Pendant tout le temps que dura son voyage de retour à la cité de Gloria, Galadrielle ne cessait de penser, de peser le pour et le contre, à ce qui allait se produire à présent qu'elle avait osé démolir les traditions et l'éthique pour ce mariage inter-raciale. Bien sûr, elle l'avait accepté pour le bien des deux royaumes, en particulier celui des hommes à cause de cette fichu guerre qui mettait en évidence leur faiblesse. Une faiblesse causé par l'immaturité d'un seul être, l'empereur Grégorist... Celui-là alors... A croire qu'il fallait que les héritiers de la couronne fasse leurs classes auprès des elfes pour acquérir suffisamment de connaissance et de réflexion pour être un dirigeant comme convenable, peut-être était-ce qu'elle devait proposer après tout... La race humaine ne s'en porterait que mieux même si cela risquait d'être une sacrée prise de tête pour les elfes, mais les victoires ne se gagnaient pas sans souffrance. Les murs de Gloria jaillirent des brumes matinales et l'impératrice se figea légèrement pour contempler le décor, bien qu'il s'agissait d'une création humaine ce qu'il s'en dégageait était beau grâce au voile de la nature matinale.

D'un doux claquement de langue, Galadrielle donna l'ordre au convoi de reprendre la route et ils franchirent tranquillement les portes de la cité avant de continuer leur chemin jusqu'au palais centrale, dire que cela faisait à peine un mois qu'ils avaient quitté les lieux en croyant rentrer chez eux... Descendant de sa monture avec grâce, elle laissa le temps à ses enfants de préparer leurs appartements pour les jours à venir, certainement qu'ils ne quitteraient pas les lieux tant que le mariage n'aura pas été organisé et la mascarade mit à jour. Son royaume lui manquait... Son peuple, la nature... Son mari... Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas partit autant de temps de chez elle. Patientant en attendant que sa chambre fusse prête, la blonde impératrice déambula dans les jardins royaux pour se ressourcer un peu avant que sa suivante ne la prévienne que tout était paré. Souriant doucement à la jeune pousse, Galadrielle la suivit jusqu'à sa chambre et savoura le bain chaud qu'on lui avait préparé à son attention, un pain de savon à la vanille moussant dans l'eau et contre sa peau.

- Nashïa... Faites mander un messager prévenir la princesse Esmelda que j'aimerais la voir au plus vite dans mes appartements veux-tu ? Demanda-t-elle à l'une de filles, souriant doucement en hochant la tête comme réponse à sa révérence.

Bon, elle devait faire vite si elle ne voulait pas apparaître dans toute la gloire de sa nudité aux yeux de la princesse humaine. Pas qu'elle avait honte de son corps ou quoi que ce soit d'autre bien évidemment, mais les usages humains lui semblaient plus pudiques que ceux des elfes alors elle risquait sûrement de la choquer, ce qui ne serait pas dans son avantage de toute évidence. Soupirant doucement, Galadrielle finit cependant par quitter l'eau chaude et s'enroula dans un drap de coton avant de se sécher tranquillement, attendant que ses autres suivantes finissent de préparer une toilette fraîche pour la parer. Les laissant rassembler ses cheveux en une lourde tresse qui tomba sur son épaule gauche, sa coiffure se parant de milles éclats de corolles de rubis comme des fleurs éclosant sur sa tête et son corps d'albâtre enfermée dans une robe légère en soie couleur pêche-abricot.

Vérifiant qu'elle était plus que présentable, l'impératrice demanda à ce qu'un feu soit allumé pour que son invité n'ait pas trop froid et s'assit sur l'un des fauteuils pour attendre sa venue, son regard se perdant dans la danse des flammes. Le toctoc discret à sa porte la sortit de ses pensées et c'est avec le sourire qu'elle tourna le visage vers la porte, la lassitude clouant quelque peu son corps dans ce fauteuil si moelleux pour sa chair quelque peu endolorie.

- Entrez mon enfant, venez me rejoindre près du feu nous avons à parler toutes les deux, lui sourit-elle maternellement en l'invitant d'un geste de la main à prendre place à ses côtés.

Alors que son destin se jouait dans un rouage où elle n'avait pas son mot à dire et encore moins à penser, la jeune princesse Kohan se morfondait dans ses appartements. Elle avait renvoyé nombre de ses dames d'honneur prétextant vouloir se retrouver un peu seule avant le mariage. Les voix murmurèrent qu'il y avait bien un homme caché là dessous ou bien que la pauvre aller vivre chez les elfes était un tel déracinement.
Qu'importe, Esmelda voulait voir le moins de personnes possible. Elle diminua aussi ses nombreuses visites protocolaires et les réceptions journalières de doléances. Seule Ninna restait la bienvenue. La future mariée l'envoyait quasiment tous les jours voir si réponse de Kyllian il y avait. Mais rien. Cela renforçait sa mélancolie. Le petit oiseau ne chantait plus et ses joies d'autrefois la lassait aujourd'hui.

Assisse non loin de sa fenêtre livre à la main, elle regardait à l'extérieur le parc où volait librement des oiseaux. Elle leur enviait cette possibilité de papillonner où bon leur semblait. Une liberté de mouvements dans un ciel bleu. Rien ne venait entraver leurs ailes et leur danse aérienne. Qu'elle aimerait pouvoir s'envoler loin de cette prison dorée.

La princesse avait toujours eu à cœur sa fonction de sœur de l'empereur. Elle en était fière et était tout aussi fière de ce qu'elle pouvait accomplir. Même si la lourdeur du protocole pesait sur les épaules de cette petite fille agitée et en perpétuelle mouvement. Aujourd'hui, tout avait changé. On la privait de la seule chose qui avait été rien qu'à elle. Son cœur.

Et comme toujours la porte s'ouvrit, ne pouvant laisser guère le loisir à la princesse de rêver. Le regard sombre, ce qui ne lui ressemblait pas, une de ses dames de compagnie lui indiqua qu'une des femmes accompagnant l'impératrice elfique était là, et que la princesse était demandée auprès de sa majesté.

« -Un instant. J'arrive. Le temps de me changer. Refermer la porte et aider moi à changer de tenue. »

Une fois fait, Esmelda se rendit auprès de l'impératrice. Il lui fallait faire bonne figure auprès des elfes. Après tout, ils allaient devenir sa famille et c'était un rare honneur d'accueillir au cœur de leur bois une humaine, même une Kohan.

Une fois, inviter à entrer, la princesse passa le pas de la porte avec douceur, presque hésitante. Elle n'avait envie que de faire demi-tour et se réfugier dans les bras de Kyllian, ne plus les quitter. Mais elle s'avança près de l'elfe qui avait bien 700ans de plus qu'elle, mais qui en la regardant de près donnait l'impression d'avoir le même âge qu'Esmelda.

La princesse s'assit muette. Un mélange d'admiration et d'appréhension.

Lui souriant tendrement en la laissant entrer dans son boudoir, Galadrielle ne dit plus un mot jusqu'à ce qu'elle s'assoit à ses côtés, l'observant pensivement. L'impératrice pouvait sentir ses ondes de curiosité à son égard mais aussi celles un peu plus cachées de sa colère et sa tristesse : son frère avait dû sûrement l'avertir pour son mariage. Se servir d'aussi jeunes enfants pour des bienfaits politiques... Qu'il était dur d'être humain par moment. Lui souriant tendrement, la blonde se tourna vers sa suivante, lui faisant un geste de la main pour lui demander de se rapprocher.

- Nashïa, allez nous chercher un peu de thé et quelques biscuits pour la demoiselle voulez-vous ? Puis laissez-nous seules d'accord ? Oh et surveillez que personne ne vienne nous déranger ou nous écouter, c'est très important, demanda-t-elle avec un regard entendu.

- Bien ma dame, acquiesça-t-elle avant de s'incliner et d'aller exécuter la demande de Galadrielle.

Quand sa suivante partit, elle ne dit plus un mot, attendant simplement son retour mais surtout d'être sûr que personne n'écouterait aux portes : ce qu'elles devaient toutes deux parler était bien trop important pour négliger les règles de sécurité et de discrétion. Heureusement, l'impératrice n'eut pas long à attendre et c'est en la remerciant qu'elle la congédia une fois qu'elle posa le plateau sur la petite table basse devant la cheminée. Le claquement de la porte résonna étrangement dans le silence que la blonde leur avait imposé sans faire attention... Attrapant la théière, Galadrielle se chargea de les servir avant de lui tendre sa tasse en souriant et de prendre la sienne où elle rajouta quelques brins de camomille pour repousser le stress. Connaissant le minimum qu'elle savait de la princesse, la discussion risquait d'être des plus houleuses...

- Si je vous ai convié à me rejoindre mon petit, c'est pour que nous discutions de votre futur mariage avec l'un de mes enfants, le jeune Elrond Amarië est un dragonnier et par conséquent un très bon partit n'est-ce pas ? Dit-elle en la regardant pensivement, analysant ses émotions avec un sourire maternel.

La pauvre... Non, elle devait arrêter de faire semblant pour lui dire réellement le fond de sa pensée. Retirant les brins, Galadrielle touilla brièvement le liquide ambré et chaud avant de le boire en fermant les yeux, soupirant de délice en sentant le bien-être des plantes sur son métabolisme.

- J'ai entendu des bruits de couloirs parlant que vous vous étiez enfermé dans votre chambre pour vous « reposer » mais, mon avis est plutôt que vous n'acceptez pas la décision de votre frère l'empereur, une décision que j'ai appuyé lors du conseil qui eut lieu dans la demeure de votre oncle, le duc Korentin Kohan, il y a quelques semaines, dit-elle doucement sans cesser de rester détendu avec son thé et de la regarder avec attention. Si je vous disais que j'ai appuyé sa proposition dans le simple but de... Ne pas vous marier au final avec mon enfant, comment réagiriez-vous ? Finit-elle par lui dire avant de boire sereinement sa tasse, la fixant pour savoir comment réagirait-elle à ce petit test.

Si elle lui dévoilait son plan sans veiller à ce que son attachement pour son frère dépasse sa colère devant cette union, elle risquait de courir à sa perte. Mieux valait vérifier que sa hargne face à une telle injustice complètement folle dépasse cet amour fraternel...

Ce huis clos dans le salon d'apparat de l'impératrice elfique rendait nerveuse la jeune princesse. Mais pas du seul fait qu'il est question de son avenir au sein de ce peuple, d'un mariage qu'elle refuse et d'une vie qu'elle ne veut pas. Oh bien sûr, elle respecte le peuple sylvain tout autant que le sien. Esmelda aime leurs savoirs, leurs grâces et prestances. Mais ils n'étaient pas son peuple, envers qui elle avait un devoir de protection, de soutien, de guide, même en simple sœur de l'empereur. Et elle n'avait jamais failli à sa tâche. Comment pourra-t-elle faire tout ceci au loin ? Son aide serait tout bonnement stopper si personne ne reprend son flambeau. Pas de reine à l'horizon et la seule personne pouvait faire office de « femme » royale était d'une vanité à toute épreuve et une égoïste née.

Quand à être lié à un homme qu'elle n'aime pas... Elle se sentait aussi mal pour l'amour qu'elle portait à Kylian que pour ce dragonnier dont elle ne sait rien, sauf qu'il n'aura jamais son cœur. Si lui s'attend à une union providentielle, il serait déçu et bien loin de là l'envie de la jeune femme. Elle n'aimait pas faire souffrir impunément, mais concernant le cœur, il est des raisons que personne ne peut changer, pas même un frère empereur, pas même le fait d'être lié à un dragonnier. Avoir la possibilité de voir un dragon chaque jour, évolué sous ses yeux. Même si bon parti était Elrond Amarië.

Le thé servi, la princesse le prit par politesse en buvant une gorgée par principe. Son ventre était si noué que rien en passait.
Encore moins quand la princesse entendit la mère des elfes percer ce que son frère semblait vouloir ignorer : son refus de se marier. Bien sûr qu'elle refusait cette décision. Sans Kyllian, l'aurait-elle accepter de bonne grâce ? Non même pas. Son royaume était trop ancré en elle.

Mais la fin de phrase de l'impératrice la laissa perplexe. Esmelda la regarda, les yeux écarquillés. Mais de quoi parlait-elle et à quoi jouait-elle ??

"-J'ai peur de ne pas comprendre votre Altesse? Pourquoi appuyer ce choix, si c'est pour ne pas l'accepter? Quand à ma réaction... Je reste sans voix et sans compréhension. Suis-je un jouet de plus dans ce grand échiquier hiérarchique?? Une poupée que l'on manipule à sa guise?"

Elle sentait bien à quel point la jeune princesse était vraiment nerveuse en sa compagnie, décidément : la folie de son frère n'avait aucune folie pour traumatiser ce jeune cœur qui ne demandait qu'à s'épanouir en une merveilleuse fleur. Pauvre petite pousse... C'était pour ça, pour le bien du royaume et pour le bien de cette jeune enfant que Galadrielle allait faire ce qu'il faut pour qu'ils ne courent pas au désastre. Enfin à la seule condition qu'Esmelda soit avec elle et accepte ce qu'il se passe sinon l'impératrice devra lui effacer les souvenirs et trouver un autre plan pour qu'ils ne foncent pas droit dans le mur.

- Mon enfant, ne paniquez pas d'accord ? Lui sourit-elle tranquillement en buvant une gorgée. J'entends par là que, non vous n'êtes pas un stupide objet dans un but politique, mais que vous avez le droit à votre liberté et d'épouser l'homme que vous aimez. Il faut que vous compreniez une chose : je suis contre les mariages inter-raciaux, et les mariages politiques dans la plupart des cas, et que si j'ai dit oui à votre frère c'était pour changer la donne, commença-t-elle à lui dire pensivement.

Ce ne serait pas forcément évident pour la princesse d'accepter ce que les paroles de l'impératrice impliquait mais la blonde était consciente que ce jeune cœur ne désirait pas ce qu'il se passait en ce moment. Il n'y avait plus qu'à croiser les doigts...

- Votre frère, en me proposant une chose pareille, montre à quel point il est totalement irresponsable et instable à gouverner son royaume. En bouleversant les traditions séculaires et en se servant de vous pour arriver à ses fins, il risque de conduire son peuple en pleine guerre civil parce qu'il est plus qu'évidemment qu'ils n'accepteront jamais une telle décision de la paire de leur monarque, soupira-t-elle en la regardant d'un air peiné.

Ce qu'elle allait faire ne lui plaisait pas mais comme elle avait dit à Grégorist, les temps sont durs et il faut toujours penser au bien de la communauté...

- Ce que je vais vous confier est simple : j'aimerais que vous m'aidiez à faire croire à votre frère que ce mariage aura lieu. Une cérémonie fictive aura lieu et une fois que votre frère aura donner sa bénédiction, j'annoncerais en publique sa destitution de son rang impériale pour cause de déficience mentale ou d'incapacité à gérer la lourde charge de père du royaume, expliqua-t-elle d'un ton neutre en la fixant avec attention. Une fois cela fait, il sera libre d'habiter dans n'importe quel petit château ou duché de son choix où il y restera jusqu'à la fin de sa vie, je ferais dissoudre ce mariage absurde et je vous nommerais Impératrice des Humains, conclut-elle avant d'adoucir son visage, posant une main sur le frêle bras d'Esmelda. Je suis convaincue, je suis même certaine, que vous gouvernerez bien mieux que votre frère, jeune princesse, lui sourit-elle tendrement avant de boire son thé.

Maintenant que la bombe est lâchée, il n'y a plus qu'à attendre la réponse de l'intéressée...

Esmelda n'en cru pas ses oreilles. Heureusement qu'elle était assisse, sinon ses jambes l'auraient sûrement pas soutenus plus. Mais si, elle n'était que ça, un pantin qu'on manipulait suivant le dessein que l'on cherchait à obtenir. Et les mots de l'impératrice n'arrangeaient rien dans son idée, au contraire cela la confortait. La dame elfique avait beau la voir comme un être ayant droit à la liberté, à celle de son cœur, Esmelda sentait que se jouait face à elle une intrigue qui ne plus plaisait guère. La lutte du pouvoir était pour la princesse un fléau de son rang.

« - Que je ne panique pas ?? Entendez vos mots Ma reine, je ne puis que m'inquiéter. Je comprends votre refus de voir lié nos peuples. Je le comprends sincèrement pour de multiples raisons. Mais ce genre de mariage, les mariages politiques, je m'y suis préparée depuis ma tendre enfance. Je suis princesse, tout comme mon frère, notre devoir est de servir notre peuple au mieux. Lui aussi se mariera de façon politique. »

Bien sûr, c'était là le moyen d'éviter cette douleur et ce projet qu'il lui brisait son esprit, son cœur et son âme. Mais l'enjeu était trop lourd porter, et surtout elle ne le désirait pas.

« - Les choix de mon frère sont discutables, mais je vous interdit de parler de lui en ces termes. C'est un homme qui a à cœur de sauver son peuple. Il a aussi conscience de sa faiblesse. Il a peur. Peur de perdre ceux qu'il défend, son peuple, sa sœur. Il y voit là une façon de me protéger, au cœur de votre foret. D'assurer une alliance avec votre peuple fort face à la menace noire. Pouvons-nous le blâmer ? De voir son peuple décimé à chaque instant par une horde de vampires, vous donne à réfléchir, à agir, parfois en oubliant certaines règles ancestrales. »

Les mains d'Esmelda se serrèrent sur le devant de sa robe aux couleurs claires, avant de se lever. Ses jambes avaient besoin de marcher pour réfléchir.

« - Et malgré tout le respect que je porte Madame, ainsi que mes remerciements pour votre sollicitude et confiance, mais au nom de quoi l'empire elfique a un droit de regard sur qui doit monter sur le trône humain. Même si je suis plus à même de gouverner que lui, ce ne sont là que des suppositions. Mon frère a été élevé pour devenir roi, moi pour être princesse. Il a la force moral, physique pour ce rôle. Et je ne mentirai pas à mon peuple et je ne monterai pas sur le trône dans ces conditions. Si un jour cela doit se faire, ce sera en autres faits. Je ne suis pas ce genre de personne vénale de puissance et de pouvoir. La seule chose à laquelle j'aspire c'est que mon peuple se réveille en sûreté, et même si pour cela je dois vous choquer, choquer Armanda en épousant un elfe. Mon bonheur personnel ne passe pas en premier. Je n'ai ni le statut ni le rang pour ça. Peut être est-ce autrement chez vous Noble Dame elfique, nos peuples ont des traditions qui diffèrent. Alors pourquoi avoir accepter sa proposition. Partir dans la négative dès le début, lui avouer votre effroi quand à cette union, lui aurait fait reprendre conscience de son erreur. Il venait de subir l'assaut d'un empoisonnement, laissant sa sœur gérer une épidémie, des attaques de vampires et un peuple subissant de lourdes pertes de récoltes. La faiblesse d'un homme ne doit pas se juger à elle seule. Il y a de nombreuses autres choses faites qui méritent qu'on s'attarde dessus. »

Le destin était scellé. Soupirant doucement, l'impératrice plongea son regard dans le feu dansant de la cheminée en buvant son thé. Ainsi était la décision de la princesse, une décision qui scellait son plan pour sauver la race des hommes, une race si jeune qui méritait un peu plus de considération et de réflexion de la part de ses dirigeants. Comment la princesse pouvait cautionner une chose pareille, une chose qui mettait à terre tout les préceptes primordiaux des croyances et de l'équilibre des valeurs ?! Insensé... D'une part Galadrielle comprenait que cela pouvait la chambouler d'écarter ainsi son frère, c'était après tout contraire à tout ce qu'on lui avait inculqué depuis sa naissance. Mais elle-même enterrait son frère dans ses propos, elle-même admettait qu'il était faible et qu'il ne réfléchissait pas depuis un incident particulier. Si elle-même avait remarqué qu'il n'était plus vraiment apte à gouverner, même de façon temporaire, pourquoi déclarait-elle de pareilles inepties ?

La race des hommes était si complexe quand elle s'y mettait... Cette petite péronnelle commençait très sérieusement à l'agacer à parler de cette manière, croyait-elle tant que ça que cela plaisait à la blonde ce qu'elle faisait ?

- Assez, dit-elle calmement en posant sa tasse sur la soucoupe.

Le tintement de la porcelaine contre la porcelaine résonnant dans la pièce fit taire le commérage, un lourd soupire gonflant la poitrine de l'impératrice avant de mourir sur ses lèvres. Une vie si éphémère, qu'un souffle pouvait éteindre pour l'éteindre... Elle, elle s'éternisait en ce monde depuis des lunes et des lunes, elle avait vu des choses et en verrait encore bien d'autre, elle ne pouvait pas se permettre d'émettre un jugement aussi abscons que le sien.

- Je me doutais bien qu'un tel projet vous heurterait mais un tel discours décousu me laisse pantoise, commença-t-elle doucement en prenant appuis sur les accoudoirs du fauteuil, se levant lentement avant de se diriger vers la fenêtre en croisant les bras, le visage impassible. L'esprit des humains n'arrive pas à se projeter suffisamment dans le temps pour le bien de son entourage, votre vie est hélas bien trop courte pour que vous arrivez à cet état de fait... Cependant, malgré votre mort, votre peuple survit et les générations vont et viennent comme la marée : votre lignée mourra que votre race sera toujours là à parcourir sur cette terre, continua-t-elle en se retournant pour la fixer avec froideur, toujours neutre. Vos premiers propos, votre inquiétude pour les vôtres, tout cela est louable princesse Esmelda mais vous-même vous enterrez votre frère dans votre fougue à protester contre mon plan, conclut-elle en s’avançant vers elle, glissant ses doigts sous son menton pour qu'elles se regardent bien droit dans les yeux.

Une telle hargne... Oui, il y avait d'autre façon de l'utiliser pour de meilleurs résultat.

- Je ne m'étalerais pas sur le manque de respect que vous avez eu à mon encontre, jeune demoiselle, parce que nous n'avons pas le temps pour l'instant de nous étendre sur les bonnes manières, souligna-t-elle simplement, imperturbable. Je vous serais quand même grée de respecter nos rangs et de maîtriser davantage votre ardeur parce que nous ne parlons pas de n'importe quelle babiole futile, comprit ? Rajouta-t-elle cependant pour être sûr qu'elle comprenne.

Galadrielle avait autre chose à faire que des états d'âmes qu'elle trouvait égoïste.

- Ma chère petite, je pense à votre peuple et quand vous disparaîtrez, les miens seront toujours là pour observer les vôtres, pour constater leurs erreurs ou leur survie, émit-elle doucement en retirant ses doigts pour la libérer. Ma décision vous choque de toute évidence mais, bien que vos paroles sont louables, vous ne voyez pas assez loin dans le temps pour dire une chose pareille : quand vous serez morte, vous et votre lignée, ce sera moi et mes enfants le rempart contre les vampires. Au fond, cela a toujours été nous qui veillons sur vous alors j'ai mon mot à dire quand je vois le plus jeune des peuples du Dracos au bord du gouffre parce qu'il suit les ordres d'un dirigeant qui ne sait même pas vraiment ce qu'il dit, continua-t-elle sans pitié, la regardant de façon impassible alors qu'elle garda ses bras croisés, sa tête légèrement penchée sur le côté. Vous le dites vous-même princesse Esmelda, votre frère n'est pas apte à gérer ses fonctions depuis son accident et je n'hésiterais pas à l'écarter de la royauté si je juge nécessaire pour le bien de votre peuple, que ce soit de façon temporaire ou non, avec ou sans votre aide, asséna-t-elle sans pitié.

Pour le bien de tous, Galadrielle était prête à n'importe quoi... Seul la survie des enfants du Dracos et la déchéance de ceux qui voulaient leurs morts lui importait.

- Alors, m'aiderez-vous ou non ? Demanda-t-elle.

Si elle refusait, elle lui effacerait les souvenirs et ferait comme si de rien n'était pour penser à un autre plan. Galadrielle n'avait plus le choix...

La princesse s'était figée dans son expression. Mais on pouvait clairement voir la contrariété. La déception aussi. Elle se tourna pour faire face à l'impératrice. Il paraît qu'il fallait tourner sept fois sa langue dans sa bouche, le problème c'est qu'Esmelda ne l'avait jamais fait. Elle était franche, sincère, et surtout spontanée. Sûrement parce qu'elle n'était qu'une mortelle rapide, de ces êtres qui semblent ne pas avoir le don de réfléchir, d'agir, au vue de son espérance de vie trop courte aux yeux des elfes. Elle les savait immuables dans leur façon de faire et d'agir, une différence de taille, avec l'envie de bouger de la jeune princesse humaine. Et cela, Esmelda n'appréciait pas que l'impératrice elfique s'en prenne ainsi à son peuple. Qu'elle les dénigre sur ce simple fait : la vie. Vivre bien plus longtemps apprend peut être certaines choses mais passe à côté d'autre chose : comme la spontanéité et le changement.

« - Bien sûr que vos propos me choquent. Mettez-vous un instant à ma place. Et si vous pensez que ma façon de parler soit un manque de respect, vous êtes dans le faux et il faudra vous y faire si un jour, comme vous dites, je monte sur le trône. Je n'aurai nullement l'intention de ne serai jamais un instrument qu'on utilise, ni par les Hommes ni par les elfes. »


Qu'on se le dise, si l'impératrice s'attendait à avoir devant elle une gentille petite princesse prête à dire seulement oui à ses désirs, à suivre ce qu'on lui dicte sans réfléchir, elle était bien mal tombée. Contrairement à son frère, la jeune femme avait confiance en son jugement et se méfiait de celui des autres.

Et se faire ainsi reprendre comme une petite fille par l'impératrice l'agaçait au plus haut point. Elle devrait la mettre à la porte pour le simple fait de chercher à comploter contre l'empereur humain, alors s'emporter pouvait paraître bien futile à côté. Le respect des rangs venait de tomber en même temps que l'audace de lui demander de renverser son propre frère.

« - Quand à vous chère dame elfique, au risque de vous choquez et de trouver encore une fois mon ardeur futile, je sais ce qu'il y a de mieux pour mon peuple : son empereur. Ne comprenez-vous pas que ce mariage est pour lui le gage, l'assurance de notre alliance avec votre peuple ? Une erreur, sûrement pour qui ne comprend pas que la guerre change les mentalités et les actions. La guerre est maintenant, la réflexion quand aux conséquences futures, quand vous serez à peine plus vieille que maintenant et moi morte depuis longtemps n'a pas le temps à de nombreuses tergiversions et réflexion sur le pourquoi et le comment. Il faut agir, pas rester dans l’immobilisme. Notre empereur voit son peuple mourir là, maintenant devant ses yeux impuissants. Pas demain. Quand à nos erreurs, nous les acceptons, elles sont utiles pour avancer. Sans elles, nous restons dans un immobilisme lattant sans jugement, oui il y a de lourdes conséquences, mais elles sont utiles . Je ne juge pas celles de votre peuple, ne juger pas en échange celles du miens. Car, vous vous mettez de cette façon en avant comme souveraine légitime des Humains. Votre bienveillance est louable et bienfaisante et je vous en remercierai jamais assez, et pas pour moi même. Votre aide est un bien précieux pour mon peuple. Il apporte équilibre dans le mouvement armandéen, mais même si vous être un rempart aux vampires, de part votre force, de part votre grand âge, ou même votre sagesse, je refuse de vous voir penser et voir mon peuple comme une plaie de l'on doit soigner continuellement, c'est bien plus insultant que mon ardeur.»

Mais là, l'impératrice avait touché le point sensible de la princesse. Sa fierté, son peuple. Les elfes en sauveur de l'humanité, sans eux, les hommes seraient rien. Au final, à quoi bon se battre pour eux s'ils n'étaient qu'une plaie, un poids que les elfes portaient depuis toujours ? Qu'est-ce qui les retenaient de le faire ? La paix ? Non, sûrement bien pire que ça, l'auto-satisfaction de le balancer au visage de la princesse, de se sentir puissant par la seule raison de ne pas vieillir.

« - Mais vous vous méprenez. Nous savons nous projeter dans l'avenir, ma dame, seulement nos actions ne conviennent pas à un peuple qui diffère du notre. Même si je monte sur le trône, qui me dit que demain, à la suite d'une action qui ne vous convienne pas, vous n'irez pas voir mon cousin et faire la même chose, ou son fils dans quelques années quand je serai vieillissante ? Comment puis-je avoir confiance en vos paroles ? Votre rôle, le mien ? Pourquoi serai-je meilleure ?»

Oui pourquoi ?? Sur un simple avis de mariage. Une humaine avec un elfe. Elle qui aimait un vampire. Serait-ce mieux pour l'impératrice ? Sûrement pas.

« - Je ne vous aiderai que si les raisons en sont valables. Pour le moment, il n'en ai rien. Mon frère, mon empereur n'a pour l'instant d'erreur que de vous porter sa fidélité. Son armée lutte contre les vampires, ses gardes protègent le peuple dans nos enceintes, lui et ses conseillers cherchent alliance et solutions pour faire retourner les vampires dans leurs souterrains, que ferai-je de plus ? »

De toute évidence, cela ne passerait pas avec la jeune princesse. Pourtant, Galadrielle aurait cru qu'elle comprendrait son inquiétude, qu'elle comprendrait le pourquoi de son agissement ! Mais le peuple humain était encore si jeune alors qu'espérait-elle qu'elle comprenne au problème... Si jeune... Chez elle, les personnes comme elles étaient choyées comme des bébés, cajolées et aimées comme des petites choses précieuses jusqu'au moins leur première centaine d'année. La blonde avait sûrement eut tord d'espérer... Mais qui ne tente rien n'a rien non ? Et là, elle n'avait plus le choix tellement la situation était critique... Mais bon. Puisqu'Esmelda ne pouvait pas lui venir en aide, encore trop immature pour comprendre les conséquences désastreuses de sa décision, l'impératrice dû se résoudre à lui effacer les souvenirs de cette conversation. Elle n'avait pas le choix...

- Que croyez-vous que je fais depuis le début, petite écervelée ? Dit-elle doucement en se tournant vers elle. Parce que je suis une elfe, je ne sais pas ce que c'est d'être une princesse ? Avant d'être impératrice, j'étais la fille de mon père, j'étais la princesse héritière de mon peuple, continua-t-elle tranquillement, imperturbable.

Galadrielle la trouvait si égoïste... Mais c'était une humaine, ce n'était pas étonnant...

- Vous êtes si aveugle... Que cela en est triste... Murmura-t-elle en soupirant. Vous avouez que votre frère n'a plus toute sa tête à cause de son empoisonnement, que ce n'est pas sa première décision malvenue et vous continuez de vouloir le garder à la tête de votre royaume... Avez-vous conscience des énormités qui sortent de votre bouche, jeune femme ? S'enquit-elle en se frottant les tempes, agacée et lassée. Vous allez droit dans le mur, vous le savez et vous laissez votre frère faire... Etre une princesse consiste aussi à se dresser parce que le sort du peuple importe davantage : vous n'êtes pas une poupée qu'on manipule, j'en suis plus que consciente puisque je vous demande votre aide... Une aide que vous me refusez parce que vous préférez sacrifier votre peuple pour l'amour de votre frère... Soupira-t-elle. Vous ne me laissez pas le choix princesse Esmelda... Vous qui êtes pourtant d'une intelligence peu commune, je pensais que vous auriez comprit...

Comment allait-elle faire, comment faire pour arranger la situation et que cela ne vire pas au cauchemar... Pourquoi n'arrivait-elle pas à comprendre qu'elle se souciait du monde et qu'elle ne voulait pas usurper impunément le trône de sa famille ? Galadrielle désirait simplement une personne juste et de confiance, qu'elle savait apte à gérer son peuple et la jeune princesse en était capable, elle le savait, elle le sentait dans son cœur.

- Je ne suis pas aussi vénale que vous semblez le penser : si je vous demande de mettre votre frère en repos et de devenir impératrice c'est parce que je sais que vous êtes intelligente et juste, que vous voulez le bonheur de votre peuple et que vous avez à cœur les traditions que régissent ce monde, expliqua-t-elle tranquillement vers une petite besace, l'ouvrant et fouillant dedans. Vous êtes une race encore jeune, je sais que vous êtes capables de grandes choses mais seulement à condition d'avoir un guide qui en a le pouvoir, ce que votre frère n'a plus... Rajouta-t-elle tristement en attrapant un petit diamant. Je sais que vous êtes capable de davantage réfléchir que lui, que jamais vous n'aurez bafoué les traditions qui assurent encore le peu de stabilité que notre monde connaît... Je vous aurais même confier mes meilleurs professeurs et stratèges pour vous apprendre la politique afin d'être autonome et toujours juste, compatissante et sérieuse... Vous auriez fait une impératrice merveilleuse qui aurait permit à la guerre de se calmer... Où vous auriez été heureuse d'épouser la personne que vous aimez comme j'ai pu épousé l'homme que j'aimais et non celui qu'on avait choisit pour moi pour des raisons politiques...

Elle n'était pas dupe Galadrielle, elle savait que la princesse avait quelqu'un dans son cœur... Comme n'importe quelle jeune fille de son âge... Un cœur pur et innocent... Un cœur amoureux... C'était si beau mais si triste, obligée de se marier par devoir... Les humains avaient encore beaucoup de chose à apprendre...

- Oubliez ce qu'il s'est dit entre nous jeune fille... Oubliez tout jusqu'au moment où vous êtes entré dans cette pièce à ma demande... , dit-elle doucement, une larme roulant sur sa joue alors qu'elle laissa le sortilège d'amnésie agir sur la princesse, renforçant ses barrières mentales pour ne pas être atteinte.

Elle n'avait pas le choix... Dracos qu'elle détestait faire cela mais les enjeux étaient beaucoup trop important et elle refusait que ses enfants continuent de mourir.

- Alors ma chère, nerveuse ? Demanda-t-elle sur un ton qu'elle espérait léger, écrasant les larmes qui roulaient sur ses joues pendant que le diamant se réduisait en poussière une fois que le sortilège fit effet et quitta sa prison de pierre précieuse.

Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir faire à présent...

Esmelda restait stoïque face au déversement de bile de l'impératrice. A croire qu'elle servait d’exutoire de ce qui lui arrivait ces derniers temps, peut être même ces dernières années. Pourquoi s'énervait-elle autant ? Un simple désaccord, rien de plus. Esmelda n'avait pas l'impression d'avoir hausser autant la voix et surtout elle, elle avait une raison de s'agacer. L'impératrice voulait quand même éjecter son frère du trône pour la mettre à sa place. La dame elfique le jugeait à tort incapable de mener son empire à bien, sur une simple erreur de mariage. Une histoire de femme, un sacrifice de trop pour la femme ou une réelle incompétence ? Mais pour le reste son frère savait y faire. Il était un bon guerrier et un politicien fin et surtout neutre. Esmelda était trop impulsive. Et elle n'avait pas les épaules pour tenir cette fonction, elle le savait, on lui avait dit de nombreuses fois et bien fait comprendre lors de sa régence. Même si certaines petites voix disaient bien le contraire. Esmelda était une princesse de l'ombre, agissant sans reconnaissance aucune, juste la volonté d'aider son peuple, sans passer par les voies habituelles.

Mais avec la guerre au pied de son empire, elle ne pouvait permettre à son peuple un changement de souverain pour une jeune femme sans expérience. L'impératrice pensait qu'ils allaient dans le mur de cette façon, avec Esmelda aux rennes les humains iraient directement dans les canines des vampires. Et pas du bon.

Mais de là à se faire insulter, il y avait une marge et impératrice ou pas, Esmelda s'en moquait bien. Là elles devenaient femmes, sans aucun titre.
Esmelda lui laissa que peu le temps de finir sa phrase et ajouta avec un peu plus de véhémence :

« - Au contraire, mes yeux sont ouverts chère Dame. Je sais mieux que vous ce que je vaux. Et je ne souhaite pas vous entendre dire que je ne prends pas à cœur l'avenir de mon peuple. Je ne vous ai pas attendu pour ça. Et je ne veux pas une aide agressive et encore moins en renonçant à mes principes de loyauté. Comment pourrais-je gouverner par la suite entant qu'usurpatrice ? Quels serait ma légitimé et mon intégrité dans tout ça, face à un peuple qui attend de ces dirigeants ? L'honnêté voilà ce qui manque aux différents trônes de nos peuples et en aucun cas, je ne jouerai à ce jeu, que cela vous plaise ou pas. Comme je vous l'ai dit, mon peuple passe avant. »

Quand à bafouer les traditions, ah oui pour sur elle n'aurait jamais épousé un elfe. Juste un vampire. Ennemi direct de son peuple. Au final, celui-ci préférerait quoi ??? Une princesse marié à un elfe pour la protection de son peuple ou une princesse amoureuse et mariée à un vampire ?? Il ne fallait pas être bien brillant pour savoir quel serait leur choix.

« - Quand à mes capacités, je vous remercie de vous en enquérir, mais comme je vous dis, je n’usurperai personne, ni frère ni peuple, car les deux sont liés. La force du pouvoir, sa lutte n'est pour moi qu'un prétexte à la violence par la violence. Mon peuple n'a pas besoin de ça, de lutte interne... et je ne pense qu'à ça : son bien être et sa sûreté. »

Esmelda pouvait comprendre l'inquiétude de la reine des elfes, mais pas sa colère et son attitude. Peut être qu'en d'autres termes, d'autres mots la princesse ne se serait pas buter dans une révolte.

Dans un murmure, elle ajouta que quand à épouser celui qu'elle aime... mais au même moment, elle se retrouva dans la pièce debout se tenant la main et se sentant gêner de se trouver dans une telle position, devant l'impératrice elfique. Pourquoi se trouvait-elle dans cette posture à peine entrer dans la salle ? Elle se sentait mal. Dans un geste lent et mal habile, elle alla s’asseoir sur un des fauteuils, nerveuse et inquiète.

Elle lui répondit timidement :

« - Oui. »

Mais si c'est du mariage qu'elle parlait la réponse était non, non car, dans sa tête Esmelda ne se marierait pas. Elle en avait fait la promesse à celui à qui appartenait son cœur. Mais de ce trouver face à la Dame sylvestre était tout autre chose. La jeune femme était juste impressionnée par la stature et position de la femme aux longues oreilles.

La rendre anxieuse. La dame elfique devait peser ses mots où être bien loin de la réalité. Esmelda était au delà de l'anxiété. Même si pour le moment, elle ne réalisait pas qu'elle allait devoir quitter les siens, son palais, ses dames de compagnie, du moins une bonne partie, car Ninna ne la laisserait pas partir comme ça. Laisser au loin d'elle ses actions, l'orphelinat, ses artisans favoris et la bonne boulangère de la place de Lissa. Bref quitter ce qu'elle avait toujours côtoyé, sa vie...et cela la princesse n'était pas prête du tout.
Surtout qu'elle ne connaissait rien du monde elfique, de ses codes et même si l'impératrice lui proposait de venir auprès d'elle à sa cour, la jeune humaine ne se sentait pas l'envie de rendre plus concret ce mariage encore mirage pour elle. Alors de là à lui dire que cela allait lui plaire. Pas vraiment. Pourtant avant ce mariage, la princesse aurait tout donner pour avoir une telle proposition. Avoir un tel honneur, côtoyer le beau peuple, chose rare. Y voir, y apprendre les cultures des êtres sylvains. Mais hélas pour la princesse, ce beau rêve virait au cauchemar. Y aller rendrait concret le mariage et serait surtout son approbation pour quelque chose qu'elle se refusait.

Une impasse, voilà dans quoi, elle se noyait. La princesse dû faire preuve d'un grand courage pour ravaler ses sentiments, l'image de Kyllian qui vint à se yeux, pour baisser la tête en signe d'acceptation de cette proposition. Il fallait bien se résigner. Qu'elle était son choix, à part prendre la porte et fuir, loin très loin de toute cette mascarade. Mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner son peuple. Il avait besoin d'elle. Il comptait sur elle, et les décevoir... la princesse ne pouvait s'y résoudre.

Son royal séant entre deux fauteuils, Esmelda mit un temps avant de répondre. Un long silence qui voulait sûrement dire beaucoup et qui montrait que la princesse réfléchissait à ses réponses.

« - Non, en effet, je ne l'ai pas choisis. »

Souffla-t-elle dans un murmure. L'impératrice entendrait-elle ? Esmelda en était sûre, n'était-il pas le peuple à l'ouïe fine ?
Mais non, Esmelda n'aimerait jamais l'elfe. Même s'il s'avérait être le plus doux des époux, le plus gentil, un être cultivé et qui lui apporterait tout ce dont elle rêvait. Jamais il n'aurait son cœur. Même avec le temps. Son amour, elle avait fini par le donner et ne chercherait même pas à le reprendre aux mains de Kyllian. Elle n'avait besoin du soutient que du vampire, des ses bras, de son écoute, de son amour, de sa simple présence. Rien de plus.

« - Oui, j'ai été courtisée, le suis encore. Par des humains dont la valeur et l'intérêt ne tournaient qu'autour de mon rang, mon statut de princesse de l'empire. Ou bien par des jeunes gens poussés par leurs parents alors que leurs cœurs étaient déjà ailleurs. Il n'y a pas de place hélas pour l'amour quand on est une princesse. Il n'y a qu'à suivre sa destinée. Mon cœur ne m'appartient pas. »

Fataliste, beaucoup en ce moment. Mais comment dire à la dirigeant du peuple elfique, de son futur époux, que la princesse des Hommes aimait un vampire et que jamais elle ne s'unirait à ce dragonnier. Il pouvait avoir toutes les qualités qu'elle avait énuméré, Esmelda trouverait un stratagème pour renverser la donne. Il allait falloir la jouer très finement, mais la jeune femme n'était pas en manque d'imagination. Elle avait déjà réussi à repousser de nombreux prétendants, pourquoi pas encore là? Car, les elfes, un autre peuple, une autre régnante entrait dans la donne??

"- Mais je ferai ce qu'on attend de moi et de mon futur rôle. Il sera tout nouveau. Car jamais princesse avant moi n'est entré dans la cour elfique. Je m'étais préparée à être la femme d'un noble humain, de donner à l'empire un héritier, de continuer mes obligations de princesse. Mais les choses changent, et je ne suis pas maitresse de mon destin."

Cela faisait un peu trop d'informations et allant à l'encontre de la morale de la princesse et montrant qu'elle se trouvait comme un lapin dans un piège de chasseur.
Ne fallait-il pas qu'elle s'offusque de cette clause des plus horribles et insultante. Et pour elle, femme humaine stérile dans un peuple où on bénit un enfant. La future femme de ce dragonnier passerait pour quoi par la suite. Une simple coureuse de jupons qui sous le nez de son époux à réussi à se faire engrosser par un humain bien chanceux de se trouver dans sa couche. Et pour son futur mari, qu'elle connaissait à peine, Esmelda avait déjà l'autorisation de le tromper aux yeux et presque à la vue de tous, sans qu'il puisse ajouter mot. Mais comment avait-il pu accepter cela ? Avait-il eut le choix ? Sûrement que non, comme elle, il subirait ce mariage de polichinelle. La jeune femme se sentit bien mal pour cet homme dont elle ne connaissait que le nom.

« - Alors sachez que cette close en sera pas honorée. Cela va à l'encontre même de tout entendement. Du moins, le mien.Un mariage, même s'il n'est que politique nécessite un minimum de respect, comment pourrais-je ensuite regarder dans les yeux celui que l'on me dit d'appeler mari, le ventre grossit par une grossesse qui ne sera pas la sienne. Je ne lui ferai ni cet affront ni ce déshonneur. Quand à cet enfant bâtard, quel légitimité aura-t-il ? Enfant illégitime aux yeux des humains et honte chez les elfes. Jamais, je ne ferai souffrir de la sorte un être qui ne demande rien. »

L'esprit d'Esmelda s'assombrit. D'une tristesse enfouie depuis peu, ce désir, n'avait jamais existé avant. Avant de connaître ce qu'était aimé.Puis bon, soyons honnête son amant, son amour sera tout aussi incapable que son mari à lui donner un enfant. Au moins, là dessus on ne pourra pas la traité de fille de mœurs légères. Mais, cela mettait en lumière cet aspect de sa vie qu'elle devait mettre en berne et accepter. Du moins si elle voulait rester auprès de Kyllian. Et Esmelda était sûre d'une chose : une vie sombre et morose s'éveillerait chaque matin sans le vampire à ses côtés. Pas besoin de trouver l'amour, elle le vivait déjà à chaque instant. Chaque battement de cœur était pour lui.

La soudaineté du départ, la fit pâlir et monter les larmes aux yeux. Bien sûr il lui fallait les retenir. Il y avait tant à préparer. Mais surtout, la jeune femme ne pourrait revoir le jeune vampire. Le temps de le prévenir, il ne pourra jamais être là à temps et rien que cette sombre idée la mit en émoi.

D'une voix étranglée, elle baissa la tête et affirma qu'elle ferait le nécessaire. Se dirigeant vers la sortie, Esmelda sourit avec politesse une dernière fois à l'impératrice.

Dans le couloir sombre, la princesse attendit de se retrouver seule pour se laisser aller à ses sentiments. Les larmes coulaient sur ses joues sans pouvoir être retenues. Le voulait-elle ? Non. Il lui fallait trouver Ninna. Elle devait prévenir Kyllian et elle aussi, préparer ses affaires. Sans son amie, elle ne tiendrait pas.