Si il avait put croire que tant de choses seraient advenues en si peu de temps il aurait volontiers qualifié cela de miracle. Certes, sa foi en l'avenir n'avait jamais flanché, il n'avait jamais perdu espoir de voir le continent accéder à une paix méritée, des centaines de fois méritée d'ailleurs, après toutes les horreurs qu'il avait vu. Les événements de la matinée avaient été riches en émotions et en découvertes, peut-être même un peu trop d'un certain coté, il ne savait plus où donné de la tête depuis et s'était proprement enfermé dans son cabinet, au sein du Tomingorllo, avec l'intention de ne plus en sortir pour le reste de la journée. Il était très bien là non ? Loin de tous, il pouvait réfléchir sereinement à ce qu'il avait vu et entendu, apprit... comme à chaque fois que cela concernait Lorenz, il y avait fort à faire pour démêler les fils que le destin semblait s'acharner à tisser. Pouvait-il en être autrement d'ailleurs, alors même qu'il n'avait pas prévu de trouver le prince vampirique devant sa porte ce matin là, ni qu'il se verrait demander quelque chose comme... ça, oui, il aurait put s'attendre à beaucoup de choses mais pas à cela, c'était... à la fois extrêmement déroutant, et plaisant, car cela dénotait quelque chose qu'il avait pourtant cru impossible durant de longs mois. Et qui le mettait encore plus mal à l'aise en raison de ses indiscrétions auprès de Kylian et Lyroë. Si véritablement il y avait quelque chose de bon à sauver chez Lorenz.... alors il avait fait une monumentale erreur en le livrant à ses ennemis. Un lambeau, un éclat, même une infime poussière... même si cela se sentait à peine, si il existait alors il devait tout faire pour le cultiver et le sauver, lui permettre de prendre la place des ténèbres au sein de son cœur. Il se l'était promis, si il pouvait sauver le prince des vampires il le ferait... mais le pouvait-il ? Cette étincelle de bonté qu'il avait entrevue, n'était-ce pas le fruit de son imagination coupable ? Il n'aurait sut le dire avec certitude, hélas. Et cela le tourmentait affreusement, lui rongeait les sangs. Que se passerait-il si il condamnait un être qui pouvait pourtant être sauvé ? A quel châtiment se vouerait-il, à quelle honte ? Survivrait-il même à quelque chose comme ça ? Tellement de questions, mais aucunes réponses. Était-il destiné à s'interroger éternellement sur la portée de toutes ses actions ? Qu'il haïssait le pouvoir venu à lui, sa place de Gardien... Il n'était pas fait pour les hautes sphères et la politique, il n'était qu'un jeune elfe guérisseur dont le chemin avait un jour croisé celui d'un dragonnier, là-bas près des terres elfiques... Si il avait sut alors ce qui l'attendait en se prenant d'affection pour Eliow, aurait-il cherché à l'éviter ? Encore une question sans réponse...

Eliow... il aurait voulut le revoir, encore une fois, en cet instant. Il lui manquait affreusement, malgré la présence de Shaynar à ses cotés. Il avait beau être le Gardien, doté d'immenses capacités, de dons merveilleux... il n'avait personne pour le serrer dans ses bras, personne sur qui s'appuyer, personne à étreindre et embrasser, personne qui le rassurerait, et qu'il pourrait rassurer. Observant la lueur extérieur par la grande fenêtre, il sentit soudain un vide béant en son cœur et se hâta de le dissimuler au dragon noir, ne voulant pas le déranger dans un moment pareil. Mais oui... il se sentait infiniment seul et toute son âme aspirait à retrouver la vision de son vampire, à pouvoir lui parler... Tout les devoirs, les attentes pesaient sur ses épaules, durement, et il se languissait du temps où il n'avait que le dragonnier et son compagnon écailleux en tête. Si seulement il pouvait revenir en arrière. Mais c'était là un vœu pieu, et faible, bien loin de ce qu'il devait penser à l'heure actuel... et pourtant c'était son plus cher souhait, son désir le plus inavouable. Retrouver Eliow. Qu'il enviait Galadrielle et son idylle interdite ! Qu'il enviait même Lorenz et sa Ambre... Il aurait tellement voulut retrouver la personne rien que pour lui. Oui il aurait vraiment voulut... Un soupire lourd lui échappa, et il se releva du fauteuil dans lequel il avait prit place, s'avançant jusqu'au bureau de bois de rose il prit un petit coffret ciselé de façon exquise, d'entrelacs de végétaux et de légères dorures, notamment sur le fermoir. Caressant le bois d'une main délicate, il l'ouvrit et observa son contenu avec autant de satisfaction que de détresse. Là, de petites perles grises des mers du nord trônaient sur un écrin de velours sombre, luisant faiblement et dégageant une mélodie lancinante et insidieuse qui lui arracha un frisson. Il s'agissait là de perles de mémoire, des créations baptistrales destinées à enfermer des souvenirs que l'on pouvait alors revivre plusieurs fois selon les souhait du possesseur. Cette réserve là lui appartenait, un don du chef des baptistrels de l'eau pour son accession au poste de Gardien, un présent inestimable quand on savait la rareté de ces perles qui devaient être absolument parfaite pour être utilisables. Il avait été affreusement surpris et gêné d'un tel cadeau, lorsqu'on lui avait présenté, mais n'avait pas manqué de les utiliser. Presque toutes étaient désormais remplies de bribes de ses souvenirs avec Eliow, qu'il chérissait par dessus tout, et qu'il avait si peur de perdre ou d'oublier qu'il les avait déposé dans ces précieux globes, afin qu'ils vivent à jamais, transportant l'affection de ces jours bénis.

Ses doigts s'enroulèrent autours de la plus grosse de ces perles, qu'il chipa au confort du velours afin de l'apposer sur son front, se concentrant alors même que son esprit revivait à présent la scène qui était liée à la pierre, leurs première nuit après le départ d'Aldaria. Un souvenir doux amer, et ô combien spécial. Un long moment, il se tint là, vivant le passé avec la même intensité que la première fois, un doux mais triste sourire s'épanouissant sur ses lèvres alors que ses yeux le piquait, voulant se remplirent de larmes sans y parvenir. Puis il retira la perle de son front et soupira de nouveau, plus légèrement, reposant le précieux objet dans le coffret, et en choisissant une autre, guère plus petite : leurs première rencontre. Un autre souvenir auquel il tenait beaucoup malgré sa fin, et porta l'objet à son front. Il ne put, cependant, bénéficier de la vision, car un discret coup à la porte le tira de son odhr. Intrigué, et quelque peu méfiant, il reposa l'objet, ferma la boite et la déposa à sa place habituelle avant d'aller ouvrir pour découvrir Aramis dans l'encadrement, les yeux bleus de la femme elfe le vrillant d'un éclat mécontent. Allons bon... que se passait-il donc encore qui nécessita qu'on le dérange ? La cheftaine de l'air était évidemment de très mauvaise humeur depuis l'arrivée des vampires et la prévision de voir son sanctuaire envahit par les humains, mais rien qui ne signifia qu'elle allait le déranger ainsi. Mais il n'eut guère à attendre, puisqu'elle expliqua rapidement la raison de sa venue.

« Isendal Ithil souhaite te rencontrer. Tu veux que je le renvois ? »

le chanteur de feu ne put qu'esquisser un sourire. Au ton qu'elle employait, Aramis semblait presque décidée à renvoyer le vampire manu militari quelque soit la réponse qu'il donnerait. Et bien ? Qu'avait-il donc fait pour qu'elle le prenne à ce point en grippe ? Voilà qui était amusant. Et lui donnait d'autant plus envie de rencontrer ce conseiller vampirique. Au moins cela lui changerait les idées.

« Fait le venir, veux-tu ? Il m'intéresse »

Sa mine était comique à voir. Oui elle avait vraiment voulut l'obliger à refuser l'entrevue. Dommage ! Il retourna vers son bureau et dissimula son coffret, puis attendis que son ancienne professeur conduise le vampire jusqu'à lui. La voyant fermer la porte derrière la haute stature, il le salua avec une grande courtoisie.

« Bonjour à vous Messire Ithil. Votre demande m'a surpris, que puis-je pour vous ? »

L'intérêt... faible qualificatif pour ce qui l'embrasait à l'entente de secrets antiques qui se murmuraient au giron du chant-nom de ces anciens, spectateurs d'éons depuis longtemps révolus. Il ne rougissait plus de son indiscrétion depuis longtemps, alors même que sa grande spécialité se révélait en cette sensibilité aux chants-noms, mélopées intimes et révélatrices de l'être profondément enfouit derrière le masque, derrière le paraître qui caractérisait des créatures aînées à la vision sans doute quelque peu désabusée du monde qui les entouraient. Mythiques individus, personnages de contes et de folles rumeurs, d'angoissantes cachotteries ; les anciens, non point uniquement les vampires éternels se distinguant par ce titre lourd de signification, mais également les elfes les plus vénérables, et les dragons, véritables témoins du début des âges, au delà de leurs éclosions parfois tardives. En eux résonnait tant la gloire que le désespoir de générations décimées par la guerre et le temps... en eux sourdaient mille expériences et connaissances perdues pour tout autre. Un legs inestimable et pourtant mésestimé par bien des êtres, attitude fort dommageable pour quiconque avait à cœur l'édification d'une civilisation réellement avancée en leurs continent. Au cours des années précédentes, des siècles précédent, les races avaient vu leurs connaissances péricliter, non seulement dans le domaine de la magie, mais également en des écoles d'apprentissages limitrophes, tel que la guérison et médecine, l'étude de la nature et la maîtrise de l'énergie, n'en déplaise aux humains et à leurs technologies, qui n'était après tout qu'une autre voie de la magie... Eux, pas plus que les vampires et les elfes, ne vivaient sans l'immense don qu'était l'énergie arcanique du monde. Sans le moindre doute, ils devaient chérir et cultiver la recherche de ces anciennes connaissances, et ce fut en partie pour cela, autant que pour l'intérêt plein d'amusement qu'il lui inspirait, que le Gardien consentit à accorder audience à celui que l'on nommait le chuchoteur.

Chuchoteur était, il fallait l'admettre, un surnom fort seyant pour cet individu, dont le chant-nom n'agressait en rien ses sens malgré sa longueur et sa profondeur. Doté d'un lyrisme doux-amer, sinistrement clair, éclatant d'obscurantisme, L'Ithil l'instruisait bien malgré lui d'un nombre incalculable de choses, sur des sujets si divers et si variés qu'ils le laissait pantois, tant d'étonnement que de fatigue à tenter de saisir l'entièreté de ce qui lui parvenait. Le regard froid et millénaire vint faire écho à celui, paisiblement interrogateur, du chanteur de flammes qui ne se formalisa guère de cette œillade, commençant à avoir la sérieuse habitude de convoler en ronds de jambes et en non-dits, en longs silence plein d'une intense observation, avec des vampires bien plus âgés qu'il ne l'était. Du moins cet individu avait-il plus d'une once de courtoisie, à le traiter comme un égal alors même qu'il ne faisait pas la moitié de son âge....sans doute le mérite en revenait-il à son statut de meneur de la Rhapsodie. Et alors qu'il s'adressait enfin à lui, Merithyn ne retint pas le léger sourire qui lui vint naturellement, amusé à nouveau après cet interlude plein de gravité, mais resta muet, attendant qu'il eut engagé la raison, ou les raisons, de sa demande, de sa venue en ces lieux... Des raisons qui devaient, certes, avoir de l'importance à ses yeux, puisqu'il bravait non seulement la lumière du jour mais également les hauts murs de Tomingorllo. Et lorsqu'enfin Isendal en eut finit d'exposer les faits, l'elfe solaire soupira doucement, s'étant progressivement assit derrière son bureau et le menton posés sur les mains, écoutait sans un mot ce que murmurait délicatement à son oreille l'être même du seigneur vampire face à lui.

« Je savais que vous étiez l'ami de messire Seithvelj, et j'ai en effet ressentit l'odieuse magie qui a agit sur sa personne. Vous sur-estimez cependant mes capacités en pensant qu'un lien permettant d’échapper à la souffrance m'est connu. Du moins un unique. Contrairement à vous, et à votre rôle de maître des chuchoteurs, j'amasse la connaissance sans en préciser l'usage. En revanche, si vous me nommez ici le sortilège du Double Royal, oui j'en ai connaissance, et je sais aussi que celui que vous représentez probablement en l'instant en est le concepteur. Vous me faites m'interroger, volontairement je suppose, mais pourquoi venir me trouver lors même qu'il pourrait vous apprendre tout ce que vous désirez sur les arts sombres d'antan » Une coupure nette, un silence courtois, avant de reprendre « Vous avez dû vous méprendre cependant, au sujet de Zaphirel, je n'ai fais que soutenir le point de vue de mon lié, Shaynar, qui aurait de toute façon enlevé ce jeune vampire à messire Wallam que je le veuille ou non. Vous savez tout comme moi que les dragons sont têtus et n'admettent pas la défaite, et encore moins qu'on contredise leurs ordres » Reculant dans son fauteuil, il s'installa confortablement et l'observa d'un regard bienveillant « Je suis charmé de trouver votre réputation fondée, Seigneur Ithil. Sans l'aide de votre propre personne je n'imaginerais même pas comment vous auriez put apprendre tout cela. C'est un talent fabuleusement utile. Un talent que son altesse Wintel doit priser, non ? A moins que vous ne le priviez de vos services. Je pencherais davantage pour cette option, mais n'hésitez pas à me détromper. Pourtant vous n'êtes pas là pour ça. Pour quoi, alors ? Si vous vous proposez de rendre Zaphirel à son père je n'ai qu'à envoyer Dame Thredë le chercher.... »

Si lui faisait un usage étrange des informations qu'on lui communiquait, le vampire lui avait une étrange façon d’interpréter ses dires. Plus qu'étrange même. Quand à interpréter le monde même, c'était peut-être encore pire... Un chant infernal ? Et bien voilà une façon plutôt désobligeante de s'appeler soit-même et son passé, car ce chant, c'était lui, lui et pleinement lui sous toutes les facettes de sa personnalité... Il imaginait aisément qu'il puisse se trouver vexé qu'on apprenne tout de lui sans son consentement, mais l'art des mots et de leurs modulations s'appliquaient également aux mouvements d'humeurs. Il ne fit cependant pas plus de commentaires là dessus que sur le fait qu'il démentait sa vie passée. De toute évidence, même le maître chuchoteur n'avait pas eut accès aux détails de leurs capacités, ce qui lui donnait un avantage bien à lui. Chacun avait ses armes, certains étaient de puissants mages, de grands espions et lui disposait d'un pouvoir qui empêchait ses interlocuteurs de lui cacher grand chose... Il écoutait attentivement son chant qui se tissait de secondes en secondes, au rythme du présent devenant passé, et son serment de vérité le préviendrait immédiatement et immanquablement au premier mensonge ou omission. Et justement, un tiraillement le long de sa tempe droite le prévint qu'il ne disait pas tout au sujet de sa soit disant loyauté à Lorenz... loyal, Isendal ? Pas tellement non, au fond, tout au fond... les échos d'une conversation qui n'était pas si ancienne, en compagnie d'un certain dragonnier.

Loyal à Lorenz en prévoyant de tuer ses soutiens, puis de le tuer lui ? Si il avait été plus virulent en ses croyances et plus prompte à agir sans réfléchir, il aurait courut voir le prince pour tout lui raconter... en l'état cependant il continuait d'écouter, doucement amusé par la situation. Au sein du camp vampirique, un individu comme celui-ci l'aurait probablement méprisé, il était trop jeune, et surtout, il était elfe. C'était l'auréole de son titre qui déliait la courtoisie sans nul doute... et pourtant de telles pensées ressemblaient davantage à l'aloès de Lorenz qu'à lui-même, à croire que le vampire l'avait influencé. Oh en vérité il l'avait certainement fait, bien que les changements ne soient pas forcément perceptibles à court termes, il y avait bien des choses en ses considérations qui n'étaient plus semblables à celles qu'il avait quatre ans auparavant. Il était plus sombre, moins prompte à faire confiance et à aider les autres, moins prompte à les absoudre, ou les croire purs, tout simplement mais il fallait croire que cela lui était salutaire, il ne souffrait plus autant de son cœur offert en pâture à n'importe qui... et certainement pas à un vautour sortit de nul part, aussi prestigieux soit-il.

Hors cet Isendal le prenait réellement pour le dernier des imbéciles, et il s'en fatiguait déjà. Son élément ne l'incitait pas du tout à la patience ou à la modération, et sans ses qualités personnelles sans doute l'aurait-il déjà renvoyé à ses moutons en lui interdisant de revenir... Lui ? D'une loyauté sans faille ? Lui ? En lien avec Lorenz ? Et bien quoi encore ? Le père Eliwyr en dessous féminin sautant sur le dos d'une chèvre bicéphale en jonglant avec des navets et en chantant ses louanges ? Mieux valait parfois se taire que de sortir pareille énormité. Mais là encore, il se contenta de l'observer avec attention, une pointe de plus en plus amusée dans le fond des prunelles de perles orageuses...

Ce qu'il lui disait là était, à son sens parfait. Deux menaces en moins au lieu d'une, quoi de mieux pour ceux qui combattaient pour l'harmonie ? L'espion attendait-il de lui qu'il compatit pour un être qui s'était lui-même condamné, et qui de toutes façons était encore plus dangereux que la menace la plus évidente ? Croyait-il lui faire gober des couleuvres en posant Seithvelj comme une innocente victime ? Non, il ne le méprisait pas à ce point, fort heureusement. Pour eux deux d'ailleurs, parce qu'il trouverait particulièrement ardu de retenir son tempérament si c'était le cas, et alors le vampire aurait à craindre bien plus qu'un rayon de soleil, à sa plus grande honte ensuite, très certainement. Il commençait à entrevoir précisément ce que désirait son interlocuteur, et dire que cela ne lui plaisait guère était un euphémisme des plus outrageants. Son regard se planta dans celui de son interlocuteur, et la détermination inébranlable et la lueur tranchante qui luisaient là ressemblait effectivement à celle des yeux du prince vampirique d'avec qui il partageait une couleur d'acier. Sans doute le seul signe de son mécontentement ou de ses pensées car il conservait un masque extrêmement courtois et attentif, pas plus troublé par le fait qu'il se trouvait soudain à tenir tête à un antique vampire venu demander son aide que par tout ce qui en résultait.

Il fallait dire qu'il commençait à avoir l'habitude des choses étranges, ces quatre dernières années étaient emplies de toutes sortes de démences : il avait été élu par le Dracos comme arbitre dans la querelle des nouveaux dragonniers, avait séparés les œufs de l’île du flocon, avait eut l'immense honneur de servir de psychologue à Lorenz Wintel, avait claqué la porte au nez de l'impératrice elfique, avait faillit défoncer celle de l'Empereur humain avec Shaynar, était devenu Fondateur, avait enterré Eliow et s'était finalement lié à son compagnon d'écailles... Oui ça commençait à faire beaucoup pour lui, la désillusion le frôlait. Ce n'était vraiment pas bien, et pourtant d'un autre coté il en tirait un amusement sardonique qui ne lui correspondait que très peu. Tant pis, les individus changeaient. Il finit par sourire, et dissimula sous une main délicate le rictus qui lui venait avant qu'il ne se lève et n'aille se servir un verre d'eau elfique, tournant le verre entre ses mains, regardant de droite et de gauche, en continuant d'afficher une mine aussi réjouie qu'inexplicable... La lumière se fit plus intense, la chaleur également, allant de pair avec sa joie soudaine, alors que, pourtant, c'était un aboiement désabusé qui menaçait de percer ses lèvres pourtant habituées à des trilles à la musique grandiose.

« J'hésite messire Ithil. Soit vous jouez votre vas-tout car vous ne pouvez prévoir mes réponses et souhaitez ardemment mon aide, soit vous me prenez pour un imbécile et essayez de me la soustraire à défaut de l'obtenir dignement. Pardonnez moi mais j'ai un faible pour la seconde, sans nulle doute la désillusion offerte par Lorenz lorsque je partageais sa compagnie » Il se tourna finalement vers lui « Je vais être très clair, un autre que moi serait immédiatement allé voir votre prince pour lui dire exactement ce que vous êtes. Parce que vous n'avez rien d'un loyal sujet et nous le savons tout deux, j'espère que vous ne m'insulterez pas de nouveau en me forçant à vous redonner la réplique mot pour mot, bien que je le puisse. Un autre que moi, certes, mais je ne le ferais pas. Et Zaphirel est libre de partir avec vous, il n'a jamais été un prisonnier, seulement un invité de circonstances, aucunement besoin d'invoquer les liens paternels pour cela, quoi que je doute de la valeur de ceux ci aux yeux de votre... ami, Achroma Seithvelj » Il reposa sa coupe sur le meuble sans cesser de l'observer « Vous jouez de vos connaissances, je joue des mots. Nous avons chacun nos disciplines. Mais vous ne posez pas la bonne question. Ce n'est pas ce que je peux faire ou non pour le Double Royal, je peux sans nul doute le briser, avec quelques efforts. La véritable question messire Ithil est la suivante »

Se redressant, il se rapprocha de sa chaise dont il saisit le dossier, tapotant de deux doigts bagués tandis que son regard se perdait dans la lumière de l'extérieur. « Pourquoi accepterais-je de libérer un monstre comme votre soit disant ami, en sachant ce qu'il a fait, ce dont il est capable, et ce qu'il pourrait faire dans le futur ? Pourquoi le ferais-je ? Achroma Seithvelj est un monstre de cruauté et de noirceur, et bien plus terrible à mes yeux que ne le sera jamais Lorenz. Lorenz est prévisible, lui ne l'est pas. Lorenz ne dispose que des connaissances de la lente chute d'Armanda, et de quelques fragments d'anciennes puissances.... Achroma Seithvelj est passé maître dans l'art de créer des abominations antiques aussi révoltantes que mortelles. Je suis quelque peu surpris de voir qu'un individu aussi bien informé que vous ose demander à un serviteur de l'ordre de venir lâcher la bride à une engeance d'une chaos millénaire. Est-ce là votre vision à long terme messire Ithil ? Le chaos rampant ? »

Son expression ne changea pas d'un pouce, marbrée et solide, la prunelles de ses yeux luisant comme un disque de métal fondu. Isendal, pour tout ce qu'il pouvait être, était bien un vampire, il jouait sur les mots, s'esquivant de ses propres affirmations et les prenant par dessus la jambe. Hélas, il ne démordrait pas de ses idées et de ce qu'il avait comprit aussi simplement et l'autre pouvait bien présenter sa cause dans le sens le plus dramatique qu'il voulait il n'en restait pas moins qu'il était partie prenante et n'avait guère à se soucier que de son propre peuple contrairement au Gardien dont les décisions devaient englober l'avenir des quatre races. Il devait penser à bien plus que le bien être immédiat d'un seul cercle, comme il le lui demandait et si il y avait une chose qu'il avait comprit ( et qu'il semblait être le seul à comprendre ) c'était précisément qu'il ne fallait pas se fier à l'extérieur du dragonnier vampirique... Il préférait de loin avoir affaire à Lorenz, aussi coupable soit-il, que de devoir affronter la possibilité d'un mal plus grand encore. Il ne pouvait pas mettre ainsi en danger le reste du continent.... Quelque soit l'image que son vis à vis avait de lui elle n'était certainement pas flatteuse, il en était de plus en plus convaincu que chacune de ses phrases.

« Vous vous perdez en considérations oisives et vous faites preuves de mauvaise foi. Mais allons, je reprendrais point par point. Votre Loyauté est sans faille, voilà ce que vous m'avez affirmé, hors je m'en excuse et ce seulement en figure de style, mais comploter la mort de Lorenz n'est pas lui être fidèle et loyal. Achroma complote contre Lorenz, et vous lui prêtez assistance. Dès l'instant où vous avez simplement imaginé accepter une telle entreprise vous êtes un traître en essence. Rétractez vous autant que vous le désirez, vos mots vous ont piégés. Vous m'avez affirmé être loyal lorsque je vous ai demandé quels étaient votre accointance auprès du prince. Votre réponse était fort claire... et mensongère. Comme je l'ai dit, je n'irais pas le mettre au courant, cela ne me regarde pas et ce malgré votre outrecuidance. Car c'est bien de l'outrecuidance. Si les événements s'enchaînent de vilaine manière dites-vous ? Oh certes, si Lorenz ne massacre pas les elfes, que nous ne sommes pas tous trépassés et les humains réduits en esclavage. En sommes, si vous manquez à l'objectif du prince et que celui-ci meure, que ferez-vous ? Oui c'est bien cela. Vous êtes d'un admirable cynisme de me demander ce qui adviendra si je ne perd pas la vie en même temps que tout les autres et ce quoi que je puisse penser de mon coté. Je vais tout de même vous répondre et ce simplement : il adviendra ce qu'il advient toujours, la lutte s'engagera et le plus fort obtiendra la place tant prisée. Et si cela doit passé par une querelle de plusieurs années, alors cela sera. Car c'est ainsi que vont les choses. Et je vais même en précisant que vous présentez les choses de façon fort étrange, oserais-je dire biaisées ? Les millénaires ne font pas tous partie du conseil, et les millénaires ont pour la grande majorité dépassés de loin les considérations bassement orgueilleuses des autres vampires. Vous les anciens n'êtes pas les parvenus qui forment la majorité des vampires et si vous avez été suffisamment intelligent pour soulager le continent de votre ponction de magie en sacrifiant mille années d'existence alors je pense que vous l'êtes aussi pour décider d'un seul nouveau chef que vous soutiendrez tous ensemble. Quand à un retour aux conditions d'antan... je crois que vous oubliez que tout les peuples ont évolués, et que les vivants ne sont pas si faibles qu'ils se laisseront tués. Rappelez vous donc, c'est votre peuple qui fut repoussé dans les galeries, non les elfes ou les humains... Je ne crois pas qu'il y ai, à l'heure actuelle, une nation vampirique, et d'ailleurs vous êtes du même avis La nation vampire Achroma, qui n'est qu'une idée, une chimère si nous n'avons pas à notre tête un chef capable de contenir la fureur sanglante des jeunes vos mots exactes. Non il n'y a pas de nation vampirique, uniquement une armée suivant docilement les ordres d'un dangereux seigneur et des rebelles qui luttent. La lutte du pot de fer contre le pot de terre. Vous voulez un chef qui vous unissent, vous voulez un être capable de contenir les autres ? De faire naître votre nation ? Et bien seigneur Ithil, les vampires suivent le plus fort et ce de tout temps, et le plus fort n'est peut-être pas là où vous le cherchez, le plus fort et le plus sage d'ailleurs. Il n'existe pas que votre Achroma, comme candidat viable, et mes faveurs vont personnellement à un autre »

Il le mira d'un regard plus intense encore « Nous sommes loin de rechercher la même chose Seigneur Ithil, pour une bonne raison. Vous ne saisissez nullement ce qu'est l'harmonie véritable. Une harmonie qui ne se limite pas à un peuple, ni aux peuples d'ailleurs mais à ce monde tout entier. L'harmonie n'est pas l'ordre. Elle est une somme d'ordre et de chaos, d'immobilité et d'entropie. Une somme de bien et de mal également. L'harmonie, seigneur espion, est pour nous de ne pas interférer outre mesure dans le processus social et racial de chaque peuple, tout comme j'ai refusé de laisser Kylian Wallam plaider sa cause auprès de Zaphirel sans le consentement de ce dernier, je ne peux en toute impartialité accepter de vous aider sachant que ma décision pourrait couper au déroulement de l'évolution des vampires. Si vous devez passer par une phase de chaos avant d'accéder à l'harmonie, alors il en sera ainsi. Et si les humains doivent subir également les conséquences de cette transition nous n'y pouvons rien. Hors l'homme que vous représentez actuellement, Achroma Seithvelj, est un concentré de pur chaos qui influera inévitablement et brisera l'harmonie de la balance. Vous ne le voyez pas et c'est compréhensible, mais écoutez donc l'avis de quelqu'un qui a accès à l'être profond de chacun Maître chuchoteur, et qui ressent les potentiels.... ce qui se cache au fond de son cœur mort, cette graine de chaos primale n'a rien à voir, n'a rien en commun avec ce que vous avez déjà vu. Souvenez vous de la faim sans faim.... Ce n'est pas simplement l'avenir d'un chef de guerre cruel, tel Lorenz. C'est plus profond, et bien plus malveillant...et c'est éveillé. Je ne veux pas être responsable d'une telle ignominie » Il soupira et s'installa de nouveau « Je vous crois lorsque vous dites que vous désirez oeuvrer pour le bien des vôtres, mais cessez de vouloir m'utiliser, et cessez de le défendre. En vérité, cessez de penser en ses termes un moment. Ayons seulement à cœur les vampires...Car oui je suis certain de ce que j'avance. Zaphirel l'a déçu. Je ne lui en ai rien dit évidement. Et oui je peux tout savoir de vous, mais cela ne veut pas dire que je vous le dirais. Le chemin de la mémoire est tortueux, ces souvenirs sont enfouit en vous, profondément, mais ils ne sont pas morts. Il ne tient qu'à vous de les attraper »

La réaction d’Isendal était affreusement naturelle, et très attendue. Il ne le surprenait nullement en ces mots, ne s’attendant nullement à le voir acquiescer à une rebuffade telle que celle-ci et malgré la courtoisie qu’il mettait dans chaque terme. Aussi l’observait-il avec la même expression, sérieuse et posée, attendant simplement qu’il finisse son tour de parole, comme un cycle bien défini, bien roué… Il était attendrissant ce vampire, à plaider sa cause aussi vertement… oui même si il avait l’outrecuidance de le prendre pour un imbécile, il était attendrissant, et il avait presque envie de jouer les pères avec lui ; chose fort vexante quand on savait qu’il était son aîné et de loin, mais l’influence de Tisserêve était forte et jamais le chanteciel originel n’aurait vu cet être autrement que ce qu’il était. Un homme plaidant sa cause et se perdant sur les chemins de ses propres arguments… Et il avait beau être dangereux, en ces lieux comme en tous autres, Merithyn ne craindrait jamais rien de lui, et ne modèrerait jamais ses propres. C’était autant pour cela qu’il écoutait et répondait… que pourrait bien faire Isendal si il n’accédait pas à sa demande ? Pas grand-chose. Il tenterait probablement de trouver une alternative et ce serait alors son problème personnel, et non plus celui du Gardien. Et son sourire si déplaisant lui glissa dessus comme la feuille à la surface d’un grand lac… Il se fichait quelque peu de ce que pouvait penser le vampire de lui, il savait depuis longtemps qu’il ne contenterait jamais tout le monde, et qu’il n’avait après tout aucune relation avec cet individu qui nécessita qu’il se montre plus que simplement professionnel, comme à son habitude. Isendal jouait d’irrespect, et bien soit… il n’y pouvait pas grand-chose.

« Il y a une différence majeur entre force et puissance, messire, que vous semblez oublier. Je n’ai point parlé de suivre le plus puissant, de quelque sorte qu’il fut, mais de suivre le plus fort, doté d’une force véritable et non de poudre aux yeux. Vous dites que les choses ne se passeront pas comme je l’entends… mais avez-vous donc la moindre idée de la façon dont je vois les choses ? Vous savez tout ce qui a été établit d’une façon ou d’une autre, certes, mais savez-vous donc ce qui se cache dans mon esprit et qui n’a jamais été affirmé à voix haute avant ce jour ? J’ai des doutes, vous êtes libres de les chasser cependant. J’entends vos avertissements, et nous verrons sans aucun doute ce qu’il en est en temps et en heure… lorsque le prochaine prince montera sur le trône. Car c’est ce dont nous parlons, un prince, pas un maître du conseil, et votre ami le premier ne se privera sans doute pas pour dissoudre le conseil. Qui ramènera l’harmonie ? Mais les vampires évidement. Leur chef, mais les autres également… »

Il secoua la tête en souriant « Vous semblez caresser l’idée que nous restons ici, à ne rien faire… étrange encore une fois venant de vous. Surtout à mon égard, lorsque vous savez que j’ai passé plus de deux ans à vivre parmi les vôtres, en adoptant vos us et coutumes. Lorsque l’on sait que je viens de passer plus de deux mois à parcourir les terres humaines, soignant humains, elfes et vampires sans distinction, combattant pied à pied les harangues du prêcheur Aldakin, ramenant les Armandéens vers les esprits, vers le Dracos, vers tout ce que nous défendons, et ce au prix de ma vie, de celle de mon lié et de celle de mon ordre tout entier. Lorsque l’on sait que j’ai en partie permit la libération d’Eliow Wriendel il y a quatre ans de la prison où ma meilleur amie l’avait jeté sur ordre de l’impératrice. Lorsqu’on sait que je suis celui qui découvrit l’œuf blanc de Cymbor et qui marcha avec les deux dragonniers vers les monts abritant Sarash, dragonne rouge. Que je suis celui qui fut choisi, après les avoir accompagné, pour répartir les œufs de seconde génération… … Quand on sait que j’ai participé à la recherche de Dévoreuse et que j’ai transporté le livre d’Alderick Kohan en sûreté… Alors messire, je crois qu’en effet, je peux me targuer d’avoir une part active dans la guerre. Dans les guerres. Je ne suis que peu revenu chez moi ces dernières années, et lorsque ce fut le cas l’on a tenté de m’interdire l’accès au royaume elfique, en raison de mes affinités avec votre peuple… » Il baissa légèrement la voix, et dans son ton vibrait l’autorité du ton baptistral « Consultez vos espions, avant d’oser affirmer que je ne prends pas part à l’avenir de ce monde… moi, ou un autre Baptistrel. Dois-je vous en faire le récit complet ? Dame Orfraie a perdu ses pouvoirs pour sauver un vampire qu’elle appréciait des armes des humains, Messire Rheryn Taddry conseille le roi humain , sa régente et sa famille, et soigne les humains de tout Gloria et des environs depuis des années, Dame Aramis que vous avez croisé est une grande guerrière qui a portée l’art de se battre et de respecter notre serment à son comble, Maître Eawyn traquait les vampires contre l’avis de la Gardienne Llyiah et ce jusqu’aux galeries…Voilà certains des êtres dont vous dites qu’ils se cachent dans leurs domaine… »

S’arrêtant un instant, il soupira « Gardez vos impressions Messire Isendal, et n’en faites part qu’en connaissance de cause. Je n’ai pas à me justifier à vous, tout vampire millénaire que vous soyez, et pourtant me voilà en train de le faire. Non certes, je n’irais pas plus loin. Allez en vos erreurs si vous le devez, je ne puis vous en délivrer. Vous avez raison, je doute que vous compreniez notre façon de penser, peu y parviennent… c’est ainsi, cela fait hélas partie de nos soucis. Nous vivrons avec. Je peux discourter pour vous durant des heures, mais si vous vous fermez comme vous le faites à présent, cela ne servira strictement à rien et je dois avouer que perdre mon temps ne m’intéresse guère. L’on ne met pas des centaines d’années à devenir maître pour rien. Et vous n’avez pas des centaines d’années. A présent cela va sans dire, votre raison de me voir est nulle et non avenue. Je vous laisse deux options. Pariez avec moi sur l’avenir et accepter mes termes, ainsi je sécuriserais demain si mes prédictions s’avèrent justes…. Oui prendre congés et tenter de me présenter des arguments tenants davantage la route, quitte à m’amener des témoins si vous désirez pousser la farce jusque-là…. Après tout si j’ai la patience de psychanalyser Lorenz Wintel je peux bien l’avoir pour vous.» Il s’entait poindre la migraine.. « Votre réponse ? »

Un autre se serait ému de ce rire, mais pas lui. Pour un être dont la musique enchanteresse, faisant même pleurer les pierres, était le quotidien, et qui avait déjà vu bien des poisons sous de beaux dehors, ce rire-là n’était rien d’autre qu’une incohérence de plus dans le tableau que dressait le vampire, au milieu des paroles et des idées contradictoires. Il pouvait dire tout ce qu’il voulait, si il n’avait pas senti la moindre fausse note dans ses mots auparavant c’étaient qu’ils étaient la vérité et qu’il tentait simplement de faire bonne figure au milieu d’un échange où il n’obtiendrait pas ce qu’il désirait. Si il désirait agir ainsi, grand bien lui en fasse, il n’avait pas l’intention d’y croire pour autant. En revanche, il eut un sourire sombre à la suite.

« Et bien messire si c’est ainsi que vous faites connaissance et que vous jugez quelqu’un vous êtes encore plus mauvais politicien que moi et ce n’est pas peu dire. Et si mon histoire vous semble si fade, alors vous n’avez réellement aucun talent pour comprendre la moitié du quart de ce que je pourrais vous enseigner » Il étouffa un rire « Quand à une alliance… nous n’avons aucune alliance. Pas encore, pas entre les peuples. Et je n’en suis pas le garant, simplement l’instigateur de l’idée. Je ne suis pas le père tenant la main à une troupe d’enfants affligée d’un caractère exécrable et je ne le serais pas quand bien même on me paierait pour cela. Ce n’est pas ma place. Si dans leur imbécilité les délégations estiment que leur peuples ne peuvent s’unir, qu’ils sont incapables de voir le danger, je ne pourrais pas faire plus que ce que j’ai déjà fait, ce qui est déjà énorme. Je ne vais pas détrôner les princes et les rois, je ne vais pas détourner le peuple… Cette alliance s’opérera, je n’ai guère de doutes là-dessus, et j’en serais un participant en temps qu’arbitre comme à mon habitude. Et vous pouvez penser de moi ce qui vous chante j’y porte autant d’attention qu’à ma première guérison. Là est, hélas, le cœur de la politique, traité avec ceux que nous n’estimons pas toujours. Contrairement à d’autre j’ai cependant la courtoisie et la délicatesse de prêter l’oreille à tous de façon équivalente. Quand à une alliance entre vous et moi, ne me prenez pas pour un imbécile encore une fois, vous n’obtiendrez jamais de moi quoi que ce soit en termes d’alliance sans votre franchise, chose dont vous êtes peu ou prou incapable au quotidien… il ne s’agit pas simplement de cet instant. Si vous voulez me voir d’un bon œil tant mieux pour vous, et je suppose tant mieux pour moi je n’aurais pas à craindre de vous voir tenter quoi que ce soit à mon encontre, j’ai déjà bien assez à faire avec vos pairs en la matière et Dracos sait qu’ils sont bien plus fatiguant »

Il se massa un instant l’arête du nez « Je ne cherche pas de solution, à l’égard de votre peuple, vous reportez vos considérations sur moi. J’ai toute foi en l’avenir et mon soutient est presque acquis à certains, quoi que je n’agirais nullement pour le seconder plus avant, cela ne m’appartient pas plus….Pas plus que je ne tenterais de changer Lorenz, pour des centaines de raisons différentes toutes liées ou presque à mon ordre et au serment qui l’entoure. Mais ma relation avec Lorenz est ce qu’elle est et elle nous appartient… et vous n’avez rien à faire au milieu » Et puis quoi encore ? Il n’allait rien lui dire de plus là-dessus ! C’était entre lui et le prince et ça l’avait toujours été ! et à la fin… sans doute que cela le serait encore. « Ce ne sont pas vos questions qui m’agace, c’est votre façon d’être. Je ne vous crois absolument pas et je n’aime pas vos interprétations du monde, tout simplement. Je n’ai beau être qu’un jeune elfe, vous ne me paraissez, en la majorité de vos affirmations, pas plus éclairé que vos confrères, et pas plus ouvert d’esprit. Il est excessivement difficile de débattre avec un mur. Ce qui est dommage puisque je vous considérais bien différent au départ. Je ne peux m’empêcher d’être déçu »

Penchant la tête, il haussa un sourcil « Donc puisque je doute que vous ayez subitement l’intention de changer et puisque je ne le demande pas en tout état de cause… je pense que je vous enverrais les clauses de notre pari dans quelques jours. Vous n’aurez qu’à renvoyer notre accord signé, ou non, pour manifester votre consentement. Comme nous tous, vous serez sans doute fort occupé… Aussi, messire, salut à vous et que Vrackna vous éclaire »