Aïe. Voilà qu’elle le mordait jusqu’au sang. Soit elle n’y connaissait rien, soit elle ne savait pas ce qu’elle voulait. Roëric n’en savait rien, mais il commençait à s’agacer de tous ces petits jeux sans intérêt. La frustration et la colère l’emportaient à présent sur l’instinct et le désir, permettant à sa fierté (voir son orgueil) de reprendre le dessus. Il était grand temps de laisser tomber : ce n’était pas son genre de forcer les dames, à vrai dire, il n’en avait jamais eu ni même ressentit le besoin.
Il laissa le sang couler dans sa bouche, sans que cela ne l’inquiète outre mesure (n’était-il pas un vampire après tout ?) tout en écoutant les propos de son interlocutrice. Il comprenait à présent, ou croyait comprendre… Elle était brisée. Comme ces armes qui après une longue utilisation se fendaient… on cherchait à les réparer mais c’était impossible. Alors on reforgeait. Mais l’acier n’était plus jamais le même. Il n’oubliait pas, il restait marqué.
Inutile d’espérer quoique ce soit d’une enfant abusée. A vrai dire, il se sentait même idiot d’en être arrivé là… autant pour sa dignité. Il n’avait qu’à aller faire un petit tour en ville, les demoiselles en quête de frisson n’avait rien contre une nuit avec un vampire.
Je suis navré.
Et il l’était. Pour elle, car ce n’avait pas dû être facile, mais aussi pour lui, car il avait perdu son temps. Non pas qu’il n’éprouvât aucune sympathie pour la jeune vampire, mais il n’avait vraiment rien d’un homme qui résolvait les problèmes des autres. Sauf quand il s’agissait de donner des coups de sabres. Autrement, il était incompétent. D’autant plus que de ce qu’il avait vu, il faudrait toute une vie pour réparer ce qui ne fonctionnait pas dans la tête de la belle. Si tant est que ce fusse possible. Qu’est-ce qu’il en savait après tout ?
Le Maître-Lame restât impassible devant le sourire carnassier de l’inconnue (il ne connaissait toujours pas son nom). Non pas que l’acte en lui-même le dégoutait -le porc en question semblait l’avoir bien mérité- mais la réjouissance absolue et la fierté qu’il lisait dans les yeux de son interlocutrice disait le contraire de ce qu’elle affirmait un peu plu tôt. Elle était très loin de s’être déliée de cette histoire, bien au contraire, celle-ci semblait l’avoir imprégnée jusqu’à qu’au fond des tripes. Elle l’avait façonnée. Irrémédiablement.
Eh bien… toutes mes félicitations.
Il était sincère. Rétablir l’honneur était quelque chose d’important, que ce fusse dans la vie ou dans la non-vie. Il la laissa le caresser un bref instant, sans réagir pour autant à sa nouvelle approche. Il avait compris la leçon et celle-ci apparaissait plus comme redondante qu’autre chose. Il était seul et avait besoin de compagnie, peut-être suffisamment désespéré pour avoir espéré passer un bon moment. Mais il n’était pas stupide. Merci pour lui.
D’un geste vif, sachant qu’elle ne s’y attendrait pas, il se dégagea de cette étrange étreinte, s’éloignant d’elle. Il remonta rapidement son pantalon et récupéra son arme d’un simple sort. Sans geste brusque, il la remit à sa ceinture. Il ne chercha pas à récupérer le haut. Pas tout de suite. Il préférait ne pas la quitter des yeux. Déjà qu’il n’avait jamais eu confiance en elle, maintenant il s’en méfiait comme de la peste.
Ce n’est pas tant une question de sang que de nature, que d’attitude. Voilà pourquoi toi, qui porte toujours le sang des Svenn, tu n’es plus un loup mais un serpent. Voilà pourquoi certains ont la noblesse des loups, et d’autres la sauvagerie des chiens sauvages. Ton géniteur n’était qu’un porc et il est mort en tant que tel. Il n’y a rien d’autre à en dire.
Du reste, Roëric Alokor commençait à s’agacer de cette situation. Il avait passé quelques bons moments, mais visiblement elle ne voulait pas aller plus loin, et il n’avait pas que ça à faire de la nuit. Ramassant ses affaires, mais avec prudence, il les eut bientôt toutes récupérés (il faut dire que, nomade par nature, il n’avait pas grand-chose). La saluant d’une bref signe de tête, il conclut en quelques mots.
Que la nuit te soit favorable, gamine.
Une petite pique pour finir, sans lui laisser le temps de rétorquer, il partit, d’abord en marchant, puis en courant. Il avait du chemin à rattraper et un calendrier à tenir.
hrp : conclusion pour moi, merci pour ce rp =)