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| Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE | |
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| Sujet: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Dim 14 Avr 2013 - 13:05 | |
| C'était terminé, il était parti... Un silence surnaturel régnait sur la forêt, un silence qui était douleur, cette douleur que beaucoup d'elfes partageaient avec lui non pas parce qu'ils avaient aimé Eliow le vampire mais bien parce qu'ils pouvaient sans peine imaginer ce que pouvait être la souffrance causée par la perte d'un tel lien. Ou du moins ils croyaient l'imaginer... En fait, comment pourraient-ils bien le comprendre ? Sa peine était au delà des mots, au delà de tout et ils avaient respecté celle-ci lorsqu'il s'était envolé très haut au moment de la fin, juste après qu'Eliow l'ai rejeté afin de ne pas l'emmener dans la mort, un dernier geste d'amour qu'il avait accompli avec autant de fermeté que de douceur, il avait coupé leur lien avant que Shaynar ne puisse le suivre et lui avait fermement interdit de tenter de le faire. Il s'était envolé alors... Seul au monde comme jamais il ne l'avait été même lorsque son dragonnier avait été plongé dans le coma. Il s'était envolé sur un rugissement effarant, le cri d'une bête blessée à mort et glissant vers une tragique agonie. Il avait battu des ailes encore et encore, s'élevant plus haut qu'il ne l'avait jamais fait, volant droit vers le soleil moqueur qui avait l'audace au loin de lui rappeler que le monde vivait encore alors qu'Eliow était mort. Il avait rugit encore dans son effroi, paniqué et fou de douleur devant le vide béant, monstrueux, blasphématoire qui écartelait son esprit.
Il avait volé, et volé, insensible au froid de plus en plus piquant qui givrait ses écailles sombres. Le rubis de ses yeux fixé sur l'astre brûlant jusqu'à ne plus voir qu'un voile rouge et sanglant il avait continué sa folle ascension, comme hypnotisé par ce soleil qui semblait s'éloigner d'autant qu'il montait, qui paraissait si proche et pourtant si loin, qui se moquait de lui et de sa douleur là haut, si haut, trop haut... Il n'avait pas pu l'atteindre. Il aurait aimé le faire. Rapide comme un météore il s'était vite retrouvé hors de vue des elfes qui criaient en bas et montraient du doigt cette scène tragique, cette dernière course d'un fils ancestral qui a tout perdu et qui s'élance vers les confins du ciel en une quête sans espoir et sans véritable but. Nul doute que cet instant serait chanté, et que ce chant serait plus triste et douloureux que le plus poignant des chants Elfique. Shaynar n'en avait cure toutefois à cet instant, plus rien n'existait à ses yeux que le trou noir qui gisait dans son esprit, que l'astre lumineux qui brûlait ses yeux. Il volait, et plus rien n'avait d'importance.
Le froid était devenu si intense que son feu intérieur n'avait plus suffit à le contenir. Ses écailles s'étaient glacées totalement, son souffle puissant était devenu rauque et sifflant, le battement acharné de ses ailes s'était fait plus lent, il était engourdit. Engourdie aussi la douleur sans nom, seul au monde tout en haut du ciel il avait vécu un moment étonnant, presque en dehors du monde et au delà du temps. Etait-ce à cet instant que son regard s'était éteint ? Il ne le saurait jamais mais ce qui était sur c'est que c'est à ce moment là qu'il s'aperçu qu'il ne voyait plus le soleil, qu'il ne voyait plus rien en fait... Etrangement son aveuglement avait été comme une libération, comme si cette perte physique était venu s'additionner à la perte psychologique qu'il venait de subir et que cette addition avait pu rééquilibrer le tout, son corps souffrait autant que son esprit désormais, il en sentait la douleur dans ses prunelles, il sentait le sang qui coulait sur son museau, il avait mal dans son âme et dans son corps... Il était en paix. Il n'irait pas se fondre dans l'astre solaire, il était libéré de cet attrait hypnotique que la vision du soleil avait eu sur lui, il ne le voyait plus... Il ne voyait plus rien et c'était bien ainsi. Il s'était laissé tomber et sa chute avait été douce.
Les ailes presque entièrement repliées il ne freinait pas sa chute et la vitesse incroyable qu'il avait prit dans son ascension s'était encore décuplée. Il ne voyait rien, et encore moins le sol qui ne manquerait sans doute pas de se rapprocher suffisamment pour au final lui oter la vie. Freinerait-il à l'instant crucial ? Il ne l'avait pas décidé, il n'avait rien promis à Eliow après tout et il ne se voyait pas vivre sans lui, à quoi bon ? Et pourquoi était-il encore en vie d'ailleurs ? Un dragon ne se devait-il pas de mourir avec son dragonnier ? Il savait pourquoi... Il savait qu'Eliow n'avait pas voulu l'emmener dans le gouffre de la mort, qu'il l'avait repoussé de toute la force de son amour au dernier moment et qu'il avait même accéléré sa fin par cet effort colossal. Il savait aussi que lui-même n'était pas prêt... Aussi douloureux que tout cela puisse être il voulait encore vivre, il avait peur de mourir, peur de ne plus être rien, de ne plus être Shaynar le premier né, ce dragon qui avait reveillé leur race et qui était celui qui la conduirait sur les anciennes voies de la grandeur. Il avait un but, un rêve, une vengeance aussi à accomplir. Il ne voulait pas mourir, et il s'en voulait pour cela.
Ses ailes claquèrent avec une force effroyable dans le vent lorsqu'il freina sa course juste avant de toucher le sol. Sous les yeux des elfes ébahis il accomplit une courbe gracieuse, complétement insensible à leurs esprits qui l'appelaient, qui cherchaient à la toucher et à l'assurer de leur douleur. Rageur soudain il les avait tous repoussé et sa force mentale en avait fait chanceler quelques uns :
"RESTEZ LOIN DE MOI !" avait-il ordonné
Il ne voulait voir personne, d'ailleurs il en aurait été tout à fait incapable dans l'état actuel des choses et surtout il ne voulait pas partager sa peine. Sa douleur était telle qu'un simple bipède n'aurait sans doute pas survécu à un échange mental avec lui à cet instant, et dire qu'ils croyaient le comprendre... Comme si les minuscules fragments de conversation qu'ils avaient pu avoir avec son peuple avaient pu les renseigner sur les ancestraux... Que savaient-ils des dragons en vérité ? C'était à peine si ils avaient effleuré la surface de ce qu'ils étaient vraiment. Que savaient-il de lui, eux qui n'avaient pas de feu sacré brûlant au fond de leurs poumons, ni d'écailles brillantes pour illuminer chaque journée, ni de mémoire ancestrale pour y puiser la sagesse. Et que savaient-ils d'Eliow surtout ? Que savaient-ils d'Eliow ces elfes qui l'avaient méprisé, ces hommes qui l'avaient craint, ces vampires qui ne l'avait jamais véritablement connu ? Qu'en savaient-ils tous de ce qu'était Eliow ? Qu'en savaient-ils de ce qu'ils étaient à eux deux ? Absolument rien. C'était ce qu'il était maintenant d'ailleurs, sans Eliow voici ce qu'il devenait, il était rien... Il n'était plus Shaynar puisque Shaynar n'avait pas d'existance sans son dragonnier. Il était juste un dragon... Juste n'était pas le bon mot d'ailleurs car être un dragon était déjà une formidable existance en elle seule mais cela ne l'empêcherait pas de pleurer ce qu'il avait perdu. Il était sauvage désormais, il n'avait plus l'esprit d'Eliow pour se confronter et adoucir son côté purement ancestral. Il ne pensait plus que par lui même, sans ce filtre de sécurité qu'était l'esprit de son dragonnier, il était au dessus des pensées des hommes, des elfes et des vampires, il était autre chose. Il était le premier et le seul pur dragon des deux générations actuelles. Il ne vivait plus que pour lui-même, une idée effrayante si il en est mais à laquelle il devrait se faire, et tous devraient s'y faire d'ailleurs... Ils n'avaient jamais compris Eliow le vampire ces bipèdes de toute race, pourraient-ils comprendre Shaynar le dragon ? Sans doute pas... Il allait devoir réfléchir à ce qu'il ferait désormais même si il n'oubliait pas sa dette vis à vis des elfes. Il lui faudrait réfléchir... Il prendait le temps nécessaire pour cela...
Les jours passèrent ainsi. Au fin fond des bois sauvages un non moins sauvage dragon restait prostré tout en haut d'une colline escarpée. Ses écailles sombres semblaient absorber la lumière, ses ailes fines étaient repliées dans son dos en une calme attitude d'attente et de repos. Il ne les dépliaient que pour partir en chasse, dédaignant les offrandes de certains elfes qui sans oser tout de même monter le déranger s'enhardissaient jusqu'à venir déposer quelques carcasses qu'ils avaient fait l'effort de chasser par magie malgré leur aversion pour ce genre de besogne. Il leur été gré de cet effort bien sur mais il ne préférait pas moins chercher sa nourriture par lui-même en digne dragon sauvage qu'il était, replié sur lui même et seul dans son esprit blessé il réfléchissait à sa vie passé et au futur qu'il voulait lui donner, il était comme en retraite loin des turpitudes de ce monde, il avait besoin de cette inspiration avant d'y replonger, pour peu qu'il s'y replonge d'ailleurs... Cette vie solitaire ne lui déplaisait pas tout à fait, il pouvait oublier doucement tout ce qu'il avait acquit comme reflexes bipèdes depuis sa naissance, il ne s'exprimait plus dans ce langage mental que tous pouvaient comprendre, il était entièrement plongé dans sa mémoire ancestrale désormais et ne vivait plus que comme un dragon, comme un ancestral pur qui n'a jamais connu l'humain, l'elfe, et même le vampire. Il était au delà de leur compréhension à tous, et il ne les comprenait pas non plus, pour tout dire il les ignorait tous comme un humain aurait ignoré une colonie de fourmis, n'était-il pas un dragon ? Il oubliait le reste peu à peu, oh certes il ne l'effaçait pas car comment aurait-il pu avoir la force d'effacer Eliow ? Mais il mettait tout cela de côté, libre et sauvage comme il ne l'avait jamais été il avait même manqué dévorer tout cru un elfe qu'il avait par malheur croisé au fil d'une de ces chasses. Ce n'était que de justesse qu'il avait alors réfréné ses intincts et la pauvre créature en avait été quitte pour vivre la pire frayeur de sa vie, elle était retourné vers les siens d'un pas chancelant et avec sans doute l'idée bien arrêté de leur raconter à tous que Shaynar le premier né n'était plus des leurs, qu'une lueur prédatrice brillait dans ses yeux et que son esprit déjà tout à fait particulier était désormais tout à fait incompréhensible pour les bipèdes. Cette idée amusa Shaynar, ainsi donc ils avaient cru savoir ce qu'étaient les dragons ? Sottise.
Il s'attendait à sa venue, il avait même cru qu'elle aurait lieu bien plus tôt et avait été heureux que cela ne soit pas le cas, il n'aurait pas été prêt à le recevoir sans les jours entiers passés dans cet état sauvage, sans cette retraite volontaire qui lui avait permit d'apprendre à se connaître lui-même et à vivre autrement que comme le dragon de dragonnier qui avait été son identité jusque là. Lorsque Merithyn s'approcha, Shaynar se sentait prêt. Il l'attendit patiemment en haut de colline, magnifique silhouette altière couchée dos au soleil levant. Il releva la tête jusque là posée sur ses pattes, reniflant les effluves musquées de son chanteur et frolant son esprit avec bien plus de retenue qu'il ne l'avait toujours fait. Ce contact l'effrayerait peut-être... Son esprit avait changé, il n'était plus le même désormais. Il n'était plus une part de l'esprit d'Eliow, il était Shaynar seul et pourtant complet. Il était l'Ancestral, le Premier Né de tous, l'unique non lié de sa race, le seul dragon au monde qui ne s'exprimerait plus jamais à travers le filtre d'un véritable dragonnier. Il était dragon, juste dragon, et cela il ne savait pas si Merithyn le supporterait, le comprendrait, l'accepterait. Fuirait-il devant cet esprit si différent ? Devant cette métamorphose à la fois grandiose et terrifiante ? Si lui ne pouvait l'accepter alors nul ne le pourrait jamais parmi les bipèdes. Shaynar s'était fait à cette possibilité, il l'acceptait sereinement. Tout dépendrait de cette confrontation, les mots et les actes du baptistrel forgeraient sa décision. Il n'oubliait pas ses promesses faites aux elfes mais il ne pouvait plus changer ce qu'il était. Si il n'était plus apte à frayer avec les bipèdes alors il ne contenterait des dragons. Il partirait à la recherche des autres, ceux qui étaient liés et il leur apprendrait ce qu'était vraiment un ancestral, il les guiderait afin que son peuple se reconstruise pour de bon, ils seraient ses émissaires pour échangers avec les bipèdes et lui serait leur guide pour les aider à vraiment comprendre ce qu'ils avaient oubliés. Ensuite il partirait, il rejoindrait les hordes là où il savait désormais qu'elles se trouvaient. Il avait retrouvé chaque souvenir de leur fuite depuis qu'il était complétement plongé dans sa mémoire ancestrale. Il n'était plus le même non, et pourtant il pensait encore que Merithyn pourrait comprendre. Peut-être que tout cela ne serait pas nécessaire, peut-être serait-il encore capable lui même de comprendre les bipèdes...
Droit et fier en cet instant important il ouvrit ses paupières lorsqu'il senti l'elfe lui faire face. Deux sillons sanglants s'étaient coagulés sous ses yeux et le regard rubis flamboyant s'était mué en un étrange et paisible lac de sang. Il ne voyait pas, et pourtant c'est sous le poids d'une sagesse écrasante qu'il enseveli le petit être lorsqu'il posa les yeux sur lui. Un panache de fumée s'éleva de ses naseaux lorsqu'il expira l'air qu'il venait de goûter. Patiemment il caressa l'esprit minuscule sans chercher à le mêler au sien, le laissant appréhender difficilement la grandeur incroyable de ce qu'était véritablement un esprit ancestral. Il l'enserra doucement dans son flot de pensées où le langage commun n'avait plus sa place, il l'autorisa à entendre les murmures incompréhensibles pour lui de sa mémoire ancestrale chantée à l'infini dans des déclinaisons de langages oubliées depuis bien longtemps pour peu qu'elles n'aient jamais été à la portée des bipèdes. Il l'observa avec attention et en silence tandis qu'il se présentait ainsi à lui, colossale créature à l'âme désormais hors de portée pour eux tous. Il s'adressa à lui enfin, et son langage n'était plus seulement le langage commun qu'il avait apprit à la sortie de son oeuf. Ses pensées étaient pourtant compréhensibles en partie, en partie seulement car chaque parole qu'il énonçait était comme mêlée à bien d'autres paroles anciennes, reprise et répétées dans des centaines de langues différentes avec chacune sa propre perception et son propre sens. Merithyn comprendrait... Il capterait parfaitement ce que le dragon voulait lui dire mais résisterait-il à la frayeur bien compréhensible qu'un si petit être pourrait ressentir devant l'esprit d'un dragon ? Shaynar l'espérait... Il l'avait oublié jadis, mais cet elfe avait été ce qui se rapprochait le plus d'un ami et même si il désormais l'amitié était un mot bien faible par rapport à ce que lui apportaient ses connaissances ancestrales il répugnait à perdre cela. Aussi souffla-il aussi doucement qu'il le pu, espérant rendre ainsi leur échange mental un peu plus supportable :
"Salutations Merithyn, feu qui vient se brûler à une autre flamme. Tu es venu me dire qu'il est temps et je suis prêt. Mais avant de descendre pour un dernier hommage à celui qui fut une partie de moi il me faut savoir si je puis encore me mêler à ton peuple sans lui causer trop de dommages."
Il l'observa encore, attendant patiemment que ses paroles s'impriment dans l'esprit de l'elfe et qu'il ose lui répondre, ou bien qu'il tourne les talons, incapable de se confronter plus longtemps à un esprit si différent sans en perdre la raison. Sans amour, sans haine et sans la moindre tristesse il lui laissa le temps de digérer tout cela, de déméler ses paroles des murmures qu'il ne pouvait comprendre et d'enfin décider de sa réponse. Le souffle profond du dragon était le seul bruit venant troubler ce moment, il ferma à nouveau ses paupières en sentant le regard appuyé du baptistrel, presque amusé.
"Je ne souffre pas, si c'est ce qui t'inquiète à ce point. La douleur physique n'est rien lorsqu'on a vécu ce que j'ai vécu, tu le sais toi même, n'est-ce pas ?"
Avec tristesse cette fois il effleura à nouveau son esprit, goûtant sa peine et la confrontant à sa propre douleur qui était désormais en arrière plan. Il capta les doutes de l'elfe et y répondit :
"Tu guérira, même si cette simple idée te semble inconcevable. Tu guérira chanteur, et tu guérira mes yeux. Tu en a la force, mais aussi la faiblesse."
Il se leva, le dominant de toute sa hauteur et baissa la tête vers lui jusqu'à plonger son regard dans le sien :
"Que dis-tu Baptistrel ? La vie t'offre la plus belle et la plus terrible des confrontations, il y a bien longtemps qu'un esprit elfique n'a pas été plongé dans un pur esprit ancestral. Le pouvez vous encore ? Que dis-tu, ami ? "
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| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Dim 14 Avr 2013 - 17:56 | |
| Ses paupières frémirent une dernière fois, avant que les restes de sa vie ne s'étiolent comme un songe dans les brumes du matin.
Pendant des heures, il était resté à ses cotés, silencieux, tremblant, incapable de lâcher sa main, pâle fantôme cloué sur place par le poids de l'inévitable... il n'avait pas voulut l'abandonner, quant bien même il était seul dans cette pièce où planait mort et désespoir. Il ne pouvait l'abandonner... Il voulait pas l'abandonner... Il aurait voulut être capable de pleurer, mais les larmes ne venaient pas, il aurait voulut hurler son désespoir, mais sa voix ne venait pas, il aurait voulut le retenir, s'accrocher de toutes ses forces, faire... quelque chose... n'importe quoi... mais il était frappé, immobile, sans que son corps ne lui réponde. Prisonnier de son propre être, engourdit par la peur, par l'horreur, il ne pouvait que fixer cet être qu'il aimait par dessous tout et qui s'apprêtait à s'enfoncer dans les limbes au-delà de sa portée. Il craignait que le moindre geste n'achève tout, qu'il ne coupe le fil tenu qui restait encore... en sachant, mortifié, qu'il n'y avait rien à faire. Il se sentait trembler, alors qu'il tenait la main glaciale d'Eliow, comme un oisillon tombé du nid, une supplique déchirante au fond des yeux, au bord des lèvres, et qui ne venait pas... il ne pouvait pas... il ne pouvait pas rendre son passage encore plus dur.... Il ne pouvait que rester près de lui.
Le silence lui était odieux tant il était profond, mais il semblait la seule réponse pour la tragédie qui les frappaient... Il n'y avait pas de mot pour tout cela, pas de mot pour exprimer ce qu'il ressentait, parce que lui même ne parvenait pas à englober l'entièreté de sa peine. Engourdit, il lui semblait que le monde, soudain, s'effaçait autour de lui, que plus rien d'autre n'existait qu'Eliow, gisant là sans un bruit, plus pâle que jamais. Lèvres scellées, il aurait pourtant voulut, une dernière fois, lui offrir son cœur, aussi futile que soit cette idée. Ils s'étaient rencontrés sous un haut soleil éclatant, dans des collines vertes, et ourlées de vent, le ciel un royaume pour l'impossible. Ils s'étaient rencontrés en musique, et il aurait été juste qu'ils se quittent ainsi, non dans la peine, mais dans l'assurance de l'éternité à venir en sa compagnie. Pourtant malgré toute la sagesse elfique, malgré tout les espoirs et l'espérance.... il ne parvenait pas à y croire. Il ne voyait pas l'infini sommeil réparateur, mais l'ignoble destruction de l'homme qui faisait son monde, il ne voyait que son pâle visage, qui l'avait tant fait sourire, qu'il avait admiré et choyé, son si pâle visage désormais bleuit par les doigts cruels de la mort. Cendres dans la bouche, il serrait tout doucement sa main, en une bien piètre tentative de le garder auprès de lui. Détaillant ses traits avec une attention aveugle, il rassembla toutes ses forces, et se sentant défaillir, il entre ouvrit les lèvres, pour chuchoter une ultime fois les mots qui avaient scellés leur union trois longues années auparavant, comme si une vie toute entière le séparait de cet instant fugace, au creux d'une nuit amère. Mais les mots ne virent jamais...
Ses paupières frémirent une dernière fois, avant que les restes de sa vie ne s'étiolent comme un songe dans les brumes du matin.
Une dernière fois, leurs regards se croisèrent, et il crut défaillir, avant de voir la dernière, infime étincelle de vie quitter les orbes sombres qu'il avait tant chérit. Il entendit alors le rugissement de Shaynar, ou plutôt il le ressentit, dans ses os, dans son âme, sans que le son ne lui parvienne. Le monde semblait soudain s'écrouler, le temps s'arrêtait.... Retenant sa respiration, il sembla que son corps retrouva soudain sa faculté de mouvement, et il serra encore davantage la main du vampire, de toutes ses maigres forces, avant de la relâcher et de se lever. Son cœur semblait s'être arrêté, son corps, son esprit étaient vides, dépourvu de substances alors qu'il se mouvait comme dans un rêve, caressant avec une douceur précautionneuse le visage à présent détendu d'Eliow, paisible dans la mort, glissant une main dans sa chevelure pour la peigner puis abaissant ses paupières, dissimulant ses yeux au reste du monde. C'était finit... C'était finit, il était partis. Loin... très loin, si loin... Personne ne pouvait plus atteindre son âme ou son esprit. Il ne restait que son enveloppe, son corps mortel, mais cette simple vu l'emplissait de vide... Où était Eliow ? Pourquoi était-il partit ? Qu'était donc ce coup du destin, cette cruauté qui arrachait son amour à ce monde, emportant son cœur avec lui...
Il ne parvenait pas à penser, ni à parler, alors que la porte s'ouvrait, timidement, sur les maîtres de guérisons du palais. Il ne les voyait pas, ne les entendait qu'à peine, incapable de s'arracher à la contemplation de cet être pour qui il serait mort. Ce ne fut qu'à l'instant où il le touchèrent qu'il s'arracha enfin à la dévastation intérieur qui l'avait ravagé. Il avait réussit à former un mot. Un non, il avait sentit ses lèvres bouger, frémirent. Mais le son de sa propre voix ne lui parvenait plus. Sa réaction devait avoir été surprenante, violente, au vu de l’expression des elfes. L'un d'eux tenait sa main, la massait, une bougie gisait sur le sol, flambant comme un feu de camp... Non. Ils ne devaient pas toucher Eliow. Qui étaient-ils pour le toucher ? Ces êtres pompeux qui l'avait si aisément condamné auparavant. Eliow était partit... il était partit là où on ne pouvait le suivre. Pourquoi se sentait-il si vide, incapable soudain de ressentir quoi que ce soit alors qu'il aurait dû être prostré de douleur. Il flottait, maintenu dans une bulle de silence par l'instant sublimement cruel qui avait joint leur regard une dernière fois avant la fin. Sans véritablement comprendre ce qu'il faisait, il repoussa les elfes guérisseurs, et leur prit leurs outils. Préparer la dépouille mortelle du vampire pour son dernier voyage était tout ce qu'il pouvait faire. C'était son devoir, et sa volonté. De ne laisser le soin de son compagnon à personne d'autre et ce jusqu'au bout, peu importe la douleur ou la peine. Son deuil venait après lui. Après Eliow. Ils ne voyaient en lui qu'un cadavre à présent, comme ils n'avaient vu en lui autrefois qu'un ennemi, une menace puis un allié. De quel droit pourraient-ils s'occuper de lui, ou décider de sa destinée... Ses gestes étaient précis, mais las et doux. Mort ou non, cet homme, cet être, avait été son seul et unique amour, dans toute sa vie, et il ne parvenait pas à se défaire de la douceur qui avait fait leur relation... pas plus qu'il ne le désirait. Il peina en silence, froid et terne comme les cendres d'un feu, uniquement conscient de sa tâche et le nom du vampire tournant au fin fond de son esprit comme une prière. Eliow, Eliow, Eliow.... Mais prier pour quoi ? La vie venait de s'arrêter, tout s'était effondré... Quel sens avait l'existence, lorsque celui qui faisait battre votre cœur vous quittait de façon si abrupte, si cruelle.... Que restait-il des jours plus radieux, où Eliow lui souriait, où sa voix emplissait son esprit de musique et d'amour. Il ne restait rien, rien que la sinistre perte qui le vidait de tout ce qu'il était. Mais il devait s'occuper de lui. Le préparer. Prendre, une dernière fois, soin de lui, avant l'adieu sans retour.
Puis il fut prêt, maintenu en stase, afin que son corps ne se décompose pas, en attendant la cérémonie.... Il semblait presque vivant, mais c'était une illusion encore plus douloureuse que le fait de sa mort. Il fut incapable de rester plus longtemps dans la pièce, et quitta le palais, sans qu'on le retienne, sans qu'on le voit même, à pied. Il s'enfonça lentement dans le bois, sentant instinctivement le besoin d'être seul, loin de tout. La forêt elle-même semblait en deuil, sombre et froide, la vie se dissimulant pour laisser à la mort sa place de maître. Mais que les elfes étaient odieux, à se lamenter ainsi... Il savait, qu'ils étaient plein de bons sentiments, mais il n'était pas assez fort pour leur pardonner. Pas tout de suite. Il avait besoin de solitude, besoin de... de quoi, d'ailleurs. De quoi avait-il besoin alors qu'il mourrait de l'intérieur, perdu dans cette petite bulle de silence qui semblait le bloquer du reste du monde. Un étrange silence, d'ailleurs, qui se poursuivit alors qu'il entrait sur les terres des siens, de son ordre, lieu où il pensait pouvoir vivre son deuil en paix. S'arrêtant au pied du sanctuaire qui était le sien, il leva les yeux vers les pauvres flammes dansantes mais piteuses qui se tendaient vers lui, comme autant de mains cherchant à le saisir. Il mira le fond des flammes, la respiration rapide, erratique, et alors qu'il parvenait enfin à prononcer les mots qui l'avait fuit au chevet d'Eliow, alors....
La douleur explosa. Il avait cru la connaître auparavant, alors que la magie le frappait, alors qu'il cherchait un remède, il avait cru la connaître à un nombre incalculable de reprises... et il avait tord. Tellement tord. C'était au-delà de toute imagination, au-delà du plus énorme des cauchemars. La bulle qui l'avait maintenu calme éclata soudain et son corps tout entier fut assaillit par les sentiments déferlant de son cœur saignant à blanc. Milles poignards le déchirèrent, milles éclats de métal et de glace se plantèrent dans ses nerfs, dans ses poumons, dans son ventre... Il se sentit soudain explosé, porté par un chagrin qui n'était dominé que par celui de Shaynar. Le monde ? Qu'était le monde comparé à l'horrible douleur qui pressait son cœur au point qu'il semblait prêt à éclater d'un instant à l'autre ? Il avait mal, tellement mal, la peine le suffoquait, l'empêchant de respirer. Mais il ne parvenait toujours pas à hurler, à pleurer, tout était retenu en lui, dans son corps prison qui le jugulait et l'empêchait d'incendier la nature toute entière pour qu'elle flambe à l'égale de ses sentiments... Le sang se répendait dans sa bouche, alors qu'il se trouvait à terre, tombé il ne savait comment, se roulant en boule sur le sol meuble et plongeant ses doigts dans la terre plutôt que de les plonger dans sa propre gorge pour s'arracher la trachée. Les yeux fermés plutôt que de voir le monde sans Eliow près de lui.
Prit de spasmes, saisit de borborygmes de sanglots étranglés et secs, il se frappait méthodiquement contre le sol, croulant sous le poids de la souffrance qui explosait dans chaque coin de son corps sans qu'il puisse rien y faire. Il n'était plus rien, plus qu'une chose blessée et perdue dans un vaste monde sans raison ni sens. Il aurait tant voulut exprimer cette tristesse, cette peine... mais il en était incapable, pauvre marionnette aux fils brisés qui ballottait dans la tempête de son esprit dépourvu de raison d'être. Il voulait mourir. Jamais auparavant il n'avait connu pareil souffrance, et elle le tuait. Elle le tuait littéralement. Un cœur brisé, le pire maux de son peuple, et c'était ce qu'il était. Un cœur brisé dont chaque battement expulsait le fluide vital sans merci, au travers de tout ces sentiments qui manquait de lui faire perdre conscience. Il appelait vainement à l'aide, muet et pourtant pleurant et gémissant, il appelait Eliow, Cymbor, Sarash qu'il n'avait vu que sous forme d'oeuf, il appelait tout ceux qui étaient morts injustement, par le caprice d'un destin qui se jouait d'eux tous comme de vulgaires pions pour le plaisir d'un jeu pervers.... et finalement son esprit flamba. Il perdit à demi conscience, alors que la douleur, sublimée par les flammes qui rongeaient soudain sa peau, l'entourait, l'emplissait.
Que c'était-il passé ? Il n'avait pas eut conscience de se jeter dans le puits de feu.... Il sentait les langues chaudes lécher sa peau, la détruire, le consumer totalement... mais il ne mourrait pas. La douleur était toujours présente, centre de son univers comme Eliow l'avait été, mais son esprit sombrait enfin dans l'oubli salvateur qu'il attendait. Il pleurait même si les flammes séchaient immédiatement les gouttes salées, sa voix retrouvée, il pouvait enfin se lamenter comme il l'avait tant désiré, s'arrachant les cheveux, se lacérant, sans que cela le trouble un seul instant. Il n'avait plus de corps véritable, un avec son élément, il n'avait que cette odieuse douleur, ce paroxysme de désespoir qui faisait palpiter son âme comme une marque de fer chauffé à blanc. Il n'était plus que cela, une âme mise à nue dans toute sa tristesse, qui ne souhaitait qu'une chose, aspirait à une seule chose.... rejoindre l'être qui avait allumé le brasier, l'être qui était son début et sa fin, son tout et son rien, l'être qui l'avait ouvert à l'amour véritable, à la haine, à la peur, au monde tout entier, dans sa sauvage crudité. Il voulait le retrouver, entourer son âme fraîche de la sienne brûlante et le serrer, serre et serrer encore, jusqu’à n'être qu'un et un seul avec lui. Eliow ! C'était son cri, son unique mot, en un mode où plus rien n'avait d'importance. Il n'avait plus d'autres mots que cet unique nom, qui voulait tout dire, mais qui ne signifiait soudain plus rien. Eliow était mort, il avait péri... et lui avait si mal, si froid, brûlante glace au cœur de sa tourmente intérieur. Une tâche noire revenait vers le sol au loin, à une vitesse effrayante. Shaynar ? Shaynar certainement... Shaynar le lié d'Eliow, qui avait été lui, sans être lui, une part d'un tout plus grand. Shaynar, seul à présent, seul lui aussi, qui devait souffrir bien davantage encore que lui.
Et soudain, il n'y avait plus de flammes. Le puits était taris, silencieux, froid, et lui regardait le ciel sans un mot, muet à nouveau dans la peine qui serrait sa gorge. Une figure venait vers lui, montée à cheval, et il la reconnue. Il l'observa également, lointain, jusqu'à ce qu'elle arriva près de lui. Je suis désolée, disait-elle, il le savait, mais il ne pouvait répondre, que pouvait-il même répondre... ? Moi aussi ? Cela aurait été mentir. Il n'était pas désolé, il était dévasté. Il ne voulait pas parler. Mais il lui était grès d'être venu. Elle comprenait ce qu'il ressentait, car certainement, elle était à l'écoute de son corps et de la musique qui s'en échappait. Ses yeux ne mentaient pas, il le savait. Elle comprenait. Infiniment. Pourquoi ne pouvait-il pas pleurer maintenant ? Laisse moi t'aider, disait-elle... et il se laissa faire, aussi faible qu'un nouveau né, perdu, alors, sans espoir de vie. Les flammes étaient vives et fortes, passionnées... mais elle avait besoin d'une étincelle pour prendre vie, et d'un combustible pour brûler, hautes et vives. L'amour d'Eliow, et son amour pour lui en retour, avait été ce combustible, et il n'en voulait pas d'autres, au risque de périr. Il ne voulait pas brûler pour un autre, pour qui que ce soit d'autre. A quoi bon ? A quoi bon briller et exister, si les yeux de son compagnon ne le voyait plus, à quoi bon parcourir le monde, si il en pouvait accompagner Eliow et Shaynar, à quoi bon chanter, si il ne l'entendait plus... Les bras faibles comme un souffle de vent l'entourèrent, et il se laissa reposer contre son cœur, l'écoutant doucement battre sans être capable de bouger. C'était finit...
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La Reine accorderait une place privilégiée à son défunt compagnon. Le plus grand honneur, la plus grande reconnaissance possible par leurs peuple. Le dragonnier serait glacé, à l'image des nobles elfiques, et son cocon serait placé, à part, dans le jardin du souvenir, où on lui rendrait hommage jusqu'à la fin des temps. Il avait écouté cette décision avec un calme placide, à demi éteint. Il n'en pensait pas grand chose. Il fallait dire qu'il ne pensait pas à grand chose du tout, depuis.... depuis cet instant. Tout n'était qu'un brouillard à demi opaque qui venait se superposer à la lancinante douleur de son cœur. C'était généreux, et de circonstance, de la part de la dame des bois, que de faire un tel cadeau de départ au premier dragonnier d'Armanda. Mais cela ne le ramènerait pas. Rien ne le pouvait. Il ne s'y faisait pas, que de penser à lui en temps que défunt, à ce dire qu'il ne pouvait plus l'étreindre, ni l'admirer. Ils ne se diraient jamais totalement adieu, car il ne cesserait jamais de l'aimer... mais il devait définitivement quitter la terre des vivants, et le simple fait de devoir assister à la cérémonie le plongeait de nouveau dans la souffrance. D'autant qu'il savait devoir être l'officiant... Le passage d'un mort dans l'au-delà, en terre elfique, ne se faisait pas sans le concours d'un membre de son ordre, et il n'aurait jamais accepté qu'un autre chanteur s'en charge. Il avait bien faillit, mais il ne pouvait pas. Jamais. Comme il l'avait préparé, comme il l'avait veillé... il serait celui qui achèverait de détacher son âme de son corps. Son dernier présent, son seul...peut-être. Mais avant cette cérémonie, il devait retrouver Shaynar, et l'informer. Il avait attendu l'heure fatidique, à la fois trop faible et fragile pour l'affronter, mais également conscient de l'état dans lequel il devait se trouver. Le temps était cependant venu, et il ne se fia qu'à son instinct, pour découvrir où se trouvait le grand dragon. Malgré l'aide de son mentor, il avait toujours du mal à se rapprocher des autres elfes. Quelque chose l'en empêchait encore....
Marchant doucement sur l'herbe, il s'approchait de la forme imposante du dragon désormais sauvage. En lui-même, un air étrange battait, silencieux et pourtant présent, les mots futurs de l'hymne qu'il dédiait déjà à l'amour de sa vie. Il marchait avec précaution, se sentait faible et frêle, et d'autant plus lorsqu'il s'approcha de Shaynar. La créature était magnifique, terrible et majestueuse, et un bref instant, il fut saisit par quelque chose... un sentiment inconnu qui écartait la peine. Alors il le sentit... son esprit touchant le sien, et il frémit, car il était différent. La retenue se sentait également, et il en fut tout d'abord reconnaissant, venant là, bravant quelque chose qu'il en comprenait pas, sans même savoir les forces qui lui restaient. Il se sentit pathétiquement faible, pitoyablement friable, mais il ne recula pas un seul instant. Il avait connut Shaynar depuis qu'il était dragonnet, il l'avait vu grandir, il avait eut l'honneur de converser avec lui, et de voler sur son dos. Et à présent, ils partageaient une peine semblable quoi que différente elle aussi, comme shaynar semblait l'être. Son esprit, au contact de celui du dragon noir, n'était qu'une conscience à vif, qui tenait à peine dans une graine de coriandre. Il en aurait eut honte, en d'autres temps, mais la catatonie passive qui le maintenait debout l'en empêchait. Le feu l'en empêchait, le poussait, quelque soit sa douleur. Il le regarda ouvrir les yeux, et ne put que plonger son regard dans les lacs sanglants de ses yeux où la fournaise s'était tenue. Aveugle. Et pourtant.... il se sentait pesé sur les épaules, quelque chose, une présence, plus formidable que tout ce qu'il avait jamais ressentit, presque aussi, plus ? Formidable que le Dracos lui-même, dans les montagnes, tant elle était proche. Cela venait du grand dragon, mais... pas seulement. Au travers de lui coulait quelque chose qui dépassait les pensées des mortels, même les plus illuminés.
Cloué sur place par cette impression de sagesse millénaire, il se tint, silencieux, face à lui, tremblant doucement. La sensation était unique et terrible, et une partie de lui brûlait de fuir ce regard, cette chose, qui plongeait dans son âme, semblait-il. Il ne fuirait pas. Il ne fuit pas, pas même lorsque l'esprit de Shaynar approcha de nouveau, vint caresser le sien, alors que la vaste galaxie de sa conscience dévoilait un de ses pans au chanteur tétanisé. Sur l'instant, il lui sembla totalement incompréhensible. Le grand noir avait toujours eut un esprit complexe, mais à présent, sans... Eliow.... il était différent, d'une différence fascinante, et terriblement difficile à comprendre, à saisir, comme d'éphémère ailes, pourtant aussi vaste que le monde entier. Il ne fuit pas, il ne recula pas, autant en corps qu'en esprit, lentement, paisiblement, il essaya de comprendre, alors qu'il le serrait doucement dans ses pensées, il tenta de saisir les chuchotis, les mots qui n'avaient pas de sens à son esprit, mais que son âme et son cœur comprenait un peu. Il était infiniment honoré, reconnaissant, par l'immense présent que le dragon offrait. Il ne comprenait pas les murmures, mais ils étaient beaux, d'une beauté non mortelle, d'une beauté qu'il était impossible de saisir, mais qui existait, et le chant de centaines de langages oubliés pinçait sa sensibilité. Il n'avait pas la prétention de comprendre, ni de s'élever au delà de ce qui lui était accessible par la volonté de Shaynar, il laissait au contraire la caresse de l'être, cette étendue ancestrale, le frôler, venait adoucir la douleur de son âme avec une aisance surprenante. Il se laissa pénétrer par ses pensées, calme, ne portant plus aucune peur en lui, si vraiment il en avait eut une.
Doucement, il appuya contre sa conscience avec la sienne, avec légèreté, et écouta, toujours silencieux. Être sensible à la musique, aux mots, il comprit parfaitement l'essence des paroles du dragons, une compréhension sans compréhension, il savait ce qu'il disait, au travers de ces mots d'autres langues... et il se sentit insignifiant, si petit... ce n'était pas de la peur, pas véritablement, c'était juste une conscience si aiguë de sa propre imperfection contre l'esprit ancestral, qu'il fallait la traduire avec un mot mortel pour lui donner une consistance qui toucherait son corps plus que son âme déjà touchée. Il ne s'enfuirait pas, pas même à présent. Il entendit, et il prit le temps de supporter les mots du dragon. Dans une langue mortelle, ils auraient été simples, mais ils prenaient un tel poids à présent. Il ne perdit pas la raison, sans doute parce qu'il était déjà devenu fou, dans cet instant terrifiant où il s'était jeté dans le feu dans une tentative désespérée et vaine de retrouver l'homme qu'il aimait. A présent sans doute comprenait-il, qu'il était devenu fou en cet instant là, mais que la folie était passée. Il ne voulait pas partir, et il comprenait, comprenait ce que voulait Shaynar, et il le lui dit, il ne savait pas si il l'avait traduit en mots, ou en quelque chose de plus, ses sentiments sans doute, car il l'entendit de nouveau.
Il avait eut peur qu'il souffre, non... il l'avait sut souffrir, mais il ne souffrait plus. Ses paroles ne souffraient aucun mensonge. Elles avaient un goûts étrange, plus pur que tout ce qu'il avait jamais entendu. Oui, il était inquiet, il avait vu sa souffrance précédente, et à présent.. ? Il était partit. Mais il ne souffrait pas... et il comprenait pourquoi oui, il savait. Il savait ce qu'était la sensation qui transcendait les douleurs du corps. Il l'avait expérimenté, à un niveau sans doute moindre. La peine, vive comme une blessure sanglante, le pinça de nouveau, écho de la tristesse de l'esprit de Shaynar. Son regard brilla mais les larmes retenues n'avaient plus de saveurs. Il souffrait toujours, de cette douleur délirante, folle, mais aucune manifestation physique ne venait l'atténuer, aucune manifestation physique ne pouvait traduire cette souffrance... c'était tout simplement impossible. Il ne voulait pas pleurer, car les larmes elles-même auraient été une insulte à sa douleur. Il ne cacha rien à Shaynar, n'avait aucune raison de le faire. À cœur ouvert, il capta la douleur du dragon, distante, mais pas moins présente.
De nouveau, ses paroles l'emplirent, et il sut qu'il avait raison, même si l'idée de guérir lui était étrangère. Il le regarda se lever, minuscule comparé à lui et soudain, l'ampleur du choix face à lui le frappant soudain. Il resta un instant silencieux. Durant toutes ses journées et ses nuits depuis... sa mort... il avait été muet, refusant de parler, refusant de chanter, refusant même tout son autour de lui. Seul le silence avait traduit la profondeur de sa peine. Pourtant lorsqu'il ouvrit sans hésitation son esprit à Shaynar, lorsqu'il le pressa avec douceur contre le sien, non intrusif, mais volontaire, prêt, il essaya, de parler, de 'exprimer, même si c'était d'une voix mentale, même par ces notes qui faisaient tout son être, il parla.
< Shaynar > Il ne voulait pas le quitter. Peu importe les conséquences, peu importe tout le reste, il était prêt oui, prêt à ne jamais l'abandonner, à plonger dans son esprit, à voir.... Il guérirait ses yeux, mais avant cela, il vivrait ce moment unique. < Mon esprit est ouvert, permet moi de rejoindre le tien, emplis moi > Il plongeait son regard dans ses yeux, et il demandait, humblement, parce qu'il ne pouvait en être autrement. < Je ne fuirais jamais ton être, ami, ni ce choix qui se présente devant moi. Ce qui était sera de nouveau >
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| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Dim 14 Avr 2013 - 19:18 | |
| Il comprenait... Non, ce n'était pas le bon mot, aussi sage qu'il soit Merithyn n'était pas un ancestral et ne pouvait donc pas comprendre tout à fait ce qu'il se passait à cet instant et ce qu'était vraiment devenu Shaynar. Mais il supportait, il acceptait ce changement comme le dragon noir avait accepté le changement qui s'était opéré en lui avant la mort d'Eliow. Il ne reculait pas devant le contact, il ne cherchait pas non plus à se plonger plus dans la mémoire ancestrale comme Shaynar savait que certains bipèdes plus fous que les autres l'avaient fait, perdant l'esprit dans cette entreprise. Non, il se contentait de rester là, de recevoir et d'accepter sereinement ce qu'on lui offrait. Shaynar l'aima pour cela. Ils partagèrent ces instants hors de tout, inconscient du temps qui coulait sur eux comme une eau claire. Leur douleur commune les liaient comme jamais ils n'avaient été liés, bien sur cela n'avait rien à voir avec ce qu'ils avaient pu partager tout deux avec Eliow mais ils se rapprochaient, le vampire défunt était comme un pont entre eux, comme une présence bienveillante qui encourageait cet échange et qui s'en réjouissait. Oui... Eliow aurait aimé cet instant, et cette idée mit du baume au coeur de l'ancestral. Il la partagea avec Merithyn sans user pour cela du moindre mot et ils se réjouirent ensembles. Enfin et après un temps infini qui n'était pourtant rien pour le dragon Merithyn s'adressa à lui. Son nom... Il résonna étrangement dans leurs esprits réunis et le dragon le goûta non sans une certaine curiosité avant de l'accepter comme étant le sien. Il lui semblait ne pas l'avoir entendu dans cette langue-ci depuis une éternité, pourtant c'était bien le sien.
< Mon esprit est ouvert, permet moi de rejoindre le tien, emplis moi >
Cette demande le déconcerta, le troublant au plus au point et il prit le temps d'en savourer toute la teneur avant de seulement commencer à réfléchir à la réponse qu'il donnerait. Ce que le chanteur lui demandait était incongru, impensable même pour un dragon en particulier sauvage. Il voulait un échange total, un instant de grace où les deux êtres ne feraient plus qu'un sans la moindre réserve, sans la plus petite parcelle d'esprit ou d'âme qui ne serait pas partagé. Ces instants étaient rarissimes entre un dragon et son dragonnier et n'étaient absolument jamais vécus par un dragon sauvage. L'elfe y survivrait-il ? Même si c'était le cas il y avait de forte chance que l'expérience le change irrémédiablement. Et Shaynar le souhaitait-il de son côté ? Il ne le savait pas trop, il n'était pas sur d'avoir envie d'un tel échange si tôt, ni jamais même. Son esprit autrefois ouvert à tout vent parce qu'il ne connaissait rien d'autre était à présent un sanctuaire, désormais qu'il ne le partageait plus avec Eliow il ne savais plus si il voulait encore le partager avec qui que ce soit. Bien sur il avait effleuré celui de Merithyn à l'instant et il en effleurerait encore bien d'autre ne serait-ce que pour communiquer, mais il n'agissait plus d'un effleurement là. Quelle décision prendre ? Plus que tout ce fut la suite de la conversation qui le décida :
< Je ne fuirais jamais ton être, ami, ni ce choix qui se présente devant moi. Ce qui était sera de nouveau >
Shaynar avait toujours été un être instinctif, comme tout dragon d'ailleurs mais chez lui ce trait de caractère atteignait quasiment un paroxysme. Désormais qu'il était entièrement et irrédiablement ancestral il se fiait encore plus à cet instinct, il dictait chacun de ses actes et il dicta aussi celui là, il lui souffla que c'était ce qu'il fallait faire même si son cerveau lui hurlait le contraire, un besoin impérieux et irrépressible d'agir sans prendre garde aux conséquences s'empara de lui et il bloqua son la question qui s'était formée dans son esprit, alors même qu'il allait lui demander si c'était bien ce qu'il souhaitait il changea d'avis et s'ouvrit brusquement, en un instant il fut un gouffre.
"Vois, puisque c'est ton choix."
Ils tombèrent ensembles, liés de façon inextricable. Il n'y avait plus de Merithyn, il n'y avait plus de Shaynar, il n'y avait plus qu'une entité gigantesque et qui ne pouvait en aucun cas se séparer. Leur chute fut vertigineuse, bien plus vertigineuse que la descente qu'avait accompli le dragon noir lorsqu'il avait renoncé à atteindre le soleil. Les barrières tombèrent l'une après l'autre dans un fracas terrifiant, les compartiments de leurs esprits se fondirent en un seul jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que deux âmes totalement soudées. Le dragon s'ouvrit encore, absorbant avec voracité toutes les connaissances et toute la vie du baptistrel de la plus insignifiante à la plus élémentaire, dans le même temps il lui offrait les siennes, de ce jour jusqu'à son éclosion et encore plus loin, d'une génération à l'autre ils revécurent les périgrinations de sa race jusqu'à aussi loin que sa mémoire ancestrale pouvait se rappeler. Ils ne comprirent pas tout, Shaynar resta perplexe devant les méandres des secrets Baptistrels et Merithyn devait certainement voguer aux abords de la folie face à l'immensité de la mémoire ancestrale des dragons mais malgré tout ils absorbèrent, incapables de faire autrement de toutes manières, le processus n'étant pas reversible. Ils se lièrent de plus en plus férocement, alors même qu'ils pensaient êtres arrivés au bout de cette étrange expérience ils comprenaient que ce n'était pas terminé et leurs âmes s'approchaient encore, se mêlaient jusqu'à ne plus exister, ils n'étaient plus rien et ils étaient tout, ils étaient le monde. Ensembles ils voguèrent sur la magie que Shaynar déversait à chaque instant sur Armanda, ils touchèrent au plus juste ce qu'il était vraiment, ils comprirent à quel point les dragons pouvaient êtres vitaux pour ce monde, pendant une seconde ils eurent la vision terrifiante ce qu'aurait été Armanda sans le sacrifice du Dracos. Shaynar renacla devant cette image et forma une pensée :
"Vois ! Vois ce que nous sommes, ce dont je suis responsable. Je ne pouvais pas mourir avec Eliow, je ne pouvais pas le suivre et il l'a comprit avant moi. Je suis le premier né, si je ne porte la magie qui le fera ?"
C'est alors qu'ils les virent, tous... Les nouveaux dragons d'Armanda, Sarash la terrible dragonne rouge qui avait été la première à faillir. Cymbor le digne dragon blanc qui n'avait pu faire autrement que laisser son frère noir seul, et les autres... Moëbius, Atalos, Silareae, Isyndar, Trissi et pour finir Ashy. Ils étaient forts, de dignes dragons capables de réveiller l'esprit ancestral mais pourtant ils étaient bien seuls, bien peu nombreux sur cette terre et il y avait tant à faire... Malgré tout le désir que cette idée pouvait lui inspirer Shaynar ne pouvait partir, il n'en avait pas le droit et cette idée le rendait serein. Il n'avait pas trahit son dragonnier, il était simplement appelé à une tâche immense. C'était là son secret, c'était ce qui lui avait permi de vivre malgré la mort d'Eliow, et c'était ce qui lui avait ouvert pour de bon les portes de sa mémoire Ancestrale.
"Ma tâche est immense, et les conséquence de mon échec seraient terribles. Je n'y parviendrai pas seul... Dracos me pardonne chanteur, mais même si cela doit te détruire j'ai besoin de toi à mes côtés. Je ne te laisserai pas t'en aller..."
Il l'expulsa alors avec une force terrible, déchirant leurs deux esprits afin de renvoyer celui de Merithyn dans son propre corps. Ce faisant bien sur il ne pouvait agir sans provoquer de dégât et une partie de l'âme du baptistrel resta en lui, de toutes manières il avait été touché bien trop profondément par l'esprit du dragon pour s'en tirer facilement, désormais ils étaient liés mais pas à la façon d'un dragon et de son dragonnier non... Ils étaient liés autrement, pas moins et pas plus profondément mais d'une façon totalement différente. Quelles seraient les implications de cet état de fait ? Shaynar lui-même l'ignorait, sa mémoire ancestral lui soufflait qu'une telle chose n'avait jamais existé ni sur ce monde ni dans aucun autre. Ce qui était certains c'est qu'à présent ils partageaient quelque chose d'indéfinissable, quelque chose qui rendrait toute séparation difficile, voir impossible. Leurs destins étaient liés,
Reculant d'un pas il le fixa de ses yeux aveugles, hésitant un instant à demander le pardon pour ce qu'il venait d'accomplir et comprenant que ce n'était pas nécessaire. Merithyn avait voulu cela autant que lui, il était tout aussi responsable. Aucun mot n'était plus nécessaire :
"Allons lui dire au revoir, c'est le moins que nous puissions faire. Ensuite chanteur, tu me rendra ma vue et nous partirons, ensembles."
Il ne lui demandait pas son avis, il ne faisait qu'annoncer un fait inéluctable. Ils allaient marcher ensembles, voler tous les deux afin de prendre part à cette guerre absurde non pas parce qu'ils le désiraient mais bien parce que c'était nécessaire. Le peuple draconique ne pourrait voir véritablement le jour tant qu'elle durerait, et même si son nom n'avait été à aucun moment évoqué l'image du vampire responsable de tout ces malheurs flottait entre eux, lui aussi s'opposait de toute sa puissance à la véritable renaissance des Ancestraux. Quand aux petits dragons qui vivaient par ce monde, ils avaient encore bien des choses à apprendre avant de croiser la route de Shaynar le premier né mais lorsque cela arriverait il se faisait la ferme promesse de parvenir à tous les remettre dans le droit chemin. Ensembles, ils y parviendraient.
"Pas par ici baptistrel, par là."
Son ton mental était amusé, il ne doutait pas que l'idée de monter sur le dos d'un dragon aveugle devait être particulièrement incongrue, voir inquiétante mais Merithyn comprendrait très vite que désormais il n'avait plus une seule mais bien deux visions. Il voyait à travers ses yeux aussi clairement qu'à travers les rubis qui avaient été les siens. Il était l'elfe, et l'elfe était lui, c'est ensembles qu'ils voleraient jusqu'à Eliow et c'est à travers leurs sens réunis qu'ils lui rendraient un dernier hommage. Ils décollèrent sans se préoccuper de la surprise totale qu'ils allaient provoquer chez les elfes en arrivant de cette façon...
Dernière édition par Shaynar le Sam 27 Avr 2013 - 13:35, édité 1 fois |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Dim 14 Avr 2013 - 21:28 | |
| Ses premiers mots depuis des jours, difficiles, patauds, qui lui semblaient presque étrangers, mais qui portaient, dans le ton, et bien qu'imparfait, tout ce qu'il ressentait. Ils étaient pour Shaynar, car ils étaient nés par lui, grâce à lui. Il s'en rendait doucement compte, même si la réalisation complète serait bien plus longue.... mais il le comprendrait au bout du compte, si il n'était venu vers le grand dragon, il serait resté muet à tout jamais. Parce que les mots étaient son art et sa raison de vivre, et parce qu'ils l'avaient abandonné au moment le plus critique, il avait perdu sa foi en eux. Mais comme un souvenir ne s'efface véritablement jamais, sa parole lui revenait et son amour d'elle dans le même mouvement. Pas pour rien cependant, car il se forçait pour communiquer avec celui qui portait à présent tout ce qu'il avait dédié à Eliow. Oh, ce n'était pas l'amour tel que deux mortels pouvaient le vivre, mais il aimait le dragon noir à sa façon, et ne souhaitait que pouvoir... quoi d'ailleurs ? Partager son coté, l'entendre, le vivre... oui le vivre. Qu'est ce qui le poussait à parler ainsi, à agir ? Il comprenait la portée de ses mots, ce qu'ils représentaient, l'audace que cela demandait, mais il ne les regrettaient pas un seul instant. Il devait le dire, c'était ce qu'il devait dire, de cela il était certain, aussi certain que de la course du soleil et de la lune dans le ciel.
Le Merithyn qui était sortit des bois voilà trois ans aurait été troublé, mais il aurait également agit différemment à bien des égards... Il avait changé, et il semblait que tout ces changements ne s'étaient effectués que dans la préparation de cet unique échange. Mais sans Eliow, sans aucun doute, cela n'aurait pas été possible. Shaynar avait raison en cela. Et cela aussi s'imposa à lui comme une vérité absolue. Ainsi, elles existaient... des vérités impossibles à refuser. Et pourquoi l'aurait-il fait ? Il s'agissait d'Eliow après tout. Il n'avait pas besoin d'être désespéré pour croire qu'il aurait aimé leurs échange. Dans la douleur, l'idée de son sourire lui fit, un moment, un bien infini. Un bien qui vint sans nul doute étayer sa certitude de faire ce qui devait être fait. Il pouvait entrevoir ce que pensait Shaynar, une infime partie, car son esprit était singulier, si différent du sien. Mais il s'était ouvert, et il ne recherchait rien, ne forçait rien... il attendait, certain, et prêt à supporter une réponse positive comme négative. Et il comptait bien, si on lui octroyait sa demande, survivre. Que son amour lui donne la force dont il manquait, il survivrait et porterait tout cela de tout son être. Il parlait, après son long silence, et il parlait vrais, avec autant de détermination et de certitude que la magie qui l’enchaînait le lui offrait. Il ne fuirait jamais Shaynar, aussi différent et sauvage qu'il était, ou peut-être en raison de ces changements... Il l'observait, le temps de la parole achevé, et attendait, ne pressant nullement le grand dragon. L'elfe ne tremblait plus, mais il ne s'en rendit qu'à peine compte, tant il était concentré, à nouveau isolé du reste du monde, dans cette bulle d'expectative délicate, fine membrane de patience et de douceur, de respect pour cette créature à nulle autre pareil.
Merithyn était un être de devoir, mais surtout d'altruisme profond, de d'abandon de soit... Il vivait, et avait toujours vécu pour aider les autres, sans rien demander pour lui même, en dehors d'une oreille pour ses chansons. Quand on l'avait envoyé chercher l'oeuf de Cymbor, il avait comme n'importe quel autre, espéré être choisit, mais l'oeuf n'avait pas éclot, et il avait comprit qu'il n'était pas fait pour cela. Il avait sa propre mission, et plus jamais l'espérance d'être lié de cette manière à un dragon ne l'avait effleuré. Huit œufs, il en avait touché huit, mais aucun ne lui était destiné, et cela ne le dérangeait pas plus que d'être rejeté par son peuple. Il avait toujours été reconnaissant et heureux des présents du monde à son égard. L'amour d'Eliow, l'amitié de Shaynar... il les avait chéris de tout son être. Et aujourd'hui il avait élevé la voix pour demander, car il savait que c'était ce qu'il voulait au plus profond de lui, ce à quoi il aspirait, non comme une toquade passagère d'enfant mais comme la seule demande à laquelle il pouvait donner corps, quel qu’en soit le prix. Il attendait la réponse, et celle-ci, lorsqu'elle vint, apporta également un choc.
Le choc immense de la chute de son esprit dans celui de Shaynar, comme une abysse immense qui l'entraînait vers le bas... Mais il ne tombait pas seul. Seul ? Non ce n'était même pas cela... Aucun esprit ne pourrait transcrire les sensations qui l'envahirent, la connaissance qui noya soudain son esprit alors que son être et celui de Shaynar fusionnaient. Le raz-de-marée broya la résistance instinctive qu'il avait eut comme une main humaine broyant une simple feuille, effaçant toute l'arborescence, les différences, tout... la descente était éprouvante, infinie, alors que leurs êtres se soudaient en un. Ça faisait mal, mais c'était tellement différent de la douleur qui avait faillit le tuer... et il accueillit cette douleur, il s'ouvrit, en sentant le dragon s'ouvrir également, il étira au maximum son être, ne luttant pas contre le courant qui le traînait vers le bas, il s'enfonçait au contraire dedans, aidant la lame de fond à se répendre en eux. L'instant n'était pas à l'hésitation, il avait voulut cette union, et il l'embrassait malgré l'étroitesse qui caractérisait l'esprit de mortel qu'il avait.
En compagnie de Shaynar, il vécut les existences des dragons de jadis, ces géants de feu et d'air à la magnificence sans égale. La folie, cette compagne toute de mauve vêtue, vint caresser son esprit, alors qu'il était témoin de choses qui n'avaient aucun sens pour sa compréhension. Mais il ne la repoussa pas, pas plus qu'il ne l'accepta. Il ne pouvait que la vivre, devant la profondeur, l'ampleur cataclysmique de ce qu'était ce partage transcendant. C'était tellement immense, impossible à absorber, pourtant il le fit, et il sentit son esprit se déchirer lentement, se disloquer sous l'impact de ce qu'il voyait, mais il ne se brisa pas pour autant, et se jeta encore davantage dans celui du dragon, animer soudain de la fureur des flammes qui l'habitait, refusant de se laisser annihiler par cette union, l'étirant... la descente n'avait pas de fin, mais il n'en voulait pas pour l'instant, il voulait l'âme contre la sienne, proche et lointaine, et, bataillant pour rejoindre les flammes pures du dragon noir, il le sentit s'approcher encore, encore...
Un nouveau choc, lors qu’enfin il rejoignait une source plus grande que la sienne, et qu'il disparaissait dedans, tout en l'absorbant... mais il n'y avait pas que des flammes, il y avait bien autre chose, l'immensité, Armanda toute entière. Était-ce de l'euphorie, ou de la folie, qui le saisit alors qu'il sentait la magie, la sentait au travers de lui, partant du nexus qu'était Shaynar et voguant dans le reste du monde comme une nef invincible, inébranlable. Mais au delà, c'était l'inconscient. Ce qu'il découvrit là n'avait pas plus de mot que de pensées, que de sentiments humains, elfiques ou vampiriques, car cela ne pouvait être résumé par de si faibles caractéristiques. Ses sentiments même n'étaient pas des sentiments, et pourtant il eut peur, il fut triste, mais pas d'une tristesse mortelle, de cette terrible sensation de destin qu'il avait déjà ressentit, le destin oscillant sur le fil clair de l'épée du néant. Il entendit Shaynar, et il ne put qu'abonder en son sens. Ils n'y avaient aucun faux semblant ici, leurs paroles avait le poids du monde entier.
< Personne >
Personne ne pourrait porter la magie, si le dragon noir ne le faisait pas. Les autres dragons avaient grossit le flot, mais c'était lui qui l'avait fait renaître, qui avait créer le flot que le Dracos avait conservé par son sacrifice. Si Shaynar n'était plus là... alors les autres ne pourraient que faillir. Ils étaient là, prit dans la tourmente de la guerre des mortels, nexus et étoiles de vie et de magie, porteurs d'espoir qui souffraient et mourraient pour la folie des créatures qui prétendaient penser. Il les vit, comme lui, et à leur image se superposait celles d'autres. Sarash et son dragonnier, morts par la haine de quelques hommes, Cymbor, abattus par le terrible alors qu'il protégeait Lyroe, pauvre Lyroe ! Seule au monde, seule et aussi souffrante que Shaynar, elle avait faillit, mais elle n'était pas responsable. Et les autres, ceux dont il avait tenu les œufs entre ses mains, qu'il avait répartit entre les deux camps.... Moebius, Silarae, Isyndar, Atalos, Trissi, Ashy... liés à des elfes, des vampires, des hommes, est-ce que le moindre d'entre eux comprenait véritablement ce qui se passait là ? Ces dragons étaient l'espoir, ils étaient vivants, vifs, puissants, de dignes dragons, par les mots mêmes de Shaynar, et pourtant, cette flamme d'espoir s'éteindrait dans leur folie à tous si rien n'était fait. Comment pouvait on en arriver là...
Sa voix mentale le sortit des pensées qui flottaient près de lui, et il n'eut pas le temps de lui répondre, avant qu'une terrible douleur ne le saisisse. Il aurait voulut crier, et peut-être l'avait-il fait, il ne savait pas, tout son être concentré sur la terrible déchirure de son esprit. Non pas son esprit... c'était plus profond, c'était son âme qui s'effilochait. La déchirure qu'il avait sentit, que les flammes avaient un instant effacé afin de lui permettre de survivre, elle était pourtant bien là, et tandis qu'il réintégrait son corps avec violence, il fut prit d'une terrible sensation de vide. Son âme, coupée en deux, pulsait contre son esprit, et ailleurs, en une sensation déroutante... Il sentait Shaynar, confusément.
Mais c'était tout son esprit qui était confus, et il mit quelques minutes à se remettre d'aplomb après l'intensité de ce qui venait de ce passer. Il avait mal, mais il ne se concentrait pas sur la douleur, alors qu'il relevait les yeux pour les poser dans ceux, sanglant, du grand dragon noir. Il comprenait ce qui venait de se passer, comprenait comment, et pourtant la nature même de ce qui existait là, entre eux, lui échappait encore. Les paroles qu'il avait entendu avant de retourner à son corps lui revirent, et il aurait voulut lui assurer qu'il ne le laisserait jamais, que jamais il ne quitterait son coté, qu'il offrirait toute l'aide qu'il pouvait...afin que la grande tâche qui attendait Shaynar s'accomplisse. Il n'envisageait pas la défaite, car ce serait la fin pour tout et tous. Il ne pouvait faillir. C'était impossible. Et lui ? Il avait sa réponse, et une réponse qui mettait à mal ce qu'un autre lui avait dit. Sa voie n'était pas mauvaise, il n'était pas aveuglé... la violence, la haine la mort, c'était un cercle vicieux. Ce serait une mort ou aucune. Celle de celui qui causait cette folie.... mais pas pour l'instant.
<Oui, nous devons lui dire au revoir >
Au revoir mais non adieu. Ils se reverraient, un jour. D'une manière ou d'une autre, et malgré la douleur bien présente, malgré tout... il aimait Eliow, et il vivrait dans leurs cœurs, à défaut de la mémoire du reste du monde. Ils ne pouvaient rester plus longtemps que nécessaire, du travail attendait, un travail immense. Et le premier pas serait de lui rendre la vue... le tour de force ne lui faisait pas peur, mais il connaissait néanmoins la délicatesse de l'action, si proche d'un changement majeur chez le sujet. Mais ce n'était en réalité qu'un détail, après ce qu'il venait de vivre. C'était la guerre, qui préoccupait son esprit davantage, et ce qu'il serait nécessaire d'accomplir... Ils avaient la même idée, le même nom en tête, et si il fut un temps ou le chanteur avait la clémence d'un vent de printemps, il ne pouvait, désormais, ignorer le péril qu'il représentait. Le salut d'un seul, ou de tout Armanda, au travers de la renaissance des dragons, le chois se faisait rapidement.... et si c'était un choix qui lui coûtait, il ne pouvait faire autrement.
Perdu dans ses pensées, il avait commencé à prendre le chemin de la cérémonie à pied, et se figea, surpris, lorsque Shaynar le détrompa. Il cligna des yeux, le regarda, une question silencieuse en tête, car oui, l'idée de voler avec lui alors qu'il était aveugle le déconcertait. Il avait put voir son âme et son esprit mais là... là c'était différent. Aussi différent qu'eux à présent, qui n'entraient dans aucun critère de la nouvelle Armanda. Ils étaient liés... et c'était toute l'assurance dont il avait besoin. Il grimpa sur son dos avec légèreté, ne pesant rien ou presque, et s'accrocha à l'un de ses piques, s'installant et se bloquant contre les larges écailles sans trop de problème grâce à sa petite taille. Bien accroché, il sentit Shaynar décoller et l'air lui fouetta le visage. A nouveau silencieux, il garda le regard rivé vers leurs objectif, n'ayant l'esprit qu'à eux trois, Eliow, Shaynar, et lui.
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| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Jeu 18 Avr 2013 - 13:12 | |
| Un chant d'ouverture résonna dans le lointain. Le crépuscule avait enveloppé le grand bois d'un fin voile grisé, estompant légèrement les formes encore endormie du matin. Le soleil ne viendrait pas en cette bien triste journée. Comme si l'astre céleste accordait son adieu.
Le pays elfique, Lyroë l'avait quitté il y a un an, ou plus. Elle ne le savait plus vraiment. Il fallait dire que le temps est une notion un peu étrange au pays elfique. Il glissait sur leur peuple sans laisser la moindre trace de son passage. Et pourtant, il était là. Il avançait laissant Armanda en proie à un destin bien étrange. Tout ce dont se souvenait l'archère, c'est qu'à son départ, l'impératrice elle-même était venue leur apporter ses meilleurs mots et l'espoir que les esprits veillent sur la dragonnière et sur son lié et qu'ils reviennent avec les œufs de dragon que le Dracos leur avait fait parvenir en songe. Les choses n'avaient pas vraiment fonctionné comme les protagonistes de l'île de neige l'avaient décidé. Et sur les cinq vies présentes, deux étaient parties à tout jamais rejoindre l'esprit du Dracos tout puissant et les trois autres étaient marqués à jamais par le perte d'une partie de leurs âmes. Et pourtant Lyroë ne s'était jamais senti autant en vie. Son retour est synonyme de peine, car la perte d'un dragon est une tragédie. Celle d'un dragonnier tout autant. Il ne lui restait plus que ses souvenirs et ses regrets.
Lyroë emprunta un petit chemin discret qui conduisait au Jardin des Souvenirs. En s'enfonçant dans les bois, la jeune femme entendit plus distinctement au fur à mesure de ses pas, les chants d'adieux des Baptistrels. Une fois passée sous l'arche de pierre ornées de lierre fleuris et de mûriers, Lyroë put remarquer que de nombreux elfes étaient déjà présents. Leurs grandes et fines silhouettes, avançait vers le fond du jardin, à pas lent sous la douce mélodie qui remplaçait l'habituel chant des oiseaux. Moins joyeux, plus poignant, chaque son était un déchirement du cœur. Et pourtant, on y chantait la vie du défunt.
Cette partie du jardin était habituellement gardée et protégée par un elfe dont la fonction sacré est de veiller sur les âmes des elfes partis pour le voyage vers le pays des esprits. Aujourd'hui, il se faisait discret, et acceptait la présence de ces elfes venue dire au revoir à celui qui sera le premier non elfe à reposer en ce lieu sacré. La dragonnière passa devant lui, sans oser le regarder. Il était synonyme de repos éternelle. L'elfe ne se sentait pas encore prête à assumer son rôle en ce jour gris. Des statues gelées des morts de haut rang, des elfes d'un autre temps, qui régnaient auprès des esprits étaient mis en scène, comme figé dans un temps au delà de tout vie armandéenne. Non loin d'un arbre au tronc prédominant, le premier dragonnier d'Armanda, depuis de nombreuses années, trônait tel un dignitaire elfique dans un sommeil éternel. Un honneur pour les elfes, une première. Il semblait dormir, en paix. Lyroë avait l'impression qu'il allait se réveiller bientôt et que Shaynar bondirait près de lui menaçant l'elfe. Le vampire le tempérant, et elle, cherchant à montrer la suprématie elfique. Mery, son ami d'enfance, lié de façon trop étroite au vampire, au milieu, le premier à montrer à Lyroë que le monde ne se bornait pas aux elfes. Tout ceci était finit maintenant. Des premiers dragonniers, il ne restait plus qu'elle. Et Shaynar, le lié noir, le seul dragon de cette première génération maudite. Tous deux orphelins.
La longue litanie du chanteur ne fit plus au doute quand à qui chantait. Merithyn , son ami, son frère que la vie avait éloigné d'elle. Leurs sentiments différents, l'esprit borné de l'archère, le chant sincère du Baptistrel. Mais aujourd'hui, tout avait changé dans les yeux de Lyroë. Mais était-ce trop tard ? Elle avait envie de lui crier qu'elle s'en voulait, qu'elle aurait dû lui faire confiance. Qu'au delà des différentes races d'Armanda, Lyroë aurait du prendre conscience bien avant du lien indéfectible qui la liait à Eliow. Leur statut.
Elle s'approcha doucement, plus près du cercueil de glace, où de nombreuses offrandes fleuries avaient été déposées autour. Des sculptures de fleurs, de feuilles et végétation enlacés entre eux, dans une harmonie de mouvements figés. Lyroë put voir plus distinctement ses traits tels qui étaient la dernière fois qu'il s'était vu. Même pas atténué par la maladie. Les elfes du culte de la vie d'après l'avait ramené à l'apogée de sa vie, si on pouvait dire cela pour un vampire. Faisant face à Merithin, chantant, et à un Shaynar digne, malgré la douleur qu'il pouvait ressentir. La dragonnière la connaissait bien. Ce lien rompu. L'esprit qui s'égare ne sachant à quoi se rattacher. Cette sensation de perdre pied dans un tourbillon sans fin. La folie guettant au détour d'un chemin. Mais si elle avait réussi à surmonter cela, il ne fallait pas s'inquiéter pour le dragon noir. Il était la force même.
Le chant d'ouverture se tut dans le murmure de la foret environnante, l'archère regarda son ami, dans un regard silencieux et presque pudique. Lyroë se souvint qu'ensuite les Baptistrels entonneraient un chant pour guider le défunt vers l'esprit de la mort. Pour le confier à lui et veiller sur son âme et son corps dans ce nouveau voyage vers la vie éternelle. Les mots changeraient peut être, car aujourd'hui l'elfe avait les dents longues. Même si, ici, personne ne se préoccupait de ce détails. Les elfes venaient enterrer un des leurs. Ce peuple si frileux au changement venaient d'avancer de plusieurs siècles en l'accueillant en son sanctuaire sacré. Le chant sacré fut accompagné par un inclinement des protagonistes présents, en signe de respect à celui qui part pour un long voyage.
Lorsque la jeune femme se releva, ses yeux étaient embrumés de larmes discrète qu'elle chercha plus que tout à ne pas montrer. Elle ne voulait pas être faible en cet instant. Au fond de son cœur, elle demanda à Eliow de retrouver Cymbor et de veiller sur lui, comme elle veillerait sur son lié noir. Le poing sur son cœur, elle lui en fit la promesse. De le protéger lui et les autres. Et de faire taire celui qui a apporter tant de désolation.
Le chant se tut. Il était tant pour les proches d'apporter leurs derniers au revoir. Lyroë se trouvant devant s'approcha la première, et s'agenouilla devant lui, contrairement à la tradition où l'on touche la statue, renforçant la glace présente. Dernière offrande pour le départ. Mais là, non. Elle lui devait plus qu'une dernière offrande. Elle se mit à chanter doucement, un vieux chant appris par sa mère.
« - Quelqu'un qui part sans faire de bruit, partant comme tu le fais, D'une vie sans dessus dessous, révélant pourquoi tu le fais Quelque chose n'a pas été trouvé, nous n'avons pas trouvé ce que c'était, Mais l'espoir vit et ce temps on ne te l'a pas donné. C'est quelque chose que tu ne peux dire, mais c'est quelque chose que tu as fait Sans raisons, sans mensonges. Quelqu'un qui ne pensait pas à ça, Quelqu'un à qui tu manques Quelqu'un qui n'a pas entendu parler de toi, Et de toute ses choses que tu as faites, Quelqu'un à qui tu manques... »
Puis l'archère déposa aux pieds de la statue une de ses flèches, brisée, enterrant peut être que trop tard leurs querelles infertiles. Mais qu'importe. C'était l'hommage de la dragonnière au dragonnier qu'était le vampire. Mais aussi la promesse qu'à partir de maintenant, l'union de cette caste autrefois éteinte avait un avenir tant qu'elle se tiendrait là pour empêcher aux autres de faire la même erreur qu'elle. Elle se releva et fit face au dragon. De ses yeux brillants, elle s'adressa à lui, la voix serrée.
« - Noble dragon, que tu me crois ou pas, ton dragonnier comptait à mes yeux, qu'il a su ouvrir avec délicatesse malgré toute la violence que j'ai pu offrir à son égard. Si un jour, je deviens aussi noble de cœur qu'il a pu être, je pourrai quitter le monde des vivants sans aucun regret. »
Elle s'inclina à son tour devant Shaynar. Elle lui parlerait plus tard, de son désir d'unir les dragonniers et de combattre le vampire noir et l'aide qu'elle avait besoin auprès de lui. Pour le moment, seuls ses remords et sa tristesse prenaient place dans son esprit.
[Hj: le chant rend moins bien en français qu'en anglais, quand à une traduction elfique ^^'. En espérant que ça aille. Si non, je peux éditer.]
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| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Ven 19 Avr 2013 - 22:10 | |
| Nalaïa Melanwan arpentait les routes du royaume humain lorsqu'elle sentit au fond d'elle qu'elle devait se rendre au royaume des Elfes. Cela faisait déjà plusieurs années que la guerrière rousse avait quitté sa dorêt natale en compagnie de ses défunts parents. Si elle avait eu conscience quelque peu du temps qui s'était écoulée depuis son entrée dans l'armée de Gloria la Magnifique, c'était parce que le chevalier des Larmes avait vu ce temps marquer le visage de son mentor et ami, Fiztéring, de rides et de blanchir ses cheveux d'or.
La jeune Elfe se dirigea vers l'ouest d'un pas hésitant. Un sentiment inconnu lui serrait le ventre, si bien qu'elle doutait de sa décision. *Que diront les miens si je reviens parmi eux à cet instant, moi qui me suis alliée aux humains? Que penseront-ils de mon choix et de ce que je suis devenue?* pensa-t-elle. Ses questions vinrent la hanter pendant toute la durée de son périple. Nalaïa préféra éviter les villes et villages pour poursuivre en paix sa réflexion. Un soir, alors qu'elle n'était plus très loin des vieux bois où elle avait vécu près de deux cents années, l'être sylvestre marqua une pause. Elle s'assit sous un vieux chêne et réfléchit pendant de très longues minutes. Les genoux dans ses bras et sa tête posée sur ceux-ci, elle demeura ainsi, perdue dans ses pensées. D'un autre côté, si elle ne se joignait pas à eux maintenant, quand aurait-elle la force de renouer les liens avec ses semblables, ces liens qui lui manquaient tant? Peut-être jamais. Cette réponse formulée dans son esprit, sonna comme une évidence, un coup du sort. Après cette importante méditation, l'Elfe aux yeux d'émeraude se releva et, déterminée, elle reprit la route du royaume elfique.
Lorsque le chevalier des Larmes pénétra dans la forêt des Elfes, le soleil venait à peine d'apparaitre à l'horizon, masqué par des nuages sombres, tachant de sang le paysage. Les bruits qui parvenaient aux oreilles attentives de Nalaïa firent se réveiller en elle des sensations qu'elle avait "oubliées", comme si sa nature elfique s'était endormie pendant son séjour chez les humains. Elle se sentit revivre. Heureuse, elle ralentit son allure pour profiter de chaque chose que lui offrait la nature environnante. Elle laissa les quelques rayons solaires réchauffer sa peau hâlée, le chant des oiseaux bercer ses pas et le parfum délicat des fleurs emplir son nez. Soudain, le soleil disparut complètement et les oiseaux laissèrent place à un chant chargé de tristesse. A l'instant même où les premiers mots parvinrent aux oreilles de la guerrière aux cheveux de feu, elle comprit que ce qui l'avait amenée ici n'était autre que la mort de l'un des siens. Se laissant guider par les adieux des Baptistrels. Sa démarche se fit plus souple, plus légère, comme si ce simple changement dans son attitude prouvait son respect pour l'âme du défunt. Elle ignorait encore de qui il s'agissait mais la mélopée des Baptistrels lui soufflait que ce ne pouvait être qu'un être bon.
Bientôt, elle aperçut les premiers elfes, grandes et sveltes silhouettes parmi les arbres. Une arche se dessina alors sur son chemin et ses silhouettes élancées se multiplièrent. Nalaïa éprouvait une sorte de malaise. Elle ne se sentait pas à sa place dans cette cérémonie marquée par le chagrin. La jeune Elfe continua de marcher vers le Jardin des Souvenirs. Le gardien des lieux regardait les Elfes passer devant lui pour venir dire adieu à celui qui n'était plus parmi les vivants. Le chevalier des Larmes posa son regard sur les statues gelées des Elfes d'autrefois, ces êtres de haut rang avec respect. La jeune indisciplinée ne pouvait que se taire devant un tel spectacle. Soudain, elle vit celui qui l'avait détournée de sa quête, de sa nouvelle raison d'être. Il était là, semblant vivant, juste endormi. Mais il ne se réveillerait plus. Ses yeux ne s'ouvriraient plus sur le soleil levant, ils ne verraient plus jamais rien. Alors, elle le reconnut. Comment n'aurait-elle pas pu le faire de tout façon? Ce n'était autre qu'Eliow Wriendel, le premier dragonnier, un vampire. La guerrière aux yeux verts ne se posa même pas la question de savoir pourquoi cet être vampirique recevait les honneurs réservés aux Elfes. Elle ne savait presque rien de lui. Ce qu'elle savait, c'était le premier à s'être lié avec un dragon.
La litanie mélancolique était chanté par Merithyn Shadowsong, le Baptistrel. Nalaïa remarqua aussi la présence de Lyroë Tuwiel. Ses amis étaient donc là pour lui dire adieu. Un immense chagrin déferla dans tout son être. *Qui viendra me pleurer le jour de ma mort? Je n'ai personne sur cette terre qu'un humain que les affres du temps ont déjà touché. Ce ne sera pas ses Elfes qui ne me connaissent pas, ni même ma famille.* pensa-t-elle. Une larme perla au coin de son oeil et elle l'essuya vivement. Alors, son regard se porta sur l'immense dragon noir, le lié du défunt. Elle sentit tout le poids de sa tristesse s'abattre sur elle. Ou peut-être n'en était-ce qu'une infime partie. Elle comprit toutefois que son chagrin était bien insignifiant à côté de la perte de son lié.
Silencieuse, respectueuse, disciplinée pour la première fois de son existence, la jeune Elfe regarda Lyroë Tuwiel s'approcher de la statue d'Eliow Wriendel, s'agenouiller pendant un instant et déposer à ses pieds une flèche. Puis elle s'adressa à Shaynar le premier-né et s'inclina devant lui. Les autres proches suivirent alors pour adresser un dernier au revoir au dragonnier. La guerrière ne sut que faire et attendit patiemment... |
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| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Mer 24 Avr 2013 - 21:33 | |
| Elle qui pensait avoir laissé cela derrière elle, voilà qu'elle devait présider la cérémonie mortuaire d'un dragonnier hors du commun... Soupirant doucement, Galadrielle se para de ses atouts de cérémonie avec lenteur, le geste lourd mais toujours autant gracieux. Son visage n'était pas éclairé par la joie de vivre ou la sagesse de ses jugements, ses yeux ne pétillaient plus de malice, l'elfe impériale paraissait comme figé dans un bloc de marbre, intemporelle, stoïque, le poids de la tristesse clouant sa bonhomie naturelle. Alors qu'elle pensait que tout irait mieux suite à la résolution de la maladie, voilà que les déconvenues s'accumulaient de plus en plus, n'auraient-ils donc jamais plus que quelques jours de paix ? La beauté de la blonde impératrice était terne, le visage presque émacié, cela ne s'en voyait que davantage au vu de la blancheur lunaire de sa robe de cérémonie. Le sommeil la fuyait, l'appétit semblait chassé de ses envies, son totem ne la laissait pas en paix... Elle s'était bien rendu compte que quelque chose avait changé en elle, d'ailleurs cela avait dépassé le stade des messages de son cygne : le col froncé de sa tenue ne pouvait caché entièrement son ventre rebondis et plus volumineux que jamais, et qui servait de refuge à un petit être qui grandissait paisiblement en elle. Elle était enceinte... Même encore aujourd'hui elle n'arrivait pas à bien appréhender cette nouvelle réalité qui s'imposait brusquement et totalement par surprise à elle. Même si cela la dérangeait, la satisfaction de pouvoir être enfin mère et l'acceptation silencieuse de son mari dans les rares moments où il était réveillé arrivait par moment à l'apaiser.
Mais s'afficher ainsi à un enterrement, elle ressentait une honte cuisante, surtout quand on savait dans quelles circonstances il avait été conçu... Pas de sang impérial malgré l'héritage prestigieux du père, un acte réalisé grâce à une boisson alcoolisée et droguée par une potion de filtre d'amour dont la provenance lui était toujours autant inconnu... Galadrielle s'était plongé dans une galère qui l'étouffait par moment et ce, depuis deux mois à peu près. Et maintenant la mort d'Eliow qui avait demandé l'asile politique au même moment... Détournant le regard de son miroir, la blonde finit de s'apprêter et s'appuya sur le bras d'Amelian qui ne l'avait toujours pas quitté depuis tout ce temps, plus d'un an à présent si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.
Comme le temps passait... Les vies se faisaient et se défaisaient en continue, un rythme qui ne cessait de fluctuer dans un rythme propre au sien et sans se soucier un seul instant des êtres qui en subissait les conséquences... C'était d'ailleurs la fin d'une vie dont il était question en ce jour, une mort qui avait brisé deux cœurs dont l'un appartenait à l'un de ses enfants, un baptistrel, Merithyn Shadowsong, et l'autre était celui d'un dragon premier-né de sa race qui était tombé dans les limbes de la mort. Et Galadrielle pleurait pour eux, son cœur saignait de voir la souffrance ravager ces deux cœurs qui méritaient tout sauf la douleur d'une séparation qui était sans retour en arrière. Marchant dignement le long des couloirs, descendant avec précaution les marches pour atteindre l'assemblée sans joie qui s'était réunit au Jardin des Souvenirs, elle se permit un léger sourire de fierté face à son ouvrage : elle avait ouvert les portes de ce sanctuaire à un étranger mais ce qu'il avait fait dans sa longue éternité avait énormément touché l'impératrice qui l'avait statufier afin qu'il ne soit jamais oublié, Gala l'avait traitée comme l'un des leurs.
Aidée d'Amelian, la blonde fendit la foule jusqu'à se tenir aux côtés d'Eliow et le contempla silencieusement avant d'embrasser maternellement son front, laissant les larmes s'écouler paresseusement sur ses joues alors qu'un sourire triste fleurit sur ses lèvres.
- Même mort, même éternel, une vie est une vie et elle finit par s'achever un jour ou l'autre, dans la peine comme dans la joie, dans la douleur comme la sérénité, dit-elle doucement en les regardant gravement, une main posée contre son ventre comme pour le protéger. Il y a cependant une chose qui ne change pas, c'est la tristesse que nous ressentons lorsque viens le temps de la séparation et, en ce jour, ce temps est venu. Le sentiment d'impuissance, la lente agonie que nous éprouvons en regardant l'autre s'éteindre sans que nous ne puissions faire quoique ce soit pour l'aider... La surprise et l'incompréhension lorsque son dernier élan de conscience s'échappe tel un pan de brume qui se dissipe sous les rayons du soleil... Les hurlements de désespoirs et les larmes acides qui vous rongent l'intérieur alors que vous vous rendez compte que celui ou celle que vous aimez vient de s'en aller vers un chemin que vous ne pouvez pas prendre à votre tour, que jamais vous ne pourrez lui sourire ou lui parler de nouveau, la serrer contre vous et l'embrasser pour exprimer votre attachement envers cette personne... Oui, la séparation est une plaie qui jamais ne guérit mais à force de temps, elle s'affaiblit et la douleur disparaît peu à peu au profit des bons souvenirs qui sont nés entre vous. Ses rires à vos plaisanteries ou encore à vos bêtises, le bonheur et la douceur qui régnait entre vous, la passion ou vos découvertes, vos discussions, vos réconciliations... Continua-t-elle de dire doucement en regardant chacun pour que tous s'identifie, s'attardant davantage sur Meri qu'elle savait plus atteint par cette perte. Pleurer apaise l'âme mais ne le ramènera pas, il faut garder à l'esprit les bons moments que nous avons passé avec lui car c'est cela qui compte au fond... Sourit tendrement malgré les yeux débordants de larme et de tristesse.
Une fois qu'elle termina de s'adresser à eux, elle recula légèrement pour se mettre de côté et se mit à chanter avec eux, mettant tout son cœur dans cette mélodie poignante et aussi douce que des fils de sucre, augmentant ainsi le fleuve salé qui s'écoulait sur la colline en soie couleur pêche de sa joue. Elle ne pouvait que compatir à tout ceci mais elle savait que dans peu de temps elle serait à la place de son enfant lorsque son mari s'en irait à son tour...
Dernière édition par Galadrielle Evanealle le Mer 11 Sep 2013 - 10:22, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Sam 27 Avr 2013 - 15:29 | |
| Leur arrivée ne pouvait évidemment pas passer inaperçue. S'étaient-ils demandé si il viendrait ? Peut-être bien... Il sentait leur surprise et leur égarement à tout ces elfes qui se trouvaient là, présents alors qu'ils n'avaient pas forcément aimé Eliow mais désireux de rendre hommage au premier dragonnier et peut-même décidés à fermer les yeux sur le fait qu'il ai été un vampire, après tout ne les avaient-ils pas rejoint même si bien trop tard ? Qu'en aurait-il pensé ? C'est la question que se posa Shaynar tandis qu'il se posait en douceur dans le jardin des souvenirs. Il n'avait pu communiquer que très peu avec son dragonnier avant la fin, il y avait bien eu cet éveil miraculeux après le long coma qui l'avait tant fait espérer mais cette accalmie dans son mal n'avait pas duré et il avait à peine eu le temps de le convaincre de quitter les vampires qu'il retombait à nouveau dans un état semi comateux. C'était dans cet état qu'il l'avait fait voyager, tremblant à chaque instant de le voir succomber avant qu'ils n'arrivent dans le royaume Elfique. Il avait mis beaucoup d'espoir dans les capacités de guérison de ce peuple mais malgré leurs efforts même eux n'avaient pu le sauver et au final c'est à peine si les deux liés avaient pu échanger la moindre sensation avant la séparation définitive. Alors oui à présent il se posait la question, avait-il prit la bonne décision en le coupant totalement de son peuple pour l'emmener chez ceux qui n'avaient été que des ennemis ? C'était le mieux pour sa santé, il n'en doutait pas car qui d'autres que les elfes auraient pu avoir la force de le sauver ? Mais les faits étaient là, il n'avait pas survécu et la mort était venu le cueillir loin des siens. Il n'avait peut-être aucun liens chez les vampires, mais n'aurait-il pas préféré finir sa non vie ailleurs que chez les elfes ? N'avait-il pas accepté cette désertion uniquement pour complaire à son dragon ? Sans doute Shaynar ne le saurait-il jamais... Quelque chose pourtant le rassura, le souvenir du visage du dragonnier lorsqu'il avait quitté ce monde. Il avait l'air serein...
"C'est en moi qu'il était chez lui..."
Cette révélation acheva de calmer le bouillonnement de son esprit et il la laissa résonner en lui comme un talisman protecteur. Mêlée à son âme il sentait celle de Merithyn, celui-ci avait sans doute ressenti ses interrogations. Ce nouveau lien risquait de s'avérer perturbant,et pourtant, il était aussi rassurant. Eliow aurait aimé les voir ainsi, sans doute était-il rassuré de ne pas les voir seuls de là où il était.
La cérémonie commença presque aussitôt après leur arrivée mais le dragon n'en fut qu'à peine conscient. Chacun de ses sens de son ouïe sensible à son odorat développé en passant par la vision qu'il empruntait à Merithyn et à sa phénoménale force mentale était consacré à une seule et unique chose. Farouchement, désespérement, il se concentrait sur lui. Sur ce visage qui avait été l'une des premières choses sur laquelle il avait posé les yeux à sa sortie de l'oeuf, sur ce vide aussi qui était le tombeau sacré de ce qu'avait été l'esprit d'Eliow. Merithyn était important pour lui, et il le deviendrait sans doute de plus en plus. Il avait sa place dans l'esprit de Shaynar, une place légitime et puissante qui pourtant ne pourrait jamais se comparer à la connexion qu'il avait eut avec son véritable dragonnier, Eliow resterait le seul. Cette partie d'esprit qui avait été leur lien était morte avec lui, Shaynar avait refermé définitivement cette porte et c'était cela qui le rendait désormais si sauvage. Pourtant... Une autre porte s'était ouverte, et un autre lien bien différent était déjà en train de se former. Il ne ressentait qu'une grande serenité devant cet état de fait, il avait prit cette décision de son plein gré et Merithyn avait fait de même. Tous deux ignoraient encore quelles seraient les implications de ce qu'ils venaient de créer ensembles mais Shaynar avait l'intime conviction qu'il ne pourrait en ressortir que du bon. Leur acte avait été tracé dans les lignes du destin bien avant leurs naissance à tout deux, qui étaient-ils pour s'y opposer ?
Le temps n'avait jamais eu beaucoup d'emprise sur le dragon qu'il était et ce fut encore moins le cas ce jour là. Combien de temps médita-t-il sur tout cela ? Il l'ignorait, mais lorsqu'il se décida enfin à accorder son attention à autre chose il s'aperçu que la cérémonie avait quasiment prit fin. C'était l'instant des adieux et une elfe s'approchait du corps. Lyroë... Lyroë était là... Et pendant une terrible seconde Shaynar ressentit une bouffée de haine pour le destin. Cela ne dura qu'un instant, un souffle à peine et pourtant tous ressentirent la force implacable de son esprit lorsque celui-ci se libéra hors de son contrôle en une vague de chagrin pur qu'il cadenassa aussitôt fermement au fin fond de son âme. Il ne devait pas se laisser aller ainsi, ce simple effleurement avait fait sursauter tous les elfes présents et il craignait de blesser leurs esprits en perdant ainsi le contrôle de lui même. Ces sentiments n'étaient pas pour eux, eux qui ne pouvaient comprendre l'esprit d'un dragon. Il lui fallait pourtant bien un exutoire, un moyen de les éteindre d'une façon ou d'une autre si il ne voulait pas qu'ils le consume. La réponse vint d'elle même, insupportable écho de sa propre agonie il ressentait la peine de Merithyn qui comme lui se tenait là face à l'aimé qui l'avait quitté. Assommé par leur chagrin respectif l'ancestral les observa se mêler, se répondre en une symphonie sans fin et c'est ensembles qu'ils pleurèrent en silence. Leurs larmes étaient d'autant plus amères qu'à aucun moment elles ne coulèrent hors de leur âme, elles demeurèrent invisibles et pourtant si brûlantes...
Le chant de Lyroë résonna tout bas, mais il n'eut aucun mal à en entendre chaque parole et du fond de leur communion il partageait cela avec le Baptistrel, cette autre douleur vint elle aussi se mêler à la leurs, ainsi donc d'autres qu'eux même avaient aimé Eliow même après l'avoir haït ? Cela donnait à réfléchir... Mais cette méditation là serait pour plus tard, la dragonnière en deuil s'adressait à lui et il ne craignit pas de lui répondre directement. N'avait-elle pas été liée à l'un de ces frères ? Aussi vaste soit son esprit elle ne s'y perdrait pas et n'en ressentirait aucune crainte, elle était l'une des élues même si son dragon n'étaient plus de ce monde.
"Je te crois, dragonnière. Cymbor avait fait un choix avisé, et mon instint me souffle que ma race n'en a pas tout à fait terminé avec toi"
Sur ces paroles énigmatiques qu'il ne comprenait pas tout à fait lui même il la laissa s'incliner, déjà prêt à tourner à nouveau son attention vers Eliow mais son esprit effleura alors une autre âme qui attira son attention. C'était pourtant celle d'une elfe parmi les elfes, mais étrangement elle sortait du lot et il ne pu s'empêcher de répondre à la pensée qu'il avait capté :
"Tu es bien jeune petite créature, il n'est pas encore temps pour toi de songer à la mort. Et lorsqu'elle viendra, tu seras sans doute moins seule que tu ne l'aurai cru. Vois les derniers instants de mon dragonnier, vois comme il est entouré lui qui était haït... L'amour se cache parfois là où on ne l'attend pas."
Il se désintéressa d'elle presque aussitôt, la laissant se remettre de cette soudaine rencontre avec l'esprit d'un dragon, sans doute allait elle suffoquer un petit moment avant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Pourquoi lui avait-il parlé ? Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes d'entrer en contact avec d'autres que ses rares proches, pourtant sa détresse l'avait attiré. Elle avait quelque chose de spécial. Tout comme Galadrielle d'ailleurs, la reine des elfes était là bien sur et dans un état qui ne pouvait pas passer inaperçu. Shaynar ne comprenait pas très bien en quoi le fait de voir leur impératrice enceinte pouvait à ce point troubler les elfes, ne devraient-ils pas en être heureux eux qui étaient si peu fécond ? Décidément ce peuple restait le plus incompréhensible des trois à ses yeux, et pourtant c'était celui là qu'il avait décidé de rejoindre... Il ne le regrettait pas d'ailleurs, en cet instant solennel il était heureux de voir les honneurs qui étaient rendus à son dragonnier et le discours de l'impératrice en était un tout particulier. Elle chantait avec son peuple, les yeux pleins de larmes et dans un brusque élan de reconnaissance il effleura son esprit doucement, il ne lui parla pas en vérité mais cette caresse silencieuse était à elle seule un message, étrange mélange de reconnaissance et de soutien vis à vis de ce qu'elle avait fait pour lui et de ce qu'elle vivait désormais. Il ressentait en partie les subtiles émotions qui la tenaillait et il compatissait comme elle même compatissait à sa propre douleur.
Dans un profond soupir, il reporta son attention sur le centre de tout cela, le centre sa ce qui avait été sa vie et qui désormais n'était plus. Le moment était venu, il le ressentait au plus profond de ses gènes et et son âme et cette certitude était plus douloureuse que ce qu'il avait pu vivre jusqu'à présent. Il ne pouvait pourtant pas reculer, il devait cela à Eliow et c'est ce sentiment de devoir seul qui lui donna la force de marcher d'un pas plus lourd et las que majestueux vers la dépouille mortelle. Il se vit alors à travers les yeux de Merithyn, gigantesque créature terrassé en ce jour par la seule force de son chagrin. Une seule pensée lui vint et il la laissa s'échapper de son esprit afin que tous puissent la saisir avant de poser son museau dans la main froide comme il l'avait si souvent fait :
"Tu as fait de moi ce que je suis, je te rend ce jour ce qui t'appartient de droit."
Son instinct seul parlait, il se laissait guider par celui-ci sans réfléchir une seule seconde et la magie qui opéra n'était en aucun cas dirigée par là. Il ne fut qu'un vecteur par lequel la magie Armandéenne s'exprima en un sortilège inconscient qui était sans doute l'un des tout premiers à se manifester depuis le départ des anciens dragons. Il sentit son pouvoir ancestral se concentrer au bout de son museau et contre la main inerte et il gronda de satisfaction lorsque le don s'activa pour de bon. Un objet venait d'apparaitre dans la main d'Eliow, et sa mémoire ancestrale lui chanta toutes les implications de cette magie. Ce n'était pas la première fois qu'un dragonnier bénéficiait du don d'un dragon mais c'était sans doute la première fois que cela se faisait après sa mort.
"Merithyn... S'il te plait..."
Sa pensée était dirigée vers le baptistrel et il su qu'il l'avait déjà compris. Il avait vu l'image dans l'esprit de Shaynar, il s'était vu passant l'amulette au cou de celui qu'ils avaient tant aimés. Le symbole était approprié, c'était ainsi que cela devait se passer.
Toujours à travers le même regard les deux amis purent contempler la pure création de magie. Sans forme définie et pourtant presque trop belle pour être admirée sans dommages elle brillait d'une lueur douce et hypnotique. Shaynar en sentait la puissance avec d'autant plus d'intensité que c'était une force directement lié au lien que lui et Eliow avaient patiemment tissés entre eux, c'était un objet qui n'appartenait qu'à eux et pendant un terrible instant il se demanda ce qu'il se passerait lorsque le Baptistrel mettrait la main dessus. Son instinct le rassura néanmoins, l'amulette était un peu de lui et d'Eliow, elle ne ferait pas de mal à Merithyn. Jamais.
"Adieu, et merci..."
C'était terminé, une page se tournait dans sa vie et dans son mouvement elle lui déchirait la moitié de l'âme. Il se sentait bien pourtant, tout cela l'avait apaisé et même si la douleur ne le quitterait jamais il se sentait désormais capable de vivre et d'accomplir tout ce pour quoi il avait été envoyé sur ces terres. Calmement, il détacha les derniers filaments de lui-même qui restaient encore liés à l'amulette et donc à Eliow puis il annonça doucement :
"Le moment est venu, nous sommes prêts"
Oui, il n'avait jamais été aussi prêt. Les elfes avaient accordé à Eliow le droit d'être embaumé comme l'un des leurs, et l'instant était propice il le sentait. Il sentait aussi l'esprit de Merithyn qui, comme naufragé, s'accrochait au sien et il l'enserra doucement :
"Toi aussi tu es prêt chanteur, même si tu n'en a pas l'impression. Laisse le partir, et accorde moi le droit de le voir par mes propres yeux dans sa dernière demeure..." |
| | | Merithyn Shadowsong Légende
| Sujet: Re: Les adieux du dragonnier et la naissance d'un dragon [RP OUVERT] TERMINE Mar 30 Avr 2013 - 15:59 | |
| Ils étaient arrivés rapidement, avant le début de la cérémonie, mais pas avant la plupart des autres elfes. C'était à attendre, comme leurs réaction, les yeux dont le regard pesaient sur eux, les sentiments qui déferlaient de cette foule, mais qui portant ressemblaient à des vaguelettes contre la tempête que avait précédemment fait rage. Il avait gardé comme point de mire le centre du jardin du souvenir, prêtant ses yeux au grand dragon afin qu'il les conduise tout deux sain et sauf à destination. Ses sentiments étaient encore en ébullition, et ne risquaient pas de se calmer avant la fin de cette épreuve. Ses pensées fusaient, parfois claires comme de l'eau de haute montagne, parfois aussi brouillonne que les flammes et la fumée d'un incendie mourant. Il allait au devant d'un instant qui lui paraissait insurmontable, bien qu'il ne puisse s'y dérober, et qu'il acceptait, dans quelques minutes, à peine, il serait en train de chanter l'hymne à la mort pour son cher Eliow. Et il se sentait aussi minuscule que la première fois qu'il avait prêté serment, à défaut que cette fois, l'enjeu était bien plus colossale pour lui, puisque c'était de l'âme du vampire qu'il s'agissait. Jamais encore il n'avait eut l'occasion de remplir ce devoir, c'était les aînés qui s'en chargeaient : Llyiah, Aramis....
Cette fois pourtant, ce serait lui, et il ne trouvait pas les mots. Il y avait pensé, évidement, il n'avait guère eut le choix, mais ce qu'il avait imaginé avant de revoir Shaynar ne représentait rien. Ce n'était pas assez, c'était trop peu, trop timide, trop timoré. Il ne pouvait qu'offrir le meilleur du meilleur pour celui qui avait tant compté à ses yeux. Pourtant son inquiétude semblait bien inadaptée, après ce qu'il avait vu dans l'esprit du dragon noir. La menace pesant sur le monde, le travail à accomplir... cette tâche titanesque à laquelle il se trouvait mêlé de son plein grès, puisqu'il avait décidé de rester aux cotés de Shaynar pour toujours. Évidement, il y avait bien pire que cette chanson, le destin du monde, de la race des dragons, des elfes également par extension...pourtant, c'était peut-être parce que son inquiétude était si insignifiante en comparaison, qu'elle était importante à ses yeux. Il était important pour lui de pouvoir faire cela, pour Eliow, pour Shaynar, et pour lui-même, avant de s'oublier une fois de plus dans les considérations monstrueuses qui leur pesaient sur les épaules. Ce serait peut-être la dernière fois. Mais la plus importante de toutes. Lorsqu'ils atterrirent son cœur manqua un battement en reconnaissant l'être étendu là, dans son écrin, Eliow, aussi beau qu'auparavant mais... quelque chose manquait.
Il ne chantait plus, son corps ne dégageait plus ces ondes rassurantes et vibrantes qui avaient fait briller ses yeux et l'avait bercé pendant ces journées où il ne parvenait pas à s'adapter à la vie nocturne des vampires. Sa peine, comme une rose empourprée par le sang de son cœur, vint lacer ses poumons, ses tripes, l'entourant de vignes barbelées qui diffusaient une douleur palpitante jusque dans son esprit. Il inspira à fond, descendit du dos de Shaynar, prenant courage dans sa présence, sachant qu'il n'était pas seul dans cette épreuve. Il se plaça face au cercueil de glace, les mains tremblantes et contempla l'idée de fermer les yeux, sans pour autant le faire. C'était maintenant, l'instant qu'il avait tant redouté, avec les yeux des elfes, se posant sur la scène, Shaynar voyant par lui et les esprits autours d'eux, très certainement. Il entonna enfin le chant premier, le chant nom d'Eliow qu'il connaissait bien à présent, l'essence de son être tout entier, en des sons qui n'avaient rien de commun avec le langage usuel. C'était là la quintessence d'une personne, son âme, son esprit, inscrites en poussières de sons poignants, flambant comme la trame mourante d'une galaxie C'était la partie la plus simple au demeurant, mais qui nouait son ventre et ravivait la douleur, que de devoir rappeler ainsi l'existence de l'être qu'il aimait et aimerait à jamais, en sachant que cette existence était arrivée à son terme. La vie d'Eliow avait été longue, il y avait beaucoup à retracer, et rien n'était voilé en cet instant. Ce qu'il chantait irait s'imprimer autant dans la glace de ce cruel écueil que dans le cœur des elfes présents. Qu'ils écoutent et apprennent, qu'ils comprennent ce que leur folie avait produit. Prit dans l'étau de sa complainte, il ne voyait rien d'autre que celui à qui il dédiait sa voix, son visage paisible prit dans la glace. Son chant restait égale, une mélopée dont il ne choisissait pas les notes et le contenu, mais se faisait héraut de ce message qui s'élevait et se coulait parmi eux. Le chant était long, et il était déclamé par lui seul.
Les autres chanteurs présents se taisaient religieusement, et il en était grès, ne sachant pas encore si il serait capable de faire voix avec d'autres comme auparavant. Cette ode, il le savait, serait mise par écrit par les soins de ceux qui assistaient à la cérémonie Mais il ne serait jamais aussi puissant qu'à cet instant. Le temps n'avait plus d'importance, alors qu'ils étaient plongés dans cette litanie, une histoire en piquetage, faite de milliers de ressentit et de souvenirs. Puis il se tut un moment. Son cœur battait doucement, comme un oisillon, et il se laissa un instant de repos avant de reprendre. Cette fois, c'était le chant de passage, qui devait délier les derniers tendons d'âmes qui s'accrochait au corps de son bien-aimé. Plus triste, plus doux, lancinant, comme la plaie au fond de leurs cœurs, un adieu déchirant pour l'homme qui fut le premier dragonnier d'Armanda, et bien plus que ce qu'il ne se sentait. Il fut rapide, Eliow ne s'était pas accroché à la vie, il ne restait presque rien, quelques notes à peine, qu'il prolongea pour eux trois, pour alléger encore le passage, lui offrir une fin digne de l'affection qu'ils avaient pour lui. Il s'arrêta de nouveau, essoufflé, alors qu'il captait un mouvement près du cercueil de glace, et fronça un instant les sourcils en voyant Lyroë.
La rencontre devait avoir lieu un jour où l'autre, mais qu'elle se fasse ainsi, près de la dernière demeure d'Eliow, était une ironie qu'il n'appréciait pas. Il semblait qu'il ne fut pas le seul, d'ailleurs, à ne pas goûter au destin en cet instant. La haine de Shaynar le fit frissonner, sa peine vint raviver la sienne. Tirer de la transe de son chant, il sentit son être souffrir de nouveau, et vint chercher l'esprit du dragon, vit leurs peines se mêler. Il sentait la rivière intérieur de leur lamentation gonfler comme sous une crue, sans qu'elle puisse s'échapper hors de lui, d'eux. Il ne pleurerait pas. Les autres le faisait pour lui. Qu'ils répendent le sel de leurs yeux, qu'ils abreuvent la terre de leur peine... lui ne pouvait se le permettre. Tout son être peinait de savoir Eliow partit, il souffrait, affreusement, et souffrirait encore longtemps... Mais comme l'âme venait de se détacher du corps du vampire, sa peine se devait de se détacher de son corps un jour ou l'autre. Il la vivait à présent pleinement car c'était le moment de le faire, son deuil... son deuil se verrait très certainement écourté bien trop tôt. Il écouta Lyroë chanter, acceptant ce qu'elle offrait, le laissant résonner dans son esprit. Il laissa converser l'elfe et le dragon, les yeux toujours fixés sur la glace qui enfermait le ravisseur de son cœur. Seul l'intervention de Galadrielle le sortit de ses pensées. Il posa ses yeux sur elle, et écouta avec révérence ce qu'elle partageait. Elle parlait vrai, et il était reconnaissant de ce qu'elle disait, de son attention. Pour une fois, ils pensaient la même chose, ils ressentaient la même chose. Hochant lentement la tête, il lui offrit son respect pour ce qu'elle faisait, sans montrer quoi que ce soit de ce qu'il pouvait penser de son état physique. A vrai dire, il n'en pensait rien, il n'était pas à même de juger l'impératrice, et même si il l'avait put, il ne se le serait jamais permit. Une vie de plus.... c'était une joie à célébrer, peu importe la raison ou la manière dont elle était créée. Il l'écouta chanter également, soupirant doucement, alors que l'air résonnait de la puissance de leurs voix. Lorsque les dernières notes moururent la cérémonie touchait à sa fin. Bientôt, la glace se refermerait complètement sur Eliow... En voyant Shaynar bouger, il l'observa, et ferma un instant les yeux, se dérobant à la vue qui s'offrait à lui. Il avait besoin d'un bref moment, pour rester entier, pour s'accrocher jusqu'à la fin. Puis il réouvrit les yeux, juste à temps pour voir le don.
< Bien sûr > Il s'avança avec lenteur, posa un instant sa main sur les écailles noires, puis prit le collier et le glissa autour du cou, le plaçant bien en vue sur son torse qu'il caressa avec tendresse. La création était très belle, et elle était chaude sous ses doigts, posé ainsi, sur son légitime propriétaire, elle semblait tellement en place, comme une part de lui qui n'avait jamais été visible, mais qui, en ce instant, était enfin là. Il l'observa de près, frôla son visage de ses doigts.
« Adieu mon aimé. Jamais je ne t'oublierais » Il s'éloigna, serrant les poings et les dents pour ne pas craquer, tremblant, alors qu'il se détournait de l'être qu'il aimait par dessus tout. Par réflexe ou instinct, il s'accrocha à l'esprit de Shaynar pour ne pas s'étouffer sous ses émotions, plus que reconnaissant en se sentant entouré par lui. Il s'ancra fermement dans la sensation de sa présence, inspira profondément. Il ne se sentait vraiment pas prêt, mais il n'avait pas le choix, et n'avait pas le droit de lui refuser ce qu'il demandait.
< Tu as raison, je ne me sens pas prêt. Mais je ne vais pas tourner les talons maintenant > Il regarda le cercueil, les elfes, puis revint à Shaynar. Il resta silencieux un bref instant, s’imprégnant de ce qui émanait du dragon, ce qui était moins aisé qu'avec un mortel.
< Shaynar.... merci, à toi aussi >
Il entonna lentement le chant-nom du dragon noir, lentement, car contrairement aux autres les notes étaient moins physiques, moins mortelles, plus anciennes et plus puissantes, et chaque fois qu'il en entonnait une, sa gorge le brûlait malgré sa protection. Il plongea son regard dans le sien, encore mort, mais qui rapidement reviendrait. C'était délicat que de chanter le nom de quelqu'un, mais avec l'habitude qu'il avait prise, il se sentait un peu plus assuré. Le reste de l'assemblée elfique ne devait pas y comprendre grand chose, mais ça n'avait aucune importance. Shaynar n'avait que trois ans, mais son histoire remontait sur des milles et des milles, de par sa race et sa mémoire. Mais il devait le guérir, lui rendre la vue. C'était certainement douloureux, mais ça passerait vite, il insistait moins sur la litanie que sur son pouvoir soignant. Et puis la douleur n'était rien, il verrait Eliow par lui-même après cela. Et enfin, il en eut finit, la dernière note acheva de lui ôter son énergie. Il haleta, la respiration rapide et douloureuse, mais satisfait. Souriant faiblement, il regarda les yeux à nouveaux flamboyant.
< Voilà. A présent tu peux le voir à nouveau par toi-même. C'est le moment. Il va dormir...dormir à tout jamais en ces lieux. Voudras-tu... voudras-tu le couvrir avec moi ? >
Il regarda Eliow, puis Shaynar, puis s'approcha de l'écrin. Levant une main, il commença à murmurer les mots qui refermerait la glace sur lui, laissant la porte ouverte au dragon si il désirait lier son énergie à la sienne pour protéger la dépouille de celui qui avait permit leur rencontre et qu'ils aimaient tant. Quand l'éclat rayonna sur la glace, emprisonnant le visage paisible, et que le silence revint, il sut qu'il avait définitivement dit adieu à son amour. Sans vraiment savoir pourquoi, il fredonna avec tendresse.
« Avec l'éclosion de la lune je te chercherais ; et quand le soleil scintille mon cœur battra pour toi. Des centaines d'années passerons, attendant la fin et quand je mourrais et que mon âme s'envolera vers les cieux, je chercherais encore, ton visage dans les eaux d'argent, je chercherais les forêts et les plaines. Mais quand la lune se lèvera de nouveau et que la lumière transformera le monde en tapis de neige, nous nous retrouverons dans une ombre... pour toujours » Il sourit, désespéré. « Au revoir Eliow, mais pas adieu » Sur sa joue, une unique larme coula, brûlant ses yeux. Tombant au sol, elle se mêla à la terre et aux plantes, faisant pousser une unique, délicate petite fleure dorée.
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