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| L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] | |
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| Sujet: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 6 Oct 2013 - 23:33 | |
| Inspiration. Profonde, indescriptible, incompréhensible même aux yeux de tous. Qui pourrait bien comprendre ce qu'est le rythme d'existence d'un monde ? D'un univers ? Lui le sait. Lui l'a créé, lui était là avant toute chose, et il sait qu'il sera encore là à la toute fin. Le néant est tout, et le néant n'est rien. Le néant est lui-même, et le néant n'est personne. Expiration. Il veille, il observe ce monde qui grouille et qui le maudit à tout instant. Infidèles qui ne croient pas, qui vénèrent encore des esprits qui les ignorent au nom d'un principe archaïque. Au milieu d'eux il voit la noirceur de ses serviteurs, ceux qu'il a envoyés pour tracer la voie. Sa voie à lui, celle qui doit mener l'homme sur le chemin de la grandeur et faire disparaître à jamais la magie et ceux qui la servent. Blocage. Il l'a repérée... Il sait où elle est. Elle est sa fille, sa création, son enfant. Elle pulse au rythme du néant, elle aussi en est une partie. Il n'a l'a jamais totalement perdue de vue car sa force noire est si puissante qu'elle l'attire à tout instant. Il l'a observée pendant longtemps, en sommeil dans la construction des hommes puis au centre même d'un terrible combat puis au doigt d'un fou, proche, si proche de la main de ses serviteurs. La main à laquelle elle est destinée depuis toujours. Le prêcheur, le guide. C'est lui qui a été choisi pour mener le troupeau sur le chemin de la rédemption et pourtant dévoreuse lui échappe encore. Au coeur de la non-vie, au coeur de sacrilège. Elle se déplace, elle avance à toute allure entre le main de la voleuse et il n'est pas encore temps. Inspiration. Il patiente. Et les jours passent et se transforment en mois. Il est disposé à attendre encore et à laisser s'égrener les années et les siècles qui n'ont aucune prise sur son éternité. La graine est semée en Armanda, la croyance s'étend et le temps n'est pas une donnée précieuse au sein du néant. Pourtant, il n'est plus utile d'attendre encore. La vampire court dans le noir, la vampire sombre dans le néant. Expiration. Il agit. Tendrement, lentement, son pouvoir s'infiltre au sein de Dévoreuse et l'éveille à nouveau. L'artefact sommeillait jusque là bien sagement dans la petite poche intérieure cousue à son intention. A présent, cet endroit lui déplait. Sa porteuse n'est pas digne, sa porteuse ne croit pas. Les morts ne doivent pas vivre. Dévoreuse s'évapore et tombe. Blocage. Il se concentre... *************** Le noir, le silence, l'attente. Dévoreuse ne craint pas tout cela, car c'est pour cela qu'elle est née. Mortellement attentive, elle brille légèrement dans le noir de ce tunnel apparemment bien peu fréquenté. On la trouvera, elle le ressent, elle sait que son prochain porteur est déjà en route. Le temps est la seule incertitude, mais le temps n'est rien pour le néant. Siècles ou secondes, qu'importe. Son porteur approche et avec lui sonne l'ère nouveau... |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mer 9 Oct 2013 - 19:27 | |
| Une mission, lui avait dit le dragonnier. Une simple mission, qu'elle était la mieux placée pour exécuter. Et Hyrriena n'avait pas sut comment lui expliquer qu'elle ne pouvait, pas avec toutes les troupes alayiennes assiégeant la ville, pas alors que Dévoreuse était bien cachée contre son cœur, enfouie dans la poche de tissu. Elle avait donc accepté la mission de Romaric Alakor, le dragonnier de la belle Isyndar, sans en avoir le choix. Après tout, ne lui avait-elle pas dit, la veille, qu'elle accepterait de les suivre, lui et ses amis rebelles, pour quelques temps ? Elle ne pouvait décemment pas refuser tout de go une mission qui, elle le sentait, était faite tout autant pour la tester que pour lui rendre service à lui. Quant à reconnaître et lui dire tout de go qu'elle possédait la précieuse bague, c'était tout simplement hors de question.
Voilà pourquoi la vampire se trouvait actuellement... quelque part dans l'enceinte blanche de Gloria la magnifique, entourée d'ennemis. Avec pour mission de récolter le maximum d'informations qu'elle pouvait en trouver et d'en faire le compte rendu à son aîné plus tard. Voilà qui promettait d'être intéressant. Regardant autour d'elle, elle tenta de se repérer. Elle était passée, après s'être péniblement frayé un chemin qui la mènerai loin des créatures du Néant, par les tunnels des contrebandiers où elle n'avait pas été embêtée. La sortie avait débouchée à côté d'une riche maison, dans la ville étrangement silencieuse. C'était la guerre et nul ne pouvait l'ignorer. Avec un soupir, la jeune femme remit en place la grosse pierre et le tas de lierre qui cachait l'entrée souterraine et se faufila sans bruit dans les ruelles désertes. Seules les patrouilles de l'armée animaient la vie, le reste était désert. Il y avait-il de la vie derrière ces portes closes, ces fenêtres aux volets prudemment fermés ? La voleuse savait que c'était le cas, pourtant Gloria ressemblait à une ville déserte. Il y régnait une odeur de peur et de violence, pas vraiment désagréable pour la vampire qu'elle était, mais trop forte. Tout cela sentait trop la destruction pour être vraiment plaisant. Hyrriena avait beau avoir une certaine affinité avec la mort et le sang, comme la majorité des siens, elle n'en aimait pas pour autant la violence, la cruauté et la ruine. Elle tordit le nez et rabattit sa capuche sur son visage. Il pouvait encore y avoir des ennemis partout, et elle ne comptait certainement pas recroiser le chemin de Lyra l'alayienne. Quand au soleil, elle ne le craignait pas, il avait déjà bien amorcé son coucher et aurait tôt fait de disparaître dans l'horizon.
Entre chiens et loups, ou entre humains et vampires comme le disait certains, une heure que la voleuse affectionnait particulièrement bien qu'elle n'y sorte que peu. C'était à ces moments là que les proies étaient les plus nombreuses, et là où elle pouvait voir s’éteindre l'activité humaine prête à rentrer chez elle et observer les intérieurs des maisons au travers des portes entrouvertes sans être brûlée par le soleil, malgré qu'elle ne soit pas au mieux de sa forme. Mais la chose n'était pas de rigueur à l'instant où elle pensait à tout cela. D'abord parce que cela faisait bien longtemps que les rues étaient vides, ensuite parce qu'elle n'était pas venue si tôt pour voler mais profiter au maximum de l'obscurité pour faire le tour de la ville. Plus vite serait-il fait, plus court serait son séjour. Elle n'avait pas non plus l'intention de se battre avec qui que ce soit, inutile d'attirer l'attention sur elle, donc bien qu'elle eut préféré être en pleine possession de ses sorts et de ses capacités physiques, cela ne la gênait pas tellement.
Avançant prudemment, se repérant aux tours du château qui pointaient devant elle, elle se glissa le long des ruelles, passant sous les porches, évitant habilement les quelques patrouilles humaines qui circulaient. Les pauvres. Ils n'avaient aucune chance de vaincre les forces du Néant. Toutefois ce ne serait pas la vampire qui tenterait quoi que ce soit qui puisse leur nuire, elle savait fort bien que malgré tout, ils étaient, tout comme les fortifications qui entouraient la belle ville, un des derniers remparts contre les monstres attendant à l’extérieur. Toutefois un point la titillait. Elle allait avoir besoin de se nourrir avant la fin du séjour, si elle avait l'occasion de le faire cette nuit ce serait encore mieux. Elle se passa la langue sur les canines, un filet de venin coulant dans sa gorge. Oui, quelques gorgées de sang dans les heures à venir et elle pourrait avoir trois jours de répit pour se consacrer à sa mission. Peut-être pourrait-elle trouver un voleur, ils ne devaient pas être difficiles à repérer, ce devaient être les seuls à ne pas se déplacer en groupe. Elle n'avait de toute façon pas vraiment envie de rentrer par effraction dans une maison, ce serait une terrible perte de temps et au vu du climat moral extérieur qui courrait, les gens étaient de plus en plus prudent, elle risquait de se faire très mal accueillir si l'un des habitants ne dormait pas. Et un coup de couteau dans le ventre n'était jamais agréable, même pour un vampire. Elle se serait volontiers rabattu sur un soldat, songeât-t-elle en se dissimulait dans un renfoncement, observant passer un groupe militaire solidement armé. Mais autant commencer à s'habituer aux manies de Kylian, si en plus elle pouvait laisser la vie à ses protecteurs (bien que ceux-ci ignorent qu'ils en avaient le glorieux titre), tant mieux. Elle en croiserait peut-être sur son chemin, tout le monde sait que la guerre est propice aux voleurs.
Soupirant, elle sortit de sa cachette une fois la voie libre et passa machinalement un doigt contre la poche de cape... vide. Comment cela, vide ? Paniquée, elle ouvrit sa cape et vérifia la poche où elle dissimulait Dévoreuse. Rien. Comment avait-elle put tomber ? La poche n'était pas abîmer, à aucun moment elle n'avait trébuché ou fait quoi que ce soit qui aurait put la faire tomber. Avec un juron de contrariété, le ventre serré, elle jeta un regard de regret vers le palais si proche et fit demi-tour. La jeune femme ne pouvait se permettre de laisser, abandonnée au sol, Dévoreuse. Si les Alayiens la trouvait, Armanda ne serait plus qu'un tas de ruines, et les vampires disparaîtraient pourchassés. Elle refit donc minutieusement le chemin en sens inverse, observant le sol avec intention. Elle avait donc parcouru tant de chemin depuis sa sortie des souterrains ?
Elle parvint à l'entrée secrète sans rien avoir rien trouvée et regarda avec angoisse vers le chemin secret. Si elle avait laissé échapper l'objet dans le tunnel ou à l'extérieur, elle ne le retrouverai pas avant un long moment, à moins que la magie ne l'aide. Hyrri se passa nerveusement une main sur le visage. Que faire, que faire ? Partir maintenant, c'était prendre le risque de ne pas pouvoir revenir et de se faire tuer ou capturer par les troupes ennemis. Rester, celui de leur laisser Dévoreuse. Elle choisit la deuxième solution, la plus sage en vérité. Une raison de plus pour ne pas s'attarder.
Ce fut donc avec regret que la voleuse dirigea de nouveau ses pas vers le palais, empruntant cette fois-ci un itinéraire différent. Entre temps la nuit avait presque fini de tomber, et la vampire était presque invisible, noire silhouette parmi les ombres noires. Avec agilité, elle grimpa le long d'un mur, et, surplombant une petite ruelle on ne plus silencieuse, attendit patiemment une proie. Ce fut avec une immense satisfaction qu'elle vit bientôt apparaître un humain solitaire et, se laissant glisser derrière lui, l'attaqua. Avant de se rendre compte avec un peu de retard qu'il ne s'agissait certainement pas d'un voleur. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Jeu 17 Oct 2013 - 22:31 | |
| Gloria était bien différente de Glacern, à bien des points de vue. S’il avait pu se reconstituer une assez bonne image de la ville avant qu’elle ne soit en grande partie ruinée par les catapultes et autres redoutables armes de siège Alayiennes, Aristarkh trouvait la Capitale Impériale bien trop peu défendable, comparée à sa cité native. Mais après tout, la ville qui était sienne était à part, et incomparable. Quant à la population… Le siège avait divisé celle-ci en deux, si l’on exceptait les Nobles et autres nantis : les soldats, et ceux qui ne l’étaient pas. Et au-dessus de tous ces Sudiers, se trouvaient ses hommes, ceux que son Père lui avait confiés, à lui et à son Capitaine Helman Stonewall. Dans les jours qui suivirent sa première entrevue avec les Lords Korentin et Fabius, Aris avait entamé ses opérations de sape, à la tête d’un commando de quelques dix Nordiens. Ainsi, certaines nuits les voyaient quitter la ville, frapper un faible convoi de ravitaillement Alayien, détruire une ou deux armes de siège, voler de la nourriture plutôt que la brûler, comme le lui avait dit son père, et bien d’autres types d’actions du genre. Bien entendu, les envahisseurs avaient rapidement fortifié leur sécurité, et il devenait de plus en plus difficile pour eux de s’y introduire, mais jusqu’à présent, ils n’avaient pas eu de pertes à déplorer, hormis quelques blessures.
Mais ce soir, une telle opération n’était pas au programme. Non, comme à son habitude, il comptait monter sur les remparts, et étudier le camp ennemi à la lueur de leurs feux. Il venait de quitter avec dégoût les Nobles Sudiers du Palais qui se plaignaient de la moindre qualité, et quantité, de la nourriture, comparé à ce à quoi ils étaient habitués avant. Ces gens-là n’avaient aucune considération pour ceux qu’ils étaient censés gouverner. Quand il pensait à son Père, ou à n’importe quel Seigneur du Nord, qui mangeait la même chose que le plus humble de ses soldats, lorsqu’ils étaient en campagne, ces discours d’enfants gâtés le révoltaient. Et cela se prétendait Lord ? Mais fort des conseils de son paternel, Aris tâchait autant que possible de cacher la répulsion qu’ils lui inspiraient. Sois un bon politicien, ne cessait-il de se morigéner, car telle est la loi ici. Bien sûr, il ne cachait pas son inflexibilité Nordienne, sa façon d’être, mais arrondissait les angles afin de, sinon de s’en faire des alliés, du moins se faire obéir d’eux lorsque la nécessité s’en faisait ressentir. Son jeune âge jouait en sa défaveur, mais son sang de Svenn, et la réputation des siens, l’y aidaient quand même.
Vêtu de son éternel armure sombre de cuirs et de mailles, une épée attachée à sa hanche, et son Organix qu’il portait à la main, Aristarkh descendait les rues du Quartier Riche vers l’enceinte extérieure. C’était une nuit tranquille, et pour une fois, les Alayiens ne bombardaient pas la ville. Ce devait être leur jour de congé, pensa-t-il avec un humour noir. Mais ce n’était pas pour autant que les gens se risquaient dans les rues. Les fenêtres, ainsi que les portes, des maisons encore debout, étaient barrés de lourdes planches de bois, chacun pensant que ce surcroît de protections physiques les protégeraient de la chute de la ville, si cela devait advenir. Plus les jours passaient, plus la tension grimpait, mais l’espoir, lui, se faisait désirer. Et la correspondance qu’il entretenait avec son Père lui apprenait que la libération de Gloria par les forces conjointes de Glacern et de Lyssa n’était pas encore possible. Voilà une nouvelle qui avait déplu à Lord Korentin, mais les certaines nécessités prenaient le pas, en temps de guerre, sur les désirs de tout un chacun.
Pas âme qui vive, et aucun cœur qui batte, mis à part le sien. Aris avait l’impression de marcher dans une ville morte. Ceci dit, vu le nombre de cadavres qui devaient pourrir sous les décombres pas encore dégagés… Dès qu’ils trouvaient un corps, ils le brûlaient, afin d’offrir au défunt un semblant de rituel avec retard, et cela permettait d’éviter une épidémie, qui serait fatale dans une ville fermée comme l’était Gloria en cette sombre époque. Surtout que les conditions sanitaires de la Capitale avaient très fortement baissées parmi la populace, à tel point que les quelques Médecins qui restaient avaient des cheveux blancs à l’idée de ce qui pourrait leur tomber dessus comme contagion.
Le silence. Aucun brasier ne brûlait ce soir-là, aussi le silence n’était-il seulement troublé que par le bruit de ses pas et celui du vent. Les premiers temps, quelques-uns de ses hommes s’étaient fait attaquer au détour d’une ruelle du Quartier Pauvre par quelques coupe-jarrets désespérés. Ce qu’il était advenu d’eux avaient dissuadé les Glorians de s’en prendre aux étrangers du Nord, les Visages-Pâles, comme ils les surnommaient à cause de leur couleur de peau. Le silence ? Le vent ? Non, quelque chose venait de se déplacer dans son dos ! Un quelconque voleur se croyant en position de force en le prenant par surprise ? Quelle importance ? Un tel déplacement, aussi soudain, ne pouvait être causé par quelqu’un aux intentions innocentes.
Aris se retourna en faisant tournoyer son Organix afin de parer le coup qu’il attendait venir. Mais ce ne fut pas une lame qui rencontra son arme, mais plutôt une épaule qui fut frappée par le plat de sa double épée. Prestement, le Jeune Loup recula afin de mettre de la distance entre lui et son adversaire, distance qu’il mit à profit pour examiner celui-ci… Ou plutôt celle-ci. Bien que n’ayant pas la même expérience de Chasseur de Vampire que ses aînés, il ne pouvait s’y tromper, l’une d’entre eux se tenait en face de lui, et avait visiblement tenté de… Brr, quelle image répugnante. Plutôt mourir que d’être vampirisé après avoir servi de repas.
« Cette odeur est reconnaissable entre mille. Vous êtes tombée sur la mauvaise personne, ce soir, Vampire, et plus jamais vous ne commettrez d’erreur. »
Tenant à deux mains le manche central de son arme, qu’il tenait pointée à quarante-cinq degrés vers le ciel, Aris raffermit sa prise sur celle-ci, et affina la position de ses pieds sur le sol.
« Une dernière volonté à faire valoir, monstre ? »
Quel dommage qu’elle fût Vampire, car elle avait dû être magnifique lorsqu’elle avait encore le sang chaud comme les siens. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 19 Oct 2013 - 20:53 | |
| L′attaque de la jeune fille fut un cruel échec. Le coup d′épée, bien qu′il ne soit fait qu′avec le plat de la lame, la projeta sur le côté, et elle ne dû qu′à ses réflexes de vampire de ne pas s′effondrer sur le côté ; elle qui avait escompté sur la surprise pour son agression se retrouvait prise à son propre piège. Elle feula comme un chat en colère et recula pour se mettre hors de portée du tranchant de la lame en détaillant son adversaire. Il n′était pas un voleur, cela elle l′avait comprit, mais ce n′était non plus un simple soldat comme elle l′avait cru ensuite. L′arme qu′il portait était magnifique, trop chère pour un simple serviteur de l′armée mais il semblait trop bien s′en servir pour être un de ces riches seigneurs qui ne faisaient que parader ; et bien qu′elle n′en ai jamais vu de semblable, elle se doutait que l′arme mystérieuse venait du Nord, la seule région qui lui était inconnue. Ainsi, l′humain qui lui faisait face était un Nordique ? Nordien ? Comment disait-on d′ailleurs ? Bah, cela n′avait pas d′importance. Pour l′instant, elle allait devoir se dépêtrer de la fâcheuse situation dans laquelle s′était fourrée.
Car tout cela semblait facile, à première vue : elle pouvait s′enfuir ou bien le tuer, et le problème était réglé. Mais il se trouvait qu′en réalité, elle était confrontée à un dilemme des plus ennuyeux. Si elle prenait la fuite, il avait de fortes chances pour qu′elle finisse par être traquée, encore, jusqu’à ce qu′il ne reste d′elle qu′un charmant cadavre. La mort, c′était bien quand on était vivant. En vampire par exemple. Après, cela devenait ennuyeux, bien qu′Hyrriena n′ai jamais essayé. Si elle restait et le combattait, deux choix s′offraient à elle : ou bien elle le tuait, et là elle allait s′attirer de gros problèmes non seulement avec les humains s′ils trouvaient le corps, mais aussi avec Roëric et Isyndar, qui comptaient tous deux sur sa réussite et sa bonne conduite. Ou bien, et là encore on en revenait au même point, c′était l′humain qui gagnait et la tuait.
Elle soupira. Sa vie était de plus en plus compliquée, et elle n′était pas sûre d′apprécier cela. Elle fléchit les jambes, en recula une, dégaina prudemment ses dagues. Ce ne seraient pas elle qui pourraient lui permettre d′esquiver les longues lames coupantes que la voleuse avait face à elle, mais mieux valait-être prudente. Elle pinça les lèvres en entendant l′insulte et darda sur lui un regard brillant de colère. Elle n′était pas un monstre. Lui pouvait parler, qui ne semblait attendre qu′une chose, lui trancher la tête avec son étrange lame. Finalement, elle n′était pas sûre de vouloir la paix avec les humains. Ils n′étaient qu′une bande de brutes, raciste et violente, enfermée dans un cocon d′idées reçues dont ils ne semblaient pas vouloir se libérer. La simple idée d′avoir affaire à un vampire les faisaient fuir à toutes jambes ou dégainer leurs épées. Hyrri n′était pas sûre que tenter de raisonner de tels êtres soit possible, et elle doutait de pouvoir se sortir de cette façon de l′instant présent. Mais elle se devait d′essayer, elle l′avait promis à son aîné vampire et dragonnier. Mentionner Kylian Wallam ne servirai probablement à rien, elle ne croyait pas vraiment à la clémence du peuple à sang chaud. Restait Dévoreuse. Mais la connaissait-il ? Elle fixa le visage qui lui faisait face. Il était probablement trop jeune pour être à un haut poste qui lui permettrait d′avoir accès à ce genre d′information, mais la vampire ne voyait pas quel autre choix s′offrait à elle.
-Rester en vie, le comptez-vous aussi comme une volonté ?
Cela n′avait été qu′un murmure ironique, pourtant elle était sûre qu′il l′avait entendu. Gagner du temps pour mettre en ordre ses pensées, voilà ce qui était important. Elle sentit le venin de ses crocs se répandre dans sa bouche quand une brusque bouffée d′air frais vint les frôler, emportant avec lui le délicieux parfum du sang de l′homme. Oulà, voilà qui devenait dangereux. Ses yeux dorés brillèrent un instant avant qu′elle ne se calme. Un léger pas sur la droite, tout en douceur pour ne pas brusquer son ennemi, et l′effluve disparue. À présent, elle pouvait voir la silhouette majestueuse du palais humain se dresser face aux étoiles. La vision la ramena à la réalité et elle baissa lentement Tirmna et Calivni sans pour autant se détendre.
-Je ne veux pas votre mort, humain. Laissez-moi passer, je ne cherche qu′à chasser les criminels et les vautours de leur genre que leur amante la Guerre amène avec elle. Je doute fort qu'ils vous manquent, et j'ai besoin de me nourrir. En quoi cela peut-il vous gêner? Je vous ai pris pour l'un d'eux, mes excuses.
Elle était sincère. C′était rare, mais elle disait vrai et à moins d′être un imbécile fini l′autre devait le sentir. Seules ses excuses n'étaient absolues pas sincères. Elle n'était pas le moins du monde désolée de la méprise, si c'était que cela l'avait mise en fâcheuse posture.
Elle ne parvenait toujours pas à se décider en ce qui concernait Dévoreuse. Que pouvait-elle lui dire ? « Peut-être avez vous entendu de Dévoreuse, humain. Si tel est le cas, me tuer serait prendre le risque de perdre de précieuses informations à son sujet. ». Oui, cela semblait bien, un bon argument de plus, pourtant... Il y avait fort à parier que cela la mènerai à finir enchaînée dans le joli château qu′elle contemplait quelques instants plus tôt, et finalement morte une fois les informations délivrées. Et puis... Dévoreuse était à elle. Elle l′avait trouvé, qu′elle l′ai perdu ne changeait rien. Elle reviendrai un jour dans sa poche. Que ce soit les humains qui la trouve la rendait malade.
Le regard toujours plongé dans celui du guerrier, Hyrri se fit la réflexion que finalement, peut-être valait-il mieux le tuer. Elle verrait la suite des événements. Affirmant sa prise sur ses deux poignards, elle bougea légèrement l′épaule gauche, où elle avait recu le coup. Cette brute n′y était pas allé de mains mortes. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 27 Oct 2013 - 20:53 | |
| [HRP : Désolé du retard ^^"] Ce fut le silence qui lui répondit tout d’abord, comme si la jeune Vampire réfléchissait à ce qu’il convenait de faire. Aristarkh mit ce temps à profit pour se remémorer les plus importantes leçons qu’il avait reçu en vue d’un tel moment. Se remémorer sa première chasse… Non, elle avait fini de manière trop funeste pour y repenser en un tel moment. Le Jeune Loup chassa l’image du corps de Tatyana de son esprit, et se reconcentra sur la dentue en face de lui. Dans ses yeux se lisait une colère. Colère de s’être ainsi faite surprendre ? De n’avoir pu planter ses crocs dans sa chair ? Allez donc savoir, et pour dire la vérité, Aris s’en fichait éperdument. Il ferait son devoir, comme tout Nordien qui se respectait.
Mais ce furent d’abord ses yeux, qui éveillèrent à nouveau sa mémoire. Tandis que la Vampiresse reculait et se saisissait de ses armes – deux dagues. Qu’escomptait-elle faire avec, face à son Organyx ? – Aristarkh en profita pour détailler plus attentivement cette représentante du peuple honnie, éclairée par la lueur argentée de la Lune. Il y avait quelque chose, dans son expression, ses longs cheveux bruns, son visage fin et délicat, juste troublé par une cicatrice au-dessus de ses yeux, qui lui rappelait justement Tatyana. Non, cesse donc d’affaiblir ton esprit par de telles pensées, n’eut-il de cesse de s’invectiver. Cette Vampiresse en face de toi est ton ennemie, comme tous ceux de sa race. Cette Vampiresse qui d’ailleurs venait de parler, mais si bas qu’il douta d’abord de l’avoir entendu. Sa réponse à sa question, posée quelques instants avant, lui arracha malgré lui un sourire amusé. Elle ne manquait décidément pas de cran, ni de courage. Ou bien était-ce de la témérité, cousine de la folie. Difficile d’en juger, car courage et témérité n’étaient que les deux faces d’une seule et même pièce ; la frontière entre les deux était aussi floue qu’un livre lu à travers certains verres que portaient les mestres pour pallier à leur vue faiblissante. Devait-il lui répondre, ou bien la laisser mariner dans son jus ? Ce ne serait assurément pas une conduite digne d’un gentilhomme, mais il ne se trouvait pas en face d’une Demoiselle de haut parage. Et les codes appliqués au Nord étaient propres à la vie rude qui était la leur dans les montagnes. Mais ce fut finalement elle qui le décida à ne pas reprendre, en se déplaçant aussi lentement que si elle marchait sur des œufs. Se préparait-elle à attaquer ? Au cas où, Aris pivota sur lui-même pour rester face à elle.
Son sourire s’élargit lorsque la Vampiresse reprit la parole, d’une voix plus forte que précédemment cette fois-ci. L’expression dans son regard semblait vouloir dire qu’elle ne mentait pas, pas totalement du moins. Aris plissa les yeux tandis qu’il réfléchissait à toute vitesse. Plus il perdait de temps à parler, plus cela ferait l’affaire de son « interlocutrice ». Ne lui avait-on pas appris à ne faire aucun cas de ce qu’un Vampire pourrait dire, et à le traquer pour le tuer ? Il savait qu’il commettait là une grossière erreur, mais la tentation de lui répondre était trop grande. Et puis, c’était la première fois qu’il se retrouvait vraiment seul en face d’une Vampiresse.
« Je suis touché que vous ne souhaitiez point répondre mon sang, Vampire, même si je dois avouer que cela n’est pas entièrement réciproque. »
Aristarkh se tut, tandis qu’une légère brise se levait, rafraîchissant l’atmosphère de cette fin d’Eté. Ah, la chaleur du Sud. A cette période de l’année, et même les mois d’avant, le Nord voyait toujours des neiges estivales s’étendre sur les monts environnants. Et jamais les températures n’atteignaient d’aussi hautes valeurs. Certes, pour un natif de la métropole, le froid régnerait toujours, mais pour eux qui y étaient habitués…
« Néanmoins, vous posez là une question intéressante. En quoi cela peut-il me gêner ? Dans le Nord, les criminels sont punis de manière systématique, en effet, et je ne porte pas ceux du Sud dans mon cœur. »
Aris fit jouer ses doigts sur le manche de son arme.
« Mais il existe deux raisons qui font que je ne peux vous laisser faire cela. La première est que j’ai été envoyé ici par mon Père pour protéger les habitants de cette ville, et tenir celle-ci face aux Alayiens. »
Il adressa un sourire charmeur à la demoiselle avant de reprendre.
« La seconde, c’est que j’ai été élevé pour empêcher les vôtres de profiter des miens. Mon éducation fait que je ne peux vous laisser libre de vos mouvements, malgré que vous soyez d’un charme rare. Dangereusement attirante, je dois dire, et certainement très intéressante à côtoyer, mais… Le fait est là. Vous êtes une Vampire, et je suis un Nordien. Et votre peuple a trop souvent apporté la peine et la souffrance dans nos murs. »
Il soupira, tandis que le visage de Tatyana ne cessait, dans ce clair-obscur, de se superposer sur celui de la Vampire. Déjà qu’il retombait dans ses travers de Don Juan, il ne lui fallait pas en plus que son cœur soit faible à cause de la résurgence d’un souvenir. Aristarkh avait commis une erreur, et il le savait : il n’aurait jamais dû parler à cet être nocturne.
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mar 29 Oct 2013 - 11:18 | |
| Il se méfiait, c′était indéniable ; sinon, pourquoi aurait-il suivit son mouvement pour rester face à elle ? Pourtant, Hyrriena avait l′intime conviction que malgré l′envie évidente qu′il avait de la tuer, quelque chose l′en empêchait. La lueur de curiosité qui brillait dans ses yeux sombres y était probablement pour quelque chose. Il n′avait jamais donc vu de vampire ? Ou bien était-ce qu′il ne les avait vu que sous forme de cadavres et n′avait jamais put eu la possibilité de parler à l′un d′entre eux ? La jeune femme réprima un haussement de sourcil. Après le monstre, la bête de foire. Charmant, vraiment. Ces Nordiens, nordiques... ces gens du Nord n′avaient aucune éducation. Et ce sourire, que signifiait-il donc ? Elle ignorait s′il se moquait d′elle ou s′il était simplement amusé par la réction qu′elle avait eu. Agacée, la jeune fille souffla par le nez, plus par réflexe que pour expulser l′air de ses poumons, puisqu′elle n′avait nullement besoin de respirer. Elle ignorait ce que pensait l′humain, et quelles étaient vraiment ses intentions. Allait-il l′emprisonner et la laisser mourir de faim ? La torturer pour avoir des renseignements sur les vampires ? Ah, l′incertitude... c′en était incroyablement agaçant.
-Je suis touché que vous ne souhaitiez point répondre mon sang, Vampire, même si je dois avouer que cela n’est pas entièrement réciproque.
Ah, et bien elle était fixée. Donc, il voulait bien sa mort. Qu′attendait-il alors ? Par le Dracos, qu′il garde son ironie pour lui et qu′il se décide à agir. La voleuse lui avait laissé une porte de sortie : il pouvait fort bien s′éloigner pour la laisser à sa chasse aux criminels puisque cela les servirait tous deux. Mais le silence s′éternisa, à peine troublé par une fine brise qui agita sa cape et anima les cheveux en bataille de son vis-à-vis. La vampiresse se garda bien d′émettre la moindre parole, le moindre son, préférant attendre patiemment ; elle l′admettait en elle-même, elle était excessivement tendue par les événements. Ses deux bras étaient, sous le tissu de sa tunique, contractés au maximum et son esprit se concentrait sur les mouvements de son adversaires. Cela faisait longtemps qu′elle n′avait pas combattu, et il n′y avait plus en elle ce murmure insidieux qu′émettait Dévoreuse et qui la poussait à faire le mal ; c′était donc presqu′étrange de se retrouver en pareille situation, où elle devait, seule, faire face à un ennemi armé.
Enfin, après que les longues secondes, considérées comme une éternité par la jeune fille, prirent fin, l′étranger reprit la parole. Ainsi, il admettait volontiers que les proies que chassaient la vampiresse ne lui manqueraient pas. Toutefois, elle sentait un « mais » derrière tout cela.
Un léger mouvement attira son attention ; il jouait avec le manche de son arme. Qu′est-ce que cela signifiait donc ? Le froncement de sourcils de la jeune fille se transforma en une grimace de surprise en apprenant que celui qu′elle avait cru être un voleur était en réalité l′un des principaux organisateur de la ville. Pour une erreur, c′était vraiment une grosse méprise ! Ainsi, il était le fils du Seigneur du Nord ? Un Svenn, si sa mémoire était bonne. Une lignée de tueurs dangereux, qu′aucun vampire sain d′esprit n′approchait. D′où lui venait cette information ? Elle ne le savait plus, mais elle l′avait entendu. Les prénoms en revanche, elle les ignorait. Bouche-bée, elle détailla le visage qui lui faisait face. Peau pâle, yeux d′un bleu tirant sur le noir, cheveux de jais... Un appétissant morceau. Sans doute son sang était-il onctueux et nourrissant... Mais non ! Criminels, avait-elle dit, seulement les criminels. Fiou, c′était plus dur que prévu. D′autant plus que l′humain ne cessait de la surprendre. A quoi jouait-il, à présent ? Que signifiait donc ce sourire charmeur et ces paroles doucereuses, pour finalement en venir au fait qu′il devait la tuer ? La conversation devenait de plus en plus intéressante, et chassa son envie de se repaître cou blanc de l′homme. Un Nordien donc. Au moins saurait-elle dorénavant comment appeler son peuple.
-Ainsi donc, vous me condamnez pour ce que mon peuple a fait au vôtre ? Est-ce là votre sens de la justice et de l′égalité que vous prônez tant, vous les humains ?
Elle s′approcha lentement, ses yeux dorés braqués sur ceux de son interlocuteur, semblant glisser sur le sol.
-Vos ennemis sont aussi les miens, humain. L′Armanda entière se lève contre les armées alayiennes qui dévastent tout sur leurs passage. Croyez-vous vraiment que me tuer vous aidera dans cette guerre ?
Arrivée à une distance de bras de l′étranger, elle s′immobilisa, lames baissées. Dans ses yeux brilla une colere sourde lorsqu′elle reprit :
-Croyez-vous vraiment que nous sommes les seuls à vous avoir été persécutés ? La réciproque est vraie, et vous êtes bien placé pour le savoir, tueur de vampires. Dans le silence de la nuit l′on entend encore les cris de chasse des vôtres et la lente agonie des miens ! Mon peuple a bien souffert, bien que vous sembliez l′ignorer !
Non pas que cela la gêne énormément. Elle n′avait pas grande affection pour les siens, et avait plutôt tendance à les fuir. C'était qu'on la poursuive elle qui l'agacait prodigieusement. Elle ne comptait plus les heures passées à fuire la barbarie humaine. Et elle voulait le faire réfléchir. Apres tout c′était sa vie qui se jouait à l′instant présent. Elle lui adressa un étrange sourire, mélange d′innocence et de moquerie, sans toutefois dévoiler ses canines ivoires, et ronronna doucement :
-Et maintenant ? Allez-vous me tuer, m′emprisonner ?
Avec un peu de chance, ce ne serai ni l′un ni l′autre. Lames toujours basses, ses doigts s'enroulèrent encore davantage sur leur manche, exerçant un contrôle impeccable dessus. A jouait-il donc, ce petit? |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 2 Nov 2013 - 0:39 | |
| On aurait pu croire que la rue leur appartenait. Seuls les remparts illuminés donnaient encore l’impression que la ville était habitée, excepté le Palais et les quelques demeures dont on pouvait voir les lueurs tremblotantes des bougies transparaître à travers les planches clouées sur les fenêtres. La rue n’étant pas souvent fréquentée par les patrouilles, la Vampire et lui étaient pour ainsi dire seuls, comme deux amoureux se retrouvant en secret à la lueur de la Lune, dans un lieu idyllique. Mais la situation présente était bien moins poétique : des armes les séparaient, et le moindre geste suspect risquerait de provoquer la mort de l’un d’entre eux, voire des deux.
Leur sens de la justice ? Comment osait-elle mettre en doute l’intégrité de la Maison Svenn à travers lui ? La justice et l’égalité étaient faites pour les siens, pour son peuple. Jugez-vous un cygne avant de le mettre à mort pour votre assiette ? Comment pouvait-elle brandir l’étendard de la justice alors que les Vampires chassaient les Humains comme ces derniers chassaient les lapins ? Il était bien facile de s’abriter derrière des idéaux lorsque l’on se savait menacé, et ne pas hésiter à les bafouer une fois sauf. Et pourquoi donc avançait-elle ? Flairant une possible menace, Aristarkh recula l’une de ses jambes, prêt à bondir au contact de la Vampire si celle-ci l’attaquait.
Mais ce n’était visiblement pas son intention. Pas immédiate, du moins. Comment elle pourrait réagir par la suite, il n’en savait rien, mais elle ne semblait pas avoir plus envie que lui de le tuer sur le moment. Sinon, pourquoi prendrait-elle la peine de lui répondre, comme lui avait failli en lui parlant le premier ? Mais ce n’étaient là que pures suppositions, et avec un Vampire, il ne fallait jamais jurer de rien. Mais par le Sang du Loup, insinuerait-elle que, pour la seule raison que les Alayiens attaquaient autant les dentus que les Humains, ils étaient alliés ? S’il la tuait maintenant, cela lui enlèverait la peine de la tuer après lorsque la guerre contre son peuple reprendrait – bien que pour les Nordiens, elle n’avait jamais pris fin depuis la toute première.
Seules quelques dizaines de centimètres les séparaient encore, lorsqu’elle arrêta d’avancer dans sa direction. S’il avait respecté et appliqué ce que l’on lui avait appris à Glacern, il aurait déjà dû tuer la Vampiresse. Un Nordien ne devait tolérer une telle proximité avec un Vampire que pour mieux le tuer. Et pourtant, Aris ne faisait rien, et restait immobile – certes sur ses gardes, mais immobile tout de même – à la regarder et l’écouter. La regarder s’emporter. Malgré lui, il ne put s’empêcher de lui trouver un certain charme, tandis que ses yeux lançaient des éclairs. Elle parlait de persécution, mais qu’était-ce que cela ? Posez la question à un Vampire, de pourquoi il chasse les Humains, il vous répondra qu’il s’agit là de la chaîne alimentaire. Posez la même question à un Enfant du Nord, en inversant les termes d’Humains et de Vampires, et il vous répondra qu’il s’agit là d’un devoir ancestral. N’étaient-ce pas, après tout, les Vampires qui, les premiers, avaient commencé à s’en prendre aux citoyens de l’Empire ? Même la guerre actuelle était de leur fait, bien que l’on puisse en incomber la faute à l’Empereur en place lors de la dernière guerre pour ne pas avoir osé finir ce qu’il avait commencé. Mais cette femme, cette fille… Il ne pouvait se résoudre à la tuer. Non pas parce que son discours l’avait touché d’aucune manière – fût-il tombé sur un autre Vampire qu’il l’aurait tué sans hésiter – mais parce que, en ayant échangé quelques mots avec elle, il en était venu à ne pas la considérer comme un être irréfléchi. Pourquoi ne l’avait-elle pas attaqué, tous crocs dehors ? Les choses auraient été bien plus simples alors pour tous les deux. Cette damnée Vampiresse… On n’avait pas idée de s’excuser pour une agression manquée.
« Vous n’arriverez pas à me faire éprouver une quelconque culpabilité, Vampire, ni à m’émouvoir d’aucune sorte. Nous protégeons l’Empire de votre peuple, et si cela doit passer par votre extermination, alors nous vous pourchasserons jusqu’au dernier. Cela est notre Voie, cela est inscrit dans notre Sang. Tout comme vous avez besoin de sang Humain pour vous nourrir, c’est pour vous une obligation, une manière d’exister. Lorsque l’Hiver vient, la Race Vampirique trépasse. Nous ne tuons pas les vôtres par plaisir, mais par devoir, tout comme vous vous nourrissez par nécessité. »
D’aucuns auraient pu voir dans ses paroles comme un prélude à une attaque, et pourtant le Jeune Loup n’en fit rien. Il savait qu’en agissant ainsi, il allait à l’encontre de tous les préceptes que l’on lui avait inculqués depuis qu’il avait été en âge de comprendre les paroles prononcées, en âge d’apprendre. Aris savait aussi que si son Père apprenait la manière dont il avait réagi ce soir, il risquait de se retrouver pendu à un arbre comme n’importe quel vaurien. Ce sombre avenir valait-il les agréables frissons ressentis en voyant ce sourire ? Non, même souriante, il devait la tuer.
En proie à un véritable conflit intérieur, Aris serra ses mains sur le manche de son arme, puis finalement abaissa un peu celle-ci, en la gardant toujours pointée vers la Vampiresse au cas où elle bondirait sur lui, mais montrait ainsi qu’il n’avait pas (plus ?) d’intentions meurtrières à l’encontre du papillon nocturne aux yeux d’or liquide.
« Mon devoir et mon honneur de Fils du Nord me commandent effectivement de vous tuer. La prison serait trop douce pour un Vampire. Mais… »
Aristarkh plongea son regard dans celui de la Vampiresse.
« Surtout, ne me demandez pas pourquoi, commença-t-il d’une voix intimidante, qui se radoucit par la suite. Mais je ne vais pas planter mon arme en vous ce soir. Quelque chose en vous m’en empêche. Néanmoins je ne puis vous laisser errer à votre guise dans les rues de Gloria. »
Il laissa passer quelques secondes avant de reprendre.
« Je vais vous escorter jusqu’à la sortie de la ville, derrière les lignes Alayiennes. Cela vaudra mieux pour vous ; mes frères d’armes seront moins… Conciliants avec vous. »
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Lun 4 Nov 2013 - 16:44 | |
| Méfiant, son interlocuteur... Prêt à se défendre (ou à attaquer peut-être?) il la fixait sans s′émouvoir. Et pourtant, son visage jeune et pâle n′était pas exempt de sentiments. De toute évidence, elle l′avait vexé. Agacé peut-être ? L′un comme l′autre était tout à fait possible, et Hyrriena réprima un sourire à cette idée. Ça n′avait pas été son but, d′offenser le jeune humain. Après tout, il avait été aimable avec elle ; ne l′avait-il pas épargné, alors qu′il avait eu la possibilité de la tuer ? D′′accord, il devait savoir que tuer un vampire n′était pas ce qu′il y avait de plus évident, et que la jeune fille aurait probablement eu le temps de le mordre avant qu′il ne l′atteigne, si seulement il y parvenait. Mais elle préférait ne pas le sous-estimer. C′était un Svenn après tout... Bien que cette vieille lignée soit une des branches les plus bornées existant parmi les hommes, ils étaient également de très bons chasseurs de vampires, leur réputation les précédant.
Chasseurs de vampire... Un instant, ses prunelles s′assombrirent tandis que le visage de Corlina étincelait dans la mémoire de la voleuse. L′ancestrale était morte par la main de l′un d′entre eux. Ils appelaient cela un métier ? C′était un honneur, selon leurs dires ? Ils avaient massacré la vampire ; cela n′avait rien de noble. Était-ce l′un des membres de la famille du jeune homme, qui l′avait tué ? La jeune vampire qu′Hyrriena était à l′époque n′avait jamais retrouvé la trace des meurtriers, mais elle n′avait jamais perdu espoir de le faire pour autant. Si par hasard, sa route croisait l′un des descendants des lâches qui s′étaient prit à sa bienfaitrice, elle le tuerait. Du moins si elle le pouvait. Et encore fallait-il qu′elle le sache. Ce faisait beaucoup de « si ». Devait-elle tuer le jeune inconscient face à elle ? Pour un crime qu′il n′avait de toute évidence pas commis au vu de son jeune âge ? La vampiresse ne portait pas les siens dans son cœur, qu′il ait put en tuer ne la concernait pas, et ne la gênait pas non plus.
Chassant ces sombres pensées de son esprit par ailleurs bien assez obscur, elle reporta son attention sur le présent, et tiqua en entendant la réponse qui lui fut offerte. Ainsi, ils avaient bien dans l′idée d′exterminer la race vampirique. Et sans regret semblait-il. Bluffait-il ? Non, ce ne semblait pas être le cas. Donc, ils régleraient cela par le sang. Dommage... Hyrriena en était venue à croire qu′elle pourrait s′en tirer à bon compte. Comme une danseuse jouant un ballet maint et maint fois répété, elle fléchit une jambe, se plaça de biais et assouplit ses bras, les mains fermement ancrées sur les manches de ses poignards. Si elle devait le tuer, que ce soit par ses lames et non par ses canines ; un petit hommage qu′elle lui devait de part son indulgence momentanée. Et attendit. Attendit que son ennemi se décide à l′attaquer. L′observant avec attention, cherchant le signe avant-coureur annonciateur d′une attaque. Ah... Là ! Il avait resserré les mains sur le main de son arme étrange. Elle banda ses muscles, prête à combattre... ou à s′envoler.
Elle fut presque décue de le voir finalement abaisser sa lame. Presque seulement. Voilà que, pour la deuxième fois, il lui parlait plutôt que de l′attaquer. Sans comprendre, elle le fixa en fronçant les sourcils, une interrogation muette brillant dans son regard doré. Auquel il répondit sans vraiment répondre. Donc, il ne voulait pas la tuer, mais estimait que la prison serai trop douce. La vie l′était-elle moins, à ses yeux ? Voilà qui était étrange. Il sacrifiait son Honneur et son sens du Devoir pour la sauver ? C′était... tellement... incongrue. Elle lui aurai volontiers demandé pourquoi s′il ne lui avait expressément commandé de ne pas le faire. Et au son de sa voix à l′instant où il l′avait dit, la voleuse estimait qu′il valait mieux pas prendre le risque de la contrarier. Ils étaient si instables, ces humains.
Fixant le regard sombre étrangement réconfortant, du bleu de la nuit dans laquelle elle vivait, Hyrriena sursauta en entendant sa décision. Hors de question !! Elle n′allait pas quitter la ville après le mal qu′elle s′était donné pour y entrer ! S′il le fallait, elle prendrait ses jambes à son cou et le semerai, mais il n′était pas question de risquer une nouvelle capture par les Alayiens !
-Non ! Je ne quitterai pas cette ville maintenant, répondit-elle calmement mais avec davantage de fermeté à laquelle était habituée. J′ai... des choses à faire, je ne peux pas les abandonner. Emmenez-moi au-dehors et je reviendrai. Nous perdrons du temps, tous les deux, et ce geste pourrait-être considéré comme de la haute trahison en ce qui vous concerne. Quant à moi, je risquerai ma vie en croisant la route des Alayiens.
Elle se tut, rassemblant ses pensées, ne sachant comment le convaincre.
-Écoutez... Je vous remercie pour... votre indulgence, mais il n′est pas question que je vous suive. Laissez-moi partir. Je ne toucherai à personne, je vous en donne ma parole. Et ne croyez pas, reprit-elle avec agacement, que parce que je ne suis pas humaine ma parole ne veut rien dire.
C′était un bon compromis, n′était-il pas ? Que pouvait-il lui reprocher ? Il ne semblait pas avoir envie de la tuer, pas plus que de l′emmener au château, ce qui, dit en passant, arrangeait fortement la demoiselle. Tentant de se relaxer, celle-ci relâcha de nouveau ses armes, agacée et nerveuse. À quoi donc rimait ce manège ? Une fois prêts à verser le sang et à défendre leur vie, l′instant suivant à palabrer en vaines paroles puisqu′aucun arrangement n′avait encore put convenir. Cela la crispait affreusement de ne pas réussir à comprendre ce mystérieux humain. Ordinairement, son peuple était plus bêtement compréhensible. Pourquoi était-elle tombée sur le seul qui sorte de l′ordinaire ? Doucement, pour ne pas brusquer son interlocuteur, elle se passa la main sur la nuque, cherchant à détendre ses muscles crispés et lui montrant ainsi qu′elle n′avait, malgré son opposition à sa décision, pas d′intention agressive.
-Je dois voir quelqu′un, c′est important. Peut-être, si j′y parviens, me considérerez-vous comme une alliée, plus tard. Je ne veux pas faire sombrer la ville, loin de là.
Isyndar et son lié se chargeraient de toute façon de la tuer si elle le faisait. Quant au reste de ses paroles, elles ne représentaient pas tout à fait un mensonge. Là encore, Hyrri avait tourné sa phrase de manière à être en partie dans le vrai. Elle devait effectivement voir quelqu′un. Plusieurs personnes même. Observer, espionner plutôt que voir aurai sans doute été plus réaliste. Mais nul ne pouvait l′accuser d′être une menteuse ! Bien entendu, l′idée d′être allié à un vampire devait lui être bien surprenante, si ce n′était franchement comique. Mais plus que de tenter d′être réaliste, Hyrri souhaiter surtout le convaincre qu′il n′avait rien à craindre d′elle... et qu′elle aimerai volontiers avoir la même certitude à son égard.
Dernière édition par Hyrriena Moledvina le Ven 15 Nov 2013 - 19:40, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Lun 11 Nov 2013 - 17:03 | |
| Quelle étrange nuit que celle-ci, où rien de ce qui aurait normalement dû se dérouler n’eût lieu. Des deux étrangers, il n’aurait dû en rester qu’un, et pourtant les deux survécurent. Aristarkh avait en quelques minutes violé la plus grande partie des règles que ses Maîtres lui avaient inculquées durant son enfance et son adolescence, tout ça à cause d’une simple impression, d’un simple ressenti. Cette Vampiresse n’était pas comme ceux qui avaient tués Tatyana, elle était plus… Plus humaine, en un sens. Oh, elle aurait pu être très douée dans l’art de la fourberie et de la ruse, et ainsi le rouler comme de la pâte à pain dans de la farine, mais il émanait d’elle… Eh bien, malgré qu’elle fût corrompue par la malédiction du Vampirisme, elle ne semblait pas aussi sombre que les autres… Et bien moins dangereuse que le dénommé Lorenz ou d’autres Vampires, encore qu’il ne fallait jamais sous-estimer un dentu, à moins de vouloir rapidement perdre sa vie.
Le ton et la réponse de la « jeune femme » lui firent hausser le sourcil. Des choses à faire ? Si elle croyait être la seule à être chargée d’une mission. Et puis, d’où lui venait cette envie de négocier sa proposition ? N’avait-il pas été suffisamment patient et aimable en lui proposant de l’escorter et de lui faire quitter la ville assiégée ? Mais alors qu’il aurait dû se ficher complètement de ce qu’il aurait pu advenir d’elle par la suite, Aris se surprit à tomber d’accord avec la Demoiselle Vampire : si les Alayiens la prenaient, ils n’hésiteraient pas à la tuer, comme lui avait fait. Néanmoins, il s’interrogeait sur les raisons qui la poussaient à un tel acharnement de rester à Gloria. Qu’est-ce qu’un être du Peuple de la Nuit avait de si important à faire dans une ville où sa simple présence pouvait lui valoir d’être poursuivi et abattu par n’importe qui, ville assiégée par surcroît par un envahisseur qui ne demandait qu’à exterminer son peuple.
Comme si elle sentait ses réticences à la laisser errer dans les rues, l’inconnue poursuivit, lui promettant de ne faire de mal à aucun Humain entre ces murs. Devait-il la croire ? Pouvait-on croire ce que disait un Vampire, surtout lorsqu’il assurait qu’il cesserait de se nourrir ? Si ses intentions étaient effectivement celles-ci, continuerait-elle de s’y tenir lorsque la faim et la soif la tenailleraient ? Beaucoup de ses congénères devenaient violents lorsque trop de temps passait sans qu’ils aient pu se nourrir, alors un Vampire pourrait-il être différent des siens et des Humains lorsque son estomac crierait famine ? Alors qu’elle terminait sa phrase, Aristarkh plongea ses yeux dans les siens, tâchant de déterminer s’il pouvait ou non lui faire confiance. La réponse était ambigüe : il avait envie de la croire, mais savait trop peu de choses d’elle pour le faire le cœur léger, et l’enseignement Nordien jouait contre elle depuis le début. Il aurait dû voir une menace dans sa présence, et même dans son mouvement pour se frotter la nuque – elle aurait pu, après tout, cacher une arme dans se chevelure – et pourtant il ne remonta pas son Organix en position de défense.
Ce qu’elle disait ne cessait de l’intriguer. Qui, dans cette ville, pourrait bien avoir un contact avec des Vampires ? Même si tous les Nobles Sudiers apparaissaient suspects à ses yeux de Nordien, Aris doutait que certains d’entre eux aient pu se compromettre avec d’autres que des Alayiens : ils n’avaient après tout rien à gagner d’une alliance avec les Vampires. Parmi les suspects potentiels, il restait le Souffle, étrangement calme depuis le début du siège, de ce que l’on lui avait dit, et peut-être la Horde, sans oublier l’éternel imprévu, dont on ignorait tout et qui s’avérait être la clef de voûte d’un édifice de secrets. Quoiqu’il en fût, l’idée de se retrouver allié à un Vampire avait de quoi le stupéfier. Ceci dit, cela pouvait effectivement être la suite illogique ce qui se passait ce soir. Mais en attendant, il avait un autre problème plus urgent à régler.
« Je peux comprendre l’urgence de votre quête, mais je ne peux toujours pas vous laisser parcourir seule ces rues. Je voudrais vous croire, mais je sais trop peu de choses de vous. Qui me dit que vous ne vous jouez pas de moi ? Il est bien trop facile pour une femme aussi charmante que vous de séduire un jeune homme tel que moi. »
Aristarkh se tut avant de proposer ce à quoi il pensait. Il n’y avait qu’une seule manière d’être fixé une bonne fois pour toute sur cette inconnue.
« Je vais rester avec vous cette nuit, et cela est non-négociable ! ajouta-t-il avant que ne lui prenne l’envie de l’interrompre. C’est le seul moyen que j’ai pour décider si oui ou non je peux vous faire confiance. Si, à l’aube, je juge que vous êtes digne de foi, alors je vous laisserai agir comme bon vous semble intra muros, sous réserve que vous restiez en contact avec moi, bien sûr. »
Ce n’était pas tant la mission de la Vampire qui l’importait, encore que cela ne le dérangerait pas – bien au contraire ! – d’en savoir la teneur, mais bien le fait qu’il ne voulait pas qu’elle se volatilise subitement sans qu’il le sache. Des bruits de pas résonnèrent dans la rue silencieuse. Une patrouille venait, mais d’après les accents, ce n’étaient pas des Hommes du Nord. Cela n’arrangeait pas plus les deux interlocuteurs, car dans tous les cas, il ne fallait pas qu’ils soient vus ensemble, ou même seule dans le cas de la Vampiresse.
« Suivez-moi, et sans un bruit, dit-il tout bas. »
Aristarkh s’engagea dans une petite ruelle encombrée de ruines, mais néanmoins toujours praticable, avança quelques mètres, et sauta par-dessus un mur écroulé sur un mètre après avoir fait signe à l’inconnue de le suivre., atterrissant dans un petit jardinet qui avait dû être bien entretenu avant qu’un projectile Alayien, couvert de poix enflammée, ne mette le feu à la demeure, chassant ses occupants. Ladite maison, bien que ravagée par l’incendie, tenait toujours debout, et aurait pu offrir un abri confortable pour les gens du peuple privés de leurs habitations, le quartier pauvre ayant été le plus durement touché. Aristarkh attendit d’être rejoint par la Vampire entre les murs noircis par les flammes de la bâtisse, et lui demanda, une fois qu’il fût sûr que les gardes ne pourraient pas les entendre.
« Puisque nous allons passer la nuit ensemble, pourriez-vous me dire votre nom ? Je doute que vous entendre vous faire appeler "Vampire" à tout bout de champs vous soit agréable sur le long terme. » |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 16 Nov 2013 - 21:10 | |
| Il semblait hésiter, bien que déchiffrer son regard sombre était plus ardu que ce dont elle avait l′habitude. La plupart des humains avaient un visage expressif, où chaque sentiment se décryptait relativement facilement. Et même la plupart des endurcis ne parvenaient pas à cacher totalement ce qui leur traverser le cœur, les yeux étant, comme le disant l′adage, les miroirs de l′âme. Mais avec celui-ci. Agacée, elle s′aperçut qu′en plus de ne pas réussir à déterminer ses intentions, la lumière de la lune était face à elle, limitant sa visibilité. Perles noires dans l′océan dans les deux grands lacs d′or liquide de ses iris, les pupilles s′accrochèrent à celle de l′humain, attendant le verdict. Il semblait avoir abandonné toute envie d′être agressif, mais ne savait-on jamais. Ses mains à présent éloignées de ses poignards, elle le fixa avec toute l′innocence du monde, regrettant de ne pas avoir cueillit quelques fleurs à glisser dans les cheveux, comme elle le faisait régulièrement, les accrochant ensuite avec la longue tige mortelle actuellement piquée au revers de sa cape. A priori n′avait-elle nullement besoin de pareil subterfuge, mais rien ne pouvait lui assurer que sous les élégants compliments de son interlocuteur, le sens du devoir ne finirait pas par prendre le dessus. Il était déjà surprenant que ce ne se soit pas encore passé ainsi.
Le verdict tomba, et la voleuse réprima un sursaut d′indignation devant la solution proposée et eut à peine le temps d′entrouvrir la bouche pour protester qu′il le lui interdisait déjà. Il osait lui donner des ordres ! Pourtant, malgré sa frustration, elle ne s′empêcher de ressentir une pointe d′admiration envers l′humain. En dépit de son jeune âge, il avait une autorité surprenante et possédait un esprit plus conciliant et ouvert que ce à quoi elle s′était attendu de prime abord. Une seconde d′hésitation avant qu′elle ne se décide. Perdre une nuit à ne rien faire, surveillée par un soldat inconnu, il y avait mieux, mais elle savait qu′elle n′aurait rien de plus. À trop demander, on finit toujours par ne plus rien obtenir. Aussi finit-elle par hocher brièvement la tête avec réticence :
-Bien sûr, vous aurez de mes nouvelles tous les jours, fit-elle suavement. Je suppose que c′est le meilleur arrangement que l′on puisse trouver.
Elle lui lança un regard de travers en ajoutant, piquante, adoucissant la provocation par un sourire amusé :
-Vous ne pourriez pas être de plus mauvaise compagnie que les alayiens, mais c′est à..
Elle n′eut pas le temps de finir qu′une rafale de vent lui amena l′odeur, forte et musquée, et elle s′interrompit au beau milieu de sa phrase. Si elle se fiait à l′odeur profondément marquée de transpiration, il s′agissait d′un groupe d′hommes. Soldats ou pillards ? Quoi qu′il en était, il ne faisait pas bon rester dans les parages pour une vampire. La réponse à sa question ne tarda pas. Un bruit de bottes et de ferrailles se fit entendre, traduisant la précise de membres de l′armée. En arrière plan, des voix aux accents sudistes. Ils n′étaient donc pas sous les ordres de son vis-à-vis, qui finit d'ailleurs par les entendre également. Quelque peu inquiète, Hyrriena jeta à celui-ci un regard interrogateur, rabattit sa capuche noire sur son visage afin de dissimuler sa peau pâle et le suivit malgré sa méfiance. Main sur les manches de ses armes, elle se fit ombre, prenant son allure et marchant dans ses pas. Elle ne lui faisait pas vraiment confiance, pourtant elle ne chercha pas à lui fausser compagnie. Il avait été de bonne foi, et ne semblait pas être le type d′humain à salir son honneur en agissant comme un lâche.
Ils parvinrent devant la carcasse noircie d′une maison, ayant visiblement été victime des attaques alayiennes. Et bientôt Armanda serait dans le même état si personne n′arrivait à anéantir les attaquants. Déprimant. Après avoir vérifié que la bâtisse tenait encore bien debout, elle pénétra à l′intérieur, songeant à quelle merveille se devait être avant d′être détruit. Symbole même de la grandeur humaine s′effondrant, cette habitation avait dû connaître ses moments de gloire. À présent elle était vide, et ses habitants étaient probablement morts. Que de réjouissance au programme. L′étranger l′interrompit dans ses réflexions en lui demandant son nom. Interloquée, elle l′observa un instant sans rien dire, détaillant le jeune visage. Admettre que quelqu′un porte un nom était le reconnaître comme un semblable. Étrange et surprenant personnage. Finalement, peut-être cette nuit ne serait-elle pas une perte de temps. Il semblait posséder une chaleur intérieure qu′elle n′avait encore jamais croisé parmi ce peuple à sang chaud, exception faite d′une ou deux personnes, dont une charmante assassine.
-Non, effectivement, quoi que l′on finisse par s′y habituer. Je m′appelle Hyrriena Moledvina, surnommez-moi comme vous le voudrez. Et vous ? Vous êtes donc un Svenn si je ne m′abuse, mais comment dois-je vous appeler ?
Gênée d′être immobile, elle fit le tour de l′endroit dans l′espoir de trouver des chaises, avant de finir par se décider à s′assoir à même le sol. Ramenant les jambes en tailleur, elle rabaissa sa capuche qui l'encombrait, se passa distraitement une main dans sa chevelure châtaine, et posa sur l′autre un regard emplit de curiosité.
-Comment était-ce, le Nord ? J′ai bien souvent voulu y aller mais… Disons simplement que le tourisme nordien n′est pas fait pour moi.
Une grimace tordit un instant ses traits fins tandis que la fin de sa phrase se faisait mi-amer mi-fataliste, qu′un minuscule haussement d′épaules chassa rapidement. Elle avait eu plus d′une centaine d′années d′expérience pour ne plus s′offusquer du mépris et de la peur qu′elle suscitait. Il était inutile de revenir sur des choses qui ne pouvait pas changer, et n′évolueraient sans doute jamais.
-Je me doute que vous allez me dire que c′est bien plus agréable que le sud, ajouta-t-elle amusée, d′autant que vous ne vous n′avez pas eu l′air de regretter échapper aux soldats sudistes. Mais puisque nous avons de longues heures devant nous, comme vous l′avez si bien fait remarquer, autant en faire quelque chose d′utile.
Il était agréable de pouvoir parler simplement avec les gens, songea-t-elle. Si le matin venu il la laissait effectivement partir et qu′elle était parvenue à le faire changer d′avis sur le peuple buveur de sang... ce serait un miracle. Et bien, elle verrait bien, ils n′en étaient pas encore là. Avant cela, il fallait qu′ils ne s′entre-tuent pas ni qu′elle tente de le croquer. À cette idée, ses yeux dorés glissèrent paresseusement sur la peau pâle, s′attardant un instant sur la gorge si fragile avant de se tourner vers la faible lumière de lune les éclairant. S′y noyant, elle se fit la réflexion que si elle partait ainsi, la suite allait s′avérer compliquée… Non, malgré le charisme du représentant de la nourriture vampirique et son envoûtante odeur, elle ne le toucherai pas. Après avoir reprit la maîtrise d′elle-même, elle l′observa de nouveau, espérant qu′il se décide à s′assoir à son tour. Cette impression de vulnérabilité n′était pas des plus agréables, et le fait qu′il ait. Une idée lui vint alors et, pour preuve de sa bonne foi, elle tira Tirmna et Calivni d′un geste brusque et se penchant, les appuya contre le mur. À présent, il lui serai bien plus difficile de les empoigner pour se défendre. Mais si cela permettait au Nordien de se détendre, pourquoi pas ? Elle avait toujours ses dents et sa force de vampire.
Dernière édition par Hyrriena Moledvina le Dim 24 Nov 2013 - 15:34, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Ven 22 Nov 2013 - 22:31 | |
| Que lui arrivait-il ? Pourquoi n’avait-il pas capturé la Vampire, au lieu de la cacher d’une patrouille de gardes ? Comment des années d’entraînement avaient-elles pu être scellées dans le silence et l’oubli par la présence et la conversation avec une buveuse de sang ? Au fond de lui-même, Aristarkh savait que, s’il était tombé sur n’importe quel autre ennemi de son peuple, il n’aurait pas hésité un seul instant. Mais celle-ci avait un… Un petit quelque chose qui l’avait coupé dans son prime élan. Il doutait que, cette nuit finie, elle lui donne des signes de vie, sans mauvais jeu de mot, mais elle ne s’était pas braquée non plus lorsqu’il le lui avait dit, encore que son ton pouvait être interprété de différentes manières.
Adossé contre le mur près de la porte, Aris guettait le moindre son qui pouvait indiquer que la patrouille Sudiste empruntait la ruelle, mais ils avaient visiblement continué tout droit. Il se retint toutefois de souffler, le risque était grand que d’autres gardes empruntent cet itinéraire. Reportant son attention sur l’inconnue, il surprit le regard étonné qu’elle posait sur lui. Etait-ce sa demande qui l’avait surprise ? Qu’y avait-il d’étrange à s’enquérir du nom de la personne avec qui on allait passer la nuit ? Aris croisa les bras en levant un sourcil, renvoyant un regard interrogateur vers la jeune femme – décidément, il aurait du mal à se faire à l’idée qu’elle était probablement bien plus âgée que lui – et attendit qu’elle daigne lui répondre. Peut-être l’avait-il brusqué, bien que cela n’ait pas été son intention. Mais finalement, ses lèvres s’ouvrirent et laissèrent à nouveau échapper sa voix, dont il se rendait compte maintenant de la douceur, une fois que les menaces et la méfiance avaient disparues.
« Hyrriena, répéta-t-il doucement, faisant rouler le prénom dans sa bouche comme s’il goûtait une délicate pâtisserie. Non, c’est un nom beaucoup trop beau pour lui infliger un diminutif, poursuivit-il en lui adressant un sourire furtif, avant de reprendre. Et vous avez bien raison, je suis effectivement un Svenn de Glacern. Mon nom est Aristarkh, Aristarkh Sasha Svenn. Enchanté, Demoiselle Hyrriena. »
Un air amusé sur le visage, cette fois-ci, Aris inclina brièvement sa tête, tandis qu’Hyrriena avait de nouveau pris la parole, amenant un rictus ironique sur ses lèvres. Oui, les Nordiens voyaient déjà d’un mauvais œil les étrangers à leurs terres, alors si un Elfe ou un Vampire se rendait dans leur ville, nul ne donnait cher de leur peau, surtout pour l’être nocturne. Dans une région où la chasse au Vampire était un devoir pour tout un chacun, jamais l’un d’entre eux n’arriverait à passer les hautes murailles de Glacern. Et à nouveau, elle avait touché juste : il préférait de loin sa terre natale à ce Sud décadent.
Ce fut à son tour de poser un regard surpris sur la jeune femme. Aristarkh se serait contenté de la surveiller afin de pouvoir parer à toute attaque si elle décidait de se servir de ses armes, mais son geste témoignait… Eh bien, c’était comme une main tendue dans une tentative de paix. La suivant des yeux dans son mouvement, le Nordien resta un moment sans répondre, réfléchissant à ce qu’il convenait de faire. Enfin, il prit la décision de faire de même. Si Hyrriena marchait dans un sens, il n’allait pas aller dans l’autre en risquant de mettre en danger la fragile trêve qui s’était établie entre eux. Aussi posa-t-il et son Organyx, et son épée qu’il venait de dégainer aux côtés des étranges dagues de la Vampire.
« C’est juste une impression, je porte les Sudiers en grande estime, dit-il avec un sourire qui signifiait tout le contraire. Hem… Je ne suis pas convainquant, n’est-ce pas ? »
Aris eut un petit rire, comme s’il était en train de discuter paisiblement avec un ami de longue date. S’asseyant à son tour, les fesses posées sur ses chevilles et ses jambes pliées sous lui, le Jeune Loup contempla la Vampire, ses yeux parcourant un instant ses cheveux qui brillaient faiblement dans le clair-obscur qui les entourait. Elle lui avait paru particulièrement ravissante lorsque sa main était passée dans sa chevelure.
« Vous parler du Nord va être une chose difficile, surtout si vous n’y êtes jamais allée. Pour les gens du Sud, ma patrie est une terre de tous les dangers. Beaucoup n’y voient que le froid, la rigueur, quand encore ils se donnent la peine de penser à nous. Et pourtant, il n’y a pas de paysage plus beau que ceux des montagnes. Avez-vous déjà vu la neige ? Lorsqu’elle recouvre tout, comme un immense champ de la soie la plus blanche, partout où se porte votre regard, vous ne voyez qu’un infini immaculé, pur, vierge de toute souillure. Et, lorsque le Soleil se couche ou se lève, le paysage est comme enflammé de mille feux, comme si la terre elle-même était devenue de l’or liquide, comme si des joyaux s’y trouvaient sertis. Couronnant le tout, le ciel d’un bleu magnifique, clair, vous donne l’impression de vous trouver juste sous la voûte du plus grand des sanctuaires. Et cela ne serait rien, sans la présence rassurante des montagnes, qui veillent sur vous comme une mère le ferait de son enfant. Il leur arrive de se mettre en colère, et alors, la neige et les roches si joliment disposées glissent vers vous, meurtrières. Il ne vaut mieux pas s’attarder, dans ces cas-là, mais lorsque vous arrivez à leur sommet… C’est comme si vous dominiez tout ce qui vous entoure. Votre regard porte loin, loin, vers les confins du monde, et si vous fermez les yeux et tendez les bras, le vent vous donne l’impression de voler, de n’avoir plus aucune attache terrestre, mais d’être libre comme le plus majestueux des aigles. Vous tenir là, au bord du plus haut des précipices, la où la moindre chute causerait votre perte, vous procure un sentiment… Je ne peux le décrire, mais vous bravez la mort, vous la regardez d’en haut, … Vous prenez conscience de votre propre existence. »
Aris se tut, le cœur battant, les yeux emplis d’étoiles, le sang bouillonnant d’émotion à l’évocation de tous ces souvenirs.
« Hélas, mes paroles ne rendent pas honneur à ma terre natale. J’aimerais vous faire voir ce que j’ai vu par mes souvenirs, mais il s’agit d’une chose que l’on ne peut imaginer comme il le faut sans que nos yeux se soient posés dessus de prime abord. Le Nord peut sembler rude à un étranger, mais je puis vous assurer que, pour quelqu’un qui sait voir la beauté à l’état pur, celui-ci lui apparaîtra comme une terre aux mille et une merveilles. Peut-être qu’un jour aurez-vous la chance de vous y rendre, Hyrriena. Nul besoin de vous dire qu’il vous faudra alors être prudente, mais vos yeux méritent de contempler pareil spectacle. »
Le Jeune Loup promena son regard sur le visage de l’être de la Nuit, s’interrogeant toujours sur les raisons qui le poussaient à parler de cela avec elle. Etait-il vraiment en train d’avoir une conversation innocente avec une Vampire ? Était-ce vraiment lui qui avait parlé ? Aris passa sa main sur sa gorge, inconscient de l’émoi que cela provoquait chez son interlocutrice.
« Et vous, Hyrriena ? D’où venez-vous ? Qu’avez-vous vu lors de vos voyages ? »
Une autre question lui brûlait les lèvres. Pourquoi êtes-vous différente de ces êtres assoiffés de sang que sont les vôtres, que l’on n’a eu de cesse de me décrire comme tel ? |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 24 Nov 2013 - 19:43 | |
| Il sentait la peur, et tout son être semblait tendu, attentif aux bruits des soldats sudistes. Hyrriena, elle, se fiait autant à son odorat qu′à son ouïe, et les deux lui disaient que les soldats étaient à présent loin. À la place, elle entendait les battements rapides du cœur du jeune humain. C′était amusant, songea-t-elle, de se dire qu′il était plus effrayé à l′idée de croiser un groupe de soldats sudistes, humains, que de passer la nuit si près d′une vampire. Elle se demanda un instant ce quelle tête il ferait si elle lui sautait dessus comme pour le mordre. La plaisanterie risquait malheureusement fort de tourner en bain de sang, dommage.
Profitant que son attention était détournée, elle étudia son visage. Il semblait plus mature que son âge réel, remarqua-t-elle en observant la peau blanche et lisse. Un jeune adulte sans aucun cas, mais il lui était difficile de lui donner un âge. Décidément, songea-t-elle avec amusement, il était plein de mystères, et pourtant sa personnalité semblait ouverte et rieuse. Le froid réchauffe le cœur, disait-on dans les campagnes. Sans doute cette maxime était plus réaliste que ce que la voleuse avait cru jusqu′alors.
Retenant un petit rire, elle eut un sourire moqueur devant la réponse pleine de sucre du jeune humain, avant d′incliner doucement la tête en guise de remerciement. Un séducteur. Voilà bien longtemps qu′elle n′avait pas croisé la route de l′un de ces prédateurs ; en fait, ils avaient tous l′habitude de fuir à toute jambe en réalisant à qui ils avaient affaire, ce qui n′était pas pour déplaire à la jeune vampire, bien au contraire. Dans ces moments-là, elle ne pouvait s′empêcher de ressentir une profonde sympathie pour toutes ces humaines pourchassées par de vieux pervers, la plupart du temps des ivrognes ou des escrocs, parfois de jeunes nobles en quête d′amusement. Il ne semblait pas difficile de classer le jeune inconnu dans l′une de ces catégories.
-Aris...tarkh Sasha Svenn...
Elle fronça les sourcils, essayant d′éviter de déformer le nom. Quelle idée d′appeler son enfant ainsi ! Un seul prénom aurait suffit, largement. Avec une grimace d′excuse qui fit luire, l′espace d′un instant, ses crocs blancs, elle poursuivit :
-Je ne vous promets pas que je ne vais pas écorcher votre nom à chaque fois, vous m′en voyez désolée.
En fait, il y avait de fortes chances pour que le Sasha ne suive pas, tout simplement. Aristarkh irait très bien, décida-t-elle. Original et imprononçable, mais élégant. Comme le personnage en somme. Lui retournant son regard, elle fut satisfaite de voir qu′il posait également son arme, acceptant la trêve. Malgré tout, et là était l′ironie de la chose, mieux valait pour lui qu′il ai une arme supplémentaire en cas d′attaque. Et Dracos savait que penser une telle chose n′était pas si farfelue que cela pouvait en avoir l′air, ni aussi paranoïaque. Les temps étaient sombres, et entre les pillards, les alayiens et les sudistes, ils avaient de fortes chances pour qu′on tente de les égorger avant la fin de la nuit. Avec un léger rire, Hyrri secoua la tête. Un tout petit rire certes, un peu rauque, mais bien réel. Elle ne comptait le nombre d′années écoulées depuis que son rire avait résonné pour la dernière fois, et la sensation lui parut presqu′étrange. Plaisanter avec son repas... Voilà qui était inédit.
-Non, pas le moins du monde. À moins que moins que n′ayez l′habitude de fuir vos amis, tant votre timidité est grande.
Cette fois, le sourire qu′elle lui renvoya fut tout à fait sincère ; le Nordien semblait tout à fait paisible, et le son qu′il fit lui réchauffa le cœur, tout comme la suite de ses paroles. Magiques, tout simplement. Le regard tourné vers la lune, qui apparaissait par intermittence entre les nuages pâles, son esprit s′évapora, fuyant Gloria à la recherche de contrées plus aguichantes, guidé par les mots d′Aristarkh. La neige, pâle fantôme et enfant des nuages, dont la blancheur n′avait d′égal que l′apaisement qu′elle procurait. Oui, elle l′avait déjà vu, mais jamais en dominatrice, jamais en reine de le terre et maîtresse des êtres vivants. Ce qu′on lui décrivait semblait être un lieu hors du temps, hors d′Armanda. Et dire que cette merveille se trouvait à quelques mois d′elle. Peut-être malgré tout irait-elle y faire un tour. Voir de ses propres yeux l′immensité des paysages de montagnes. Retournant à la réalité, les yeux encore brillants d′émotion, elle capta le regard mélancolique du jeune conteur.
-Cela semble être tout simplement magnifique. Vous avez une façon de le décrire... j′ai eu quelques secondes l′impression d′y être, et c′était un voyage somptueux. Sans doute parlez vous aussi avec votre cœur, puisqu′il est attaché à cette région. Mais malgré tout, quand bien même vous auriez magnifié l′endroit par dix, il ne semble faire aucun doute que le périple vaut largement d′y risquer sa vie.
Elle eut un bref haussement d′épaules et elle s′apprêta à poursuivre, mais ses pensées s′égarèrent quand ses prunelles dorées suivirent le geste du jeune homme. Etait-il fou, de la narguer ainsi, ou simplement inconscient de l′imprudence dont il faisait preuve ? Bien sûr, la compagnie vampirique ne devait pas lui être habituelle, mais il aurait dû se douter de ce qu′il fallait faire ou ne pas faire. Passant discrètement la langue sur les canines, elle reprit le contrôle d′elle-même ; la gourmandise n′avait pas sa place, aussi alléchante soit la confiserie. Baissant les yeux sur le sol sale et défoncé de la grande maison, elle récupéra une petite pierre qu′elle fit rouler entre ses doigts, hypnotisée par son lent mouvement.
-D′où je viens ? Je ne m′en souviens pas. Un petit village, de la forêt, une pauvre maison et quelques visages sont les seuls souvenirs qu′ils me restent de ma période humaine. Une odeur également. Douce et fruitée, naturelle... Mais pas de nom. Je me souviens seulement avoir quitté l′endroit dès que possible. Peut-être était-ce près d'Aldaria, mais je ne saurai vous l'affirmer avec certitude. La transformation efface la quasi totalité de la mémoire malheureusement.
Pourquoi lui racontait-elle tout cela ? Il ne lui avait pas demandé de lui raconter sa vie, simplement d′où elle venait. D'autant que cela n'avait fait qu'amener de tristes sentiments; elle aurait donné beaucoup pour récupérer son intégrité mentale, se souvenir de son passé, de qui elle était. Oh, elle était loin d'être la jeune fille perdue qu'elle était il y avait plus de cent ans. Malgré tout, cela ne l'empêchait d'avoir à plusieurs reprises tenté de se souvenir de sa vie de mortelle. Agacée par elle même, elle ferma brusquement le poing sur le caillou, emprisonnant entre ses doigts blancs et froids, si semblable à la neige qu′elle voulait admirer sur les hauts sommets décrits par le Svenn.
-A ma plus grande honte, je dois bien reconnaître que je n′ai pas beaucoup voyagé. Oh, j′ai admiré des merveilles de finesse, des délicats croquis aux impressionnantes constructions, en passant par les plus beaux joyaux que l′on puisse trouver. Mais je crains qu′aucun de ces trésors ne vaille la peine d′être décrit après ce que vous m′avez conté. J′ai vu Aldaria la Superbe et son blanc palais, ses nombreuses boutiques pleines de fantaisies, côtoyant les habitations les plus pauvres sans la moindre gêne. Sa campagne et les nombreux hameaux qui la hante, ses vertes forêts et ses petits bosquets ; Elena la Robuste a croisé ma route, ses hautes murailles et ses petites ruelles. Et bien sûr Gloria la Magnifique, dans tous ses états ; en fête, nerveuse ou assiégée.
Elle eut un petit reniflement dédaigneux avant de terminer sur sa lancée :
-Quant aux elfes, je ne me risquerai pas à visiter leurs cités, aussi belles puissent-elles être. Les galeries vampiriques, à présent désertes, ne méritent pas que l′on en parle. Je ne m′y suis que peu aventurée, et pour ce que j′en ai vu... Froide et malsaine, terriblement profondes ; et elles étaient alors habitées. Rien de bien extra ordinaire en somme
Elle eut un mouvement vague de la main, trahissant sa déception, avant d′étendre jambes, appréciant de les sentir se détendre.
-Enfin... Je ne crois pas que ce soit maintenant que je vais me rattraper. Mais j′ai toute la vie devant moi. Ou plutôt toute la non-vie
Devant le regard interrogateur du jeune homme, elle haussa un sourcil, le questionnant silencieusement sur ce qu′il avait à l′esprit, et détourna la conversation vers d′autres horizons. S′il avait quelque chose à lui demander, il ne se gênerait sans doute pas pour le faire.
-Ainsi, c′est pour votre terre que vous vous battez, Aristarkh ? Ou bien pour vos pairs ? A moins que ce soit la Gloire ou le Devoir qui vous appelle?
Sa voix était posée, calme; elle n'avait aucune envie qu'il se sente insulté en croyant qu'elle le provoquait. Le fait était simplement que la jeune fille était curieuse de savoir ce qui le motivait. Elle ouvrit la main.
Le caillou tomba de sa paume, roulant sur le sol, pour s'immobiliser sous la lumière argentée de la lune, entre eux d'eux. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 1 Déc 2013 - 10:17 | |
| Les palais des gens du Sud n’étaient pas habitués aux sonorités dures et gutturales du parler du Nord. Quant aux noms… Eh bien, ils ne glissaient pas autant que ceux des nobliaux des terres plates. Certes, Gregorist, Korentin, Alenear, et bien d’autres, étaient de beaux noms, mais ils étaient trop doux pour être portés par des hommes. Ils reflétaient une époque et des conditions faciles à vivre, tandis que le Nord, où le danger vous guettait à chaque instant si vous n’y preniez pas garde, forgeaient des caractères durs, aux noms tout aussi « métalliques ». Aussi ne lui tiendrait-il pas rigueur des malprononciations de son nom. Il y était habitué depuis qu’il était descendu à Gloria.
« Oui, je suis un éternel introverti, vous m’avez percé à jour. »
Par les blanches montagnes, que son sourire illuminait son visage, pensa-t-il fugitivement en lui en retournant un également. Ce fut sans doute ce léger signe de… Disons, de non-haine, qui le motiva à lui décrire aussi bien qu’il le pouvait le Nord, à essayer de la porter dans le monde de l’imagination, où elle pourrait à loisir essayer de se représenter sa terre natale.
« Sans doute ma description est-elle biaisée, c’est vrai, mais… Le Nord est et restera toujours l’endroit auquel mon cœur et mon âme sont liés. Je ne peux concevoir une vie sans y penser, sans chérir ces paysages… Si vous en avez l’occasion, oui, je ne peux que vous encourager à aller contempler les éternels sommets de vos propres yeux. Il vous faudra toutefois être prudente : le froid et les avalanches ne sont pas les seuls dangers pour… Les étrangers. »
Soucieux de ne pas froisser son interlocutrice, Aristarkh s’était corrigé au dernier moment et n’avait pas dit « Vampires ». Hyrriena ne devait pourtant pas se faire d’illusion sur les intentions des Nordiens à son égard, mais ce n’était pas une raison pour lui rappeler la haine que son peuple portait au sien. Alors qu’ils étaient en train de discuter calmement, comme des gens civilisés, pourquoi prendre le risque de devoir à nouveau tirer les armes l’un contre l’autre ?
Lorsqu’elle répondit à sa question, Aris l’écouta avec autant d’attention qu’elle avait fait preuve lorsqu’il avait parlé lui-même. La perte de mémoire d’un Vampire vis-à-vis de sa mémoire Humaine, ou Elfique, était-elle due à la phase de mort cérébrale par lequel il passait lors de sa transformation, ou bien était-ce une volonté de leur malédiction que de leur ravir ce qui tenait le plus au cœur d’un être, à savoir sa mémoire ? Il ne savait pas pourquoi, mais il se mit à ressentir une pointe de compassion envers Hyrriena, qui quoiqu’elle fasse, avait comme perdu un pan de son identité. Mieux valait toutefois ne se souvenir de rien du tout, à ses yeux, que d’avoir seulement quelques bribes de son existence passée en tête, qui ne faisaient que rendre plus difficiles à accepter la perte de tout le reste.
A le mention d’Aldaria, le visage du Jeune Loup exprima une pointe de mépris. Cette ville était l’une des plus corrompues de tout l’Empire, avec le nombre important de Mages au kilomètre carré qui s’y trouvaient. Si l’on exceptait Althaïa, où ils avaient la mainmise sur la gouvernance de la ville, du moins avant que son Père n’y ait mis un bon ordre. Mais il n’était toutefois pas d’accord avec la jeune Vampire. Tout méritait d’être conté, de continuer à vivre à travers les histoires, portées de bouche à oreille par ceux qui en avaient été témoins, par ceux à qui ce savoir et ces images avaient été transmises. Bien que pour lui, en effet, rien n’était plus beau, plus digne d’exister que le Nord, il savait que ce n’ »tait que pure subjectivité, au final, car un Aldarian dirait la même chose de sa ville, dans un pur campanilisme. Quant Gloria… Il ne pourrait émettre d’avis véritablement objectif dessus, car il n’en avait vu que les ruines, si l’on mettait de côté les représentations, passées, qu’il avait pu voir dans les livres de la bibliothèque du Palais de Glacern. Il n’était pas non plus allé chez les Elfes, et n’y tenait pas plus que ça. Il devait tenir ce peuple en aussi basse estime au moins que les Vampires. Des lâches qu’ils étaient, même pas fichus de prendre les armes même lorsque leur existence était menacée par un ennemi d’outre-mer, et qui laissaient les autres races se battre seules.
Lorsqu’elle étendit ses jambes, le regard du Nordien fut attiré par le mouvement, peut-être plus que de raison. En tout cas, il faisait fi des règles de bienséance des Cours du Sud, qui aimaient le protocole par-dessus tout. Il détourna cependant le regard, s’arrangeant pour que son visage, dont les joues étaient colorées d’une légère rougeur, soit caché dans l’ombre. Un son sourd ramena son attention sur la jeune femme, et ses yeux furent attirés par ce caillou qu’elle avait tenu en main, et qui maintenant se trouvait entre eux, comme… Comme s’il symbolisait une sorte de pont, et non plus une frontière. Bon, il devait très certainement se faire des idées, pensa-t-il dans une vaine tentative de reconsidérer HYrriena avec la distance qui convenait à leurs états respectifs. Peine perdue.
« Les raisons de se battre pour un homme sont multiples, Hyrriena, commença-t-il en étant plongé dans les réflexions où l’avait envoyé la question posée. Si je devais toutefois en parler, eh bien, je dirais sans doute que… Les Svenn ont toujours été loyaux à l’Empire par-dessus tout. Nous estimons que nous avons un devoir envers le peuple que nous gouvernons et qui nous fait confiance. Là-haut, dans le Nord, les anciennes coutumes, datant de la fondation de l’Empire, sont toujours usitées. Ce n’est pas par refus d’en changer, mais… Quand on voit ce que sont devenues les instances dirigeantes de notre époque, où les Mages dirigent tout, nous ne pouvons pas ne pas penser qu’il s’agit là d’une déchéance, d’une décadence, même, de l’Empire si fort que nous avions connu par le passé. »
Ses paroles pouvaient sonner comme de la trahison, et pourtant, rien n’était moins faux que sa loyauté envers sa nation. Et uniquement elle.
« Je me bats contre les ennemis de l’Empire ; ceux de l’extérieur comme ceux de l’intérieur. Je me bats pour qu’un jour, plus aucune guerre ne menace les Humains, et qu’ils marchent ensemble vers un avenir glorieux, où ils seront affranchis, libérés, du joug de la tyrannie magique. L’Homme est suffisamment fort pour vivre et grandir sans elle. Trop longtemps les miens ont suivis la voie de la facilité, trop longtemps ils se sont laissés soumettre par la Nomenklatura des Magiciens, dit-il en employant un mot purement Nordien. »
Aristarkh laissa passer quelques instants avant de reprendre, d’une voix plus calme.
« Mais dans l’immédiat, je me bats parce que, quelque part, un Esprit mégalomane s’est mis en tête de venir arracher les terres de l’Empire à ses dignes occupants ; parce qu’il est venu réduire en esclavage religieux les miens. Et je ne peux pas permettre une telle abomination. Dussé-je mourir pour cela, jamais je ne laisserais l’Empire disparaître au profit d’une puissance étrangère. Patriote ? Oui, j’aime mon pays, malgré ses défauts. Oui, je veux le changer, mais pour cela, il faut qu’il continue d’exister, et qu’il ne devienne pas un simple souvenir dans le cœur de vieux vétérans au bord de la mort. Voilà pourquoi je me bats, Hyrriena. Voilà pourquoi chaque jour je me lève en espérant que ce ne sera pas le dernier. »
Il se tut à nouveau, puis partit d’un petit rire léger.
« Bien sûr, je mentirais en disant que je ne me bats pas pour la gloire. Quel homme après tout ne désire pas apparaître sous un jour lumineux ? »
Aristarkh posa un doigt sur le sol, qu’il fit glisser en direction du caillou, traçant un profond sillon dans la poussière et la cendre cachant le plancher, désormais noirci, de ce qui fut autrefois un beau bois coûteux. Arrivé à proximité, son doigt sauta, et toucha le sommet de l’immaculé caillou, avant qu’il ne repose sa main sur ses genoux.
« Vous devez penser que je ne suis qu’un jeune idéaliste, les yeux emplis des illusions du jeune âge, non ? demanda-t-il en souriant. Mais je serais curieux, pardonnez-moi de revenir là-dessus, de savoir pourquoi vous êtes venue ici ? Des choses à faire, m’avez-vous dit, mais qu’est-ce qui peut vous pousser à vous rendre en plein milieu d’une ville assiégé par un ennemi qui vous tuerait à peine vous vous approcheriez de ses rangs ? Quelle est cette personne que vous devez voir, et pour qui vous prenez tous ces risques ? Vous êtes jeune et belle, et il serait dommage que vous en veniez à disparaître. »
Se rendant compte de ce que sa question pouvait laisser sous-entendre, Aristarkh continua.
« N’allez pas penser que, sous couvert d’être amical avec vous, je cherche à gagner votre confiance pour vous arracher vos secrets, non. C’est juste que… Je me demande sincèrement ce que vous êtes venue faire ici, pourquoi vous risquez votre… Euh… Votre existence. » |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mar 3 Déc 2013 - 20:53 | |
| Un introverti... Cela ne faisait aucun doute, et devait expliquer pourquoi ils étaient là à bavarder avec calme sans qu′ils se connaissent. Sans doute cette effroyable timidité avait-elle poussé le jeune homme à s′assoir avec une vampire pour parler tourisme, oubliant par la même occasion les enseignements administrés par sa maison et sa famille. Quelle idée... Ces Nordiens avaient vraiment un étrange sens de l′humour, mais Hyrriena dû malgré tout se retenir de rire devant cette réponse pleine d′ironie. Elle avait rencontré un bien étrange personnage.
L′hésitation qu′elle entendit dans sa voix la fit tiquer, et elle retint une grimace, ne sachant comment le prendre. Certes l′intention était gentille et démontrait l′attention qu′il portait pour autrui, mais malgré cette volonté de bien faire, ce petit moment de silence, si court et pourtant tellement significatif, démontrait à quel point cela devait être difficile et inhabituel pour lui de la considérer, en tant que vampire, comme un être vivant. Elle passa outre, ignorant le petit pincement au cœur. Pourquoi devrait-elle porter attention à l′avis d′un inconnu sans expérience ? La réponse s′imposait d′elle-même : parce qu′il était l′une des rares personnes, des êtres humains même, à la considérer autrement que comme un cadavre ambulant.
-Et une non-vie, pourriez-vous l′imaginer sans ces paysages, ces montagnes et ce Nord qui vous tient tant au cœur ?
À demi provocatrice, elle l′observa avec amusement, préférant dissimuler le tourbillon de sentiments qui l′étreignait, étrange mélange d′amertume, de gratitude et d′incompréhension. Elle pencha la tête, attentive à sa réaction. Comment allait-il réagir ? N′importe quel Nordien se serait sentit insulté devant de tels propos, mais lui n′était pas comme les autres ; n′aurait-il pas fait part de son incroyable attachement à son pays que la jeune fille se serait demandé s′il était vraiment du Nord. Elle avait, encore maintenant, du mal à admettre que le fils d′un célèbre tueur de vampire puisse lui avoir laissé la vie sauve. Elle se demandait encore ce qui avait bien put le pousser à faire une telle chose. Que recelait donc l′âme de ce jeune homme aux yeux couleur de la nuit ? Il ne cherchait pas la guerre, cela ne faisait doute, sans quoi il y aurait bien longtemps que l′un des deux ne seraient plus de ce monde. Il n′avait pas non plus mentit sur son identité, il était évident qu′il avait été parfaitement sincère. Mystère donc... Mais qui qu′il soit, il l′écouta avec attention, sans l′interrompre. Pourtant malgré tout le respect dont il fit preuve, la voleuse ne put s′empêcher de se sentir frustrée en croyant apercevoir la lueur qui passa dans ses yeux. Sans aucun doute de la pitié, et si elle visait juste, il était hors de question qu′il continue à penser une telle chose. Certes, mieux valait faire pitié qu′être morte, mais sa fierté vampirique fut mise à mal. En se retenant de grincer des dents, elle se raisonna : rien ne lui garantissait qu′il ait effectivement ressentit pareil sentiment et qu′elle ne se faisait pas simplement des illusions, et quand bien même c′était le cas il n′y avait eu aucune intention de la blesser. Brrr, plus le temps passait plus elle devenait susceptible, à se demander si les événements ne lui portaient pas sur les nerfs. Un rapide passage mental des derniers mois, et elle put pointer du doigt ce qu′elle supposait être la source de son agacement permanent et de la dégradation de son caractère ; n′avait-elle pas, durant toute la période où elle avait été en possession de Dévoreuse, ressentit une étrange dualité en elle ? A n′en pas douter, la réponse se trouvait au cœur de cette question. Cependant elle ne l′avait actuellement plus en sa possession. La suite de son étude se ferait plus tard, et elle enchaîna rapidement sur la petite description de ses maigres voyages. Inutile de s′attarder sur de vaines considérations qui ne regardaient qu′elle et méritait une étude approfondie de la chose.
Ses yeux d′ambre plongés dans ceux, si profonds, d′Aristarkh, elle ne put manquer le masque hautain et méprisant qu′il revêtit en l′entendant. Elle ignorait quelle ville exactement il avait prise en grippe, ni quelles en étaient les raisons, mais cela l′amusa. Les Nordiens avaient la réputation d′être sévères et sans pitié, avec une forte estime d′eux-mêmes. Ils avaient d′ailleurs, à bien des égards, parfaitement raison d′après ce qu′en savait Hyrriena.
Quand on voit ce que sont devenues les instances dirigeantes de notre époque, où les Mages dirigent tout, nous ne pouvons pas ne pas penser qu’il s’agit là d’une déchéance, d’une décadence, même, de l’Empire si fort que nous avions connu par le passé. Ah oui, la magie, un élément méprisé par beaucoup de guerriers, et pourtant combien l′utilisait. Quelle ironie ! Le jeune loup du Nord n′était peut-être pas de ceux-là, mais cela elle n′en savait rien. Elle l′écouta toutefois jusqu′au bout, attentive à chaque mot, chaque détail lui permettant de cerner l′esprit de son interlocuteur. Cela faisait beaucoup et peu de détails à la fois, mais la question qu′elle lui avait posé pouvait être complexe pour qui l′était lui-même un tant soit peu. Il lui parla de gloire, et elle profita de l′instant de silence qui s′ensuivit pour glisser quelques mots, sans parvenir le sourire lui tiraillant les lèvres.
-Je vois que votre opinion des magiciens est aussi haute que celle des soldats sudistes, que pensez-vous donc des mages guerriers du sud dans ces conditions ?
Elle secoua la tête, reprenant son sérieux, oubliant qu′en tant que voleuse et pour ainsi dire sans nation, la suite de son discours était plutôt décalé.
-Tout homme intègre obéit à son devoir, et c′est tout à votre honneur de le faire, mais seuls les plus stupides n′en tireraient pas en plus un... petit quelque-chose personnel, il est donc tout à fait légitime de se battre également pour la gloire. Mais, hum, dites-moi, que signifie nome... le terme que vous avez employé plus tôt ? Dictature ? Prétention ?
Le contexte même permettait de comprendre le sens de la phrase, mais une traduction exacte était toujours appréciable. Pensive, elle s′imagina offrant sa vie par amour pour son pays et par responsabilité. Voilà bien une notion qui lui était étrangère, d′autant que cet étrange amour regroupait non pas seulement son pays mais tout le royaume pour le défendre avec passion et détermination. Ah les humains, ils étaient fougueux et incompréhensibles. L′auraient-ils fait par esprit de possession que la vampire qu′elle était l′aurai comprit mais par attachement... certes elle-même aurait volontiers tranché la gorge d′un alayien mais c′était davantage de rage et de haine qu′elle l′aurait fait ; peut-être pour cette terre, mais pas pour un peuple. Ce n′était toutefois pas le genre de chose dont elle allait discuter avec le Svenn et elle préféra observer sa longue main fine glisser jusqu′au caillou plutôt que de renchérir, la peau blanche traînant dans la poussière sans pour autant perdre de son éclat.
D′un geste extrêmement brusque, elle leva la tête en entendant la question, posant sur le jeune humain un regard des plus réfrigérants. Sa sympathie s′expliquait donc par sa volonté de savoir ce qu′elle faisait en ville. Elle s′apprêta à lui répondre avec dureté, se préparant à disparaître purement et simplement, mais il se reprit, ayant de toute évidence comprit de lui-même la mauvaise formulation de la question. La vampiresse s′apaisa, plissant les yeux, pensive. Elle ne le connaissait pas assez pour être convaincue de sa sincérité. Mais peut-être pouvait-elle faire un petit effort.
-Je suis ce que vous pourriez qualifier comme, disons, une informatrice. Vous êtes ici pour défendre la ville contre les alayiens, et sur ce point je ne peux que vous soutenir. Les humains ne sont pas les seuls à vouloir lutter contre les envahisseurs. Celui qui m′a mandé ici souhaite obtenir un maximum de renseignement sur la situation. Les alayiens sont des verrues putrides qu′il faut purger rapidement, mais avant de se décider ou non la sur la manière de les éliminer, un rapport sur la situation est nécessaire.
En réalité, aucune information sur le pourquoi de sa mission de fouille n′avait été faite, Hyrriena n′ayant tiré de la situation que des suppositions ; mais au vu du peu qu′elle savait des rebelles vampiriques, il y avait de grandes chances pour qu′elle se trouve dans le juste, imaginant très mal Wallam et sa réputation de vampire ayant trop de conscience abandonner la ville et les humains en général. Quant à Isyndar et son dragonnier, bien qu′ils restent des énigmes, cela ne semblait pas non plus être dans leurs caractères de faire une telle chose. De plus, elle ne savait ce que le jeune loup savait sur la situation politique vampire, mais elle misait sur une possible ignorance de la chose pour éviter les questions.
-En fait, reconnut-t-elle avec un soupir, je crois qu′il s′agit de cela, mais les informations qui m′ont été fournies n′étaient pas des plus explicites, ce ne sont que déductions de tout ce que j′ai récupéré.
Une grimace tordit son visage sur ses mots, comparable à celle d′un enfant ayant mangé un citron ; il était difficile d′admettre devant autrui qu′elle ne connaissait pas les plans de ses « alliés » bien qu′elle-même ne puisse qu′approuver cette prudence. Mettant de côté cet aveu faisant pâtir son amour-propre, elle réorienta la conversation vers lui, adoucissant sa voix. En toute honneteté, elle devait bien avouer qu′elle n′avait aucune envie qu′il change d′avis.
-Je vous ai fait suffisamment confiance pour reconnaître ce que je faisais ici, à présent dites-moi, pourquoi ne pas m′avoir tué sur-le-champs ?
Une lumineuse idée lui vint et elle se cala contre le mur, son épaisse chevelure en guise de coussin, observant la pointe de ses bottes avec fascination avant de verrouiller Aristarkh du regard.
-Dites-moi... pourriez-vous me faire un rapide exposé de la situation actuelle ?
Elle l′observa, parfaitement innocente, se doutant bien qu′il y avait peu de chance pour qu′il accepte ainsi. Tant pis, elle fouinerait. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 8 Déc 2013 - 11:21 | |
| Une non-vie, dans les montagnes du Nord. Cette femme avait décidément le sens de l’humour, pensa Aris, en se demandant toutefois comment son Père réagirait en apprenant qu’une Vampire se promenait sur ses terres en toute impunité, surtout en sachant que c’était par la faute de son propre fils que ladite voyageuse était encore en vie. La réponse était simple : il enverrait des hommes à sa poursuite, et lui-même finirait au mieux sur le gibet. Havard Svenn n’était pas homme à tolérer que l’on brise les règles établies, que l’on marche sur les traditions Nordiennes, et serait d’autant plus sévère qu’Aris et lui partageaient le même sang. Si le Seigneur du Nord apprenait ce qu’il s’était passé cette nuit, le Jeune Loup ne donnait pas cher de sa peau. Saurait-il mentir de manière convaincante lorsqu’il ferait son rapport à son patriarche ? Il n’y avait là aucun moyen de le savoir, à moins d’y être confronté. Aah, quel doux futur l’attendait…
Lorsqu’il eut fini de parler, exposant le pourquoi de sa lutte, la Vampire glissa une remarque, sur ce qu’il pensait des mages-guerriers du Sud. Aristarkh lui adressa un sourire amusé qui signifiait parfaitement le fond de sa pensée : ceux-là étaient une engeance qu’il valait mieux voir disparaître, des soldats n’ayant aucune confiance en leur bras, des hommes trop corrompus pour voir le véritable état des choses. Ceux-là méritaient moins que tout autre la considération des Nordiens.
Hyrriena avait visiblement compris comment fonctionnait le soldat Humain, ou toute personne de sa race se battant pour une quelconque cause. Bien peu risquaient leur vie pour la beauté du geste, bien peu n’attendaient rien en retour. Oh, la plupart des Lames Noires agissaient ainsi, mais il s’agissait là d’un cas à part car, pour eux, rien ne comptait plus au monde que la vie de l’Empereur et des membres de sa Famille. Le Commandant Dessay, qu’il avait eu l’occasion de rencontrer et auquel il avait parlé lors des séances d’entraînement des troupes Sudières, était un de ceux-là, par exemple. Mais dès lors que l’on sortait de ce cercle restreint de guerriers fanatiques, les intérêts personnels prenaient des parts, parfois non-négligeables, dans les motivations de lever l’épée.
« Ah oui, Nomenklatura. Pardonnez-moi, je n’ai que peu souvent l’habitude d’avoir ce genre de conversation avec habitants des Terres du Sud, répondit-il. Le terme de "dictature" pourrait convenir, mais cela ne serait qu’une ébauche grossière du sens du mot. Il s’agit d’un… D’un petit groupe de privilégiés occupant de hautes positions dans le gouvernement d’une nation. Ceux qui en font partie ont de grandes responsabilités, mais les ont obtenus par des moyens… Pour des raisons politiques, en fait. Les Mages étant tellement présents dans la vie de l’Empire, certains d’entre eux siègent dans les hautes sphères de l’Empire, avec tous les avantages que leur position leur apporte. Et ce ne sont pas forcément les plus compétents pour occuper de tels postes. »
Toutefois, lorsqu’il lui demanda, de nouveau, pour quelle raison elle étaient venue à Gloria, ce fut comme si toute la chaleur de leur paisible discussion avait soudainement disparu. Aris se tendit de manière imperceptible, se demandant si, tout compte fait, elle n’allait pas l’attaquer pour s’être montré trop curieux, car son regard était parmi les plus froids qu’il lui avait été donné de contempler. Voilà pourquoi il se justifia par la suite, d’autant plus qu’il n’avait pas du tout l’intention de lui prendre cette information dans le seul but de la prendre, mais bien qu’il se souciait des risques qu’elle prenait, ce faisant. Il semblait néanmoins qu’Hyrriena décida de le croire, bien que peut-être en partie uniquement. Il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout, lui aussi aurait réagi avec autant de méfiance, si ce n’était plus. L’histoire commune de leurs races, aux Vampires et aux Nordiens, était trop inondée de sang pour que la confiance s’installe en une nuit entre deux de leurs représentants, surtout entre un Svenn et un être nocturne.
Ainsi, elle agissait sur ordre d’un supérieur, et n’était pas venue de son propre chef. Appartenait-elle aux services de renseignement des Vampires ? Etait-elle une partisane de Wintel ? Aris ne savait pas grand-chose de la politique interne Vampirique, sinon qu’elle était plus agitée qu’un Grand Conseil où les Seigneurs du Nord étaient en présence de ceux du Sud – chose qui n’était plus arrivée depuis des siècles, mais qui avait laissé des traces dans l’Histoire. Mais à part ça, c’était le néant, sans mauvais jeu de mot sur les Alayiens.
Les lettres échangées entre son Père et Lord Fabius Kohan parlaient d’une rencontre chez les Baptistrels, afin de négocier une trêve. Et de ce que disait Hyrriena, ceux à qui elle obéissait semblaient accepter l’idée de combattre aux côtés des Humains. Il s’agissait d’un choix somme toute logique, les Vampires étant poursuivis par les Alayiens pour être exterminés, mais considérer comme alliés les ennemis d’hier serait difficile. Et les Nordiens y seraient obligés, car il semblait bien que la politique de l’Empereur était véritablement la conclusion d’une telle alliance.
Aristarkh s’interrogea néanmoins sur ce qui vint après le soupir de la jeune femme. Les instructions de sa mission avaient-elles été incomplètes, sibyllines ? Le Jeune Loup lui aurait bien posé la question, mais il craignait de trop s’avancer, et de voir de nouveau la belle brune se braquer contre lui.
Sa question l’expédia un instant dans les limbes de ses pensées. Pourquoi ne pas l’avoir tué sur-le-champ ? Les explications logiques comme « Je voulais en savoir plus sur vous » ou équivalent ne tenaient pas. Non, au fond de lui, il savait véritablement pourquoi. Le plus dur serait d’en parler, car ces souvenirs étaient par trop chargés de douleur pour être exprimés de but en blanc. Aussi accueillit-il avec soulagement son questionnement sur la situation militaire du moment. Le Jeune Loup réfléchit un moment, sélectionnant des informations qu’il pouvait lui donner sans trahir de secret, comme celles auxquelles pouvaient avoir accès n’importe quel Glorian s’il sortait de sa demeure.
« Tout dépend de si vous voulez la vérité ou la propagande, commença-t-il, un léger rire, jaune, le secouant un bref moment. Les Alayiens ne cessent de nous pilonner, pas de manière intense, mais suffisamment pour faire descendre le moral des habitants au ras des pâquerettes. Maintenant que tout a été détruit, les dégâts matériels ne sont plus grand-chose, et quant aux incendies… Aris fit un geste du bras pour désigner la maison dans laquelle ils se trouvaient. Tout ce qui pouvait brûlé n’est plus que cendres, maintenant. Chaque jour, nous consolidons des défenses, en espérant que les Alayiens ne choisissent pas ce moment pour attaquer. Mais ils n’ont pas l’air d’être pressés. J’ai plutôt l’impression qu’ils cherchent, justement en provoquant le désespoir et le désarroi de ceux enfermés entre ces murs, de les retourner contre nous. Nul n’ignore ici que les Alayiens laissent la vie sauve à tout Humain se convertissant à leur religion, et plus le temps passe, plus les effluves de la trahison parviennent à nos narines. Et pas seulement parmi la populace. Hier encore, mes hommes ont exécutés un groupe de quelques bourgeois qui tentaient de s’échapper pour une poterne pour aller se rendre aux Alayiens. Cela n’est pas « grave » en soi, à côté de ce que nous craignons : une insurrection menant à l’ouverture pure et simple des portes si nous en perdons le contrôle. »
Et plus le temps passait, plus les chances que cela arrive augmentaient. Aristarkh avait beau obéir aux instructions de son Père, à savoir qu’il devait sévir si quelqu’un faisait mine de vouloir se retourner contre eux, mais… La gangrène était dans la ville, et il avait l’impression que couper des membres pour en empêcher la propagation ne suffisait plus. Et il ne pouvait en parler au Lord Régent, car celui-ci était par trop idéaliste, et ne permettrait jamais de prendre des mesures préventives trop… Nordiennes à ses yeux. Il avait beau être aimable avec lui et les siens, Aristarkh sentait en lui une grande méfiance envers les Loups du Nord.
Le silence s’installa une nouvelle fois entre eux, et Aristarkh ne parla plus, laissant à Hyrriena le temps de digérer ces quelques informations, et d’en tirer les conclusions qu’elle ne manquerait pas de formuler dans son esprit. Mais cela ne faisait que rendre plus pesant le spectre de la question précédente. Cette Vampire ne devait pas être femme à laisser détourner son attention de quelque chose qu’elle désirait savoir.
« Vous allez trouver cela idiot, très certainement, même puéril, dit-il doucement. Mais la raison pour laquelle je ne vous ai pas attaqué, c’est que… »
Aristarkh baissa le regard, ne voulant pas qu’elle voie ce qu’il ressentait.
« Vous m’avez rappelé quelqu’un. Une personne que j’ai connue, et pour qui je ressentais… Enfin, cela est du passé, dit-il en se forçant à rire. Mais disons que c’est à cause de ce souvenir, ou plutôt grâce, que je n’ai pas cherché à vous tuer, et que… Que nous sommes ici à parler. »
Peut-être que cela ne lui conviendrait pas, comme réponse, mais Aristarkh était incapable de s’étendre plus sur le sujet de Tatyana. Cela avait beau remonter à quelques années, certains souvenirs restent trop intenses malgré le passage du temps. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Jeu 12 Déc 2013 - 20:06 | |
| Aucune réponse de nécessaire : le sourire avait suffi. Cette mimique amusée traduisait sans problème le fond de pensée d’Aristarkh. Mais Hyrriena n’en attendait pas davantage. Ne lui avait-il pas déjà épargné les insultes ? Quoi que voir l’opinion d’un humain sur ses pairs du sud était plutôt amusant pour la vampire qu’elle était, et changeait agréablement des insultes plutôt destinées habituellement aux buveurs de sang.
La jeune fille observa un instant le sourire amusé arboré. Si jeune, et pourtant déjà de tels aprioris. Bien sûr, tout venait de l’éducation et Dracos savait que celle des terres enneigées, plus haut sur le continent, avait une réputation des plus sévères. Mais cela n’empêchait en rien que ça semblait être un bien cruel destin pour une si jeune personne. Des lignes toutes tracées, un destin prévisible, des obligations par centaines. Qui aurait voulu d’une chose pareille ? Former des guerriers impitoyables, effacer d’eux l’envie d’exprimer leurs sentiments. Ils souffraient en silence, aimaient sans le dire. Seules leurs luttes étaient visibles, leurs haines détectables. La voleuse en aurait presque apprécié sa condition de vampire. Au moins ne devait-elle de comptes à personne. Elle était libre, dans une moindre mesure, de faire ce qu’il lui chantait. De parler à qui elle en avait envie. Le jeune Svenn risquait sans doute beaucoup à lui parler ainsi. Probablement pas la mort ; la vampiresse ne croyait pas possible qu’un noble fasse exécuter son fils. Mais peut-être le déshonneur tout simplement. En fait, elle n’en savait trop rien, mais en parler n’était guère courtois. Certaines questions ne se posent pas, et les humains étaient les rois des sujets tabous. Son interlocuteur n’était pas comme ce que l’on disait des Nordiens, il était plus indépendant, plus ouvert d’esprit, plus curieux aussi sans doute que ses frères. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il différait en tout. Et quand bien même il n’aurait dit, lui manquer de respect n’aurait pas aimable ; elle lui devait plus que cela.
L’or de ses pupilles s’assombrit tandis qu’elle quittait brusquement le chemin de ses pensées pour écouter l’explication du guerrier. Oui, elle voyait à peu près de quoi il parlait. Pour s’être tenue éloignée au maximum de tout système de politique, du moins jusqu’à très récemment, elle n’avait jamais assisté à pareil régime mais le nom, elle l’avait appris. Bien différent de celui employé par le jeune humain. C’était amusant de voir à quel point un même continent, un même peuple pouvait avoir deux langages différents. Quoi que peut-être formaient-ils deux peuples distincts en réalité. Sous la même domination, celle de l’empire, mais aux coutumes, parlé, mentalité différents.
-Je vois… Une… oligarchie? Du moins était-ce ainsi que les sudistes appellent ce genre de régime si j’ai bien compris vos explications. Mais il est vrai que les plus puissants ne sont pas toujours, et même rarement, les plus sages. Un court silence s’ensuivit, qui ne tarda pas être brisé. Vous considérez vous comme un autre peuple ?
Il pouvait sembler étrange à son interlocuteur qu’elle lui pose de telles questions, mais après tout l’occasion était idéale pour se renseigner sur le genre humain. Elle ne croiserait pas de sitôt un autre humain aussi calme et la conversation était lancée. Autant en profiter, les connaissances du jeune loup étant suffisamment étendues pour combler les lacunes de la vampire. Elle se stoppa néanmoins à cette question. Le débat allait devenir plus philosophique qu’autre chose si elle en rajoutait, et elle n’en avait aucune envie, pas plus, sans doute, que l’humain. Passer la nuit à étudier les caractéristiques humaines et le point de vue de chacun pouvait être intéressant avec un ami connu de longue date, pas avec un inconnu cherchant à vérifier votre bon sens moral. Fayotage ? Non, même pas. Bien qu’à force, cela puisse le devenir. Donc sortir de cette conversation s’engageant sur une pente ennuyeuse et potentiellement dangereuse à long terme pouvait être intéressant.
La suite était bien plus importante. Hyrriena nota distraitement que sa première question avait été soigneusement évitée, mais l’importance donnée aux informations la détourna de cette pensée. Oui, la situation était loin d’être brillante, hormis si l’on parlait de la lumière des incendies. Des attaques incessantes, des feux, des trahisons… Rien de très anormal pour une guerre. Le moral soutient les combattants, qu’il se dégrade et la résistance en sera amoindrie. Les alayiens étaient donc intelligents, au moins pour les chefs. La vampiresse grimaça en laissant reposer sa tête contre le mur détruit derrière elle, les yeux dans les étoiles. Plus il y aurait de rebellions, plus les exécutions allaient se multiplier, et plus furieux serait le peuple. Ne sachant vers qui avoir confiance, se faisant tuer quel que soit le camp, ils choisiraient le plus fort, celui vers qui la chance étendait ses ailes diaphanes. Pas de pitié envers les leurs, adieu entraide et camaraderie. Les temps déjà durs allaient empirer, plus nombreux allaient se faire assassins et voleurs. Etre soldat, étranger en prime, allait s’avérer difficile. Du moins était-ce ainsi que la jeune femme voyait les choses. Certes, elle n’avait jamais participait à une guerre, mais elle avait suffisamment apprit au contact de son ex-peuple comment celui-ci pouvait réagir. Et la vérité, c’était que malgré leur envie de se marquer des vampires, en dépit de leur mépris pour eux, ils allaient se comporter exactement de la même façon : comme des êtres sans pitié et sans morale.
-Les pâquerettes, ça repousse, les têtes coupées, un peu moins, fit-elle pensivement. Et ce n’est pas fini… En dépit du nom de cette capitale, la situation n’est donc pas glorieuse.
Elle se frotta le front, chassant le pli qui s’était formé tandis que les sombres pensées l’assaillaient, spectres hideux de la crainte des assiégés. L’ambre de ses yeux capta un rayon de lune, et ce fut comme détachée de tout qu’elle reprit.
-Et ce n’est pas fini. Les choses ne vont pas s’améliorer tant que les alayiens seront là et en position de force. D’autant que vous êtes des étrangers, malgré tout. En fait, je me demande lequel de nous deux serait lapidé le premier.
Elle eut un sourire rayonnant en rabaissant les yeux sur lui, avant de sursauter en portant la main à son fourreau… vide, avant de se rendre compte de deux choses : premièrement elle n’avait pas perdu sa dague, elle était simplement appuyée contre mur avec sa jumelle, et deuxièmement il ne s’agissait que d’un rat ne méritant aucunement autant d’agitation.
-Maudites bestioles, grinca-t-elle.
Dracos, elle les avait oubliés ceux-là. Eux et les maladies qu’ils apportaient, se multipliant ensuite en fléaux difficilement réductibles. Non, Aristarkh n’avait pas fini d’être entouré d’ennuis. La vampiresse en aurait presqu’eu pitié. Mais un tel sentiment, elle le supposait, n’était pas acceptable pour un guerrier, aussi préféra-t-elle tenter de l’écourter, son interlocuteur inhabituel s’engageant sur une pente des plus intéressantes. Curieuse, la vampiresse l’écouta avec attention, tentant de décrire qu’elle pouvait déceler, mais il baissa les yeux avant qu’elle n’eut commencé son analyse. Frustrée, elle se retint de grincer des dents et d’aller lui relever la tête d’office. Elle allait devoir se contenter de paroles.
- Vous m’avez rappelé quelqu’un. Une personne que j’ai connue, et pour qui je ressentais… Enfin, cela est du passé. Mais disons que c’est à cause de ce souvenir, ou plutôt grâce, que je n’ai pas cherché à vous tuer, et que… Que nous sommes ici à parler.
Morte ? Probablement. Comment ? Point mystère. Triste et banale histoire d’un amour disparu ? Très certainement. Elle ne s’était pas attendue à pareille explication. Mais aussi ordinaire que cela puisse paraitre, ça n’en restait pas moins triste. Pensive, Hyrriena observa le semi profil baissé que lui présentait le jeune homme, se demandant ce qu’il pouvait ressentir. Hormis sa mentor, elle n’avait regretté personne, puisqu’elle n’avait en avait jamais eu l’occasion. Il fallait dire aussi que personne ne l’avait regretté, elle. Encore que Corlina étant ce qu’elle était, le lien qu’elles avaient n’était en rien comparable à celui qu’avait pu entretenir le jeune loup avec cette mystérieuse personne.
-Oh.. Je…
Elle fronça les sourcils, ne sachant comment s’exprimer.
-Je remercie donc cette mystérieuse personne, puisque c’est à elle que je dois la vie.
Elle n’insista pas, comprenant que son interlocuteur n’ait guère envie de s’étendre sur pareil sujet. Pourtant, elle devait bien avouer qu’elle restait perplexe face à pareille réaction. Sans doute la mort devait-elle être récente. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 25 Jan 2014 - 15:33 | |
| Les propos tenus par Aris sur la mainmise des Mages sur le Gouvernement Impérial pouvait être tenu comme des paroles de trahison, surtout en ces temps troublés, et encore plus si l’on considération la méfiance que portaient les Sudiers à leurs voisins du Nord. Certes, cette méfiance était plus que réciproque, mais malgré la qualité de ses hommes, Aris savait qu’ils étaient seuls entre ces murs, et que l’ennemi était à l’extérieur comme à l’intérieur. Pour le moment, il devait encore jouer le rôle de l’allié, jusqu’à ce que la situation soit favorable pour son Père, jusqu’à ce que le Grand Destin du Nord puisse s’accomplir.
Hyrriena avait bien saisi son explication, et l’incompréhension avait l’air d’être effectivement due à l’usage d’un terme provenant de leur langage ancestral. En bien des points, les Fils du Nord étaient restés fidèles à nombre de vieilles coutumes, traditions, habitudes, manières de vivre. Mais cela soulevait effectivement une question des plus intéressantes, et celle-là n’avait pas été ratée par son interlocutrice. Se considéraient-ils comme un autre peuple ? Il y avait plusieurs manières de répondre à cette question en voulant expliquer précisément la pensée qui se cachait derrière, et aucune n’était simple. Une telle question, qui mêlait histoire, sentiments, traditions, politique, était fort complexe. Et là encore, la réponse apportée pourrait ne pas plaire à tout le monde. Cela était même sûr.
« Qu’est-ce qu’un peuple, Hyrriena ? Définit-on celui-ci par son histoire ? Par ses coutumes ? Sa langue ? Ses intérêts communs ? Un peuple est-il une étendue de statues identiques, ou bien une mosaïque de sculptures différentes ? Et si plusieurs visages existent, se considèrent-ils tous comme étant semblables, égaux aux autres ? Prenons le chien, par exemple. La race canine regroupe en son sein une multitude de sous-races. Et pourtant, malgré leurs similitudes générales, les chiens se battent entre eux, y compris de manière intra-raciale. Dans un cas plus général… Le loup est un prédateur, qui a su conserver noblesse et efficacité, beauté et dangerosité. Le lion, autrefois si altier et majestueux, s’est conforté dans sa position de roi, laissant sa vigilance s’endormir, autorisant une cour de moutons et de ruminants à tourner autour de lui, quémandant faveurs et jouissances. Et le lion, coupé de ses plus fidèles, de ses plus loyaux serviteurs, devint peu à peu une marionnette entre les mains d’intérêts mesquins. Et ces mêmes animaux, ces proies, craignent et haïssent le loup à la fois. Oui, les Sudiers ont peur de nous, nous considérant comme des montagnards arriérés, dit Aris, la voix chargée de mépris, en serrant les poings. Ils nous haïssent car nous sommes restés fidèles aux anciennes voies, à l’Empire tel qu’il était et qu’il aurait dû rester. Ils nous craignent, car notre cœur est fait de glace et de pierre. Glacern est restée forte, car chaque Lord du Nord a su la gouverner avec une poigne de fer. Nulle noblesse de robe, chez nous, car seule la valeur au combat importe ! Nous honorons ceux qui travaillent, et non ceux qui se pavanent. Alors non, Hyrriena. Nous ne considérons pas comme un autre peuple. Nous sommes un autre peuple. Nous sommes l’Empire tel qu’il devrait être. Nous sommes la racine de l’arbre, et non la feuille estivale. Nous sommes de Glacern ! »
Aristarkh avait parlé avec passion, comme à chaque fois qu’il évoquait ses origines. Un Loup du Nord était toujours fier de son Sang, envers et contre tout. C’était aussi ce qui faisait leur philosophie : être et rester fidèle aux origines, ne jamais oublier d’où l’on venait. Leur force venait de là. D’aucuns ne verraient en eux que des fanatiques dangereux, mais la vérité était tout autre, était beaucoup plus profonde. Ceux qui les méprisaient étaient ceux-là même qui ne méritaient pas de vivre.
Lorsqu’il eût fini d’exposer la situation de la Ville, le petit jeu de mot de la demoiselle lui arracha un sourire. Mais elle avait raison, malheureusement. Beaucoup d’éléments jouaient contre eux, et le temps n’était pas un moindre adversaire. Et cela, les Alayiens le savaient. Chaque minute passée donnaient aux civils Glorians l’envie de se joindre à eux, ne serait-ce que pour avoir la vie sauve. Parmi els soldats, qui avaient perdus nombre de frères sur les champs de bataille, cette tendance était quasi-inexistante, tout comme le moral. Quelle armée pouvait après tout conserver un moral d’acier après avoir subi tant de désastreuses défaites ? Mais Aristarkh craignait que bientôt, les défenseurs de la ville soient amenés à se battre sur deux fronts : contre les Alayiens, et contre les rebelles civils. Une maison en flammes était après tout inhabitable.
Le Jeune Loup allait répondre au sourire d’Hyrriena, lorsque celle-ci fut soudain en alerte, éveillant de facto les réflexes de soldat du Nordien. Mais un couinement leur apprit bientôt qu’un rat était responsable de leur sursaut. Bien qu’acquiesçant silencieusement à la remarque de la jeune femme, Aris ne put s’empêcher de penser que ces nuisibles étaient de plus en plus considérés comme de potentielles sources de viande.
« Vous l’avez dit, nous sommes des étrangers, répondit-il doucement, presque dans un murmure. Nous sommes pour les Sudiers aussi amicaux que les Alayiens… Peut-être bien que nous serons lapidés ensemble ? questionna-t-il en lui adressant un clin d’œil. »
Mais la joie s’évapora bien vite lorsque les souvenirs de Tatyana remontèrent à la surface. Comment aurait-elle réagi si elle s’était trouvée à sa place ? Aurait-elle laissé la vie sauve à un Vampire qui lui ressemblait ? Son amour était-il réciproque ? Peu importait, maintenant. Le savoir ne l’avancerait à rien, et ces questions ne seraient qu’un poids l’entraînant vers les profondeurs du passé.
« Passons, commença-t-il avec une jovialité feinte. Vous qui avez voyagé au dehors, quelles nouvelles avez-vous de l’extérieur des murs ? »
Bien que correspondant aussi régulièrement que possible avec son Père, il était toujours utile d’avoir le point de vue d’une autre personne, surtout en des temps aussi troublés, sur l’environnement dans lequel ils étaient tous plongés.
Dernière édition par Aristarkh Sasha Svenn le Mer 26 Fév 2014 - 19:00, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mer 29 Jan 2014 - 0:10 | |
| Elle ne s’était certainement pas attendue à entendre une dissertation sur la définition du mot peuple, mais Hyrienna écouta néanmoins avec attention les propos du jeune loup, hochant doucement la tête pour marquer son approbation ou fronçant les sourcils lorsque l’opinion du jeune homme l’interpellait ou l’intriguait. Il s’exprimait bien librement pour un humain si jeune, loin de chez lui et de ses amis. La puissance des siens vibrait dans sa voix tandis que la passion lui donnait davantage de puissance. « Il fera un bon politicien » songea-t-elle distraitement sans parvenir à se demander si ce qu’il exposait avec tant d’ardeur était une opinion personnelle ou le résultat de longues années d’apprentissage et de bourrage de crâne de la part de son peuple. Peut-être un mélange des deux, il était toujours difficile de se forger une opinion en étant continuellement influencé par son entourage, bien que ce soit fait inconsciemment.
-Je ne peux que vous donner raison sur ce point. Oui, les chiens se battent entre eux mais, sans vouloir vous offenser, ils sont souvent plus intelligents que les hommes et je pense que leur esprit de domination est plus fort que le reste, plus que celui humain en tout cas ; bien que ce ne soit pas toujours sûr. Ce serait la raison pourquoi eux ne peuvent parvenir à s’entendre, tandis que la sottise jouerais un rôle important dans la question humaine. Ou bipède plutôt. Mais je crains que, pour reprendre vos exemples, les humains ne se considèrent davantage comme loups et lions plutôt que comme différentes races de chiens.
Si les humains mettaient de côté leur insoutenable orgueil, peut-être pourraient-ils parvenir à se comprendre et à s’associer. Mais les nordistes et les sudistes ne s’étaient semblait-il jamais entendus, il était inutile de croire que cela changerait un jour. Leurs mentalités avaient été façonnées par des années de rivalité infantiles, tel du métal chauffé au rouge et martelé lentement mais sûrement. Non seulement l’orgueil était coupable, mais aussi la cupidité, la colère, la convoitise, tout ce qui pouvait d’une façon ou d’une autre diviser les êtres et les dresser les uns contre les autres. L’Histoire ne manquait pas d’exemples de ce genre. Mais en tant que vampire, la jeune fille ne pouvait guère plus se prononcer sur l’esprit d’appartenance et de propriété. Son peuple n’était guère un exemple sain et les guerres intestines, comme le prouvait l’existence de la rébellion par Wallam, était une preuve de l’indivision des dents-pâles. Elle secoua doucement la tête en songeant aux métaphores d’Aristarkh. Il était loup, nul doute là-dessus, il suffisait de voir la détermination froide brillant dans ses yeux, la colère et la passion, et pourtant une certaine distance et une grâce étonnante. Oui, il était loup et c’était cela qui fascinait le plus. Elle détourna le regard en s’apercevant qu’elle l’observait fixement, fascinait par la couleur si particulière de ses yeux sombres, et revint à ses pensées. Les lions, elle n’en avait jamais rencontré véritablement, mais ne tenait guère à le faire. Ceux qui se pavanaient en comptant sur le travail des autres ne méritaient pas qu’on prête attention à eux. Hormis pour les manger. Mais au moins étaient-ils moins dangereux que les loups, et c’était une bonne raison de les choisir eux plutôt que les seconds.
-Et je crois que je vous comprends. Oui, la fainéantise entraine parfois des comportements étranges et malsains, les temps ont bien changés et pas toujours pour le mieux, il est bon de préserver les anciennes coutumes ; mais je dois avouer que n’ayant jamais connu votre peuple, je ne peux guère porter de jugement dessus. D’autant que la paresse des lions m’assure… disons… une sécurité relative, et je les en remercie pour cela. La chasse au vampire est un sport qui doit bouger un peu trop à leur goût je suppose.
Elle eut un sourire satisfait en songeant que pour sa part la chasse aux humains était plus fructueuse quand elle descendait vers le sud plutôt qu’en montant en direction des zones plus froides, où elle avait pour habitude de ne guère s’aventurer. Tout dépendait du point de vue bien sûr, mais il ne fallait pas désespérer ; à chaque inconvénient ses avantages. La surveillance des maisons était également moindre sûrement, la discipline ne semblant pas être le fort des soldats sudistes. Mais là encore c’était parfait pour elle. Elle répondit au clin d’œil par un sourire pointu, doutant que l’idée que de se faire lapider ensemble paraisse aussi réconfortante une fois le passage à l’acte. Hyrriena haussa un sourcil et répliqua suavement et moqueusement, plus pour le taquiner que dans le but de le blesser d’une quelconque façon.
-Le temps qu’ils parviennent à me tuer par lapidation, je crois que vous aurez le temps de partir, j’ai bien peur d’avoir la peau plus coriace que vous.
Son amusement disparut toutefois pour laisser la place à une curiosité brûlante quand elle le vit s’assombrir. Elle mourrait, ou plutôt remourrait puisqu’elle était déjà morte, d’envie de se faufiler dans le creux de ses pensées pour découvrir ce qui le tourmentait. Toutefois, elle céda de bonne grâce et répondit à la question posée, sans pour autant parvenir à effacer totalement la lueur d’intérêt étonné cachée au fond de ses prunelles dorées.
-L’extérieur… Je ne pense pas vous surprendre en vous disant qu’Armanda est sans dessus-dessous. Les populations sont sur le qui-vive, la tension est extrêmement forte. Les alayiens patrouillent et fouillent chaque recoin du continent, leur générale, Lyra ‒du moins est-ce la seule que j’ai rencontré‒ ne fait pas de pitié. Tout être non-humain est immédiatement exécuté. Des ... comment dire. Des razzias sont effectuées assez régulièrement. Ils cherchent… pourchassent… Une arme d’une très grande puissance qui leur a été dérobée. Bien sombres nouvelles j’en ai peur. Les dragonniers et leurs liés se cachent, et j’ai vaguement cru entendre que les vampires sont partis chez les elfes, bien que je doive avouer avoir quelques doutes là-dessus.
Arme qu’elle avait piteusement perdu, elle ne savait comment. Penaude, elle haussa les épaules avant de conclure.
-Je crains de ne guère pouvoir vous en dire plus malheureusement. Il est vrai que ma proximité avec le peuple humain n’est guère étendue et que la chasse donnée par les alayiens m’oblige à me cacher et à disparaitre du monde plus qu’il ne le faudrait. Mais dites-moi, étiez-vous là au moment de début du siège de Gloria ?
Elle avait encore milles et unes questions à poser, sans oser le faire de peur qu’elles ne soient trop intimes. La seule qui franchit le barrage de ses lèvres grenat, glissant sur la fine peau de velours froid, fut la plus incongrue et innocente.
-Mais, vous n’avez pas sommeil ?
Le métabolisme humain restait un grand mystère pour elle. Il recelait le plus précieux trésor et bien qu’elle l’ai connu, les souvenirs étaient lointains de cette époque où les rêves faisaient partie de son quotidien. Si les humains pouvaient parfois se questionner sur l’existence vampirique, l’inverse était vrai, du moins dans le cas de la petite voleuse. Hrp: j'espere que ca t'ira, si soucis n'hesites pas |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 9 Fév 2014 - 12:20 | |
| Les chiens seraient ainsi, de son point de vue, plus intelligents que les Humains ? De prime abord, n’importe qui rirait au nez de la personne ayant osé formuler une idée aussi saugrenue. Après tout, jamais les chiens n’avaient construits de châteaux, de villes, de civilisation avancée. Jamais les chiens n’avaient eu de grandes armées menées par de grands Généraux. Mais si Hyrriena ne parlait pas de l’intelligence dans son premier sens, mais plutôt d’une d’un autre type. La question méritait d’être creusée, mais Aris ne voyait absolument pas de laquelle elle parlait. Pour lui, le seul animal digne d’être considéré était le loup, le symbole de sa Maison. Dans le Nord, d’ailleurs, les loups étaient quasiment vénérés, et en tuer un était aussi grave que tuer un frère Humain. Les loups étaient leurs égaux, mais les chiens ? Un chien était un loup dégénéré, dont les caractères génétiques avaient perdus toute la pureté de leur noble lignée. Un chien était bien plus facilement domesticable qu’un loup, et par la même, était plus apte à devenir dépendant d’une personne, tandis que le loup courait dans les montagnes sans chaîne d’aucune sorte. Mais ces luttes étaient-elles motivées, dans le cas de l’Homme, uniquement par le fruit d’une bêtise insondable ? Pour lui, ce n’était pas le cas. Car, même si celle-ci intervenait, l’Homme était de ces animaux pour qui la paix signifiait la domination, voire l’extermination de potentiels dangers.
« La sottise… C’est peut-être là résumer trop simplement la motivation Humaine. Le cœur, l’esprit d’un Homme, sont ainsi faits que nul paix n’est possible tant qu’un ennemi subsiste encore, ou qu’un autre est assis sur quelque chose que l’on convoite. Un penseur a un jour dit que "la soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme* ", et je pense qu’il était dans le vrai. Du moment que l’on revendique la propriété d’un territoire, nous n’admettons pas qu’il puisse être détenu par quelqu’un d’autre. C’est comme si… Un étranger nous ravissait notre maison sous nos yeux. Ce genre d’attitude, celle de la quête du pouvoir, de la supériorité, est quelque chose de bien, mais uniquement lorsque les dirigeants qui la mènent sont dignes, puissants et forts. Les Sudiers ne répondent à aucune de ces conditions, et c’est sans doute à cause de cela que vous qualifiez leurs actes de "sottises". Aucun jour ne passe sans qu’il ne jette l’opprobre sur ce qui était autrefois un grand Empire. »
Un sourire passa rapidement sur les lèvres du Nordien lorsqu’elle évoqua la sécurité que lui promettait le paresseux comportement des Sud-Impériaux. Sûr que, au Nord, dans les montagnes, ceux qui étaient prédateurs devenaient proies, et les meutes de Loups du Nord qui les chassaient étaient impitoyables. Une vieille blague de Glacern disait que, s’il n’y avait pas de Vampires dans leur territoire, c’était parce qu’aucun Sudier ne s’y trouvait. Pour les habitants de la cité de glace, le Peuple de la Nuit avait prospéré à cause de la faiblesse du Gouvernement central. Une étrange pensée traversa néanmoins l’esprit d’Aris, lorsque son regard se reposa sur le visage d’Hyrriena. Si aucun Vampire n’avait survécu à leurs siècles de chasse et d’extermination, il ne se serait jamais retrouvé à discuter avec l’une d’entre eux. Mais bien d’autres choses auraient changées. Peut-être même auraient-ce été leurs navires qui auraient navigué vers les lointaines terres par-delà les Océans. Cela arriverait certainement un jour, mais il leur faudrait pour cela se remettre de l’invasion Alayienne et, avant tout, repousser cet impitoyable ennemi.
« Cela, je n’en doute pas, répondit Aris en riant, lorsque la jeune femme évoqua la longue durée de sa propre lapidation. Mais je ne me laisserai point capturer, ni aucun de mes hommes. Et si jamais seule la mort nous attend, nous emporterons autant de traîtres Sudiers que nous le pourrons avec nous. Si, par contre, je vous trouve, par le plus grand des hasards, sur notre chemin, je vous prendrais avec nous. Je doute que vous recevoir un déluge de pierres vous fasse grand plaisir malgré tout. »
Un clin d’œil ponctua cette fin de phrase, et tandis que la Vampire répondait à sa question sur la situation à l’extérieur, Aristarkh prit une brindille de bois fine et solide, plus ou moins droite, qu’il coinça entre ses dents, pointe vers l’extérieur, mâchonnant le bout qu’il avait dans la bouche et analysant, enregistrant, chacune des informations qu’elle lui donnait. Sans surprise, c’était aussi mauvais qu’avant qu’il ne rentre dans Gloria, et de ce que son Père lui écrivait. Les Alayiens se livraient à une guerre sainte, en exterminant tous ceux qui déplaisaient à l’Esprit du Néant. Une guerre d’extermination purificatrice, en somme.
Lorsqu’Hyrriena parla d’une arme qu’il cherchait, toute l’attention du Nordien se concentra sur elle. Ses yeux étaient plongés dans le regard de la jeune femme, presque comme s’il essayait de lire à travers elle. Malheureusement, il ne possédait pas le don de son Père, qui pouvait deviner ce à quoi il pensait rien qu’en le regardant. Après tout, dix-sept était encore un âge bien jeune. Quelle était donc cette arme ? Etait-ce celle qui se trouvait dans la Salle du Trésor, et dont le vol avait fait grand bruit parmi la Garde ? S’il s’agissait bien d’elle, le fait qu’ils ne l’aient pas retrouvé était une bonne chose pour eux, mais suivant la personne qui l’avait dérobé, ils pouvaient bien avoir échangé la peste contre le choléra. Quant aux Vampires chez les Elfes, cela pouvait – devait – certainement être le résultat de l’appel du Baptistrel. Ainsi, même les Vampires avaient accepté de s’y rendre ? Leurs forces armées devaient vraiment être mal en point pour qu’ils acceptent ne serait-ce que de se rendre à une table de négociations.
Étrangement, le mot « sommeil » le fit bailler, alors qu’il ne ressentait pourtant aucune fatigue. Cet étrange réflexe du corps humain… Aristarkh prit une profonde inspiration, afin de chasser cette indésirable fatigue qui pouvait survenir à tout moment, et retira de sa bouche la brindille, qu’il fit tournoyer entre ses doigts en la regardant, avant de la jeter d’un geste désinvolte. S’approchant ensuite d’Hyrriena, Aris s’agenouilla à moins d’un mètre d’elle et pencha sa tête dans sa direction, ses yeux ne lâchant plus les siens.
« Sommeil ? Comment pourrais-je avoir sommeil en ayant en face de moi la plus belle fleur de ces terres ? Une fleur si délicate, si hors du commun, ne peut qu’éveiller les sens, les esprits, répondit-il, sa voix devenant de plus en plus un murmure, un souffle, tandis qu’il se rapprochait de la jeune femme. Vos pétales, votre odeur, et l’aura de mystère qui émane de vous… Vous êtes… Comment dire… Intéressante, jeune fille. Vous semblez si fragile, si innocente, et pourtant, vous êtes forte, car telle la Galanthus de mes terres, vous parvenez à croître sous la neige, à lutter pour la survie, et à vous épanouir de toute votre splendeur sous pâle lumière du Soleil Nordique. »
Le Jeune Loup laissa le silence s’établir entre eux, tandis qu’un sourire charmeur s’étendait sur ses lèvres, et que ses yeux brillaient d’émotion. Mais, quelques instants plus tard, ses lèvres s’étirèrent d’un air badin, et Aris se releva, faisant comme si rien ne venait de se passer à l’instant.
« Non, Gloria était déjà encerclée quand mes hommes et moi sommes arrivés. Nous sommes justement venus pour aider la ville à tenir, et faire des Glorians de véritables soldats aptes à défendre leur cité. Nous sommes la clef de la défense de la ville, et nous sommes les meilleurs guerriers de ces terres. Aussi levons-nous nos épées pour protéger l’Empire contre tout ennemi. Ceci dit… J’ai le sentiment que le siège ne durera plus longtemps. Je ne sais pas de quelle manière va évoluer la situation, mais ce statut-quo ne sera pas éternel. » *Citation de Niccolò Machiavelli
Dernière édition par Aristarkh Sasha Svenn le Mer 26 Fév 2014 - 19:01, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 15 Fév 2014 - 20:04 | |
| Résumé simple ou non, la vampiresse savait qu’il était véridique, du moins à ses yeux et, surement, à celui des siens. La sottise humaine, la bêtise de chacun de leurs gestes, de leurs mots. Elle avait été ainsi un jour ainsi sans nul doute, mais espérait avoir acquis suffisamment depuis sa transformation pour ne plus être ainsi. Certes tous les humains n’étaient pas de ces créatures affaiblis par leur propre ignorance, mais c’était le cas pour une majorité d’entre eux et c’était cette même majorité qui dominait, avec à sa tête le plus extrême… et souvent le plus dangereux. Et il n’y avait pas besoin de faire partie de cette masse mortelle pour le comprendre et l’observer, n’en déplaise au jeune Loup aux yeux de nuit qui, pourtant n’avait pas tout à fait tort. La domination, la rage de vaincre faisaient partie des traits de caractère humains mais pas que. La société vampirique, presqu’exclusivement basée sur la force de chacun et les rivalités, l’était beaucoup plus. Hyrriena n’avait pas souvenir d’avoir assisté un jour à un acte purement désintéressé de la part de l’un des siens et doutait de le faire un jour. Seul le jeune rebelle et, sans doute, les dragonniers et couples le pouvait, encore qu’elle n’avait jamais rencontré de vampire amoureux. Mais ce n’était guère étonnant en sachant que ce genre de relation pouvait s’avérer un point faible pour qui le connaissait ; dans pareille situation, il valait donc mieux dissimuler ses attirances et préférences.
-Les Hommes ne sont pas les seuls fascinés par la domination, elle est loin de leur être exclusive. Devenez vampire, vous me comprendrez mieux.
Il sentirait l’instinct de propriété intensif qui les étreignait, la colère qui l’étreindrait, fidèle compagne aimante aux longs bras possessifs, lorsqu’il s’apercevrait que quelque chose qui était à lui lui avait été dérobé. C’était également l’une des raisons pour laquelle la jeune fille fuyait les siens. Outre qu’elle n’était pas de taille à lutter contre la majorité d’entre eux, voler quelque chose à un peuple aussi possessif était mortellement dangereux. L’image de Dévoreuse flotta dans son esprit, et elle grinça des dents en songeant qu’elle avait perdu son bien. Que celui qui l’avait trouvé à sa place soit mille fois maudit et s’en morde les doigts, à défaut qu’elle le fasse pour lui. Son cœur mort flamboyait en oubliant de songer que cette perte lui assurerait pourtant une relative tranquillité ; après tout, n’était-elle pas parvenue à entrer dans la ville ? Et pourtant elle en aurait grogné de fureur. Pinçant les lèvres pour dissimuler le sentiment de frustration qui l’animait, elle rapporta son attention sur Aristarkh. Un problème à la fois, quoi que le jeune homme n’était plus guère un souci depuis qu’il avait accepté la trêve d’une nuit. Il continuait d’ailleurs à critiquer sans remord les Sudiers, n’ayant aucune crainte alors qu’il se trouvait dans leur territoire. Au moins parvint-il à lui tirer un bref sourire alors qu’elle lui demandait, sincèrement curieuse de la réponse :
-Votre amour pour ce peuple est vraiment incroyable... mais je suis curieuse de savoir qui, d’eux ou des vampires, haïssez-vous donc le plus ?
Vraisemblablement les deux à un niveau extrêmement élevé, et il était fort possible qu’il ne sache pas lui-même lequel l’emportait sur l’autre. Elle aurait parié sans hésiter une seule seconde pour les premiers au début de leur rencontre, mais dans l’état actuel des choses, elle avait quelques doutes. On ne rit pas avec son ennemi, on rit de lui, mais seulement après avoir vérifié que toute force pour faire de même l’avait bien quitté. Or c’était précisément ce que le jeune nordien faisait. Il plaisantait avec elle, se montrait aimable. Mais il avait beau être charmant, le réalisme ne semblait pas le caractériser. La voleuse secoua la tête en entendant ses propos, imaginant la tête d’une délégation de Glacern dont le commandant sauvait une vampire, leur ennemi juré, après avoir massacré l’ensemble des traitres du sud. Cela ne leur plairait guère et c’était encore un euphémisme que de penser ainsi. Elle avait donc le choix entre une lapidation lente et une décapitation dans les règles de l’art. Charmant programme, quoiqu’entre les deux, elle préférait encore la deuxième proposition.
-Vous êtes bien sûr de vous… M’est avis que vos hommes ne seraient guère enchanté de se trouver en pareille compagnie, mais je ne peux malgré tout que vous remercier pour une telle proposition, mon goût pour les déluges de pierre doit être à peu près aussi prononcé que le vôtre : nul.
Elle l’observa en silence un instant, songeant combien il était jeune pour songer avec une telle désinvolture qu’il pouvait offrir sa vie et celle des siens dans ce combat. Elle ne lui aurait donné guère plus d’une vingtaine d’année, mais il était difficile de se rendre vraiment compte de son âge alors que les temps troublés dans lesquels ils évoluaient ne pouvaient que le vieillir contre son gré.
Il ne réagit pas lorsqu’elle lui décrivit la situation à l’extérieur des murs, et elle réprima l’envie de lui ôter sa brindille des lèvres pour obtenir ne serait-ce qu’une minuscule réaction ; sans doute n’était-il pas surpris, après tout pour un soldat ce devait-être plus habituel d’entendre pareil rapport. Néanmoins une confirmation aurait-été la bienvenue, et Hyrriena l’interrogea sur sa fatigue sans intervention de la part de son vis-à-vis. Un bâillement salua sa question et elle étouffa un sourire franchement amusé, la réponse était explicite ; à moins qu’elle ne soit ennuyeuse au point de l’endormir, et elle perdit son sourire à cette idée pour se renfrogner, agacée par ses propres pensées. Elle se contenta donc de suivre des yeux le trajet de la brindille en se demandant s’il allait s’endormir sur place, et réprima un sursaut en le voyant s’avancer vers elle. Non, elle ne servirait pas d’oreiller ! Elle tendit un bras devant elle avec brusquerie, sa main libre cherchant à sa ceinture l’une de ses dagues pour n’y rencontrer que du vide. Elle avait oublié les avoir poser quelques instants plus tôt. C’était d’ailleurs bien la dernière fois qu’elle le faisait. Nerveuse et méfiante, elle fixait le jeune Svenn sans même savoir comment réagir, troublée en sentant le torse qu’effleuraient ses doigts gantés, et, juste derrière, le cœur battant. Personne n’avait jamais ainsi forcé son espace personnel sauf dans une quelconque intention de violence et de haine, et cette proximité inattendue la mettait sur les nerfs alors qu’elle était incapable de savoir comment réagir. Aurait-elle été humaine qu’elle aurait été de la couleur des coquelicots en plein été. Et ce n’étaient pas que cette proximité et la chaleur qu’il dégageait, mais aussi chacun de ses mots de velours qui l’enrobaient sans qu’elle s’y attende, la plongeant dans un étrange mélange de douceur et méfiance. Un peu de peur face à cette inconnue qui s’ajoutait à l’équation de leur rencontre, une pointe de reconnaissance peut-être… Peut-être aurait-elle dû le tuer dès l’instant où il avait posé ses armes. Ce n’aurait pas été très glorieux mais la voleuse n’avait que faire de ce genre de considération lorsque sa vie en dépendait. Et puisqu’elle était actuellement incapable de savoir si c’était le cas ou non…
Il se releva et la vampiresse l’observa avec défiance, telle une biche effarouchée, avant de suivre le mouvement, récupérant ses armes dans la foulée, heureuse de se sentir plus en sécurité en leur présence. Puis, elle écouta le jeune humain lui exposant des faits plus matériels tandis que, prudente, elle s’appuyait un peu plus loin le long du mur. Elle ne savait sur quel pied danser avec lui, ses réactions, ses propos étaient inattendus. Croisant les bras sur la poitrine.
-Vous ne trouverez probablement guère de reconnaissance ici pourtant, vous le savez n’est-ce pas ? Et si les alayiens parviennent néanmoins à envahir la ville, vous en serez tenu pour responsable. Peut-être vaudrait-il mieux pour vous de commencer à préparer votre retour ; au moins tout serait-il prêt le moment venu.
La lumière argenté des étoiles scintillant sur les cheveux de nuit du jeune nordien en un ballet sensuel et aguichant, la voleuse se fit la réflexion qu’étrangement, bien qu’elle ne le connaisse que très peu et qu’il soit humain, elle n’apprécierait pas de découvrir son cadavre ensanglanté sur sa route. Mais elle pressentait aussi qu’il ne préparerait même pas un possible départ de la ville. Il lui avait déjà démontré, expliqué à plusieurs reprises qu’il mourrait s’il le fallait. Et pourtant… Hyrriena ne comprenait pas qu’il puisse ainsi sa vie pour des êtres qu’il méprisait. Il y avait le devoir bien sûr mais malgré cela… C’était une idée étrange. Elle-même prendrait la poudre d’escampette dès que possible, une fois qu’elle aurait réuni le maximum d’information pour Roëric ; et, si possible, récupéré sa chevalière. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mer 26 Fév 2014 - 19:01 | |
| Les yeux d’Aristarkh se posèrent sur son interlocutrice. N’importe quel Nordien l’aurait tué sans hésiter pour la simple phrase qu’elle venait de prononcer. Devenir Vampire ? Cela était impossible ; chaque Loup à peine mordu par un Nocturne préférait se suicider plutôt que de vivre dans la damnation éternelle. Combien des siens étaient-ils morts de leur propre épée, ou de celle d’un ami, pour échapper à ce destin ? Cet enseignement était l’une des bases enseignées aux jeunes enfants de Glacern, lors des premiers jours de leur formation militaire. Le jour où ils perdaient leur innocence d’enfants, pour plonger dans celui, froid et impitoyable, des Nordiens véritables. Et pourtant, il ne put que sourire à cela, riant intérieurement.
« Votre proposition est assurément généreuse, mais ne m’en voulez pas si je la refuse. J’ai suffisamment à faire au sein de mon peuple pour laisser mes devoirs en suspens. »
Comme tout Svenn, Aristarkh ne pouvait décevoir ni sa glorieuse lignée, ni aucun de ses Frères du Nord. Mais une petite voix s’insinua dans son esprit, et lui souffla de sa voie glacée des mots aussi acérés que le plus tranchant des poignards. N’était-il justement pas en train de trahir la confiance que les siens avaient placée en lui ? Pourquoi ne saisissait-il pas son épée pour la lui passer à travers le corps ? Tout, de son instinct jusqu’à ses pensées logiques, lui criaient de se débarrasser de ce potentiel danger. Et pourtant, l’illogique s’était emparée de lui. Laisser la vie sauve à cette Vampire n’était pas une décision née d’une longue réflexion, mais plutôt d’une inspiration subite, et d’un souvenir du passé. Oui, on pouvait dire que c’était son cœur qui avait contrôlé ses actes à ce moment-là, et non son esprit, beaucoup plus froid et rationnel face à ce genre de situation.
La question d’Hyrriena acheva de troubler ses pensées. Et lorsque son regard croisa le sien, il sut qu’elle pensait à la même chose que lui. Un observateur extérieur pourrait-il croire, en le voyant, qu’il avait été élevé pour chasser et exterminer la Race Nocturne ? Non, sans doute que non, quand on voyait la décontraction avec laquelle il s’adressait à la jeune femme. Et pourtant, Aris savait au plus profond de lui-même qu’il haïssait les Vampires, et qu’il ne souhaitait que leur extinction. La seule exception semblait être cette Hyrriena, et cela l’énervait, car il ne savait pas pourquoi, il ignorait la raison pour laquelle son bras refusait de se lever pour l’éliminer. Quant aux Sudiers… Sa répulsion envers ce peuple était clairement visible dans chacun des mots qu’il avait prononcés jusque-là. Mais les sentiments qu’il éprouvait envers les Vampires et les Sud-Impériaux étaient de nature différentes, quoique translatant dans le même sens.
« Votre question est dangereuse pour notre bonne entente de ce soir, Hyrriena, commença Aris en souriant. Mais l’on m’a appris que le mensonge et la dissimulation étaient des armes extrêmement puissantes, et je ne veux pas les utiliser contre vous. Aussi vous dirais-je la vérité, en espérant que vous ne m’en voudrez pas pour la dureté de mes mots et de mes pensées. Tout ce qui n’est pas du Nord n’est pas, pour moi, digne de vivre. Je n’appelle pas survivre honorablement le fait de se prélasser dans le confort et l’abondance, sirotant un vin d’été en contant fleurettes aux demoiselles. A mes yeux, seuls les paysans des campagnes du Sud sont dignes de considération, bien qu’ils vivent dans la facilité comparé au bas-peuple Nordien. Les Sudiers sont faibles, lâches et corrompus, je vous l’ai déjà dit. Et c’est parce qu’ils ont tourné le dos aux fondements même de l’Empire, aux premiers Empereurs pour lesquels les Svenn se battaient, que je les hais. Pour eux, nous ne sommes que des reliques du passé, alors que nous sommes les tenants de la vraie civilisation Impériale. Ils ne se rendent pas compte de la déchéance dans laquelle ils sont tombés. Les Vampires, eux… Nous les considérons comme une menace, et comme toute menace, nous devons l’exterminer. Une erreur de la nature qu’il convient de corriger, quelque chose qui n’aurait jamais dû exister. De nombreux membres de ma famille, de nombreux amis, et bien des Nordiens, ont perdu la vie en luttant pour qu’un jour le continent soit débarrassé des vôtres. Le seul mérite que je puis trouver aux Vampires, et qu’eux au moins, n’ont jamais dévié de leur "voie", et que ce sont des combattants redoutables contre qui il est méritant de se battre et de remporter la victoire. Même vous, continua-t-il en se tournant face à Hyrriena. J’aurais dû, et je devrais toujours, vous ôter la non-vie. Mais je ne le puis, et bien que cela me trouble, j’ai pris la décision de vous laisser la vie sauve. Ne prenez pas cela pour une marque de faiblesse, ou de pitié de ma part, mais plutôt… »
Aristarkh ne termina pas sa phrase, car s’il l’avait fait, ses derniers mots auraient sonné de manière étranger tant à ses oreilles qu’à celles de son interlocutrice. Quelquefois, le silence était préférable.
« Être accompagné d’une Vampire ne serait pas le principal problème de mes hommes si cette situation devait advenir, croyez-moi, assura-t-il avec un air détaché, comme si la situation présente ne l’intéressait que peu, son attitude étant en parfaite contradiction avec le ton enflammé qu’il avait employé précédemment. »
Lorsqu’il se retrouva près d’elle, parlant avec une douceur qu’il n’avait pas employée jusque-là dans leur conversation, la comparant avec raison à une délicate mais courageuse fleur des montagnes, Aristarkh se surprit à contempler de près les moindres détails de son visage, et à respirer cette odeur, forte mais envoûtante, qui émanait d’elle. Une étrange pensée traversa alors son esprit, qu’il repoussa aussitôt tant elle lui parût saugrenue sur l’instant. Mais celle-ci revint avec force, toujours plus persistante à mesure qu’il essayait de l’éloigner de lui. Sa respiration s’accéléra également de manière imperceptible pour nul autre que lui, mais cette sensation, qu’il avait déjà connue par le passé, suffit à l’effrayer. Aussi reprit-il son attitude décontractée et changea-t-il totalement de sujet. Toutefois, il ne manqua pas de remarquer que la Vampire avait repris ses armes avec elle. Se préparait-elle à tenter de lui fausser compagnie ? Ou bien voulait-elle se protéger… De quelque chose ?
« Le Loup se fiche bien de la reconnaissance du Mouton, Hyrriena. Je savais bien dans quel nid de vipères je mettais le pied lorsque mon Père m’y a envoyé. Mais si les Alayiens prennent la ville, j’aurais suffisamment à faire à tenter de les contenir et de les repousser pour ne pas me soucier d’un coup de dague dans le dos. Je ne quitterais cette ville qu’en vainqueur, ou les pieds devant, mais guère en fuyant. »
Aristarkh gratta négligemment sa barbe naissante, ses yeux ne quittant pas la jeune femme, maintenant armée. Celle-ci était une mystérieuse énigme à elle toute seule. Et le Jeune Loup était très tenté à l’idée de savoir jusqu’où il pouvait la pousser dans ses retranchements s’il s’approchait d’elle de nouveau. Lentement, il s’avança, détachant l’épée qui était restée à sa hanche, et la posant par terre. Il était conscient de jouer un jeu extrêmement dangereux, mais l’envie de tenter le sort le taraudait fortement.
« Pourquoi avez-vous repris votre armement, Hyrriena ? Est-ce moi qui vous effraie à ce point ? Suis-je donc si intimidant que cela ? demanda-t-il en écartant les bras dans un geste théâtral. »
Continuant de marcher vers la jeune femme, Aris tantôt tournait sur lui-même, tantôt s’arrêtait, avant de reprendre son chemin, tout en continuant sa tirade.
« Peut-être vous êtes-vous lassée de ma compagnie ? Par la plus majestueuse des montagnes, que cela est dur, dit Aris, une main sur le cœur et fermant les yeux, comme s’il était sous le coup d’une souffrance indescriptible. Auriez-vous des épines que je n’aurais point vues, douce fleur ? Seriez-vous de celles qui blessent par peur d’être blessée en première ? Seriez-vous… Une rose ? »
Un dernier mouvement de jambes l’amena à proximité immédiate de la Vampire, son corps ayant franchi le fameux mètre de sécurité que tant de gens affectionnaient avoir autour d’eux.
« Je le savais, continua-t-il en adressant un grand sourire et un clin d’œil prolongé à la jeune femme. Vous vous dîtes que cela est impossible, qu’une telle chose serait placée sous le sceau du chagrin, mais pourtant, vous ne pouvez pas vous empêcher d’espérer, au plus profond de vous-même, le plus petit signe qui vous serait favorable. Vous êtes étrange, Hyrriena. Tomber ainsi sous le charme de quelqu’un qui, s’il ne vous avait pas rencontré, n’aurait souhaité que votre mort. Vous êtes amoureuse de moi, neh ? conclut Aris en approchant sa tête de la sienne, ses yeux pétillants plongés dans le siens. » |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 1 Mar 2014 - 12:07 | |
| Sans étonnement, il refusa. C’était dommage. Il aurait sans nul doute fait un magnifique vampire, bien qu’impitoyable. C’était peut-être mieux ainsi. Armanda n’avait guère besoin d’un vampire trop puissant. La jeune femme n’avait jamais rencontré de vampire venant du nord, mais elle n’avait guère l’intention de commencer de sitôt. En tant qu’humains, ils avaient déjà une réputation dure et violente, alors en immortels… D’autant qu’Aristarkh serait probablement rejeté des siens. La haine était plus forte que l’amour. C’était un principe qui contrôlait le monde depuis que celui-ci existait, et ceux qui prétendaient le contraire étaient des menteurs. Ou des inconscients ne connaissant rien à la vie. Ce qui était plus surprenant en revanche, c’était son flegme constant, comme s’il s’agissait d’une discussion banale. Il aurait pourtant dû s’offusquer, se sentir insulté. Mais il n’était pas comme les autres humains, la vampiresse s’en était déjà aperçu. Il était trop jeune pour se rendre compte du risque qu’il prenait à parler avec une sang-froid. Il avait beau se vanter d’être capable de réussir à la vaincre, semblant sûr de lui… Un doute subsistait.
-Et bien soit, je ferais en sorte de ne pas vous vouloir. Les mères doivent veiller sur leurs petits, railla-t-elle.
Aurait-elle été plus jeune qu’elle n’aurait pu s’empêcher de lui tirer la langue, narquoise. Toutefois, elle était bien trop timide pour faire une chose pareille, bien que ce ne soit pas l’envie qui lui manquait. L’idée du jeune homme sous forme féminine surgit un instant dans son esprit, et elle dû se retenir de ne pas céder à l’amusement. Décidément, son esprit était de plus en plus tordu. Elle aurait mieux fait de rester dans la solitude de ses plus jeunes années, qui à y moisir. Le changement l’effrayait par moment. Il était trop inattendu, imprévisible. Que ce soit elle-même qui se l’impose avait de quoi franchement la perturber. Mais d’où venait cette sensation, cette nouvelle habitude de ne plus rien faire comme autrefois, de ne plus respecter ses propres règles ? Elle avait peur. D’elle-même. De ce que les temps nouveaux lui apportaient, ou lui retiraient, de l’imprudence dont elle faisait parfois preuve. Et le pire était qu’elle ne s’en apercevait généralement pas ou trop tard. Quel avait été le déclencheur de tout cela ? Le vampire rebelle, la dragonne, Dévoreuse ou la leçon de Roëric ? Un peu de tous peut-être. Se détachant de ces questions sans réponses, elle préféra se tourner vers le jeune humain, curieuse de connaitre ses opinions sur les sang-froids face aux sudistes. La réponse ne la déçut pas, et c’est avec presqu’indifférence qu’elle entendit ses propos. Presque. Elle avait beau s’être habituée aux insultes et remarques haineuses des humains, s’entendre dire par un être avec qui l’on venait d’avoir une conversation presque normale qu’il était contre nature que l’on existe était malgré tout difficile. Et sans pouvoir s’en empêcher, elle était en colère. Furieuse qu’on ose ainsi décider pour elle de l’autorisation qu’elle avait de vivre ou non. Enragée de savoir que le changement n’était pas là où il le fallait, que depuis plus d’un siècle elle était toujours haïe de par sa simple nature. Ce fut donc avec tout autant de passion qu’elle lui répondit, l’aigreur de sa voix à peine atténuée par son apparent calme et la douceur avec laquelle elle commença, bien qu’elle ne put la conserver pour la suite de sa tirade.
-Il y a malheureusement des questions que l’on ne peut éviter. Et s’étriper ferait par trop plaisir aux alayiens pour que l’on se le permette. Certes, je ne peux qu’être d’accord avec vous en ce qui concerne les Sudistes, bien qu’eux vivent tandis que nous survivons. Leurs racines ont déviées et ils se sont détachés de leur attache avec le Nord et libre à vous de les considérer comme bon vous semble. Pour ma part, je trouve leur sang satisfaisant, le provoqua-t-elle en dévoilant ses canines blanches. Mais les vampires… Une erreur de la nature, dites-vous ? Rappelez-moi, qui donc des Hommes et des Vampires étaient en Armanda en premier lieu ? Vous connaissez la réponse. Des Nordiens ont perdu la vie pour nous exterminer ? Et combien de vampires sont morts en tentant de survivre ? Vous vous estimez supérieurs aux Sudiens parce que vous êtes plus forts, plus ancrés dans les anciennes valeurs ? Et vous osez vous prétendre plus forts que nous, alors que pour ces deux mêmes raisons nous vous surpassons ? Nous sommes plus fidèles à nos vieilles traditions que vous ne l’êtes, et notre force vous dépasse également. Nous luttons pour survivre, vous nous exterminez par simple haine ! Alors certes, nous ne méritons peut-être pas de vivre, mais si tel est le cas alors vous n’en avez pas davantage le droit.
Bras croisés, elle le foudroya littéralement du regard, oubliant qu’en ce qui la concernait, elle était de force à peu près égale à son interlocuteur et qu’à son contraire, elle n’appréciait pas spécialement le combat, préférant le fuir. Mais peu importait. Elle se rendait compte d’une chose, c’était qu’aucun discours ne viendrait jamais briser les convictions humaines. Au moins aurait-elle essayé. Le seul point positif de cette histoire était qu’elle était encore debout. Tout n’était pas perdu. Le jeune humain avait lui-même reconnu ne pouvoir la tuer, et ce malgré les opinions exprimées plus tôt. Mieux valait jouir de ce privilège que l’inverse, bien qu’elle n’en connaisse toujours pas la raison ; mais cela, elle commençait à croire qu’elle ne le saurait jamais, Aristarkh semblant avoir l’étrange manie d’éluder cette question. Pourtant, Hyrriena était curieuse d’en connaitre la cause. Pourquoi ? Cette question en suspens était étrange, tout comme l’étaient les changements brutaux d’attitude du jeune Loup. Il passait de la ferveur au calme total, à un détachement surprenant d’une conversation dont le sujet pourrait pourtant bien devenir réalité. Elle haussa les épaules à sa phrase, ne sachant que répondre, mais déjà il s’avançait, ses émotions sautant un nouveau pas pour passer à une douceur surprenante, tandis qu’il parlait fleurs. Une fois debout tous les deux et une conversation plus…. Moins… la conversation sur les armées reprises, la voleuse se détendit.
-Vous aimez les métaphores… Vous devriez toutefois davantage vous soucier du poignard dans votre dos, il pourrait bien arriver plus vite que vous ne le pensez. Et être plus mortel. Les vipères ont une mauvaise manie d mordre au mauvais moment.
C’était un adage qu’elle avait fait sien. Est plus dangereux le caché que le révélé. S’il ne faisait pas attention à lui et fonçait dans le tas sans regarder plus loin que le bout du nez des alayiens, il allait quitter la ville plus vite que prévu. Les pieds devant comme il l’avait annoncé. Elle l’observa se gratter la barbe, réprimant une grimace en entendant le crissement des ongles sur le poil rêche. La barbe était une chose étrange dont elle ne voyait guère l’utilité, hormis vieillir son porteur. Elle réprima l’envie soudaine de passer la main dessus, pour le simple plaisir d’en connaitre la sensation procurée au toucher. Doux ou piquant ?
-Pourquoi avez-vous repris votre armement, Hyrriena ? Est-ce moi qui vous effraie à ce point ? Suis-je donc si intimidant que cela ?
Restée sur son étude barbale, elle n’avait pas fait attention à la suite de ses gestes mais son attitude acheva de la décontenancer. A quoi jouait-il exactement ? Son comportement grandiloquent était pour le moins étrange. Sans doute ses nerfs finissaient-ils par craquer après tous les évènements auxquels il avait assisté. Après tout, il avait beau venir du Nord, avoir été éduqué de manière rude, combien se laissaient aller à leur folie après avoir vu une guerre comme celle-ci ? D’autant qu’il n’avait probablement pas participé à celle contre les vampires, trop jeune. Celle-ci devait donc être la première. Un sourcil élégamment relevé, elle l’observa tournoyer tel un pétale de la rose dont il parlait, emporté par le vent. Toutefois, il avait touché un point sensible. Avait-elle peur de lui ? Oui. De ses actions imprévisibles, de son comportement instable, de ses idées farfelues. Il était différent de tous les autres, mais était-ce vraiment de la folie, se demanda-t-elle en fixant ses yeux pétillants. A moins qu’il ne l’amuse simplement. Si tel était le cas, il le payerait de sa vie. Son regard s’assombrit et elle secoua la tête en tentant de répondre.
-Non, ce n’est pa…
Elle ne put terminer sa phrase. Emporté dans ses tirades, le jeune Loup s’était déjà approché, rompant la distance et fuyant toute prudence. Si près, Hyrriena pouvait sentir les battements sourds de son cœur, l’odeur de sueur et de sang, si délicieusement humaine et appétissante, l’humidité de ses lèvres et les paillettes de ses yeux sombres. Troublée par ce visage contre le sien, elle tenta de s’incruster dans le mur, sa main droite serrée sur le manche de Calivni sans qu’elle n’ose sans servir sur le jeune homme désarmé. Sans doute n’aurait-elle sut quoi faire sans sa dernière phrase, dernière question. Elle bondit en l’entendant, se dégageant d’un glissement sur le côté avec la rapidité des siens, s’éloignant d’un pas dans le dos du jeune arrogant pour poser sa lame au creux de ses reins et lui répondit en reprenant ses propres termes.
-Le Loup se fiche bien de l’amour du Mouton, Aristarkh. Votre raisonnement s’applique peut-être à votre cas, certainement pas au mien. Et prenez garde, mes épines sont bien plus dangereuses que celles d’une rose.
Son visage s’était figé en un masque froid et seule une faible hésitation sur sa première phrase pouvait briser l’image de chasseresse qu’elle semblait donner, en position de force face à sa proie sans défense. Les rôles étaient donc inversés, mais était-ce vraiment le cas ? Les statuts de proie et de prédateurs se mêlaient et s’entremêlaient sans vraiment se définir sur l’un ou l’autre des jeunes gens. Son esprit à elle s’était refermé sur une notion qu’elle avait peine à appréhender. Amour. Qu’était-il exactement ? Comment se découvrait-il ? Elle l’avait connu, humaine, elle le sentait, le savait, mais sa mémoire se dérobait à chaque tentative de sa part de se saisir des instants où l’amour transparaissait. De sa vie de vampire, sa relation avec Corlina avait peut-être été la seule qui s’en approchait, mais c’était l’amour entre deux sœurs, entre une mère et sa fille, un maitre et son élève, tout cela mêlé, et pas davantage. Ici, elle sentait confusément qu’il ne s’agissait pas de cela. Et n’était pas sûre de désirer en connaitre davantage. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mer 5 Mar 2014 - 15:28 | |
| Lorsque deux idéologies s’affrontent, toutes deux étant le fruit de plusieurs dizaines d’années, voire de siècles, de réflexion et de manière de vivre, la rencontre ne peut être pacifique dès le premier contact. Prenez un jeu, qui consisterait, pour apprendre les formes aux enfants, à faire rentrer un cube de bois dans une fente en forme de triangle. Vous aurez beau pousser dessus de toutes les manières, avec autant de force que vous le pourrez, jamais les deux pièces ne s’emboîteront. Une fois la frustration et la colère passées, deux solutions s’offrent à vous : ou bien vous usinez le trou pour qu’il ait une forme carrée, ou bien vous transformez la pièce pour lui donner une forme pyramidale. Cependant, cela reviendrait à dire que l’un des deux partis se reconnaît inférieur à l’autre, et s’adapte à lui en devenant son semblable. Impartial, une telle issue ne vous plaît guère. Alors vous choisissez de transformer les deux, afin de leur donner une forme intermédiaire commune.
L’identique est vraie, si l’on remplace les deux pièces par deux civilisations totalement opposées. Lors d’un choc, soit l’une est détruite par l’autre, ou vice-versa, les survivants de la civilisation déchue devant s’adapter au nouvel ordre des choses, soit… Soit une coexistence pacifique se crée. Coexistence pacifique… La colère d’Hyrriena devant ses précédentes paroles sur son peuple, sur leur droit de vivre, bien que compréhensibles, souleva certaines interrogations dans son esprit. Qu’il réprima aussitôt. La réciproque était aussi vraie, de toute manière. Les Humains luttaient peut-être bien par haine, mais cette haine était motivée par une volonté de survie. De proies, ils étaient devenus chasseurs à leur tour. Et la seule façon de vivre en paix, était d’éliminer la menace Vampirique. Désormais, leur lutte pour leur sécurité, leur survie, passait par l’extermination totale des Vampires, afin d’être sûrs que jamais ils ne redeviennent dangereux pour la race Humaine.
« Nous avons tous les deux notre propre vision des choses, Hyrriena. Nous avons tous les deux notre manière de penser, de vivre, d’exister. Cependant, qui peut dire laquelle est la bonne ? Qui est assez détaché du monde pour pouvoir décider dans quelle attitude se situe la vérité ? Vous défendez votre peuple, je défends le mien, et tant que nous n’aurons pas dépassé cet état de fait, nous continuerons à nous heurter comme deux aimants… Sans parvenir à nous repousser, car les opposés s’attirent. Peut-être… Peut-être avons-nous besoin de l’autre pour exister. Les Vampires se nourrissent des Humains, et vous restez un peuple fort justement parce que vous êtes constamment sous la menace d’un pogrom, d’un anéantissement de la part des Nordiens. A l’inverse, les Enfants du Nord sont devenus de redoutables guerriers, ont perfectionnés les arts martiaux, pour pouvoir lutter contre les vôtres, et remporter la lute qui nous oppose. Vous comme moi, maintenant, à une échelle plus personnelle, serions-nous devenus ce que nous sommes aujourd’hui sans l’autre ? »
Aristarkh s’arrêta néanmoins, devant les dangers que sa réflexion entraînait pour son éducation. On lui avait appris à haïr les Vampires et à les tuer, pas à discuter calmement avec eux et à les laisser en vie. Et pourtant, il agissait contre les préceptes qui avaient bercés son enfance. Au fond de lui-même, le Jeune Loup essayait de se convaincre qu’il agissait ainsi dans une démarche pour mieux connaître son ennemi, afin de le vaincre à coup sûr, mais… Cela sonnait comme un mensonge à ses oreilles.
Se grattant la barbe d’un air négligent, Aris l’écouta parler. Il semblait qu’elle ne soit pas d’accord avec son désintérêt le plus complet d’une probable trahison venant d’une personne et à un moment inattendus. Était-ce du courage ou de l’inconscience, il ne le savait pas lui-même. Sa seule certitude était que, quel que soit l’événement qui adviendrait, il serait prêt à l’affronter, quelles qu’en puissent être les conséquences.
« On dit que le sang des Nordiens est comme leur cœur : fait de glace. Dans ces conditions, le venin de la vipère aura du mal à m’ôter la vie. Et puis, le fait de se sentir trahi implique d’avoir fait confiance à celui qui se révèle être la vipère. Or, ce n’est pas cas : nul Sudier ne peut se targuer d’avoir la confiance d’aucun Enfant du Nord. Alors, ne vous inquiétez pas, mais le poignard ne m’atteindra, conclut-il avec un sourire et un regard amusés. »
La suite se passa très vite : Aristarkh, ne tenant plus à l’envie de taquiner la jeune femme, se mit soudain à se comporter, à parler comme un comédien. Tournoyant autour d’elle, il s’en rapprochait, d’un pas léger et dansant, qui avait perdu toute la rigueur et le maintien militaires qui étaient siens quelques instants auparavant. Mais était-ce seulement dû à l’envie de jouer avec les nerfs de la Vampire ? Ou autre chose était-il responsable de ces actes soudain ? Assurément, il éprouvait, en en ignorant la raison exacte, un certain intérêt pour Hyrriena. Hyrriena, qui était maintenant si proche de lui qu’il aurait pu la prendre dans ses bras, dans une étreinte interdite et qui damnerait son âme. Bien qu’étant le responsable de la position dans laquelle ils se trouvaient tous deux, le rythme cardiaque du Jeune Loup s’emballa, comme si son cœur était au courant de l’attirant danger dans lequel était son porteur. Devenait-il comme ces papillons stupides qui, fascinés par la lumière des flammes, s’en rapprochaient au point de finir consumés ?
Vive comme l’éclair, la Vampire glissa contre le mur et pivota pour se mettre dans son dos. Aris faisait donc désormais face à un mur de pierres noircies, et sentit dans le bas de son dos, légèrement décalé sur la droite, malgré la protection offerte par son armure de cuir et de mailles, le contact d’une pointe aiguisée. Le Jeune Loup retint un éclat de rire, guère pour se moquer de celle qui le dominait désormais, mais plutôt parce qu’il se retrouvait dans une épineuse, sans mauvais jeu de mots, situation.
Aristarkh analysa les données en sa possession, et aucune ne lui était favorable. Il était désarmé, menacé par un poignard dans le dos par une Vampiresse, laquelle n’avait pas reçu sa ration de sang, comme elle le lui avait fait comprendre au début de leur rencontre, et… Et Hyrriena semblait déterminée à le tuer si jamais il avait un geste ou une parole de travers… N’y tenant plus, Aris partit d’un petit rire.
« Nous nous sommes mal compris, Hyrriena, commença-t-il sur un ton joyeux, comme s’il était soulagé d’avoir saisi et défait un quiproquo. Pour moi, vous n’êtes pas une Chèvre, mais plutôt une Panthère. Et dans ce cas, le Loup ne se fiche pas de l’amour de la Panthère, bien au contraire. Si vous m’aimez, il se pourrait bien que je vous aime également. L’avenir réserve de multiples surprises. Mais si vous ne m’aimez pas, poursuivit-il, je pourrais bien avoir l’envie de faire changer les choses. »
Le Nordien avait littéralement l’impression de parler à un mur, mais cela était dû au fait qu’il faisait effectivement face à l’un d’entre eux. Sans contact visuel, il ne pouvait pas savoir si ses paroles atteignaient son interlocutrice, ou si celle-ci restait de marbre. Et il ne pouvait pas non plus se baser sur les variations de respiration.
« J’ai toujours pensé que ce qui appartenait au « Mieux » devait se mériter. Si l’on obtenait tout facilement, sans aucune difficulté, quelle valeur cela aurait-il ? Les symboliques les plus fortes sont les mieux cachées. Si la rose a des épines, c’est pour se protéger. Si elle se protège, c’est qu’elle est convoitée. Et si elle est convoitée, c’est qu’elle a de nombreuses qualités qui éveillent l’intérêt de ceux qui la désirent. Plus quelque chose est dangereux, plus il est attirant, Hyrriena. On qualifie de « sublime » quelque chose qui est d’une magnificence sans égale, mais qui est aussi… Mortel. Vous tenez en cet instant ma vie entre vos mains, vous êtes donc mortelle. Vous êtes aussi belle qu’une montagne couronnée d’étoiles lors d’une nuit claire, vous êtes donc d’une magnificence sans égale. Ce qui signifie, en conclusion, que vous êtes sublime. Et plus vous serez dangereuse, plus vous serez d’une beauté ineffable. »
Aristarkh jouait avec le feu, il en était conscient, car c’étaient justement de telles paroles qui l’avaient mis dans une si défavorable position. Seulement, ces mots qui, au départ, ne devaient l’aider qu’à sortir de là la vie sauve, étaient aussi sincères que la plus pure des pensées. Malgré sa manière de dire les chose, qui pouvait paraître par trop embellie, trop transformée, Aris ne parlait pas sous le coup d’un calcul froid, mais d’une inspiration soudaine, venue du plus profond de son cœur, exprimant ce qu’il pensait réellement.
« J’ai parlé trop vite, tout à l’heure. Si votre dague est le poignard que vous avez mentionné, alors oui, je crois bien que je me sens trahi… dit-il tristement. J’ignore pourquoi, mais c’est ce que je ressens. C’est étrange, et idiot, n’est-il pas ? D’avoir cru qu’un Vampire pourrait laisser un de ses ennemis jurés en vie. Je paye sans doute là le prix de mes mots et de mes actions à l’égard de votre peuple, Hyrriena. Il est normal que vous souhaitiez venger les vôtres qui sont morts. C’est pourquoi je ne vous en veux pas ; vous agissez avec honneur et fierté. »
Le Jeune Loup s’interrompit, prenant une profonde inspiration, puis tendit le bras droit en arrière, doucement afin de ne pas l’effrayer, et posa délicatement sa main sur la sienne qui tenait la dague. Sa peau était froide, glacée, mais étonnamment douce. A ce simple contact, pourtant si innocent, son pouls s’emballa de nouveau. Allons bon, voilà que toucher la main d’une demoiselle le mettait dans tous ses états, maintenant, lui qui s’amusait à charmer tout ce qui portait un jupon sans que jamais son cœur ne lui fasse pareil coup. Surtout en parlant à une femme qui pourrait bien lui ôter la vie dans les prochaines secondes.
« Si vous devez me tuer, allez-y… Mais j’aurais une faveur à vous demander, avant, Aristarkh se tut, essayant vainement de chasser toute trace d’émotion dans sa voix. Me laisserez-vous regarder vos yeux, me perdre dans votre regard, une dernière fois, Hy’na ? » |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Lun 10 Mar 2014 - 11:05 | |
| Réflexion intéressante s’il en était de celle que poursuivaient les deux jeunes gens, pourtant naturellement ennemis. Intéressante, dangereuse et inattendue, ils seraient tous les deux tués pour cette conversation si l’on venait à les surprendre. L’un pour trahison, l’autre pour sa simple existence. Hyrriena ignorait quel était l’exact sentiment des soldats envers les vampires depuis que les alayiens les avaient envahis, mais elle doutait que la miséricorde et l’intelligence soient soudainement apparues parmi eux, infiltrant leurs cœurs battants et apeurés. Leurs ennemis de toujours ne se verraient probablement pas offrir la vie sauve simplement parce que d’autres envahisseurs plus nombreux et plus périlleux étaient apparus. Du moins la jeune fille n’allait certainement pas parier là-dessus. La conclusion offerte par le jeune Loup du Nord en aurait offusqué plus d’un, mais la voleuse se contenta de hocher doucement la tête, méditant ses paroles. Besoin l’un de l’autre… C’était audacieux, aucun doute là-dessus. Aurait-elle été plus orgueilleuse qu’elle lui aurait tranché la tête pour tenir pareil propos, insultée par une telle insinuation. Mais il n’avait pas tout à fait tort, loin de là même, puisque c’était effectivement leurs différences et leurs haines qui avaient façonné leurs deux peuples, pour le meilleur et pour le pire. Et au moins cela les mettaient-ils tous deux d’accord. Surprenant, ce jeune guerrier. Il était plus diplomate que son nom et son armement ne le laissait supposer. Plus délicat aussi. En bref malgré sa sévérité apparente il y avait sous la carapace une étonnante douceur et une fine intelligence. De quoi fasciner la jeune voleuse qui se garda pourtant bien de laisser paraitre sa curiosité, ses yeux brillants encore de sa réponse passionnée. Les mains vides puisque ses dagues étaient toujours appuyées contre le mur, elle ôta ses gants pour les triturer machinalement, cherchant de quoi s’occuper pour ne pas se laisser emporter par cette discussion trop prenante.
-Vous tenez des propos dangereux, jeune Loup. Justes, mais qui pourraient vous couter la vie. Peu nombreux sont ceux qui toléreraient pareil discours, que ce soit parmi votre peuple ou le mien. Peut-être avez-vous raison, sûrement même. Tout être a besoin de ses ennemis et de ses proies pour trouver un équilibre, aussi instable soit-il. Il est toutefois triste de se dire que nulle paix ne sera possible entre nos peuples, puisque le changement apporté serait par trop grand, d’autant que pour les vampires, cesser de se nourrir ainsi reviendrait à se condamner à une lente et macabre agonie. A une échelle plus personnelle, je doute que l’existence de l’un ait beaucoup perturbé l’autre, mais que nous soyons tous deux en vie à cet instant même montre pourtant qu’il est possible de faire quelques concessions et que meurtres et violences ne sont pas toujours les seuls choses pouvant nous rassembler. Sans doute aucune de nos deux visions sur le droit d’exister de l’autre n’est donc le bon, ajouta-t-elle dans un murmure que le vent emporta sans qu’elle ne sache s’il fut entendu par son destinataire.
Mais ce n’était qu’une hypothèse, elles pouvaient être vraies toutes les deux également, ou simplement l’une. Seul comptait le point de vue de la personne qui exprimait son opinion et à ce jeu-là, il n’y avait pas de vérité absolue. Seulement des jugements loin d’être impartiaux. Laissant là des considérations téméraires, elle pinça les lèvres avec amusement en entendant la rumeur sur le sang des Nordiens, avant de détourner le regard en entendant sa dernière phrase. Aurait-elle été humaine qu’elle serait plus rouge que le coquelicot dans un champ en été ; comment osait-il insinuer qu’elle s’inquiétait pour lui ? Une telle pensée aurait été une preuve de faiblesse, d’autant plus pour un être qu’elle ne connaissait pour ainsi dire pas. S’était-elle inquiétée pour les centaines d’autres personnes ayant croisé sa vie ? Non, jamais. Celui-ci n’allait certainement pas échapper à la règle. Ou un peu, mais juste un tout petit peu dans ce cas. Le regard posé sur le sol poussiéreux et emprunt des vestiges d’une vie passée, elle s’embrouillait dans ses pensées. Furieuse de ce trouble provoqué par les taquineries du jeune homme, elle se contenta d’un sourire hésitant et d’une réponse qu’elle n’aurait probablement jamais dite sans la conversation précédente.
-Votre cœur et votre sang sont de glace dites-vous ? Il en va de même pour les vampires pour leur cœur et leur peau. Figés et froids. Sans doute sommes-nous plus proches que beaucoup ne l’imaginent. Mais je ne m’en fais pas. Vous semblez aptes à vous défendre.
La suite ne sembla pourtant pas lui donner raison. Aristarkh outrepassa ses droits et la vampire ne tarda pas à lui faire comprendre, appuyant sa lame contre lui après l’avoir récupérée. Lui était désarmé alors qu’elle était de loin en position de force ; et tout à fait incapable de se décider sur le sort qu’elle allait lui réserver. Le moment était sans doute venu de prendre la poudre d’escampette. Cette rencontre avait dévié plus que prévu et Hyrriena se méfiait du futur, incertain et amuseur. Un pas en arrière, un saut, et elle disparaitrait dans la nuit. Ce n’était pas compliqué, bien au contraire, elle l’avait fait des dizaines et des dizaines de fois, cette pratique ayant rythmé sa vie aussi sûrement que le sang qu’elle buvait. Mais plus rapide, sa proie se mit à rire, et la demoiselle se figea. Cet homme était complétement fou, il n’y avait pas d’autres explications, à moins qu’il ne s’agisse que de la peur qui parfois provoquait d’étranges réactions. Surprise de sa comparaison, elle ne put que grincer un « Trop aimable » agacé l’entendant ; elle n’était pas une chèvre, formidable. La suite lui fit appuyer un peu plus sa lame contre la chair tendre, comme si son inconscient cherchait à faire tare le bavard qui lui tournait le dos comme elle l’y avait obligé. Il était trop jeune pour comprendre, la subtilité de l’amour lui échappait. Bien sûr qu’elle-même n’y connaissait strictement rien, mais au moins pouvait-elle se vanter d’avoir eu suffisamment d’années derrière elle pour ne pas chercher à en apprendre plus ; au contraire. Tandis que Svenn, sans doute, cherchait-il encore ce que les méandres de cette émotion si étrange pouvaient lui réserver, jouant un jeu dangereux sans en avoir conscience, enfant solitaire quêtant un mystérieux contact qui lui offre le cœur souriant et le visage amoureux. Il lui fallait donc une louve et non une panthère, qui puisse le comprendre. Eux étaient trop proches et trop différents, curieux paradoxe pourtant bien réel.
Elle s’était trompée, il n’était pas désarmée. Loin de là. Il utilisait ses mots pour se défendre, et s’ils semblaient être sortis tout droit d’un conte romantique, ils vibraient à présent de sincérité, elle le sentait au plus profond d’elle-même. Etrangement, Hyrriena avait ainsi l’impression que c’était lui en position de force, et cela l’horripilait de se sentir à la merci de son honnêteté. L’inquiétait également, puisqu’elle n’aurait jamais dû se sentir atteignable, aucune parole n’aurait dû être capable de percer sa carapace et son cœur mort depuis plus d’un siècle déjà. Rien de tout cela n’était normal, et pourtant aucune magie, intentionnelle ou non, ne semblait être en cause de sa confusion. Fronçant le nez, elle chassa l’hésitation de son regard, malgré qu’il ne puisse la voir, et le démentit avec une assurance qu’elle était pourtant loin de ressentir.
-Si la rose a des épines, c’est pour se protéger, mais elle le fait non pas parce qu’elle est convoitée, mais menacée. Ceux qui la croisent ne voient non pas ses qualités, mais le danger qu’elle représente pour les autres espèces florales, et c’est pour cela qu’elle se fait arracher sans pitié, les moins brutaux cueillant la fleur qui finit en bord de chemin. Mais vous êtes bien étrange de voir ainsi, de considérer comme vous le faites la beauté de votre ennemie alors même qu’elle pourrait mettre fin à votre vie d’un geste de sa lame. Mais ne voyez pas cela comme une trahison, un poignard dans le dos ; après tout, je suis une panthère et non une vipère avez-vous dit.
Etait-il pour autant stupide de penser cela ? La réponse aurait dû être oui, mais elle pensait que non. Par fierté toutefois, pour mettre fin à cette discussion insensée, elle préféra ne pas répondre à cette question. Elle aurait été incapable de lui expliquer en quoi elle comprenait son sentiment, pourquoi elle parvenait à imaginer cette étrange trahison qu’il ressentait. Elle se mordit la langue, la douleur de ses canines acérées la ramenant à de meilleurs sentiments, plus sûrs. Tout cela n’était qu’un théâtre, une comédie, une farce dont elle ne comprenait pas le sens mais la pièce était trop longue, trop angoissante pour qu’elle en attende la fin sagement. Mais comme tout spectateur, elle avait besoin de connaitre l’issue, incapable d’abandonner les personnages et leurs rôles fascinants qu’elle-même jouait. Elle ne bougea pas, immobilisée par l’attente du destin, chacune des paroles du jeune loup pénétrant l’intimité de son âme pour y prendre une petite place, Il était prêt à mourir, vraiment ? Abandonner cette vie à peine débutée avec en dernier souhait de la voir, elle ? Hy’na… Le surnom était délicat et affectueux, empli d’une douceur comme elle n’en avait jamais, de sa vie vampirique. Elle sentit un grand frisson lui courir le long de l’échine et remonter le long de son dos, et il fallut le contact de la main chaude pour la sortir de sa pétrification. Elle couina en retirant sa main et la lame presque tremblante à toute vitesse, comme si cet attouchement la brûlait profondément, et ce fut un heureux coup du sort qui permit à l’humain de ne pas se retrouver avec la paume fortement entaillée. Mais où Dracos étaient ses gants ? Pourquoi ne les avait-elle pas ? Deux taches sombres sur le sol lui répondirent muettement, elle se souvint les avoir enlevés quelques instants plus tôt. Ils avaient dû tomber lorsqu’elle s’était levée. Au moins était-elle parvenue à se reculer sans blesser Aristarkh. Dans l’état où elle était, la vampiresse n’était pas capable de dire si résister à la soif aurait été dans ses capacités. Se passant ses doigts gauches dans son épaisse chevelure après s’être reculée de quelques pas, sa main droite serrée sur le manche de son arme palpitant encore du fugace contact chaleureux du jeune loup, elle inspira doucement, plus par reflexe que par besoin, cherchant à affermir sa voix.
-Je ne vous tuerais pas, Aristarkh Sasha Svenn, pas plus que vous ne l’avez fait vous-même alors même que vous l’auriez pu. Aucune dette n’est donc due, vous ne mourrez pas par main, mais vous devriez retourner auprès des vôtres.
Elle ne voulait pas croiser son regard. Le refusait totalement, presque paniquée à cette simple idée. Il l’avait suffisamment perturbée pour qu’elle permette cela en plus. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Mer 19 Mar 2014 - 14:55 | |
| Aristarkh ne put retenir un sourire. La jeune femme avait remarqué avec justesse que ses propos pourraient être interprétés, par ses frères et sœurs Nordiens, comme une trahison. Mais après tout, ce qu’il faisait en cet instant était déjà trahir toute son éducation, tous ses ancêtres morts en luttant contre l’infection Vampirique. Ce n’était pas que son discours ne serait pas toléré, il serait complètement rejeté, et lui avec, comme l’océan rejetait sur les côtes ceux qui tentaient de s’en éloigner, inlassablement. Et son Père… Son Père n’hésiterait pas une seule seconde à le tuer, s’il s’apercevait que le cœur de son fils devenait faible envers leurs ennemis séculaires.
La paix. Pour Aris, ce terme n’était qu’un son, ou des lettres sur un parchemin s’il était écrit. Jamais il n’avait considéré ce concept comme quelque chose de réel. C’était un joli mot, qui sonnait bien, mais en-dehors de cela, valait-il la peine d’être considéré ? La paix n’était digne d’exister que dans les utopies des rêveurs. Cependant, être en ce lieu, en cet instant, à discuter tranquillement avec une ennemie mortelle, n’était-ce pas… Faire la paix, ne serait-ce qu’entre deux individus ? Mais ce qui était vrai pour deux personnes, ne le serait pas forcément pour un plus grand nombre. Car Hyrriena avait raison : la paix entre leurs deux peuples déstabiliseraient inévitablement ceux-ci, détruiraient leur essence, leur raison d’être, leur histoire, leur culture… Bref, ils ne seraient plus que des chapitres dans des livres d’Histoire.
« Je ne sais pas, commença-t-il lentement. Peut-être avons-nous été plus perturbés que nous le pensons par notre rencontre. Je ne dis pas que ma vision sur votre peuple a changé, parce que, pour n’importe quel autre Vampire, j’aurai planté ma lame dans son cœur. Mais c’est justement parce que vous, je vous ai laissé en vie, que j’en viens à penser que… De notre rencontre découlera quelque chose, un changement. Peut-être que rien de cela ne serait arrivé sans l’invasion Alayienne ; l’Armée du Nord a en effet été mobilisé pour lutter contre les Vampires lorsque la guerre a débuté, mais voilà qu’aujourd’hui nous nous battons contre un ennemi commun, même si l’on ne peut parler d’alliance entre nos deux peuples. C’est pourquoi je pense que, quoiqu’il arrive, et quelque soit le temps que cela devra prendre, la sempiternelle lutte entre les Vampires et les Nordiens continuera jusqu’à l’extinction de l’une ou l’autre race. Des histoires comme la nôtre, celle que nous vivons actuellement, ne resteront que des exceptions, le fruit de rencontres entre esprits marginaux ou… En avance sur leur temps. Vraiment, reprit Aris après s’être arrêté de parler un court instant. Je ne regrette pas de parler avec vous, ni de vous avoir laissé la vie sauve, car grâce à vous… Je peux apprendre à mieux connaître mon ennemi, et je comprends que certains des vôtres sont… "Humains", si vous me passez l’expression. Vous, Hyrriena, ne me paraissez pas être une bête assoiffée de sang, vous me l’avez prouvé ce soir. »
En effet, pour une chasseresse en… Chasse, elle se contrôlait extrêmement bien. Bien qu’il ne pourrait pas la surveiller par la suite, elle lui faisait bonne impression. Néanmoins, Aristarkh devait constamment repousser dans un coin de sa tête la pensée selon lauqelle, sitôt sortie de cette maison, elle se ruerait sur la première âme solitaire de la ville. Et la Mère des Montagnes seule savait combien de pauvres solitaires erraient dans les rues en ruine. Mais après tout, il s’agissait de Sudiers, et ce ne serait pas des combattants sur lesquels elle s’abattrait, alors, après tout, juste un mort…
De glace est le cœur d’un Nordien, de glace est son sang. Voilà ce qui se disait, notamment chez les Sudiers, car pour eux, vivre dans le froid était la mort assurée, alors que les températures étaient dans le Nord plus douces que ce qu’ils croyaient. Et toujours selon ces faibles, le fait que tout soit gelé chez les natifs de Glacern expliquait leur caractère froid et disant. Pauvres ignorants.
Les yeux d’Aristarkh se fixèrent un instant sur les lèvres d’Hyrriena, lesquelles souriaient timidement. Et c’est amusé qu’il écouta sa réplique. Quelle audace de comparer ainsi les Vampires et les Nordiens. Cependant, il était vrai que les présents éléments de leur discussion l’y autorisaient.
« Vous devriez sourire plus souvent, Hyrriena. Cela vous va très bien. Quant à la proximité… En effet, seuls quelques mètres nous séparent l’un de l’autre, dit-il d’un ton rieur, prenant à contre-pied le sens de sa phrase. »
Et c’est à contre-pied qu’il fut pris lui aussi, lorsque l’arme de la jeune femme menaça le bas de son dos. Agissant sur une impulsion, sans réfléchir aucunement, le Jeune Loup avait brisé les mètres susnommés pour venir frôler le corps de la Vampire, au mépris des règles de survie les plus élémentaires que l’on lui avait apprises. Quelle folie s’était donc saisie de lui ? Assurément une folie liée au cœur, car aucun autre organe ne pouvait briser aussi facilement l’éducation, l’entraînement, en usant uniquement d’émotions.
Ses paroles suivantes elles-mêmes étaient issues de ses pensées les plus profondes. Il n’y avait là nul calcul visant à gagner du temps, nul stratagème, nul artifice, mais uniquement… Une vérité fragile, aussi ténue que la flamme d’une chandelle lors d’une nuit venteuse. Elle pouvait être soufflée à n’importe quel instant, ne laissant derrière elle qu’un mince filet de fumée, tel un fantôme.
« Vous avez une vision bien noire de la chose, répondit le jeune homme en l’entendant parler. Lorsque vous marchez, et que vous voyez une fleur ou un végétal quelconque ; votre première pensée est de vous dire : "Parbleu, cette fleur est dangereuse pour les autres, je dois la tuer" ? Si c’est le cas, alors vous êtes bien la seule de mes connaissance à agir ainsi. Non, pour bien des gens, la rose est cueillie pour ce qu’elle est : une fleur d’une beauté sans égale, porteuse de la plus pure des symboliques. Mais n’est-ce que maintenant que vous me considérez comme étrange ? Je le suis depuis le début de notre rencontre, et je me permets de vous retourner l’adjectif. Est-ce un crime que de trouver celle qui menace nos jours aussi belle qu’une fleur ? Vous êtes… Une Elfe avec des canines. Vous êtes Freyja, dont la seule présence éveille mille et uns tourments dans le cœur de ceux qui vous entourent. Fleur, j’aimerais tant être jardinier pour pouvoir vous contempler chaque jour. »
Trop court fut le contact entre leurs mains, laissant sa peau réclamer toujours plus de ce contact si doux, si froid, si… Délicieux. Même le petit cri qu’Hyrriena poussa en se retirant vivement, le rendant libre de ses mouvements, charma son ouïe, et c’est lentement qu’Aristarkh se retourna, goûtant presque avec déception cette liberté retrouvée. Devant lui, la Vampiresse semblait fébrile, et gardait les yeux obstinément loin des siens. Se pouvait-il que ses mots, ses paroles, l’aient touché plus qu’il ne le pensait ? Inspirant doucement, le Nordien avança de quelques pas, lentement, comme s’il voulait rejouer la scène précédente.
« Je ne veux pas retourner auprès des miens ce soir, souffla-t-il dans un murmure. »
Continuant de s’approcher, Aris remonta sa manche gauche, dans un faible cliquetis métallique de sa maille huilée fixée au cuir, dégageant ainsi son avant-bras. Agissant sans réfléchir à ce qu’il faisait, ayant perdu le contrôle conscient de ses actes, il posa sa peau nue sur le tranchant de la dague toujours levée dans sa direction, s’y appuya et retira son bras d’un coup, tailladant profondément son poignet, le sang se mettant presque aussitôt à couler.
« Je ne peux vous laisser partir, car je ne veux pas qu’un Glorian vous tienne lieu de repas. Je dois malheureusement tous les protéger, comme je l’ai promis à mon Père. Alors… »
Un sourire que d’aucuns auraient qualifié de tendre se dessina sur ses lèvres, tandis qu’Aristarkh levait son bras, de grosses gouttes de sang tombant, tel des diamants noirs dans l’obscurité, touchant le sol dans un bruit mat.
« Prenez un peu du mien, juste… De quoi tenir. Je… Voyez cela comme… Un service que vous me rendez, Hyrriena. »
Fou, il devenait fou, et il ne jouait non plus avec le feu, mais avec la mort elle-même. Seulement, qu’était la folie face à… L’Autre Folie ? |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Dim 23 Mar 2014 - 19:00 | |
| Mettre d’accord et rapprocher deux êtres si différents, si opposés, était quelque chose d’extrêmement complexe et dont la difficulté était renforcée par une éducation stricte et sans pitié de l’un des deux. Pourtant… Pourtant tout n’était pas perdu et une faille s’était ouverte entre Aristarkh Sasha Svenn, Loup du Nord, et Hyrriena Moledvina, vampiresse. Depuis quand ? Aucun des deux ne le savait, ou peut-être les deux. Mais c’était ainsi, et se pencher plus avant sur des détails qu’ils ne pouvaient comprendre était inutile. Ils avaient déjà bien assez à faire comme cela. Pour l’instant, la conversation s’orientait vers un point d’accord entre eux deux, et ils parlaient presqu’à cœur ouvert, chacun sondant l’autre en l’étudiant, conscients qu’ils n’auraient guère d’autres occasions d’avoir pareil échange avec d’autres membres de leurs peuples respectifs, malgré l’union nouvelle qui devait les unissaient pour vaincre l’ennemi. Le regard attentif, la jeune femme détailla un instant les traits pâles de son interlocuteur avant de répondre à son tour, fascinée par l’humain si étrange qui lui faisait face.
-Vous autres humains êtes curieux par instants. Cette vision ne changera probablement jamais non plus, bien au contraire. Mais… je dois avouer ne pas regretter non plus cette rencontre. Les chances que ce soit vous le nordique que je rencontre et qu’ainsi nous restions tous deux en vie étaient infimes, mais pourtant elles sont furent bien réelles. J’en remercierais presque les alayiens, ajouta-t-elle avec ironie, parce que cela n’aurait pas été ainsi il y a quelques années. Esprit marginal ou non, notre rencontre n’aurait pu que solder par la… disparition définitive de l’un de nous. Je ne prétends pas pour ma part pouvoir comprendre votre race ainsi, parce que rares sont ceux agissant à votre façon. D’autant que mes ennemis n’ont pas votre indulgence. Eux ne sont pas « humains », pour reprendre votre terme. Bien au contraire, ils ne souhaitent que violence et mort et leur soif de sang n’a rien à envier à certains des miens, malgré qu’eux ne s’en nourrissent pas.
Parler de sang était difficile pour elle, alors qu’elle avait échoué à se nourrir peu de temps auparavant. D’autant qu’elle difficilement lui dire qu’elle prenait la poudre d’escampette parce qu’elle sentait une petite fringale s’installer, pas après la conversation qu’ils venaient de tenir. Doux et sanglant supplice… Il lui fallait se concentrer pour ne pas fixer la gorge palpitante de vie du soldat, promesse de volupté et de délices. Rien qu’en y songeant… D’autant que le jeune homme choisit cet instant pour parler de cœur et de sang, rajoutant à la soif de la voleuse. Mais non, le moment n’était pas venu de trouver un casse-croûte, d’autant que la nuit n’était pas terminée et qu’ils étaient censés rester ensemble. Dangereux pour lui, il devait s’en rendre compte pourtant. Mais non, il se contenta simplement de la complimenter plutôt que de songer aux risques qu’il prenait d’être en pareille compagnie. Qu’il s’agisse d’un fou ou du plus grand séducteur qu’Armanda compte, le résultat était le même et Hyrriena secoua doucement la tête tandis que ledit sourire s’élargissait doucement. Oui, ils étaient proches, un peu trop peut-être, mais ce n’était pas de ce rapprochement là qu’elle parlait. Il avait décidé de jouer avec les mots et c’est en resserrant les jambes contre elle comme pour augmenter l’espace entre eux qu’elle répondit en raillant.
-Cela va peut-être vous surprendre, mais les occasions ne sourire, déjà peut nombreuses auparavant, le sont encore moins en ce moment. Mais soit, je ferais un effort pour vous, termina-t-elle en riant, ses yeux se plissant d’amusement.
Après tout, s’il souhaitait tourner tout ainsi à la dérision, elle acceptait de bon cœur de jouer à ce jeu étrange. Mais l’amusement disparu rapidement lorsqu’il décida d’en tordre les règles pour devenir charmeur de tout son être, et sa cible estima qu’il était grand temps de s’arrêter là, lui posant la dague au creux des reins en guise d’avertissement tandis qu’ils discutaient botanique. Même ainsi, dos tourné, il continuait à user de ses mots, de son charisme surprenant et tendre, de sa douceur presque effrayante de sincérité.
-Je ne pense pas cela, répondit-elle avec un froncement de sourcils qu’il ne put voir. Et je ne suis pas étrange non plus. Votre… comportement me fait agir ainsi, mais toute personne censée en aurait fait de même. Mais c’est vrai, vous l’êtes depuis le début. Il faut l’être pour comparer un vampire à un elfe ‒d’autant qu’elle n’était pas une ancestrale. Et seriez-vous jardinier, jeune Loup, que la fleur que vous voyez en moi ne s’épanouirait que la nuit.
Un monde les séparait, et plus que cela. La mort elle-même s’était partiellement emparée du corps et de l’esprit de la vampire, mais il semblait que le Nordien ne souhaitait pas le comprendre. Comment le lui expliquer posément alors qu’il la troublait plus que de raison ? Elle qui croyait avoir échappé à toutes les ruses humaines comprenait désormais qu’elle se trompait lourdement. Celle d’Aristarkh était plus insidieuse, plus empoisonnée que toutes les autres. Plus savoureuse aussi. Pourtant préférant le fuir, de même que sa main brûlante recouvrant la sienne en geste délicat, Hyrriena détourna le regard de l’humain, la respiration bloquée, tentant de reprendre contenance et lui demandant implicitement de partir. Pourquoi refusa-t-il ? Elle entendit les bottes sur le sol annonçant son approche, un bruit de mailles mais incapable de se concentrer, elle ferma un instant les yeux pour retrouver ses esprits, gardant toutefois son arme levée afin d’éviter tout nouvel assaut de sa part. Si le Dracos existait vraiment, elle avait besoin de son aide, tout de suite. L’étranger devait s’éloigner. Plus facile à dire qu’à faire d’autant qu’elle toujours incapable d’affronter les yeux sombres et intenses, et l’idée finit par disparaitre totalement lorsqu’un couinement humide résonna à ses oreilles. Surprise, la jeune femme releva la tête pour voir un bouillonnement rouge sortir du bras relevé en une invitation explicite. Heureusement qu’elle avait coupé sa respiration, mais même ainsi la simple vue suffisait à faire couler le venin dans sa bouche, ses yeux étincelant de désir et lorsque malgré toute sa volonté elle inspira l’odeur sucré et tellement appétissante, elle se mit sans même s’en rendre vraiment compte à baisser sa lame pour venir au contact du membre offert. Peu importait l’odeur de transpiration, la saleté et la poussière pouvant contrebalancer ce parfum délicat, elle ne songeait qu’à ce liquide vermeil qui l’attendait, luttant pour ne pas céder, chaque inspiration compliquant encore cette tâche sans qu’elle ne puisse réellement se priver de cette délicieuse torture, son ventre se réchauffant doucement et lentement, sa gorge appelant à se brûler à cet enivrant repas.
-Vous… vous ne devriez pas. Je peux m’engager à ne toucher aucun glorien si vous le désirez.
Proposition qu’elle espérait pourtant l’entendre décliner. Sa voix était rendue rauque par la soif et la tentation dévorante de céder à l'appel muet de ses sens, mais elle continua à approcher lentement, les pupilles dilatées, jusqu’à se trouver à quelques centimètres de celui qu’elle fuyait quelques instants plus tôt, leur corps se touchant presque. Incapable de résister, elle finit par s’abandonner au jeune homme, baissant la tête pour poser les lèvres contre la plaie et recueillir la précieuse boisson, ses deux mains nues glissant le long de l’avant-bras pour le soutenir tandis qu’elle le buvait avec passion. Un instant, la tentation de planter ses canines dans la chair tendre vacilla dans son esprit avant de disparaitre totalement, la laissant dans la jouissance de l’instant présent, totalement livrée à son désir et sans préoccupation de l’extérieur. Il s’était offert à elle, à elle de lui laisser la vie sauve. Son monde à cet instant tournait autour de ce poignet dégoulinant de sang et rien d’autre.
Finalement, repue, elle releva la tête après avoir délicatement, presque tendrement, léché la plaie et récupéra lentement ses esprits, perdue. Elle s’était presque sentie en transe en se nourrissant, et cette impression, qui ne lui était pourtant jamais arrivée, la laissait déboussolée comme une enfant abandonné par ses parents. Les yeux encore luisant d’excitation, elle cilla plusieurs fois en lâchant le bras d’Aristarkh, reculant doucement contre le mut si stable et immuable contre lequel elle s’appuya, la nuit lui offrant un carcan de protection le temps qu’elle se remette de cette faiblesse passagère qu’elle ne comprenait pas. Combien de fois s’était-elle nourrie ? A aucun moment, jamais, cela ne lui était arrivé. Honteuse, elle se passa une main sur la bouche pour se débarrasser de toute trace et souffla doucement avant de s’éclaircir la voix qui malgré tout restait délicatement craintive. Seul vestige de cette étrange scène, quelques gouttes assombrissant le sol.
-Je suis désolée. Je vous remercie pour… je vous remercie.
Difficile de s’exprimer correctement après cela. Presque timidement, appréciant la distance qui s’était de nouveau installée, elle l’observa avec circonscription, ses yeux de chat fouillant sans peine dans le noir de la nuit.
-Vous, euh, vous allez bien ?
Un instant, elle songea à lui proposer de refermer la plaie à l’aide de sa magie avant d’oublier cette idée : inutile de l’offenser en songeant à cela, alors qu’il avait reconnu ne pas aimer son usage. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Sam 29 Mar 2014 - 14:33 | |
| Comment aurait-il réagi, en une autre époque que celle-ci ? Aurait-il agi de même, en conviant cette Vampire à discuter pacifiquement durant une nuit, aurait-il rengainé ses armes sans avoir versé le sang, passez l’image, d’une représentante de ses ennemis séculaires ? Ou bien, chose plus plausible, lui aurait-il sauté dessus dans la seule intention de la tuer ? Il était difficile de répondre, car il ignorait dans quel état d’esprit il aurait été alors. Comment pouvait-on parler des différentes possibilités du futur à un instant donné du passé, lors que nous avions emprunté une branche unique et précise ?« Nul ne peut être sûr de ce qui se serait passé si tel événement s’était produit, et non un autre. Peut-être à l’époque vous aurais-je tué, comme j’aurais pu agir de la même manière que maintenant. La première fois que je suis descendu dans le Sud, il y a un peu plus de deux ans, était pour mon initiation. Si nous nous étions croisés à ce moment-là, sans doute aurais-je tout fait pour vous chasser et vous tuer. Mais si ce soir n’avait pas été, et que notre première rencontre aurait été plus loin dans l’avenir, qui peut dire ce qui serait arrivé ? Profitons de cet instant présent, et ne cherchons pas à émettre des hypothèses sur le mystère du temps. Vous êtes ici, je suis ici, et nulle lame de haine ne nous sépare, dit-il en souriant. Je ne parlerai pas de mon peuple, les Nordiens, car nous sommes un cas à part, mais ici, pour beaucoup de Sudiers, les Vampires sont un sujet de crainte. Vous rôdez dans la nuit, prêts à sauter sur le moindre imprudent pour vous nourrir de son sang, le laissant pour mort. Les murs mêmes des demeures ne sont plus des protections suffisantes. Et face à quelque chose que l’on craint, il n’y a que deux réactions possibles, trois si l’on compte le déni de la menace : la fuite, et l’agressivité. Si vous tuez ce qui vous effraie, alors vous n’aurez plus de raisons d’avoir peur, non ? Ne vous méprenez pas, continua-t-il précipitamment. Je ne cherche pas à justifier leurs actes, mais… Leur haine à votre égard vient qu’ils sont effrayés par vous, par votre race, Hyrriena. Tel est le fond du problème. »Car oui, ce qu’il y avait de plus noir, au plus profond du cœur humain, était cette peur animale qui était à la base de toutes ses actions. Il avait peur d’avoir froid ? L’humain construisait une maison et y allumait un feu. Il avait peur d’avoir faim ? Il n’hésitait pas à travailler ou voler de quoi obtenir sa pitance. Il avait peur de l’inconnu ? Il le rejetait par tous les moyens en sa possession. Pour le plus grand nombre, sans qu’ils en aient conscience, cette peur ancestrale les contrôlait, décidait de leurs actions. Même ce qu’ils pensaient décider librement était en fait le résultat de cette peur et d’autres éléments.
Peut-être fut-ce son rire qui déclencha son envie d’être charmeur. Peut-être fut-ce autre chose. Cela, il ne le saurait jamais, mais toujours est-il que ce son, si incongru dans une telle situation, en un tel lieu, avait de quoi bercer les oreilles, comme si… Comme s’il entendait une douce musique au moment le plus magique de la nuit, lorsque les étoiles brillaient au-dessus des montagnes.
Mais une chanson pouvait-elle menacer votre vie en vous pointant une dague dans le dos ? Une chanson pouvait-elle vous maintenir prisonnier ? Le Nord était rude, et rares étaient les bardes, dans ces froides latitudes. Et même alors, leurs chants étaient martiaux, à l’instar de ceux qui les écoutaient. Nulle Princesse amoureuse n’existait dans les paroles, mais plutôt les Nordiens tombés glorieusement au combat. D’où lui venait donc cette impression de déjà vu ? Même dans le répertoire Sudier, il n’avait jamais entendu parler d’une situation comme celle dans laquelle ils se trouvaient, sinon peut-être quelques chants paillards, qui n’auraient pas leur place en un tel moment.« Sensée ? Demanda-t-il en riant. Vous n’êtes pas plus sensée que moi, Hyrriena, car vous aussi avez fait preuve de pitié en ne me sautant pas dessus dès que nous sommes rentrés dans cette maison. Et pourtant, nombreuses furent les occasions de planter vos dents dans mon cou. Votre comportement est tout aussi… Mmmh… Troublant que le mien, dirais-je. Alors, reprit-il. Dans ce cas, j’attendrais chacune des nuits où vous vous ouvrirez pour pouvoir vous contempler. La beauté la plus pure est celle qui se cache pour ne pas être vue. Je prendrais soin de votre tige, de chacune de vos pétales, et je veillerais à ce que vous soyez plus belle à chacune des nuits. »Musique d'ambiance : I Love Him - Della Ding (Autumn's Concerto OST)Trop tôt, hélas, fut rompu leur contact physique. Même si cela était seulement par la pointe d’une dague, et sa main sur la sienne, il y avait puisé là une source inattendue de chaleur, malgré que la peau de la Vampire fût froide. Trop longue fut la distance qui les séparait désormais, Hyrriena ayant reculé comme si elle fuyait quelque chose, comme si elle le fuyait. Même l’arme qu’elle tenait dans ses mains était toujours pointée vers lui, mais de cela, Aristarlh n’en avait plus que faire. Il ne pensait plus ; la mort aurait pu le cueillir ce soir qu’il ne se serait pas battu contre, car celle-ci serait venue de cette étrange personne qui inhibait ses pensées. Avant qu’il ne s’en rende lui-même compte, il était de nouveau près de la jeune femme, le bras ouvert en une profonde estafilade de laquelle coulait son sang, qu’il offrait à cette Vampire si particulière. L’arme se baissa, tandis que les yeux d’Hyrriena ne fixaient plus le sol, mais son bras. Aristarkh pouvait y lire le combat qui s’était engagé dans son cœur, entre la tentation de céder, et les dernières barrières qui retenaient sa raison.« Ne vous engagez à rien… Je… Prenez mon sang, Hy’na. Je m’offre à vous. »Et finalement, elle vint. Ses mains se posèrent sur son bras tandis qu’elle attirait celui-ci contre ses lèvres. Sa bouche et sa langue étaient froides, et le contraste avec son sang brûlant était fort. Une sensation presque onirique – non, elle l’était clairement, onirique – parcourut son corps, des frissons descendant son dos et hérissant chaque centimètre carré de sa peau. Il sentait le mouvement de sa langue glacée sur son bras, ses lèvres qui aspiraient son sang avec autant de douceur que de la soie. Le temps n’avait plus d’importance, la guerre non plus. Plus rien d’autre n’en avait, tandis qu’il faisait cette sanglante expérience. Son cœur battait à tout rompre, non de peur, mais d’excitation. Jamais il ne s’était senti aussi vivant, alors que pourtant, sa vie s’échappait à mesure que s’apaisait la faim d’Hyrriena.
Tous deux semblaient revenir d’ailleurs lorsque cette communion physique cessa. Aristarkh ne ressentait toujours pas la douleur de sa blessure, sa peau conservant le souvenir de ce qui venait de se passer avec une acuité telle qu’il aurait pu croire la Vampire toujours contre lui. Sa respiration, qui s’était accélérée, tendait à retrouver lentement un rythme normal.« Je vous en prie, souffla le Jeune Loup dans un murmure imperceptible. »Aristarkh essuya d’un geste négligent son bras, arrosant le sol de quelques gouttes de sang supplémentaires qui se mêlèrent à la cendre et à la poussière qui recouvraient les pierres, puis rabattit sa maille et ses tissus. Il s’en occuperait plus tard. Lorsqu’Hyrriena lui demanda s’il allait bien l’Humain ne répondit pas. Pas immédiatement.« Si je vais bien ? Répéta-t-il en avançant. Non, je ne vais pas bien… Ou peut-être que si, je ne sais pas. Je ne sais plus. C’est la première fois que je… Que je donne mon sang à une femme. Jamais je n’ai… Votre langue et vos lèvres sont si… Douces et moelleuses, je… »Voilà que lui, le charmeur, qui savait manier les mots plus que quiconque, n’arrivait plus à en aligner deux correctement. Ses paroles décousues suffisaient à montrer à quel point il était perturbé par ce qui venait de ses passer. Non content de lui avoir épargné la vie, un Svenn venait d’offrir son sang à l’ennemi des siens… Mais Hyrriena n’était pas une ennemie. Qu’était-elle donc alors ? Pourquoi était-il dans tous ses états ?
Aris eut l’impression de courir les derniers mètres, ou peut-être n’avait-il fait que marcher sans conscience de la distance parcourue. A force de se retrouver toujours aussi près de son interlocutrice, il finirait très certainement par se faire tuer, car il venait de pénétrer une nouvelle fois l’espace vital de la jeune fille.
Prestement, ses bras passèrent entre son dos et le mur, et l’attirèrent la Vampire contre lui. Baissant son regard vers elle, il plongea ses yeux dans les siens, sentant l’odeur de son propre sang qui maculait encore en partie les lèvres. Une odeur de fer. Par la Mère des Montagnes, elle était magnifique, ses lèvres écarlates colorant son visage d’une pâleur lunaire, de même que ses yeux d’or brun. Son cœur se mit à nouveau à battre comme s’il voulait sortir de sa poitrine, tout son corps savourant cette étreinte interdite.« Pardonnez-moi. »Et sa bouche se dirigea lentement vers celle de son ennemie, folie parmi les folies qu’il commettait. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Jeu 3 Avr 2014 - 19:37 | |
| Certes, parler du possible et de l’impossible, de ce qui aurait pu être mais ne l’était pas, émettre ces hypothèses n’apportait guère de choses et pourtant, cela leur rappelait à tous les deux que s’ils discutaient tranquillement en cet instant, ils restaient ce qu’ils étaient : des prédateurs sans pitié, sans amour pour ceux qui envahissaient leur territoire, sans conciliation possible avec les autres races de chasseurs. Théoriquement du moins, puisqu’ils étaient en train de briser soigneusement ces quelques règles sacrées dans lesquelles ils baignaient depuis qu’ils étaient nés, de sa deuxième naissance en ce qui concernait Hyrriena. Et oui, ce territoire en question, il était difficile de savoir où il commençait, où il se terminait, puisque tous deux avaient une raison plus que légitime de se trouver en ces lieux. Mais c’était justement pour cette raison qu’il était nécessaire de redresser les barrières qui chutaient. La voleuse ne souhaitait pas se quereller avec le jeune Loup, tirer les armes ne l’intéressait nullement mais ce n’était pour cela qu’ils devaient aller à l’antipode d’une relation normale entre un vampire et un Nordien. Ils étaient ennemis héréditaires, ils ne deviendraient jamais amis. Quand bien même une telle chose fut possible, ce n’était pas souhaitable, ni pour l’un pour l’autre. Trop de choses seraient en jeu, à commencer par renier leurs propres valeurs déjà bien écorchées depuis le début de cette soirée commune. Il était déjà époustouflant, irréaliste presque de voir que sur le visage d’aucun des deux ne régnait véritablement la crainte de l’autre ou la méfiance à son égard. Non, ils semblaient presqu’être deux jeunes gens des plus banaux tentant de refaire le monde à leur façon, étudiant le lent écoulement du temps et ses mystères dans une maison abandonnée. Belle et paisible vision ô combien fausse. C’était bien plus que cela. Ils étaient bien plus que cela. Ils étaient la glace et le feu, la mort et la vie, le jour et la nuit…
-Cette… éducation que vous recevez semble décidément être pleine de vie, ironisa-t-elle. Je vous aurais sans aucun doute rendu la pareille, quoi qu’avec la chasse en moins. Mais soit, laissons là ces conjectures si vous le préférez.
Elle l’observa pensivement tandis qu’il semblait tenter de défendre ses ennemis du Sud. Bien sûr, ils étaient humains eux aussi. Tout cela était compréhensible. Agaçant mais compréhensible. Toutefois, elle ne put retenir un rictus de sombre satisfaction en l’entendant parler de la violation des demeures, qui lui donna une expression presque mauvaise. Après tout, elle avait fait du vol une passion, une manière de vivre. Elle ne pouvait qu’aimer cela, n’en déplaise au fils Svenn.
-Allons, vous qui êtes un chasseur, vous devez comprendre sans mal le plaisir à se glisser dans des murs clos et interdits, quêter ce que vous êtes venus chercher, récupérer celui qui se dissimule en tremblant pour vous fuir. Cette sensation de puissance, ce plaisir… Sa voix qui s’était faite presque murmure reprit de la vigueur tandis qu’elle concluait. Le fond du problème, c’est qu’ils sont trop idiots pour comprendre, ne cherchent pas à faire changer les choses. Ils ne tentent pas à se défendre simplement non, et leur but n’est pas réellement de se protéger. Simplement de tuer par plaisir de le faire. Ce n’est plus de l’agressivité, mais du sadisme pur.
Oui, il suffisait de voir l’étincelle de gourmandise perverse brillant dans leurs yeux à l’idée d’attraper un vampire. Avec leurs armes bâtardes ressemblant à des instruments de tortures dont ils se servaient aussi comme tels, ils avaient bien trop souvent approché la jeune demoiselle qui en gardait de douloureux souvenirs. Elle venait se nourrir d’un seul et tous se groupaient en troupeau, pour que finalement plusieurs corps jonchent le sol. Les moutons attaquaient-ils les bergers quand ceux-ci venaient, dans l’intention également de se restaurer, chercher l’un des leurs ? Non, jamais, alors les humains ne pouvaient se prétendre pauvres victimes quand ils faisaient la même chose avec d’autres. Stupides créatures égoïstes. Hyrriena se força à se détendre doucement, consciente que ses pensées s’emballaient, motivées et entraînées par sa colère et sa rancœur. Pour une fois qu’elle avait un interlocuteur digne de ce nom…
Enfin, digne… Son comportement ne le fut pas toujours, quoi que sa théâtralité fut plutôt bonne ; sans doute devait-il avoir l’habitude. Choisissant de fuir cette approche, elle s’éloigna de lui sans savoir qu’en réalité, ils ne faisaient que se rapprocher un peu plus à chaque instant. Elle fronça les sourcils en tentant de ne pas s‘embrouiller avec ses propres explications.
-Je suis aussi sensée que je puisse l’être en pareille situation. Certes je ne vous ai pas égorgé, bien que vous soyez singulièrement appétissant, mais je suis largement capable de me contrôler. Cela ne fait pas de moi une personne insensée, contrairement à votre comportement étrange. Cela dit ‒et sa voix se fit ironique‒ si vous préférez remettre les choses dans leur ordre habituel, c’est encore tout à fait possible. Vous êtes, reprit-elle, bien présomptueux de croire que je veuille vous laisser prendre soin de moi. Pendant plus d’un siècle je me suis veillée seule, allez donc charmer d’autres fleurs, Aristarkh Sasha Svenn, nombreux sont les pétales desséchés ne rêvant que d’une main douce pour les contempler et les aimer.
Aussi cassants puissent-être les mots, elle avait pris soin d’user d’une voix plus douce afin de ne point le brusquer. Non seulement elle n’avait, et pour une mystérieuse raison, aucune envie de lui faire une quelconque peine ou de l’insulter, mais de plus instable comme il semblait l’être, il était sans doute capable de passer de la douceur qu’il usait actuellement à la violence, et se retrouver décapitée là tout de suite ne la tentait pas vraiment. Mais ce n’était pas vraiment dans ses intentions semblait-il. Bien au contraire, et plutôt que de faire couler son sang à elle, ce fut le sien propre qu’il lui offrit en un présent sanglant et délicieusement captivant. Son odeur sucrée embaumait l’air et bien malgré elle la voleuse ne put qu’accepter. Cet humain était fou, inconscient. Fascinant. Unique. Elle aurait pu trouver bien des mots, si elle y avait réfléchi. Mais le contact de la peau chaude sous ses lèvres, la saveur de ce précieux coulant dans sa bouche, gouttant sur le sol en tâches écarlates, l’étrange atmosphère qui les emprisonnaient et les liaient tous les deux ensemble, lui ôtait définitivement toute idée, et sans doute en était-il de même pour sa jeune victime consentante. Quand enfin elle parvint à se détacher de lui, à s’éloigner, une partie de sa raison qu’elle avait perdue lui revint. Mais qu’avait-elle fait ? Elle brisait ses propres règles, contredisait ses propres paroles prononcées quelques instants plus tôt. Le destin se jouait d’eux, à les avoir mis ainsi sur un même chemin par cette nuit claire. Elle sentait encore le sang qui maculait ses lèvres même après qu’un rapide coup de langue fut venu en récolter les gouttes. Elle avait l’étrange impression d’avoir faim alors même qu’elle venait de se rassasier, et son ventre brulait de désir. Quel désir ? Elle n’était pas vraiment sûre de la réponse. La seule chose qu’elle savait était que le venin lui brûlait le palais. Désireuse de s’assurer qu’au moins elle ne l’avait pas totalement affaibli, elle s’enquit de sa santé, et pinça les lèvres, embarrassée, lorsqu’il lui répondit en hésitant. La situation était extrêmement gênante, et elle regrettait de ne pas pouvoir se transformer en souris, tout simplement, pour disparaitre dans le premier trou venu et s’y rouler en boule, au chaud et loin de cela, en oubliant cet instant. Elle écarquilla les yeux en le voyant revenir, se raidit au contact de son bras dans son dos, posa une main sur son torse pour le repousser, leva les yeux vers lui… et reperdit toute sa raison devant les magnifiques yeux sombres, semblables à la nuit qui les entourait. Maudit qu’il était. Mais après tout, elle avait été sage trop longtemps, trop souvent, raisonnable et prudente au-delà de ce que pouvaient imaginer bien des personnes. Ces lèvres, rouges et vivantes, qui s’approchaient étaient délicieusement tentantes, pourquoi ne pas y céder, tout simplement… Elle hésita, sentant contre elle le tambour du cœur du jeune homme, magnifique musique, et se hissa légèrement sur la pointe des pieds pour lui rendre son baiser, fugace et presqu’irréel tant il fut rapide, mais bien existant. Sa main libre remonta, glissant sur sa joue barbue et se posa sur les lèvres qu’elle venait de baiser tandis qu’elle fronçait les sourcils, atrocement sérieuse, sans pour autant quitter l’étreinte qui l’enveloppait encore.
-Laissez-moi partir tout de suite, s’il vous plait. Cela sera surement mieux pour nous deux.
Sans attendre sa réponse, elle se reculant, quittant habilement son abri de chair tendre. Oui, pour leur propre santé mentale et leur vie qu’ils mettaient en jeu tous les deux en agissant ainsi, il valait mieux qu’elle disparaisse, et sans attendre la fin de la nuit comme initialement prévu. Rabattant sa capuche, signe on ne peut plus clair de la brusque séparation imposée autant que volonté de cacher son émoi, elle ramassa ses gants et croisa les bras.
-Rassurez-vous, je ne toucherais aucun Glorien. Si vous souhaitez que je vous recontacte comme vous l’avez affirmé il y a peu, dites-moi comment faire.
Elle le fixa une dernière fois, se demandant ce qu’il deviendrait. Un cadavre parmi les autres certainement… Il était jeune, il était mortel, il était soldat. Les chances de survie étaient faibles. Très faible. Cela l’attrista et elle sentit se épaules s’affaisser, heureuse de la barrière et de l’ombre offerte par sa capuche.
-Je vous souhaite bonne chance. Au revoir… Aris. |
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| Sujet: Re: L'ère nouveau [PV Hyrriena et Aris] [TERMINE] Jeu 10 Avr 2014 - 17:45 | |
| Le plaisir de la chasse. Aristarkh s’interrogea. Avait-il jamais ressenti pareil plaisir ? Son jeune âge jouait contre lui, car il n’avait pas poursuivi tant de Vampires que cela, l’essentiel de ses combats s’étant résumé pendant bien plus d’une décennie à de redoutables entraînements. Mais les rares fois où il était descendu dans le Sud… Non, cela lui était inconnu. Il ne tuait les Vampires que par devoir, sans éprouver aucune joie ni rien d’autre, sinon celle d’avoir justement accompli sa tâche. Il était par trop concentré pour ne pas se faire tuer, lui ou ceux qui l’accompagnaient, pour se permettre une quelconque jouissance. Et cela n’était pas dans son éducation.
« Je peux comprendre ce plaisir… Non, je peux comprendre que certains le ressentent, Hyrriena, mais jamais il ne fit parti de moi. Je n’éprouve nulle joie véritable lorsque je chasse et tue l’un des vôtres. Ce n’est pas votre mort qui m’apporte du plaisir, mais simplement le fait d’avoir vaincu et d’avoir accompli ma mission. Rien d’autre. Quant au reste… Aris s’interrompit un court instant, comme pour assembler ses idées. J’ai vu l’autre jour des enfants se grouper autour d’un chat errant, et le lapider. Comme ça, juste par plaisir, par jeu. J’aurais pu trouver des excuses, penser qu’ils essayaient ainsi d’évacuer la tension accumulée durant le siège, mais cela serait un pur mensonge. Même en temps de paix, ces enfants du bas-peuple auraient agi de même. Les Sudiers qui vous chassent sont des enfants, Hyrriena. Des enfants sans éducation aucune, empli de la violence juvénile qu’ils nomment jeux. »
Fut-ce un jeu, ce qu’il fit par la suite ? S’approcher ainsi, aussi désarmé qu’au premier jour, et pourtant aussi sûr de lui comme il l’était toujours, d’une femme qui pourrait à tout moment planter ses crocs en lui ? Non, un jeu n’aurait pas été aussi sérieux. Mais comment pouvait-il savoir qu’il était sérieux ? Il n’en avait aucune idée, et ne voulait pas le savoir.
« En ce cas, c’est bien ce que je dis, vous n’êtes pas sensée, surenchérit le Nordien en faisant un clin d’œil à son interlocutrice. Mais n’allez pas prendre cela pour une insulte, c’est tout le contraire. Votre côté insensé fait votre unicité, vous devriez le revendiquer plutôt que chercher à le cacher sous une fausse armure de normalité. Mais je reconnais que vous avez raison sur ce point, belle fleur,[/n] répondit-il en souriant d’un air charmeur.[b] La présomption me connaît, elle et moi sommes de vieux amis. Mais au diable les autres plantes, les autres fleurs, les autres pétales. Ce n’est pas parce que vous avez su vous garder tant de temps que vous devez me repousser. Vous êtes la seule fleur dont je souhaite prendre soin, Hy’na. Les autres fleurs n’ont pas le quart de vos qualités. »
Et ce fut peu ou prou sur ses paroles qu’il faillit se retrouver mort dans une maison en ruine d’une ville assiégée. Faillit. Car ses mots, ses paroles, surent atteindre la dangereuse demoiselle. Et, comme si plus rien d’autre n’avait existé entre ces deux instants, Aristarkh s’était retrouvé à nourrir la Vampire, foulant au pied des siècles de dogmes, de traditions, d’honneur. En cet instant, il n’était plus un Svenn, il n’avait plus d’identité, plus rien, sinon… Sinon un seul sentiment qui naissait dans les coins les plus profonds de son cœur, aussi dangereux qu’une lame enflammée par la douceur et l’ardeur dont il faisait preuve.
Le pardon demandé juste avant qu’il ne baisse la tête… Non, il se fichait de ce pardon, qu’il lui soit ou non accordé. Il se fichait de ce qui les entourait, de ce que l’on penserait d’eux, de ce qui leur arriverait si quelqu’un les surprenait. Une flèche aurait pu les saisir, qu’il ne s’en serait guère ému. Car en cet instant, il serrait dans ses bras la personne qu’il avait le plus envie de tenir contre lui. Hyrriena avait beau essayer de le repousser, c’était comme si ses défenses l’abandonnaient, comme si elle s’abandonnait autant que lui. Un rayon de Lune passait par ce qui autrefois avait été une fenêtre de l’étage maintenant disparu, et les éclairait dans cette étreinte dangereuse, comme deux amants à la fois si proches et si éloignés. Et soudain, le temps s’arrêta. Les lèvres de la demoiselle venaient de toucher les siennes. Elles étaient froides mais humides, et avait un goût ferreux. Le temps s’était arrêté, certes, mais se remit bien trop tôt en route, car bientôt sa bouche ne toucha plus que de l’air au lieu de la peau si douce d’Hyrriena. S’étaient-ils vraiment embrassés ? Ce qui venait de se passer n’était-il pas le fruit de son imagination ? Non, c’était impossible. Ses lèvres se souvenaient par trop du contact des siennes, aussi léger fût-il. Cette sensation onirique. Son cœur se mit à battre plus vite, tandis que sa peau se hérissait dans un délicieux frisson. Elle était si froide, et pourtant, si… Vivante. Sa main glacée qui passait sur sa peau brûlante, caressant sa joue… Non, cela n’était pas un rêve. C’était une réalité à la douceur infinie.
Mais lorsqu’elle se dégagea, même si son cœur lui hurlait d’agir autrement, il ne la retint pas. Le mieux… Sans doute avait-elle raison, mais… Qu’est-ce qu’était la raison après ce qui venait de se passer ? Pourquoi replonger dans le rationalisme ? Pourquoi ne pas tout simplement s’abandonner à ce qui ne pouvait être perçu ? Les yeux du Jeune Loup cherchaient ceux de la jeune femme, mais cachés qu’ils étaient par la capuche de celle-ci, il ne rencontra que ténèbres et obscurité.
« Il vous suffira juste de m’appeler. Appelez-moi, et je viendrai, je vous en donne ma parole. … Au revoir, Hy’na. Que la Mère des Montagnes veille sur vous. »
Puissiez-vous ne croiser aucun de mes frères Nordiens, eux réagiron de manière plus sanglante, pensa-t-il en regardant le dernier mouvement de sa cape battre l’air, tandis qu’elle s’enfonçait dans la nuit, tel un mirage, telle une fleur tombant du ciel en tournoyant vers le fond d’un précipice.
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