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Harthea n'était pas parvenue à dissiper le sort de la mage. Une myriade d'insectes continuait de voler dans les airs, empêchant de bien y voir, mais n'empêcha pas la plaine douloureuse de parvenir aux oreilles pointues de l'elfe. Le grognement d'Arphen s'y mêlant: celui-ci avait attrapé le mollet de sa proie et ne comptait pas la lâcher. Un hurlement de frayeur retentit juste après que la flèche de la capitaine touche le sol et le bourdonnement des insectes s'estompa.

Suite aux avertissements d'Harthea, la mage avait pris la décision de mettre fin à son sort. Elle était recroquevillée, en petite boule sur le sol, les mains par-dessus sa tête pour la protéger des serres de l'aigle. Sa jambe saignait suite à la morsure d'Arphen, jambe qui était toujours prise entre ses crocs.

- Par pitié. Je me rends. Pitié, ayez grâce. Je ferai tout ce que vous voulez. La supplia-t-elle.

Son visage se déforma par la douleur. Être mangée par un chien n'était certainement pas l'une des plus belles morts qui soit. Elle ne s'était pas relevée comme demandé, mais ne voyait pas comment s'y prendre non plus étant donné les circonstances.

Le danger était momentanément écarté. Sa flèche atteignit sa cible et Alauwyr ainsi qu’Aurélie fut hors de danger. Hajja s’approcha des deux humains et l’elfe mit alors souplement pied à terre. Sans plus attendre, elle s’approcha du blessé et inspecta la morsure. Celle-ci était légère, mais la Générale préférait la soigner puisqu’elle en avait les capacités et le temps.

Elle se mit alors à chanter dans sa langue tout en fixant la blessure. La magie de l’Elfe ne tarda pas à agir et la blessure sanguinolente se referma. Lorsqu’Orfraie fut satisfaite du résultat, elle releva les yeux vers les deux humains. Elle s’assura ainsi qu’ils allaient bien avant de se relever et d’observer les alentours. Harthea était parti à la poursuite d’un assaillant tandis que Christan s’appétait à interroger celui qu’il avait lui même neutralisé.

L’Alayien ne fit pas dans la dentelle. Cela ne choqua pas vraiment la générale, qui s’y attendait venant de sa part, mais la réaction d’Aurélie fut celle attendue par une civile non entraînée : l’effroi le plus total. L’Elfe se porta alors rapidement à sa hauteur, elle qui s’était éloignée lorsque Orfraie avait commencé à soigner Alauwyr. L’humaine se bouchait les oreilles pour ne pas entendre les cris et même l’Elfe grimaça, d’autant que son ouïe était très fine. Elle n’enviait pas la place du pauvre homme et aurait utilisé une méthode bien moins violente pour obtenir ces informations… Mais Christian était Christian et elle ne pouvait pas le changer. C’était un homme violent qui se plaisait sûrement à torturer ainsi le pauvre bougre.
Avec douceur, la générale passa ses bras autour des épaules d’Aurélie – ce qui n’était pas bien compliqué aux vues de sa taille – et l’attira contre le plastron de son armure. Elle demeura ainsi, tentant de l’apaiser par sa présence mais également par de douces paroles en Elfique. Elle bloquait également son champ de vision.
Toutefois, son attention fut forcément attirée par l’interrogatoire. D’où elle était, l’elfe pouvait tout entendre. Ainsi, même des elfes s’étaient ligués contre le commerce écarlate . Contre la paix ? Cela fit naître une profonde colère en Orfraie, qui demeura pourtant impassible. Seule Aurélie, qu’elle tenait encore, pouvait sentir que la générale s’était tendue.

L’interrogatoire de l’alayien prit fin. Avec douceur, la générale lâcha Aurélie. Mais, avant de la laisser, l’Elfe releva son menton du bout des doigts et plongea son regard dans le sien. « Ça ira . Je crois que nous avons des blessés, pouvez-vous vous en occuper ? » s’enquit l’Elfe avant de laisser filer l’humaine. S’occuper était encore le meilleur moyen de ne pas penser à ce qui venait de se passer. Lorsque l'humaine fut partie, la Générale ordonna à ses soldats de surveiller les alentours afin d'écarter définitivement toute menace.

Ce fut à ce moment qu’elle entendit des éclats de voix. C’était lointain, aussi fut -elle la seule à l’entendre grâce à son totem. Il lui sembla reconnaître la voix d’Harthea et les jappements d’Arphen, aussi la princesse remonta rapidement sur Hajja, qui se dirigea vers l’endroit d’où provenaient ces éclats de voix. Sur le chemin, l’Elfe prit toutefois le temps de soigner l’homme qu’Harthea avait du lâcher en route.

En arrivant au pas, l’Elfe put assister à l’interrogatoire d’Harthea. Voilà une méthode qui lui plaisait ! Ainsi, la cavalière obtenait des réponses sans faire inutilement souffrir la femme… du moins physiquement. En effet, le cri déchirant poussé par la femme, lorsque l’illusion prit fin, serra le coeur de la Générale. Cette humaine avait fait tout cela par peur de perdre un être cher, son époux. Orfraie comprenait cela, peut être même qu’à sa place elle aurait fait la même chose. La peur de perdre un être cher pouvait pousser à faire les pires atrocités…

Le regard d’Orfraie vint trouver celui d’Harthea. Cette femme devrait être punie – comme ses complices – mais il faudrait compter avec ces … circonstances atténuantes. « Ramène-la. Donnons aux autres ces informations. Nous prendrons le temps d'en savoir plus sur elle plus tard. » furent les seuls mots prononcés par la générale. Dès qu’Harthea eut regagné le dos de sa monture – avec sa prisonnière - Hajja reprit la direction de la caravane.

Le groupe fut finalement fin près. Le départ allait être donné dans quelques instants seulement et le commerce écarlate allait reprendre sa route jusqu’à Dureroc. Toutefois, avant de remonter en selle, le regard de la princesse elfique se posa sur Aurélie, qui vint la trouver pour la remercier. L’Ataliel esquissa un doux sourire en posant sa main sur l’épaule de la jeune femme, lui répondant alors que ce n’était rien, qu’elle n’avait pas à la remercier. A cela, elle avait ajouté un clin d’œil avant de souplement grimper sur le dos d’Hajja. La jeune femme s’en était aller retrouver Alauwyr dans la caravane.

La Générale se permit un regard en arrière, s’assurant ainsi que les prisonniers à la charge des Elfes étaient bien installés et surveillés. Le regard bleu roi se posa, indubitablement, sur Angèle qui se trouvait avec Harthea. La jeune femme était triste mais calme. Elle serait bien traitée avec les Elfes, cela Orfraie s’en assurerait. Il était hors de question de faire du mal aux prisonniers… Mais cette dernière devait également se montrer coopérative pour que cela fonctionne.

La caravane se mit en route. Chacun faisait preuve d’une extrême vigilance, bien plus qu’auparavant. Cette première attaque avait été déjoué et les pertes évités mais elle restait ancrée dans l’esprit des guerriers. Toutefois, les premiers jours passèrent sans encombre, jusqu’à ce que la caravane arrive en vue du Lac Noir. Durant le voyage, Aurélie avait fait preuve de ses talents et été parvenue à faire parler Angèle. Celle-ci avait alors révélé qu’une embuscade était prévue au environs du lac noir. Elle révéla également de nombreux détails sur cette attaque ainsi que le nombre de combattants. Ces informations permirent aux Alayiens et aux Elfes de prendre les Gardes de l’Aube à revers et de les arrêter sans qu’ils puissent se défendre. Il y eu bien évidement quelques blessés mais le pire fut évité… Cela eut le don de grandement satisfaire la générale. Celle-ci se montra de très bonne humeur sur la dernière portion de route jusqu’à Dureroc. Bien sûr, elle restait très vigilante… Mais se détendait un peu plus le soir, surtout avec l’agréable compagnie d’Aurélie qui vint la rejoindre plus d’une fois sous sa tente, pour leur plaisir à elles deux…

L’arrivée à Dureroc fit toutefois naître quelques tensions, que ce soit parmi les Elfes ou les Alayiens. Toutefois, avec l’aide d’Aurélie, il n’y eu aucun incident notable. La troupe fut conviée à se reposer dans la ville Vampirique avant d’entreprendre le voyage de retour…