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Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey]

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MessageSujet: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeMar 30 Nov 2010 - 14:29

Silence, sang, silence, sang... à croire que son monde ne tournait plus qu'autour de cela, et à vrais dire c'était peut-être bien le cas, comment autrement aurait il put ressentir à un tel point la souillure et le dégout... et qu'est ce qui était à l'origine d'un tel rejet, un rejet qu'il n'avait plus ressentit depuis bien longtemps et qui lui rappelait confusément ses débuts en temps que vampire dans un nouveau monde cruel et sans merci aucune, aussi destructeur qu'il pouvait parfois être beau. Comment avait il put en arriver là, comment avait il put seulement laisser les choses déraper à ce point alors même qu'il aurait été capable de tout arranger depuis bien longtemps, on lui avait autrefois donné les clefs de la maitrise du monstre qu'il était désormais, son premier maitre, Achroma lui avait damné le pion pendant tant d'années qu'il ne les comptait même plus, le travaillant au corps pour l'obliger à garder sa sauvagerie sous contrôle, passant des heures à le faire méditer dans les lieux les plus calmes qu'il pouvait dénicher ou le faisant se dépenser tant et si bien qu'il n'avait même plus la force d'écouter les murmures monstrueux, quand il avait juré allégeance à la tisseuse il avait reçut des indications lui permettant de museler son mal si besoin était, il avait gagné de nombreux atouts qui l'avait conforté dans sa nouvelle force et pour des centaines d'années tout n'avait été que calme monotone, il ne l'aurait pas qualifié de paix bien entendu, on ne pouvait pas vraiment être paisible lorsque on subissait un auto rejet de soit même, mais au moins il pouvait relâcher son attention pendant de longues périodes sans craindre de revenir à lui au milieu d'une mare de sang de plusieurs pieds de long.

Silence... le silence semblait l'avoir accompagné depuis sa renaissance vampirique, le silence de cette nuit là dont il ne se souvenait presque rien, le silence des moments passés seul dans les ombres de l'empire, hagard et tremblant, refusant de se battre pour sa non vie, le silence froid des profondeurs alors qu'il tombait dans une transe faisant office de sommeil, des années durant, combien exactement il n'aurait pas put le dire mais il se souvenait que le décors n'était plus du tout le même, il n'avait pas faim et n'avait pas souffert du manque de nourriture même si il était certain qu'après un tel jeun il eut été en peine de faire le moindre geste, le silence de son propre corps qui semblait ne pas fonctionner comme il aurait dû... mais le pire de tous avait sans doute était le silence laissé par le départ de son protecteur, cette inexplicable où il avait trouvé le parchemin brillant de mot à l'écriture fine et ondulée caractéristique de l'ainé, le silence face aux questions qui lui étaient venu tandis qu'il marchait vers le royaume vampirique comme un aveugle. Sang... le sang qui ne coulait plus dans ses veines, remplacé par l'ichor noir et poisseux des vampires, le sang qu'il était contraint de boire pour continuer d'exister dans un monde qui ne voulait pas de lui et le rejetait totalement, le sang de ses ennemis tombant sous ses coups et imprégnant le sol comme une libation impie... au début il avait essayer de ne pas boire, de résister, il était alors convaincu qu'il pouvait échapper à l'inévitable puis lorsque la faim se fit vraiment sentir, lorsque ses maigres forces l'abandonnèrent, que le simple besoin de se nourrir devint un type de luxure qu'il ne pouvait comprendre, alors seulement il craqua et plia sous la férule d'une nature qu'il ne supportait pas. Et depuis peu il lui semblait que tous les efforts produits pour se soustraire à son état de monstre sanguinaire n'avaient servit à rien, à rien du tout... Sa double nature était en train de se retourner contre lui, les deux facettes de son existences engagée dans un duel pour leur survit, à la fois l'une contre l'autre mais également contre le monstre qui prenait de plus en plus d'ascendant sur l'autre, celui ci s'éloignant toujours plus de lui, tant et si bien qu'il craignait de le voir devenir un étranger même à ses yeux... jaloux de sa relation avec un autre, ambitieux convoitant le trône des vampires, apeuré par l'idée de sa propre fin, la liste était si longue qu'il ne tentait même plus d'en dresser le bilan. L'ironie de la chose ne lui échappait pas, aussi humain que se récrie Einas c'était lui que le monstre atteignait, c'était lui qui se complaisait dans sa bassesse depuis déjà plusieurs mois, de plus en plus humain, de plus en plus friable même si son intelligence, son humour acide et son esprit bien tourné étaient toujours les mêmes, quelque chose manquait désormais et cela contrairement à lui même qui était de plus en plus éclairé, de plus en plus fort et lucide même si cet état de fait le peinait un peu, les énigmes sans queues ni têtes lui manquaient, les jeux de mots aussi, il ne pouvait s'en fleurir lorsqu'il devait diriger ses plans contre Lorenz. Le sacrifice était nécessaire il le savait mais il ne pouvait s'empêcher d'être terriblement affecté par tout cela, doutant pour la première fois de lui, doutant pour la première fois de celle qui le guidait pas à pas, hérésie, traitrise, abomination il le savait, jamais il n'aurait dû douter, jamais il n'aurait dû remettre en question son allégeance et sa loyauté, c'était aussi impensable que d'éteindre le soleil et d'enflammé le ciel, l'était ce vraiment ? Il avait beau tenter de s'en persuadé le venin insidieux du doute le rongeait sans discontinuer tel des insectes invisibles rongeant un tronc de l'intérieur, une fois la graine plantée il semblait impossible de la retiré avant qu'elle ne germe ou ne gèle et il ne pouvait que prier de la voir détruite sans heurt, son honneur de porteur d'épée n'était pas le seule chose qu'il jouait dans une partie aussi risquée.

Il ne pouvait ne plus arrêter la course du destin, la pierre dégringolant la pente avait prit bien trop de vitesse pour que cela soit réalisable, il avait trop manigancer pour en arriver là, si il tenait à connaître de nouveau l'apaisement un jour ou l'autre il lui fallait consommer la trahison et tuer le tyran, puis installer quelqu'un à sa place, un être facilement manipulable qui l'écouterait et lui obéirait sans qu'il ai à craindre de le voir enorgueillir de sa place. Pourtant le voyage sur les terres des humains ne le rassurait en rien, pire il en concevait une inquiétude encore plus grande, des questions qu'il avait crut éteinte revenant soudain à la charge comme des taureaux furieux et faisant vaciller sa volonté, certes il avait put se libéré quelque peu lors de sa rencontre avec Ryukah, il n'avait plus vu de porteur d'épée âme depuis son dernier accrochage avec le détenteur de Mournblade, près de deux cents ans plus tôt au cours d'un raid sur un village humain isolé s'approchant trop des plaines du lac noir... il devait avouer que l'épisode le faisait sourire, non seulement l'elfe était intéressant mais en plus il lui ressemblait sur certains points et c'était une première, jamais auparavant les lames de feu et de vent n'avait été alliées, sans être rivale les forces qu'elles représentaient été sujettes à des conflits de grandes ampleurs tout à la fois bénéfique l'un pour l'autre et destructrices. Il avait quitté le théâtre du carnage sans demander son reste, ayant en tête qu'avec les possibles survivant la garde impérial serait sur les lieux dans un délai trop court pour se permettre de trainer ne serait ce que d'une seule journée, il était suffisamment recherché comme ça pas besoin d'en rajouter une couche supplémentaire par goût du risque.

Ce fut donc d'un galop ininterrompu qu'il traversa le reste de l'est, effarouchant même quelques payants sur son passage tant son apparition ressemblait à celle d'un personnage de conte, la mort sur son destrier noir, des fadaises dont il ne sourcillait même pas, il avait décidé de passer par Gloria même si tout indiquait qu'une telle décision relevait du suicide, non seulement les mesures de sécurité étaient déjà très hautes mais en plus les lames noires seraient toutes là, avec pour consigne officieuse de lui donner la chasse si il s'aventurait dans les parages... peut-être était ce présomptueux et orgueilleux de sa part de penser ainsi mais il ne pouvait croire que Symius ai oublié leur rencontre deux ans plus tôt, au cours de laquelle il lui avait révélé être le responsable du massacre de sa famille et de son village, cela lui tenait trop à cœur, le fou ! Et c'est avec cela en tête qu'il avait débouché un matin sur la rase campagne de la capitale humaine, à moins d'un kilomètre de l'amas de tentes formant une mer bariolées et odorantes qui lui agressait les sens, il ne put s'empêcher de saliver à l'odeur de chair et de sang qui se dégageait du lieu, véritable banquet pour un sang froid tel que lui, un champ entier de nourriture qui ne demandait qu'à être vidé... il fut contraint de se faire violence pour ne pas courir sus à l'orgie, là tout de suite, sans autre forme de procès, au risque de provoquer une onde de panique sans précédent. Il tourna bride et s'enfonça dans la forêt clairsemée d'où il venait d'apparaitre, serrant les dents et détournant le regard pour éviter la tentation... il s'arrêta lorsque les bruits des campements se fut évanouit et mit pied à terre, laissant sa monture brouter l'herbe à sa guise pendant que le cavalier observait son point de chute, l'œil alerte. Une fois assuré qu'il n'y avait pas le moindre danger il s'adossa à un arbre et rabattit sa capuche sur lui pour éviter que le soleil ne brule ses yeux, il plongea bientôt dans sa transe coutumière le menant au travers de rêve éveillés, sans fin et sans continuité aucune, tel des chemins folâtres. Il ne sut pas exactement combien de temps il passa là tant il se sentait à l'aise à cet endroit, pour il ne savait quel raison cette clairière ouverte lui était agréable, faisant ressurgir des brins de mémoire du temps où il était un humain...

Le soleil était haut dans le ciel, presque zénith et son éclat éclipsait tout le reste, grande perle flamboyante tel un œil magique dans l'azur pur et sans tâche du ciel d'été, bleu, infinie, aussi profond qu'un rêve, uniquement moucheté par quelques fines bandes de nuages cotonneux aux formes diverse. La paysage était vert, un océan de vert à l'éclat luxuriant et respirant la vie à plein nez et la quantité de végétaux n'égalait en rien sa diversité, de la plus petite herbe folle au plus majestueux des arbres, tout dégageait un parfum entêtant et puissant qui s'imprégnait dans les vêtements et la peau, on eu dit un arrangement florale revenu à l'état sauvage tant le naturel se mêlait à l'esthétique; les fleurs innombrables ressemblaient presque à des étoiles colorées sous la lumière du soleil et l'herbe tendre appelait à de longues siestes. La faune n'était pas en reste, de la biche aux grand yeux tendre aux écureuils qui couraient le long des troncs en passant par les oiseaux aux couleurs vivent dont le chant touchait le cœur avec plus de précision qu'un discourt humain, les animaux faisant grouiller la forêt comme une petite armée à fourrure, à plumes et à écailles. Il avait seize ans bien sonnés et était un homme fait, prêt à prendre les armes lorsque le devoir le demanderait, rêvant d'aventures, de danger et de batailles héroïques où il s'illustrerait de la meilleur manière, faisant grand honneur à sa famille... Ce jour là cependant n'avait rien d'un jour ordinaire, d'une part parce qu'il s'agissait de la plus belle journée d'un été sans pareil et d'autre part, et c'était sa motivation principale d'être là et non au castel en train de s'entrainer, sa sœur dans un regain d'énergie et de santé avait décidé de faire une balade dans la campagne environnant le domaine de leur famille. Il en avait été fou de joie, la jeune femme avait une santé des plus fragile et était alitée la plus grande partie de l'année, les guérisseurs du patriarche avaient même recommandé de poser des sortilèges de froid sur la demeure familiale en cette période de très grande chaleur afin que la jeune dame ne périsse pas d'étouffement, pourtant le soleil et l'air parfumé semblait avoir eu un effet plus que bénéfique sur elle et il avait accepté avec un enthousiasme non feint de l'accompagner et de lui faire visiter ses coins favoris. Ce fut en maudissant les médecins et en riant aux éclats des petits rien de la vie qu'ils traversèrent à cheval les terres qu'ils gouvernaient au nom de l'empereur , lui monté sur son destrier de bataille à la robe étincelante et elle sur une jeune jument à la robe de cuivre étincelant, saluant les paysans encore à leurs ouvrages. En coupant au travers d'un champ de pâturage pour se rendre à la rivière il l'observa du coin de l'œil, tout de même un peu inquiet, et en eu le souffle coupé... qu'elle était belle, ainsi auréolée d'or par les rayons du soleil, comme une apparition venue d'ailleurs, ses grands yeux vert d'eau luisant autant en raison de la lumière que de sa bonne humeur, des yeux magnifiques fait pour étancher la soif, le port si noble que n'importe quelle reine le lui eu envié, elle avait vraiment l'air d'un mirage dans ses habits couleur de lilas et lorsqu'elle se tourna pour lui sourire il ne put qu'y répondre, privé de parole. Leur détour par la rivière fut bénéfique, l'eau glacée fouettait le sang et ravivait les ardeurs, libérant leur corps d'une part de sa chaleur de fournaise... ils s'amusèrent longuement, s'éclaboussant, plongeant pour lui et nageant paisiblement pour elle, cherchant des pierres gemmées sur le lit du cours d'eau puis lorsque la collation de milieu de journée fut prise ils reprirent la route, il tenait à lui montrer le bois qu'il avait découvert quelques semaines plus tôt en cherchant du gibier. Le cri de ravissement qu'elle poussa gonfla son cœur de fierté et il la regarda démonter...

La scène, sous ses yeux grands ouverts mais aveugles au monde réel se transforma, changeant, alors qu'il avait été juché quelques secondes auparavant sur une fière monture il était soudain adossé à un arbre, dans une forêt ressemblant à s'y méprendre à celle de sa jeunesse et sa conscience lui revint soudain, son être lui revint et avec lui une terrible douleur et une tristesse encore plus abominable, il frissonna, cherchant à rattrapé la scène, à la vivre encore une fois, rien qu'une seule et unique fois... pourtant quelque chose l'interpela, si vraiment son songe s'était évaporé pourquoi, oui pourquoi diantre sa sœur tant aimée se trouvait elle sous ses yeux, là devant lui, en chair et en os, aussi vivante, aussi réelle que lui même, que l'arbre derrière lui, le sol sous ses pieds, elle était là, telle une apparition et pourtant plus consistante qu'un esprit. Son cœur mort sembla battre à nouveau, la douleur se propageant dans tout son corps et brouillant ses pensées, l'empêchant d'articuler un seul mot cohérent, il restait là, allongé à demi, pétrifié alors qu'il vrillait la jeune femme devant lui de son regard, un regard qui s'alluma soudain d'une flamme si vive que le bleu de ses yeux prit une teinte impossible à égaler ou à reproduire, si brillant que même son capuchon ne dissimulait pas leur éclats. La scène semblait totalement figée, immobile, silencieuse comme faite de cire et pourtant pouvait on nier la vie qui l'infusait ? Lentement, presque au ralentit, il se releva, un pied mouvement après l'autre, un centimètre après l'autre, ne quittant pas une minute la forme féminine de ses yeux. Debout il la dominait de façon écrasante, sa taille si haute qu'il semblait une montagne effilée aux cotés d'une douce colline, sa forme noire se détachant étrangement du décor idyllique comme une tâche d'encre sur une peinture de maitre... d'une main il rejeta sa capuche en arrière, révélant ses traits couleur de cendre et ses cheveux de neige, ses orbes couleur de saphir lui mangeant le visage de façon plus que significative, jamais sa surprise, son hébétement ne fut plus grand et toujours aucun son ne lui venait, aucun son autre que le battement régulier du cœur en face de lui, tel une mélodie rythmée. Il s'avança d'un pas, puis d'un autre... et enfin la digue de son ahurissement céda, laissant s'écouler ce qui lui traversait l'esprit en l'instant.

« Valia ? C'est... toi, impossible... tu est... morte... combien... non, impossible, c'est totalement... Valia, Valia... parle je t'en supplie, dit moi, explique moi, comment a tu survécu, pourquoi pendant tout ce temps... par le grand Dracos... » Les mots sortaient, irrésistibles, irrattrapable tel un flot de sang s'écoulant d'une blessure ouverte qui ne peut se refermer qu'en se vidant totalement, il ne s'arrêtait plus, bégayant, gémissant à demi, suppliant, donnant corps et son à son désarroi, à sa peur et à la folie qui l'envahissait alors que son esprit refusait d'accepter ce qui se trouvait sous ses yeux tout en se languissant d'enfin se voir accorder l'un de ses vœux les plus cher.
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MessageSujet: Re: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeMer 8 Déc 2010 - 19:32

Du bruit. Trop de bruit. A croire que pour se savoir vivre les humains se sentaient contraints de faire le plus de raffut possible, incommodant fortement l'ouïe des êtres sensibles appréciant les vertus du silence. Pourquoi ce besoin de manifestation sonore? L'espèce humaine était-elle devenue sourde ou ne voulait-elle plus entendre les chants et murmures du vent et de la nature? Erreur. La mélodie de la vie dans toute sa sublime simplicité était sans doute le plus bel air jamais créé. Le souffle dans les feuilles, le va et vient des vagues sur la plage au petit matin, le bond de l'écureuil dans les arbres, le battement d'aile d'un papillon, imperceptible au cœur d'un monde ou le silence est depuis longtemps oublié... A quoi bon vouloir parasiter cette Harmonie? Savourer ces accords procurait un tel bien être, une telle paix que Felicya avait du mal à croire que personne ne soit suffisamment ouvert pour l'entendre. L'entendre et l'apprécier à sa juste valeur. La musique. La musique du silence. Les murmures. Ceux que l'on entend pas mais que l'on devine quand le vent s'enfuit en riant doucement, se moquant de la surdité de pauvres âmes égarées dans le monde qu'elles s'étaient imposées. Un monde clos et bruyant. Un monde chaleureux et rassurant pour certains, un univers moite et étouffant pour d'autres, très peu d'Autres. Partout des cris, des rires gras, des sanglots empli de douleur. C'était à celui qui ferait le plus de bruit pour attirer l'attention, pour se faire remarquer. La détresse se manifestait par du bruit, la colère également, la joie... Le monde était sourd. Non, les oreilles du monde était saturée de sons, ce qui au final revenait au même, et pourtant... il y avait bien des moments où le calme revenait, ou les êtres fatigués d'avoir trop parlé rejoignait leur berceau pour se laisser bercer par le silence auquel ils avaient tourné le dos toute la journée. Le silence était un havre, un luxe, une paix éphémère... Il pourrait être tellement plus. Mais ce monde était sourd. Du bruit. Trop de bruit.

Un monde qui ne convenait pas à Perle. La jeune femme avait besoin d'apaiser ses sens, de reposer ses oreilles qui souffraient du brouhaha constant de la ville en pleine effervescence. Elle n'était pas née dans une telle agitation, aussi n'arrivait-elle pas à s'approprier ce nouvel univers qui différé tant du sien. D'ailleurs, elle n'avait aucune envie de faire de Gloria Sa ville, Son chez-elle à part entière. Elle était née de l'Océan, il était sien autant qu'elle lui appartenait. La solitude. Elle affectionnait également le vide, l'absence. L'absence des autres, ne plus sentir leur souffle sur sa peau, l'étoffe qui les enveloppait sur ses propres vêtements ou pire encore, leur peau sur la sienne. Un besoin de s'éloigner, de voyager, de se perdre pour mieux se retrouver. Seule sous les étoiles, elle repensait à son passé, son présent, son avenir, à sa mère qui lui manquait, son maître qui lui manquait, à Lidwin... Ils appartenaient tous les trois à son passé, sa mémoire, ses souvenirs enfouis au fond d'elle-même qui lui inspirait une forte crainte et un profond chagrin. C'était pour cela qu'elle s'était isolée, pour que personne ne voit la peine déformer ses traits qu'elle figeait volontairement face à autrui. Sa tristesse lui appartenait, elle ne voulait la montrer à personne, ne pas la partager, la laisser peser sur elle jusqu'à ce que la fatigue la libère de son fardeau pour lui permettre de s'enfuir dans son inconscience. Elle ne pouvait pas pleurer pour évacuer la pression, pas hurler non plus, de peur de briser l'Harmonie silencieuse qui régnait au cœur de la Nature. Alors pour évacuer son chagrin, elle plongeait dans la rivière, que la température soit acceptable ou non, cela lui était bien égal, au contraire même, plus la morsure du froid était douloureuse, plus vite son esprit se vidait de tout tracas. L'eau lui faisait oublier. Oublier toutes ses émotions, ses souvenirs, ses cauchemars, telle une vague balayant la plage, elle emportait avec elle la noirceur qui obstruait son esprit et l'aidait à y voir plus clair, avoir les idées limpides. Limpides comme l'eau qui ondulait sur sa peau blanche et la recouvrait d'une robe ondulante et protectrice, glaciale et maternelle. De plus, quand elle s'immergeait totalement, Felicya pouvait apprécier le silence. Ses oreilles entendait encore mais tout ce qui leur parvenait n'était que douceur. Le remous du courant perturbé par le passage incongrue de la jeune femme en plein hiver, l'agitation que provoque le poisson sur son passage en se jouant de la rivière... Perle trouvait le monde aquatique vraiment fascinant. Les poissons, nullement incommodés par l'épaisseur de l'eau qui la ralentissait dans ses mouvements, se déplaçaient au contraire dans cette dernière à une vitesse impressionnante, tranchant les flots tels de petits couteaux d'argent. Certains gracieux comme les oiseaux du ciel, d'autres redoutables comme les lions les plus féroces, d'autres encore était la sagesse même... La richesse du monde aquatique était au moins tout aussi importante que celle du monde terrestre et aérien, même si dans cet univers là, le silence était maître...

Felicya sortit de l'eau, inspirant l'air tiède avec délice. Elle était restée longtemps dans la rivière, un peu trop peut-être car ses lèvres si pâles s'était colorées d'une légère teinte violette tandis que ses doigts fins se retrouvaient légèrement engourdis. Mais la jeune femme n'en avait cure. La rivière lui avait apporté la paix et la sérénité, elle n'en demandait pas plus. La tête vide de toutes pensées négatives, elle se sécha avant de s'habiller pour s'installer en tailleur au coin du feu et resta un moment à contempler les flammes timides qui léchaient le bois un peu trop humide à leur goût, ayant été ramassé juste à côté de la rivière, Perle n'ayant pas le courage d'aller en chercher plus loin. De toute façon ces quelques flammèches étaient bien suffisante pour faire chauffer la tasse en terre cuite qui trônait sur une pierre plate posée à côté des braises. Un peu en retrait, la jument immaculée qu'elle avait empruntée aux écuries du palais impérial quelques jours auparavant la regardait de ses yeux de biche. Un air maternelle, chaleureux... Felicya ne regrettait vraiment pas son choix, elle avait trouvé la compagne de voyage idéal. D'un tempérament calme et docile, Brume était très sensible au moindre de ses mouvements, ce qui obligeait Perle à ne faire qu'un avec elle, à ne penser à rien d'autre qu'à leur destination et les sensations que lui transmettait sa monture par l'intermédiaire de ses muscles qu'elle sentait onduler sous la selle. Les chevauchées avec la petite jument toute en finesse était un véritable plaisir. Même si l'animal ne comprendrait certainement pas le sens de ce changement d'expression, la jeune femme lui adressa un sourire lumineux. Brume cligna des paupières et continua à fixer ses moindres faits et gestes d'un air absent.

Dans le petit brasier bleuté, Perle avait l'impression de revoir des paysages lointains, des souvenirs d'autrefois... des cauchemars. Non, elle ne devait pas y penser, elle devait rester positive, ne pas s'attarder sur des chimères. Un rêve, aussi réaliste qu'il puisse paraître, restant un songe, sans être un mensonge, il n'était pas réel. Et pourtant... L'image qu'elle avait en tête était si saisissante, si effrayante! Ce qu'elle redoutait probablement le plus s'était produit dans son inconscience et elle avait assisté à la scène, impuissante, incapable d'esquisser le moindre geste pour arrêter le massacre. Son village, elle avait vu son village consumé par les flammes, elle avait vu sa mère terrifiée tenter désespérément d'échapper à un ennemi invisible qui la poursuivait pour mettre fin à ses jours. Et les flammes... toutes ces flammes... Ces cris, cette peur, Felicya avait ressentit chacun d'entre eux comme si s'était elle-même qui les avait poussés. Quelque chose avait saccagé son passé, c'était tout du moins ce que lui avait montré son inconscience. Était-ce une intuition? Son instinct? Ses pires craintes qui l'agressaient pour l'effrayer? Ou... la vérité? Non, c'était impossible, son village n'était qu'un petit port dérisoire, inoffensif, loin de tout, personne n'irait saccager des vies aussi innocentes et presque inconnues de tous... n'est-ce pas? Évidemment,. Même si les vampires avait décidé d'envahir l'empire humain, ils n'auraient tout de même pas commencé par la côte, les hommes qui se trouvaient là n'avaient rien d'une menace, c'était ridicule. A moins que... Non, à moins que rien du tout, sa mère était en vie, il n'y avait pas d'autres solutions possibles! Perle se faisait des idées, elle avait peur d'une ombre qui n'existait que dans ses pires pensées... Un rêve... Rien qu'un rêve... Néanmoins elle n'était pas tranquille, savoir sa mère seule et sans défense lui inspirait une terreur sans nom. Elle ne voulait pas la perdre. Elle ne pouvait pas. Sa seule famille, sa mère, son amie, sa confidente, sa guide... Elle était tout pour elle. Il allait falloir qu'elle aille lui rendre visite, qu'elle la convainc de venir habituer avec elle à Gloria, elle était convaincue que Grégorist accepterait qu'elle vive dans ses appartements, ils étaient bien assez grand pour cela. Et puis elle paierait pour la nourriture, pour tout, l'empereur n'aurait même pas à s'en soucier. De plus, cela ferait deux guérisseuses au palais, dont une très expérimenter, ce serait toujours bon à prendre. Oui, Grégorist serait d'accord, il le fallait.

Rassurée et heureuse d'avoir réglé la question, Felicya se leva, sa tasse qu'elle n'avait pas bu et plus envi de boire à la main, et jeta un dernier coup d'œil aux flammes dansantes. Elles lui paraissaient soudain bien moins fascinantes et agréables. Tel un prédateur tapi dans l'ombre, elles semblaient la lorgner avec appétit, et dans les braises rougeoyantes, la jeune femme avait l'impression de distinguer à nouveau la vision terrifiante qu'elle avait eu. Mensonge! La rage luisant dans ses yeux d'azur, Perle jeta le contenu de sa tasse fumante sur le feu qui mourut en un sifflement perçant. A ce geste, Brume renâcla bruyamment, rappelant sa présence à la jeune femme. Perle se radoucit aussitôt et caressa tendrement le front de sa jument avant de lui saisir la bride pour lui indiquer de la suivre. Docile, l'animal blanc comme le manteau de l'hiver se mit au pas, attentive à l'attitude de la jeune humaine qui la devançait. Ajustant sa cape sur ses épaules et rabattant le capuchon sur sa chevelure blonde argentée, la jeune guérisseuse s'éloigna d'un pas vif en direction du cœur de la forêt. Elle ne savait pas trop où elle allait et à dire vrai, cela lui était bien égal. Elle voulait simplement avancer, ne pas s'arrêter, profiter du calme de ces bois et observer la Nature habituellement pleine de vie en cette saison qui semblait somnoler sous la chaleur. Mais pour ce faire elle devait retrouver la sérénité. Fermant les paupières, elle s'arrêta face à un gros rocher. Inspiration profonde. Elle pensa aux arbres qui l'entouraient. Expiration lente. Qu'entendait-elle? Inspiration lente. Le silence. Expiration profonde. La vie était-elle réellement endormie? Inspiration profonde. Non. Expiration lente. Qu'entendait-elle? … Les petits grattements des rongeurs à la recherche de quelques baies, le chant des oiseaux dans le lointain... Était-ce tout? Non, elle entendait également à quelques centaines de mètres de là, un animal plus imposant qui faisait craquer les écorce d'un arbre. Cerf ? Ours ? Humain ? Non, pas humain, pas ici, Felicya en doutait sérieusement... Elle ne savait pas vraiment pourquoi d'ailleurs, il y avait certainement des villages situés en bordure de cette forêt, des chasseurs en quête de proies faciles. Mais malgré ces multiples raisons qui pourraient justifier la présence d'êtres humains entre ces arbres, elle n'y croyait pas. Tout était trop serein, trop... harmonieux.

Ouvrant les paupières, elle passa sa main sur le rocher chauffé par le soleil, appréciant le contact rugueux de la pierre contre sa paume. Soudain, un mouvement vif attira l'attention de la jeune femme. Retenant son souffle, cette dernière s'arrêta net et observa avec attention le bord d'un buisson qu'elle jurerait avoir vu bouger. Lâchant la bride de Brume et lui intimant le silence en plaçant un doigt sur ses lèvres, elle s'avança à pas de loup, tâchant de ne pas faire craquer de brindilles sous ses pieds. Arrivée près de l'arbuste, elle tendit le cou pour tenter de voir quel créature se cachait là. Un petit animal au pelage sombre et ébouriffé se trouvait là, fort occupé à faire sa toilette, passant rapidement ses pattes gracieuses derrière ses oreilles pointus. Un jeune chat sauvage. Peut-être même un simple chaton, à en juger par le peu de prudence et de vigilance dont il faisait preuve. Esquissant un sourire attendri, Felicya prit une petite poignée de feuilles dans sa main et saupoudra la petite boule de poil de petits flocons verts. Surpris, le félin se redressa brusquement et s'ébroua, mettant plus de désordre encore dans sa fourrure qui semblait être trop imposante pour un si petit corps. Il n'avait toujours pas remarqué la présence de Perle, et regardait le ciel de ses grandes pupilles verdoyantes, que la jeune femme imagina soupçonneuses. N'y tenant plus et poussée par la curiosité autant que par l'envi de caresser le chaton, la jeune guerrière fit volontairement bruisser les feuilles du buisson pour attirer l'attention de l'animal. Immédiatement deux pupilles en fente dilatées par la surprise se vrillèrent dans les siens. Le félin ne bougea pas d'un poil, mais Felicya pouvait d'ici sentir la tension dans ses petits muscles. Il était prêt à bondir au moindre mouvement suspect de sa part. Malgré son jeune âge, il devait déjà savoir à quelle race appartenait cette grande créature enveloppée dans une fourrure blanche épaisse composées de plusieurs couches: un être humain. Un craquement retentit soudain à proximité. Ce fut un bruit de trop, le petit félin s'enfuit à toute allure et Perle eut tout juste le temps d'apercevoir le bout de sa queue ébouriffée avait qu'il ne disparaisse dans les fourrés. Souriant tristement, Perle lui souhaita intérieurement d'avoir une longue vie heureuse tout en saluant d'un signe de tête l'endroit où il s'était volatilisé, avant de se détourner pour retourner auprès de sa jument. Brume paraissait tendue, elle respirait vite et ses muscles semblaient crispés... Intriguée, Felicya posa sa main sur son front pour la rassurer tout en jetant un vif coup d'œil aux environs. Rien de suspect en apparence... Ne jamais se fier aux apparences.

Nouveau craquement, Perle se retourna tellement précipitamment que son capuchon retomba dans son dos, dévoilant sa chevelure blonde argenté et son regard mi-effrayé mi-méfiant. Une silhouette toute enveloppée de noir s'avançait vers elle d'un pas chancelant. Il s'agissait là d'un homme à en juger par la carrure, un homme qui malgré le fait qu'il était bien plus grand qu'elle, lui paraissait... fragile. Il gémissait doucement, bégayait des paroles insensées et la regardait comme s'il ne la voyait pas réellement. Et quel regard... Deux éclats de glace miroitants, scintillants comme deux étoiles bleues. La lumière qui semblait s'échapper d'eux n'était pas dû au reflet du Soleil qui ne perçait point à travers un gros nuage cotonneux qui passait dans la voûte céleste. Non, cette lumière venait d'ailleurs, de l'Ailleurs. Des souvenirs vifs, plus puissants que la raison aveuglait cet être, lui faisait confondre ses pensées et la réalité... Felicya fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. La peau de cet homme était étrangement sombre et elle tranchait avec l'abondante chevelure blanche éclatante qui encadrait un visage qui sans paraitre vieux, semblait marqué par le temps. La jeune femme fit le lien avec la nervosité de sa jument: un vampire. Par réflexe, son corps tenta de se crisper. Échec. Elle n'avait pas peur, comment aurait-t-elle pu? La créature de la nuit semblait accablée de mille maux et à chaque plainte qui s'échappait de son âme même, brisait le cœur de la jeune guérisseuse, la mettant elle aussi au supplice. Indécise durant quelques secondes, elle réfléchit à ce qu'elle devait faire. Le choix était simple: profiter de la faiblesse de cet ennemi de l'humanité, ou fuir le plus loin possible. Aucune de ces deux solutions ne lui plaisaient, même pire, la première lui semblait totalement in-envisageable malgré sa qualité de guerrière sensée être intraitable... La voix vacillante de l'inconnu lui parvint tel le gémissement du vent par une nuit noire;

« Valia ? C'est... toi, impossible... tu est... morte... combien... non, impossible, c'est totalement... Valia, Valia... parle je t'en supplie, dit moi, explique moi, comment a tu survécu, pourquoi pendant tout ce temps... par le grand Dracos... »


Perle frissonna et eut un bref mouvement de recul. Non, il y avait erreur, le vampire délirait, il ne la voyait pas, c'était une autre qu'il voyait à travers elle. Valia. Non, elle n'était pas Valia, elle n'avait jamais porté ce nom. Jamais. Mais alors qui était-ce? Une personne chère au cœur d'un sans cœur, une jeune femme qui lui ressemblait sans doute physiquement mais qui était morte. Elle ne faisait que lui ressembler.... rien de plus. Felicya. Felicya Nahari, c'était ainsi qu'on l'avait nommée. C'était également ainsi qu'elle refusait qu'on la nomme, elle n'avait donc à son sens pas de nom. Elle n'était Personne. Rien. Une image flottant dans les airs, et qui, sans identité ne pouvait exister en ce monde où tout avait un nom, autrement dit: elle n'existait pas. Alors pourquoi ne pas être Valia? Valia qui lui ressemblait mais qui avait vraisemblablement été enlevée par la mort, Valia dont un des proches se souvenait et aimait au point de se retrouver aujourd'hui dans un état de faiblesse tel qu'il faisait mentir toutes ces rumeurs sur les buveurs de sang. Valia... Son nom avait marqué les mémoires car il collait parfaitement à la personne qu'elle était, qu'elle fut autrefois. Elle devait être une personne merveilleuse, le vampire semblait si triste... Non, Felicya ne jouerait pas avec les sentiments d'autrui, fut-il l'ennemi juré de sa race. Une lueur mélancolique dans ses pupilles d'azur, la jeune femme s'avança d'un pas pour soutenir le vampire et le forcer à s'assoir, l'adossant avec douceur à un arbre proche. Cette proximité avec un Vampire, le fait de le toucher, ne lui inspirait pas la moindre crainte et ses gestes dégageaient une assurance et une tendresse qui n'avait rien à voir avec les sentiments qu'elle aurait dû éprouver. Une fois qu'il fut assis, elle resta accroupie face à lui, la mine soucieuse. Elle répondit d'une voix qu'elle voulait calme:

- Calmez-vous. Vous... vous faites erreur... Les mots avaient eu tant de mal à sortir... Elle passa une main hésitante sur le front du vampire. Un réflexe stupide. Les vampires pouvaient-ils être malades? Peu importait. De toute façon, tout ce qu'elle faisait depuis qu'elle avait décidé de ne pas fuir était en un sens « stupide ». C'était sa vie qu'elle jouait en ce moment même, même si elle refusait de s'en rendre compte, trop préoccupée qu'elle était par l'état du vampire. Quel est votre nom?

[J'ai eu beau réécrire la fin une bonne cinquantaine de fois elle ne me conviens toujours pas >< dis moi si tu veux que je modifie quelque chose =)]
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Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Empty
MessageSujet: Re: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeSam 18 Déc 2010 - 15:41

Elle était là, elle était là devant lui aussi réelle que la terre sous ses pied, que le vent sur son visage et le soleil brulant, elle était vivante, grâce de tout les esprits, vivante et aussi sublime qu'à l'époque où il avait pour la dernière fois croisé son regard plein de tendresse, comment pouvait on en douter un seul instant, en la voyant telle qu'elle était en cet instant et il ne doutait point, son cœur semblait un instant s'être remis à battre tant la pression qu'il ressentait était forte... Elle était là, sous ses yeux, la mort avait eu beau l'emporter tant d'années auparavant rien n'y avait fait elle était là aussi vivant et pure que par le passé et son émerveillement allié à sa surprise, à son émoi, suscitait des sensations totalement contradictoire en lui. Il avait froid, d'un froid terrible, mordant, d'un froid inconcevable pour un mort, comment pouvait il même avoir froid, était ce possible, était ce naturel, il était roidi comme une statue des vieux rois, aussi droit qu'une lame d'épée et à chaque frisson courant sur son épiderme il sentait un fluide glacé le parcourir et pourtant, pourtant il se savait brulant, aussi brulant qu'un fer chauffé au rouge non pire encore, comme si il était une source de chaleur et son esprit bouillait, rugissait comme une lave en fusion, il tremblait et chaque tremblement lui donnait l'impression d'être prêt à exploser, d'être prêt à mourir de nouveau tant la chaleur le suffoquait.

Pire encore il sentait quelque chose, dans sa poitrine, quelque chose battre, panique, du sang dans ses veines mortes et vides de puis si longtemps, effarement, sa chair produisant la vie comme celle d'un homme véritable, doute... et dans le même temps il était toujours le même, son corps était rigide et souple à la fois, puissant au delà de la raison humaine et d'une acuité qui lui appartenait entièrement, paradoxe si il en était, il ne savait plus, ne comprenait plus rien, était il humain, était il Adryne l'humain, le noble au lignage pur depuis tant de génération, le chevalier intraitable dans son honneur et sa droiture, était il Adryne le vampire, le veilleur solitaire qui n'avait de parenté véritable que celle des ténèbres et du vent glacé dans les souterrains silencieux et humide, l'assassin sans merci qui traquait sa proie jusqu'aux confins du monde si il le fallait, qui, qui par le Dracos, qui être en face d'elle, de cette femme qu'il chérissait par dessus tout, pour qui il aurait été prêt à tout dans le passé et se découvrait inchangé, supporterait il même de choisir tant la peur de la perdre de nouveau était forte.

Le cœur battait à ses oreilles, fougueux et indubitablement vivant, le corps dégageait la chaleur de la vie, douce comme le jus d'un fruit ou le sucre du miel et celui lui donnait faim pour sa plus grande horreur, il en était malade rien que d'imaginer planter ses dents dans la peau de sa sœur bien aimée, plutôt s'arracher les crocs et mourir de faim ! Ses yeux grands ouverts, autant de terreur que de surprise, buvaient la forme devant lui comme une eau vitale, qu'elle était belle avec ses longs cheveux dorés qui tombaient en cascades sur ses épaules, tel des rivières d'or frappé, tel des flots de miel ou des tresses d'asphodèles, avec ses yeux à la couleur d'eau fraiche, des yeux que n'aurait pas dédaigné un homme mourant de soif et dans lesquels il semblait plonger pour ne plus jamais se relever, avec sa peau pâle et délicate comme un velours rare ou une soie inconcevable, avec sa petite taille et son apparence fragile, si fragile et si précieuse, une poupée de porcelaine, une statue de verre ou de cristal que le moindre choc pourrait détruire et que l'on tien dans ses mains avec une révérence et une attention sans commune mesure, comme elle était frêle à coté de lui !

Elle l'avait toujours été et c'était d'autant plus criant lorsqu'ils se tenaient tous deux cotes à cotes, lui grand et musculeux et elle fine et petite, on eu dit un lion et une biche ayant dépassé la loi de la chaine alimentaire et pourtant, pourtant la jeune femme était forte, si forte, dotée d'une assurance calme et paisible qui faisait s'incliner le plus méprisant et le plus fier des bannerets de leur père, une assurance qui semblait incapable de se briser, l'assurance de celle qui connait sa valeur et sa sagesse, la valeur et la sagesse d'une écoute et d'une attention alors même que l'on contemple sa fin, jamais il n'avait possédé cela lui, son assurance venait de sa force, de son nom et de la peur secrète de voir les efforts de sa famille s'effondrer, elle avait cette douceur de ceux qui vivent dans la fragilité et forment chaque geste et chaque mot avec lenteur et application, attentifs au moindre détail afin de faire au mieux, afin que chaque chose soit aussi parfaite que possible et pour qui l'empressement n'a aucune raison d'être...

Oui il la revoyait comme hier, chaque souvenir aussi vivace qu'une plaie à vif emprunte de sel et pourtant plus doux que l'aurore, il aurait tant voulu la toucher, pouvoir caresser sa peau, s'assurer qu'elle était réelle, qu'elle était en bonne santé et qu'elle n'allait pas disparaître de nouveau comme fumée ou brume, il aurait voulu la tirer hors de l'auréole de clarté glorieuse couleur d'or que dégageait le soleil, la prendre dans ses bras pour la serrer contre lui en enfouissant le nez dans sa chevelure pour en sentir le parfum sucré et agréable, il aurait voulu plonger ses yeux dans les siens et ne plus jamais les lâcher, il aurait voulu, par dessus tout, pleuré.

De bonheur, de détresse et de tant d'autres choses presque indéfinissables tant il avait oublié quelles étaient les sensations de l'humanité, même l'amour ! Oh esprits ! Même l'amour n'avait rien à voir avec ça, rien à voir du tout, cela c'était... l'adoration, c'était la croyance quasi religieuse, les sentiments les plus purs dont il était capable il les tournaient vers elle, vers cette jeune femme qu'il avait cru perdre tant de décennie auparavant et qu'il avait aspiré à retrouver de tout son être, l'appelant davantage encore que la mort véritable. Oui il aurait voulu pleurer et crier et tant d'autres choses bien qu'il n'ai la force pour aucune d'entre elles, il ne pouvait que rester là, bégayant et gémissant en priant il ne savait quelle force qu'elle ne s'enfuit pas devant lui, qu'elle ne prenne pas peur de son apparence, qu'elle le reconnaisse et vienne à lui, il savait d'instinct que ce serait le coup final si elle le fuyait, jamais il ne pourrait s'en relever.

Il avança d'un pas, un seul et qui pourtant lui pompa toute sa force et toute sa résolution, il trembla encore davantage et faillit tomber à genoux, aveugle au reste du monde, plus rien ne comptait, plus rien n'avait d'importance en dehors d'elle, elle était tout, absolument tout, le passé, le présent, l'avenir, la folie comme la santé, le mal comme le bien et son être tout entier était tourné vers elle tel une plante héliotrope se tournant vers le soleil pour rester en vie. Pourtant elle ne bougeait pas, elle restait là aux cotés de sa monture, elle ne semblait même pas le reconnaître et pourtant quelque chose lui disait qu'elle n'allait pas partir, elle ne le laisserait pas... Devant ses pieds semblait s'étendre un gouffre vorace, gigantesque et aussi froid qu'un tombeau, une abysse qui lui rappelait étrangement celle des âmes, au cœur même de la terre, ce gouffre probablement sans autre fond que la limite du monde et qui ouvrait sa gueule béante et terrifiante sous le grand hall de l'ancien royaume vampirique et la ressemblance le troublait sans qu'il identifie pourquoi.

Il essaya d'avancer de nouveau mais ses jambes peinaient déjà à le faire tenir debout, il se sentait si impuissant, si faible alors que sa toute puissance, sa qualité de prédateur et de guerrier sans remord à la force éprouvée depuis plus de sept cent ans, sa force n'en était plus une et malgré les qualités naturelles qu'il possédait il était cloué sur place sans autre ressort que d'attendre, attendre en suppliant autant de l'âme que des yeux que celle qui le tenait ainsi sous son emprise se décide à dicter la sentence, que celle ci soit la mort ou la vie n'avait pas la moindre importance, seul importait le geste quel qu'il fut. Dans son esprit il entendit un appel, ou plus exactement sentit la pointe, la sensation, l'idée vague et floue de son nom murmuré, son nom à lui par une voix tenue et inquiète et un instant il pensa qu'il s'agissait d'elle, qu'elle avait décidé enfin de se manifester... il fut brutalement ramené les deux pieds sur terre lorsqu'à la place du murmure ce fut un rugissement courroucé qui retentit avec la force d'un gong dans son crâne en le faisant grimacer, une bile amère se déversa dans sa bouche résultat de son irritation et de son retour sur le plan de réalité qu'il habitait en général.

Il gronda intérieurement et repoussa Einas avec rudesse, refusant de l'écouter, l'oubliant à demi dans sa transe fiévreuse et attentive... Il se sentit bondir hors de lui même en la voyant s'avancer enfin, d'un pas oh d'un pas infime mais qui était suffisant, il n'avait pas eu conscience de leur proximité, il s'était imaginé plus loin que cela, au delà, tellement au delà, inaccessible mais non elle était là, juste devant lui, il n'aurait eu qu'a tendre le bras pour pouvoir l'enserrer dans une étreinte mille fois souhaitée mais quelque chose le retint et il la laissa approcher en fixant les yeux d'azur mélancoliques. Il se sentit finalement s'effondrer et ce fut seulement grâce à la jeune femme qu'il ne tomba pas à terre, elle était si près, si près ! Il n'avait d'yeux que pour elle, ne se sentait même plus lui même, ne pensait pas ses gestes et ses expressions, tout était guidé par elle et uniquement par elle.

Et pourtant quelque chose n'allait pas, quoi donc alors qu'il retrouvait enfin la seule âme de sa famille qui ne lui fut pas odieuse, sa sœur bien aimée, celle pour qui il aurait donné le monde lui même, il l'observait et ne pouvait s'empêcher un horrible doute de s'insinuer dans son esprit... ses cheveux étaient blond d'argent là où ils auraient dû être blond de cuivre, cette subtile et unique nuance de la crinière flamboyante tel un feu de leur clan et le blond platine soyeux de sa mère, ses yeux étaient d'azur limpide mais seulement si proche pouvait il noté l'absence de la fine étoile céladon qui aurait dû orner ses orbes brillantes, sa peau pâle n'avait pas cette pâleur diaphane qui lui avait valu le surnom d'esprit d'argent mais cela était il simplement le fruit de son regard brouillé ou de sa mémoire en lambeau ou était ce la preuve qu'il manquait à tout cela un morceau, une nuance, une cohérence quelconque. Il refusa la pensée tandis qu'il glissait à terre, à la place qu'il avait occupé quelques minutes auparavant et qu'elle se postait face à lui, oh ! Comme dans ses souvenirs, dans ses doux souvenirs qui affluaient du néant qui représentait sa mémoire, arrachée et perdue par la transformation en vampire, une perte plus grande encore que son humanité, une perte qu'il n'avait jamais accepté mais pas plus recherché et qui en cet instant semblait lui être en partie rendu.

La bibliothèque était baignée par le soleil de fin d'après-midi, un soleil terne et plein de nuance de gris, de bleu et de blanc, un soleil qui semblait s'être parer des couleurs de l'hiver à l'image de la nature. La végétation dans la région était devenu une image d'Épinal, l'herbe haut ou rase était couverte par une épaisse couche de neige et de givre qui ressemblait à un grand tapi blanc ou à un océan étincelant, les arbres scintillaient de cristaux de glace et de neige comme si un être les avait décoré avec goût, le ciel était d'un gris métallique et en grande partie dissimulé par des nuages énormes et blanc, non point cotonneux mais épais et lourd, d'où tombait sans un bruit de délicat flocon de neige fraiche tandis que le vent faisait onduler les cimes des arbres. Les toits du village le plus proche formaient un ensemble blanc et brun, parfois vert ou bleu sombre même si plus rarement, des cheminées s'échappait une fumée blanche et grise qui annonçait un repas chaud et copieux pour pallier les rigueurs de la saison, une soupe de légume et de porc peut-être ou alors un poulet braisé avec des pommes de terres et quelques fruits conservés dans l'alcool. Les rues blanches étaient presque déserte mais de son post d'observation il pouvait voir de très petite silhouette traverser occasionnellement en direction d'une maison... Lui était à l'abri dans le château familial, la pierre des murs était certes froide mais elle gardait la chaleur des grands feu rugissant à l'intérieur et procurait une agréable sensation d'isolement douillet alors même qu'il s'émerveillait du paysage qui s'offrait à ses yeux. La fin d'après-midi aurait dû être l'occasion d'un entrainement à l'air libre avec leur monture mais au vu du vent qui s'élevait et projetait des bourrasque enneigée un peu partout leur maitre d'arme avait décidé d'annuler la séance et leur avait permis de faire ce qui leur plaisait, il avait donc tout naturellement pris le chemin de la bibliothèque pour s'offrir le luxe de lire un livre en contemplant la nature en sommeil sous ses mètres de matière blanche et froide, une chope d'hydromel tiède trônant près de lui sur une table de bois de rose et un confortable fauteuil. Il ne s'était pas attendu à la voir ici et encore moins à ce qu'elle le rejoigne au pas de charge en se campant devant lui avec une expression soucieuse, qu'avait il donc fait ? Elle l'avait observé pendant un long moment avant de parler, sa voix douce portant des accents jamais entendu jusqu'alors...

Le son de la voix lui fit l'effet d'une gifle, non pas une simple gifle mais un véritable coup de poing infligé par un membre d'acier ou pire et il sursauta et haleta. La voix était plus chaude et plus basse d'un octave que celle de Valia et surtout, surtout elle possédait un accent qu'il n'avait jamais entendu ni de son vivant ni de sa non mort et qui lui fit l'effet d'un poison terrible. Il se crispa en sentant un main chaude se poser sur son front et ferma un instant les yeux en gémissant de désespoir, incapable de repousser l'humaine comme de se soustraire au toucher hésitant qui sembla lui infliger l'équivalent d'une décharge foudroyante, elle semblait si douce, si attentive, mais... mais elle n'était pas Valia.

La compréhension le frappa avec davantage de force que tout le reste, comme un cheval lancé au galop, comme un coup de patte d'un grand dragon et cette simple prise de conscience le broya intégralement, détruisit ses espoirs, réduisant son corps en une bouillie informe, fracassant son esprit en mille éclat cruel semblable à des pointes empoisonnées qui se plantèrent dans son âme en le déchirant avec plus d'efficacité que n'aurait put le faire cent soldats et pas moins que les crocs d'un dragon. Si auparavant son âme avait ténu dans une noix elle n'était à présent pas plus grosse qu'une graine de coriandre et pas suffisante pour remplir celle ci, si auparavant son esprit avait été malade et gangrené en cet instant il n'était plus rien qu'une masse informe et sans existence autre que cette indicible souffrance qui le taraudait sans relâche.

Il ne pouvait parler, il ne pouvait penser, il ne pouvait même plus tressaillir, il restait là, la fixant d'un regard si plein de souffrance et de détresse qu'il aurait put en noyer tout Gloria, aussi raide qu'une lance et sans le plus infime mouvement, sans le plus infime tressaillement... Il voulait parler, il voulait s'exprimer, oh pas pour répondre à sa question ça non mais pour exprimer l'horreur absolue qu'il ressentait en cet instant, ce mélange abominable de désillusion et de chute dans le noir, dans un noir si absolu que même ses yeux nyctalopes ne pouvaient le percer, mais cela lui était impossible, le coup et la révélation semblait l'avoir privé de parole plus sûrement qu'aucune flèche de silence, de parole mais également de tout autre moyen de communication.

Son visage se crispa en une expression de pure souffrance et il ouvrit la bouche dans une ultime tentative de s'exprimer mais seul le silence répondit à ses souhait... il sentait monté une vague grondante dans le creux de son être et il se remit à trembler et plus la vague montait et plus il tremblait, tel une feuille dans le vent de la tempête qu'aucune digue ni aucun mur ne pouvait arrêter. Et enfin l'étincelle, le brasier tournoyant vers un ciel d'obscurité sans fin... il se jeta en avant, criant le nom de celle qu'il avait souhaité revoir de tout son être, son corps enfin libéré des chaines invisibles qui s'étaient abattu sur lui et le flot de sa souffrance se rependant hors de lui comme le sang hors de la plaie, lui ôtant le poids qui avait jusque là pesé si durement sur ses épaules et éclairant le ciel de son esprit tel un vent chassant les nuages.

Il enlaça la jeune fille dont le cœur tambourinait contre sa propre poitrine et la serra de toute la force de son chagrin, dissimulant son visage dans les boucles de sa chevelure, un bras autour des frêles épaules qui faisaient moins de sa circonférence et l'autre autour de la taille qu'il aurait put broyer d'un simple faux mouvement. Il voyait, au travers des mèches luisantes, le paysage magnifique de la foret bien qu'il lui apparaissait alors lent et étrangement immobile avant que quelque chose de froid et de liquide ne vienne couler sur son visage, il sut alors qu'il pleurait, de ces larmes de sang qui dégoutait tant les humains et qui semblait un signe de malheur.

Le sombre fluide tâcha le tissu sous son visage mais il n'en avait cure, il serrait, aussi fort qu'il pouvait se le permettre sans l'étouffer, sanglotant légèrement et caressant le dos de la jeune femme tandis que le surplus de sensation disparaissait, comme évaporé dans l'air ambiant. Au bout de longues minutes il se décida enfin à lâcher prise et à s'écarter de l'humaine, observant son visage de ses yeux bleus éclatant, le sien propre vide de toutes expressions, simplement paisible, simplement calme mais du calme du condamné à mort et non de celui qui vit en paix, ses longs doigts fins et gantés de noir traçants les contours des yeux et du mentons, caressant les joues lisses en essayant de dire quelque chose...

« Tu n'est pas elle... oh Dracos j'aurais tant voulu mais cette méprise me brise encore davantage... pauvre princesse pourrait tu même me pardonner ceci, de quoi ai je l'air... mais je l'aimais tellement, je l'aimais au delà de tout même de ma propre vie, Valia... plus douce que miel et plus merveilleuse que la plus grande merveille de ce monde, Valia... j'aurais donné n'importe quoi pour la revoir, je me serais même damné de nouveau pour un seul instant auprès d'elle, si seulement c'était possible... mais tu n'est pas elle, aucun mot n'est assez fort pour exprimer ma contrition... »

Il s'interrompit en soupirant lourdement, chassant encore un peu la douleur qu'il avait ressentit, tentant de mettre de l'ordre de ses pensées et surtout de trouver quoi faire d'autre que de rester là à terroriser une pauvre jeune fille qui n'avait vraiment rien demandé.

Mais qu'y pouvait il, qu'y pouvait il vraiment dans cette histoire ? Une impulsion qu'il n'aurait put expliquer lui fit saisir la main délicate de l'humaine, sa peau tranchant avec le noir des vêtements qu'il arborait, il porte lentement la main à son visage et y déposa un baisé léger avant de la presser contre son front, retenant de nouvelles larmes qui embuèrent ses yeux et brouillèrent sa vision. Il s'entendit reprendre la parole, sa voix provenant d'ailleurs que de son esprit, peut-être une simple mécanique mais dans ce cas une mécanique qu'il ne souhaitait pas arrêter, parler faisait du bien, parler le soulageait de son poids même si ses paroles n'avaient pas forcément de sens. Sa voix était éraillée, faible et saccadée comme après une longue course...

« Je... je suis... Adryne... Adryne Taranisaii, du clan de Taranis... ancienne... lame noire... et... un monstre maintenant... sept cent ans, peut-être plus je ne sais plus... Valia, elle... elle... je... par le grand Dracos pourquoi ? Pourquoi me faire souffrir encore maintenant, n'ai je pas assez souffert ? N'ai je pas assez payer le prix de tout ceci ? Je suis si fatigué, si exténué, si las... dormir, oui dormir serait si doux mais impossible, impossible pour un monstre, si seulement elle était là... un seul instant, je ne demandais qu'un seul instant de plus en sa compagnie, rien que pour lui dire combien je l'aimais, combien elle me manquait, juste ça, rien d'autre... »

Il relâcha la main et s'affaissa contre le tronc de l'arbre, de nouvelles larmes rouges tombant de ses yeux et traçant des sillons sanglants sur sa peau à la pâleur irréelle, il se replia sur lui même et s'enroula pour se mettre en boule, se tenant la tête à deux mains, crispant ses poings sur ses cheveux de neige et tremblant de nouveau, doucement, comme un animal blessé cherchant à se protéger. Et toujours les mots coulaient hors de lui, sans qu'il soit capable de s'arrêter...

« j'ai mal... j'ai si mal... ma mémoire.. envolée... juste elle, juste elle, pitié... Non ! Non je ne doit pas; ça ne sert à rien, elle est.. elle est... ma faute, tout est ma faute, je devrais souffrir mille fois pour tout cela... je... je... je suis... désolé... humaine... pardon, pardon pour tout, si seulement, si seulement... je ne connais même pas ton nom et tu... pourquoi tu n'a pas fuit, pourquoi tu est restée... j'aurais put, dû, te tuer... pourquoi, oh pourquoi par les esprits ! Plus jamais, j'avais juré que plus jamais... et pourtant, pourtant j'ai... »

Il s'étrangla et poussa un gémissement en crispant encore davantage ses muscles dans l'espoir de sortir de la spirale infernal qu'il sentait se refermer sur lui tel un oiseau de proie sur un cadavre, il avait beau se débattre la poigne semblait aussi inexorable que le destin lui même, il s'essuya rageusement les yeux et tenta sans succès de se relever, de s'éloigner mais rien n'y fit. Il se calma finalement, à bout de force et glissa légèrement, sa tête venant reposer sur le bois, les yeux à demi fermés il écoutait le sang de la jeune femme battre contre ses oreilles sans qu'il éveille la moindre faim, il était soit écœuré soit véritablement en état de choc, dans les deux cas il n'était pas capable de faire plus de quelques centimètres et certainement pas de se relever. Il regarda de nouveau la jeune femme et, d'une voix morne, rompit de nouveau le silence étrange qui s'était posé sur la clairière... « Pourquoi ne m'a tu pas tué ? Aussi faible que cela j'aurais été incapable de t'opposer la moindre résistance alors pourquoi ne pas en avoir profité, pourquoi ne pas m'avoir décapité, ça aurait été si simple et si rapide, pour nous deux... pourquoi fallait il que tu agisse comme elle, pourquoi est tu comme elle, qui est tu... »

être... une question de la plus haute difficulté, qu'est ce que cela signifiait vraiment, être, était ce une identité que l'on se montait de toutes pièces, était ce l'emprunte de la vie sur un corps nouveau, être représentait une vie ou alors une âme, ou peut-être un esprit... ou alors tout ensemble, absolument tout. Quelle étrange question quand on y pensait, comment pouvait on comprendre le fait d'être quand on avait déjà tant de mal à se l'expliquer soit même alors essayer de comprendre ce que cela pouvait être pour un autre... et même si c'était le cas, pourquoi demandait il cela, qu'est ce qui le motivait à la garder en vie alors qu'avec un peu de volonté il lui aurait déchiré le cou et aurait bu son sang pour se remettre de ce qu'elle avait provoqué. Alors oui, pourquoi était elle encore en vie ? Il n'aurait pas put le dire...
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MessageSujet: Re: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeMar 21 Déc 2010 - 19:59

Et l'oiseau de feu aux couleurs chatoyantes également appelé Espoir prit son envol, laissant derrière lui un être brisé, brûlé de l'intérieur. Felicya serra les dents en le sentant s'éloigner à tire-d'aile. Jamais encore elle ne s'était aussi triste, aussi désemparée. Son masque s'effritait peu à peu tandis que son cœur se fissurait à la vu du vampire prostré face à elle. Il souffrait, cela ne se voyait, pire même, se sentait. Il s'échappait de lui une sorte d'aura qui n'avait rien de ténébreux ou d'effrayant, juste de profondément douloureux. Une douleur que Perle encaissait elle aussi, comme si cela pouvait aider l'être devant elle à alléger sa peine... Mais comment partager une douleur dont on ne connaissait point la nature? Comment guérir les maux inconnus qui faisaient pourtant des ravages innommables ? « les plaies physiques font couler le sang. Les plaies du cœurs, les larmes. Mais les plaies de l'âme, que font-elles couler, elles? » La vie, ni plus ni moins... Un flot miroitant s'échappant sans discontinuer d'une déchirure plus hideuse que tout ce qu'il est possible d'imaginer. Une blessure incurable...

La jeune femme se mordit la lèvre. Elle venait d'admettre ce qui pour une guérisseuse était inadmissible: la possibilité qu'il existe des plaies contre lesquelles son Art était inefficace. La médecine qu'elle appliquait ne pouvait être utile que contre les meurtrissures visibles ou les maladies... Oui, la limite de ses onguents, ses infusions et ses mains se trouvait là, à la limite du visible. Le domaine de l'invisible lui était inaccessible, trop lointain trop profond, trop mystérieux, trop changeant, et pourtant si proche... Oui, Felicya se retrouvait en cet instant comme n'importe qui dans ce genre de situation, tout aussi démunie qu'un autre, indécise quant à l'attitude à adopter pour venir en aide à celui qui souffrait. Maladroite. Inutile. Frustrée... Mais si quelqu'un d'autre, une autre humaine, s'était trouvée là, à sa place, en ces lieux, avec ce vampire au regard saisissant, aurait-elle ressentit ce qu'elle ressentait? Se serait-elle posé les mêmes questions quant à la conduite à tenir? Peut-être... Et puis non finalement, une autre personne ne serait pas restée. Une autre personne ne se serait pas approché du vampire. Une autre personne ne l'aurait pas touché. Une autre personne... se serait enfuie ou l'aurait tué. Et pourtant elle, elle ne bougeait pas. Elle, elle ne tremblait pas. Pourquoi ? Mais parce qu'elle n'avait même plus conscience que c'était le pire ennemi de sa race qu'elle avait sous les yeux! Tout ce qu'elle voyait elle, s'était un être doué de conscience au creux de sa souffrance, qui éprouvait des sentiments très humain en fin de compte, mais à une ampleur qui dépassait largement les limites du supportable pour tous ceux de sa race. Comment de pas éprouver de la compassion, non pas pour un vampire au bord du gouffre, mais pour un semblable lançant un appel au secours désespéré ?

Felicya laissa sa main inutile retomber sur ses genoux. La peau du vampire était de glace, morte, figée dans sa blancheur presque blafarde. Perle laissa son regard vagabonder sur les traits de l'inconnu. Un spectre, c'était ce qu'elle avait sous les yeux. Un spectre rattaché à la terre pour l'éternité, dont seul le regard en cet instant rappelait la vie qui l'habitait encore. Une infime parcelle lumineuse qui se ternissait à vu d'œil. Des souvenirs, beaucoup de souvenirs. Douloureux, très douloureux... Déception, immense... Valia, qui étais-tu donc pour lui? Pourquoi et comment es-tu partie? Et... Quand est-ce arrivé? Mais elle, Perle, elle n'était pas toi Valia, elle ne savais pas, elle ne te connaissait pas et pourtant c'était bien elle qui était là avec celui qui visiblement t'avais aimé et t'aimait toujours malgré sa transformation et malgré le temps écoulé... Injustice. C'était toi qui aurait dû être là, à cette place, à Sa place... Injustice. Alors... pourquoi ? Toutes ces questions sans réponses, Felicya ne cessait de se les poser et poser encore. Son regard se perdit dans le vide. Mais qui donc était-elle pour ainsi se mêler de la vie d'autrui? Personne ne lui avait demandé son avis, personne ne lui avait demandé de rester alors que faisait-elle encore là? Était-elle assez stupide pour se croire capable de guérir une blessure aussi profonde que celle que portait le vampire? Et s'il devenait violent, s'il voulait s'abreuver de son sang, se croyait-elle capable de s'envoler soudain pour échapper à ses crocs qui lui seraient fatals? Non, Perle n'avait pas cette prétention. Elle ne pouvait rien pour l'être meurtri de l'intérieur mais s'enfuir signifiait prendre le risque que la peine le dévore et que la mort qu'il défiait jusqu'alors l'emporte avec elle dans un dernier voyage... La jeune guérisseuse avait déjà entendu sa mère parler de tels cas. Des gens morts de désespoir... Et elle ne pouvait l'accepter. En tant que guérisseuse, elle tenait tête à la Faucheuse, elle se battait aux côtés de la vie, guerrière sans identité alliée à l'Esprit-Totem de la Loutre.

En tant que telle, elle s'était souvent retrouvée seule, confrontée à elle-même, ne sachant trop que faire et tâtonnant dans le noir de son ignorance pour tâcher de trouver la lumière... Parfois elle la trouvait, d'autres fois... Oui, on pouvait dire qu'elle avait déjà joué avec des vies, mais jamais avec de mauvaises intentions, jamais quand elle n'avait pas au préalable exploré toutes les pistes susceptibles d'apporter une solution, La solution. Elle ne se décidait à « essayer » quoi que se soit qu'en cas d'extrême nécessité. Avait-elle déjà échouée ? Une vie s'était-elle déjà enfuit par sa faute ? Oui, hélas... Et elle portait ce fardeau dans son cœur comme un bloc de granit qui lui faisait mal, tellement mal... Mais si l'échec était difficile à accepter, le regard que lui portait les familles du défunt était pire qu'insoutenable, bien qu'il ne soit pas toujours hostile mais plutôt... compréhensif, déterminé,ou encore d'une tristesse simple, la plus profonde et douloureuse qui soit...
Mais ces erreurs, Perle ne voulait plus les faire, elle ne se sentait pas capable d'échouer une nouvelle fois, par pur égoïsme. Elle savait qu'elle ne pouvait supporter de nouveau une situation semblable, le deuil d'une famille qui pleure sur le corps de celui-qui-est-parti pendant que celle-qui-a-encore-les-mains-souillées-de-son-sang se retire dans l'ombre, le visage clos alors que l'effroi hurle en elle, la brisant de l'intérieur.

Mais il était inutile d'espérer, elle savait pertinemment qu'elle en verrait d'autres par la guerre qui faisait rage. Tant de tristesse, tant d'angoisse et d'incertitude... Un stress quasi-permanent l'habitait pour de multiples raisons, et partout la mort semblait la défier du regard. Pas directement bien sûr, mais comme une menace sombre, une promesse flottant au-dessus des hameaux et villages qu'elle quittait ainsi que ceux dans lesquels elle arrivait. En tendant l'oreille, elle pouvait presque entendre Sa voix glaciale lui susurrer au creux de ses songes: « efforts inutiles, j'approche et mes crocs d'argent bientôt goûteront ton sang. Ces vies que tu tentes de préserver, je viendrais te les arracher. Non, pas Te les arracher, tu n'es Personne... Mais ta non-identité ne te permettra pas de passer entre les mailles de mon filet... » . Et elle se réveillait en sursaut, toute transpirante et la respiration haletante. Oui, la guerre, même à distance encore raisonnable, étendait son atmosphère terrible jusqu'ici. La peur se lisait sur les visages et les visages se tournaient vers la capitale dans l'espoir de voir surgir de ses grandes murailles blanches un guerrier invincible, un Héros qui renverrait dans leurs enfers les méchants buveurs de sang et sauverait les gentils humains comme dans les contes pour enfants... Mais cette belle histoire, Perle n'y croyait pas trop, voire pas du tout. Il n'y avait jamais de victoire dans les guerres, en tout cas pas de victoire comme elle aimerait en voir. Des défaites. Les guerres n'étaient que suite de défaites car partout les corbeaux se régalaient de la chair de ceux qui plus jamais ne reverraient leur famille... Des défaites. Rien de plus.

Felicya réprima un tremblement et tâcha de se ressaisir. Elle ne devait pas s'effondrer, pas maintenant. Pas en présence du vampire. Le fait qu'un être ce cette race ennemie se trouve en ces lieux l'inquiétait mais elle ne devait pas y songer, pas maintenant... Une nouvelle question se faufila soudain dans ses pensées, l'aidant à repousser toutes les autres: Comment était morte Valia ? Non, pas la mort, pas encore, s'en était trop la jeune guérisseuse l'avait assez vu! Elle voulait partir loin, s'enfuir de ces bois, s'éloigner! Non pas du vampire, mais de la triste réalité. Pourquoi la mort? Pourquoi ? Pourquoi ? Elle n'en pouvait plus, son esprit était saturé des regards vides qui s'étaient posés sur elle, les regards de ceux qui avaient vu la mort et qui la voyait encore en songeant à ceux qui étaient parti... Mais elle devait être forte, elle devait résister. Elle était guérisseuse. Et en tant que telle, elle ne pouvait partir et laisser là le vampire, car sans être responsable - en partie en tout cas- de sa souffrance, elle refusait d'être complice que l'aggravation de la situation. Et si cela se produisait malgré tout en sa présence, elle n'aurait pas de remord, car elle aurait au moins essayé... De nouveau Perle ressentit le besoin de toucher le vampire, de lui transmettre une vague de réconfort par un simple contact physique, ne trouvant pas les mots. De toute façon ces derniers lui avait toujours fait défaut. Depuis sa plus tendre enfance, elle n'ouvrait que rarement la bouche,non pas parce qu'elle ne voulait pas parler mais parce qu'elle n'avait rien à dire et que les paroles inutiles ne servaient absolument à rien à ses yeux. Pourquoi dire des choses inutiles puisque de toute manière elles ne feront pas avancer les choses? Alors elle demeurait silencieuse. Le silence. Juste le silence. Un silence qui en disait bien plus que tous les mots...

Soudain le vampire qui semblait comme statufié dans sa douleur et ses souvenirs se mit en mouvement. Il essaya de parler. N'y parvint pas. Le cœur de Felicya se serra un peu plus. Le corps de l'immortel fut soudain prit de tremblements et Perle hésita quelques secondes à le prendre dans ses bras mais il la devança en la serrant contre lui. Surprise, la jeune femme ne réagit pas tout de suite et resta un instant les yeux écarquillés et le souffle coupé... Puis un sourire mélancolique se dessina sur son visage et elle referma à son tour ses bras hésitants dans le dos de l'être brisé, lui caressant doucement les cheveux comme elle avait vu des mères le faire pour leurs enfants quand ceux-ci avaient besoin de réconfort. Un geste simple, peut-être ridicule, mais qui l'aidait à ne pas se sentir inutile... Elle ne connaissait pas l'homme qui l'enlaçait, elle avait conscience que sa vie ne tenait qu'à un fil, et pourtant à aucun instant elle ne ressentit la moindre crainte. Juste de la compassion, de la peine, et peut-être même... de la tendresse. Soudain elle sentit un liquide froid effleurer sa peau à travers l'épaisseur de sa cape et sa tunique. Le vampire pleurait. Perle serra fort les paupières, sentant ses yeux la brûler sans pour autant verser la moindre larme. Sans même s'en rendre compte, elle se mit à bercer le vampire tout à son chagrin comme pour le calmer. Quand enfin les sanglots semblèrent s'être taris, l'immortel se détacha d'elle et elle pu contempler son visage blême et ses yeux de glace perlés de rouge... Du sang ? Alarmée, Felicya chercha sur son visage la moindre trace de coupure mais n'en trouva aucune. Ce sang coulait des yeux du vampire... « des larmes de sang ». Mais à qui avait appartenu ce sang ? A la réflexion la jeune femme préférait ne pas le savoir car qui que ce fut, il n'était désormais plus de ce monde, à moins qu'il ne soit devenu à son tour un Éternel... La main gantée de l'être vint alors caresser son visage et elle ne se déroba pas, le laissant effleurer ses traits avec douceur. Lui ressemblait-elle tellement... ?

« Tu n'es pas elle... oh Dracos j'aurais tant voulu mais cette méprise me brise encore davantage... pauvre princesse pourrait tu même me pardonner ceci, de quoi ai je l'air... mais je l'aimais tellement, je l'aimais au delà de tout même de ma propre vie, Valia... plus douce que miel et plus merveilleuse que la plus grande merveille de ce monde, Valia... j'aurais donné n'importe quoi pour la revoir, je me serais même damné de nouveau pour un seul instant auprès d'elle, si seulement c'était possible... mais tu n'est pas elle, aucun mot n'est assez fort pour exprimer ma contrition... »

La jeune guérisseuse tâcha de conserver un calme olympien alors qu'une violente envie de hurler bouillait en elle. Elle s'en voulait tellement... Mais de quoi ? De ne pas être Valia ? De n'être Personne ? Quelle différence cela faisait-il en cet instant ? Aucune. Si elle n'était pas la personne si chère au cœur du vampire, alors elle n'avait pas lieu d'être. Réprimant un tremblement, elle laissa le vampire saisir sa main, incapable de lutter tant elle était perdue. Elle frémit quand les lèvres de l'immortel se posèrent sur sa peau avant de serrer les dents quand il porta sa main à son front. De nouveau ses yeux la brûlaient et elle voyait que le vampire était à deux doigts de pleurer, ses pupilles d'un bleu si pur souillées par des larmes sanglantes.

« Je... je suis... Adryne... Adryne Taranisaii, du clan de Taranis... ancienne... lame noire... et... un monstre maintenant... sept cent ans, peut-être plus je ne sais plus... Valia, elle... elle... je... par le grand Dracos pourquoi ? Pourquoi me faire souffrir encore maintenant, n'ai je pas assez souffert ? N'ai je pas assez payer le prix de tout ceci ? Je suis si fatigué, si exténué, si las... dormir, oui dormir serait si doux mais impossible, impossible pour un monstre, si seulement elle était là... un seul instant, je ne demandais qu'un seul instant de plus en sa compagnie, rien que pour lui dire combien je l'aimais, combien elle me manquait, juste ça, rien d'autre...
j'ai mal... j'ai si mal... ma mémoire.. envolée... juste elle, juste elle, pitié... Non ! Non je ne doit pas; ça ne sert à rien, elle est.. elle est... ma faute, tout est ma faute, je devrais souffrir mille fois pour tout cela... je... je... je suis... désolé... humaine... pardon, pardon pour tout, si seulement, si seulement... je ne connais même pas ton nom et tu... pourquoi tu n'a pas fuit, pourquoi tu est restée... j'aurais put, dû, te tuer... pourquoi, oh pourquoi par les esprits ! Plus jamais, j'avais juré que plus jamais... et pourtant, pourtant j'ai... »


Felicya frémit légèrement et passa inconsciemment sa main sur l'épaule contre laquelle Adryne Taranisaii -puisque c'était son nom- s'était appuyé. Elle la retira et l'observa, sa peau si blanche recouverte de sang. Elle ferma le poing, le regard dans le vague. Oui, il était étrange qu'elle fut encore en vie. Ce sang qui souillait ses vêtements et sa main aurait dû être le sien. Et pourtant, elle était là, debout, bien vivante... Son regard glissa vers la forme recroquevillée du vampire accablé par mille tourments. Meurtrier. Cette créature de la nuit était un assassin de la pire espèce, un monstre odieux qui s'abreuvait du sang de ses victimes pour se nourrir. Il était plus fort qu'elle ne le serait jamais, il pouvait la tuer d'un simple coup, faire d'elle un monstre à son tour d'un simple claquement de croc. Était-elle écœurée pour autant? Non. Elle avait beau faire des efforts en ce sens, penser aux choses les plus effrayantes qu'on lui avaient raconter au sujet du royaume des ténèbres, elle ne ressentait ni crainte ni animosité tandis qu'elle observait le corps tremblant d'Adryne. Il avait tué ? Et alors ? L'avait-il choisi ? Peut-être mais dans ce cas une autre question surgissait pour remplacer la précédente: Avait-il choisi d'être un « monstre » ? Elle en doutait sérieusement. Et cette peine qu'elle lisait sur son visage... Tout ce temps écoulé, sept cent ans passés dans la peau d'un buveur de sang qui semblait en cet instant lui répugner. Des crimes restaient des crimes mais il purgeait sa peine à chaque seconde qui passait, quelqu'un était-il en mesure de contre-dire cette affirmation ? Perle le mettait au défi de le faire, jamais elle n'en démordrait, Adryne n'avait pas choisi son sort, il le subissait. Par conséquent, à ses yeux, il n'était ni bon ni mauvais. Il était ce que le Destin avait fait de lui... Pouvait-on lui en vouloir de boire le sang d'autrui ? Non, on ne le pouvait pas. Il était un prédateur, il avait besoin de fluide vital pour sa survie comme les humains et elfes avaient besoin d'air pour respirer. Si l'oxygène avait été un être vivant doué d'intelligence, tous les êtres qui le respiraient auraient-ils dû être condamnable pour le simple fait d'inspirer ? Image ridicule n'est-ce pas? Et pourtant c'était ainsi que Felicya avait décidé de voir les choses, refusant catégoriquement de juger le vampire sur ses actes. Il avait sa vie, son passé et elle avait le sien. Elle pouvait le comprendre et ainsi essayer de l'aider de son mieux... Le méritait-il ? Il suffisait de le regarder... Si faible en apparence, si fragile... On aurait dit que la jeune humaine était devenue force et le vampire plusieurs fois centenaires, faiblesse, elle debout et lui recroquevillé... Si elle avait été quelqu'un d'autre, peut-être que Perle aurait profitait de sa supériorité pour achever cet être tremblant, mais ce n'était pas ainsi qu'elle avait été élevée...

« Pourquoi ne m'a tu pas tué ? Aussi faible que cela j'aurais été incapable de t'opposer la moindre résistance alors pourquoi ne pas en avoir profité, pourquoi ne pas m'avoir décapité, ça aurait été si simple et si rapide, pour nous deux... pourquoi fallait il que tu agisse comme elle, pourquoi est tu comme elle, qui est tu... »

Perle s'agenouilla à nouveau à côté du vampire et posa sa main encore tachée de sang sur son épaule en le regardant droit dans les yeux, un petit sourire flottant sur ses lèvres. Elle ne savait que répondre, et pourtant les mots franchissaient ses lèvres et se déversaient sans qu'elle ne parvienne à les arrêter:

- Qui suis-je ? Bonne question. Un nom ? Je ne m'en connais pas... Le jour de ma naissance un homme a décidé que je devais porter le nom de Felicya Nahari mais je ne me reconnais pas en ces quelques syllabes que l'on a jeté à ma figure d'enfant sans la moindre affection. Je n'ai pas de nom, stupide n'est-ce pas ? Un rire sans joie s'échappa de ses lèvres. Mais comme la Nature n'accepte pas qu'un élément quel qu'il soit ne soit point nommé, vous pouvez m'appeler Perle. Sans être mon identité c'est le surnom que m'a donnée ma mère... Son regard se perdit un instant dans le vague, puis elle reprit en haussant un sourcil d'un air sévère: Votre question est étrange. Pourquoi ne pas vous avoir tué ? Et pourquoi l'aurais-je fait ? Vous avez peut-être quelque chose à vous reprochez Adryne Taranisaii mais moi je ne vous connais pas et ennemi de mon peuple ou non je ne me permettrais point de vous juger, et ce quelques soient vos actes et votre race. C'est idiot n'est-ce pas ? A ma place... que feriez vous Adryne Taranisaii ? Vous me tueriez ? Mais n'auriez-vous point de remord par la suite d'avoir achevé un être incapable de se défendre ? Il y a une justice dans ce monde, Immortel aux yeux de glace, une justice que l'on suit ou non, mais à mon sens, il y a bien trop de gens qui ne la respectent pas alors il faut bien que certaines personnes se dévouent pour la suivre... non ?

Elle secoua ses mèches blondes argentés en se moquant d'elle-même. Quelle imbécile... Plus le temps passait plus elle faisait une bien piètre guerrière. Avait-elle définitivement tourné le dos à cette voie que lui avait enseignée son maître défunt ? Non, elle n'oserait jamais faire une telle chose, elle devait trop à l'homme qui lui avait tout appris pour se détourner de la danse du combat. Simplement, le fait de s'épanouir dans l'Art de la guérison lui avait permis d'acquérir des principes nouveaux qu'elle se sentait contrainte de suivre... Esquissant un pâle sourire, elle caressa timidement la joue du vampire pour y cueillir une perle de sang qui y coulait. Elle la regarda quelques instants sans aucune émotion, ni peur ni colère, ni joie ni peine, avant de l'essuyer sur sa cape blanche qu'elle devrait songer à changer avant de retourner à la capitale... Puis elle regarda à nouveau Adryne en lui adressant un sourire triste :

- Non je ne suis pas Valia... et vous n'avez pas à vous excuser, je dois... lui ressembler physiquement, non? Dans ce cas c'est moi qui suis désolée, désolée de raviver chez vous des souvenirs douloureux. Je suppose que l'histoire doit être belle, mais du moment qu'elle a une fin, cette dernière ne peut qu'être triste si elle est arrivée trop tôt... Mais Adryne Taranisaii, sachez que sa mort n'est pas de votre faute... Elle devait arrivée et elle est arrivée, c'est aussi simple à dire que cruel à entendre, j'en ai bien conscience. Mais réfléchissez un instant... Que penserait Valia si elle vous voyez en cet instant ? Que penserait-elle si elle savait que vous vous morfondez sur ce qui ne peut être changé ? Vous l'aimiez, vous étiez proches, elle vous aimait donc en retour. Comment voulez-vous qu'elle parte en paix alors que vous souffrez de son départ ? Vous voulez qu'elle culpabilise ? Je l'ai dit je le répète, je ne suis pas Valia, mais à sa place, vous voir ainsi prostré me fendrez le cœur car pour ceux que j'aime, je ne veux que le bonheur. Sa voix lui échappa et elle dût murmurer pour pouvoir continuer: Vous avez dit tout à l'heure que vous tuer aurait été plus simple pour tout les deux, mais la simplicité n'est pas toujours pour ne pas dire rarement voire jamais une solution, Adryne Taranisaii. La vie est un combat, un combat n'est jamais gagné d'avance et n'a rien de « simple ». Vous pouvez choisir d'abandonner si vous le souhaitez, mais alors à quoi bon avoir tenu tête jusqu'ici si c'est pour baisser les bras ? Votre avenir vous appartient maître vampire, faites en sorte que des gens qui vous ont aimé autrefois et qui vous aiment toujours aujourd'hui malgré le mur qui vous sépare soient fier de vous. Pas en faisant de « bonnes ou mauvaises actions » mais en sachant trouver Votre place et Votre bonheur. Elle hésita un moment avant de poursuivre: Je vous remercie Adryne Taranisaii de ne pas m'avoir tuée. Il y a... des êtres qui me sont chers en ce monde et j'aurais été triste de devoir partir sans leur dire au revoir... Mais … Mais si ma mort peut apporter un quelconque apaisement à votre âme tourmentée, alors c'est sans peur et sans colère que je remets ma vie entre vos mains...

Sûr ce, elle se mit debout et rejeta ses cheveux en arrière pour dégager sa gorge, avant de tendre la main vers le vampire pour l'aider à se redresser. Ce n'était plus à elle de décider quant aux événements à venir. Elle ne pouvait plus fuir, ni se défendre. Quoi que décide Adryne, elle avait fait son choix...
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MessageSujet: Re: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeMar 28 Déc 2010 - 16:41

Le monde semblait se ternir autour de lui, ou bien était ce ses yeux qui ne voyaient plus, ses sens qui refusaient de fonctionner, son corps qui s'isolait comme une protection contre une réalité trop cruelle, contre cette horrible différence qui le décriait comme un maudit, comme si le monde lui même refusait d'avoir affaire à un être comme lui et comment pouvait il la blâmer, il ne comprenait que trop bien, il pensait de même... monstre, il était un monstre, un ignoble monstre répugnant dont l'existence était une insulte et une flétrissure pour la nature, il était une ombre d'une ombre, infime comme un souffle d'air et pourtant aussi présent que la plus profonde horreur noircissant le cœur, tout à la fois caricature du souhait de ceux ne désirant pas mourir et le plus grand prédateur, plus habile qu'un loup, plus silencieux et travailleur qu'une araignée et plus affamé qu'un glouton, il n'était rien d'autre qu'un cadavre animé, languissant de la chaleur et de la vie et la haïssant également, poussé en avant par une faim sans fin, une faim sans but, aveugle comme sa rage, comme sa peine, comme son désespoir.

Il n'avait pas froid, il n'avait pas sommeil, il n'avait pas soif, il ne connaissait que la faim, que cette faim, cette chose qui lui déchirait les entrailles et le transformait en une bête sans raison et sans sentiments, le réduisant à moins que les animaux... il comprenait, au Dracos il comprenait véritablement pourquoi on haïssait son espèce mais qu'il était ardu, tellement ardu de simplement accepter qu'on en faisait partie, qu'on était de ces choses sans nom que la lumière avait oubliée, que la vie fuyait, comment pouvait on froidement accepter d'être un monstre il ne le comprendrait jamais, comment pouvait on en tirer plaisir voir bonheur il ne savait pas mais cela le rendait malade et pourtant les esprits seul savaient que la plupart des vampires semblaient presque fier d'être ce qu'ils étaient, il ne disait jamais rien mais n'en pensait pas moins en les voyant et mettait d'autant plus de poids sur ses épaules pour éduquer ceux sous son autorité tout en enfouissant loin à l'intérieur de lui même l'horreur qu'il ressentait à faire cela.

Ils n'avaient rien demandés, ces pauvres âmes perdues, ils n'avaient rien demandés alors pourquoi devraient ils souffrir au nom des autres, souffrir comme lui avait souffert... pourtant il brulait de les détruire, de renvoyer au néant les horreurs vomit par la mort mais même cela n'était pas la bonne voie il le savait, il connaissait parfaitement ce qu'il devait faire, savait où était sa place, il devait...

Mais le monde autour de lui l'empêchait de faire abstraction de son état, il se refusait à lui, se dérobait, jouait dans le labyrinthe inaccessible au devant de lui, la nourriture lui était interdite, le soleil le brulait même si il le combattait, même si il le faisait sien, qu'il emprisonnait sa douleur et refusait de vivre uniquement la nuit, l'herbe n'avait pas la même douceur, les chants des oiseaux, mélodieux, étaient de rauques cris de corbeaux sur un gibet, l'eau claire n'était que bourbier et la présence d'êtres tiers n'était qu'une tentation pour son esprit briser et las de batailles qu'il ne pouvait gagner.

Peut lui en fallait alors, de relever la tête, de se tenir droit et d'offrir au monde l'image d'un être inébranlable, malicieux, intelligent, un être qui était si fort que rien ne pouvait l'atteindre ou lui faire mal, image d'émail et de pierre, icône d'un combat silencieux depuis plus longtemps que mémoire d'homme... pour le monde il était le terrible Adryne, veilleur de l'ancien royaume noir, combattant hors pair, esprit si cinglant qu'il en écrasait les moindres, ainé ayant vu les derniers dragons, qui pouvait se doutait qu'au plus noir de ses nuits solitaires, qu'au plus claire de ses journées il tremblait de peur et de terreur, de douleur, d'une douleur qui le poursuivait à jamais, depuis l'instant où les crocs avaient percés la peau tendre de sa gorge jusqu'au ce jour, une douleur qui résonnait sourdement dans ses muscles et des ses nerfs, crispait son corps comme une lanière de fouet, la scène dansant devant ses yeux alors aussi aveugles que ceux d'une taupe, oui il n'était pas si fier lorsqu'il était seul et sans défense. Il répugnait d'ailleurs à ce qu'elle ai put voir cela, elle, une humaine, une ennemie... mais l'était elle vraiment ?

Elle ne s'était pas enfuit, elle était resté là, à ses cotés, elle ne l'avait pas abandonné ni tué, elle aurait put tout frêle et délicate qu'elle était, elle aurait put d'un simple mouvement mettre fin à son existence, à défaut de vie, mais elle ne l'avait pas fait, même alors qu'il ne pensait pas se défendre, pouvait il véritablement la considérer comme une ennemie dans un cas comme celui là, elle qui ressemblait tant à sa défunte muse qu'il n'aurait pas eu le courage de lui faire le moindre mal, même en sachant pertinemment qu'elle n'était pas Valia il ne pouvait s'empêcher de répugner à la blesser, elle était trop fragile, trop magnifique, trop douce et trop précieuse pour qu'il osa lui faire le moindre mal.

Elle était là, en face de lui, tel un rayon de soleil incarné, tel une rivière de lait, une apparition oh combien magnifique et elle brulait littéralement, comme une grande flamme, comme un brasier, comme le soleil lui même et si... délicieuse, elle respirait la pureté, le goût sucré de sa peau semblait lui titiller les sens et son odeur enivrante, il pouvait sentir son sang battre dans ses veines en une douce chanson, un appel si tentant et pourtant totalement interdit...il était comme un papillon attiré par la flamme, une sensation qu'il avait déjà ressentit auprès de la charmante Gabriela mais qui semblait soudain d'autant plus vivace que la jeune femme devant lui était vivante.

Il avait toujours recherché la chaleur, il avait toujours aimé le soleil même après sa transformation et son maitre l'avait encouragé dans cette voie, il ne refusait pas la chaleur, elle l'attirait, elle l'émerveillait, elle le fascinait comme un rêve éveillé, il savait que son destin se jouerait en pleine lumière et non dans la nuit noire mais il l'aimait surtout car elle semblait être le symbole des souvenirs qu'il ne possédait plus... était ce pour cela qu'il revoyait le passé au travers d'elle, était ce pour cela qu'elle semblait lui offrir des bribes de ce qui lui manquait, peut-être ou peut-être pas, il se plaisait pourtant à y croire. Un calme étrange tomba sur lui, une sorte de paix qu'il n'avait jamais vécu plus d'un instant par le passé... tout son corps cessa de lui faire mal, il cessa même de paraître lourd, cessa d'être son enveloppe corporelle tel un gant, il était léger, coulait comme dans de l'eau et semblait s'étirer à l'infinie, tout son être semblait soudain doté d'une harmonie étrange, d'une harmonie qui n'appartenait qu'aux autres, aux vivants, pas à un non mort pourtant, oui pourtant il ne pouvait nier qu'elle était là, il en aurait presque sourit si seulement il n'avait pas été figé dans des expressions bien loin de celle là, il se contenta donc d'observer avec intensité la jeune fille qui lui parlait avec dans la voix quelque chose qu'il n'arrivait pas à qualifier mais qui renvoyait un écho en lui, un écho désagréablement familier et ça façon de s'exprimer ! Elle parlait comme elle, elle s'exprimer exactement comme elle, tellement de petits indices qui pourtant formaient un tout lui serrant le cœur, il n'en éprouvait pourtant pas le moindre grief, il était juste... calme, contemplatif, juste à l'écoute de ce qu'on lui disait sans même une velléité de répondre ou de rétorquer.

Son visage n'exprimait plus rien, neutre, lisse, posé, ses yeux bleus vrillant la forme féminine sans laisser voir la moindre pensée de leur propriétaire, son corps ne tremblait plus mais il n'était pas non plus tendu comme auparavant et ses doigts ne brulaient plus comme à l'habituel, de cette envie de se refermer sur la garde de son épée, de sentir la lourde lame au bout de son bras, la sensation diffuse du cuir, des reliefs de la garde tellement moulés à sa main qu'il semblait s'agir d'un prolongement de lui même, les mouvements de la lame dans l'air avait été toute sa non vie pendant si longtemps qu'il en était à présent dépendant, ou du moins le pensait il jusque là, les murmures de la lame le laissait en cette heure de marbre, il n'avait pas envie de se plier à ce qu'elle désirait, il n'avait pas envie d'être sa marionnette, tout ce qu'il voulait c'était écouter la jeune fille auprès de lui, entendre le doux son de sa voix contre son oreille, l'enchantement de sa présence était trop doux pour qu'il cherche à s'en défaire...

Il ne réagit qu'intérieurement lorsqu'elle passa sa main sur son visage en recueillant une perle sanglante, un cri silencieux de voir ses mains admirables souillées d'un sang devenu maudit, il aurait voulut happer le sang, le laver de ses mains mais il ne pouvait bouger, la paix en lui même supplantant toutes volontés d'agir, il l'écouta encore, longuement, un léger sentiment de honte lui voilant l'esprit mais il n'en dit rien, ne souhaitant pas interrompre le fil de son discourt, si passionné, si plein de sentiments qu'il ne pouvait qu'en frémir... il n'avait pas la possibilité d'exprimer autant de chose d'un seul coup, il avait user de tout ce qui lui était permis et n'en pouvait plus, il était vide, vide de sentiment, vide d'énergie, vide de substance, il avait tout usé et attendait paisiblement, presque comme un véritable mort, tout juste, si il n'avait pas bougé peut-être aurait il put passer pour véritablement mort.

Il accepta la main qu'elle lui tendait sans le moindre mot et se releva péniblement sans jamais la quitter des yeux puis leva une main pâle pour caresser sa joue, lui prenant le visage en coupe un instant en l'observant avec intensité, traçant les lignes de son visage, la courbe de son front, la masse brillante de ses cheveux..penchant la tête il s'approcha sans un mot de son cou pour y déposer un baisé, frôlant à peine la peau de ses lèvres avant de lui faire de nouveau face, yeux à demi fermés et visage de pierre. Il passa une main dans ses cheveux, admirant la couleur des boucles sur le noir de ses habits puis remit les boucles en place, un soupire s'échappant de ses lèvres presque bleus...

« Tu ne sais pas ce que tu dit princesse, n'offre pas à la mort ce qui fait ton identité. Être un non mort ne représente pas ce que tu pense... pas seulement... et je ne ferais jamais de mal à quelqu'un d'aussi pure que toi, Felicya, Perle, tu est bien trop belle, bien trop jeune et surtout bien trop folle pour ne pas vivre ta vie pleinement... folle ! Tu aurait dû me tuer, pendant que tu le pouvait ! Mais je te remercie de ne pas l'avoir fait bien que je soit honteux qu'une si jeune enfant me fasse la morale à moi qui ai vu tant de siècles s'écouler. Il est pourtant certaines douleur qui jamais ne s'apaise... je suis profondément désolé que tu ai assisté à cela, ce sont des temps de malheur qui s'abbatent sur nous... sur nous tous sans exception. »

Il ferma un instant les yeux et fronça les sourcils, baissant légèrement la tête en inspirant profondément puis relevant son regard, balayant la zone. Non rien, pas le moindre signe de danger, c'était comme si le lieu n'appartenait pas à la même dimension que le reste du continent, comme si la guerre qui faisait rage au dehors n'avait pas de prise de cette petite clairière et pourtant il ne pouvait nier ce qu'il avait vu de ses propres yeux, ce qu'il avait fait et ce que le reste des vampires avaient également fait.

Il ne voulait pas qu'elle soit blessée, il ne savait pas pourquoi mais il n'avait pas envie qu'elle voit ce que les autres vampires pouvaient faire, il ne voulait pas qu'elle perde la pureté qui se dégageait d'elle comme une aura de douceur et de paix. Mais il avait aussi envie de lui dire d'autres choses, des choses qu'il se sentait en devoir de dire, as forcément des vérités mais juste ça façon de voir le monde...

« Felicya... c'est un beau prénom... petit princesse, si ton père ne t'avait pas aimé au moins un peu il ne se serait pas soucié de te donner un nom croit moi, j'en ai vu, des bambins pas plus haut que trois pommes mourir à mes pieds sans même que ceux qui leur avaient donnés la vie ne les dotent d'un prénom, j'en ai vu d'autre me les jeter en pâture pour sauver leur vie... ça c'est ne pas aimer, c'est insupportable même pour des créatures aussi répugnantes. Bien sûr que tu a un nom, un joli nom, Felicya... je m'en souvient, il y avait une princesse qui portait ce nom autrefois, tu est une princesse toi aussi petite... quand à savoir ce que j'aurais fait... je pense que je t'aurait tué oui, par compassion même si c'est une idée qui ne m'est pas vraiment permise, je n'aurais pas accepter de voir souffrir quelqu'un comme je souffre continuellement, ça c'est la justice, la justice c'est de faire ce qu'il faut faire même si cela nous répugne... si tu condamne un être tu te doit de manier la lame qui prend sa vie, si tu châtie tu doit respecter l'intégrité d'une personne... si tu veut aider un être tu doit parfois accepter les options que les autres refusent, pour le bien de celui qui souffre... alors oui, si je ne pouvais alléger tes souffrances ou te soigner, oui je t'aurais tué et non je n'aurais pas eu de remord sachant que je faisais la seule chose raisonnable. »

Il s'arrêta de nouveau un instant, regardant de nouveau par dessus sa tête vers le reste de la forêt, il n'aimait pas ce calme, ou du moins son éternelle méfiance n'aimait pas, certes son esprit était paisible ici mais son instinct n'appréciait pas, il lui semblait voir des choses se mouvoir dans leur direction. Il reprit, gardant un œil vers le bois, les sourcil de neige froncés, se rejoignant presque...

« Tu n'a... pas à t'excuser, tu n'y est pour rien... si une faute devait incomber à quelqu'un ce serait à moi, Valia est... était ma sœur, elle était très malade et elle... je... je devais assurer son ravitaillement en herbe médicinale et potion mais... suite à... suite à un accident de cheval j'étais trop en état de choc pour faire quoi que ce soit et elle... elle est morte... par ma faute... par ma faiblesse... mais oui, je pense qu'elle ne voudrait pas que je me morfonde... enfin je suppose... mais... je n'ai pas de vie, ne me parler pas de vie alors que je ne suis qu'un cadavre retenu à cette terre par une malédiction mille fois centenaire... je n'ai pas droit au bonheur, je n'ai pas droit à la joie... mais à défaut de joie ou de bonheur peut-être puis je éviter d'être désespéré en effet, reste à savoir comment avec tout le... bref. Dit moi... princesse, que fait tu ici ? Où allait tu ? Avec la guerre qui bat son plein il n'est pas sain de se promener seule dans un bois comme celui ci, tu pourrait rencontrer des vampires... » la fin de sa phrase était plus joueuse qu'autre chose et dans ses yeux bleus brilla un instant une lueur amusée...
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Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Empty
MessageSujet: Re: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeMar 18 Jan 2011 - 17:34

Le silence de l'écoute suivit de celui de la réflexion. Les yeux brillant tout d'abord d'assurance puis de honte, les joues qui s'empourprent et le regard qui se perd... Les pupilles bleus d'azur caressèrent un instant les traits de l'être prostré qui l'avait écouté comme personne auparavant ne l'avait fait, certainement parce que jamais encore elle n'avait parlé de la sorte. Une suite de mots, un fil, un ruisseau, un fleuve qui vivement se glisse dans son lit que le silence de la forêt a aménagé pour lui. Beaucoup de paroles pour exprimer quelques pensées qui jamais encore n'avaient été dévoilées de la sorte au grand jour, des convictions et certitudes qui depuis toujours étaient restées à prendre la poussière derrière un masque froid et indifférent qu'une pauvre humaine s'entêtait à porter en permanence, pour « ne pas offrir au regard adverse une faille exploitable » selon elle. Mais les mots n'étaient pas fait pour être incarcérés dans la gorge, le cœur, l'esprit ou même l'âme de ceux qui les portaient, ils étaient comme oiseaux dans une prison de verre, contemplant la liberté qui leur avait été retirée à travers la fine épaisseur transparente et n'aspirant qu'à la retrouver, qu'à se faire entendre. Puis venait le jour où le verre se fissurait, où le masque tombait, où celle qui répugnait à s'exprimer ressentait tout à coup le besoin de se faire entendre et poussait un cri de détresse auquel répondait avec joie les mots qui lui avaient toujours fait défaut.

Maintenant qu'elle avait parlé sans interruption, Felicya se sentait comme vide, mais le creux qu'elle ressentait dans son esprit ne lui faisait ni bien ni mal, il était là voilà tout, comme un point à la fin d'une phrase, comme la nuit après le jour, comme une cage vide au milieu des bois... une délivrance calme et silencieuse qui laissait la jeune femme empreinte d'une douce sérénité. Un état idéal pour attendre la mort. Les yeux de Perle se posèrent sur le visage d'Adryne. Il l'avait laissée parlée, silencieux et attentif comme un enfant sage, buvant ses paroles sans interruption, la laissant aller jusqu'au bout de ce qu'elle voulait dire, et pour cela elle lui en était reconnaissante. Mais à présent la discussion était terminée. Cette main, cette pauvre chose blanche tâchée de rouge sombre que Perle tendait vers le vampire, était plus qu'une aide proposée de bon cœur ou une question: c'était une invitation à double sens et l'Éternel aux yeux de glace déciderait lui-même de sa signification. Était-ce à la mort que Felicya tendait les bras ou à un naufragé qui avait besoin d'aller de l'avant pour trouver un sens à sa vie ? Les pupilles d'azur glissèrent sur la bouche du vampire. Oui, derrière ces lèvres légèrement bleutées se trouvaient l'étau qui se refermant sur sa chair extrairait le flux vital hors de son corps, ne laissant derrière lui qu'un cadavre silencieux et froid qui plus jamais ne verrait l'Océan.

Enfin Adryne s'empara de sa main et Perle l'aida à se hisser sur ses jambes avec un pâle sourire, se rendant soudain compte à quel point il était grand par rapport à elle, obligée de lever la tête pour voir son visage beau à sa façon encadré de sa longue chevelure de neige. Calme et détendue, Felicya attendit que quelque chose se passe, que le verdict tombe. Mais le vampire quant à lui n'avait pas l'air pressé d'en finir, il la regardait avec une intensité qui l'empêchait de détourner le regard, gardant prisonnières ses pupilles au cœur de la glace qui se reflétait dans les siennes. La jeune femme aurait dû être effrayée, son immobilité obstinée aurait dû s'expliquer par le fait qu'elle soit tétanisée d'horreur, et pourtant ce n'était pas le cas, Perle n'avait plus conscience de rien si ce n'était de ce regard qui la détaillait avec insistance tandis qu'une main gantée de noir retraçait les traits de son visage avec douceur comme si elle avait été une figurine de cristal... mais peut-être était-ce bien ce qu'elle était sous la main d'un vampire, fragile, éphémère... en fin de vie même... Étrangement Perle ne ressentait pas la moindre amertume, elle savourait cet instant comme elle aurait apprécié la caresse de l'eau sur sa peau avant qu'elle l'entraîne vers d'autres horizons. Par ailleurs la suite ne cassa en rien cette impression, toujours dans la fluidité de ces quelques secondes Adryne se pencha vers sa gorge nue et Felicya esquissa un sourire en fermant doucement les yeux. Il était temps...

Adieu Nashy, fiancé si loin d'elle mais présent dans son cœur pour l'éternité et même après... que sa vie continue, longue et heureuse car de là où elle serait, Felicya verrait tout et elle veillerait à ce que l'élu de son cœur ne manque de rien. Adieu Anynduil, ami d'un jour, ami toujours, quel dommage de n'avoir pu faire plus ample connaissance, dans une autre vie peut-être Perle le remercierait pour lui avoir redonner le courage dont elle avait besoin, de lui avoir tendu la main, une moitié de fruit, alors qu'elle se sentait plus seule et perdue que jamais.
Adieu Grégorist, elle abandonnait son poste, qu'il la pardonne, qu'il la comprenne, et qu'il reste l'Empereur dont avait besoin les hommes en ces temps de malheur, qu'il reste juste, bon et fort jusqu'au bout...
Adieu Ryukah, elfe mystérieux auquel elle s'était attachée et auquel elle devait la vie, oui, adieu et pardon de rendre ainsi son acte inutile, la mort ne prendrait pas sa vie de force, elle la lui offrait.
Adieu Armanda, adieu Océan, adieu forêt, adieu petite fille qui plus jamais ne reverrait sa mère.

Adieu … Felicya se crispa légèrement en sentant un contact doux et frais contre sa peau blême... le temps sembla s'arrêter. La forêt silencieuse retint son souffle tandis que la jeune femme s'apprêtait à perdre le sien, les yeux clos pour ne pas voir la mort quand elle la prendrait. Mais la mort était joueuse et la douleur ne se décidait pas à venir. Le vampire se moquait-il d'elle ? Voulait-il sentir la peur de sa proie affluer dans ses veines et faire pulser plus rapidement le sang dont il allait s'abreuver ? Le sourire de Perle s'étira. Non, elle ne ressentait pas la moindre appréhension, elle s'était jurée de ne jamais offrir ce privilège à celui qui prendrait sa vie, c'était un principe de guerrière et elle s'y tiendrait, qu'elle soit ou non aux portes de l'Immatériel. Le chat sauvage avait choisi son Destin, que chacun y voit ce qu'il voulait-y voir, c'était sans remord qu'il mettait sa tête dans la gueule du crocodile. Mais le temps s'écoula et peu à peu les certitudes se dissipèrent, les coutures de l'instant cédèrent les unes après les autres... et Adryne Taranisaii se redressa pour faire de nouveau face à Felicya qui ouvrit les yeux pour le regarder sans le voir. Rien. Il ne s'était rien passé, absolument rien, elle était vivante, lui aussi, sur sa gorge le souvenir des lèvres douces et glaciales qui n'avait fait que l'effleurer avant de s'en aller, sans jamais dévoiler les crocs mortels qui auraient abrégé son existence...

« Tu ne sais pas ce que tu dit princesse, n'offre pas à la mort ce qui fait ton identité. Être un non mort ne représente pas ce que tu pense... pas seulement... et je ne ferais jamais de mal à quelqu'un d'aussi pure que toi, Felicya, Perle, tu est bien trop belle, bien trop jeune et surtout bien trop folle pour ne pas vivre ta vie pleinement... folle ! Tu aurait dû me tuer, pendant que tu le pouvait ! Mais je te remercie de ne pas l'avoir fait bien que je soit honteux qu'une si jeune enfant me fasse la morale à moi qui ai vu tant de siècles s'écouler. Il est pourtant certaines douleur qui jamais ne s'apaise... je suis profondément désolé que tu ai assisté à cela, ce sont des temps de malheur qui s'abattent sur nous... sur nous tous sans exception. »


Pourquoi ? Perle ne comprenait pas mais son incompréhension ne dura qu'une brève seconde avant que le soulagement ne l'envahisse ainsi que la honte. Mais qu'avait-elle été prête à faire ? Ses joues s'empourprèrent et elle détourna le regard. Adryne avait raison, des temps de malheur, de malheur et de doute. Que représentait la vie désormais ? Peu de chose, on ne nommait plus les morts mais on les comptaient comme vulgaires moutons égorgés à l'abattoir. Et que signifiait-elle pour un non-mort ? Felicya ne le savait pas, elle avait parlé trop vite, elle ne savait rien absolument rien de ce que ressentait le vampire. Qu'est-ce que cela faisait de « Vivre » ou plutôt « subsister » dans un monde où nos proches ne sont plus, sans cesse se souvenir de nos erreurs passées sans ne rien pouvoir faire pour les oublier... La jeune femme esquissa un sourire mélancolique. Cette mort qu'elle détestait tant était délivrance, Compagne de la vie œuvrant à ses côtés tel le chiffon gommant la craie sur une ardoise d'un écolier. Elle effaçait tout: les fautes, les visages, les cris, les peines, les pleurs, l'angoisse, la souffrance... La mort était un luxe finalement dont bénéficiait les mortels. Leur existence éphémère s'écoulait plus ou moins paisiblement et quand du sablier tombait le dernier grain, les yeux fatigués par les années passées se fermaient et l'homme se laissait doucement glissé vers un nouvel horizon dont jamais il ne reviendrait pour en parler, mais où un jour il serait rejoint par ses frères et sœurs pour le partager avec eux. De quoi se plaignait-on ? Les yeux de Felicya se plantèrent à nouveau dans ceux de l'Éternel. Si triste...

« Felicya... c'est un beau prénom... petit princesse, si ton père ne t'avait pas aimé au moins un peu il ne se serait pas soucié de te donner un nom croit moi, j'en ai vu, des bambins pas plus haut que trois pommes mourir à mes pieds sans même que ceux qui leur avaient donnés la vie ne les dotent d'un prénom, j'en ai vu d'autre me les jeter en pâture pour sauver leur vie... ça c'est ne pas aimer, c'est insupportable même pour des créatures aussi répugnantes. Bien sûr que tu a un nom, un joli nom, Felicya... je m'en souvient, il y avait une princesse qui portait ce nom autrefois, tu est une princesse toi aussi petite...

Perle baissa à nouveau les yeux, tentant sans beaucoup de succès de ne pas s'empourprer sous l'effet de la confusion. Une princesse, elle ? Elle en doutait sérieusement. Son sang tout comme son esprit n'avait rien de noble, née dans un modeste village portuaire, dans une famille modeste, elle avait vécu modestement dans une modeste demeure... Loin de son père qui lui avait donné un nom. Felicya Nahari, mais quel genre d'enfant capricieuse était-elle ? Pourquoi se bornait-elle à rejeter ce qui lui avait été offert ? Une évidence lui traversa l'esprit. Elle s'était inventée un prétexte, elle avait développée une haine profonde envers un individu en camouflant la véritable raison derrière une autre, derrière un mensonge. Elle voulait protéger sa mère, elle voulait la protéger du mal que lui faisait son père quand il partait et la laissait seule s'occuper de leur enfant qu'il ne regardait jamais en rentrant à la maison. Felicya Nahari. Cela venait de son père et petite fille qu'elle était, elle avait voulu effacer toutes empreintes qu'auraient pu laisser son géniteur auprès de la seule personne qui comptait à ses yeux, les enfants sont parfois si déterminés... Mais jamais elle n'aurait deviné qu'il s'agissait du prénom d'une princesse autrefois, mais le savoir aurait-il changé quelque chose ?

Peut-être à ne pas se mentir à elle-même en rejetant un nom pour une mauvaise raison... Mais elle était bornée, tout ce qui comptait pour elle était de protéger sa mère, ne plus l'entendre pleurer la nuit dans son lit trop grand pour elle seule, ne plus capter ses regards mélancoliques et graves qui enlaidissaient les traits de son visage si doux qu'elle adorait, ne plus la voir buter sur ces quelques syllabes désignant sa fille et venant de son mari qui lui faisait tant de mal par son absence. Et quoi qu'en dise Perle, elle en avait souffert aussi. Mais peut-être était-il temps de tourner la page, tant de temps s'était écoulé, cela tournait au ridicule, Felicya n'était plus une enfant, elle devait apprendre à pardonner, et il y avait eu tellement pire que sa petite vie égoïste, de quoi se plaignait-elle ? Elle au moins avait eu la chance de connaître sa famille et jamais elle n'avait souffert de la faim, jamais elle n'avait été battue, jamais elle n'avait accordé un seul regard à ce qui se passait autour d'elle, toujours dans sa bulle, sa bulle d'eau salée face à l'Océan qui l'attirait. Une pauvre créature, elle ? Non, certainement pas, sa mère avait toujours veillé à ce qu'elle ne manque de rien et elle n'avait jamais manqué de rien, tout le monde ne pouvait pas en dire autant. Adryne continua, la tirant de ses pensées:

« Quand à savoir ce que j'aurais fait... je pense que je t'aurait tué oui, par compassion même si c'est une idée qui ne m'est pas vraiment permise, je n'aurais pas accepter de voir souffrir quelqu'un comme je souffre continuellement, ça c'est la justice, la justice c'est de faire ce qu'il faut faire même si cela nous répugne... si tu condamne un être tu te doit de manier la lame qui prend sa vie, si tu châtie tu doit respecter l'intégrité d'une personne... si tu veut aider un être tu doit parfois accepter les options que les autres refusent, pour le bien de celui qui souffre... alors oui, si je ne pouvais alléger tes souffrances ou te soigner, oui je t'aurais tué et non je n'aurais pas eu de remord sachant que je faisais la seule chose raisonnable. »


Felicya médita un instant ses paroles. Pour un peu elle était prête à être d'accord avec l'Éternel aux yeux de glace. Ses paroles sonnaient à ses oreilles comme une réflexion née d'un esprit vieux comme le monde et affinée par les siècles passés. Elle avait parlé sans savoir, elle ne savait rien, en présence de cet être sage comme le temps qui l'avait préservé du vieillissement, elle n'était qu'une gamine qui découvrait un monde que lui voyait et avait apprit à connaître depuis bien longtemps et qu'il avait vu changer à travers les longues années de sa vie et de sa non-vie. Néanmoins était-elle convaincue ? Non, loin de là même. Peut-être était-elle butée mais elle ne pouvait se faire à l'idée qu'il soit possible de tuer quelqu'un par compassion, même mourant. Elle restait convaincue qu'il y avait toujours une solution pour venir en aide à la personne, toujours de l'espoir, un petit rayon de lumière dans les ténèbres... Le but d'une guérisseuse était de trouver cette lumière et de ramener le malade ou blessé vers elle pourvu qu'il ait la volonté de la suivre... Une expression de tristesse passa sur le visage de la jeune femme mais avait qu'elle n'ait le temps de répliquer Adryne reprit:

« Tu n'as... pas à t'excuser, tu n'y es pour rien... si une faute devait incomber à quelqu'un ce serait à moi, Valia est... était ma sœur, elle était très malade et elle... je... je devais assurer son ravitaillement en herbe médicinale et potion mais... suite à... suite à un accident de cheval j'étais trop en état de choc pour faire quoi que ce soit et elle... elle est morte... par ma faute... par ma faiblesse... mais oui, je pense qu'elle ne voudrait pas que je me morfonde... enfin je suppose... mais... je n'ai pas de vie, ne me parler pas de vie alors que je ne suis qu'un cadavre retenu à cette terre par une malédiction mille fois centenaire... je n'ai pas droit au bonheur, je n'ai pas droit à la joie... mais à défaut de joie ou de bonheur peut-être puis je éviter d'être désespéré en effet, reste à savoir comment avec tout le... bref. Dit moi... princesse, que fait tu ici ? Où allait tu ? Avec la guerre qui bat son plein il n'est pas sain de se promener seule dans un bois comme celui ci, tu pourrait rencontrer des vampires... »

Felicya esquissa un sourire. Elle venait certainement de rencontrer la personne qui avait le plus de raison d'être malheureuse au monde et pourtant il trouvait encore le moyen de faire de l'humour. La jeune femme l'admirait pour cela, même si elle n'en démordait pas sur le fait que quoi qu'il ait pu se produire à l'époque de la mort de Valia, Adryne n'en fut en rien responsable. Ce qui devait arrivé était arrivé, les maladies graves même avec des potions efficaces restaient particulièrement dévastatrices et même si le jeune homme qu'il était n'avait pas eu cet accident de cheval qui l'avait bouleversé, sa sœur si elle s'en était sortie serait devenue plus fragile encore et n'aurait plus été capable de quitter le lit jusqu'à la fin... Adryne pouvait-il prétendre être responsable de la maladie ? Qu'il essaie seulement et Perle se sentait bien capable de le secouer comme un prunier, tout vampire qu'il était. Passant une main dans ses mèches rebelles, elle regarda à nouveau le visage de son interlocuteur et constata qu'il avait l'air nerveux. Avait-il sentit quelque chose ? Alarmée par son comportement, Felicya tendit l'oreille. Toujours cet étrange silence... Les sens toujours aux aguets, elle répondit:

- Si telle est votre façon de penser alors considérez que je suis cruelle et ne connais pas la compassion dont vous parlez, pour moi la vie mérite le respect, une vision des choses peut-être étroite mais laissez-moi y croire s'il vous plait, en tant que guérisseuse j'ai le devoir croire en la vie et ne jamais considérer la mort comme étant une solution. Après vos paroles je comprends mieux votre point de vu, je Vous comprend mieux Adryne Taranisaii, mais dans la limite de mon jeune âge et mon humanité bien entendu. Les siècles passés vous ont apporté une sagesse et vous ont permis une réflexion que je n'ai pas et n'aurais jamais, c'est pour cette raison que je ne puis vous suivre totalement. Ce que je comprend c'est que vous n'avez pas choisi votre sort et à cause de cette injustice vous avez perdu beaucoup, plus que ne pourrait le supporter un humain... mais chaque existence a un but maître vampire, vous aussi vous pouvez vous rattachez à quelque chose pour vous aider à accepter votre « non-vie »...

Elle avait prononcé ces paroles plus comme une supplication que comme une certitude, mais elle ne voulait plus à l'avenir que ce vampire qu'elle ne connaissait pas se laisse de nouveau aller comme en ce jour, d'une certaine façon on pouvait dire qu'elle s'y était attachée... Marquant une pause elle continua avec un timide sourire:

- Je n'ai rien à faire ici normalement, je devrais être dans un village pas très loin d'ici pour venir en aide à ceux qui en ont le besoin. Vous l'avez dit, nous sommes en temps de guerre, temps de malheur pour tous... Mais si nous sommes tous victimes, il y en a qui sont plus à plaindre que d'autres, tous ces innocents qui vont perdre la vie et dont le seul crime est de s'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Je sais très bien que parmi ces visages souriants de gratitude ou ces yeux brillants d'espoir que j'ai vu aujourd'hui et hier, et le mois dernier, et l'année dernière même, certains seront, et même sont déjà peut-être figés à jamais dans une expression de pure terreur mêlée d'incompréhension... En venant ici je voulais respirer un peu histoire de ne pas oublier le parfum de la Nature qui demeure malgré le conflit qui fait rage entre nos races respectives... Quant à la crainte de rencontrer un vampire, j'avoue ne pas y avoir songé... Quelle imprudence n'est-ce pas ?
*son sourire s'agrandit un peu plus * Enfin je ne regrette pas mon manque de réflexion car il m'a permis de vous rencontrer Adryne Taranisaii et j'en suis heureuse.

Un craquement retentit, brisant net le silence épais qui s'était installé dans la forêt, faisant tressaillir Felicya et frémir les arbres. Atmosphère oppressante malgré le calme que ressentait la jeune guérisseuse... Tâchant de reprendre contenance elle enchaîna:

- Mais je vous retourne la question Éternel aux yeux de glace, que faites-vous ici ? La présence d'un vampire si près du village dont j'ai la charge doit-elle m'inquiéter ? L'armée est-elle si proche ?
*elle marqua un temps d'arrêt * Vous n'êtes pas obligé de répondre à ces questions évidemment, après tout nous sommes... en guerre...* l'angoisse passa un instant sur ses traits avant qu'elle ne réussisse à reprendre un semblant de calme pour tâcher de sourire à nouveau comme si de rien n'était. *
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MessageSujet: Re: Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Comme une fenêtre sur le passé [PV Fey] Icon_minitimeDim 23 Jan 2011 - 21:58

Cela s'effaçait, petit à petit, goutte à goutte, comme un rêve mais moins qu'un rêve, comme une brume dans son âme et son esprit, à la fois pâle comme un matin d'hiver et brillant comme l'or du soleil se reflétant dans un miroir, il n'arrivait pas à mettre un mot dessus et pourtant cela s'effaçait sans qu'il parvienne ni à y mettre un nom ni à le rattraper, vague, ample mais presque impalpable en lui même, au fond, tout au fond de lui. Le fantôme d'un vieux rêve, aussi délavé qu'une peinture ancienne depuis trop longtemps exposée au soleil mais qu'il concevrait en lui même tel un trésor … était ce important ou pas, était ce quelque chose dont il devait se souvenir à tout prix, conserver contre vent et marée ou devait il le laisser partir, aussi frêle qu'un esquif, aussi étrange qu'une énigme non résolue, il ne savait pas, il ne savait même pas si il avait envie de savoir. En si peu de temps, l'espace d'un battement de long cils de neige il avait ressentit et vécu plus qu'en cent ans d'existence, il ne s'en réjouissait pas véritablement mais était plutôt surpris, et foncièrement intrigué...

Il avait sombré dans une abime de douleur et de tristesse, une tristesse que sa condition aurait dû mettre hors de sa portée, profonde et béante, impossible à éviter, aussi présente qu'elle était invisible, marque au fer rouge sur sa conscience à vif, il ne pensait pas être jamais capable d'une telle tristesse, de son vivant comme de sa mort, des rares souvenirs qu'il conservait, jamais au grand jamais et comment pouvait il ? Lui le monstre, lui l'inhumain, la chose morte depuis si longtemps, celui qui avait vu tant d'horreur, commit tant d'horreur que le ciel ne pleurait du sang et la terre en vomissait du fiel, le condamnant à bien pire qu'une mort, bien pire qu'un châtiment soudain et prompt, une lente agonie sans fin, sans espoir d'en voir la fin que ce soit par guérison ou par mort, la pire chose qu'on puisse infliger à un être sous le ciel ou sous terre, un châtiment inimaginable, allant bien au delà de ce que les hommes percevaient dans leur plus terrible cauchemar.

Les hommes voyaient uniquement la non vie, le sang s'écoulant hors de gorge et de veines chaudes et douces, le regard perçant dans la nuit capable de voir et sentir la chaleur des êtres, les sens développés et la force ahurissante, la vitesse et la régénération... ils voyaient la pertes de l'humanité, ils voyaient la simple mort sans savoir que la mort serait une délivrance bien plus douce que leur véritable futur une fois entre les crocs des vampires, il ne voyaient pas les longues nuit solitaire incapable de s'endormir alors que l'on combat pour le sommeil, qu'on le cherche, qu'on l'appel désespérément,, avide de lui, avide comme un amant, avide de cesser de réfléchir même un seul instant sans pouvoir y parvenir, voyant danser devant ses yeux le spectre d'un temps depuis longtemps révolus et qui ne vivait plus que part lui, par ce qui lui servait de mémoire.. la mémoire en lambeaux qu'il recherchait tout en la craignant, la mémoire de l'avant, l'avant non mort, l'avant lac, avant que le soleil ne soit son ennemi et les étoiles ses geôlières, froides et accusatrices mais également tentatrices au delà de toute raison ou pitié, cette mémoire qui représentait un passé interdit, une mémoire apportant tant de souffrance, la souffrance qu'il ressentait quelques minutes plus tôt et qui le déchirait plus sûrement qu'aucune arme ou aucun sortilège car la simple vérité était toujours plus terrible que la plus vil pensée humaine... mais la mémoire également de sa non vie, celle qu'il avait acquis avec les années, ces centaines d'années s'accumulant sur ses épaules comme un lourd manteau de plume qu'il aurait rêvé de rejeter mais était contraint de conserver, ornement dérisoire et si cruel qu'il refusait de trop y songer, la mémoire qui se substituait, d'une certaine façon, à celle qu'il avait perdu mais qu'il abhorrait par tout les pores de son être, vaste fumisterie, vaste océan de bourbe terrible d'où de rares ilots émergeait comme pour mieux le narguer, comme lui rappelant que quoi qu'il fasse le temps passait et s'écoulait pour tout sauf pour son existence qu'il porterait à tout jamais, oh on pouvait certes le tuer mais c'était de la théorie, il était trop fort, trop expérimenté pour se laisser avoir par de si vaines tentatives, des forces si pâlottes et fantoches, il avait envie de mourir tout au fond de lui mais n'avait pas encore le droit de le faire, il avait un devoir et un travail, il devait rester, se battre encore et toujours, oublier son être au profit des ordres, il était bien trop fier après tout, trop fier pour mourir des mains d'un indigne et indigne étaient les chasseurs à ses trousses, trop jeune, trop simple, ils n'étaient rien, rien d'autre qu'une lame dans un océan de métal alors que lui même était l'obsidienne au milieu de l'ombre, une différence subtile mais bien présente pour qui voulait et pouvait voir, véritablement voir avec les yeux de l'âme et non les yeux mortels... mais il avait un bourreau, voilà bien longtemps qu'il avait décidé la manière et le moment de sa mort, parce que la nature ne fournissait pas ce qu'il cherchait il l'avait créer de toutes pièces, avec la constance et le froid calcule de son intelligence il avait préparé chaque geste, chaque mot, pesant de tout son pouvoir sur la trame de sa destinée pour créer l'étincelle, pour mettre au monde celui qui serait digne de le détruire un jour, celui qui entre tous aurait l'honneur de baigner sa lame du sang du veilleur et de lui ôter finalement le reste d'existence qu'il possédait; et ce champion unique, après tant d'années, étaient enfin reparu, presque prêt, presque complet, comme il le désirait, la partie avançait et continuait de dérouler ses coups les uns après les autres jusqu'à l'affrontement qui serait pour lui et Lorenz, l'apothéose ou l'apocalypse, et qui marquerait l'achèvement de son devoir de veilleur, la fin de son existence, la permission d'en finir une bonne fois pour toute et de permettre sa mort, pour lui victoire comme défaite signifierait la fin mais c'était une fin mille fois attendue et désirée, une fin qu'il aurait choisit de bout en bout, lorsque la laisse de la tisseuse cesserait de le retenir et de consolider sa volonté il s'abandonnerait finalement sous la lame de son élu, lui donnant sa vengeance et libérant le monde de lui.

Il n'était pas dupe, sa présence n'était ni souhaitée ni souhaitable, dès que son but aurait disparu il deviendrait un danger énorme pour le monde et il ne s'agissait pas de son but, une arme était créer avec un but, si ce but était atteint alors l'arme cessait d'avoir une raison d'être et était détruite, il était une arme, il devait détruire Lorenz et une fois cela fait il partirait en paix, en ayant payer sa dette au monde qui l'avait supporté si longtemps. Une libération finale après des épreuves innombrables que sa mémoire ranimait continuellement, le visage de ceux qui avaient péri de sa main, le visage des êtres cher depuis longtemps parti, de sa sœur Valia la bien aimée, la princesse aux Lys, de son cousin aux cheveux de feu, si semblable à lui qu'il semblait son jumeau et dont l'esprit était le même, d'Achroma le grand, le digne, le fier, Archoma le savant, le dieu vivant pour lui, son maitre, son professeur, son mentor et sauveur, celui qui avait fait de lui autre chose qu'une bête assoiffée de sang et lui avait ouvert les yeux, partit tous, des fantômes à l'orée de sa mémoire, ombres mouvantes qui jamais ne se formaient, sauf durant de bref flash, de bref vision du passé, si réel qu'il semblait presque avoir franchit la barrière du temps pour retourner dans le passé... comme en cet instant, comme devant ces scènes de famille, si simple mais tellement précieuse à ses yeux, une famille qu'il n'avait plus mais qui lui avait survécu, il avait eu un fils.. si seulement il avait sut plus tôt mais il avait été père, fauter avant son mariage n'avait finalement pas été une erreur, sa lignée avait continué sans lui et aujourd'hui elle était encore plus puissante et à l'abri, il en était heureux, il n'aurait jamais voulu lever la main sur une personne de sa famille, mort ou non cela ne changeait pas et ne changerait pour rien au monde, il avait pensé se laisser tuer par l'un d'eux mais avait renoncé, il ne voulait pas les tenir, il n'en avait pas le droit.

En raison de sa mémoire ? Après tout il n'aurait jamais sut et aurait exécuté ses plans sans l'ombre d'un regret si il n'avait pas retrouvé sa mémoire... c'était un cercle fermé où tout était cause et conséquence mais de ce fourbi de son existence ressortait néanmoins une chose, personne en dehors d'Archoma, n'avait vu qui il était réellement, personne ne le comprenait, personne ne pouvait comprendre, ils voyaient ce que lui voulait qu'ils voient, il jouait sa pantomime, regardant les autres se prendre à son jeu comme des mouches sur une toile et s'en voulait intérieurement de devoir en arriver là sans trouver la moindre issue possible, il le fallait donc il le faisait, il avait toujours sacrifié son bonheur au profit de l'accomplissement de son devoir et par bien des voies diverses. Qu'il s'agisse de son coté noir ou de son coté blanc, d'Einas le cynique ou d'Adryne le poète maléfique, tous deux avaient leur propres aspirations, leurs valeurs et leurs rêves mais tous deux servaient la cause, tous deux étaient les instruments du veilleur pour l'accomplissement de ce qui devait être fait... que la fantaisie de l'un veuille mettre Archoma au pouvoir ou que l'autre cherche la fin de l'humanité n'avait pas d'importance, jamais cela ne se réaliserait car le maitre à bord était la tisseuse, elle seule pouvait ordonner et se voir accomplie, elle était la voix qui lui ouvrait les sens, la lumière dans ses ténèbres, l'apaisement de sa peur, la domination de sa démence... elle ordonnait la mort de l'ancestral et il devait atteindre cet unique but. Mais pouvait il faire semblant en cet instant ?

Pouvait il seulement se voiler la face, baisser la tête et foncer comme son instinct le lui dictait, devant cette si jeune enfant, ce trésor de la nature, si douce et si belle, si pure, comme un cristal taillé au coté d'une sombre Obisidienne ou Rubis sanglant, une fleur magnifique qu'il ne savait décrire et qui agressait ses sens tout autant qu'il les ravissaient, elle... Felicya avec son innocence, avec sa volonté, ses paroles si douce portées par son cœur, elle avait enlevé la laisse, elle l'avait livré à son existence, à sa mémoire ancienne... pour le meilleur ou pour le pire ? C'était cela qui s'échappait hors de son atteinte, le regrettait il ? Il n'aurait pas été capable de répondre, peut-être le regrettait il, il avait toujours laisser reposer sa volonté et sa capacité à se battre sur cela, sur cette obligation impérieuse mais en cet instant il ne l'avait plus, il ne pouvait s'appuyer dessus... livré à lui même il sombrait dans la profondeur de son être sans savoir ce qu'il devait dire ou faire, sans savoir si il devait agir comme il le voulait ou comme il le devait... Cette petite avait réveillé en lui tant de chose, des choses sombres et d'autres plus claires mais toutes lui étaient à la fois chère et détesté, était ce une magie ? Était ce simplement la force de son innocence ?

Il ne pouvait dire mais elle était une lumière douce et nimbée, la lumière de la lune qui pour lui n'était pourtant qu'une froide gardienne, le surveillant, et qui chez elle semblait pourtant si douce, comment avait elle put réveiller tant de chose, comment pouvait elle le bouleverser à ce point, le rendant même inapte à faire preuve de volonté ou de la cruelle certitude qui l'animait depuis toujours, qui était elle pour le faire se sentir si humain ? Ce qui était certain c'est que même si il en était surpris et pas forcément ravi cette chose étrange qu'elle animait dans son esprit était si étrangère qu'il en était saisit de respect et d'une profonde envie de la protéger, de la voir s'épanouir et de voir encore combien de merveilles elle pouvait produire dans son entourage et peut-être au final comprendre de quoi il s'agissait, comprendre en quoi elle était si différente et ce qui s'était allumé en lui... cette flamme de bougie à la fois si douloureuse et si importante, si... douce ?

Peut-être pas douce mais du moins n'était ce pas une part de son châtiment sans fin et de cela il en était heureux si heureux il pouvait être un seul jour dans sa vie, avait il seulement droit au bonheur ou était ce une illusion qu'on lui faisait miroiter comme de l'eau à un prisonnier assoiffé... Et les mots coulaient, coulaient, les siens froids, direct et sans une once de mensonge, des mots comme il n'en prononçait jamais en général car les mots possédaient une force et un pouvoir terrible pour peu que l'on sache en user, les mots pouvaient vaincre des armées ou défaire des dynasties, il avait toujours courbé son langage afin d'arriver à ses fin ou de perdre ses interlocuteurs de le méandre de théories fumeuses afin de cacher la vérité... c'était si simple pourtant, pour cacher quelque chose il suffisait de le mettre en évidence pour qu'il soit hors d'atteinte de n'importe quoi, agrémentait le de quelques arabesques, d'une ou deux métaphores et le tour était jouer, tout le monde était aveugle à ce que vous pouviez dire en réalité, il le savait très bien et même si certains ne le pensaient pas il restait toujours qu'il était très simple de faire croire quelque chose à quelqu'un si les mots leurs étaient opaques et brumeux... pourtant cela n'avait pas cours en cet instant, pourquoi aurait il voulu lui cacher quoi que ce soit, elle n'était pas une menace, elle était bien trop pure et frêle pour être une menace, certes quelques minutes avant elle aurait put le tuer mais à présent il était de nouveau mettre de lui même et seul un guerrier des plus puissants aurait put le mette à mal, il n'avait donc rien à craindre sur tout les plans, de plus sa volonté de lui offrir son avis évinçait sa méfiance qui pourtant n'avait jamais baissée même en présence de ses alliés, une garde baissée était trop souvent synonyme de mort et il était totalement hors de question qu'il meure pour une bêtise pareil. Il l'observa avec attention alors même que ses pensées bouillonnaient en lui comme de la lave... il avait presque sourit en voyant un léger ton de rouge monter aux joues pâles de l'humaine, était ce donc si étrange qu'elle porte le nom d'une princesse ou se trompait il de raison...

Elle réfléchissait, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, elle réfléchissait à ce qu'il disait, c'était une bonne chose, elle ne rejetait pas les choses d'emblée comme le reste des hommes qui préféraient jouer l'autruche plutôt que de même penser, contempler l'idée qu'il eu raison... pas qu'il est philosophé avec beaucoup d'humains mais en général son coté Blanc avait tendance à vouloir faire comprendre certaines choses à ceux qu'il croisait, mais sans y parvenir véritablement, peut-être était ce en partie pour cela qu'il était aigri, il devrait penser à le lui demander un jour ou l'autre mais en attendant il était agréablement surpris même si à présent il savait qu'elle n'était pas comme le reste de ces animaux d'humain...

Il la laissa faire, pouvant à demi lire ce qu'elle pouvait penser, au moins sur la question de mettre fin aux jours de quelqu'un, avait elle déjà vu la mort, avait elle déjà eu à peser la vie de quelqu'un dans la balance de la destinée ? Si tel était le cas elle devait comprendre ce dont il parlait, ceux qui avait été en contact avec la mort d'une manière ou d'une autre comprenait généralement mieux que les autres, c'était une expérience marquante au possible, une flétrissure de l'âme et du corps que rien n'effaçait... mais chez elle on devinait la volonté d'aider, l'envie de guérir malgré tout, peut-être la mort n'était elle pas perçu de la même manière par tous, peut-être qu'elle était l'une de ceux qui percevait la mort différemment auquel cas elle était bien l'icône qu'il imaginait.

Son sourire était comme l'aurore, comme une aube magnifique sur un champ de neige et il sentit son regard s'adoucir devant cette vision si son visage de se déparait pas de sa froideur étrange tandis qu'elle prenait la parole, il écouta en silence, toujours aussi attentif, toujours aussi patient et prêt à entendre, elle le méritait, à ses yeux elle le méritait amplement et ce qu'il entendait, si ce n'était pas tel qu'il imaginait n'était pas non plus dénué de sens et de réflexion pour aussi jeune enfant. Il marqua d'un battement de cil la fin de son discourt et prit son temps avant de répondre, il ne se sentait pas pressé en sa compagnie, pas en devoir d'aller vite mais c'était surtout la forêt qui l'inquiétait, quelque chose n'allait pas avec cette forêt, quelque chose approchait, une ombre et une menace dans le fond de son esprit sans qu'il parvienne à comprendre de quoi il s'agissait.

Il commençait à se demander si il était le seul vampire à s'être rendu ici et si il n'avait pas mit les deux pieds dans une nasse invisible jusque là, si des vampires étaient ici la jeune fille risquait d'en pâtir sérieusement et lui même devrait se battre, il risquait même de mettre en péril tout ce qu'il avait construit jusque là... mauvais très mauvais... ou alors c'était des humains et dans ce cas là il n'y regarderait pas à deux fois avant de les expédier ad-patres, personnes d'autres que la petite ne devait savoir qu'il était là et surtout pourquoi. Et si quelqu'un savait qu'elle l'avait rencontré... il ne voulait pas qu'elle ai des problèmes par sa fautes, il ne voulait pas lui causer davantage de soucis qu'elle n'en avait déjà eu par sa faute... Il finit par prendre la parole tout en gardant ses sens à l'affut de la moindre information qui trahirait la cause de son malaise soudain...

« Je suis là car tel est ma volonté. L'armée se trouve à bien des lieux d'ici mais quand à moi, je n'ai pas faim, j'ai appris à me contenter de très peu... quand à vous jeune fille, votre imprudence vous causera bien des tords, regarde donc petit Felicya, tu a moins de trente printemps et tu discute avec un être que ton peuple a élever comme un symbole de sa plus grande terreur... et pas sans raison bien qu'ils ne saisissent pas vraiment ce qu'ils jugent. Que tu soit cruelle ou non ne me regarde pas, je ne porte de jugement que sur ceux qui se trouve à l'autre bout de mon épée, porter un jugement représente plus que de simples mots cracher au hasard de la rencontre, c'est une responsabilité et un luxe que beaucoup se permettent sans le posséder. Personnellement je pense que chacun a sa manière de voir le monde et que certaines sont meilleurs que d'autres mais aucune foncièrement fausse... pense ce que tu veux, si tu est en accord avec toi même alors c'est le principal. Quand à moi j'ai une raison d'exister et je compte la remplir, une fois cela fait je disparaitrais pour de bon sans l'ombre d'un regret. Mais tu me flatte trop, je ne suis pas de bonne compagnie et certainement pas fréquentable... mais allons, je vais vous accompagner, quelque chose me dit que cette forêt est bien mois paisible que ce que je pensais au premier abord, je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose... »

Il siffla son cheval qui arriva lentement, se saisit des rênes et indiqua un sentier bas de sa main droit avant de se tourner à demi en ajoutant comme en pensée secondaire...

«  oh... appelle moi Adryne »
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