1200 ans s'étaient écoulés depuis sa transformation. 1200 ans qui ont été pour elle, des successions de vagues d'émotions tant différentes les unes que les autres. Cette année, elle avait perdu son protecteur, qui pour elle était comme son père. Elle l'avait tué mais cela elle l'ignorait totalement. Ses crises de folies dont elle n'a jamais pris connaissance continuent de faire le malheur des autres et le sien, tandis qu'elle continue de croire que l'assassin d'Edgar foule peut être encore le sol.
Il fait nuit. Katharina avait décidé de suivre le groupe de vampires se rendant à l'ordre Baptistral, dont elle ignore en fait la situation actuelle. Mais sur la route, ceux-ci furent attaqués par un groupe de cavaliers Alayiens, et la petite fille, bien que n'étant pas combative, participa au combat de manière obligatoire. En utilisant ses facultés magiques très puissantes par inadvertance, elle parvint à s'enfuir sur le dos du destrier d'un cavalier qu'elle avait désarçonné. Et une heure plus tard, Katharina se retrouva au bon milieu d'une campagne lui étant totalement inconnue.

La petite fille, en apparence, regarda le grand cheval de robe baie qui l'avait emmenée ici. Les sourcils froncés, mécontente, elle se mit à faire la moue. Elle jeta un regard autour d'elle pour essayer de localiser quelque chose, à la limite de taper du pied par terre. Katharina avait souvent du mal à se rendre compte de la gravité des choses. La mort d'Edgar s'était avérée tellement choquante pour elle que, depuis, bien que toujours autant passionnée dans ses émotions, celles-ci se laissaient plus désirer avant d'apparaître.
Désemparée et désorientée, la faim commençait en plus à se faire sentir de manière prononcée.
Elle lança un regard déconcerté au cheval qui s'était naturellement mis à brouter l'herbe de la cambrousse.

" - Si seulement tu avais conscience de ce que je suis ... "

Puis elle haussa les épaules en détournant le regard. Après tout elle aimait bien avoir un animal finalement. Cela ne parle pas, ne contredis pas, se fie à soit même si on a les pires intentions du monde. Et depuis qu'elle avait tué Atlör, elle se sentait à nouveau seule. En revanche, le cheval, lui, ne pourrait pas lui servir de poche de sang. Son goût est bien trop répugnant, d'après son odeur.
Quoi qu'il en était, Katharina devait trouver une direction à prendre. Deux choix s'offraient à elle à présent : continuer seule et à pied, ou bien à dos de cheval, bien que sa taille n'était pas très adaptée à la monte.
Elle hésita peu de temps, bien évidemment.
Elle s'approcha de la monture, très calme, et tapota son encolure en signe de félicitation. Puis elle tenta d'agripper l'étrier afin d'y enfoncer son pied, mais cette fois elle glissa et se retrouva au sol. Sa robe, trop grande, comme elle aimait bien en porter, s'était prise dedans et l'avait fait tomber. Agacée, la petite fille se releva en lançant quelques petits éclairs d'énergie magique aléatoirement autour d'elle, ce qui fit sursauter l'animal.
Elle tenta de reprendre l'étrier pour tenter à nouveau, mais un bruit la fit sursauter et attira son attention.

" Quelqu'un ? " Pensa-t-elle. " Qui ? Un Alayien ? Un villageois perdu ? Ou bien ... Un brigand ? "

Elle concentra toute son attention vers où il lui semblait avoir entendu quelque chose.

______Vers la victoire et la gloire. Voilà ce qui passait continuellement dans l’esprit du jeune soldat depuis que l’armée s’était mise ne marche vers le sanctuaire sur le territoire des elfes. La victoire et la gloire. C’étaient de beaux mots mais qui devaient être le résultats de combats contre les hérétiques. Malheureusement la mission qu’on lui avait confié, à lui et à un autre dans deux directions différentes tout en continuant d’avancer vers sa destination, ne lui apporterait ni victoire ni gloire. Il devait inspecter les zones voisines de l’itinéraires d’avancement de l’armée et s’occuper de tout être contraire à la religion du Néant. Mais depuis quelques jours qu’il avait débuté sa chasse, rien n’étais tombé sous les coups de sa dague. Et elle avait soif de sang, elle devait s’abreuver d’infidèles.
______Tout ce qu’il avait trouvé jusqu’aujourd’hui avait été des habitations, des fermes, d’anciens châteaux, des lieux de cultes qui avaient tout le point commun d’être vide de toute vies. Évidemment personne ne pouvait ignorer la présence de la grande et puissante armée alayienne. Déjà des nombreuses poches de résistances étaient tombés en priant leur faux esprits. L’esprit du Néant était le seul esprit de ce monde, prier d’autres et espérer leur aide ou leur puissance devaient forcément les mener à la défaite. Ces imbéciles pensent vraiment pouvoir vaincre juste en se réunissant tous au même endroit ? Cela ne ferait que précipiter leurs chutes, et l’armée du Néant n’aurait plus qu’à chasser les derniers survivants.

______Sa marche s’arrêta. Posté au sommet d’une petite colline, il avait une vue dégagée sur une longue distance bien qu’en descendant des arbres pouvaient masquer l’arrivée de personnes. Mais de là où il se tenait, il voyait au dessus des arbres. Et il y avait une proie à sa portée. Elle ne le vit pas, elle était de dos et semblait parler à son cheval. Elle tenta d’y monter mais tomba et en se relevant de la magie sembla s’échapper d’elle. Une approche discrète devait être adoptée pour éviter tout contact avec la magie. Certes son armure et son arme étaient capable de l’absorber, mais si elle était une experte elle pouvait avoir le temps de l’attaquer.
______Caché parmi les arbres, Eddo tira lentement et silencieusement sa dague. Accroupi, il se trouvai toujours derrière sa proie et prit la décision d’y aller, sans lui laisser le moindre répit. Malheureusement une chose stupide arriva, son pied écrasa des branches qui craquèrent assez bruyamment pour qu’elle comprenne qu’elle n’était plus seule. Plus de raison de sa cacher, Eddo sortit alors, serrant son arme dont la lame était dirigée vers l’arrière. Son esprit et son corps prêts à encaisser une attaque.

- Qui que tu sois, sois honorée de mourir pour rejoindre le Néant.

______Face à son sacrifice. Eddo ne bougeait pas, il attendait la première attaque. C’était peut être idiot, il risquait gros, mais il n’avait pas eu le loisir de s’amuser depuis un trop long moment, autant en profiter dans ce cas. Le premier pas, comme il l’espérait, ne vint pas de lui. La jeune fille s’avança vers lui d’un pas précipité, le soldat s’attendait à être submergé par une attaque magique mais elle se contenta de tomber à ses pieds, à genoux, et lui agrippa le bras.

- S’il vous plaît monsieur ! Je suis perdue !! Mes parents sont parti en ville, j’ai voulu aller jouer dans les bois mais je ne trouve plus le chemin de la maison…Je n’ai que 13 ans, ne me faites pas de mal par pitié…

______Ça ne dura qu’une fraction de seconde, mais sur le visage de la fille Eddo vit passer la même expression que celle qu’il avait vu sur le visage de sa sœur lorsque leur père sacrifiait la femme qui les avais tous deux mis au monde. Mais les souvenirs, les sentiments, tout ça ne servait à rien quand on servait le Néant. Se laisser attendrir n’était pas une option et était bien plus qu’inutile. Aussi repoussa-t-il la sangsue qui le collait en balançant sa jambe en avant, l’envoyant de retour à son cheval.

- As qui crois-tu avoir affaire ? lança Eddo d’une voix basse mais sûre. Je suis un soldat du Néant, je reconnais un immonde vampire quand j’en vois un. Et je sais également reconnaître la magie quand je la vois. Tu n’es pas si inoffensive que tu voudrais le faire croire.

______Ses doigts se serrèrent encore plus autour du manche de sa dague tandis qu’il avançait d’un pas prudent vers la vampire.

- Mais tu ne représentes aucune menace pour le Maître. Ton sacrifice n’en sera pas important mais il ne sera pas vain pour autant.

______Brusquement il lui fonça dessus, frappant avec son arme d’un coup montant et très rapide. Mais pas suffisamment car il porta dans le vide, manquant de tomber sous sa propre impulsion. Encore une erreur de débutant, il n’avait pas pris en compte les réflexes supérieurs des vampires avant de lancer son attaque. Décidemment il n’étais pas prêt à devenir un puissant soldat, et encore un général comme Lyra.

______Tandis qu’il reprenait son équilibre, il entendit la vampire à l’apparence de fille se moquer de lui. Sa main écrasa le manche de son arme, dont la lame s’allongea pour lui donner la forme d’une épée. Sa colère refaisait surface, son esprit au bord de la rupture. « A mort ! gueulait sa voix dans sa tête. Que le sang inonde cette terre pour que tu puisses te rouler dedans ! Allez ! »

______« Quelle plaie cette gamine » cracha sa voix dans son esprit alors qu’il se remettait du choc qu’il venait de subir en percutant cette arbre. Une puissance comme il craignait d’en affronter se dégageait de la vampire. Heureusement son armure avait absorbé la quasi-totalité de l’attaque magique. Ce qu’elle avait également fait, en plus de son arme, durant le moment de combat rapproché où son adversaire avait utilisé différents enchantements. Cette dernière l’avait d’ailleurs utilisé avec tellement d’assurance qu’elle ne devait pas savoir ce qu’il était et encore moins que la magie n’avait aucun effet sur les soldats comme lui.

- Résister ne te sers à rien. Quelques options que tu choisis, elles te mèneront toujours au sacrifice. Dis toi simplement qu’il serait préférable que tu te donnes de toi-même, ainsi ta future vie pourra être récompensée par le Néant.

______Les paroles d’Eddo ne semblèrent pas l’atteindre. Probablement qu’elle ne comprenait rien. Qu’importe car comme il venait de le dire il allait de toute manière finir par la donner au Maître. Heureusement qu’elle refusait, même indirectement, de se rendre. Un échauffement avant la bataille à venir pouvait que lui être bénéfique.

- Puisqu’ils n’y a que nous ici, commença le jeune soldat en pivotant son tronc pour désigner les alentours, je peux prendre le temps de me présenter. Eddo Welf, soldat du Néant, fervent serviteur de Sa cause, et général en devenir crois moi. Ta mort sera d’ailleurs une aide dans ce projet, Il ne pourra que voir la nouvelle vie que je prend pour Lui-même si les monstres de ton espèce le répugne.

______Ces derniers mots firent passer une expression de dégoût sur son visage, qu’il ne fit rien pour cacher mais fit même durer pour bien la montrer à la vampire qui se tenait devant lui. Pour sa part elle arborait une expression étrange, comme si elle venait de se rendre compte du lui où elle était et qui lui faisait face. « Encore une piètre tentative pour faire croire qu’elle n’est qu’une chose innocente » lui répondit sa voix à son interrogation. C’était très probablement ce qu’elle essayait à nouveau de faire. Mais comment croire que cela pouvait marcher alors qu’il y a quelques minutes il avait immédiatement vu clair dans son jeu. « Tout ça pour t’énerver, te faire perdre tes moyens. Tue là ! Répands son foutu sang ! »

- Quel dommage que ta magie n'ait aucun effet, tu quitteras ce monde sans avoir pu combattre. Quel déshonneur.

______D’un appui assuré, il s’élança sur elle et alors qu’elle essayait de se relever la frappa du plat de la botte la renvoyant sur le sol, le souffle coupé, un peu de sang jaillissant d’entre ces horribles dents. Sans le lui laisser le moindre répit pour attaquer ou encore une fois se moquer de lui, Eddo la prit à la gorge et la souleva jusqu’à la plaquer violemment contre un arbre sous pour autant desserrer son emprise sur ce qui faisait pour le moment tenir sa tête.

- Commençons par te retirer ces horribles choses ! lâcha-t-il entre ses dents, tandis qu’il levait son arme redevenue une dague et l’approchait de la mâchoire de sa proie. Là où je compte t’envoyer, monstre, tu n’en auras pas l’usage !

La vampire à l'apparence de petite fille était toujours au sol, souffrant à la fois d'épuisement dût au déferlement de la presque totalité de son énergie magique, mais aussi d'incompréhension. Comme à chaque fois que son trouble la saisissait, elle n'avait plus souvenir de rien, et n'arrivait donc pas à comprendre la situation présente. Mais sa naïveté, son entêtement, sa joie et sa folie enfantines l'aidaient souvent à surmonter cela et à n'y pas faire attention. Cependant, étant en plein combat, elle ne pût s'aider de son tempérament et fût bel et bien confrontée à la réalité. La flore autour d'elle s'était détériorée, et le guerrier était à présent dos à un tronc d'arbre, à une dizaine ou vingtaine de mètres en face d'elle.

[i]L'homme se releva et entama une brève présentation, tout en continuant ses allusions au Néant, au service qu'il lui rend et à son projet, auxquelles Katharina ne prêta qu'une faible attention en raison de ses actuelles préoccupations. Paradoxalement, c'était elle la plus atteinte par l'attaque qui aurait dût sonner Eddo Welf. Et les paroles qu'il lui adressèrent ne firent que renforcer son incompréhension :
" Quelle magie ? De quoi parle-t-il ? Je n'ai aucun pouvoir ! "
Pensa vainement la jeune femme dans son petit corps.

Elle tenta faiblement de se relever, mais en vain, car au même moment son adversaire s'était élancé sur elle et la projeta à nouveau sur le sol en la frappant du plat de sa botte. Le choc fût assez violent, et du sang fût projeté de sa bouche. Mais la douleur ne changea pas. Vide d'énergie, elle avait du mal à ressentir quelque chose de pire. Néanmoins, même affaiblie, la nuit restait en son avantage et même l'humain qui servait le Néant ne pouvait nier cela. Elle était indéniablement plus forte que lui, il fallait juste qu'elle en prenne conscience.

C'est alors que, sans lui laisser le moindre répit après cet assaut, le guerrier attaqua de plus belle et la saisit par la gorge avant de la plaquer à son tour sur le tronc de l'arbre le plus proche. Sous la violence du choc, la petite vampire, vide d'énergie, resta bras ballants, tête vers le bas, ses cheveux châtains humides de sang cachant la majeure partie de son visage. L'homme approcha son épée redevenue une dague de sa mâchoire, lui disant :
- Commençons par te retirer ces horribles choses ! Là où je compte t’envoyer, monstre, tu n’en auras pas l’usage !

" Monstre... Il m'a insultée de monstre... Comme si il s'agissait de moi... " Pensa-t-elle.

Katharina releva légèrement la tête, et planta son regard dans les yeux de l'homme qui maintenait une dague sur son cou. Le sang baignant toujours ses lèvres, elle entrouvrit la bouche, prit une légère inspiration, et arbora son sourire narquois le plus radieux :

" - Monstre ? " Elle prit un ton vif et sépara d'un ton neutre l’épellation des sept lettres.
"M : Malheureux être qui hante nos terres, à la recherche de vies à n'en plus compter,
O : Outil de massacres mais futil à ses maîtres, qui en réalité n'escomptent que son écorce,
N : Naturellement je te méprise, du haut de mon fébrile être que tu embrasses de ta force,
S : Si sereinement je te regarde, car bien que seulement en apparence, il me reste mon humanité,
T : Toi et tes semblables finiront par y rester, et je me garde de te le prouver,
R : Resterons sur cette terre, uniquement ceux qui y sont nés,
E : Et c'est en assemblant ces sept lettres, que tu trouveras La vraie nature qui t'est dédiée."



Profitant du bref moment de compréhension de son adversaire, la petite fille puisa dans ses sources afin de le pousser d'un geste brusque, et s'échappa vivement sur le côté. Avant qu'il ne se retourne, elle fit un quart de tour sur elle-même, dague en mains, et le blessa de sa lame.
L'homme surpris plaqua naturellement ses mains sur sa plaie dorsale saillante, et Katharina en profita pour tenter à nouveau une attaque. Mais le guerrier para celle-ci de son arme rapetissée, qui était tout de même bien assez suffisante pour lui ôter la vie. Devant ce fait, Katharina écarquilla les yeux par reflexe, et en-trouva la bouche : elle avait peur.
Ce sentiment lui déclencha une violente et soudaine migraine, en raison de son trouble psychologique qui tentait à réapparaître. Bien qu'inconsciente de cela, le mal lui provoqua un moment d'absence dans le combat, et le guerrier en réponse força de toute sa puissance sur sa dague, ce qui renversa la vampire.
Déboussolée, la petite vampire était de nouveau au sol. Sauf que cette-fois, elle était presque totalement vide d'énergie. Elle ne pouvait plus combattre, elle n'y arriverait plus. Cette fois, elle n'avait plus le choix : elle devait battre en retraite. Mais, comment ?

______« Imbécile que tu es ! Tu l’as sous-estimé, elle une vampire ! Tout ça pour des rêves de gloire ! Abruti ! » lui criait sa voix intérieure, comme on reprenait un enfant qui venait de faire une bêtise. Elle n’avait cependant pas tort et le résultat en était une blessure à son dos. Il sentait le sang chaud couler le long de sa peau, sous son armure et voyait une tache se former à ses pieds.
______La vampire repassa à l’attaque. Cette fois ci il pu parer de sa dague, surprenant ainsi son adversaire qui n’affichait à présent que peur. La même peur qui sembla l’affecter au point de lui faire perdre ses moyens permettant ainsi à Eddo de la repousser, la jetant à nouveau sur le sol. A présent il fallait en finir. La nuit était là, il avait joué trop longtemps, l’armée elle continuait d’avancer, elle n’attendrais pas un retardataire aussi insignifiant que lui.

______Alors qu’il s’approchait d’elle, le sang goutant derrière lui en une ligne discontinue, la vampire rassemblait ses forces pour se servir de ses bras et ramper sur le dos dans la direction opposée de son chasseur. Car elle était à nouveau la proie. Elle avait beau essayé de tout faire pour se défendre, à présent ses forces l’avait abandonnée, la peur parcourait tout son être et sa magie était inefficace. Surtout, oui surtout, le sourire narquois, de défi, de moquerie, d’insulte ! n’apparaissait plus sur elle. Malgré tout cela, il fallait rester prudent, le soldat avait déjà commit la faute de la sous estimé et il en avait récolté les fruits amers aussi s’avança-t-il prudemment, la contournant pour arriver sur ses flancs tandis qu’elle continuait de reculer pour essayer d’atteindre les bois.

- Sur le sol, rampants, voilà où est la place de ceux de ton espèce tant que vous infectez cette terre, dit il après avoir craché du sang près d’elle. Mais une fois disparus, vous êtes comme tout le monde, des serviteurs du Néant. Rejoint le Maître.

______Il touchait au but, un dernier pas vers elle et il en finirait. Il le fit mais avec une vivacité incroyable pour un tel état de faiblesse, la jeune fille pivota ses jambes. Avec l’une d’elle et le frappa aux jambes, le faisant tomber sur ses genoux et de l’autre le frappa au visage, l’envoyant au sol où il s’écrasa dans sa lourde armure de verre noir. « Elle s’est encore jouée de toi, se moqua sa voix, elle n’était pas du tout à court d’énergie. Ou alors il lui en restait suffisamment. Ou alors elle voulait tout simplement fuir un type aussi MINABLE QUE TOI ! »

______Mais ça ne lui servait à rien de lui crier tout ça. Le soldat alayien sentait le sang stagner dans son dos et sortir sur son armure. Bientôt il sombrerait dans l’inconscience, c’était un fait. Tout ce qu’il réussit à voir fut la vampire qui se relevait tant bien que mal puis il entendit ses pas. S’était elle approché de lui ou s’était elle enfui, il ne saurait le dire, le néant l’avait emporté.

La petite vampire était au sol. Les cheveux sur le haut de sa tête étaient ébouriffés, tandis que des mèches venaient dégouliner de son front pour venir se coller au sang coagulé sur son menton. Le sourire narquois s'était échappé de son visage, laissant paraître de nouveau sa naturelle bouille candide attirant bien souvent la clémence. Mais, pas cette fois. Son adversaire semblait décider à en finir avec elle. Néanmoins, il paraissait préoccupé par ses pensées. Blessé, il s'avança lentement vers elle, en laissant derrière lui une irrégulière traînée de sang, dont l'odeur attrayante activait les papilles de Katharina.

Celle-ci, toujours au sol, l'observa du coin d'un oeil absent, tandis qu'elle tentait vainement de s'échapper à l'opposée de lui. L'homme continua de dénigrer la vampire et son espèce :
" - Sur le sol, rampants, voilà où est la place de ceux de ton espèce tant que vous infectez cette terre, dit il après avoir craché du sang près d’elle. Mais une fois disparus, vous êtes comme tout le monde, des serviteurs du Néant. Rejoint le Maître. "

Inutile de préciser ce que Katharina pensa de cette provocation.
La scène était presque risible : elle ne paraissait avoir aucune chance de s'enfuir. Mais en réalité, la fille de la nuit avait toujours des ressources quand son astre gouvernait le ciel. Et cela, elle ne l'avait pas oublié.
Elle attendit sagement qu'il s'approche assez, pour brusquement prendre appui sur sa jambe gauche tout en se tournant sur le côté, envoyer un grand coup dans les tibias du guerrier, avant de se relever et de lui donner un autre coup violent en pleine face. L'action fût presque aussi rapide qu'un claquement de fouet.
Presque étonnée de ce qu'elle venait de réaliser, Katharina contempla un court moment sa victime, affalée au sol, comme elle l'avait été elle-même précédemment. Elle fit mine de s'en aller, mais ne pût résister à l'envie de le contourner, de le voir souffrir et payer pour les infamies qu'il avait prononcé.

Mais la faim s'empara de ses paroles.


Elle laissa échapper un bruyant rire d'enfant, puis, s'approcha du cou de son adversaire, devenue proie à son tour. Mais elle fût dérangée par un nouveau bruit suspect.

" Décidément, cette nuit, pas moyen d'être tranquille. " Se dit-elle simplement.

Alors, déçue, mais obligée, elle prit la direction du bois, ayant deux buts en tête : se nourrir de sang frais, et retrouver sa monture.