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Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE

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MessageSujet: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeJeu 23 Jan 2014 - 20:07

A la nuit tombée, le domaine baptistral s'enrobait d'une quiétude que l'on pouvait aisément qualifier de surnaturelle tant il semblait que chaque pierre, chaque branche, chaque feuille, jusqu'au plus insignifiant brin d'herbe appelait à la sérénité de l'âme et au repos du corps. Multitudes de points lumineux perçant les ténèbres, des insectes phosphorescents dansaient entre les buissons tandis que d'autres, au contraire sagement dissimulés dans l'ombre, laissaient entendre leurs stridulations dans l'espoir d'attirer un ou une partenaire. Autour des constructions harmonieuses, empreintes des concepts architecturaux elfiques, quelques torches placées ça et là dispensaient leur lumière vacillante pour illuminer les principaux sentiers ou les rares pièces encore utilisées à ces heures tardives. Les seuls occupants des lieux n'étaient guère plus que de discrètes silhouettes se glissant silencieusement entre obscurité et clarté, semblables à des ombres inconsistantes dont on se demandait parfois si elles étaient bien là où l'on pensait les voir.

Cette atmosphère paisible se troubla néanmoins lorsque le pas lourd d'une créature massive vint résonner dans l'air. La lueur flamboyante des torches faisait scintiller les écailles d'or du dragon qui s'avançait résolument en direction de ce qu'un humain aurait appelé les cuisines du domaine. Quiconque aurait osé plonger le regard dans les pupilles d'or liquide du dragon aurait pu aisément comprendre la contrariété qui était la sienne désormais.

Depuis le début, depuis cet instant où il leur avait été fait lecture de la lettre du Gardien des baptistrels, bien loin d'ici, dans la salle du conseil de Gloria, toute cette histoire l'agaçait prodigieusement. Ces négociations qui les avaient emmenés loin de la capitale, le voyage éreintant qu'ils avaient accomplis en des temps records malgré la forte présence de troupes Alayiennes partout dans l'Empire, l'accueil qui leur avait alors été réservé et notamment ce serment auquel il avait été contraint de se soumettre, la présence de vampires qui, bien que discrète, empuantissait l'atmosphère de l'odeur de mort caractéristique qui accompagnait ces cadavres ambulants. Tout, absolument tout, alimentait le feu d'une colère qu'il ne maintenait que difficilement renfermée sous ses écailles. Tant et si bien qu'il avait de plus en plus envie d'attraper Amyelenor par le col de sa tunique pour retourner à Gloria et combattre comme ils l'avaient fais jusqu'à présent. Car voilà où était leur place : sur le champs de bataille, dans la poussière, la cendre et le sang, à distribuer la mort dans les rangs de cet envahisseur venu d'au delà des mers. Qu'ils laissent donc les discussions aux elfes, peuple inerte qui semblait s'être fait une spécialité dans ce domaine et s'en retournent faire ce qu'ils faisaient le mieux et défendre ce en quoi ils croyaient. L'idée était des plus séduisantes, mais se heurterait très certainement à l'opposition de la jeune Lame Noire.

Non, Atalos n'était décidément pas de bonne humeur, et lorsque c'était le cas, deux choses seulement pouvaient lui rendre l'envie de sourire, quand bien même il était incapable de ce genre de mimique : discuter avec Amyelenor, ou prendre un bon repas. La première solution n'étant pas envisageable à ce moment, le dragonnier récupérait alors ses forces confortablement assoupi au fond de la couche qui lui avait été attribuée, l'écailleux avait donc opté pour la seconde. Et si alors que sa route avait croisé celle du dragonnier elfique Amarië, son esprit s'était un temps détourné de son objectif initial ; maintenant qu'il avait quitté le sylvain, il ressentait d'autant plus le besoin d'assouvir ce caprice nocturne. Quitte à réveiller tout le domaine, il finirait bien par trouver quelque chose, à défaut de quelqu'un, à se mettre sous le croc.

Lorsqu'il arriva dans les pièces dédiés à la préparation des repas, il ouvrit largement les naseaux pour humer l'air à la recherche d'agréables senteurs de grillades mais ne put que laisser échapper un grognement désappointé devant la maigreur de ses découvertes. Trop tard, sans doute, il pourrait certainement s'estimer heureux si... s'il croisait âme qui vive susceptible de satisfaire à sa requête. A peine cette pensée l'effleura-t-elle que la tête massive du dragon venait se profiler dans l'encadrement d'une porte de service menant vers une cuisine adjacente ou peut-être bien une réserve. Son regard doré se posa ainsi sur une petite silhouette elfique visiblement très concentrée sur la préparation d'un plat... végétarien.

Sans gêne aucune, l'esprit du dragon enroba celui du sylvain pour se faire entendre de lui tandis qu'un grondement sourd secouait la lourde carcasse d'écailles :

* Elfe ! J'ai faim. Ton maître a assuré que nous serions nourris à satiété, j'attends de toi que tu ne le fasses pas mentir. *

Et si les cuisiniers de Gloria s'étaient depuis longtemps accoutumés à l'appétit vorace d'un dragon capricieux sur les questions de nourriture, il n'en était vraisemblablement pas autant des elfes qui devraient bien vite apprendre que les notions de quantités allaient de pair avec la race. Ce qu'un bipède nommait un festin faisait figure d'en-cas au regard du dragon d'or, celui-là allait le découvrir :

* Et je te suggère de trouver du renfort... *

Ce n'est que lorsque le représentant du Beau Peuple se retourna et que le dragon put ainsi apercevoir son visage qu'il reconnut celui qui se tenait encore attablé à cette heure tardive.

* Merithyn Shadowsong. *

Il ne l'avait jamais vraiment rencontré, mais avait pu lire l'image du visage de celui qui avait soigné l'oeil de son dragonnier à travers le lien qui les unissait depuis bien avant même son éclosion. Lien auquel l'écailleux s'accrochait constamment depuis la naissance, tel un nouveau-né tétant le sein de sa mère, et à plus forte raison depuis l'épisode qui avait vu le jeune homme effleurer la mort et la vampirisation de beaucoup trop près au goût du dragon.

* Tu semblais plus grand. *

Et bien qu'en rapport avec la massive carcasse de muscles et d'écailles, n'importe quel bipède paraissait petit, celui-là était vraiment petit. Un enfant, aurait-on pu croire, mais Atalos n'avait nulle peine à imaginer que la ressemblance s'arrêtait là. Le dragon cligna lentement de ses paupières écailleuses avant de reprendre avec un ton autrement plus sévère.

* C'est donc toi l'instigateur de tout ceci. Je devrais te remercier pour l'aide que tu as apportée à mon dragonnier... *

Ce serait certainement une bonne chose de faite, d'autant qu'il n'avait pas vraiment l'intention de s'appesantir sur ce point : un autre sujet le préoccupait et déjà, la gueule garnie de crocs aussi épais que tranchants s'entrouvrit imperceptiblement devant la suite de son discours.

* ... et te tuer pour avoir osé imposer que ton ordre musèle ceux de ma race avec un serment de bipède. Par quoi commençons nous ? *

Dommage vraiment que le chanteur fut si petit, il n'y aurait là certainement pas de quoi combler le creux toujours grandissant qui malmenait son estomac.
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeSam 25 Jan 2014 - 13:14


Il n’avait pas très faim. Il avait certes eu fort à faire en cette journée, mais non, la faim ne venait pas vraiment. Il se sentait l’estomac noué et rétif. Peut-être était-ce tout simplement dû au fait qu’il avait dû assister à la torture de cet Alayien que les vampires avaient capturé. Ce n’était pas un spectacle qu’il appréciait bien loin de là même il avait détesté chaque seconde de cet horrible ‘jeu’… des minutes qui lui avaient paru d’une longueur interminable, comme si c’était lui-même que l’on torturait et d’une certaine façon c’était effectivement le cas. Il ressentait avec une acuité intense la douleur des autres, et celle de cet Alayien exactement comme les autres. Et il devait avouer qu’il n’appréciait pas grandement cette tortionnaire vampirique qui n’avait de consistance que l’illusoire lambeau d’une gloire ancienne à présent complètement révolue et qui n’était plus que pathétique relents. Non il ne l’appréciait guère. Mais ne la détestait pas non plus, ça il en était totalement incapable comme à son habitude. Et si seulement il n’y avait eu que cela. Mais entre les soins apportés à ce prisonnier et ce qu’il avait dû effectuer sur le dragonnier humain, Amyelenor Farkstein, il avait dépense des quantités impressionnantes d’énergie. Bien entendu, avec la lumière du soleil et les flammes du Puits Flamboyant cette énergie lui était immédiatement restaurée, comme un flot constant de puissance revenant à son corps et l’empêchant de se trouver vulnérable. Le privilège du Gardien béni par ces lieux immémoriaux. Mais cela ne l’empêchait pas de se sentir très las. Il avait envie de se rouler contre Shaynar et de ne plus bouger pour le restant de la nuit.

Cependant il lui fallait tout de même grignoter quelque chose, maintenant qu’il était seul et qu’il en avait la possibilité. Son presque-lié grognait pour qu’il le rejoigne, mais il n’attendrait pas bien longtemps, juste le temps qu’il se cuisine quelque chose de léger mais de sain pour le corps. Et puis pendant ce temps le noir pouvait fendre le ciel et jouer avec les étoiles. Une part de son esprit toujours connectée à la sienne, il s’était mis à l’ouvrage dans la zone destinée à la cuisine des plats, non seulement des habitants du domaine mais également des délégations. Il avait fini par retirer sa cape de brume ainsi que sa lourde tunique supérieure, ne restant qu’en chemise, afin de pouvoir bouger plus librement et de ne pas salir les tissus riches en cuisinant. Sans les couches protectrices confinant son pouvoir à l’intérieur de l’écrin de magie et contre sa peau, la magie naturelle du feu qui l’habitait faisait pencher l’intégralité des torches et des flammes de cuisson vers lui, comme des serpents hypnotisés par un appeau. Fredonnant, il passa quelques instants en compagnie des rares personnes encore présentes avant que celles-ci ne quitte les lieux, le laissant seul dans un silence uniquement troublé par les mélodies délicates qu’il produisait. Complètement à son aise dans la nuit, ayant depuis longtemps prit l’habitude de ce genre de vie, il s’était installé et préparait un plateau tandis que la tarte qui cuisait dans l’énorme fourneau dégageait une bonne odeur. Il comptait manger en compagnie de son compagnon à écaille, avec un bon livre afin de se changer les idées.

Il prépara un bol contenant des morceaux de salade verte et frisée et déposa à coté une petite coupelle avec une sauce délicate, puis découpa une tranche de pain tout juste cuit et sortit du four, encore chaud et à la croute moelleuse et prépara un morceau de fromage pour l’accompagner. Il se versa également un verre d’un vin rouge mais très léger qui irait fort bien avec l’ensemble. Et alors qu’il cherchait quoi rajouter à cet ensemble, un esprit vint s’introduire avec la délicatesse d’un rhinocéros dans le sien, lui faisant cligner des yeux avec surprise. Ce n’était pas Shaynar ça c’était certain, le contact du noir était plus sauvage mais plus agréable que celui-ci. Cet esprit-là était totalement étranger à lui, aussi se tourna-t-il vers sa source en haussant un sourcil, pour découvrir le dragon dans l’encadrement de la porte de service, raclant les délicates décorations de l’entrée. Amusé, il reposa le bol d’airelles qu’il tenait en main. « Effectivement, je ne mentirais pas » Répliqua-t-il sans se formaliser le moins du monde du fait qu’on ne le reconnaissait pas. Sa voix, magique, prenait les accents crépitant d’un feu dans l’âtre en cette soirée. Certes, il avait dit qu’ils pourraient tous manger comme il le fallait et il n’avait pas l’intention d’y déroger. L’hospitalité de l’ordre ne dérogeait pas à la règle y compris pour les dragons. Ce doré-là était le lié d’Amyelenor, dont il s’était occupé durant l’après-midi et il avait pu voir assez de son chant-nom pour les connaître mieux qu’il n’aurait dû.

Il eut un rire chaud aux pensées du dragon et dissimula ses lèvres d’une main délicate, les yeux pétillants d’amusement quand bien même on menaçait de le tuer. Il avait l’habitude d’avoir affaire à des dragons ronchons et de mauvaise humeur et ce depuis déjà plusieurs années et en avait assez vu pour ne pas être effrayé le moins du monde par la menace du doré. Entre Shaynar, Cymbor, Verith et Skade ou même Lorenz et sa fâcheuse manie de s’énerver contre lui ? Oui il avait largement l’expérience nécessaire pour ne pas se mettre à trembler comme une jeune pousse. Il n’était nullement intimidé et aurait très bien pu défaire un à un les arguments du doré à commencer par le fait qu’il n’avait rien fait et rien en lui qui nécessita qu’il ne le musèle pas comme il le disait si bien, par un serment et non point un serment de bipède, mais un serment offert par les esprits eux-mêmes et ce depuis un temps immémorial. A la place cependant il se détourna et ouvrit l’auvent du four, plongeant une main non protégée à l’intérieur pour en retirer le plat contenant la tarte qu’il avait fait cuir, brûlant, le déposant sur la table et attrapant de quoi en découper un morceau pour l’ajouter à son plateau repas, et ce tout en répondant d’une voix douce et affectueuse. « Et bien je ne nécessite nul remerciement, n’ayant fait que mon devoir, aussi tu peux me manger si tu le désir » Il lui lança un regard taquin « Mais je vais avoir du mal à te cuisiner quoi que ce soit, Atalos-écailles-d’or, si je suis mort »

Il laissa également de côté le fait que Shaynar risquait fort de ne pas le laisser le manger justement étant donné que le noir était extrêmement protecteur envers lui. Examinant à nouveau son plateau, il hocha la tête d’un air satisfait. Oui c’était très bien ainsi. Le laissant sur place pour le moment, il s’approcha d’Atalos et lui fit reculer le museau, se glissant à l’extérieur pour accéder à une autre salle, une remise et pièce à froid et sel où étaient conservées les prises de viandes pour les humains et pour les dragons. L’ouvrant en grand, en peinant un peu sur les gonds, il fit signe à Atalos de s’approcher et lui montra l’intérieur. « Tu peux choisir ce que tu veux. Ou alors nous pouvons aller te trouver quelque chose de vivant dans la forêt si tu le désir. Je ne connais pas tes goûts en revanche, tu aimes les viandes cuisinées ? Je crains que la grillade d'elfe ne soit pas de très bon goût par contre » Et oui il faisait référence à l'incident avec Aliorën...
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeLun 27 Jan 2014 - 20:59

Profonde et caverneuse, la lente respiration du dragon résonnait dans la petite cuisine plongée dans un silence presque religieux. Lorsque le sylvain se mit à ricaner devant l'avertissement draconique, les paupières aux écailles d'or du dragon se fermèrent à demi, imitant ainsi le geste d'un humain circonspect plissant les yeux devant une réaction inattendue. Tout chanteur qu'il était, Merithyn ne pousserait pas le blasphème jusqu'à se moquer de lui tout de même ? Difficile à dire, mais une chose demeurait certaine : la perspective de finir en purée sous les pattes d'un dragon ne semblait pas beaucoup l'inquiéter. C'était bien là ce qui était pénible avec les dragonniers, ou en l'occurrence les presque-liés, ils ne se laissaient pas impressionner aussi facilement que le commun des mortels. D'un simple grognement, le dragon d'or faisait trembler jusqu'aux gardes impériaux les plus endurcis, et voila qu'un nabot en tunique de tissu s'entendait menacer de mort sans réagir. Consternant.

Atalos laissa échapper un grondement tandis qu'il reculait la tête pour estimer les dimensions de la porte d'entrée. Dracos, l'on pouvait bien vanter les mérites de l'architecture elfique mais leur manque de démesure nuisait considérablement à la mobilité d'un dragon. Les Hommes au moins avaient cette manie de vouloir faire les choses en grand, avec d'immenses double-portes qui facilitaient le passage aux créatures d'écailles. Quoique les flancs du doré commençaient à sérieusement érafler les pierres lorsqu'il se risquait à s'aventurer dans certaines portions du palais.

La voix mélodieuse du baptistrel lui répondant l'arracha à ses pensées et les prunelles d'or liquide du dragon vinrent trouver celles du sylvain visiblement fort amusé de la situation. Avec une aisance presque outrageante, l'elfe venait de lui proposer de se laisser manger. Le misérable n'avait pas même pris la peine de le vouvoyer pour s'adresser à lui, à croire que le grand et puissant Salvateur Céleste n'était plus ici que l'ombre de lui-même. Blasé, l'écailleux ne daigna pas même accorder un grondement réprobateur devant le manque flagrant de considération avec lequel l'elfe avait répondu à ses menaces. Une lueur éclaira cependant les pupilles flamboyantes lorsque Merithyn vint proposer de cuisiner pour lui, au moment même où une sonore manifestation de son estomac venait rappeler à qui voulait l'entendre que le dragon était venu réclamer de quoi se restaurer. Maudits chanteurs.

Un profond soupir s'échappa des naseaux de la créature légendaire, dissipant les volutes de fumées qu'il avait produites quelques instants plus tôt. Soucieux de préserver un minimum de sa fierté bafouée, Atalos laissa s'écouler quelques secondes, faisant mine d'étudier la proposition du chanteur sous tous les angles avant de finalement laisser tomber sa réponse :

* Tu n'es pas assez dodu que pour mériter de me servir de repas, j'accepte donc ta proposition. *

L'assurance qu'affichait le représentant du Beau Peuple le déroutait de plus en plus, comment une si petite créature pouvait-elle afficher tant d'insouciance devant un dragon aux griffes plus larges que des troncs d'arbres ? C'était comme s'il savait pertinent qu'Atalos ne lui ferait pas le moindre mal, avec ou sans le serment pour retenir ses crocs, trop soucieux qu'il était de la réaction de son dragonnier apprenant que son lié avait croqué le Gardien du sanctuaire en personne. Les dernières miettes de sa fierté s'effritèrent lorsque l'elfe chanteur vint poser la main sur son museau pour l'encourager à se reculer et lui laisser le passage, requête à laquelle l'écailleux obtempéra docilement. Dracos lui vienne en aide, si son dragonnier et lui ne retrouvaient pas rapidement les champs de bataille, la jeune Lame Noire aurait sous peu à composer avec un dragon dépressif.

Le regard d'or suivit les évolutions de la minuscule silhouette jusqu'à une pièce attenante aux cuisines. Là, Merithyn lui présenta quantité de viandes avant de lui offrir de faire tranquillement son choix. Subitement, une sensation étrange vint étreindre l'esprit draconnique tandis que sa lourde carcasse approchait de la réserve. Etait-ce... ? Non, impossible. Il était un dragon. Il était un noble et puissant pilier de la magie armandéenne, ses parents avaient confié son oeuf au destin afin qu'il sauve le monde et restaure l'ordre dans ce qui avait été chaos. Tout lui était dû, il était infiniment supérieur à tous les autres peuples bipèdes. Alors pourquoi, par tous les Esprits, se sentait-il maintenant gêné ? Car c'était bien de cela qu'il s'agissait : il était gêné, un peu honteux même, de la façon dont il avait considéré la petite créature qui lui offrait maintenant de répondre gentiment à son caprice, avec le sourire aux lèvres encore bien. Le dragon d'or secoua la tête dans l'espoir de se remettre les idées en place, avant de désigner d'un geste du museau une carcasse de mouton.

* Il ne sera pas nécessaire d'aller en forêt, ce morceau fera très bien l'affaire. *

D'autant plus qu'il était bien incapable de chasser quoi que ce fut, le dragon d'or avait été nourri comme un roi depuis sa naissance et n'avait jamais eu à débusquer sa nourriture par lui-même.

* J'ai été nourris par les meilleurs cuisiniers de l'Empire. Surprends moi. *

Une façon comme une autre de laisser carte blanche sur le mode de préparation qu'affecterait son cuisinier du moment. Le ton avec lequel il s'exprimait s'était considérablement adouci désormais et même la pression de son esprit contre celui du chanteur s'était atténuée. Il eut un grognement, de frustration plus que d'agressivité, lorsque le Gardien crut bon de lui préciser ce qu'il pensait des grillades d'elfe. Il ne fallut guère plus qu'un regard entendu pour qu'Atalos comprenne qu'il était ici fait référence à Idrisyl et à la tension plus que palpable qui avait bercé l'accueil de la délégation humaine.

* Idrisyl m'a manqué de respect. Que ton ordre se soit vu accorder les pouvoirs d'une magie trouvant sa source auprès des esprits plutôt que des dragons ne vous donne pas le droit d'oublier qui nous sommes et les égards qui nous dû. Cela vaut aussi pour toi, d'ailleurs... *

Cela tenait davantage du reproche que de la menace désormais. L'écailleux avait toutefois volontairement placé une subtile allusion à ce dont lui avait parlé le dragonnier Elrond, dans l'espoir d'en apprendre davantage sur les origines exactes de la magie baptistrale sans qu'il lui soit nécessaire de poser directement la question. Après tout, qui dans cette pièce était une créature de savoir et de connaissances, un puits de sagesse capable d'omniscience ? Ou qui du moins en avait le potentiel, quoique ce dernier demeura encore profondément enfoui entre ses écailles ?

* Ton subordonné n'a peut-être fait que ce que tu attendais de lui, mais il a encore beaucoup à apprendre sur l'art et la manière de s'adresser à un dragon. *

Et à plus forte raison lorsqu'il s'agissait de lier un dragon grognon épuisé et affamé après avoir traversé la moitié d'un empire grouillant de lances et d'épées alayiennes. Heureusement pour lui, Idrisyl semblait bien là pouvoir bénéficier d'un maître en la matière. Avec un peu de chance, la prochaine fois que le chanteur de l'air aurait à accueillir un dragon, il ne risquerait plus l'incident diplomatique pour une question d'ego.

* Je serais clément, toutefois, et j'épargnerais sa vie s'il me présente des excuses en bonne et due forme... Et tu es sûr que tu ne veux pas appeler de l'aide ? *

Les derniers mots du dragon avaient été prononcés tandis qu'il observait avec un mélange de curiosité et d'amusement son cuisinier elfique s'approcher de la pièce de viande préalablement désignée par la créature d'écailles. Le mouton qu'il avait choisi pour en faire son repas était presque aussi grand que l'elfe était petit, mais également autrement plus gros que la silhouette raffinée du maître baptistrel.
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeJeu 30 Jan 2014 - 0:13


En réalité ? Il adorait les dragons. C’était un fait qui s’était définitivement ancré depuis l’instant où il avait pour la première fois rencontré Shaynar et Eliow sur une route elfique à la sortie des bois en pleine journée. Il adorait les dragons oui mais pas forcément en les observant comme des figures de gloire ou des icônes de salut de la magie et de la grandeur d’antan. Si il aimait vraiment les dragons c’était pour le caractère tout à fait particulier qu’ils possédaient, leurs manies et habitudes et pour tous ces petits détails qui les rendaient si profonds, bien loin d’être de simples lézard cracheurs de feu. Leur arrogance légendaire par exemple qu’il trouvait particulièrement amusante. Mais également la mauvaise humeur dont ils faisaient souvent preuve ou encore la façon qu’ils avaient d’observer le monde. Loin de se vexer ou de s’effrayer des mouvements d’humeurs d’Atalos, il se trouvait donc parfaitement à l’aise, plutôt satisfait et enthousiaste à l’idée de cuisiner. Jamais il n’avait rechigné à la tâche après tout et puis s’occuper de l’estomac d’un dragon était quelque chose de spécial…. Ce qui lui rappelait qu’il ne cuisinait pas tant pour Shaynar. A l’occasion, il serait intéressant de lui proposer, il était certain que le noir apprécierait l’idée et cela leur ferait une activité commune de plus à leur inventaire ce qui n’était pas pour lui déplaire. Du coup le doré lui servait un peu d’expérience, mais il prenait autant de plaisir à l’idée de pouvoir lui combler sa dent creuse. On lui avait reproché, une fois ou deux, d’être un peu paternaliste sur ce point-là… considérant les volontés des dragons avec la même bienveillance que les caprices d’enfants. Peut-être y avait-il un peu de cela, mais en ce cas il cédait autant à ses caprices personnels qu’aux leurs en cela car ça lui faisait également plaisir. Et c’était ainsi qu’il attendait, souriant largement, que le doré fasse son choix dans l’assortiment de viandes présentes, pas pressé pour un sous.

Lorsque ce fut fait, il se mit à rayonner encore davantage. « Parfait ! » Il sautilla un peu puis alla chercher un tabouret alors que le dragon s’adressait de nouveau à lui, lui tirant un sourire et un hochement de tête. « Je ferais de mon mieux, j’espère que ça te plaira » La cuisine humaine était ce qu’elle était et lui-même en appréciait certains aspects en accord avec son régime de végétarien, mais il était également vrai que la cuisine elfique ne comprenait pas de viande ce qui risquait de rendre la cuisine exotique un peu difficile à mettre en œuvre. Aussi comptait-il opter pour une autre méthode, à savoir cuisiner à l’humaine, mais d’une façon qu’Atalos n’aurait probablement pas expérimenté. Ou alors très peu. Il déposa son tabouret près de la pièce de viande, grimpa dessus et entreprit de la détacher lentement avant qu’elle ne s’échoue pas au sol trop violement et qu’il puisse la déposer sur le bord du tabouret justement. Adroit avec la liaison mentale qu’entretenait le dragon, il absorbait la pression paisiblement et lui dissimulait pourtant certaines pensées, notamment ce qui concernait la surprise du plat justement pour qu’il ne soit pas spolié. Ça aurait été dommage de la gâcher non ? Et puis même si Atalos était le très bienvenu, il avait le droit de conserver un peu d’intimité… certaines choses ne regardaient que lui. Ou lui et Shaynar évidement. Mais il était certain que cela, le doré le comprenait parfaitement. Ce n’était pas une bête, loin de là. Et puis lui aussi pouvait se montrer intrusif… mais il était vrai que lui ne le faisait pas vraiment exprès, il ne pouvait faire autrement que d’entendre tout ce qui parvenait à lui, éponge qu’il était pour la musicalité du doré, l’instruisant de ses expériences depuis sa naissance, de son passé et bien au-delà des origines même de son œuf qui pourtant restaient encore diffuses et ourlées de brumeuses questions, la compréhension qu’il pouvait en avoir encore trop fragmentaire.

Avec un nouveau sourire, il le regarda du coin de l’œil en retirant le lien qui avait retenu la pièce de viande au plafond de la pièce, avant de l’enrouler et de la ranger sans se prononcer immédiatement sur ce qu’affirmait Atalos. Il hocha doucement la tête, puis finit par répondre. « Aliorën est… oh est bien disons qu’il est certainement plus elfe que je ne le suis. Plus rigide et moins prompte à sortir de son carcan théorique pour se laisser aller à une flexibilité nécessaire. Il a beau voyager beaucoup, il n’expérimente guère le contact avec d’autres races… et puis c’est un maître de l’air, il a… et bien la tête en l’air » Il pouffa légèrement, affectueux. Il soupira pourtant et secoua doucement la tête, penaud. « Il n’est pas un de nos hérauts, les maîtres présidant aux différents éléments… de ce fait il a moins de pratique. J’aurais dû vous accueillir, je dois l’avouer, mais je me trouvais déjà aux prises avec une autre délégation et ne pouvait me séparer de mon devoir du moment. Je le regrette cependant quelque peu, j’ai été confus d’apprendre ce qui s’était passé, cela n’aurait pas dû se passer ainsi » Le ton de sa voix s’était fait attristé et pensif un bref instant alors que la luminosité qui l’entourait diminuait avec les sentiments plus sombres avant de s’enflammer à nouveau lorsqu’il secoua la tête, faisant voler quelques mèches de ses cheveux dorés. « Je lui en ferais part et te remercie de tout cœur » Enthousiaste, il regarda la pièce de viande puis le dragon et lui fit un clin d’œil. « Ne t’en fait pas » Il se mit à fredonner une mélodie douce mais entraînante et appela le vent auprès de lui, un vent qui souleva rapidement la pièce et, sous la conduite de Merithyn, la fit flotter à sa suite vers la cuisine, la glissant sur une broche au- dessus de l’âtre d’un feu de cuisson. Après s’être assuré qu’elle était bien embrochée, il trotta jusqu’à la salle où les viandes étaient entreposées et la referma avant de prendre possession de la cuisine et de se mettre au travail tout en parlant.

Il avait après tout fort bien comprit la curiosité du dragon d’or et ne comptait pas le priver de quelques informations. « L’ordre en lui-même est relativement jeune. Peut-être un peu plus de mille cinq cent ans. Mais les miens existaient avant cela. A l’origine, notre fonction vient d’au-delà de la mer, des anciennes terres des elfes et a pris naissance dans l’amour des arts de mon peuple autant que sa peur de voir la mémoire et les connaissances disparaitre avec le temps et les guerres. Les premiers Baptistrels étaient souvent attachés aux familles nobles en réalité mais avec l’arrivée en Armanda, ils se sont détachés d’eux pour devenir progressivement indépendants. Et au cours de leurs pérégrinations, ils ont découvert ce lieu. Un nexus de puissance d’une pureté incommensurable, non par sa magie, mais par l’énorme présence qui s ‘en dégageait, une symphonie unique en son genre. Ce lieu réunit les sanctuaires bénis des éléments, des lieux naturels dans lesquels le lien avec chaque élément est extrêmement puissant. Ce sont ces sanctuaires qui entretiennent la magie du domaine ainsi que la nôtre à plus grande échelle. Ils sont le lien originel avec les esprits. Au travers d’eux, les baptistrels ont progressivement développé leur art et lié leur être à ce don inestimable que l’on se découvrait. C’est également grâce à ces sanctuaires que nous avons établit les serments nous liants et fondant le lien avec les esprits en nous. Notre serment de vérité, et celui de pacifisme. Ce n’est qu’à la condition de leurs respects que nous pouvons avoir un lien avec ceux d’en haut… Sous l’égide d’un élément protecteur, qui reflète notre âme profonde, nous obtenons et faisons fleurir nos capacités. Non pour nous, mais pour ce monde » Il sourit « Nous sommes avant tout des guérisseurs et des maîtres de savoir. Des arbitres lorsqu’il le faut. Nous sommes des serviteurs, Atalos… les serviteurs de la terre, du ciel, de la vie, de la mort également »

Il avait pris des feuilles aromatiques dont il frottait la viande pour lui donner du parfum et un léger goût. « Nous aidons les naissances, nous aidons les plantes à pousser… nous soignons les blessures, nous écoutons ceux qui veulent une oreille attentive et des conseils… nous protégeons la vie et la liberté, sans nous attacher à un seul parti mais à tous. Et lorsque nous le devons, nous venons honorer les morts. Nous nous occupons de détacher les âmes de leurs corps mortels afin de les apaiser, de leur permettre de passer plus aisément vers l’esprit de la mort… » Il changea d’herbe et prit de quoi imbiber la viande d’un hydromel très noir alors qu’il allumait le feu grâce à une simple parole, le laissant bondir joyeusement « Pour nous la vie est plus précieuse que tout… la vie de tout ce continent. Nous apprenons cet amour des esprits, nous apprenons à nous élever lentement. Bien sûr nous sommes faillible, simples mortels. Mais cela ne nous empêche pas de nous dédier entièrement. C’est mon ancêtre, Tisserêve, qui a unifié l’ordre Baptistral et a convertis ce lieu en un site ouvert à tous. C’est également lui qui a unifié la magie que nous utilisions, afin de lui donner une plus grande harmonie. Plutôt que de se baser sur deux sources, nous nous sommes entièrement tournés vers les esprits au travers de nos sanctuaires… et il a bâti Tomingrollo comme un nœud les liant ensemble comme le serment lie nos âmes » Il sortit des airelles dont il frotta également la viande alors qu’il laissait échapper un léger rire doux et bas. « Pardon je parle beaucoup trop c’est une horrible manie…. »
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeJeu 6 Fév 2014 - 17:17

Cela n'aurait pas dû se passer ainsi. C'était sans doute le moins qu'on puisse dire pour évoquer l'esclandre qui avait éclaté lors de l'arrivée de la délégation humaine. D'un autre côté, les choses auraient pu se dérouler bien plus mal également : s'il n'y avait eu l'intervention d'Amyelenor, le repas du soir aurait très certainement été accommodé d'un tartare de baptistrel. Le pire avait été évité, dira-t-on. A cette pensée, le regard ambré du dragon d'or suivit avec amusement le petit chanteur taillé comme une biscotte, fredonnant et sautillant alors qu'il s'attelait à la tâche et en invoquait aux vents pour emmener sa charge jusqu'aux cuisines.

D'abord attentif aux gestes de son cuisinier, Atalos s'efforça tant bien que mal de calmer les ardeurs plaintives de son estomac en se concentrant sur les explications qui lui étaient fournies par nul autre que le gardien en charge du domaine baptistral. Au fil des mots, c'étaient autant de clés que l'elfe chanteur fournissait au dragon et à mesure que le récit progressait, le doré voyait s'ouvrir à lui toujours un peu plus de ces rayons de connaissances qu'il avait dans la tête. Etrange et fascinante sensation que celle de s'entendre raconter une chose que l'on savait déjà inconsciemment mais dont l'on n'aurait pas été capable de se souvenir sans intervention extérieure. Toutefois, si le savoir était une chose, l'exploitation de cette précieuse ressource en était une autre et s'il était possible à n'importe qui de posséder un savoir, encore fallait-il pouvoir faire preuve de sagesse dans son maniement. Ce soir, Atalos apprenait, ou plutôt redécouvrait, l'existence d'êtres qu'il ne parvenait pas véritablement à appréhender aussi bien qu'il l'aurait voulu. Les baptistrels n'étaient certainement pas les égaux des dragons, mais ils ne s'apparentaient de toute évidence pas davantage aux mages bipèdes. Et que dire de ce rôle que le gardien semblait leur attribuer : guérisseurs, maîtres du savoir et arbitres dévouant leurs capacités au service du monde ? C'étaient peu ou prou des fonctions remplies par les dragons, certes à leur manière, mais tout de même. Le sylvain apporta toutefois rapidement une nuance qui ne manqua pas flatter l'ego draconnique : il se considérait lui et ses pairs comme des serviteurs. Une bonne chose, là où les dragons occupaient la place de seigneurs. Seigneurs de la terre et du ciel, seigneurs de la vie et de la mort. Voila une image qui avait de quoi plaire au dragon d'or, lequel ne manqua d'ailleurs pas se rengorger à cette pensée, écartant les épaules pour dresser fièrement la tête... avant de la rabaisser pour retrouver du regard la silhouette de son cuisinier du moment. Peste soit de ces constructions trop modestes.

Une lueur nouvelle éclaira les yeux d'or d'Atalos lorsque le chanteur aborda les missions de protection de la vie et de la liberté, en particulier l'évocation du rôle que pouvaient prendre les baptistrels dans les rites funéraires. Le dragon cligna lentement de ses paupières écailleuses, luttant pour ignorer le délicieux fumet annonciateur de son festin prochain qui émanait à présent de la pièce occupée par le baptistrel et venait caresser les naseaux de l'écailleux.

* Il n'est pas nécessaire de t'excuser, j'ai apprécié t'écouter parler... Dans le cas contraire, je n'aurais pas attendu ton invitation pour t'ordonner de te taire. *

Le ton était léger, signe que la menace n'en était pas vraiment une. Après tout, s'il avait incité le chanteur à lui raconter ce qu'il y avait à savoir sur les baptistrels, ce n'était pas ensuite pour se plaindre. Mais il était de bon ton de ne pas oublier que la volonté d'un dragon ne s'encombrait pas de détails. On ne parlait pas à un dragon, c'était lui qui décidait ou non d'écouter.

La voix qu'il fit résonner ensuite dans l'esprit de Merithyn se révéla cependant autrement plus dubitative, inquisitrice même par certains aspects, tandis qu'il poursuivait avec davantage de sérieux :

* Ton ordre protège la vie et la liberté, je respecte cela. Mais comment m'expliqueras tu que vous offriez l'asile à des vampires ? Toi qui te défends d'honorer les morts et d'aider les âmes défuntes à se défaire de leurs prisons charnelles pour s'en aller prendre la place qui est la leur auprès de l'Esprit de la Mort, tu tolères ces immondices ? Pire encore, tu les encourages et tu attends des autres peuples qu'ils traitent avec eux comme si de rien n'était ? *

Un grondement sourd ébranla le colosse d'écailles tandis que ses griffes effleuraient le sol à cette idée.

* Ne te méprends pas, petit elfe, je suis parfaitement conscient des enjeux militaires et j'ai moi-même combattu les Alayiens à plusieurs reprises. Je sais la force qui est la leur, et c'est justement là ce qui me fait craindre ces négociations. Les vampires ne sont pas dignes de confiance, ce sont des lâches : si nous leur accordons notre confiance maintenant, quand ils nous trahiront, c'en sera fini du monde tel que nous le connaissons. *

Il en oublierait presque les protestations de son estomac, les sujets de la guerre et des vampires avaient toujours eu la priorité même sur son appétit depuis l'épisode de la salle au trésor de Gloria.

* L'Empire va mal mais il résiste encore, avec l'aide des arcs elfiques et des dragonniers, il devrait être possible d'inverser le cours de la guerre sans prendre le risque de faire appel aux vampires. *

Bougon, le dragon précisa avec une amertume certaine :

* L'une de tes semblables, la dragonnière endeuillée, souhaite créer une caste draconnique. Cette idée ne m'enchante guère, mais je pourrais accorder ma confiance à mes pairs et tolérer que les dragonniers vampiriques se joignent à nous... Sous bonne surveillance. *

Du moins était-ce ce qu'il pensait, inconscient qu'il était alors de l'identité des individus en question. Car quand bien même l'avenir du monde aurait pu en dépendre, le vampire aux cheveux de feu et celui qui l'accompagnait, Grande Asperge, devraient payer le prix de leur folie.
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeVen 7 Fév 2014 - 19:00


La fierté soudaine d’Atalos ne lui échappa nullement et il sourit et continuant de s’occuper de la pièce de viande, l’imbibant lentement d’Hydromel noir et d’aromates, suivant la cadence des flammes qu’il domptait d’une pensée, marchant parfois au beau milieu d’elles sans en paraître le moins du monde gêné… mais il fallait dire que lui n’avait rien à craindre et que ses vêtements étaient ignifugés par magie afin de supporter le contact prolongé avec sa peau brûlante comme le feu d’un dragon. Cependant, l’arrogance du dragon, si elle lui était autant amusante que celle de Shaynar qu’il aurait du mal à battre dans ce domaine-là en particulier, n’était pas aussi immédiate que la viande qu’il ne tenait absolument pas à faire griller. Car après tout le doré avait faim, le pauvre, et ce serait du gâchis que de rater une cuisson alors qu’il pouvait la rendre la plus subtile possible en s’y prenant bien. Il n’était pas un maître de la cuisine des viandes, mais après tout si il pouvait concocter des potions, c’était presque pareil non ? Il fallait bien doser et faire très attention, se fier à l’odeur et à la couleur, et ne pas rechigner sur l’accompagnement en herbes ! Et puis c’était une occasion de s’exercer à un domaine peu pratiqué et il ne rechignait jamais à l’exercice quel qu’il soit… à part peut-être la politique, ça il devait avouer avouer beaucoup de mal, mais il fallait dire que les elfes avaient le don de vous dégoûter profondément de ce genre de choses. Sans doute était-ce en partie dû à son élément de prédilection, mais il vivait effectivement très mal les séances du conseil auxquels il devait assister en tant que Gardien et maître de l’ordre… l’envie de tout faire flamber était intense, et cela le serait encore davantage avec le vieil Eliwyr comme Empereur ça il en était plus que certain.

Cependant, il chassa ce genre de préoccupations lorsque la voix mentale du dragon revint vers lui et il s’arrêta, se tournant vers lui en chassant une mèche de cheveux ondulée de son visage qui lui tombait sur l’œil et le lui faisait piquer. Silencieux, il le laissa parler, et expliquer totalement sa pensée, hochant plusieurs fois la tête pour lui signifier qu’il écoutait et prenait bonne note de ses paroles, son doux sourire ne le quittant pas une seconde bien que ses yeux se teintaient d’un peu de tristesse. Lorsque le doré eut fini de parler, il prit un instant le temps de faire tourner la viande sur la broche afin de la changer de coter et répondit dans un soupire léger. « C’est déjà un énorme début, que tu acceptes l’idée de les voir à vos côtés. C’est un premier pas et c’est ainsi que toute réelle confiance se construit, avec des petits pas » Il inspira doucement, soupira de nouveau, reprit, de son ton de voix pensif et un brin triste pour l’occasion « Elle se nomme Lyroë… c’est moi qui ai trouvé l’œuf de Cymbor, son dragon. Je l’ai vu éclore pour elle dans la clairière du grand chêne. A l’époque nous étions un peu en froid, à cause d’Eliow et Shaynar… » Il prit un tabouret et s’installa près de la pièce de viande, la tournant de temps en temps, pour éviter de la voir grillée de trop « C’est moi qui ai officiellement proposé l’idée d’une caste draconique auprès d’elle, il y a des mois de cela, après l’enterrement de la personne qui était la plus importante pour moi. Je pense vraiment que c’est la meilleur solution… je ne jette nulle pierre aux dragonniers du passé, qui suis-je d’ailleurs pour le faire ? Mais je ne peux que constater ce que leurs résolutions ont provoqué… » Il secoua légèrement la tête.

« Je ne suis pas non plus le mieux placé pour ce qui est des stratégies guerrières. Tu as sans doute plus d’expérience que moi dans ce domaine. Moi et Shaynar avons fait notre possible pour le peuple humain, au cours des derniers mois, en voyageant dans le royaume afin de porter secoure aux petites gens et aux soldats égarés. J’ai pratiqué la guérison, j’ai ramené les humains sur le chemin des esprits… mais je ne suis pas un combattant et ne le serait peut-être jamais, ma vocation est ailleurs, dans la magie, dans l’art de soigner et d’aider les autres, de soutenir. Cependant je ne suis pas aveugle, loin de là, et je connais certainement mieux Lorenz Wintel que quiconque d’autre en ce monde. Je sais ce dont il est capable et je m’attends effectivement à une traîtrise en fin de compte… mais je sais aussi qu’il est loin d’être stupide et qu’il sait cette alliance nécessaire. Sans elle ses rêves de domination s’envolent. Il tentera d’en user à ses propres fins. Mais j’ai confiance, il y a, face à lui, des êtres tout aussi intelligents » Un instant silencieux, il reprit « Je dis bien Lorenz et non les vampires. Ils sont sombres et ont de nombreux travers c’est vrai, personne ne peut le nier. Mais il y a aussi de bonnes choses en eux Atalos. Je sais que c’est difficile à voir et d’autant plus après ce que tu as vécu en compagnie de ton dragonnier…mais entend le de la bouche d’un être ayant juré de ne jamais mentir, il y a une lueur d’espoir pour eux. Aucun être n’est fondamentalement mauvais, pas même les vampires. Certains d’entre eux peuvent être dignes et intègres, sages et ouverts, patients et doux, cultivés, éduqués…j’en ai eu la preuve, je l’ai vu… » Il eut un sourire doux et affectueux au souvenir tendre d’Eliow « Pourquoi j’offre asile aux vampires, et les tolères ? Mais qui suis-je pour dire ce qui est immonde ou non ? Je ne suis pas un esprit, simplement leur serviteur »

Il tourna à nouveau la pièce de viande « Je ne pense pas en terme de bien ou de mal vois-tu, car je me détache souvent de telles considérations. Pour moi, l’ordre et le chaos sont plus importants, et les vampires, bien que des créatures terribles par certains aspects, pour certains, ne troublent pas l’ordre du monde et de la nature, ils en font partie. Certes, ils prennent naissance dans l’ancienne malédiction jetée au peuple elfique, mais le temps, le monde, a fait évoluer ce sinistre héritage. Les esprits ne rejettent pas les vampires, ils ont des totems, ils sont protégés par les puissances de la nature, ils disposent de la magie inhérentes aux natifs d’Armanda, et ils ont des chants-nom… Oh pardon, un chant-nom est l’histoire de ton existence, l’intégralité de ce que tu es, dans les moindre détails, même les plus infimes, retranscrit en une symphonie qui t’est totalement propre, qui est toi, une chose unique au monde, aussi unique que tu peux l’être… ce chant-nom, les Baptistrels l’entendent et peuvent l’utiliser pour te redonner de l’énergie par exemple ou te permettre de te souvenir de certaines choses, pour te soigner également… c’est grâce à cela que j’ai pu m’occuper de l’œil de ton lié, en copiant le morceau de partition d’un instant de sa vie où il n’était pas borgne, j’ai retissé la toile de son chant-nom et de son corps. Les chants-nom sont un don inestimable et la preuve d’une grande harmonie. Lorsque le chaos règne, les vibrations telles que celles-ci sont complètement brouillées et nous affaiblissent grandement. Nous souffrons beaucoup du chaos, de la mort et du mensonge. Pourtant j’ai vécu au milieu d’eux pendant deux ans, et je n’ai pas été inquiété au quotidien »

Il secoua la tête, la voix vibrante alors de sa conviction autant que de sa passion pour le sujet « Ils sont un peuple… encore gauche, peut-être, encore mal dégrossi, encore violent, je ne peux le nier, mais ils sont un peuple et ils peuvent faire preuve d’harmonie, et de justesse ! Ils ont la capacité de s’élever bien au-delà de cette condition de simples non-morts et le font déjà, pas à pas… il faut les encourager, ou au moins ne pas les dédaigner, leur tendre une main, non pas aux dirigeants actuels, mais à ce peuple, ne pas le condamner tout entier simplement pour les erreurs de certains. Il y a du bon chez eux oui… j’aimerais tellement qu’ils puissent s’en servir et grandir enfin… grandir au-delà de toutes ces barrières qu’ils s’imposent eux-mêmes et que nous leur imposons… Nous respectons la liberté oui, la liberté d’exister à défaut de vivre que possèdent les vampires, la liberté pour eux de s’améliorer si ils le peuvent, la liberté… de faire leurs choix, fussent-ils mauvais. Nous ne pouvons aller contre cela. Les Alayiens menacent les peuples d’Armanda, tous les peuples Atalos, y compris les vampires, c’est également leur droit que de se trouver ici pour les négociations, quoi que nous en disions, ils ont des qualités et elles sont à prendre en compte… Je ne demande pas aux humains et aux elfes d’oublier le passé, je ne suis personne pour cela, mais ce que je demande, c’est de considérer tout cela… » Il soupira « Parfois je me dis que si les humains et les elfes avaient été plus accueillants, Eliow serait encore en vie auprès de moi et pas là-bas, dans cette horrible tombe gelée au milieu d’individus qui le méprisaient sans même le connaître… »

Il secoua légèrement la tête, reprenant conscience des alentours au-delà de sa tribune et s’occupa de nouveau d’oindre la viande avec application, silencieux quelques minutes avant de reprendre d’une voix plus douce. « Je veux être cette main tendue en dépit de tout. Je veux croire qu’il y a de l’espoir pour eux. Je veux me fier à la ligne de mes pairs. Je veux me fier à ce que j’ai pu découvrir d’eux, à ce que j’ai appris, je veux me fier aux choix des esprits et du Dracos…. Et au rêve de mon grand-père, je veux voir un jour les étoiles bénir l’harmonie d’un monde en accord avec lui-même. Utopie oui, mais toute utopie est le commencement d’une réalité… »
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeJeu 13 Fév 2014 - 20:58

Le feu du foyer vacillait au rythme des gestes du chanteur toujours occupé à sa préparation. L'âtre rougeoyant semblait faire danser les ombres projetées sur les murs par la lueur de ses flammes. Sous le regard attentif du dragon affamé, le gardien baptistral qui s'était improvisé cuisinier d'un soir poursuivit ses explications, non sans garder à l'oeil le bon déroulement de sa besogne. Une lueur amusée traversa les yeux d'or lorsque l'elfe s'installa sans effort apparent sur un tabouret un peu trop haut pour lui et entreprit de laisser rôtir la viande destinée à l'estomac de son encombrant convive. Les mots du chanteur accompagnèrent tout du long le lent changement de couleur du mouton sans que le dragon ne l'interrompit. Le sylvain ne lui avait certes pas menti en mentionnant un peu plus tôt l'abondance de sa verve et il était certain qu'aussi loin que remontaient ses souvenirs, jamais Atalos n'eut rencontré de bipède aussi prolixe. En fait, il n'était pas même convaincu que pareille rencontre ait jamais été connue de ses ancêtres draconniques, mais là n'était pas l'essentiel.

Si le baptistrel semblait une intarissable source de mots, le jeune dragon demeurait pour sa part encore comparable à un insatiable puits d'apprentissage et de curiosité. Amyelenor ne ménageait certes pas ses efforts pour enseigner tout ce qu'un dragon avait à apprendre à son lié d'or, mais les longues soirées passées au coin du feu, à épuiser progressivement les multiples ouvrages des bibliothèques impériales, ne pouvaient tout simplement pas se comparer au savoir que pouvait accumuler un elfe tel que celui qu'avait réquisitionné le dragon boudeur.

A l'évocation du prince des vampires, le dragon se crispa sensiblement tandis que sa queue exécutait de rapides mouvements de va et vient vers la gauche et la droite, trahissant la nervosité qui était la sienne devant les souvenirs que ravivait ce nom honni entre tous : Lorenz Wintel, l'être qui demeurerait à jamais comme le coupable du pire crime que ce continent put connaître. Un grondement s'éleva du colosse écailleux dont les mâchoires s'entrouvrirent sur les rangées de crocs et ce n'est qu'en se remémorant la promesse faite à Amyelenor de respecter les conditions de leurs hôtes qu'il parvint à faire taire cette irrépressible envie de s'en aller massacrer le prince maudit sur le champs.

La colère qui était revenue étreindre l'esprit draconnique quelques instants s'éclipsa toutefois rapidement pour laisser place à la curiosité naturelle qui était la sienne, et c'est en inclinant inconsciemment sa large tête qu'il ramena son attention sur les explications du baptistrel. Cette histoire de chant-nom l'intriguait au plus haut point, essentiellement en fait parce qu'il lui était difficile de concevoir qu'un dragon put être sourd à ce qu'un modeste bipède pouvait bel et bien percevoir. Ce d'autant plus si cela signifiait qu'un si petit être put lire en lui comme dans un livre ouvert, sans même bénéficier de l'honneur d'être lié à lui ou encore d'avoir à requérir son autorisation. Par pudeur ? Certainement pas. Le concept d'intimité lui était en effet relativement étranger et il n'en savait que ce que lui en avait dis Amyelenor : pour une raison qui leur appartenait, les bipèdes préféraient cacher quantité de choses à leurs semblables. Que ce soit leurs honteuses petites manies ou simplement la véracité de leurs corps qu'ils dissimulaient derrière des étoffes même lorsque la température ne le justifiait pas. Il existait ainsi tout un tas de sujets dont il était malvenu de faire étalage. En revanche, la fierté et l'arrogance étaient une seconde nature chez la plupart des représentants de sa race, et c'étaient bien là les sensibles cordes que venait d'effleurer le sylvain. Le simple fait qu'on put poser la main sur lui ou même lui adresser la parole sans y avoir été invité pouvait le vexer, et accessoirement valoir à l'imprudent une sérieuse frayeur, alors s'entendre dire qu'un minable deux-pattes, comme Idrisyl par exemple, pouvait tout apprendre de lui simplement en écoutant une mystérieuse chansonnette n'était pas pour lui plaire.

Le dragon demeura en retrait tandis que se tarissait lentement le discours de son compagnon elfique, ne laissant guère entendre plus qu'un léger grondement, sorte de ronronnement indécis sur la façon dont il devait recueillir et surtout considérer un discours aussi... utopique, pour reprendre les derniers mots du chanteur.

Au bout d'un moment sans que rien ne vint troubler le paisible crépitement des flammes, il ramena son esprit vers celui du baptistrel pour laisser entendre sa réponse :

* Tu es décidément un être bien particulier, Merithyn Shadowsong, je comprends un peu mieux ce qui a pu intriguer Shaynar au point de te considérer comme son presque-lié. *

C'était déjà là un compliment dont le gardien baptistral pourrait se vanter mais il n'était probablement pas dans ses habitudes de se gorger tel un coq, quand bien même il pouvait se le permettre. Néanmoins, les mots du dragon ne signifiaient pas pour autant qu'il approuvait, mais il ne s'élèverait pas non plus en juge des décisions de son frère aux écailles noires. Du moins, pas sur cette décision en particulier, mieux valait un elfe qu'un vampire après tout.

* Mais ta bonté te perdra... *

Cela tenait de l'affirmation pure et dure, il n'y avait là nulle trace de supposition ou de crainte et le dragon était intimement persuadé que le chanteur du feu finirait par se brûler les ailes d'avoir manqué de clairvoyance. Un comble si l'on y repensait.

* Es-tu conscient qu'en refusant de condamner les vampires sous prétexte que ... certains d'entre eux ... peut-être ... sont susceptibles de faire preuve d'un peu moins de haine et de violence que le reste de leur race, tu entretiens ce chaos que tu redoutes tant ? Tu ne peux certes mentir, mais cela n'implique pas pour autant que tu détiennes toute vérité, simplement que tu es intimement convaincu de ce que tu énonces. *

Cela lui coûtait, véritablement, que de simplement entrevoir la possibilité que certains vampires ne soient pas aussi mauvais que la majorité. Et encore n'y croyait-il pas lui même, il faisait simplement là l'effort de considérer l'espace d'un instant le point de vue de son interlocuteur, quand bien même il avait soigneusement sélectionné ses termes : loin de considérer qu'un vampire put faire preuve de bonté, il admettait simplement que l'un d'eux put potentiellement faire preuve d'un peu moins de malveillance, et la nuance n'était pas à ignorer.

* Ces quelques vampires meilleurs, s'ils existent et je ne t'accorde pas encore que ce soit bien le cas, n'en demeurent pas moins des exceptions. Valent-ils toutes les autres vies qui ont été perdues par la guerre ? Valent-ils toutes les vies qu'ils ont écourtées pour assouvir leur existence ? S'il est une chose que la guerre m'a appris, c'est que certains sacrifices sont nécessaires pour l'intérêt commun, croire le contraire serait faire preuve de naïveté. *

La langue écarlate de l'écailleux vint caresser ses babines tandis qu'approchait le point de cuisson idéale de son repas, mais il poursuivit néanmoins avec le même sérieux :

* Ce n'est pas respecter les lois qui régissent cet univers que d'exister indéfiniment, les dragons eux-même s'éteignent lorsque vient le temps pour eux de rejoindre le monde des âmes alors explique moi donc où est l'ordre ? Si les vampires venaient à disparaître, cela n'entraînerait aucun déséquilibre : les elfes et les humains meurent des affres du temps, ainsi que le veut le cycle de la vie. Mais si ces mêmes vampires venaient à prospérer, ce sont deux peuples au lieu d'un qui auraient à en souffrir et à terme, cela provoquerait l'extinction des trois peuples. Si cela n'est pas l'avènement du chaos pour toi, alors que te faut-il ? Tu dis que les vampires ne troublent pas l'ordre, et en cela je pourrais presque te croire, mais ils le menacent bel et bien. *

Le dragon se coucha sur le flanc, laissant son corps reposer sur le sol.

* J'ai une autre question à te poser : à ton avis, les esprits acceptent-ils vraiment les vampires ou se contentent-ils plutôt de ne pas intervenir ? Ce ne sont pas les vampires qui reçoivent des totems ou le don de manipuler la magie, ce sont les elfes et les humains qu'ils étaient avant d'être transformés qui se sont vus bénis des esprits à leur naissance, ces mêmes esprits ont simplement refusé d'intervenir lorsque le venin vampirique est venu les condamner à cette existence de non-mort.
Si les esprits avaient voulu que les vampires puissent prospérer, pourquoi leur refuser de pouvoir donner la vie ? Ils transforment, ils répandent leur venin en contaminant d'autres peuples, mais ils ne créent pas : ce sont des destructeurs.
*

Avec un grognement sec, comme pour ponctuer cette constatation, Atalos posa la tête sur ses pattes antérieures croisées devant lui et demeura silencieux quelques instants avant de brutalement relancer le sylvain :

* Ce chant-nom dont tu parlais... Pourquoi les dragons ne peuvent-ils l'entendre ou le manipuler ? Et comment peut-on... s'en préserver ? Je n'aime pas beaucoup l'idée qu'un bipède puisse ainsi altérer l'existence d'autrui, si tu as pu t'en servir pour soigner l'oeil d'Amyelenor, alors il doit également être possible d'utiliser ce chant pour blesser. *

Et cette idée n'était pas pour le rassurer, car si le dragon d'or avait pour lui une force et une puissance inégalable par tout autre bipède, voire par certains de ses pairs, il ne semblait pas que cela put le préserver de cette magie décidément bien étrange et son instinct guerrier n'appréciait pas beaucoup qu'il put présenter une faiblesse.
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeVen 21 Fév 2014 - 18:59


Tout du long des paroles d’Atalos, le chanteur resta silencieux, l’écoutant avec courtoisie et intérêt sans manifester une seule fois une quelconque colère ou le moindre agacement, pas même de la gêne. Sourire aux lèvres, il le laissait s’exprimer comme lui avait eu la gentillesse et la prévenance de le laisser faire s’agiter sa langue bien pendue. Des choses à dire il en avait, mais préférait autant le laisser s’exprimer à son aise que de lui couper la parole de façon forte impolie. Il le couvait d’un regard affectueux mais non paternaliste, plutôt amusé... Atalos avait beau détester les vampires, il avait exactement les mêmes mots que Lorenz. ‘Ta bonté te perdra’ et il n’était d’ailleurs pas le seul en cela. Cela dit tous ceux lui affirmant cela avaient bénéficiés de sa bonté et ça leur avait probablement sauvé la vie à plus d’une reprise. La vie ou autre chose dans le cas de Lorenz par exemple. Une fois qu’il eut finit cependant, il pencha la tête sur le côté. « Tu veux manger avant que je ne réponde ? C’est prêt » Une fois la réponse en poche, il s’occupa de retirer la viande et de lui administrer un jus d’airelles avant de la lui apporter tant bien que mal. « Bon appétit » Il défroissa les plis de sa chemise puis retourna à son tabouret, les bras croisés sur ses cuisses, l’observant toujours avec quiétude. Et d’une voix paisible, il reprit la parole. « Je vais répondre par pallier si tu le veux bien, en partant de tes dernières paroles et en remontant progressivement afin que nous échelonnions tout cela de façon cohérente sans nous perdre. Je serais le plus bref possible » Il serait dommage de s’emmêler et de finir pleins de tensions pour rien, surtout alors qu’il avait un publique attentif et intéressant qui lui promettait un échange riche.

« Le chant-nom est fait de principes vibratoires, des notes d’une pureté extrême qui emplissent le monde comme la magie. Seuls certains êtres, très rares, peuvent naître avec une certaine sensibilité à ces vibrations et développer leurs potentiels afin de pouvoir entendre plus de quelques notes… ces êtres, ce sont les Baptistrels. Nous naissons avec cette sensibilité sans l’avoir jamais voulu et décidons ou non de devenir des maîtres. En accédant au don des esprits par le serment de notre ordre, nous accédons à l’entente pleine et entière des chants-noms et d’autres puissances vibratoires que nous utilisons alors. Les dragons peuvent également, parfois, avoir une certaine sensibilité je pense, Shaynar par exemple a toujours été ouvert à la musique, je le dirais même mélomane » Il eut un rire chaud et doux avant de reprendre « Et vous pouvez tous l’entendre lorsque l’un des miens vous le chante. Mais pour le manipuler, tu as à présent ta réponse, vous ne le pouvez pas vraiment car il s’agit d’une magie qui ne vous est pas liée. Par exemple, est-ce que tu as remarqué ma voix ? Elle n’est pas réelle, je suis devenu muet lorsque j’ai dépassé le stade commun de mon ordre pour fusionner avec mon élément. Mes cordes vocales ont brûlées. Mais la magie Baptistrale m’a offert un autre moyen de m’exprimer, directement par vibrations et notes de musique, et c’est cela que tu entends. A tes oreilles elle ressemble sans doute à une voix elfique classique quoi qu’un peu plus mélodieuse, du moins j’ose l’espérer, et pourtant c’est ma propre magie. Quand à s’en préserver… je crains que ce ne soit impossible. Tu ne peux te préserver de toi-même, et ce chant-nom est toi. Même si je comprends, du moins je pense comprendre, ce qui t’inquiète à ce sujet. Souviens-toi bien que mon ordre seul peut manipuler ces chants-noms, et nous sommes des pacifistes aimant plus que tout harmonie et paix… »

Il se releva en s’excusant un bref instant, alla chercher son plateau et revint au tabouret, s’installant à nouveau, il se mit à picorer dans son assiette de très petites bouchées, mâchant entre ses phrases. « A présent. Les esprits acceptent-ils les vampires. Je crois que oui, sincèrement. Il existe une magie purement vampirique, qui n’a rien à voir avec celle des elfes et des humains. Quant aux totems, ils peuvent encore évoluer après la mort, et c’est bien au vampire que l’on offre ce pouvoir. Et là où un humain ou un elfe pourrait tenter, par exemple, de devenir père ou grand père pour bénéficier d’un plus grand pouvoir, un vampire ne pourra qu’accepter cette évolution sans la rechercher véritablement. Il est également possible de changer de totem, le savais-tu ? C’est rare mais possible, et il y a des témoignages de vampires ayant réalisé cela. Quand à pouvoir donner la vie. Il faut sans doute différencier certaines choses. Une vie et une existence par exemple. Une vie, à savoir simplement la marche des fonctions vitales et la possibilité de croître puis de mourir ne fait pas un être, bien que nous la défendions personnellement et qu’elle nous tienne à cœur. On existe lorsque l’on accède à un lien avec son entourage et au regard de celui-ci sur soi et par soi. L’existence n’est jamais statique, elle est continue et évolue librement, cela aussi nous y tenons beaucoup car c’est la base même de la liberté. Aussi, si les vampires ne donnent pas la vie, en ce sens qu’ils ne font pas naître un mécanisme de vie, ils font cependant évoluer les mécanismes d’existence de ceux qu’ils transforment. Oui, ils ne créent pas, mais non, ils ne détruisent pas les vies qu’ils transforment, ils leur permettent simplement de continuer leurs évolutions. Souvent contre leur grès, oui, mais en ce sens, toute évolution de l’existence n’est pas forcément volontaire »

Il grignota un morceau de son pain et de son fromage et reprit. « Lorsque tu affirmes qu’ils détruisent. Te bases-tu sur la vie ou sur l’existence, l’être avec son caractère et ses souvenirs ? Les deux, peut-être ? Pourtant, le venin vampirique ne change pas fondamentalement le caractère, et les souvenirs ne sont qu’enfouis et peuvent être redécouvert ! Le venin n’est donc qu’une porte ouverte vers une autre évolution, différente, et combinant de nouveaux potentiels. J’avais coutume de dire, en compagnie d’Eliow, qu’un vampire était le mélange du meilleur des deux autres peuples mortels. La beauté et la longévité elfique, la magie et la force, et l’adaptabilité humaine, la capacité à apprendre vite et à changer avec le monde alentours, à devenir autre, à goûter des sentiments pleinement et sans la réserve elfique. Je le pense encore bien que j’ai depuis nuancé mes dires. Le vampirisme peut également être une chance pour certains de repartir de zéro. De plus, je ne peux m’empêcher de le noter, mais je t’invite à me détromper si je me fourvoie… tu sembles voir la destruction, la mort donc, comme un mal. La mort et la destruction sont parties intégrantes du cycle de création et de vie. Une mort entraîne une vie. Une destruction est également créatrice et ainsi desuite dans l’immensité de ce monde. C’est pourquoi nous officions la mort autant que la vie qui nous est chère »

Cette fois, il prit une gorgée de son verre puis poursuivit. « Tu dis que les vampires ne donnent pas la vie, c’est la vérité. Cependant, ils sont capables d’avoir des enfants et de ressentir des liens filiaux. Vois-tu, l’être transformé par un vampire lui est affilié, comme un enfant, et partage avec son ‘créateur ‘, son ‘père’ ou sa ‘mère’ un lien égal et spécial comme celui de parents mortels. Il n’est pas rare que le vampirisé hérite d’un peu de son créateur. Cependant, si ils en sont là où ils sont, c’est aussi parce que les jeunes transformés sont laissés à l’état primaire de sauvagerie qui apparaît juste après la transformation. Tu imagines j’en suis certain ce que c’est, renaître ainsi et n’avoir rien pour se guider, rien d’autre qu’un instinct prédateur ? Toi, et les autres dragons aviez vos liés et votre ancestrale et merveilleuse mémoire. Mais eux n’avaient que cela et une faim atroce, une faim qui ne s’arrête jamais et torture l’esprit… est-ce leur faute si ils doivent se nourrir ? Est-ce leur faute si ils sont tels qu’ils sont ? Et malgré leur imperfection, leurs défauts, certains passent au-dessus, se battent contre cette sauvagerie pour devenir meilleur, pour contenir la soif et ne pas être des dangers pour les mortels. De simples destructeurs pourraient-ils ressentir un amour filial comme certains le font ? Pourraient-ils tout simplement aimer, comme Eliow le fit avec moi ? Ou pleurer ces larmes de sang ? Bien sûr que nous. Pour tout cela et bien plus, je pense que les esprits les acceptent »

A nouveau, il grignota puis continua. « Leur disparition serait-elle sans conséquence ? Je ne le pense pas du tout. Elle aurait de nombreuses conséquences, géopolitiques, sociales, naturelles. Cependant, même si j’aurais tendance à ne pas me focaliser sur les peuples bipèdes, je le ferais. Il est tout à fait possible de prospérer au côté des vampires, je le sais pour les avoir côtoyé moi-même. Soyons objectifs là-dessus hélas, la vérité est que ni les elfes ni les humains ne veulent cela, ils ont leurs raisons… et pourtant, il faudra bien un jour qu’ils ouvrent les yeux sur autres choses qu’eux-mêmes et leurs offenses passées. Est-ce qu’une poignée de vampires plus éclairés valent toutes ces vies perdues ? Oui, profondément oui. Et ce n’est pas une insulte aux morts. Ces vampires-là sont l’avenir d’une race toute entière et les morts tombés au nom d’une potentielle reconnaissance valent de pouvoir enfin avancer hors d’un âge d’obscurantisme affecté. Qu’ils soient morts et que rien ne change aura volé une grande part du sens de leurs pertes. Parce que ces existences sont la preuve même que l’intelligence, la sensibilité et le sens social et harmonique est présent chez des êtres que l’on accusait d’en être dépourvus. Je sais que les sacrifices sont nécessaires Atalos, et bien que je ne te pointe pas du doigt, je te dirais tout de même que, souvent, ceux qui prononcent de tels mots sont ceux qui pensent alors : des sacrifices faits pas d’autres que moi. Je suis prêt à me sacrifier sache le, je l’ai toujours été. Ma vie n’a de sens que si je peux aider les autres et si je dois souffrir et saigner pour cela, être maudit, être rejeté, être lapidé pour cela, alors je le serais et le cœur léger… Oui les sacrifices sont nécessaires. Mais des sacrifices dirigés vers l’avènement d’un meilleur monde et pas, pardonne moi de le dire, la haine xénophobe et aveugle de peuples qui ne sont guère capables que de réitérer des erreurs passées quand bien même preuve a été faite de l’ingérence que cela représente »

Il soupira, resta un instant silencieux puis reprit « Quand à entretenir le chaos… il faudrait que je passe plusieurs mois à t’expliquer en détail notre façon de concevoir le chaos et l’ordre, mais j’essaierais de le résumé relativement simplement, je ne peux garantir cependant de parvenir à t’expliquer correctement, je ne suis pas très bon en explications… » Il alla déposa son plateau, prit une balance et lui montra « Voilà le monde. L’un des plateaux est le chaos, l’autre l’ordre » Il déposa une noix dans le plateau de l’ordre, celui-ci tombant sur la table. « Voilà ce qui arrive quand il n’y a que de l’ordre » Il retira la noix, refit le même geste pour le plateau du chaos « Voilà ce qui arrive quand il n’y a que du chaos » Il sourit « Il faut les deux pour que le monde existence et prospère, progresse. Mais en quantités adéquates. Lorsqu’il y a trop d’ordre c’est l’immobilisme et il ne créer pas plus la vie et la paix seul que le chaos. Lorsqu’il y a trop de chaos c’est l’entropie, et elle ne créer rien de plus que l’ordre. Aucun des deux n’est la vie. La vie, c’est ce qui les retient et les pèsent, le corps de la balance. C’est leur action ensemble qui fait de ce monde ce qu’il est. Cependant, si l’ordre accepte cet état de fait et comprend la nécessité du chaos, celui-ci ne fait pas de même… voilà pourquoi nous préservons avant tout l’ordre, car cela signifie préserver le chaos de lui-même. Mais comme tu as pu le voir, j’ai déplacé ma noix d’un plateau à l’autre… ce qui est chaos peut devenir ordre, et inversement. Rien n’est fixé »

Il hésita un instant puis souffla finalement, avec beaucoup de douceur. « Dit… que ferais-tu, si Amyelenor devenait un vampire ? »
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeLun 24 Fév 2014 - 20:47

Ce fut l'estomac du dragon qui, le premier, répondit à l'offre que venait de lui présenter le baptistrel, laissant entendre un grondement sonore devant la perspective d'enfin pouvoir satisfaire l'appétit dantesque qui était celui du colosse d'écailles. Confirmant d'un hochement de sa tête massive les déductions du chanteur, Atalos suivit du regard la pièce de viande que l'on déposait près de lui. La cuisson était un exemple de ce que la perfection avait de mieux, mais sans doute n'était-ce pas très surprenant au vu du lien étroit qui unissait le chanteur aux flammes de son élément fétiche. Naseaux largement ouverts, le dragon huma quelques instants le fumet s'échappant de son repas puis, sans plus de cérémonie, y planta les crocs avec délectation. La sauce s'écoulant généreusement dans sa gueule vint lui caresser les papilles pour en flatter les sens : pour un végétarien, son cuisinier improvisé avait su faire honneur à la viande, enrichissant sans pour autant le masquer le goût de la chair délicatement grillée. C'était bien différent de ce dont il avait l'habitude, un peu moins riche et certainement pas comparable aux festins qui lui étaient servis à Gloria, mais compte tenu de l'heure tardive et de la situation, l'elfe avait relevé de fort belle manière le défi de contenter sa voracité. Aussi bien physiquement que mentalement, par ailleurs, et comme s'il avait voulu accompagner le repas du dragon d'une nourriture plus spirituelle, le chanteur entreprit de répondre point par point aux questions et aspects soulevés par son interlocuteur à écailles.

Au fil des mots, Atalos découvrit rapidement avoir considérablement sous-estimé l'éloquence du baptistrel. En dépit de la mise en garde de ce dernier, c'était véritablement à un flot ininterrompu de paroles que le dragon avait donné son accord, véritable brèche dans le barrage de son esprit. Tel la crue d'un fleuve qui emportait tout sur son passage, le torrent d'informations vint submerger la mémoire de l'écailleux avec une violence qui n'était pas sans lui rappeler la déferlante qu'il avait connue à la sortie de l'oeuf, alors qu'Amyelenor avait posé la main sur lui pour la première fois. La fierté l'empêchait toutefois d'interrompre le discours de son généreux orateur, et c'est même avec une certaine reconnaissance qu'il accueillit les clés de son savoir. Plus que des mots, c'étaient surtout des souvenirs que le baptistrel confiait alors au dragon : souvenirs des vies passées de ses aînés qui avaient arpenté les terres d'Armanda voilà bien des siècles, souvenirs de ces dragons qui avaient, comme il le faisait aujourd'hui, combattu contre mais également aux côtés des vampires.

Chaque fois que le sylvain s'interrompait pour se restaurer lui-même, le dragon avait à coeur de mettre à profit ces quelques instants pour classifier chaque pensée, chaque sensation, chaque image que lui avaient évoquées le baptistrel. Dracos, était-ce donc à cela que devait ressembler la sagesse de son peuple ? Une masse difficilement mesurable, quantité virtuellement infinie, de connaissances qu'il lui faudrait maintenant apprendre à exploiter ? Il ne savait trop s'il devait la considérer comme bénédiction ou malédiction, tout lui avait semblé tellement plus simple avant cela.

Lorsque son pourvoyeur de savoir se leva finalement pour approcher d'une balance, le dragon cligna lentement des yeux avant de darder son regard d'or liquide sur l'instrument. Il connaissait ce principe de balancier que les bipèdes utilisaient pour déterminer le poids d'un objet, le plus souvent des ingrédients pour leurs préparations, aussi ne lui fut-il pas difficile de comprendre le raisonnement que voulait lui tenir l'elfe chanteur. Lorsque ce dernier en eut terminé, le dragon demeura silencieux, son souffle rauque vibrant dans l'air au rythme de cette succession d'inspirations profondes, suivies de lentes expirations, qui trahissait sa réflexion. S'il n'avait eu pour tout argument que le discours de l'elfe, aussi fourni fut-il, sans doute l'écailleux aurait-il balayé la discussion d'un revers de la patte sans y accorder la moindre importance. Mais cela n'était pas le cas, aussi blessant cela pouvait-il paraître à son orgueil, il y avait bien plus que cela. Il y avait ce passé, ce savoir qui avait accompagné les explications du sylvain dans l'esprit draconnique du colosse et qu'il devait désormais appréhender.

Cette ébauche de réflexion tourna court cependant, car la question que venait de souffler l'elfe avec une douceur délicate, presque tendresse, résonnait dans son esprit avec une puissance que n'eut renié une éruption volcanique. Cette fois, les griffes du dragon s'enfoncèrent pour de bon dans le sol et creusèrent de larges sillons dans le dallage de pierre sur lequel reposait la créature légendaire, tandis que son regard d'or s'embrasait.

Sans vraiment en avoir conscience, il percuta violemment l'esprit du baptistrel pour y faire rugir la réponse la plus instinctive qui fut :

* Je réduirais le responsable en une immonde bouillie sanguinolente que pas même une mère n'eut reconnu ! *

Conséquence des jours, semaines et mêmes mois passés auprès de soldats, le doré avait fait siennes certaines de leurs expressions et sous le coup de la colère, les avait resservies au baptistrel. Sa gueule s'était ouverte plus largement encore et une lueur orangée sembla bien naître dans l'obscurité de sa gorge, mais les mâchoires garnies de crocs se refermèrent finalement sans éruption de flammes.
Le dragon diminua la pression qu'il avait involontairement fait peser sur le chanteur avant de reprendre plus posément, quoique sans se départir d'une évidente mauvaise humeur :

* Mais cela n'arrivera pas. J'ai failli à ma tâche une fois, tu es certainement déjà au courant si j'en crois ce que tu m'as raconté sur ta connaissance des chant-noms, et ce fut une fois de trop. *

Il aurait pu en rester là. Il aurait dû en rester là. Mais pour une raison qu'il ne parvenait pas vraiment à s'expliquer, il poursuivit néanmoins :

* Si cela devait arriver... Et que j'y survive... *

Ce qui n'était absolument pas garanti, le souvenir encore vif de sa précédente expérience devant semblable phénomène n'était que douleur et épuisement, putréfaction et corruption, haine et fureur. Si Amyelenor n'avait alors pas été soigné, sans doute le dragon d'or y aurait-il perdu la vie.

* Je... suppose... que je m'efforcerais de l'aider. *

Comment exactement, c'était une question à laquelle il ne pouvait apporter de réponse, le simple fait d'envisager cette possibilité le répugnait déjà au plus haut point, alors... Alors il ne comprenait même pas comment il avait pu accepter de l'envisager, tout simplement. Un vampire n'était que charogne gangrénée par un mal qui ne méritait pour seul traitement qu'une éradication pure et simple. Ou du moins était-ce ce dont il essayait encore de se convaincre, mais force lui était de constater que le trouble l'avait gagné.

* Mais si les vampires ne sont pas aussi... nuisibles... qu'ils m'ont donné à le penser... pourquoi la guerre ? *

Le dragon tourna le regard vers la balance, dans laquelle se trouvaient encore les noix dont le chanteur s'était servi pour sa petite démonstration, les deux plateaux en équilibre.

* Si l'ordre a besoin du chaos... et que le chaos a besoin d'ordre... cela signifie-t-il qu'Armanda est condamnée à la guerre éternelle ? A quoi ressemble ce monde meilleur pour lequel tu sembles disposé à endurer les pires souffrances ? Les vampires... disons... assagis... d'où viendra le chaos nécessaire à cet équilibre que tu défends ? Des Alayiens ? Et ensuite ? *

En tout cas, si le dragon avait compris plus que clairement une chose, c'était la façon dont l'ordre pouvait devenir chaos : lui qui s'était présenté au chanteur avec un esprit ordonné aux idées claires se retrouvait maintenant avec ce qui devait ressembler à une bibliothèque après un tremblement de terre.
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeMar 4 Mar 2014 - 16:36


Il ne parlait pas pour convaincre, aussi passionné que fut son discourt, il n’était pas question d’influencer Atalos d’une quelconque manière… Il lui montrait simplement son point de vue, échangeait ses arguments avec les siens, offrait une idée d’une autre façon de penser et de voir le monde, comme une porte ouverte sur un univers fait de différentes couleurs. Ce que le dragon en faisait lui appartenait, même si le chanteur aurait apprécié pouvoir lui apprendre quelques petites choses. Non, il ne parlait pas vraiment pour convaincre mais la conversation et l’échange intelligent qui se jouait-là n’en était pas moins important pour autant. Il y avait une chose qu’il avait, pensait-il, fort bien comprit au sujet du dragon doré, et c’était précisément son désamour des vampires… Au vu des évènements dont il avait été victime avec son dragonnier, ce n’était guère étonnant qu’il n’apprécia pas les sangs-froids… mais de laisser cette hostilité, cette haine, prendre le pas sur toute raison n’était pas une bonne chose, ce n’était jamais une bonne chose. L’hostilité brouillait la vue, plaçait sous un voile toute forme de compréhension de sorte que l’on regrettait presque à coup sûr ce que l’on faisait en en écoutant la voix, consciemment ou non. Aussi attendait-il les réponses du doré avec beaucoup d’intérêt et de curiosité, et l’éruption de son mécontentement devant la question pourtant fort sensée d’après lui fut accueillie avec simplicité, la frappe sur son esprit adoucie par le fait qu’il ne faisait qu’absorber ce qu’offrait l’autre. Il cilla cependant sans perdre son sourire. Bien sûr que c’était une question difficile, et que cela le heurtait, il le savait en la posant, mais elle était également très importante car cela démontrait avant tout que certaines choses, possibilités, n’étaient pas à écarter… Il était réellement curieux de savoir quelle serait la réaction d’Atalos si son lié devait devenir un être de la race qu’il haïssait tellement. C’était une chose dure à concevoir, que d’imaginer quelqu’un de si proche autrement que comme il était à présent et encore plus comme une créature telle qu’un vampire… Pourtant, Merithyn doutait que le dragon puisse même envisager d’abandonner Amyelenor, parce que, justement, ils étaient si proches que leurs âmes ne faisaient qu’un, parce qu’il l’aimait et ne pouvait vivre sans lui. Lui-même le savait, il n’était peut-être pas le dragonnier originel de Shaynar mais ça n’y changeait rien, il était prêt à tout pour rester près de lui.

La réponse qui lui fut tout d’abord donnée lui tira un sourire un peu plus large et tout aussi tendre. Comment ne pas s’attendrir d’ailleurs devant pareille volonté de protéger ? Cela aussi il comprenait. Mais ce n’était pas ce qu’il attendait réellement aussi resta-t-il silencieux jusqu’à ce que le doré daigne répondre à sa véritable interrogation, sans digresser. Quand ce fut fait, il relâcha sa respiration en un léger soupire, à peine conscient de l’avoir retenue… Mais il était heureux, car c’était bien-là ce qu’il avait imaginé que serait ses paroles. Bien sûr cela était dur à imaginer… mais il l’imaginait justement et c’était tout l’intérêt. L’amour entre un dragon et son lié était bien plus fort que tout le reste même que la vampirisation… il n’y avait pas à douter de cela, personne ne douterait de cela si ils comprenaient vraiment à quel point ils partageaient tout. Qu’ils étaient tout l’un pour l’autre. Il sortit cependant de ses considérations aux questions qu’on lui posait. Pertinentes questions encore une fois il était difficile de le nier ou de ne pas en faire cas. Il resta posé un moment, pondérant cela, avant de répondre enfin, ne quittant pas son sourire. « Le chaos ne prend pas seulement la forme des guerres. Il a d’autres visages, parfois très beaux, parfois hideux, parfois simplement naturel de telle sorte qu’on ne le reconnaisse pas. Je ne peux prétendre savoir quelle forme il prendra si les vampires parviennent à grandir eux-mêmes… Je pourrais supposer évidement, imaginer, comme toi d’ailleurs, et je ne le fais, c’est vrai car cela m’importe beaucoup… mais on ne peut connaître l’avenir avant qu’il ne se rapproche de nous, et l’avènement d’une aire de raison pour les vampires occupera certainement de nombreuses années. Si ils parviennent à accéder à un état supérieur à celui de la bête enragée, nous serons déjà plus proche de l’idée que je me fais d’un monde meilleur » Il resta un moment silencieux, les sourcils délicats légèrement froncés. Puis il releva le regard vers le dragon d’or. « Puis-je te confier quelque chose Atalos ? » C’était une demande sans doute étrange, mais il estimait beaucoup le doré et cherchait autant à garder le fil d’une discussion très sérieuse au demeurant en permettant également que le flot aille dans les deux sens et que lui aussi puisse recueillir des choses de sa part. Autre que sa vision du monde et des vampires bien entendu. « Je m’inquiète beaucoup. Au-delà de cette guerre avec les Alayiens et au-delà de la guerre avec les vampires, je pressens quelque chose pour ce monde et ce pressentiment me laisse glacé et gêné… mal à l’aise. Il y a quelque chose dans l’air et la terre, même dans les étoiles… les éléments chuchotent des choses que je ne parviens pas toujours à comprendre. Nous parlions de chaos, et c’est du chaos que je ressens. Mais je ne fais qu’en effleurer de vagues contours pour le moment… les dragons voient et ressentent des choses que même nous ne ressentons pas, et inversement. Peut-être verras-tu quelque chose qui m’a échappé… si c’est le cas, consentiras-tu à m’en faire part ? »
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeSam 8 Mar 2014 - 13:21

Difficile de savoir quelles conclusions tirer de la discussion qu'il venait d'avoir avec le baptistrel Shadowsong. Rarement, peut-être même jamais en vérité, Atalos n'avait eu interlocuteur aussi surprenant et le désordre relatif qui semblait désormais régner dans l'esprit du dragon d'or en était sans doute la meilleure preuve. Avant ce soir, tout lui paraissait nettement défini, les amis, les ennemis, et le destin que Dracos avait voulu lui voir accomplir : terrasser les ennemis d'Armanda, en l'occurrence vampires et Alayiens, pour ramener la paix et la prospérité sur le continent. Désormais, un étrange voile opaque se profilait devant ces certitudes et les actes qu'il lui appartenait de poser n'étaient plus aussi clairement définis. Les Alayiens demeuraient l'ennemi, de cela il n'y avait aucun doute, mais pour ce qui était du cas des vampires... Ils lui apparaissaient toujours comme de sombres créatures responsables de bien des maux, alors pourquoi n'était-il plus aussi fermement convaincu du sort qu'il convenait de leur réserver ?

Le dragon secoua la tête, cette question l'exaspérait et quoi qu'ait pu éveiller en lui l'elfe chanteur, une certitude demeurait : trois vampires au moins n'échapperaient pas au jugement du colosse d'or, car indifféremment de leurs races, deux d'entre eux avaient attenté à la vie de son dragonnier, le troisième avait pris la vie d'un dragon et pareils affronts devraient se payer dans le sang. Quant aux autres... Sans doute valait-il mieux se raccrocher à l'idée du baptistrel selon laquelle cette espèce pourrait peut-être apprendre se dominer.

« Puis-je te confier quelque chose Atalos ? »

L'interpellé ramena son regard flamboyant sur la frêle silhouette du sylvain et acquiesça d'un léger hochement de tête, empruntant une mimique répandue chez les bipèdes qu'il fréquentait quotidiennement pour signifier son approbation. Une lueur curieuse traversa les pupilles dorées devant l'annonce qui lui fut délivrée ensuite, le laissant pensif quelques instants avant qu'il ne rapproche finalement son esprit de celui du chanteur pour y laisser entendre sa réponse :

* Je suis surpris que tu puisses ressentir cela également, petit elfe, car j'ai effectivement conscience d'un trouble qu'il m'est difficile d'expliciter. Tu n'es pas sans ignorer que mon esprit est chargé de la mémoire de mes pairs, quand bien même je suis encore trop jeune pour exploiter pleinement ce savoir ensommeillé... *

Un aveu de faiblesse qu'Atalos ne consentait qu'à de rares élus, au nombre desquels ne se comptaient en tout et pour tout que son dragonnier et les autres dragons, c'est dire s'il tenait en estime le gardien baptistral.

* Pour ce que j'en sais, ce pressentiment qui t'étreint et te déstabilise n'a connu aucun antécédent mais tu l'as dis toi-même, on ne peut connaître l'avenir avant qu'il ne se rapproche de nous. Pas même les dragons ne peuvent échapper pas à cette règle. *

Le dragon sembla hésiter un instant et chercha à évaluer les sentiments qu'il pouvait se permettre de partager avec un esprit bipède aussi clairvoyant fut-il. Finalement, il reprit :

* S'il est demeuré caché à notre connaissance pendant des millénaires, c'est bel et bien un Esprit Supérieur qui a jeté son dévolu sur Armanda et en choisissant d'intervenir dans le monde physique, Néant ébranle un équilibre des plus précaires. Il ne s'agit plus seulement d'équilibrer la balance de l'ordre et du chaos dans notre propre monde, mais de l'équilibre universel dans lequel baignent les plans physique et astral. Ces deux plans coexistent depuis l'aube des temps, indissociables l'un de l'autre, mais ils n'ont jamais été censés interagir. Or, par ses actes, celui que vénèrent les Alayiens bouscule des règles et des lois qui ont été édictées pour les Esprits par les Esprit eux-mêmes. Les bipèdes ne sont pas de ceux qui peuvent prétendre comprendre toutes les implications de pareilles interventions mais tu as raison de penser que cela va bien au delà de la guerre avec les vampires et les Alayiens, car cela va même bien au delà d'Armanda. Il se pourrait que ce que nous connaissons actuellement ne soit guère plus qu'un hors-d’œuvre en comparaison de ce que nous dissimule l'avenir, je ne puis expliquer comment ni pourquoi je le sais, et encore mon savoir reste-t-il bien maigre, mais je le sais. *

Sur ces mots, le dragon laissa échapper un grondement tandis que son estomac accueillait avec satisfaction les dernières bouchées de son repas du soir.

* Cela étant, je te suis reconnaissant pour ta cuisine et tes explications. Si j'acquiers des connaissances susceptibles de satisfaire ton appétit comme tu as satisfait au mien, je te les ferais partager. *

Cela tenait davantage de la simple affirmation, un juste retour des choses en lieu et place d'une promesse à proprement parler.

* Shaynar a eu de la chance de te trouver après la mort de son lié. *
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MessageSujet: Re: Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Cuisine moi un mouton ! [PV Merithyn]TERMINE Icon_minitimeSam 15 Mar 2014 - 16:12


Il hocha profondément la tête aux paroles du dragon. Oui il savait, effectivement et il était également très soulagé de savoir qu’un autre avait ressenti ce trouble dans les fibres du monde… il n’était pas le seul ! Il n’était pas seul à porter ce secret sur ses épaules. Peut-être pas le poids du monde, il n’était pas aussi arrogant, mais entrevoir l’épée oscillant au-dessus de ce monde, au-dessus d’eux, et savoir qu’il ne pouvait rien faire pour préserver Armanda ou influencer le destin lui faisait peur… l’épée lui faisait peur également mais moins que cet état expectatif et sans défense. Lui avait-on montré cela parce qu’il était devenu orgueilleux et qu’il avait besoin d’être remis à sa place, ou bien était-ce simplement qu’on lui offrait l’occasion de se tenir prêt à servir de nouveau ? Il ne pouvait pas répondre à cette question en vérité mais savoir qu’Atalos avait également ressenti quelque chose le confortait. Silencieux, il accepta l’aveu du dragon sans le commenter, ne souhaitant nullement tourner en dérision cette marque de confiance par des paroles irréfléchies, pas à la hauteur. Il ne savait guère quoi lui dire à ce sujet, il savait déjà que cela viendrait avec le temps, aussi, oui, il resta simplement attentif et silencieux alors que le doré continuait sur sa lancée. Il avait raison, Néant avait tout changé et c’était plus que le monde physique qui était menacé de disharmonie… Il restait des questions sans réponses, des connaissances qui leur échappaient… des zones d’ombres dans l’histoire d’Armanda et du monde, dans son existence. Et ces zones d’ombre voilaient les choses, tant d’ailleurs qu’il était totalement impossible de s’extraire des filets visuel de leurs états respectifs. Ils apprenaient et voyaient le monde… mais certainement pas comme le voyaient les Esprits, par exemple. Il aurait tant aimé être un esprit et savoir ce qu’il y avait, de l’autre côté du voile. Peut-être verrait-il mieux l’épée qui les menaçait. Folie que cela oui… mais tout ce qu’il souhaitait c’était le bien de ce continent ! Un hors d’œuvre en comparaison de ce qui les attendait dans le futur… C’était une sinistre prédiction, mais le mensonge n’emplissait pas l’esprit du dragon, Merithyn l’aurait sentit immédiatement. Il était, en réalité, vibrant d’une terrible vérité. Il trembla un bref instant, posa le regard sur les chaudes écailles dorées pour se réconforter… Les dernières paroles qu’on lui transmit lui arrachèrent un petit sourire timide et reconnaissant. Cela lui réchauffait le cœur et l’emplissait d’un bonheur éphémère. « Merci Atalos… Je crois… que j’ai eu aussi de la chance … »

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