gronda pour lui-même en remuant dans les couvertures inutiles mais aucune position ne lui permettait de se soustraire au traître rayon. Et après ça c'était lui qui avait des problèmes de sadisme... Foutus baptistrels. Bon très bien, il avait comprit. Le moment était venu d'aller faire une petite balade.
Il n'avait pas besoin de ses sens vampiriques pour savoir que Merithyn n'était pas dans le coin. Le serpent quelque peu agonisant qui sommeillait en lui le sentait venir à mille lieux. Bon évidemment le fait qu'il n'était pas là ne voulait pas dire qu'il n'avait pas prit des précautions pour éviter que son très estimé patient n'ai l'idée de se faire la belle, mais tant pis. Il en avait assez de cette chambre, un peu d'exercice ne pourrait que lui être bénéfique. D'ailleurs Shadowsong devait être du même avis car le ciel ne lui tomba pas instantanément sur la tête au moment où il posa les pieds par terre. Tiens tiens.. Libre donc ? Autant en profiter...
Prudent, il s'accorda quelques secondes avant de se décider à mettre ses muscles à l'épreuve. En presque neuf siècles il n'avait jamais été aussi affaiblit que ces derniers jours et il n'était pas totalement certain que ses jambes accepteraient de supporter son poids surtout si il se levait trop brutalement... Il s'accrocha donc au montant du lit par égard pour elles et elles semblèrent lui en être gré puisque il parvint ainsi à se mettre debout en s'aidant de la force de son bras. Hmm... Pour son état de forme il repasserait mais au moins ne tournerait-il pas de l'oeil tout de suite. D'un pas incertain, il entreprit de faire le tour de la pièce. Il avait eu tout le loisir de l'observer du fond de son lit mais il préférait quand même pouvoir se déplacer... L'endroit n'était pas très grand mais d'une propreté méticuleuse et même son pas lent ne mit pas très longtemps à en faire le tour. Il tourna alors son attention vers une petite alcove à peine visible et s'immobilisa brutalement en se retrouvant nez à nez avec lui-même. Dracos... Il avait sévèrement dérouillé... Le miroir lui renvoyait le reflet d'un être fatigué et plus pâle encore qu'à son habitude. Il n'avait pas de véritables marques ou de nouvelles cicatrices à son actif puisque ses blessures n'avaient pas été physiques mais les cernes profondes qui marquaient ses yeux clairs et l'accentuation de ses traits tirés par l'épuisement lui donnaient un drôle d'air. Il était vraiment passé proche de la catastrophe...
Secouant la tête, il s'avança sans plus oser s'intéresser de trop près à la glace. Ce qui l'intéressait c'était plutôt la vasque pleine d'eau claire qui se trouvait juste en dessous. Elle fumait encore... Et empestait la magie élémentaire... Message reçu, Shadowsong s'était parfaitement douté qu'il allait profiter de son absence pour quitter son lit, dommage qu'il ne lui ai pas aussi prévu un petit déjeuner...
Ravalant le venin qui lui montait à la bouche, il plongea les mains dans le liquide fumant et soupira d'aise en sentant la chaleur le réchauffer. Son totem n'était plus aussi faible que quelques jours auparavant mais pas encore assez fort pour lui permettre de retrouver sa température corporelle normale. Apparemment frôler les 35 ou 36°C malgré son état de vampire ne suffisait pas à le réchauffer vraiment, il se retrouvait donc fréquemment à grelotter en attendant de retrouver enfin son cocon de chaleur... Peste de cette dragonnière, elle pouvait bien être morte, n'empêche qu'elle lui cassait encore sérieusement les pieds ! Il chassa cette pensée avec irritation en s'aspergeant le visage, préférant savourer la simple sensation de propre que ces ablutions sommaires lui procuraient. Bon... Le petit déjeuner à présent. Où devait-il sonner ?
Cette pensée ironique l'amena à balayer à nouveau la pièce du regard, mais il n'avait bien évidemment pas la moindre attention d'appeler quelqu'un. Sa liberté toute neuve lui plaisait trop, et c'est donc sans hésitation qu'il se dirigea plutôt vers la porte. Il s'attendait quelque peu à y trouver une tripotée de gardes derrière mais ce n'était apparemment pas le cas... C'était presque vexant de se dire qu'on ne le considérait pas comme une menace à cet instant... Le presque était même de trop... Il fronça les sourcils à nouveau en se redressant pour faire l'effort de retrouver un peu de sa démarche altière et... Manqua s'écrouler lorsqu'un imbécile heureux ne trouva rien de mieux à faire que de lui foncer dedans... Alors là il n'était plus vexé, il était furieux... Parvenant à rétablir son équilibre de justesse en appuyant sa main libre au mur, il saisit l'insolent au collet et l'aurait secoué de toute sa misérable force actuelle si le regard d'azur levé sur lui n'avait pas aussitôt allumé une lueur dans ses prunelles :
"Ambre... Si tu voulais m'achever tu avais l'occasion de le faire plus tôt..."
Bon il n'était peut-être pas tout à fait trop tard là, considérant son état actuel. Mais il n'était pas du genre à montrer la moindre faiblesse et c'est donc d'un ton dégagé qu'il continua :
"Où allais-tu ? Et où est le Baptistrel ?"
Le plus loin possible il l'espérait bien, même si l'envie de l'assassiner sur place avait fini par lui passer, Lorenz se passait tout de même sans problème de sa présence. Surtout lorsqu'elle était synonyme de potions, chants de soin et autre fanfreluches... Patiemment et les yeux posés sur elle, il attendit que la jeune femme soit parvenu à se remettre de sa possible frayeur pour enfin lui répondre... |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 2 Mar 2014 - 16:20 | |
| Elle s’étira, observant le rayon de soleil qui entrait à flot par la fenêtre. Lui au moins était immuable, constant. Elle était sûre que quoi qu’il arrive, il serait là le lendemain, même après le passage plus froid et sombre de sa sœur la nuit. C’était rassurant. Apaisant de voir qu’il y avait des vérités sur lesquelles s’appuyer qui ne lui laisserait pas un goût amer dans la bouche après avoir découvert qu’elles n’étaient que des leurres. Contrairement à tant d’autres choses qu’elle avait crues stables et qui n’étaient, en réalité, que la matérialisation de ses rêves pacifiques. Son âme jeune et créatrice avait besoin de mouvements et de changements, c’était un fait dont elle avait conscience. Mais en tant qu’humaine ayant grandie en sédentaire, il lui fallait des bases et des appuis sur lesquels s’appuyer afin de se projeter. Et cela lui faisait encore trop souvent défaut, la vie prenant un véritable plaisir à venir la perturber et chambouler ses certitudes. Le soleil, lui, ne la faisait pas douter. Il était un ami fidèle et lui donnait envie de parcourir le continent sous sa chaude protection, découvrant Armanda sur le dos de sa jument. Medlinya… Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas fait de promenade avec. Elle s’occupait d’elle tous les jours, tout comme d’Aranwë, mais préférait repousser à plus tard le plaisir simple d’une promenade en sa compagnie.
Ambre referma en douceur le livre le livre devant elle, prenant soin de ne pas corner les pages. L’apprentissage de l’elfique était bien plus ardu qu’elle ne l’aurait jamais imaginé, mais tout aussi passionnant. Chaque jour, elle se consacrait une dizaine de minutes pour progresser dans cette langue, depuis que Lorenz était réveillé. Pas davantage afin de ne pas perdre inutilement du temps alors qu’elle pouvait être utile ailleurs. C’était une façon d’apaiser son esprit fatigué que de se plonger dans ce délice. Apprendre et chercher la détendaient de façon surprenante et après le temps passé à veiller son Prince et concocter diverses mixtures, c’était un loisir plus que bienvenu, aussi court soit le temps qu’elle y dédiait. Les caractères défilaient devant ses yeux tandis qu’elle tentait de les attraper pour les ingérer, tandis que les règles de grammaire trottinaient sans oser s’arrêter de peur qu’elle ne les comprenne. Son esprit fantasque en rêvait parfois lors de ses courtes nuits, les transformant en petites créatures dansant et batifolant dans les bois, mais elle s’en amusait et préférait cela plutôt que les cauchemars récurant de la bataille des bois sombres ou encore celui, plus lointain mais plus douloureux, de la mort de son oncle qu’elle revivait encore parfois. Son âme avait été marquée au fer rouge par cet évènement déplaisant, et bien qu’elle ait cicatrisé entre temps, il suffisait de peu pour que la douleur diffuse ne se répande dans son cœur. Elle avait beau s’être endurcie depuis son arrivée, ce n’était pas pour autant qu’elle s’était habituée à la violence et à la cruauté. Il était impossible de s’accoutumer à cela. Tout au plus pouvait-elle tenter de l’ingurgiter sans le recracher, comme elle le faisait depuis plusieurs mois.
Se relevant, la guérisseuse bailla, épuisée et courbaturée, sentant sa jambe droite palpiter. Elle était restée trop longtemps dans la même posture, avec un manque d’irrigation sanguine. C’était tout à fait déplaisant, mais elle haussa mentalement les épaules et se rapprocha de la fenêtre, tendant le coup pour se gorger de la lumière dorée tant qu’il y en avait encore. Elle devait aller voir Lorenz, mais sa chambre noire et triste lui faisait froid dans le dos. Elle y avait passé trop de temps depuis que le Prince avait été profondément touché par l’attaque de la jeune femme elfe. Elle sentait la douleur et le chagrin, la colère et la peur. Quatre sentiments qu’elle détestait et fuyait autant que possible. Ambre inspira lentement, tentant de conditionner son esprit à la suite, cherchant en elle la force de se séparer de la chaleur de l’astre du jour. Par tous les esprits, pourquoi les vampires ne craignaient-ils pas plutôt la lune que le soleil ? Elle redoutait le moment où de nouveau il lui faudrait s’habituer à un rythme de vie plus vampirique. En attendant, autant en profiter certes, mais elle avait du travail.
La jeune humaine se retourna et s’éloigna de la large ouverture afin de se diriger vers la porte, s’arrêtant un instant pour réfléchir. Elle avait plusieurs questions à poser sur différents mots, et aurait aimé avoir l’avis de Merithyn pour en connaitre la prononciation. Elle ne souhaitait sûrement pas déranger le pauvre baptistrel mais s’il avait quelques instants à lui consacrer, elle lui en serait plus que reconnaissante. Cet homme était d’une rare douceur, et pourtant il l’intimidait. Elle avait vu sa souffrance les jours passés près de lui au chevet du vampire, et n’avait su comment l’apaiser. Elle s’en voulait pour cela, et lui demander son aide en plus était… n’était pas courtois. Elle craignait plus que tout de le déranger dans les pensées sans doute sombres dans lesquelles il était plongé depuis l’incident qui n’aurait jamais dû arriver. Tant de malheur en avait découlé... La porte claqua derrière elle et elle sursauta, ne s’attendant pas un bruit aussi sec alors qu’elle l’avait tirée en douceur. Il devait il y avoir plus de courants d’air qu’elle ne l’avait cru dans le château baptistral. Mais ce n’était guère étonnant après tout, l’endroit était immense et si le nombre de salles qu’il possédait était ignoré de la petite esclave, cette dernière savait en revanche qu’elles étaient abondantes. Elle avait parcouru quelques bibliothèques et leur richesse l’avait émerveillé, son âme de jeune érudite s’enthousiasmant d’une telle prolifération d’ouvrages, les tranches des livres la narguant sans qu’elle ne sache par lequel commencer ni ose les toucher. S’en repaitre la vue lui suffisait, elle devait auparavant aider à la remise en forme de Lorenz et étudier les livres que ce dernier lui avait offerts. Seuls quelques-uns trouvaient le chemin jusqu’à ses mains lorsqu’elle avait besoin d’aide sur ses potions. Les baptistrels avaient ouvert l’endroit spécialement pour elle, elle en profitait donc timidement, avec gratitude, heureuse d’avoir un libre accès à pareilles connaissances, reconnaissante du magnifique honneur lui étant ainsi fait.
Traversant les couloirs, la jeune femme tenta de trouver le baptistrel de feu, les questions qu’elle avait tournant en vrac dans sa tête tandis qu’elle se les répétait en boucle pour ne pas les oublier. Ne le trouvant pas, elle accéléra, traversant en courant les pièces, avant de se rendre à l’évidence : il n’était pas là. Peut-être se trouvait-il au chevet de Lorenz. Elle-même devait y aller alors autant croiser les doigts. Car si ce n’était pas le cas, et que le vampire était seul… mieux valait une présence s’il se réveillait. Pivotant sur ses pas, elle changea de direction et repartie à toute allure, se perdant deux trois fois avant de percuter de plein fouet un obstacle mou et de mauvaise humeur. Elle glapit, rebondit dessus, tenta de recula de quelques pas et se fit attrapa par ledit obstacle. Croisant un regard bleu qu’elle ne connaissait que trop bien, elle fronça les sourcils et grimaça en l’entendant. Oups. Il lui faudrait éviter de courir à l’avenir.
- Pardon Prince.
Couinement de souris guère honorable. Elle gigota jusqu’à ce qu’il relâche la pression, aspirant davantage d’air pour répondre à ses question.
- Je venais vous voir, ainsi que Merithyn. Je croyais qu’il était en votre compagnie. J’ignore où il est. Mais si ce n’est pas auprès de vous, il a sûrement été appelé ailleurs.
Réponse logique et évidente mais ne le dire ne coutait rien. Reprenant une attitude professionnelle, elle pinça les lèvres et observa les traits tirés du vampire. Il avait vraiment mauvaise mine.
- Vous ne devriez pas être debout. Vous êtes encore trop…
Elle s’arrêta brusquement dans sa phrase, effrayée. Qu’allait-elle dire ? Par le Dracos, elle ne voulait pas imaginer sa colère s’il s‘entendait dire qu’il était faible. Réprimant un frisson, elle modifia sa phrase à la dernière seconde.
- Vous n’avez pas assez récupéré.
Elle l’observa de ses grands yeux bleus un peu craintifs, se demandant comment le convaincre de retourner se coucher. Avec un peu de chance, elle pouvait toujours l’envoyer au lit pendant qu’elle cherchait où se trouvait Merithyn ? Oui, cela semblait être une excellente idée.
- Je peux aller me renseigner pour savoir où se trouve le baptistrel si vous le souhaitez.
« Et pendant ce temps, vous allez tranquillement faire demi-tour », songea-t-elle dans le silence son âme, inquiète de le voir debout alors que le soleil brillait si fort et que le vampire tenait à peine sur ses jambes. |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 9 Mar 2014 - 15:40 | |
| Elle était belle... Même les imperfections de ressemblance avec Enelya ne la desservait pas. Le regard plus clair et plus doux, les traits moins marqués, le front plus haut... Toutes ces petites différences qu'il avait mit du temps à découvrir et qui avait commencé par le frustrer avant qu'il ne se mette à les apprécier vraiment. A leur première rencontre, il avait cru voir Enelya puis s'était dit qu'elle n'en serait sans doute qu'une pâle copie. Mais ce n'était pas ce qu'elle était, il le savait à présent. Paradoxalement, c'était ses différences qui avaient fini par le séduire, même si cette simple idée était des plus étranges...
Il la goûta, pour la mille et unième fois depuis son réveil. Qu'est-ce qui avait changé en lui ? La douleur avait-elle fendillée son armure ou bien le fait d'être passé si proche de la mort l'avait-il forcé à une introspection plus poussée ? Ou ses rêves peut-être... Il penchait plutôt pour cette dernière éventualité. Il n'avait presque plus rêvé depuis sa transformation, et pour cause puisqu'il ne pouvait dormir ! Son inconscient avait donc profité avec enthousiasme de ses jours d'inconscience pour lui balancer en pleine figure tout ce qu'il avait préféré soigneusement ignorer jusque là. Il ne pouvait plus se mentir à présent, Ambre lui plaisait. Elle lui plaisait même énormément. Pour tout dire, il en était même sévèrement amoureux. Le Dracos se fichait vraiment de lui décidément...
Il fronça les sourcils à cette pensée et reporta son attention sur la jeune femme juste à temps pour l'entendre s'excuser. Elle aussi fronçait les sourcils... Peut-être pas tout à fait satisfaite de s'être fait attraper comme ça par un vampire qu'elle s'attendait sans doute à voir encore couché. Il l'observa un instant se débattre, pas vraiment impressionné même dans l'état où il était par ses maigres forces humaines. Mais il la relacha, plus par peur de la voir se faire mal que par désir véritable. Il laissa une lueur de satisfaction s'allumer dans son regard en apprenant que le chanteur n'était décidément pas dans le coin, mais il n'eut pas le temps de réagir, trop fasciné par l'attitude qu'elle prit tout à coup. Allons.. Elle n'allait pas oser jouer les guérisseuses autoritaires avec lui tout de même ?
Si... Enfin presque. La flamme agacée qui s'était allumée dans ses yeux se mua en une lueur circonspecte puis franchement amusée lorsqu'elle hésita, presque paniquée à l'idée de ce qu'elle avait faillit dire. La voir s'embrouiller et perdre ses moyens devant lui était aussi une chose qu'il aimait beaucoup. Au contraire de toute autre personne, il ne se réjouissait pas particulièrement à l'idée de lui faire peur mais il pressentait confusément que la crainte de ce qu'il pourrait bien lui faire n'était pas la seule raison de ses hésitations. Il la troublait... Et ça, c'était jouissif.
Vous n’avez pas assez récupéré.
Elle le fixait. Craintive mais têtue dans son désir de prendre soin de celui qu'elle considérait apparemment comme son patient. La proposition qui suivit aurait dû l'agacer, lui qui n'avait pas la moindre envie de voir Merithyn, mais elle n'était pas assez bonne intriguante pour lui cacher ses arrières pensées et il leva donc un sourcil, pas dupe :
"J'ai des jambes pour le chercher si je le souhaite. Et je ne le souhaite aucunement..."
Ah ça non, il l'avait assez vu pour le reste de son existence cet elfe là... Par contre il était plutôt intéressé par l'idée de passer plus de temps avec l'humaine, et il savait parfaitement comment y parvenir. Son ton se fit plus badin tandis qu'il reprenait d'un air qui aurait pu passer pour innocent sur le visage de quelqu'un d'autre :
"Je crois que je vais plutôt aller faire un tour à l'extérieur. J'en ai assez de l'enfermement, tant pis pour le soleil."
Il laissa passer un silence, observant avec intérêt et un certaine sensation victorieuse l'affaissement des traits de la jeune femme apparemment pas du tout enchantée à l'idée de le voir se risquer à l'extérieur en plein jour. C'était une véritable sottise bien sur, le soleil l'acheverait avant qu'il n'ai pu faire trois pas et il n'avait certes pas l'intention d'aller s'y risquer. Il dosa donc soigneusement le délai d'inquiétude intense qu'il savait provoquer en elle, et la coupa avant qu'elle ne puisse trouver quelque chose à lui répondre :
"Mais si tu préfères rester à mes côtés nous pouvons aussi trouver un endroit pour discuter dans cette forteresse. Je suppose que tu as déjà pris le temps de visiter les bibliothèques baptistrales ?"
Il n'avait pas un accès total à ces endroits, les réserves les plus protégées recelaient sans doute de livres très anciens et porteurs d'une magie sensible qui aurait pu l'intéresser un peu trop profondément au goût des Baptistrels. Mais elles ne lui étaient pas entièrement fermées pour autant et il connaissait assez Ambre et Shadowsong pour deviner que l'amour des livres de cette dernière n'avait pas dû échapper à l'elfe chanteur. Ils pouvaient se rendre dans les parties les moins fermées. Ils y seraient au calme,et dans un lieu rassurant pour la petite étoile. C'était sans doute mieux... Sans compter le fait que Merithyn mettrait sans doute un peu de temps à les y retrouver...
Sur de son coup, et du fait qu'elle ne pourrait en aucun cas refuser son offre sans craindre de le voir partir en promenade à l'extérieur, il attrapa sa main d'un geste rendu parfaitement naturel par son caractère possessif :
"En route."
Et ils marchèrent donc, quel autre choix lui laissait-il ? C'était un kidnapping en bonne et due forme, même si quelque peu ralenti par le pas lent qu'il était obligé d'adopter... Prétendre qu'il était en grande forme aurait été quelque peu présomptueux mais au moins n'avait-il pas à s'appuyer sur elle. Un peu de volonté, voilà tout ce dont il avait besoin pour sauvegarder sa fierté. Ce qui ne l'empêcha pas de ressentir un profond soulagement lorsqu'ils arrivèrent enfin en vue des grandes portes protégeant les milliers de livres. Il n'aurait pas pu aller beaucoup plus loin... Il la laissa pousser les portes sans faire de commentaires, trop occupé à serrer les dents et à se réjouir à la vision des coussins, canapés, profonds fauteuils et autres sièges de travail qui jalonnaient toute cette gigantesque pièce. Il avait décidément bien choisit son endroit !
Ils passèrent le seuil ensembles, Ambre n'ayant certainement pas trop envie de s'éloigner d'un vampire qu'elle sentait prêt à s'écrouler. Mais il n'avait absolument pas l'intention de faire montre d'une quelconque faiblesse à cet instant, et c'est donc sans tressaillir malgré tout l'effort que cela lui coûtait qu'il se dirigea vers le fauteuil le plus proche. Il lui lâcha la main pour s'y installer, effleurant son poignet au passage et donc le bracelet de contrainte. Ce contact amena une lueur intriguée dans son regard :
"J'aurai cru que Shadowsong te le retirerait... Tu ne lui as pas demandé ?"
Son visage se fit sérieux, intensément intéressé par ce qu'elle allait lui répondre :
"Pourquoi es-tu encore là Ambre ?"
Vaste question. Elle aurait pu le quitter pendant son inconscience, retrouver sa liberté perdue et peut-être aussi la famille qui lui restait. Au lieu de cela elle était là, en face de lui, prisonnière de l'acier brillant dans ses prunelles. Il ferma les yeux quelques secondes, cherchant à récupérer ses forces bien entamée par leur marche et murmura :
"Tu es parfaitement inconsciente de ce que tu es à mes yeux, n'est-ce pas ?"
Il rouvrit les paupières, la fixant à nouveau. Mais l'acier s'était fait moins tranchant, et l'absence si rare d'agressivité ou de mépris qui durcissait habituellement son regard permettait à ses yeux de presque retrouver la teinte océane qui avait illuminé son visage elfique. Le temps des masques face à Ambre Orétoile était révolu. Le prince noir s'était effacé devant elle pour laisser place à Lorenz, et pour la première fois depuis bien longtemps, cette absence de carapace ne l'inquiétait pas.
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Jeu 13 Mar 2014 - 18:21 | |
| De toute évidence, en dépit de ce qu’avait craint, ou espéré, pendant un long moment la jeune femme, Lorenz n’avait pas changé. Oh, il avait perdu de sa force physique, c’était presqu’évident, mais son caractère n’était en rien modifié ; ou si le contraire était vrai, alors Ambre n’avait pas eu l’occasion de le remarquer. Il n’avait pas renoncé à son arrogance, et s’avouer faible serait probablement une chose qu’il ne ferait jamais quelle que soit la douleur et les preuves évidentes qui jouaient contre lui. Etait-il vraiment compliqué de reconnaitre avoir besoin de quelqu’un, que ce soit d’elle ou du baptistrel ? La guérisseuse le fixa un instant tandis qu’il la relâchait, se demandant ce que cachaient les prunelles bleues du vampire tandis qu’elle récupérait son équilibre. Son regard n’avait pas perdu de son intensité et il l’intimidait toujours autant, mais elle devait admettre que l’avoir vu inconscient lui avait fait prendre conscience du fait qu’il n’était finalement pas aussi éloigné des Hommes qu’elle le croyait et que lui-même souhaitait faire croire. Comme eux, il avait des points faibles et pouvait mourir et cela, elle venait seulement d’en prendre conscience. La question était : le savait-il, lui ? Déjà debout alors qu’il aurait dû se reposer, comme si défier les lois imposées par son propre corps lui prouverait quelque chose. C’était de la folie. S’il s’effondrait de fatigue et de souffrance mêlée, ce serait encore pire, que ce soit médicalement ou psychologiquement. Restait donc à espérer que sa volonté soit assez forte pour le soutenir jusqu’au retour dans sa chambre, après qu’elle-même soit parvenu à le convaincre de faire demi-tour. Nul besoin de préciser lequel de ces deux points se révélerait le plus hasardeux et difficile à réaliser.
Tentant de mettre au point un argument convenable, toujours prise sous la flamme de son regard brûlant, la jeune humaine ne put que s’embrouiller lamentablement dans ses propres mots, se rattrapant au dernier instant avant de l’offenser. Il avait beau lui paraitre moins effrayant, cela ne changeait absolument pas le fait que pour rien en Armanda elle aurait pris le risque de l’insulter. Aussi tourmentée soit son existence, elle aimait la vie, qu’il s’agisse celle des autres ou la sienne, et le plaisir malsain qu’elle soupçonnait plus que fortement Lorenz de ressentir à faire souffrir autrui ne jouerait pas en sa faveur s’il décidait de la punir pour cette injure, aussi involontaire soit-elle. S’il ne semblait pas désirer la blesser comme ce pouvait être le cas avec les autres, faisant preuve d’une étrange indulgence à son égard, il n’en restait pas moins autoritaire ; il fallait bien un début à tout, bien que celui-ci elle ne soit guère pressée de le connaitre. Sa panique visible devint une brève grimace lorsqu’elle aperçut l’amusement de son visage. Il se moquait d’elle, encore. Au moins n’était-il pas colère. Préférant changer de sujet plutôt que continuer à être source de moquerie, elle se proposa à aller chercher le baptistrel, escomptant sur la possibilité de le renvoyer ainsi se coucher. Tentative échouant lamentablement, d’autant que le ton de voix du vampire ne semblait guère indiquer un quelconque sentiment positif pour le pauvre elfe. La jeune fille se mordit la langue, attristée pour le chanteur. Elle ne connaissait pas la nature des liens le reliant au Prince, mais elle était certaine qu’il n’avait pas mérité pareil traitement, alors que sa douceur et sa gentillesse avait toujours été surprenante. A moins que ce soit précisément cela qui dérange Lorenz. Hochant la tête lentement, presque déçue de ne pas aller courir chercher Merithyn, la jeune fille sursauta devant sa proposition. Sortir dehors, en plein soleil, était déjà une folie pour un vampire mais plus encore alors qu’il se remettait avec peine d’une grave blessure. Il était complétement fou que de vouloir risquer ainsi sa non-vie sur un coup de tête, par simple agacement et désir de prendre l’air. Mourir pour un coup de soleil après avoir échappé à un terrible et incompréhensible maléfice aurait été comique s’il ne s’était pas agi de mort, justement. Elle s’apprêta à prendre la parole et entrouvrit les lèvres, horrifiée, avant que le vampire ne lui reprenne sans lui laisser le temps de se prononcer. Soulagée de le voir revenir à une décision plus raisonnable, bien qu’hésitante à passer du temps seule avec lui alors qu’elle serait dans l’incapacité de l’aider si besoin était de le faire, elle finit par accepter tandis que le soulagement détendait ses traits tirés.
- Oui, ce sera mieux, et plus calme, admit-elle à mi-voix avant de reprendre avec davantage d’enthousiasme à sa question. J’en ai visité quelques-unes, elles sont magnifiques ! J’ignorais qu’il y en avait autant dans un seul endroit, la richesse de ces livres est incroyable ! Il y en a partout, et sur tout !
Elle se tut, les yeux brillants et les joues rouges, presqu’embarrassée de cette effusion devant Lorenz qui la fixait toujours, et se laissa entrainer sans broncher par son Prince, sa petite main chaude se perdant celle plus large et autoritaire de son ravisseur. Lui avançait plus lentement qu’il n’en avait l’habitude, mais elle ne pipa mot, évitant tout commentaire, constatant au fond d’elle-même que la chaleur de son guide aux dents pointues était moins forte que d’ordinaire. Son totem, en phase avec l’épuisement de son propriétaire, manquait d’ardeur à se manifester et à s’imposer. Au moins était-il remonté, contrairement à quelques jours plus tôt où la chaleur l’entourant était tellement faible qu’Ambre s’en était derechef inquiétée, comme pour tout le reste. Poussant la porte de leur destination, tout en se tenant prête à intervenir s’il faisait signe de trébucher, elle l’accompagna jusqu’au fauteuil où il s’assit, songeant en retenant de justesse un sourire qu’ils lui donnaient l’impression d’une personne âgée accompagnée et veillée par une guérisseuse. Une puissante personne âgée, et une guérisseuse entravée, c’était bien ce qu’ils étaient, au vu des nombreux siècles d’existence du vampire. Il effleura son bracelet, et l’humaine prit conscience de la chance qu’elle avait laissé passer pendant les dernières.
-Je... n’y ai pas pensé. Et puis il était occupé à autre chose et je l’aidais dans votre guérison. Ce n’était pas très important par rapport aux évènements actuels.
Elle haussa les épaules, glissant par habitude un doigt blanc sous le bijou noir et simple pour tirer doucement dessus. Elle oubliait sa présence de plus en plus souvent, ayant pris l’habitude de ne plus chercher sa magie et de ne pas outrepasser ses droits, se pliant aux règles imposées sans se rebeller. Lorsqu’elle y songeait, tout cela lui pesait, mais se complaire dans son amertume était inutile. Il ne lui avait pas ôté sa liberté de rêver, et c’était cela le plus important. Debout près de lui, elle tapota du bout de la chaussure contre le sol, gênée, avant qu’il ne lui occupe l’esprit avec une interrogation dont elle-même n’était pas sûre de posséder la réponse. Pourquoi était-elle restée ? La question rebondit contre tous les coins de son esprit tandis que d’elle-même sa bouche formait la réponse sur le ton de l’évidence.
- Parce que vous aviez besoin de moi.
Oui c’était cela, il avait besoin de sa présence. Il était trop faible pour qu’elle l’abandonne pendant pareil moment, trop seul pour qu’elle s’en aille. Quelle que soit sa personnalité, il restait un être vivant, la guérisseuse avait donc pour devoir de l’aider et l’accompagner lorsque la nécessité se faisait sentir. Le regard dans celui du vampire mais l’esprit ailleurs, elle battit des paupières avant de le regarder à son tour.
- Et puis je n’aurais pas su où aller, d’autant que j’ignore si… si ma famille est encore en vie ni comment la retrouver.
Elle hésita un instant, peinant à formuler à haute voix cette peur de ne pas savoir si sa famille était encore en vie. La simple idée de ses frères ou ses parents allongés, froids, sur le sol, la faisait trembler d’horreur et elle sentait sa gorge se serrer. Son poing se serra tandis qu’elle retenait captive cette crainte, et elle parvint à fuir cette penser pour dévisager avec curiosité son interlocuteur. Ne sachant quoi répondre, elle prit le temps d’aller chercher un siège avant de répondre avant de s’apercevoir que le fauteuil en question était trop lourd pour qu’elle le porte et que le trainer ne pouvait qu’abîmer le bois du sol ; haussant les épaules, elle récupéra un coussin, fit demi-tour et s’assit en tailleurs dessus face à Lorenz qui l’observait toujours.
- Je suis votre… esclave, répondit-elle tout à fait sérieusement, grimaçant sur le dernier mot. Enfin, je crois.
Elle hésita un instant avant de demander, curieuse mais prudente.
- Qui est Enelya ?
Observant avec attention et gravité sa réaction, elle se demanda si elle n’avait pas fait une bêtise. Mais le nom qu’elle avait entendu à de nombreuses reprises lors de la convalescence du Prince l’intriguait. Face à l’expression de son visage, elle se hâta de préciser la source de ses renseignements, craignant qu’il n’accuse encore un malheureux.
- Vous en avez parlé à plusieurs reprises pendant votre sommeil. |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Lun 17 Mar 2014 - 20:47 | |
| Il ne s'était pas vraiment étonné de l'enthousiasme avec lequel elle lui avait répondu au sujet de la bibliothèque, il connaissait bien son amour des livres à présent. Au moins quelque chose qu'il avait bien cerné en elle, peut-être finirait par pouvoir se vanter de la connaître tout à fait ? Il en avait la ferme intention. En attendant il se contenta de la fixer en silence pendant qu'elle hésitait devant lui, ne sachant de toute évidence pas quoi faire de sa personne. Il leva un sourcil incrédule lorsqu'elle lui répondit :
"Tu as estimé ta liberté moins importante que ma guérison ?"
Son ton était parfaitement neutre mais la question se suffisait en elle-même, elle avait beau être guérisseuse, son choix était tout de même particulièrement étrange et elle devait en être consciente elle-même. Il n'en était pourtant pas véritablement étonné, elle n'avait pas su lui répondre lorsqu'il lui avait demandé où elle irait si elle devait retrouver sa liberté. Avoir vécu aussi longtemps parmi les vampires, et carrément à ses côtés, laissait forcément des traces. Elle aurait du mal à se réintégrer dans une petite vie humaine, d'ailleurs elle valait mieux que cela. Ce n'était pas son destin. L'affirmation suivante aurait dû le mettre en colère, nul n'aurait jamais osé prétendre que le prince noir pouvait avoir besoin de qui que ce soit, mais cela ne le troubla qu'à peine. Il hocha la tête très lentement :
"En effet..."
Son souffle n'avait sans doute été qu'à peine audible pour des oreilles humaines, il avait parlé plus pour lui-même que pour elle en réalité. Ses souvenirs de l'atroce confrontation demeuraient très flous, et plus encore ceux des jours qui avaient suivi. Des rêves, des cauchemars, de très brefs éclairs de conscience pendant lesquels il n'était pas très lucides, c'était tout ce qui lui restait de cette période. Mais ce sont il se souvenait parfaitement c'était qu'il était resté à tout moment conscient de la présence à ses côtés. Il n'avait pas toujours senti l'elfe et l'avait rejeté avec fureur lorsque ça avait été le cas, mais la présence de l'humaine n'avait pas échappé à son inconscient. Il s'y était raccroché avec l'énergie du désespoir, le prenant même pour Enelya la plupart du temps et ne réalisant son erreur qu'au moment de son éveil. Aurait-il survécu si il n'avait pas eu ce point d'ancrage ? Il en doutait. Merithyn avait parfaitement su ce qu'il faisait en autorisant Ambre à le veiller presque sans interruption... L'ancestral ne savait trop si il devait se réjouir de cette clairvoyance ou plutôt exploser de rage. Le mieux était sans doute de ne pas trop y penser...
Et puis je n’aurais pas su où aller, d’autant que j’ignore si… si ma famille est encore en vie ni comment la retrouver.
L'hésitation dans sa voix ramena aussitôt toute l'attention du vampire sur elle. Il sentait sa souffrance sans vraiment la comprendre, ayant oublié depuis très longtemps ce que le mot famille pouvait bien vouloir signifier, à supposer qu'il l'ai su un jour. Il fronça néanmoins les sourcils dans son effort pour tenter d'appréhender ces sentiments humains et répondit avec prudence, craignant d'attiser sa douleur plutôt que le contraire :
"Je ne peux pas te répondre, je n'ai aucune information à ce sujet. Mais si c'est le cas alors ils ne peuvent que te croire morte, et c'est peut-être mieux. Tu as changé au fil des mois, même si tu revenais vers eux tu ne leur rendrais pas l'Ambre qu'ils ont perdue. Tu ne te satisferais plus de cette vie, et tu les rendrais malheureux."
Bon d'accord, il avait totalement échoué dans son désir premier d'atténuer sa peine. Mais il était un vampire, ce type de raisonnement logique était le fondement même de son être. Que cela la console ou pas, c'était la plus stricte vérité, l'épargner en lui servant de doux mensonges ne lui rendrait pas service. Elle ne pouvait pas retourner vers les siens, d'ailleurs elle l'avait compris instinctivement puisqu'elle était resté. Il la suivit du regard lorsqu'elle alla se chercher un siège, optant finalement pour un coussin plus léger à transporter. Elle ne lui répondit qu'après s'être installée, et avec une grimace qui lui fit ouvrir la bouche, mais elle le devança.
La question tomba comme un couperet dans le foisonnement de ses réflexions, occultant tout le reste. Il se crispa presque douloureusement lorsque le nom résonna avec étrangeté dans la bouche de la jeune humaine. Qui donc ? Mais la réponse lui vint rapidement, lui-même bien sur... Il n'avait fait que rêver de la vampiresse pendant sa longue période d'inconscience, il les avait même confondu. Cela aurait même été étonnant qu'il n'ai pas prononcé son nom au moins une fois... Que faire à présent ?
Le silence s'éternisa entre eux pendant qu'il luttait contre lui-même. Il avait enfouit ses souvenirs retrouvés si profondément que nul autre que Merithyn et sa sensibilité de Baptistrel n'était parvenu à l'y dénicher en neuf siècles. Déterrer tout ceci à présent était douloureux et il n'était pas certain que cela lui soit profitable. Il avait aimé Enelya avec une passion des plus dévorantes, et il l'aimait encore par delà la mort même si cela ne l'empêchait plus d'aimer Ambre. Pour lui tout ceci était parfaitement clair, mais pour elle cela risquait d'être plus complexe... Pourtant il ne pouvait pas non plus la garder dans l'ignorance, cela non plus ne serait pas très productif. D'autant qu'il lui avait promit de toujours lui expliquer la raison de ses actes, et cette mort était bel et bien la raison première de sa guerre... Il chercha ses mots un moment, trop longuement par rapport à ses habituels talent d'orateur, et se décida enfin.
"Enelya est ma créatrice. Elle a fait de moi ce que je suis."
Ses lèvres esquissèrent un vague sourire devant le choix de ses propres mots. Et il ouvrit sa main gauche afin de lui montrer les traces de la morsure encore bien visibles après toutes ces années. Sentant les interrogations de l'humaine, il expliqua :
"Ce n'était pas une agression, elle avait refusé de me mordre à de nombreuses reprises malgré mon désir de devenir comme elle. Je détestais mon peuple, et je l'aimais elle... Elle était le centre de mon univers, ma raison de vivre. Et de mourir sans peur."
Ses prunelles se ternirent tandis qu'il replongeait dans le souvenir sanglant de ses derniers instants avec son aimée. Sa voix se fit amère lorsqu'il conclut l'histoire à peine esquissée :
"Au final nous sommes morts tous les deux... Mais pas réunis pour autant. Ainsi s'amuse le destin, et il n'a apparemment pas terminé de se moquer de moi..."
Il releva les yeux vers elle sur ces derniers mots, chassant et enfermant la souffrance au fond de son âme comme il le faisait depuis toujours. Il se pencha vers elle pour effleurer son visage avec douceur :
"C'est elle que j'ai vu en toi la première fois. Ton immunité est précieuse mais elle ne t'aurait pas sauvée de moi à elle seule. Tu as ses traits Ambre... Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ainsi. La ressemblance physique est frappante même si délicieusement imparfaite."
Il murmurait comme pour mieux appuyer sur le caractère confidentiel de ce moment privilégié :
"Je suis un ancestral, plus vraiment un elfe donc. Mais je garde certaines de leurs particularités, et il est très rare qu'un elfe puisse aimer deux fois... Pourtant, ce n'est pas une copie d'Enelya que j'ai appris à voir en toi. J'aime tes similitudes avec elle, et j'aime plus encore vos différences. Je t'aime pour ce que tu es Elisseï, et je ne veux pas aimer une esclave."
Sa main quitta les joues embrasées de la jeune femme pour descendre jusqu'à son poignet et permettre à ses doigts de se glisser sous le bracelet noir. Ce simple contact fut suffisant pour rompre la magie du sortilège de contrainte, provoquant la chute du bijou sur le sol boisé.
"Je t'offrirai des parures plus dignes de toi, souffla-t-il tout contre ses lèvres, je peux tout t'offrir. Je suis ce que je suis et je hais comme personne, mais je peux aussi aimer exclusivement. Tu n'as qu'un mot à dire et je fais de toi la femme la plus abominablement comblée de cet univers. Je peux te ramener ta famille, réaliser tes désirs les plus profonds. Mettre le monde à tes pieds et m'assurer que chacun te montre le respect qui es dû à ma compagne. Toi et moi, cela se peut..."
Il demeurait immobile, goûtant son souffle avec gourmandise mais se refusant à aller plus loin. Il ne refaisait jamais deux fois la même erreur, et elle n'avait pas apprécié son premier baiser. Il gardait le contrôle donc, avec difficulté. Quand il y pensait, c'était plus facile de réfrener sa soif de sang que les pulsions qui le poussait vers elle... |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 23 Mar 2014 - 12:32 | |
| -Tu as estimé ta liberté moins importante que ma guérison ?
Une vie contre la liberté, avait-elle eu le choix à quelconque instant ? Aurait-elle put le sacrifier pour son propre plaisir ? Lui, comme elle, connaissait la réponse à ces interrogations. Elle ne l’aurait probablement pas fait pour qui que ce soit, alors certainement pas pour celui dont elle partageait le quotidien mouvementé depuis plusieurs mois. Il était important, elle le savait mais… mais non, elle voulait croire que cela aurait été identique pour n’importe qui d’autre qu’elle aurait pu connaitre un peu, de près ou de loin, et apprécier. Etait-ce vraiment le cas pour autant ? Peut-être, peut-être pas. Elle ne souhaitait pas le savoir, par crainte d’une réponse négative. Ses illusions et ses rêves, ils avaient bercé sa vie, elle ne comptait pas changer ce principe. Continuer à croire qu’elle était restée parce qu’elle était ainsi, que sa vocation de guérisseuse, que son respect de la vie d’autrui était le plus fort, et non pas parce qu’elle avait simplement était motivée par quelque chose de plus personnel, bien qu’il lui fût impossible de nier qu’elle s’était inquiétée comme rarement c’avait été le cas dans son existence. Cette incertitude était profondément troublante, la déstabilisant et ce n’était pas Lorenz et son regard inquisiteur qui amélioraient les choses. Mais après tout, il n’y avait pas que cela, des réponses plus concrètes s’ouvraient à elle ; son incapacité à avoir des nouvelles de sa famille, le manque d’horizon qui s’ouvrait à elle, ou plutôt ne s’ouvrait pas, quant à un endroit de refuge… Tout cela jouait aussi, bien sûr. Les joues légèrement rouges sans même qu’elle ne sache pourquoi, elle observa son interlocuteur et haussa légèrement les épaules, tentant de reprendre le même ton neutre que lui-même avait employé.
- Et bien, une vie est plus importante que ma liberté et vous aviez l’air très mal en point. C’était normal que je reste vous veiller.
D’aucuns auraient estimés qu’une vie sans vie sans liberté n’en était pas une, et que ces deux notions se valaient largement. Mais Ambre n’avait que faire de ces considérations. Le monde était trop cruel pour qu’elle le laisse la modifier à sa guise, et que des étrangers pensent différemment ne modifiait en rien son jugement, ou celui qu’elle croyait être le sien. Curieusement, loin de s’offusquer de l’affirmation qu’elle lui offrit, qu’il avait besoin d’elle, il acquiesça dans un souffle inaudible, la jeune esclave ne sachant si son ouïe ne s’était pas simplement jouée d’elle ; Lorenz avait beau avoir subi un profond traumatisme, il ne pouvait être si changé qu’avoir besoin de quelqu’un puisse paraitre des plus normal. Et si c’était vraiment le cas… Alors elle ne savait comment elle devait le comprendre. Bonne nouvelle, mauvaise nouvelle. Qu’il perde de sa fierté n’était pas pour lui déplaire, loin de là, mais un bouleversement aussi profond dans un trait des traits les plus importants de sa personnalité pouvait en cacher bien d’autres. Préférant changer de sujet tandis qu’elle l’observait avec circonspection, elle se mordit douloureusement la langue avant de reconnaitre sa crainte de ne pas savoir quelle était la situation de sa famille. Peut-être n’aurait-elle pas dû lui en parler, mais une certaine confiance s’était malgré tout instaurée ; elle n’aurait pas dû. La réponse lui tomba sans douceur, s’enfonça en elle comme les crocs d’un vampire pouvaient le faire, le peu de délicatesse et la violence de la vérité lui tordant les entrailles tandis que sa gorge se serrait. Ses yeux s’embuèrent et instinctivement elle baissa les yeux sur ses mains serrées l’une contre l’autre, tentant de juguler sa douleur comme elle le pouvait. Elle n’avait pas tant changée que cela pourtant. Pas au point que des retrouvailles avec sa famille blesse les siens lorsqu’ils s’en apercevraient. Elle connaissait leur amour et la pureté de leurs sentiments, refusait de croire que son retour les rendrait malheureux. Et si c’était vrai pourtant ? Ou qu’ils lui en voulaient, la rendait responsable de la mort de son oncle ? Ce doute était horrible et la douleur qu’il imposait atroce. Elle pressa les paupières, les muscles de la mâchoire contractés, et inspira doucement, avalant sa salive au même titre que sa peine.
Préférant changer de sujet et éloigner ces pensées négatives, elle tenta de relâcher son visage crispé pour poser la première question qui lui vint à l’esprit, et qu’elle s’était posée à plusieurs reprises tout le temps qu’avait duré la convalescence de Lorenz. Qui était cette fameuse Enelya ? Le silence seul lui répondit pendant un long moment, si bien qu’elle se demanda si elle n’avait pas fait une bêtise. Une grosse bêtise. Le Prince n’avait jamais été aussi silencieux pour répondre à l’une de ses questions. Il ne semblait pourtant pas fâché, plutôt… déboussolé. Un instant, la petite humaine craignit de l’avoir blessé par ces quelques mots. Si tel était vraiment le cas, alors elle était prête à s’en excuser, peu désireuse d’infliger un quelconque tourment moral à qui que ce soit. Mais la réponse finit par venir et elle l’a surpris, peut-être plus qu’elle ne l’aurait dû. Amoureux. Il avait été amoureux au point de lui offrir sa vie au cœur battant, de se sacrifier pour elle, de se détacher des siens totalement et irréversiblement. Même s’il ne les aimait pas, c’était malgré tout un saut important, ils avaient façonné sa vie et sa façon de penser, peut-être même sans qu’il ne s’en rende compte. C’était tout à fait déstabilisant de songer à un Lorenz tellement amouraché d’une vampire qu’il souhaiter se damner pour et avec elle. La fin de l’histoire était triste et elle fut touchée, mais surtout Ambre ouvrit un regard encore nouveau sur l’être complexe qui lui faisait face. Au début de leur rencontre, elle ne l’avait considéré que comme une brute sans vergogne ni scrupules, incapable de voir autre chose que l’envie de violence ; puis le temps passé à ses côtés avait fait évolué, lentement mais sûrement, cette vision des choses. Aujourd’hui, elle comprenait à quel point il avait été brisé par la colère et la douleur, et en comprenait petit à petit ses motifs, bien que n’y souscrivant pas pour autant. Il était malade, lui aussi. Pas physiquement, pas comme tous ceux qu’elle avait eu à soigner, mais son âme avait été trop malmenée pour en être sortie indemne. Cette prise de conscience, bien que s’étant déjà faite plus tôt, s’aiguisa encore davantage et plus que jamais la jeune fille souhaita le libérer de son carcan d’amertume. Enfin, pas l’aider comme lui semblait le penser. Elle devint écarlate tandis que sa main caressait sa joue, sentant le souffle de ses mots contre elle. Sans même avoir conscience que son visage n’aurait pas dépareillé dans un champ de coquelicots, un diffus sentiment de honte suivant discrètement celui de la gêne sans qu’elle n’en comprenne la raison, elle baissa les yeux en sentant le contact si familier du bracelet de contrainte disparaitre. Lui qui l’avait accompagné toute sa vie, il quittait à présent son bras pour, l’espérait-elle, ne jamais plus y revenir. Totalement perdue par la tournure prise par les évènements, elle se recula brusquement en le sentant si près, trop près, fuyant son contact à lui et son trouble à elle. Fébrile, elle inspira rapidement pour reprendre ses esprits avant de secouer la tête, songeant à quel point le sortilège de la jeune femme elfe avait dû le toucher.
- Je… je ne veux pas de parures, répondit-elle précipitamment. Je ne souhaite pas être la femme la plus comblée, et vous-mêmes m’avez-dit que retrouver ma famille maintenant les blesserait ; je ne veux pas qu’ils soient malheureux par ma faute.
Quant au monde… Il était bien assez chaotique pour qu’elle demande en plus à ce qu’il soit apporté à ses pieds. Et qu’en ferait-elle ? Libérer les esclaves, aider les plus pauvres. Elle ne voulait pas de conquêtes, il y en avait bien assez ainsi. A présent séparés d’une longueur de bras, assise directement sur le bois du sol et la robe étalée en corolle autour d’elle, Ambre observa le vampire avec un étrange mélange de compassion, de tendresse et de culpabilité.
- Je suis désolée, je ne veux pas vous faire souffrir. Vous êtes encore fatigué, vous devriez regagner votre chambre.
Les mots, presque rudes, étaient atténués par la douceur de sa voix et la sincère préoccupation qu’elle avait pour le vampire. Il n’était pas dans son état normal et c'était pour cela qu'il agissait ainsi, elle en était sûre. Ou presque. |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 23 Mar 2014 - 15:50 | |
| La teinte rouge pivoine qu'avait pris sa peau dans cette situation l'aurait peut-être amusé si il n'avait pas été si grave. Il luttait contre sa nature, mourrant d'envie de la serrer contre lui avec ou sans son accord et de lui faire comprendre qu'elle lui appartenait dans tous les cas et de toutes les manières possibles. Mais il ne voulait pas la faire fuir, d'autant plus qu'il n'aurait pas la force de la rattraper en l'état actuel des choses. Il se maîtrisa donc de son mieux même lorsqu'elle recula brutalement hors de sa portée. Seul le soudain éclat douloureux de ses prunelles prouva qu'il avait bien vu à quel point elle avait à coeur de fuir son contact et il serra durement la mâchoire mais elle parla avant lui.
"Toute femme désire être comblée, même si elle n'en a pas conscience. Quand à ta famille c'est à toi de faire ce choix, je m'y conformerai. Après tout, je peux t'offrir bien plus..."
Il la couvait d'un regard intense et rendu étrange par la lueur fascinée qui y brillait. Elle s'était reculée jusqu'à se retrouver assise sur le plancher et il fronça les sourcils en la voyant dans une telle position. Il secoua la tête devant ses excuses maladroites et sa tentative de le ramener à la raison, ainsi qu'à sa chambre en passant... Il se levait déjà dans un effort qui le fit presque grogner, mais sans la moindre attention d'accéder à son désir. A la place, il s'approcha d'elle et soupira et pressentant qu'elle aller reculer à nouveau. Sa voix se fit plus ferme lorsqu'il ordonna :
"Ne me fuit pas Ambre."
Le ton était péremptoire et ne souffrirait aucune désobéissance. Amoureux il l'était, c'était un fait, mais il restait le même et il n'aimait pas beaucoup qu'on lui résiste. Il s'installa à son tour face à elle, assez près pour lui montrer qu'il était celui qui dominait la situation à cet instant, et pas assez pour pouvoir la toucher de nouveau. Le compromis était sans doute acceptable ainsi... Même si cette limite qu'il s'imposait était une véritable torture pour lui. D'une voix patiente, il reprit :
"Je ne délire pas, comme tu as l'air de le penser. Et d'ailleurs même lorsque c'était le cas, c'est vers toi que mon esprit tendait. Pourquoi crois-tu que Merithyn a accepté ton aide pour me soigner ? Il est le gardien des Baptistrels, il n'avait besoin de personne..."
Il laissa l'interrogation semer le trouble dans le raisonnement de la jeune femme et laissa son regard s'adoucir en comprenant qu'elle serait sans doute blessée par l'idée d'avoir été utilisée de la sorte. Bizarrement, il éprouva le besoin d'expliquer le geste de l'elfe chanteur :
"Il a fait le choix le plus logique. Mon âme était en miette et menaçait de quitter mon corps. J'avais besoin de me rattacher à la réalité, et je ne pouvais le faire qu'en m'accrochant au lien le plus solide que j'avais en ce monde. Il savait parfaitement ce que je ressentais pour toi, bien avant moi d'ailleurs... Tous ses soins n'auraient pas été suffisants sans ta présence. C'est à toi que je dois mon réveil, bien plus qu'à lui malgré tout ce qu'il a pu tenter..."
Et le baptistrel le savait sans doute parfaitement, voir même s'en réjouissait... L'ancestral chassa son irritation à ce sujet, désireux de rester concentré sur l'humaine. Ce moment était important, il était hors de question qu'il la laisse lui échapper alors qu'il ressentait très bien tout le trouble qu'elle ressentait face à lui. Encore à cet instant, elle le dévorait du regard, et il pouvait entendre les battements précipités de son coeur complétement affolé par la situation. Elle n'avait pas peur de lui... Pas à la façon des autres en tout cas. Elle se voilait simplement la face. Il ne pouvait pas lui en vouloir vu le temps qu'il avait mit lui même à accepter ses propres sentiments, il devait simplement faire preuve de patience, c'était dans ses cordes cela non ? Il le faudrait bien... Obstiné et parfaitement sur de lui, il insista :
"Je ne peux pas croire une seule seconde que je te laisse indifférente. Et même si c'était le cas, je ferai en sorte que cela change très rapidement. Quoi que tu veuille, Elisseï, je peux te l'offrir. Tu ne pourras pas refuser l'évidence éternellement... Tu m'étais destinée depuis toujours, cela crève les yeux."
Il la dévorait du regard en s'amusant des réactions de son rythme cardiaque. Elle pouvait bien sur se vexer qu'il puisse encore estimer qu'elle était sa propriété même après l'avoir libérée mais par contre elle ne pourrait absolument pas prétendre qu'il la laissait effectivement de marbre. Un sourire aussi charmeur que terrifiant dévoilà ses canines acérées lorsqu'il assena :
"Je suis un prédateur, au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué. Je ressens parfaitement les signaux de ton corps. Tu me repousses par les mots, et tu m'attire par les gestes... Pourquoi cacher ton désir ?"
Et paf, là si il lui était possible de prendre une teinte plus cramoisie alors il pourrait se vanter d'avoir inventé une nouvelle couleur... Rusé et joueur, il la défia du regard :
"Prétendrais-tu le contraire ? Je ne te laisserai pas en paix avant que tu ne m'ai assuré droit dans les yeux que tu ne m'aimes pas, et que tu ne m'aimeras jamais. C'est assez simple non ? Je serai fixé puisque tu ne sais pas mentir... Je t'écoute..."
Il jouait avec elle comme un chat aurait pu le faire avec une malheureuse souris. Refusant de lui laisser le moindre repos, il cherchait son regard à tout instant et en particulier lorsqu'elle cherchait à le détourner. Déjà vainqueur dans son esprit, il ne cherchait que le meilleur moyen de précipiter le moment où elle tomberait pour de bon entre ses griffes...
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 23 Mar 2014 - 23:03 | |
| Elle l’avait blessé, elle le voyait, et en était navrée, mais c’était ainsi. Sa soudaine réaction l’avait fait fuir sans qu’elle ne puisse s’en empêcher, et c’était instinctivement et sans même tenter de faire preuve de délicatesse qu’elle s’était éloignée. Il ne la suivit pas, elle s’en trouva soulagée. Cette proximité la rendait nerveuse, tout autant que ses mots l’avaient fait, et elle avait la douce impression qu’enfin elle retrouvait vraiment sa liberté. Ce ne fut d’ailleurs qu’à cet instant qu’elle sentit véritablement son lien avec sa magie enfin retrouvée, et elle l’accueillit comme un voleur reçoit l’aide de son défenseur : avec soulagement. Elle semblait être là, à veiller sur elle de son aura bienfaisante. Peut-être Lorenz avait-il fait une erreur en lui laissant la retrouver. Cette idée lui tira un bref sourire mental avant qu’elle ne fronce les sourcils devant l’arrogance de Lorenz. Toute femme désirait être comblée… Si elle-même n’en avait pas conscience, comment lui savait-il ? Finalement, il devait être en pleine possession de ses moyens pour être aussi… Lui-même.
Ses parents ? Non, elle préférait qu’ils demeurent où ils étaient. Mais si…Elle hésita un instant, réfléchissant à ce que venait de lui dire son Prince. Mais si elle souhaitait retrouver les siens et demeurer avec eux par la suite, l’aiderait-il à le faire ? La laisserait-il partir ? Dans ces conditions, sa famille n’aurait pas à subir le traumatisme de la vie parmi les vampires. Oui, cette idée était douce et tentante. Elle doutait d’y parvenir mais au moins comprendrait-elle davantage Lorenz et sa vision de l’amour. Après tout il le savait, qu’elle rêvait de retrouver les siens depuis bien longtemps déjà. Lui offrirait-il ce cadeau ? Il avait dit tout et n’importe quoi… Mais quand bien même il le ferait, l’accepterait-elle, elle ? L’arrivée d’une troupe vampirique chez sa famille serait grandement perturbante et même sans cela, l’idée de tout quitter l’attristait sans qu’elle ne sache pourquoi. Elle qui avait ouvert la bouche pour poser la question se ravisa, consciente qu’elle pouvait fort bien se trouver piégée par le vampire s’il tournait la demande à son avantage. Depuis le temps, elle commençait à savoir ce qu’il valait mieux faire ou non. Comme par exemple commencer à reculer lorsqu’il se leva, bien que cela se révèle finalement être une mauvaise au vue de l’ordre cinglant qu’il lui donna de ne pas bouger. Elle tressaillit, surprise, se sentant dans la peau d’un lapin fuyant le loup cherchant à l’attraper, et s’immobiliser totalement, le cœur battant la chamade. Prudente, elle l’observa tandis qu’il s’asseyait devant elle et la détrompait ; ou plutôt, la heurtait sans délicatesse. Elle avait été inutile alors ? Une guérisseuse incapable de soigner… Son visage se décomposa devant cette annonce mais les explications de Lorenz la tirèrent de sa déception et elle releva un regard plein d’espoir sur lui.
- Il avait donc besoin de moi pour vous réveiller n’est-ce pas ?
Donc Merithyn ne l’avait pas appelé par simple pitié, ne l’avait pas manipulée, ne lui avait pas menti. Sa reconnaissance envers le baptistrel était toujours intact, et la jeune fille se sentie soulagée de savoir que l’elfe avait toujours été sincère avec elle. Elle l’appréciait et l’ardeur qu’il avait mis à soigner son patient mal en point l’avait émerveillée. Cet être était d’une rare délicatesse, et le contraste avec le Prince vampire était surprenant. D’autant Ambre était certaine que malgré tous les dires de Lorenz, ils s’appréciaient en plus de respecter mutuellement.
"Tu m'étais destinée depuis toujours, cela crève les yeux.". Pourquoi Dracos même son langage était-il violent ? Crever les yeux… cette expression était profondément révoltante. Passant outre cette considération du langage, Ambre le fixa de travers, bien que toujours rouge. Elle n’était pas un objet qu’il pouvait acheter avec des présents ou s’approprier s’il le souhaitait, et ses yeux s’assombrirent lorsqu’elle se rendit compte que c’était pourtant ce qu’il semblait penser. Ce n’était pas vraiment que cela la surprenait, non. Mais sans doute avait-elle espéré un léger changement dans cette vision des choses.
- Oui, je l’avais remarqué, murmura-t-elle ironiquement devant l’affirmation suivante en détournant le regard.
Qu’il était un prédateur, elle aurait difficilement put le rater. Tout en lui inspirait la crainte et la fascination, la beauté des grands fauves et la mystérieuse attraction du danger. Sans compter les nombreuses victimes qui pavaient son chemin. Victimes de l’homme comme du vampire sans doute. Le simple mot désir la fit s’enflammer encore davantage tandis que son cœur faisait une embardée, la jeune fille incapable de ne pas se sentir profondément gênée par ce mot qui semblait vouloir dire trop de choses par sa simple existence. Instinctivement, elle replia les genoux contre sa poitrine en marmonnant un « je ne cache rien du tout » timide, les yeux fixés sur le parquet soudainement incroyablement intéressant, comme si par ce simple geste elle pouvait annuler les paroles qui venaient d’être prononcées.
La question la prit au dépourvu et elle sentit un afflux de chaleur sanguine dans tous son corps tandis qu’elle se rendait compte qu’il l’avait malgré tout piégée. Elle se souvint qu’il entendait son rythme cardiaque et à cette simple idée elle sentit ce dernier s’emballait, la trahissant sans honte. Peut-être aurait-elle dû lui poser sa question finalement… Elle se débattit un instant avec ses propres sentiments, cherchant une réponse adéquate. Il savait quand elle mentait, c’était bien cela le plus gênant ; elle avait beau ne pas aimer le mensonge, en l’état actuel des choses, elle n’aurait guère eut de scrupule à y recourir. Ce fut dans les yeux qu’elle le fixa pour lui répondre, tâchant de se convaincre elle-même de ses propres paroles.
- Je ne… Sa propre voix lui parut soudainement incertaine et hésitante et elle reprit avec davantage de conviction, modifiant le sens de toute la phrase. Je ne ressens pas de désir pour vous.
Ce n’était pas exactement ce qu’il lui avait demandé, mais au moins était-elle sincère. Du moins pensait-elle l’être. En réalité, plus elle y songeait, moins elle en était sûre. Ses prunelles bleues se détournèrent rapidement de leur point d’ancrage pour observer sans les voir les livres de la grande bibliothèque. Elle n’avait qu’une envie, partir en courant loin de cette conversation extrêmement embarrassante. Tout de suite, si possible. |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Lun 24 Mar 2014 - 18:53 | |
| Il n'avait répondu que par un léger signe d'assentiment à sa question, elle ne faisait que chercher à se rassurer en insistant sur un point qu'il avait déjà éclaircit. Shadowsong avait agit avec intelligence en utilisant le lien qui unissait le prince à l'humaine pour donner un point d'ancrage à ses soins. Sans cela, les choses auraient été bien différentes et les chances de survie de Lorenz aurait sans doute été bien plus faible, pour ne pas dire inexistantes. Sa survie avait donc été conditionnée par le choix d'Ambre de rester à ses côtés... Voilà qui laissait songeur...
L'ironie dont elle fit preuve attira un peu plus son attention. Cela ne lui ressemblait pas... Mais elle changeait à son contact, il l'avait déjà remarqué à plusieurs reprises. Elle s'endurcissait et apprenait à une vitesse déconcertante sans pour autant renoncer à ce qu'elle était. Elle s'adaptait exceptionnellement vite et bien pour une humaine.. Si seulement il avait pu la transformer, quelle vampiresse formidable elle ferait ! Mais il devait oublier cette idée pour le moment, à quoi bon imaginer ce qui pourrait-être si elle s'obstinait à le repousser ?
Il reporta toute son insupportable attention sur elle, savourant sans se cacher tout ces signes qui ne le trompaient pas et qui étaient le symbole de son emprise sur elle. Un flot de venin lui monta à la bouche lorsqu'elle se recroquevilla avec gêne, sa fragilité le rendait fou. Il lui aurait été si simple de simplement exiger... De mettre fin à cette situation grotesque en rendant leur cours naturel aux choses. Aucune vampiresse n'avait jamais pu se refuser à lui, et il ne citait même pas les humaines... Ce ne serait même pas une agression puisqu'elle le voulait sans pour autant le reconnaître. Une fois sa résistance et sa fierté brisée, elle n'aurait plus rien à lui refuser, peut-être même finirait-elle à terme par reconnaître qu'il avait bien fait de faire fi de ses réticences et d'avoir refusé de perdre son temps en roucoulades inutiles. Elle l'aimait, il le sentait. Elle finirait par le reconnaître.
Mais pas ainsi. Malgré le soin abominablement sérieux qu'il avait mis à analyser cette possibilité, il la rejetta. Elle ne le satisfaisait pas entièrement, ce n'était pas ainsi qu'il la voulait. Il pouvait même dire qu'il voulait plus, beaucoup plus, et cela passait par la patience... Il ravala le venin qui lui brûlait les muqueuses et contrôla fermement les pulsions prédatrices qui animaient son corps. C'est qu'il allait finir par la faire fuir pour de bon si il ne prenait pas garde. Encore heureux qu'il ne soit pas très expressif de visage... Ce qui ne devait pas l'empêcher de prendre garde, elle le cotoyait de plus près et depuis plus longtemps que la plupart des gens à présent, elle était bien capable de le percer à jour avec presque autant de facilité que l'autre plaie de rossignol. Sauf qu'elle était trop troublée pour oser vraiment le regarder, tant mieux...
Elle obéit tout de même à son injonction et plongea son regard dans le sien afin d'honorer son défi. Comment allait-elle se tirer de là ? Pour peu qu'elle trouve une solution et il serait particulièrement ennuyé... Mais il n'était pas du genre à douter de lui-même et de ses sens, elle était coincée. Et il en eu très rapidement la preuve puisqu'elle ne pu que changer le sens de sa phrase dans une piteuse tentative de sauver les meubles. La lueur intense qui brûlait dans l'acier de ses prunelles se mua en une ombre perplexe puis franchement incrédule lorsqu'elle détourna le regard sans parvenir à calmer les battements effarés de son coeur. Est-ce qu'il devait rire ou simplement exploser de rage devant tant d'obstination effrontée ? Il l'interrogea sans prendre le temps de la réflexion :
"Tu veux vraiment me faire avaler ça ?"
Secouant la tête comme pour se calmer lui-même, il décida de tenter une voie différente et la coupa avant qu'elle ne réponde :
"C'est sans importance. Je m'y prend mal de toute évidence... Je t'ai heurtée tout à l'heure, et à présent je te terrifie. Ce n'est pas mon but, je suis désolé."
Il réprima un sourire en songeant qu'il allait peut-être la perturber plus encore en s'excusant ainsi pour la première fois depuis bien des siècles. Mais il était clair que la situation lui échappait, et il n'était pas assez idiot pour se fourvoyer dans une stratégie parfaitement inefficace. Il savait bien qu'elle était différente, il l'avait remarqué depuis le jour même de son kidnapping. A lui donc de s'adapter à de changer d'approche, la récompense de cette bataille là valait bien tous les efforts. Il reprit donc après une seconde de silence :
"Qu'est-ce qui te déplait en moi ? Je n'ai pas été si terrible que cela envers toi, j'ai même été plus que correct. Tu semble prendre plaisir à nos échanges et à nos conversations, tu m'observe lorsque tu crois que je ne te vois pas. Je suis un dirigeant implacable, c'est vrai, mais tu ne peux prétendre ignorer à quel point je peux être différent dans la vie privée. Quand à ma condition de vampire, je ne peux évidemment pas y renoncer... Mais cela n'a jamais eu l'air de te dégoûter..."
Il fronça les sourcils à cette pensée, cherchant à comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête humaine qui lui faisait face. C'était d'autant plus difficile qu'il n'avait jamais été humain lui-même... Prudemment, il tenta :
"Si c'est ce que tu désires, je peux trouver une autre source de nourriture. Et je peux améliorer ta vie de bien des façons... Je ne veux pas t'acheter si c'est ce que tu crains, dans le cas contraire je ne t'aurais pas libérée du bracelet. Laisse moi une chance Elisseï, je serais patient et je ne te ferais pas de mal. Mais ne te ferme pas comme tu le fais. Ou donne moi au moins une raison valable..."
Il laissa le silence envelopper la fin de sa phrase, la laissant en suspens comme pour mieux lui montrer à quel point son comportement lui était incompréhensible. Outre le fait qu'il n'était pas habitué à être repoussé, il avait bien du mal à tolérer le fait qu'elle se leurre ainsi elle même... |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 30 Mar 2014 - 17:00 | |
| Difficile de faire conversation plus embarrassante que celle qu’ils tenaient. La jeune femme avait l’impression de brûler de l’intérieur, son visage fondant sous sa propre chaleur corporelle, son ventre la chatouillant de l’intérieur. Le regard tourné vers le parquet luisant, Ambre tentait de faire abstraction de Lorenz et de la mauvaise manie qu’il avait de la mettre dans d’impossibles situations ; elle allait par finir par franchement lui en vouloir. S’était envolée la haine de son enlevement sans même qu’elle ne s’en rende compte, la remplacer par une autre n’était guère une bonne idée. Mais en même temps… Cela ne la surprenait plus ; après tout, c’était une forme de torture, bien que doucement mentale, et elle avait largement eu le temps de se rendre compte qu’il était adepte de celle-ci. Elle se demanda s’il aurait osé poser les mêmes questions sans s’être pris de plein fouet le sortilège qui l’avait touché et assommé. Oui, non, peut-être. Elle n’en savait rien. Lui surement n’en savait pas plus. Pour l’instant, sa principale préoccupation était de sortir de la pièce, et si possible sans Lorenz. Et sans attendre. Elle adressa un bref vœu aux esprits, les implorant de faire venir Merithyn, ou n’importe qui d’assez peu soumis au Prince pour pouvoir le tirer d’ici et attirer son attention, l’emmenant réfléchir à un quelconque besoin politique qui l’accaparerait suffisamment longtemps pour… Non, inutile d’espérer qu’il oublie, c’était peine perdue. En plus d’être têtu qu’une mule, il n’était pas du genre à oublier ceux qui ne répondaient pas à ses questions.
La question la surprit et elle ne put que tenter de trouver une parade, cherchant à ce qu’il la croit enfin et regrettant presque de ne pas savoir mentir correctement. Mais c’était plus fort qu’elle, chaque fois qu’un mensonge pointait le bout du nez, elle rougissait, sa voix tremblotait et son rythme cardiaque s’accélérait. Et cela, le vampire ne le savait que trop bien, et jouait dessus. Mais malheureusement, même en ne mentant pas, pas vraiment, il trouvait le moyen de la coincer. Oui, elle voulait vraiment lui faire avaler cela, mais visiblement il l’acceptait encore moins facilement qu’il ne buvait les breuvages acres et amères qu’elle lui préparait. Ce qui était peu dire. Elle haussa honteusement les épaules, son regard gêné se promenant partout sauf sur le visage qui lui faisait face, du moins jusqu’à ce qu’il s’excuse. A quoi jouait-il ? Avait-elle réellement entendu un « je suis désolé » qui semblait en plus sincère ? Sans pouvoir sans empêcher, elle haussa les sourcils avec étonnement, le fixant avec suspicion et cherchant de décortiquer son âme de son simple regard. Que cherchait-il donc à faire ? A lui montrer ? C’était la première fois qu’elle entendait ces mots sortir de ses lèvres, la première fois qu’elle le voyait faire preuve d’une once de remords. A moins qu’il ne s’agisse que d’une comédie, et si tel était le cas et bien… Elle croyait le comprendre, elle croyait le connaitre, mais elle se trompait. Elle avait honte d’avoir cru cela, d’avoir eu la prétention de le connaitre alors que rien n’était plus faux. Elle aurait pourtant dû le savoir. Mais elle s’était montrée orgueilleuse, trop sûre d’elle. Désormais, la leçon était retenue, du moins l’espérait-elle. Ne plus se tromper, ne plus croire bêtement quelque chose dont elle ignorait la véracité. Mais d’un autre côté… lui ne la connaissait pas vraiment davantage. Sans quoi il aurait su qu’il ne la terrifiait pas ; c’était simplement ce qu’il insinuait qui le faisait, ce qu’elle pensait de toute cela, cette impression de n’avoir aucun contrôle sur sa vie et ses pensées, encore une fois. Elle tilta en l’entendant affirmer qu’il la voyait l’affirmer, et préféra se concentrer sur sa question qu’y prêter davantage attention. La fin la surprit et elle l’observa avec d’autant plus d’étonnement qu’elle ne s’y attendait certainement pas. Qu’il lui propose de cesser son régie de sang était… était… et bien, elle ne parvenait pas à mettre de mot dessus. Mais mieux valait commencer par le début.
- Je ne vous reproche pas votre condition de vampire, vous n’y pouvez rien. Mais, hum… Vous ne faites pas que torturer les gens, vous aimez cela en même temps. Vous n’avez aucune pitié, vous croyez que tout vous est forcément acquis, que vous avez forcement raison.
Es yeux accusateurs plongèrent dans les siens, sans la moindre peur quant à ce qu’il pouvait avoir à y redire. Il voulait savoir ce qu’elle lui reprochait, il le savait à présent. Que ce soit en privé ou en public, il ne pouvait nier ces quelques défauts. Elle hésita une seconde avant d’enchainer et de conclure sur ses principaux défauts. Il voulait qu’elle lui obéisse, elle le ferait. Sans plaisir certes, ni pour lui ni pour elle mais elle le ferait.
- … Vous êtes narcissique, cruel, vous ne prêtez pas attention aux autres, vous ne pensez qu’à votre vengeance et à gouverner le monde.
La voix calme et timide, sans intention de le blesser, elle ne peut s’empêcher de lui dire de vive voix ces quelques remarques, désireuse de lui faire comprendre ce qu’elle pensait et que tous pensaient sans oser le dire par crainte de finir en cadavre. Sans vie, en ce qui concernaient ceux qui en étaient déjà. Elle laissa à son tour passer un silence, méditant sa réponse, ne souhaitant pas davantage le froisser. Mais malgré tout, elle voyait une lumière d’espoir, pas pour elle, mais pour tous ceux qui avait souffert, souffraient encore et souffriraient des mains du Prince.
- Vous cesseriez de faire des esclaves ? lui demanda-t-elle gravement, son air sérieux la vieillissant à peine. Vous arrêteriez de faire souffrir les gens, de les arracher à leurs familles ? De vouloir exterminer les elfes ?
Elle le testait, sans même s’en rendre compte. Elle voulait le comprendre, savoir ce qu’il pensait réellement. Jusqu’à quel point il était sincère. Mais cela ne signifiait pas qu’elle se laisserait acheter, comme il le disait si bien en le niant, par ses changements. D’un autre côté… qui était-elle pour croire son indépendance plus importante que la vie de tant de personnes ? |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 6 Avr 2014 - 16:35 | |
| Il resta stoïque comme toujours, disciplinant calmement les soubresauts furieux de son égo. Il y avait bien longtemps qu'on ne s'était pas permis de le juger ainsi en face en face et même lorsque c'était le cas cela ne parvenait qu'à lui tirer un sourire cruel et amusé. Sauf que cette fois cela ne l'amusait pas du tout, et qu'il ne pouvait pas non plus laisser exploser sa colère comme il aurait dû le faire dans des circonstances normales. Il s'était engagé sur un terrain totalement inconnu, et il savait que cela ne serait pas facile. Il tressaillit sous son regard accusateur, pas vraiment surprit par le flot de reproches mais pas spécialement enchanté non plus. Ainsi c'était tout ce qu'elle voyait en lui ? Il ouvrit la bouche pour répondre mais elle le coupa par une interrogation dont la réponse risquait de s'avérer des plus délicates.
Un long silence les enveloppa lorsqu'elle cessa de parler. Il rassemblait ses pensées comme il le pouvait, plus blessé par ses dires qu'il ne voulait bien l'admettre. Lorsqu'il répondit enfin, ce fut d'une voix assombrie par le ressentiment :
"Tu n'en sais rien."
Il l'observa avec un certain agacement, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir puisqu'elle était dans le juste sur certains points mais elle ne le comprenait pas comme il aurait voulu qu'elle le comprenne. Et il n'était pas certain de parvenir à vraiment se faire comprendre même si il le tentait par ailleurs... Mais il n'avait pas vraiment le choix. Il laissa donc sa question de côté pour un moment afin de s'expliquer :
"Tu me juge sans chercher à me comprendre au contraire de ce que tu m'avais promis. Que sais-tu de ce que j'aime ou de ce que je n'aime pas ? Que sais-tu de ce que je crois ?"
Il ne lui laissa pas le temps de répondre, d'ailleurs ses questions n'en attendaient aucune. Elles étaient surtout un reproche non voilé pour sa promesse non tenue. Il tempera tout de même avec un haussement d'épaule :
"Il est vrai que je peux me montrer cruel, c'est obligatoire d'ailleurs si je veux garder ma place de prince vampirique et même ma non-vie selon les coutumes de mon peuple. Mais je mentirai en disant que c'est la seule raison. Je suis en colère Elissëi, on m'a enlevé la seule chose à laquelle je tenais. Jusqu'à il y a peu ma vengeance constituait le centre de mon existence et ma seule raison de ne pas mourir. La majorité des gens semblent croire que je prend un malsain plaisir à entendre mes victimes hurler. Et c'est parfois vrai, mais rarement... En général cela ne m'inspire ni joie ni répulsion. Cela ne me touche simplement pas."
Une profonde tristesse passa dans ses yeux clairs suite à ses derniers mots, terribles. Il allait peut-être la perdre pour de bon en lui confessant ainsi qu'il ne ressentait en réalité rien du tout pour la plupart de ses victimes. Il cherchait ses mots, cherchant à la retenir avant qu'elle ne prenne la fuite pour de bon :
"Tu sais... Même le venin vampirique n'a su me faire oublier ma peine lorsqu'on me l'a enlevé. J'ai oublié son nom, son visage, notre histoire. Mais à aucun moment je n'ai oublié à quel point j'avais mal, elle me manquait sans même que je sache qui elle était. C'était comme si on avait fracassé mon âme sans que je le sache... J'étais fou de douleur, et incapable d'en comprendre les raisons. Je ne crois pas que j'étais quelqu'un de bien même avant d'être transformé, mais le vide qu'ils ont provoqué en moi a achevé de me faire sombrer. Il y a des sorts pires que la mort tu sais, ne rien ressentir occupe sans doute le haut du palmarès..."
Les paroles coulaient comme le pus d'une blessure, provoquant au passage une souffrance pire encore que celle de la pierre. Mais lui aussi lui avait fait une promesse et il entendait la tenir, si elle lui échappait à présent ce serait en connaissance de cause. Elle en savait maintenant plus sur lui que n'importe qui, y compris Shadowsong car même en lisant son chant nom il n'avait sans doute pas pu ressentir toute l'intensité de ce qu'il racontait à présent de plein gré. Il soupira en arrivant au bout de son long monologue :
"Tu n'as pas l'air de comprendre ce que tu représentes à mes yeux mais ces explications vont peut-être t'aider. Tu es la lumière au bout d'un tunnel que je croyais infini, une lueur d'espoir inespérée que j'ai mis longtemps à voir. Imagine un peu ce que cela peut faire que de ressentir à nouveau quelque chose après des siècles de vide. "
Enfin, il en vint à ses demandes qu'il fit l'effort d'analyser avec un sérieux respectueux :
"Vu ce que je viens de te dire tu dois te douter que je suis prêt à bien des concessions et à bien des efforts en ton honneur... Mais je ne peux pas revenir sur mon serment, Enelya a le droit d'être vengée. Pour toi et uniquement pour toi je peux nuancer cette vengeance et ne pas y inclure tout le peuple elfique. J'espère que tu appréciera cet effort à sa juste valeur, il me coûte énormément."
Et ce n'était pas peu dire, l'idée de laisser le moindre elfe en vie le rendait déjà fou de rage. Mais Ambre lui était plus précieuse encore que tout le reste. Malgré tout il y avait des limites à ce qu'il pouvait faire et il ne se priva pas de le faire savoir :
"L'autre promesse sur laquelle je ne peux pas revenir est celle que j'ai faite à mon peuple. Les vampires ont le droit de prendre leur juste place dans ce monde, et je ne fais que le leur accorder. Néanmoins l'arrivée des Alayiens change les choses. Tu as bien vu pendant les négociations que je comptais accepter une alliance avec les humains. C'est encore le cas malgré les nouvelles circonstances... Si ils respectent les règles, les rebelles n'auront rien à craindre des vampires au moins jusqu'à ce qu'on soit débarrassés de cet envahisseur."
La situation aurait au moins ça de positif qu'elle lui permettait de faire un compromis avec la petite humaine... Bien sur elle était parfaitement capable de s'offusquer de la façon dont il comptait traîter les Alayiens et les humains hors rebellion, et de ce qui se passerait certainement après, mais il gérerait cela au fur et à mesure. En attendant il reporta son attention sur elle, observant ses réactions avec un mélange d'ironie et d'inquiétude. Il s'était livré entièrement et sans retenue, cela pouvait jouer autant en sa faveur que contre lui et c'était en plus particulièrement gênant que de se savoir percé à jour. Il la questionna d'un ton qui se voulait moqueur, mais qui en réalité laissait voir son anxiété :
"Est-ce que j'ai été assez sincère pour toi ?"
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Mer 16 Avr 2014 - 18:07 | |
| Il était vexé, mais Ambre n’en fut nullement surprise. Il était une montagne d’orgueil et de fierté vivante, son ego surdimensionné ne connaissant guère de limites, et elle venait de lui révéler au grand jour plusieurs de ses défauts. Encore ne les lui avait-elle pas tous listé… Malgré elle, ses épaules délicates s’affaissèrent quelque peu tandis que ses jambes se crispaient contre elle, autant d’embarras que d’appréhension. S’il ne l’avait jamais touché, elle ne pouvait s’empêcher malgré tout de craindre d’avoir outrepassé les mesures qu’il avait apposées, quand bien même il était l’auteur de la demande sur ce qu’elle lui reprochait. Son visage était effrayant mais elle le fixa droit dans les yeux jusqu’à ce qu’il lui reproche sa promesse non tenue, et elle rougit derechef, embarrassée, bredouillant un léger « pardon », d’autant plus qu’il avait parfaitement raison. Elle l’avait jugé sans lui demander d’explications, mais tout semblait pourtant... Pas évident, mais presque. Il usait de violence plus souvent qu’il ne changeait de chemise, cela semblait être une extension de son être, parfois même comme si le mot avait été inventé afin de lui coller à la peau. Et l’aveu qu’il lui fit la laissa incertaine. Rassurée, car il n’était pas aussi cruel qu’il pouvait laisser le croire, et anéantie devant le manque de considération qu’il avait pour toute sorte de vie. Comme s’il était possible de regarder quelqu’un mourir en songeant à sa prochaine occupation, sans ressentir la moindre douleur, la moindre peine pour cet être visitant le trépas sous nos yeux, sans être coupable de ce qu’il subissait, sans que la moindre honte ou horreur de soi-même ne vienne le cueillir alors qu’une vie s’éteignait et quelque part quelqu’un pleurait cette perte. C’était tout simplement horrible, et profondément révoltant. D’autant que cela laissait imaginer tout ce par quoi il avait fallu passer pour que le Prince soit aussi insensible. Toute la douleur qu’il avait dû endurer, pour qu’il arrive à être à ce point indifférent à donner la mort à autrui. Un voile de tristesse mêlé de dégoût passa brièvement dans le regard de la jeune guérisseuse. Cette confession l’avait peiné plus qu’elle n’aurait pu le croire, et pourtant elle ne pouvait pas lui en vouloir, pas vraiment. Après tout, les principaux responsables étaient ceux qui, sans chercher à les comprendre, avait froidement abattu sa dulcinée.
Son front se plissa tandis que leur étrange discussion se poursuivait, la sincérité des paroles de Lorenz s’incrustant en elle tandis que du fond du cœur, elle ne pouvait que le plaindre. Il était un enfant abandonné trop tôt et livré à lui-même dans un monde empli de violence, et qui avait perdu trop vite la source de douceur qui était la sienne. Instinctivement, elle apposa une main chaude sur celle, posée au sol, du vampire, l’espace d’un instant avant qu’elle ne l’ôte en rougissant légèrement ; mais elle n’était pas Ambre, la petite esclave à cet instant, mais plutôt une confidente, une amie pour le comprendre, bouleversée par le récit d’une histoire tragique et d’un amour perdu. Du moins était-ce ainsi qu’elle se sentait, et peu importait la façon dont lui la voyait, la raison pour laquelle il lui expliquait cela. Malgré son jeune âge elle avait compris que certaines blessures de l’esprit étaient mille fois pires que celles que l’on pouvait infliger à un corps, et s’exprimer était pour beaucoup une source d’apaisement. Aider était son rôle, qu’elle qu’en soit la raison et le patient, aussi étrange et hors-norme soit ce dernier. Mais sans doute les plus malheureux étaient-ils aussi ceux qui, en grandissant, devenaient dangereusement mortels et cruels. Ce n’était au final qu’une question d’amour.
Touchée par cette confiance qu’il lui accordait, se doutant qu’il devait voir ses aveux comme une preuve de faiblesse que quelqu’un pourrait utiliser contre lui, elle réfléchit à tout ce qu’il venait de dire, hésitante et intimidée par tout cela. En ce qui concernait les vampires… oui, elle ne pouvait douter de cela, c’était un peuple cruel et misant tout sur la force des uns par rapports aux autres. Inutile de dire qu’un être épargnant ses victimes par pitié n’avait pas sa place en tant que Prince. N’avait pas sa place tout court. C’était une horrible vérité à laquelle elle avait fini par s’habituer semblait-il, puisqu’Ambre ne se sentait plus aussi horrifiée par elle lorsqu’elle devait y penser. Cette prise de conscience, elle aussi, était déchirante. Elle ne craignait donc plus autant la violence et la douleur ; aurait-elle perdu de l’estime pour la Vie qu’elle avait toujours placée au sommet de ses priorités ? Si tel était le cas… non, ce ne pouvait l’être. Guérisseuse elle était, guérisseuse elle resterait. Elle se concentra sur le visage si particulier qui lui faisait face, s’accrochant à sa réalité. Le moment n’était pas venu de s’inquiéter d’elle-même alors que tant d’autres avaient besoin d’elle. Si en sacrifiant sa liberté elle pouvait les aider… D’autant que cette dite-liberté, elle l’avait déjà perdue depuis longtemps à présent. Mais le malaise demeurait. Etre aux côtés de Lorenz, quand bien même était-ce pour aider d’autres, alors qu’elle n’en avait aucune envie. Enfin aucune envie… Elle n’en était même pas sûre elle-même et s’embrouillait dans ses pensées. Elle fronça les sourcils, en pleine réflexion. Les choses se compliquaient beaucoup, beaucoup trop. Il aurait dû se concentrer sur la guerre qu’il avait à mener plutôt que de faire une introspection de ses sentiments. Une phrase la fit sursauter et elle le regarda avec horreur.
-Vous allez trahir les humains une fois la guerre finie ?
C’était un manquement d’honneur révoltant, et une vérité douloureuse quand bien même elle s’en était, finalement, toujours doutée, sans pour autant cesser d’espérer qu’un jour la paix entre les peuples pouvait exister. Cette alliance provisoire aurait été un cadeau à la réconciliation des peuples, mais elle n’était de toute évidence pas saisie.
-Les alayiens… Ils sont humains, certains sont encore très jeunes, ils ne se rendent pas forcément tous compte que c’est contre Néant qu’il faut lutter. Peut-être que certains nous rejoindraient quand ils le comprendront et nous aiderons à lutter contre les autres.
Elle n’était pas folle. Ambre savait qu’elle avait plus de chance de tenter de le convaincre en argumentant d’un point de vue militaire qu’en essayant de le sensibiliser alors qu’il était tout à fait hermétique à ce genre de tentative d’attendrissement. Attendrir Lorenz… Quelle idée. Elle redirigea son attention sur lui en entendant la question sur sa sincérité et hocha doucement la tête en réponse.
-Oui, vous l’avez été. Je vous en remercie.
Très formelle, elle ne savait comment véritablement réagir. Oh, elle avait toujours envie de prendre la fuite, effacer du temps les derniers instants et retrouver une situation plus normale. Tentant de remettre de l’ordre dans ses pensées, elle le fixa avec intensité, tentant de mettre en avant les points faibles de son raisonnement.
-Mais un Prince vampire ne peut pas être avec une humaine. Les vôtres percevraient cela comme un signe de faiblesse de votre part. Les promesses vous lient à eux pour conquérir les humains, vous ne pouvez pas vous afficher avec l’une d’entre eux.
Principalement Norwen, la vampire qui détestait la petite humaine et le lui avait déjà fait comprendre. Cette… relation qu’il souhaitait, elle était contre ce qu’il venait lui-même de dire.
-Et… Enelya, elle n’approuverait pas n’est-ce pas ?
Le visage concentré, la jeune fille tentait mine de rien de comprendre cette mystérieuse vampiresse qui était la cause de tant de malheur, aussi bien pour le vampire qui lui faisait face que pour l’Armanda entière. Et beaucoup moins discrètement cherchait à détourner Lorenz de sa nouvelle folie, l’Amour. |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Dim 20 Avr 2014 - 12:59 | |
| Les excuses murmurées ne parvinrent qu'à l'assombrir plus encore. Il n'avait jamais su pardonner, ce n'était tout simplement pas dans sa nature profonde. Mais il en était capable comme le prouvait le fait que Shadowsong respirait encore, et il s'agissait d'Ambre... Il ne pouvait tout simplement pas la clouer contre un mur comme il l'aurait fait à tout autre insolent qui se serait adressé à lui de la sorte. Non cette lutte là n'avait rien à voir avec ses habitudes, même en ce qui concernait la diplomatie. C'était plus délicat, plus angoissant aussi. Il n'aimait pas se dévoiler, il ne l'avait fait que dans l'espoir d'en tirer une réaction positive mais cela ne semblait pas fonctionner. Peut-être n'aurait-il pas dû prendre l'honnêteté comme cheval de bataille... Peut-être aurait-il dû mentir plutôt, enjolivant la situation afin de se rendre plus acceptable aux yeux de la belle. Cela n'aurait pas été facile, elle l'avait vu dans toute sa noirceur et commençait à le connaître mieux que quiconque, mais il restait un menteur né. Peut-être s'en serait-il mieux sorti dans ce domaine qu'il maîtrisait totalement... Hélas c'était un peu tard pour y songer. Et peut-être son choix n'avait-il pas été aussi mauvais au final...
Une lueur d'étonnement s'alluma dans ses prunelles lorsque la main douce de la jeune femme vint se poser sur la sienne. L'avait-il convaincue ? Il n'osait vraiment l'espérer, le revirement serait vraiment trop rapide... Mais cela laissait un espoir et il du se faire violence pour ne pas saisir les doigts frèles et les porter à ses lèvres. La capacité des humains à pardonner ou à passer outre les pires choses pour voir le bien en chacun l'avait toujours rendu méprisant. Il avait compris assez vite qu'Ambre était une spécialiste en ce domaine, peut-être même la plus spécialisées de tous... Mais ce n'était qu'aujourd'hui qu'il comprenait à quel point ce trait de son caractère était vital pour leur relation. Ele seule sans doute dans tout le continent avait le coeur assez grand et pur pour tolérer d'y accueillir sa noirceur. Elle était faite pour lui, dommage qu'elle ai du mal à s'en apercevoir...
-Vous allez trahir les humains une fois la guerre finie ?
Allons bon... Tout ceci avait été un peu trop beau pour durer. Là le mensonge était sans doute la meilleure façon de se tirer d'affaire, mais il lui répugnait pour une fois. Briser la magie de cet instant lui était intolérable, sauf qu'il ne pouvait pas non plus risquer de la perdre en étant trop honnête. Il choisit donc une demi vérité :
"Je n'ai pas dit cela. J'ai simplement dit que la trêve était prévue pour durer jusqu'à la défaite des Alayiens. J'ignore moi-même ce que donnera la suite, c'est déjà un pas important non ?"
Il ne mentait pas, et ne disait pas la vérité non plus. Une habile pirouette de politicien qui ne le tirerait sans doute d'affaire que temporairement. Mais vu les efforts qu'il avait consentit jusque là, elle pouvait bien le laisser en paix quelque temps sur ce genre de sujets... Apparemment non vu la suite. Son coeur d'or n'était peut-être pas une si bonne chose au final... Il grogna avec réticence :
"Peut-être. Dans ce cas ils deviendront rebelles et seront intouchables au même titre que les autres. Mais n'espère pas trop, tu as vu comme moi toute l'étendue de leur fanatisme. On ne peut espérer le revirement de tout leur peuple, et c'est une bonne chose. Ce ne sont pas les rebelles qui vont nous nourrir... Il faudra bien que mon peuple trouve du sang quelque part."
Le dur rappel des réalités. Elle ne souhaiterait pas non plus voir les vampires mourir de soif, il en était à peu près sur. Elle était coincée donc, forcée de voir la chose sous un angle plus pragmatique. Le regard de l'ancestral s'adoucit lorsqu'il plaisanta :
"Nous n'avons pas tous la chance d'avoir une merveille telle que toi à nos côtés."
Blague étrange et qui aurait sans doute choqué d'éventuels témoins. Mais ils étaient seuls, et il y avait longtemps qu'elle ne semblait plus vraiment s'offusquer ou se terrifier des repas du prince. Elle sauvait des vies en s'offrant ainsi à lui, il la connaissait assez bien pour savoir que rien que cette raison là devait-être suffisante à ses yeux. Sa froide logique aurait dû le pousser à utiliser ce travers pour arriver à ses fins, quoi de plus facile en effet que de menacer de commettre des massacres si elle ne lui cédait pas ? Sauf qu'il n'aurait pas eu ce qu'il désirait alors, il voulait la voir venir à lui de par sa propre décision. L'y contraindre finirait peut-être par être la seule et unique solution, mais elle lui déplaisait souverainement.
Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle le remercia pile à l'instant où il imaginait tout cela. Aurait-elle pu lire ses pensées qu'il l'aurait perdue sans doute définitivement... Peut-être avait-elle raison de le fuir au final, peut-être ne savait-il plus aimer comme cela avait été le cas par le passé. Il ne lui serait jamais venu à l'esprit de contraindre Enelya, d'autant plus qu'elle l'aurait vaincu plus facilement que l'on corrige un enfant. Il était devenu fort depuis, fort et impitoyable... Cela venait en grande partie de ce qu'il avait vécu bien sur, mais cela ne pouvait excuser ce genre de pensées. Pris d'une impulsion soudaine, il s'empara de sa main et en caressa le dos de son pouce :
"Enni îl nar Baëlan Elliseï. Je ne te ferai jamais de mal..." *pour toi je serais différent Elliseï*
Son murmure mi Elfique mi compréhensible se perdit dans leur échange de regard, elle le fixait avec une intensité perturbante et il comprit avec un temps de retard qu'elle cherchait toujours le moyen de le faire renoncer à ses prétentions. Toute douceur s'effaça de ses traits et il serra la mâchoire avec une intensité presque douloureuse avant de répondre de la voix sans réplique qu'il utilisait pour commander ses vampires :
"Je donne déjà assez à mon peuple. Si il ne plie pas devant ma décision, ce sera devant mon courroux."
Autant dire qu'il ne comptait absolument pas laisser le moindre choix à ses subordonnés. Oh bien sur il était parfaitement conscient de l'onde de choc que sa décision provoquerait au sein des vampires et des conséquences lourdes que cela aurait sur sa légitimité et son autorité. Mais il pouvait se le permettre. Il était plus fort que le plus fort des princes ayant jamais pris le contrôle des sang-froids, il avait donc le pouvoir de s'octroyer des droits inédits. Ceux qui oseraient le lui reprocher serviraient d'exemple sanglant, et vu son expérience dans ce domaine il n'en faudrait pas beaucoup pour que les autres courbent l'échine. Bien sur cela ne pourrait pas plaire à Ambre, mais c'était un passage obligatoire pour avoir la paix et elle comprenait à présent assez bien les vampires pour comprendre toute les subtilités de la loi du plus fort. Il revint à elle :
"Je t'ai déjà parlé des droits et des obligations qu'impliquent le pouvoir. Le droit de faire ses propres choix est sans doute l'un des plus précieux. Rien ne m'empêchera jamais d'être avec toi, Ambre Orétoile. Tu ferais bien de te le mettre en tête dès maintenant."
Mais elle avait d'autres arguments, et le dernier était des plus sensibles. Il s'accorda quelques instants de réflexion avant de répondre doucement :
"Je ne sais pas... Enelya n'aimait pas beaucoup les humains c'est vrai. Mais elle aurait pensé à moi avant tout, comme moi j'aurai pensé à elle. Si elle était ici et persuadée que mon bonheur inclut de me trouver avec toi, elle m'y pousserait."
Et s'arracherait probablement le coeur volontairement pour ne plus en souffrir. Mais l'intensité de leur lien avait été si profond qu'il lui semblait bien que c'était ainsi que cela se serait passé. Et même en sens inverse... Aussi jaloux qu'il soit, il n'aurait pas supporté de la savoir malheureuse. Il reposa les yeux sur l'humaine et vit à quel point toute cette conversation l'avait perturbée et bouleversée. Un léger soupir s'exhala de ses lèvres lorsqu'il prit la décision de lui laisser le temps dont elle avait besoin. Il avait su dès le début que cela ne serait pas facile, il ne pouvait pas exiger qu'elle lui tombe dans les bras en une seconde comme toutes les petites écervelées qui avaient terminé sous ses crocs. Il lâcha sa main afin de reprendre la distance protocolaire à laquelle elle aspirait et parla de nouveau :
"Tout ceci est difficile à intégrer et à accepter pour toi, j'en suis conscient. Tu es libre Elliseï, je n'ai normalement plus à te forcer à rester à mes côtés si ce n'est pas ton désir. Mais je ne sais pas ce que je ferai si tu pars, j'aime autant que tu le sache."
Il ne menaçait pas, se contentant d'énoncer un fait. Son départ ne pourrait bien se passer, sans doute piquerait-il une fureur plus puissante encore que tout ce qu'il avait jamais vécu. Etait-elle vraiment libre dans ces conditions ? Sans doute pas... Elle ne prendrait pas le risque de provoquer une telle catastrophe. Décidément il avait une conception toute particulière de l'amour... Il haussa les épaules :
"Je suppose que cela me ferait le même effet qu'un aveugle guérit que l'on priverait de lumière... Je comprendrais que tu m'en veuilles, mais je ne veux pas que tu t'éloignes. Reste à mes côtés, laisse moi le temps de te convaincre que je ne détruis pas forcément tout ce que je touche..."
Et de s'en convaincre lui-même en passant... Toute cette conversation lui avait permit de s'apercevoir qu'il ne savait peut-être plus tout à fait aimer avec la même pureté qu'il avait aimé Enelya. Mais il pouvait s'en souvenir, il pouvait la rendre heureuse et finalement la séduire comme il y aspirait. Le tout étant qu'elle ne prenne pas ses jambes à son cou directement... Il sourit en attaquant sous un angle plus difficile à parer :
"Et puis nous allons avoir besoin de toi. Je n'ai jamais été humain, votre façon de penser m'est totalement inconnue. L'alliance avec la rébellion aura plus de chance de fonctionner si tu es à mes côtés. En plus, tu n'as pas guérit mes migraines...."
Le dernier argument était pour le moins étrange, mais il savait qu'elle s'y attacherait ne serait-ce qu'à cause de ses instincts de guérisseuse. Satisfait, il la laissa se dépétrer de toute ceci. |
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| Sujet: Re: Un rayon de soleil [PV : Ambre] [TERMINE] Lun 28 Avr 2014 - 0:45 | |
| Oui évidemment, la nuance était là, dans ces quelques mots. Un discours de politique qui détournait la vérité pour la faire sienne, un procédé sournois et lâche qui n’avait pour seul mérite que de déresponsabiliser celui qui s’en servait, de le protéger derrière des barrières invisibles mais pourtant bien solides. Cela leur permettait d’offrir leurs promesses et de les tenir, ou du moins de prétendre le faire, alors qu’il n’en était rien; c'en restait des mensonges pour ceux qui y voyaient encore clairs. Le langage était une arme dont peu connaissaient la puissance, et entre des mains expertes… Il faisait des ravages, brisant des âmes et détruisant des êtres, bien qu'en épargnant parfois d'autres. Crimes, meurtres, vols, viols, violences en tout genre, tout était pardonné, accepté, parfois même récompensé grâce ou plutôt à cause des mots. Ils rampaient dans l’ombre, attentifs, prêts à agir de leur onctueux velours ô combien traitre, condamnant les innocents et acquittant les responsables. Et pourtant il était aussi un baume dont se servaient les guérisseurs, un joyau pour les âmes pures. Chacun l'utilisait comme il le souhaitait, comme il pouvait.
Mais certes, c’était mieux que rien, elle devait bien le reconnaitre. Il y avait encore peu de temps de cela, la guérisseuse n’aurait jamais imaginé ne serait qu’un petit doigt tendu vers le peuple au sang chaud qu’elle l’avait toujours entendu critiquer, mépriser, réduire au rang d’êtres inférieurs, qui servait de repas et d'amusement sans le moindre remord, et voilà qu’il, et par là même tout son peuple qui le suivait, les voyait à présent comme des alliés momentanés. Il fallait espérer que cela dure un peu plus, qu’ils s’aperçoivent tous que la paix était possible et que tout irait bien. Après tout s’ils pouvaient trouver des ententes pendant un moment, ils le pourraient bien pendant quelques jours de plus, puis quelques mois, années… C’était ainsi que se créaient les relations, que les conflits s’arrêtaient. L’espoir était faible mais il était celui d’une étincelle qui pouvait devenir brasier, d’une simple graine devant arbre. Elle rougit en entendant sa phrase, détendant son épaule sans réagir autrement que faisant cliqueter ses ongles les uns contre les autres. Il parlait de son immunité, bien sûr mais avec ce qu’il avait dit plus tôt cette phrase prenait d’autres directions, d’autres proportions et elle ignorait comment réagir à cela.
Sa main chaude était étonnamment douce et délicate tandis qu’il caressait la sienne, mais si le contact n’était en lui-même pas désagréable, c’était trop intime pour qu’Ambre n’en soit pas gênée, d’autant que les quelques mots accompagnant le geste, si elle ne compris pas tout, avait au moins la partie en langue commune. Et c’était déjà assez. Les deux premiers mots étaient « pour toi » ou « par toi », elle ne se souvenait plus du terme, et la suite était un charabia elfique. La jeune guérisseuse retint un frisson en entendant la voix autoritaire qui lui répondait, mais si sa main se crispa indiciblement elle ne broncha pas, ou si peu. Un frémissement au coin des lèvres, un plissement des paupières, un si faible froncement du nez… tant de signes qui montraient, subtilement, sa réception au ton impérieux qui était pris.
- Je m’en souviendrais, Prince.
Cette limite, cette petite barrière qu’était ce titre, elle lui était vitale pour garder les pieds sur terre. La conversation qu’ils avaient eue avait été, certes courte, mais émotionnellement prenante, et la jeune humaine nageait dans… dans le flou, tout simplement. Elle ne savait guère que penser de tout cela. Si au moins ce pouvait être un simple délire provoqué par la fatigue, par le contrecoup de son réveil, mais il avait semblé tout du long en parfaite possession de ses moyens.
- Je ne vous en veux pas et je ne… souhaite pas partir. Je ne sais si je parviendrais à vous guérir mais je vous aiderais à comprendre les humains.
Oui, c’était bien ça, pas de phrase sur ce qu’elle ressentait, de tout façon elle aurait été incapable d’en faire une sensée et explicite. Après tout, comment s’expliquer à autrui quand on était incapable de le faire pour soi-même ? mieux valait rester dans le vague, dans le mystère... Lorenz avait bien deviner l'avoir perturbée avec ses... révélations, il la connaissait bien à présent. Le temps passé côte à côte avait formé un lien qu'elle n'aurait sut expliquer mais dont lui semblait tirer parti par moment. Encore qu'à peu près n'importe qui aurait réagit de la même façon. Un instant le visage de Bae flotta dans sa mémoire, ainsi que le souvenir, si lointain et pourtant toujours bien vivace, de sa déclaration d'amour. Il semblait à la jeune demoiselle que cela faisait des siècles que c'était arrivé et pourtant... Elle n'était pas si vieille que cela, bien au contraire. Mais il était tellement difficile de s'imaginer un futur plus tortueux et mouvant que le passé qu'elle avait vécu. En si peu de temps tant de choses avaient changées. Elle crispa une main dans les replis de tissus de sa jupe et se détourna du passé pour se concentrer sur le moment présent. Elle avait bien assez à géré, bien qu'elle n'en ai guère l'envie...
D’un commun accord, quoi que la demoiselle ait probablement une envie beaucoup plus puissante que son interlocuteur aux dents pointues, de s’éloigner, ils finirent par quitter la pièce, et lorsqu’enfin elle se retrouva seule, Ambre inspira un grand bol d’air pur, cherchant à retrouver la paix de son âme et la sérénité qu’elle était parvenue à instaurer en son propre sein. Peine perdue, ses émotions tournoyaient sans s’arrêtait et elle se sentait incapable de se concentrer sur quelque chose en particulier. En courant, attrapant ses jupons à pleines mains afin de ne pas chuter quoi que prenant garde à ce qu’ils ne dévoilent pas ce que les mœurs demandaient de dissimuler, elle accueillit avec un profond soulagement le soleil venu lui caresser la peau avant de se diriger d’un pas pressé vers sa jument. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était promenée s’était-elle souvenue peu avant la conversation avec le Prince noir… Et bien c’était l’occasion idéale pour une sortie toutes les deux.
Quelques minutes plus tard, les mains enfouies dans la crinière soyeuse de la belle Medlinya, Ambre galopait à vive allure dans l’herbe tendre et sous les branches luisantes, décidée à profiter de ce moment magique et d’oublier, l’espace d’un instant, le vampire aux mains chaudes et cœur troublé…. Et troublant. |
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