La diplomatie par d'autres façons. (PV Kedrildan)

Mi Juillet

Il y avait décidément beaucoup à faire ces derniers temps pour le bien du protectorat, beaucoup de choses à faire qui ne pouvaient que rarement attendre… Et depuis qu'Aramis était arrivé dans le désert elle faisait de son mieux pour faire ce qui serait bon pour le protectorat. Et malheureusement le protectorat avait besoin que l'on fasse beaucoup, pas malheureusement car elle ne voulait pas faire, mais malheureusement car elle n'était pas sûr que malgré toute la bonne volonté du monde cela suffise… Enfin autant ne pas désespérer, et faire les choses au mieux. Après tout cela sera toujours mieux que de ne rien faire.

Et il y avait une chose à faire, depuis longtemps des nomades vivaient dans le désert, ils faisaient partie des rares habitants permanents de ce dernier, et le protectorat avait eu de temps en temps un peu d'aide de leur part car après tout ils connaissent le désert mieux que quiconque, faisaient de bon guerrier, et en somme être en bon terme avec eux est une bonne chose, mais certains des clans de nomades ne voyait aucunement en bien l'arrivée du protectorat dans leur désert, et c'est à une de ces tribu de nomade qu'Aramis allait avoir à faire en compagnie du dragonnier Kedrildan. Le clan rouge...

Elle ne savait pas comment cela se passerait, mais se disait à son attitude que depuis le temps le dragonnier avait changé à sa façon, ce dernier avait passé un séjour assez long en théocratie, et il était au protectorat depuis, et au fond cette mission servirait aussi à le jauger un peu. Pour sa part Aramis réfléchissait déjà à comment négocier avec cette bande de nomades surtout que celle-ci avait quelques règles de vie, des coutumes, et des politesses assez strictes, et qu'il valait mieux ne pas fauter en ce sens, raison pour laquelle elle en avait tenu propos aux quelques gardes l'accompagnant, et au dragonnier…

Que cde soit règles assez basiques comme ne jamais manger avec la main gauche, mais seulement avec la main droite, toujours regarder son interlocuteur dans les yeux en signe de respect, mais d'autres plus excentriques de la part de ce clan de guerrier… Certaines ne concerneraient pas le vampire, et d'autres seraient plus délicates… Il était très mal vu par exemple pour ces nomades de laisser une conversation s'éteindre, ou de parler à voix basse, alors que parler à voix haute. Aux contraires ils appréciaient de parler fort, et tous en même temps ce qui rendait la chose assez cacophoniques. De même qu'ils détestaient que quelqu'un se tienne éloigné d'eux lorsqu’ils parlaient, et ce n'était qu'une partie des coutumes... En somme un peuple avec ses coutumes, Aramis y était habitué, après tout le peuple elfique avait des règles de politesses assez stricts, mais après elle ne savait pas comment se débrouillerait le vampire, et les quelques gardes les accompagnant. Enfin après l'avantage c'est qu'ils ne risquaient pas grand-chose chez ces nomades, chez eux le principe de l'hospitalité était sacré, mais il valait mieux éviter de les offenser. Néanmoins la bon côté de la chose, et aussi le mauvais côté c'est qu'étant pas aisance un clan guerrier, affirmer sa force était une bonne chose pour eux, mais sans pour autant aller dans l'insulte, en somme c'était subtil, et il faudrait que le dragonnier, et elle jouent sur ça… L'on verrait donc bien ce que cela donnerait. Néanmoins Aramis se disait que ce ne serait guère facile...

« Nous devrions bientôt être arrivés. » Dit-elle calmement à toute l'escorte, après tout dès qu'ils seraient engager dans la chose ils devraient y rester jusqu'au bout, donc autant s'y préparer mentalement, et prendre sur soit… Enfin c'était l'une des tâches de l'ordre baptistrelle de servir de médiateur quand au dragonnier il était un haut représentant du protectorat à sa façon dont il se devaient de représenter dignement ce dernier. Reste que la chose devait se faire bien, un avantage néanmoins était que ceci se passerait en intérieur car la nuit allait s'achever dans quelques heures, et il est vrai que la chose aurait été éreintante à l'extérieure.

« Un détail ces nomades apprécient pour se saluer de se serrer la main, fort… N'hésitez donc pas à forcer à ce moment, tant que vous ne leur brisez pas la main ce sera bien vu. Pour eux cela est un signe de respect d'ainsi forcer sur la poigne. » Et alors qu'elle finissait sur ces paroles paroles à l'escorte, visiblement quelques nomades semblaient les attendre proche d'une petite oasis. Le premier contact… Voilà ce qui conditionnait comment cela se passerait ensuite.

Cela faisait un bon mois qu'il se trouvait au protectorat et les choses allaient tranquillement, comme retenant son souffle dans l'attente d'une gigantesque catastrophe. Mais il avait finit par s'habituer à vivre au sein de cette communauté, comptant sur sa dragonne et son comparse vampirique, Lewyn, pour le distraire de l'ennui qui pouvait surgir. Déjà que, initialement, il n'y avait pas de quoi s'ennuyer avec Trissi... Bref. Aujourd'hui, alors qu'il alignait ses neurones sortant d'une transe bien réparatrice, Kedrildan eut la surprise de recevoir un message lui sommant presque de se mettre au service de dame Aramis Thredë qui s'en allait en mission diplomatique vers le clan nomade rouge. Aïe... En fait, double aïe parce qu'il devait faire ça sous le soleil à tous les coups... Certes, il avait subit un entraînement et donc au lieu de subir de grave brûlure, il aurait une atroce migraine lancinante, m'enfin ce n'était quand même pas du tout agréable.

Mais, le point bon par excellence était quand même que ça le ferait sortir de son train train... Certes, c'était déjà moins tranquille que lors de ses premiers jours dans le campement mais ce n'était pas encore l'extase pour autant. Aussi commença-t-il à préparer ses affaires avant de rejoindre la fameuse elfe au point de rendez-vous, marchant au côté de Hunleff et haussant un sourcil racé quand il aperçut une grande blonde semblant l'attendre. Elle semblait préoccupée... M'enfin ce n'était pas vraiment important aux yeux de Kedrildan alors qu'il se contenta de garder le silence en se mêlant aux autres gardes de son escorte, chevauchant tranquillement avec eux en plissant des yeux alors que le soleil lui brûlait les yeux. Déjà il sentait les prémisses du mal de tête...

La voix de l'elfe lui fit quitter ses pensées moroses et le roux prêta un peu plus attention à son environnement, notant des changements subtils du paysage avant d'admirer sans un mot le campement qui éclot devant eux une fois les brumes de chaleur dépassées. Talonnant son destrier pour se mettre à la hauteur de l'elfe, il grimaça en l'écoutant : les affres du protocoles... Ce que ça pouvait être barbant ! Et malheureusement, ils ne pouvaient pas se payer le luxe de créer des incidents diplomatiques donc il allait devoir être irréprochable, mais il n'y croyait pas : il ne connaissait pas assez les us et coutumes pour leur épargner des conflits.

« Très bien. »

Bon, si pour l'instant il n'avait juste qu'à se cantonner à serrer des mains sans briser les os, ce serait très facile, fort heureusement. Le nomade aurait beau serrer fort les doigts, Kedrildan ne ressentirait en cela qu'une simple caresse. Se murant de nouveau dans le silence, il suivit la blonde et descendit de monture quand ils furent arrivés devant les hauts dignitaires, les regardant calmement avant de faire comme elle lui avait dit : serrer les mains sans briser les os. Quelques grimaces lui confirmèrent que c'était bon, dosant sa force avec justesse pour ne pas trop en faire : un accident était si vite arrivé. Une fois cela fait, le roux les observa de nouveau avant de reculer légèrement, laissant la dame aux grandes oreilles se débrouiller pour les introduire et expliquer le but de leur visite : le dragonnier était un guerrier, faire montre de respect et de force, ça c'était son domaine ! Mais les discours et les ronds de jambe... Très peu pour lui !

Heureusement que la matinée était brumeuse, cela rendait le soleil du désert un minimum supportable pour tout le monde. Dans le sens qu'il faisait juste une quarantaine, voir une cinquantaine de degrés au soleil… Enfin ce n'était finalement pas plus mal qu'ils fassent cette petite rencontre diplomatique de jour. Même s'ils transpiraient déjà tous à grosse goutte...

Et le dragonnier semblait prêt, comme tout le reste de l'escorte, et ce même si Aramis avait vraiment l'impression qu'en cas de problème ce devrait être elle qui leurs sauveraient la face, mais on ne savait jamais, pour un clan de nomade pour qui la force, et la fougue guerrière était une bonne chose, il pouvait prendre pour respectueux ce qui ne l'était pas en temps normal, et irrespectueux ce qui l'était en temps normal. Mais pour l'instant tout allait bien.

Et visiblement les nomades du clan rouge semblaient plutôt bienveillant sur l'instant surtout après les salutations. Et sur ce Aramis s'avança donc pour faire ce qu'elle devait faire, de la diplomatie.

« Mes sincères salutations seigneur Salatheïs à vous, et vôtre clan de fier guerrier. Nous sommes venus en ce jour débuter des relations respectueuses entre le protectorat, et vôtre clan. Et le protectorat espère que ces relations s’avéreront hautement bénéfiques pour les deux parti impliqués. » Dit-elle d'un ton respectueux, mais d'une voix forte, et claire. Les nomades restèrent silencieux quelques instants à cela, et leur chef afficha un fin sourire, un bon signe avant de lever la main, et de dire après s'être légèrement incliner.

« Nous vous souhaitons la bienvenue hommes, et femmes du protectorat, aujourd'hui vous êtes les invités du clan rouge, et ce avec tous les honneurs qui vous seront dû. Mais tout d'abord il nous faut honorer la tradition, et nous allons donc de ce pas pouvoir commencer le duel honorifique entre deux de nos champions. Faîtes avancer vôtre champion je vous prie. » Dit le chef des nomades, et oui les duels honorifiques du clan rouge... Ce n'était heureusement pas à mort, et cela servait avant tout à jauger la valeur d'un guerrier. Mais pas que son talent en épée, mais aussi quantités d'autres détails, certains affirmaient même que les hommes du clan rouge pouvaient décrypter le caractère, et le passé de quelqu'un uniquement par son jeu d'épée, ou sa gestuelle car pour eux cela cela était le langage le plus sincère de l'âme d'un être. Bien entendu cela été un préjugé teinté d’exagération, même s'il devait détenir tout de même une pointe de vérité. Aramis elle-même savait que le jeu d'épée pouvait au final beaucoup dire sur le caractère de quelqu'un effectivement...

Aramis sur ce invita donc le dragonnier à avancer pour le duel, après tout cela éviterait que ce dernier s’ennuie trop, et puis avec de la chance les nomades apprécierait qu'on les honore d'un combat avec un adversaire aussi redoutable qu'un vampire. Et d'ailleurs en voyant cela le chef des nomades dit d'une voix claire.

« Voyons vôtre valeur de guerrier étranger, BenHazzri ? Mesure la valeur de l'homme aux cheveux couleur d'Aube je te prie. » Dit le chef des nomades à un de ses guerriers en armure doré qui semblait être taillé comme un jaguar, et à son chant nom Aramis perçut que le nomade prévoyait de faire durer le combat de son mieux pour qu'il dure un temps satisfaisant, une partie probablement essentielle de cette tradition nomade... Qui expirait en tout ses pores de son côté martiale… Ces hommes porté un grand respect aux guerriers de toutes sortes tant que fort, et braves.

Et donc le nomade se posta en face du dragonnier, lui fit un salut de duel, et ensuite prit en main deux lames, et se mit en garde. Avec un cimeterre dans une main, et un sabre dans l'autre, Aramis connaissait ce genre d'arme, elle permettait à un humain de frapper bien plus vite que la normale… Et les nomades maniaient souvent ces cimeterres, et sabres. Cela ne changerait rien à la probable issue du combat, mais un style de combat exotique était toujours intéressant à voir, ou à affronter pour un guerrier.

Et sur ce juste avant que cela commence le chef des nomades acheva à l'égard du dragonnier. « Une lame en dit bien plus sur celui qui la manie que des mots, voyons donc ce que vôtre lame dit étranger. » Et la chantebrise sur ce fixa toute son attention sur la scène, car elle le savait le plus important n'était pas que Kedrildan remporte le combat (il était évident qu'il allait le remporter en plus), mais ce que les nomades verraient en lui par la manière dont il se battrait. Elle espérait donc que ses calculs s'avèrent exacts. Et que cela plaise aux hommes du clan rouge. Mais bon comme toujours il fallait prévoir que la situation évolue tout autrement pour éviter d'être démuni si cela arrivait.

Le bonheur d'être mort et vampire, c'était que le froid et le chaud ne faisait plus rien. Par contre l'humidité... Il bouclait et frisottait atrocement ! Un vampire précieux que ce dragonnier-là ! En tout cas, muré dans son silence, Kedrildan chevauchait aux côtés de la dame elfe qu'on lui avait sommé de suivre pour la protéger, regardant d'un œil morne le paysage. Le bon point était quand même qu'il quittait le campement vers une « aventure », ce qui n'était pas mal du tout ! Et surtout, c'était mieux que rien, le plus important donc.

Arrivés aux campements, Kedrildan les salua tour à tour comme lui avait demandé l'asperge, en serrant les mains sans casser les os avant de se poser derrière l'elfe, toujours silencieux mais aussi très attentif. Essayons de pas avoir l'air d'être un touriste ou simple d'esprit, pas sûr qu'ils apprécient...

… Hein ? Pardon ?! Un duel honorifique ?! Il n'avait pas signer pour ça ! Haussant un sourcil de surprise, Kedrildan se tourna vers dame Thredë en espérant avoir une explication à cette tradition vraiment très urgente et importante. Mais il semblerait qu'il devait simplement se battre sans avoir de détails sur le comment et pourquoi de la chose... Bon. Dubitatif et légèrement blasé, il la suivit et s'avança vers les nomades, cherchant du regard le champion qu'il devait battre, plissant le nez en le regardant de la tête aux pieds. Bon... C'est lui qu'il combattait alors... Le saluant en l'imitant, Kedrildan dégaina ses armes en lui faisant face, jetant à peine un regard au chef des nomades : non mais sérieusement, à quoi cela lui servait de voir comment le dragonnier se battait ?! C'était entre lui et Aramis alors qu'est-ce qu'il venait faire là-dedans ?! Bizarre tout ça, ça ne lui disait rien qui vaille...

Recentrant son attention sur son adversaire, Kedrildan le jaugea une fois de plus belle avant de se mettre en garde, esquissant quelques feintes pour tester sa défense avant de virevolte et de fendre l'air pour viser son aisselle gauche. Deux armes avec une allonge assez grande et une impressionnante souplesse... Le roux fut mis à mal plusieurs fois à mesure que le combat s'éternisait et tantôt il jouait l’agressif, tantôt le rusé, souffle et fuyant comme le serpent. Ils étaient à peu près égaux mais le vampire, par sa nature, conservait quand même un léger avantage qui l'aida à remporter le duel alors que le milieu de journée venait d'être dépassé. Pfff... Il a été long ce combat...

Le saluant de nouveau, il rangea ses armes et se tourna vers les nomades et la délégation du protectorat, les regardant simplement. Kedrildan était convaincu que s'il ouvrait la bouche pour dire quoi que ce soit, ça apparaîtrait forcément comme une bêtise, donc il valait mieux qu'il se taise et attende de voir le jugement. Déjà savoir comment il se battait, il supposait, puisque cela avait l'air si important pour eux et leur tradition.

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{hrp: désolée mais les scènes de duel comme ça, c'est pas trop mon truc ^^' Je ferais mieux au prochain post Smile

mais n'hésite pas à me dire si ça ne te convient pas d'accord °°}

Aramis pour tout dire pensait à l'origine à faire elle-même le duel d'entraînement, mais elle s'était dit peu avant que peut-être ces nomades avaient des traditions misogynes peut-être… Cela elle n'en savait rien, mais par sécurité autant envoyer un homme pour le duel. C'était un détail qui pouvait apparaître anodin, mais rien n'était vraiment anodin lors d'une rencontre placé sous le signe de la diplomatie…

Aramis regarda donc la scène calmement, mais aussi discrètement le chef des nomades car c'était à lui qu'il faudrait plaire, et beaucoup de choses jouaient, mais pas besoin de s'embêter à déceler les mimiques du visage de ce dernier, elle se contenta de percevoir son chant nom alors même que l'affrontement commençait… Et pour l'instant cela allait.

Et bien entendu l'issue de ce dernier ne fit aucun doute pour Aramis, c'était le vampire qui l'emporta, mais elle était assez impressionné de voir qu'un humain avait pu tenir aussi longtemps lors d'un affrontement individuel… Enfin dans tout les cas restait à voir ce que en pensait le chef du clan rouge, mais d'abord Aramis regarda Kedrildan qui semblait silencieux...

« L'étranger s'est bien battu. Il a vaincu mon champion... » Commença ensuite à dire le chef des nomades avant de poursuivre d'un ton précautionneux alors que le champion des nomades revenait dans les rangs après un court salut à l'intention du vampire.

« De ce fait nous ne pouvons que tenir en haute estime un si grand guerrier, et en faire nôtre invité d'honneur à la fête que nous avions organisé pour accueillir les émissaires protégés. » Dit le chef du clan rouge en affichant un sourire énigmatique avant de lever la main, et simplement faire un vague geste. Ses guerriers firent un salut à l'adresse des émissaires protégés, et leurs emboîtèrent le pas. Le chef du clan ajouta avant de les suivre.

« Aujourd'hui nous célébrons nos ancêtres, et les 7 frères. Vous êtes tous nos invités, et profiteraient de nôtre hospitalité. » Et ensuite il suivit le pas. Aramis en voyant cela s'approcha calmement de Kedrildan, et lui dit à voix basse. Peu avant de partir suivre le chef des nomades.

« Ils ont l'air d'avoir beaucoup apprécié vôtre performance, et de vous tenir une certaine estime, et attention… Je pense que nous devrions profiter de cela pour rentrer dans leurs bonnes grâces. » Ce qui voulait dire que le plus compliqué était encore à venir, mais bon au moins cela commençait bien. Et Aramis ajouta un léger sourire même si grave vu que toute cette affaire révélait d'une certaine importance. Elle ajouta donc à l'égard du vampire. « Si jamais vous avez une quelconque question, ou demande de conseil à me faire profitez en dès maintenant car les choses sérieuses vont bientôt commencer. Dans tout les cas essayez de restez naturel, je pense que ce genres d'hommes apprécient cela. » Surtout que ce genre de clan nomade avait l'air de plus tenir à la franchise que les nobles de Gloria à la faux-semblance. Mine de rien cela pouvait autant jouer dans le bon que le mauvais sens...

Trissi se tournait les griffes.
Enfin, non, elle ne se tournait pas concrètement les griffes. Mais ses longues études des bipèdes lui avaient appris que cette idée farfelue signifiait, dans les faits, s'ennuyer, n'avoir rien à faire, attendre que le temps passe.Y songeant à nouveau, l'argenté voulut essayer la chose: rapprochant ses pattes avant, elle fit un mouvement circulaire de ses deux poignets, où se situait la plus petite de ses griffes. Moui… C'était amusant, à sa façon. Mais elle ne voyait pas en quoi cela occupait mieux le temps ou dissipait l'ennui. Les bipèdes devaient avoir un esprit bien étroit si cette seule action leur suffisait.
La dragonne était allongée dans le sable, projetant une grande ombre sur qui le voulait malgré ses ailes repliées. Sa tête, haute, au port altier, se tournait de temps à autre vers les bipèdes, affichait un semblant d'air ennuyé, avant de fermer ses yeux, songeuse, les protégeant ainsi du soleil du crépuscule. Elle sentait la chaleur des derniers rayons d'or s'écraser mollement le long des écailles mates de son dos, le long de la membrane de ses ailes. Elle avait naturellement suivi Aramis et Kedrildan, ravie de pouvoir aider celle qu'elle avait jadis malmenée, sans l'admettre néanmoins. Elle s'était bien gardée de conter cette aventure à Kedrildan, se contentant de revenir vers lui et lui offrir de l'affection sans exposer de raison autre que "j'ai envie".
C'était de l'histoire ancienne, désormais. Trissi se protégeait habilement de ces souvenirs qu'elle ne voulait pas revoir. Le protectorat était marqué en sa mémoire comme l'abritant depuis une éternité. Elle occupait ses journées entre Silarae, Kedrildan, et les autres bipèdes à ennuyer.

Et justement: le souci qui se faisait de plus en plus pressant était l'ennui de la Belle. Déjà, elle n'était pas au centre de la scène, ce qui était inadmissible ! Elle voulait bien faire l'effort, à la limite, exceptionnellement, comprenant les enjeux pour ses bipèdes… Mais là, ils exagéraient ! Leurs histoires de ronds de jambes et de protocoles duraient depuis trop longtemps ! Trissi avait déjà essayé de les toucher du bout de l'esprit, pour les faire réagir. Une façon de signifier "eh, oh, je suis là, j'ai pas envie qu'on s'attarde, quand est-ce qu'on y va ?". Aucune réaction. La dragonne avait alors baillé à s'en décrocher la mâchoire, dévoilant tous ses crocs et sa jolie langue. Elle savait pertinemment la signification que cela avait pour les bipèdes. Ceci fait, elle s'adressa à Kedrildan, ouvertement agacée et impatiente:

"- Ne pouvons-nous pas accélérer les choses ? Je m'ennuie. C'est trop long. Vous veniez pour obtenir quelque chose, non ? Qu'attendez-vous ? Bon sang, tu es dragonnier, elle est une mage puissante… Cela pourrait être arrangé en quelques instants ! N'ont-ils pas de respect pour toi ? Pour moi ? Ne peuvent-ils pas simplement nous couvrir d'offrandes et te traiter comme tu devrais l'être, au lieu de te maître à l'épreuve comme un jeune dont on s'inquiète de la qualité ? Impose-toi, mon doux Lié ! Sois à ma hauteur !"

Elle essayait de le pousser mentalement, le plus possible, vers les autres bipèdes, qu'il mène cela aussi bien qu'il savait le faire… Enfin, qu'il devait savoir le faire. Non, ce n'était pas cela, la vérité… La vérité était que peu importai à Trissi qu'il réussisse ou non. Elle voulait le voir faire bouger tout ce beau-monde, faire brûler le feu des dragons ! Et sur ce point-là, elle lui faisait confiance. Son dragonnier était un incendie qu'il fallait parfois savoir laisser libre.
Peut-être, oui, s'essayait-il enfin à être posé et réfléchi. Mais ce n'était pas le moment. Ce serait le moment quand sa dragonne l'aurait décidé. Elle avait l'étrange impression que Kedrildan n'était pas de son avis. Allons bon… Allait-elle vraiment devoir tout faire ? Sans réfléchir, sans avertir qui que ce soit, elle passa à l'action, sachant de source sûre ce qui la divertirait, s'adressant à tous les bipèdes ici présents. Sauf un, là-bas, au fond. Elle avait décidé de l'exclure, arbitrairement.

"- Mes bipèdes aimeraient vous offrir une danse pour vous remercier de votre hospitalité." Elle avait singé le remerciement mental. Pour Kedrildan seul, elle ajouta: "Une humaine t'avait appris à danser, non ? Je sais qu'auprès des humains cela fait toujours beaucoup d'effet. Tu verras, ils seront à nos pieds après cela !" Si elle se moquait de lui ? À moitié, pour le moment. Mais Kedrildan sentirait sans doute le défi qu'elle lui lançait de l'impressionner, et cette impatience mêlée d'excitation qui caractérisait les moments où elle faisait des tests sur ces petits êtres.

Malgré qu'il s'ennuyait et que ce qu'on lui proposait n'avait rien de palpitant, Kedrildan prit un simple petit paquet d'affaires avant d'accompagner la délégation jusqu'à la tribu nomade, le visage morne. Enfin, ça c'était avant qu'on lui indique « aimablement » qu'il fallait qu'il réalise un duel honorifique ! Non mais d'où ça sortait ça ! Et puis pourquoi personne ne l'avait prévenu ! C'était vraiment obligé ?! Espérant avoir un peu de soutien ou au moins un peu d'explication, le roux se retrouva seul et dans l'obligation de prendre les armes pour faire tester sa valeur. Et s'il gagnait, il avait le droit de plonger ses crocs dans sa gorge histoire de se sustenter et se détendre ? Non ? Non... Même pas amusant, tsss...

Du coup, il s'élança dans le combat, parant, feintant, attaquant, se défendant... C'était vraiment un coriace le champion d'en face ! Et plus d'une fois il mit Kedrildan dans une posture de mauvais augure ! Mais, être un vampire permettait d'avoir quelques avantages non négligeable ce qui lui permit de remporter la victoire d'une courte mèche de cheveux. Pfiou... Quel dommage de ne pas pouvoir le réclamer comme tribu et le consommer : vu comment il était en combat, ce vivant devait être vivifiant à déguster !

Il salua maladroitement son adversaire avant de se tourner vers les deux délégations, haussant un sourcil en les fixant avec silence. Enfin, juste un plissement de nez quand sa dragonne l'apostropha sauvagement mais discrètement.

« Trissi, ta harangue n'a aucune place ici, tu sais pourquoi ? Dragons ou dragonniers, ça leur importe peu parce qu'ils n'ont de richesses que l'eau dans le désert. On est peu de choses ici et ils le savent. Donc m'imposer ne ferait que nuire à la délégation et à la mission de dame fougère. »

Ce qui n'aurait pas été bon du tout du tout pour eux s'ils avaient fait tout capoter par simple caprice... Mais quel dommage pourtant, cela aurait été de l'action plus que bienvenu et ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eu de compliments sur sa personne. Mais bon, on ne pouvait pas tout avoir non plus dans l'existence sinon cela aurait été trop beau et trop simple, et à la fin trop ennuyant... Enfin, ça c'était ce qu'il essayait de se dire pour se raisonner mais il ressentait quand même un brin de frustration. Et ça ne plaisait pas non plus à Trissi, ce qui n'était bon pour personne : une dragonne qui s'ennuie était une dragonne plus que chiante...

N'empêche, l'elfe en avait de bonnes, sérieusement : essayer d'avoir l'air naturel ? Se laisser aller ? Elle n'était même pas sûr de ce qu'elle disait ! Olàlàlà, ça tournait mal... Alors qu'il se demandait ce qu'il allait devenir puisqu'ils l'avaient accepté et souhaitaient qu'ils soient leurs invités d'honneur pour leur petite fête, Kedrildan manqua de tourner de l’œil en entendant la proposition de Trissi : il l'avait dit que c'était dangereux une dragonne qui s'ennuyait !

« Une danse ?! Non mais t'es malade ! C'est des guerriers et les guerriers s'en fichent de la danse ! Et puis d'abord la danse c'est pour faire le charme et la séduction envers une proie ! J'ai pas l'intention de séduire cette branche de céleri ! Je refuse de danser avec l'elfe ! Trissi ! »

L’œillade coléreuse, il fusilla sa dragonner du regard, dragonne qui avait l'air atrocement fière d'elle avant de se tourner vers le chef du clan rouge et la-dite elfe, attendant d'avoir une réaction. Peut-être que si Dracos le voulait, il serait soutenu et la proposition de la dragonne serait rejeté... Pitié!!!!!!

Il était certain que souvent ce genre de choses n'était pas forcément passionnante surtout quand rien d'imprévu ne se passait, mais de ce côté-ci disons que la chantebrise avait une mauvaise impression… Peut-être dû à la présence non loin d'une dragonne argentée ? Peut-être pas aussi, mais elle sentait aux quelques vibrations émanant d'elle qu'elle s'ennuyait, et l'ennui avait cette faculté innée de donner une envie fulgurante de le chasser…

Et preuve de cela, avait-elle entendu ce qu'elle avait entendu ? Enfin entendu mentalement, la dragonne venait de clamer aux nomades que Kedrildan, et Aramis allaient leur offrir une danse ? Pour un imprévu c'était bien un imprévu de taille effectivement, et ils allaient devoir faire avec… Sauf si les nomades n'appréciaient pas du tout cette idée, mais… Elle regarda le chef des nomades qui semblait réfléchir, mais et répondit rapidement d'un ton cordial envers la dragonne.

« Si telle est vôtre volonté de nous montrer ceci. Nous vous serions gré de cela puissante dragonne. » Prévisible, après tout quel armandéen qui respectait la force comme ce nomade irait à l'encontre de la volonté d'un être qui représentait aussi bien cela qu'un dragon ? Quand à l'amour de la danse, disons que beaucoup de peuples humains guerriers portaient souvent en éloge la danse pour garder la forme, et des fois aussi car ils considéraient la guerre en elle-même comme une danse… Tout dépendait des mœurs en faîte.

Aramis pour sa part sentait qu'elle ne pourrait pas y réchapper, et cela ne lui faisait pas spécialement plaisir, mais en tant que baptistrelle elle savait faire le sacrifice de soi, tandis que le vampire… Enfin, dans tout les cas elle allait devoir danser avec un vampire ce qu'elle n'avait jamais fait de sa vie… Cela ne devait pas être bien plus compliqué qu'avec un humain probablement.

Et précisions le constat qui pouvait un peu faire peur c'était que visiblement les nomades acceptaient aisément les demandes de la dragonne si jamais cette dernière avait d'autres idées de ce genre là. Pour sa part Aramis pensait au pire que la journée serait agité, mais bon la diplomatie des fois exiger certains sacrifices après tout… Elle avança donc calmement vers le vampire qui ne devait pas du tout être ravi de ce qu'il allait devoir faire.

« Faisons le vite, et bien ainsi ce sera fait. » Lui murmura t-elle calmement en attendant que le vampire accepte, et vienne danser avec elle maintenant que la dragonne avait mit cela à leurs programmes. Pour sa part Aramis ne lui en voulait guère, après tout c'était peut-être même une bonne idée, mais pour cela il fallait que son dragonnier ne soit pas du genre trop revêche. Par le Dracos qu'il ne mette pas trop de temps à se décide car cela risquerait de devenir vraiment gênant sinon...

Elle avait laissé Kedrildan rouspéter sans lui répondre, se contentant de jubiler intérieurement, guettant les réactions de leurs hôtes. C'est que, selon ces dernières, elle aviserait de ses propres positions, afin de ne pas perdre la face devant son Lié. Secrètement, elle espérait tout de même que les réactions iraient dans un certain sens…
Cela ne manqua pas. Kedrildan put donc recevoir toute la fierté et la joie d'une dragonne qui aimait avoir raison. Elle se pavanait mentalement devant lui, lui collait sous le nez toute sa magnificence, et soulignait le "PUISSANTE dragonne" qui avait été prononcé.

"- Tu vois ! Désert ou non, ils sont à genoux devant nous. Tu devrais en user plus souvent, mon doux Lié, et ne pas te laisser marcher sur les pieds."

Ceci fait, la dragonne tourna son esprit vers les nomades, un par un, leur proposant de participer à la musique afin d'unir les deux peuples, mêler les rythmes et les pas de danse. Des beaux discours que la dragonne répétait pour les avoir déjà entendu. Elle, la musique… Ça lui passait loin au-dessus de la tête. Elle savait vaguement ce qui la composait, pouvait un peu l'apprécier, mais n'y voyait aucun côté transcendant, et aucune raison d'en faire tout un foin comme aimaient à le faire les bipèdes, prétendant que c'était là l'essence du monde, ou quelque autre futilité. L'Ordre d'Aramis se composait de bien des apprentissages que Trissi ne tolérait que s'ils étaient utilisés à sa gloire. Du reste… Elle partageait un peu leur vision de l'harmonie. Les ressemblances s'arrêtaient sans doute là: la dragonne n'avait alors passé que peu de temps à étudier les baptistrels, ces derniers n'étant pas spécialement amusants.
Par contre, ce qui était rudement amusant, c'était un Kedrildan qui râlait. Y avait-il seulement moyen de s'en lasser ? Il redoublait d'inventivité à chaque fois -preuve que son cerveau était loin d'être aussi vide que certains l'insinuaient-, et Aramis était passé par moult noms de végétaux différents, offrant à chaque fois à Trissi une nouvelle façon de voir leur camarade de voyage. Là, ce qui allait ennuyer le beau Kedrildan, ç'allait être d'avoir eu tort, et de devoir danser. Alors cela voulait dire… Qu'il fallait remuer le couteau dans la plaie. Trissi prit alors un ton très savant et très hautain en s'adressant à son Lié, pour bien lui faire comprendre qu'elle ne parlait pas que pour sa culture mais aussi pour qu'il puisse rager en contemplant son destin:

"- Les bipèdes les plus guerriers ont une autre façon de voir la danse. Je crois que pour certains, c'est un peu religieux. Pour d'autres, cela revient à quelques parades d'intimidation. En l'occurrence et en l'instant, ils vont considérer cela comme une offrande que vous leur faites. Ce n'est jamais que de la diplomatie par d'autres façons."

Par le Dracos, qu'elle était fière ! Lier le potentiellement utile à l'agréable, voilà qui était encore une marque de son esprit largement supérieur ! Sa tête restait haute, pour pouvoir au mieux admirer la scène. Ses pattes remuaient un peu sous l'effet de son impatience, mais sans pour autant la pousser à se lever. Quelques nomades s'étaient saisi d'instruments, plus ou moins de fortune.

"- Ça va être à vous de jouer. Ne me déçois pas, Kedrildan ! Ne nous déçois pas !"

Déjà qu'il avait émis quelques réserves à l'accompagnement de cette délégation vu qu'il ne goûtait absolument pas au protocole de n'importe quelle race en ce monde mais alors danser... Et avec une elfe en plus ! Et tout cas parce qu'une dragonne s'ennuyait atrocement et ne supportait pas d'être dans la ligne de mire de tous tellement elle était puissante, merveilleuse et parfaite ! C'était toujours pour son turban de toute manière ! Au moindre pet de travers de Trissi par ailleurs ! Toujours pour sa pomme ! Aimait-elle tant que ça le torturer et jouer avec lui ?!

… L'elfe en question n'avait émis aucune protestation alors qu'il s'était tourné vers elle pour avoir un soutien minimum... Et le chef de clan leur donna tout simplement le coup de grâce en acceptant avec un grand plaisir non dissimulé la proposition de la dragonne. Dire qu'il ne pouvait rien lui refuser lui-même de toute manière, malgré de grandes et tonitruantes protestations et bouderies bien vampiresque... Injustice quand tu nous tiens.

Contrarié et le montrant bien, Kedrildan roula des yeux en entendant son commentaire, posant une main autour de la taille fine, le nez plissé par la vexation.

« Vous ne connaissez pas Trissi comme je la connais. Il ne s'agit là que du prélude de ces caprices et il ne fait aucun doute qu'une fois qu'on aura finit de danser, elle réfléchira à autre chose pour s'occuper et s'amuser à nos dépens... Surtout aux miens d'ailleurs. Oh elle est consciente des enjeux de ce dialogue mais ça ne l'empêchera pas de viser ses propres besoins et envies de prime abord. »

Ah ça, c'était de la Trissi tout cracher ! En parlant de Trissi d'ailleurs...

« Me prend pas pour une truite avec ton discourt savant ! Je sais très bien que tu fais ça uniquement pour m'embêter, comme d'habitude ! »

Il la fusilla du regard et entreprit de danser au son des instruments, se rappelant maladroitement des pas de valse que lui avait inculqué une certaine princesse humaine il y a quelques années. Mais ce fut loin d'être glorieux... Il lui marcha deux ou trois fois sur les pieds, la fit trébucher régulièrement, sans oublier qu'il avait tendance à la pousser un peu trop fortement, bousculant les nomades. Risible... Oh il y avait la souplesse et l'élégance bien entendu, le port altier et le bras sûr ! Mais ça n'empêchait pas les bourdes et l'elfe devait sûrement le sentir passer.

« Si tu veux pas que je nous déçoive, tu n'as qu'à te trémousser les côtelettes ! »

Kedrildan la fusilla du regard avant de se retrouver face à un nomade mâle pour la danse. Okay... Danser avec une femelle, pourquoi pas... Mais avec un homme ?! Mais comment on danse avec un homme ?! Qui dirige ?! Quel rythme suivre ? Où l'attraper ?! Était-ce pareil qu'avec une femme ? En tout cas, c'était de nouveau une erreur de calcul de sa part et le roux le fixait avec surprise, complètement perdu sur ce qu'il devait faire à présent.

Eh bien disons que les choses prenaient une tournure… Surprenante, oui c'était le mot surprenante, Aramis ne pouvait pas forcément dire que c'était déplaisant parce que finalement ils semblaient arriver à leurs buts même si d'une manière détournée par l'aide de la dragonne, alors participait à un caprice de cette dernière à coûter semblait être un assez faible prix à payer finalement. Bon par contre visiblement Thrëdëe semblait être l'une des seules à savoir prendre un tel détachement au nom du devoir par ici… C'est qu'elle irait presque jusqu'à se demander ce que devait faire vivre Kedrildan au quotidien vu à quel point il râlait à propos de sa propre dragonne… Sauf si c'était une sorte de jeu, ou de comédie qui se jouaient le couple dragon-lié…

Enfin autant plutôt penser à l'instant présent, et surtout en ce qui allait suivre qui consistait en danse, bon Aramis en temps normal aurait mener la danse, mais disons que beaucoup de clans nomades avaient des traditions, et tendances plus, ou moins misogyne, et ne sachant guerre si le clan rouge était l'un d'eux de ce point de vue là elle préférait par défaut évitait de les froisser accidentellement, après tout la diplomatie nécessitait certains compromis. En espérant donc que le vampire ne soit pas un danseur pitoyable même s'il risquait un peu gêné par la différence de taille de sa partenaire en faîte… Aramis le dépassant d'une tête en faîte.

Et il n'avait vraiment pas l'air ravi en plus de bien le faire remarquer en parlant de sa dragonne, Aramis en soit pouvait le comprendre d'une certaine manière… En espérant que ça n'empire pas effectivement, mais bon le devoir passait avant après tout.

Et elle préféra ne faire aucun commentaire aux paroles du vampires, il sentait que si elle lui donnait de l'eau à son moulin il n'aurait que des raisons en plus de râler, surtout qu'en faîte elle ne savait absolument pas à qui donner raison à cette paire dragon-lié, tout deux étant sommes toutes assez particuliers mine de rien… Probablement qu'ils ne devaient pas s'ennuyer tout les deux pendant leurs quotidiens…

Et ce n'était vraiment pas glorieux que leurs danses, visiblement son cavalier semblait avoir beaucoup de maladresses dans ce domaine-ci, et Aramis inspirer un peu pour se retenir de prendre l'initiative, mais il ne fallait pas. Et elle subit donc stoïquement ce qui se passa même si cela l'agaça assez intérieurement, et qu'elle ne ce serait probablement pas retenu en d'autres circonstances de se défaire de cette danse pour quelque chose de moins éprouvant ou de donner un cours sur le tas à Ledrildan...Mais heureusement le soulagement pour elle, et l'inverse pour le vampire arriva quand ils changèrent de partenaire de danse…

Alors que Kedrildan semblait perdu Aramis fut tout de suite plus à l'aise avec son nouveau de partenaire, elle commença même à très bien se débrouiller pour sa part, mais ne manqua pas de glisser aux passages un conseil à Kedrildan lorsqu'elle eu un léger instant pour ça.

« Si vous ne savez pas quoi faire. Imitez ce que font les autres autours de vous. » Un conseil peut-être un peu simple de prime d'abord, mais au moins ça lui éviterait de risquer de se ridiculiser devant sa dragonne. Mais bon Aramis n'avait pas vraiment trop d'espoir pouvait-on dire après la démonstration que Kedrildan lui avait fait auparavant de ses talents de danseurs…

Mais il arriva bien vite un moment où la danse s'intensifia... Teinté même d'acrobatie visiblement en voyant la gestuelles de certains, elle supposait qu'il fallait suivre le mouvement. D'ailleurs alors qu'elle commença à faire cela elle entendit le chef des nomades qui fit une demande à Trissi.

"Noble dragonne. Pourriez-vous nous faire l'honneur d'une démonstration de vôtre grâce par quelques acrobaties aériennes en compagnie de vôtre lié? J'avais entendu dire que les grand dragonniers d’antan pouvaient faire des acrobaties au dos de leurs dragon en plein vol. Et je suis certain que pour vous cela serait d’une facilité déconcertante." Tiens, voilà quelque chose qui pouvait se révéler plaisant à contempler.

Décidément, son Lié commençait à bien la connaître. En même temps… N'en avait-il pas toujours été ainsi ? Ne l'avait-il pas toujours connue, elle qui était lui ? Certes. Toujours était-il qu'il fut un temps où elle parvenait à le surprendre, un temps où son Lié était davantage… Naïf ? Quelque part, Trissi était heureuse de constater qu'il commençait à gagner en discernement. Les saphirs qui lui servaient d'yeux luisaient de joie, fixés sur sa filiforme silhouette sans écailles. Elle n'aurait su sans doute remarquer et expliquer que son bonheur était en partie issu de la réalisation du Lien renforcé qui l'unissait à cet être si fort et fragile à la fois, si parfait et si perfectible, si Elle et si Lui. Elle s'imaginait bien plus que sa jubilation était venue en projetant un avenir proche, où son Lié pesterait devant un destin fatal, sans l'éviter.
Les paroles qu'il lui transmit, à elle seule, la privilégiée, l'intriguèrent autant qu'elles lui plurent. Son premier réflexe fut de renvoyer l'image mentale qu'elle venait d'avoir, qui l'amusait bigrement: celle du visage de son Lié, son nez plissé et son air profondément agacé et las, sur un corps de truite tout frétillant. Ceci fait, elle lui offrit un toucher d'âme qui n'était qu'émotion: de la réflexion. Une fausse réflexion. En tout cas, c'étaient là les émotions qui accompagnaient généralement la réflexion, assortie de ce côté joueur sous-jacent qui témoignait qu'elle se moquait de lui.

"- Moi, agir ainsi uniquement pour t'ennuyer ? Attends, laisse-moi réfléchir. Peut-être… Peut-être bien que oui ! Tu es très perspicace !"

Elle le raillait, et son âme était particulièrement bonne public de ses propres plaisanteries. Elle se trémoussa, effectivement, remuant un peu tout en restant couchée, changeant de position, l'énergie générée par d'aussi plaisantes émotions ne pouvant être contenue si facilement. Lorsqu'il fut question de concrètement se trémousser, elle offrit un petit coup de museau mental à son Lié, comme pour le déstabiliser, joueuse.

"- Je le pourrais, mais je crains de te faire de l'ombre !"

De toute évidence, ce n'était pas le moment d'essayer d'avoir une conversation sérieuse et constructive avec elle. La vérité, elle n'y avait pas même réfléchi, et n'avait pas même craint de troubler la danse à mentir ainsi. Elle ignorait totalement si elle accepterait d'essayer cet étrange comportement humain, ou se refuserait à s'abaisser à cela. En tout cas, ils pouvaient tous être certains qu'elle se refuserait à quoi que ce soit si cela émanait d'un ordre, comme venait de le faire Kedrildan. Pour une personne amie, elle n'aurait répondu qu'en s'allongeant que mieux, pour voir les bipèdes gesticuler et supplier. Pour ces inconnus, elle se serait sans doute contenté de les remettre à leur place, et admirer des gesticulations orientée vers l'obtention de son précieux pardon.

Vint le moment tant attendu des danses. Trissi les observa avec grand intérêt. À vrai dire, elle observait surtout ses deux camarades. L'elfe devait connaître la bonne manière de s'y prendre. Toute dragonne qu'elle était, Trissi percevait qu'elle s'y prenait mieux, que ses mouvements correspondaient de façon plus étroite avec le mot "danse" et le mot "musique" comme les bipèdes les éprouvaient. Elle s'en servait de valeur étalon, sa sensibilité moindre aux musiques qui n'étaient pas ses louanges lui interdisant de se sentir émue par son art. Le meilleur était la comparaison avec son Lié. Ses hésitations et maladresses n'en devenaient que plus visibles, plus risibles. Elle ne lui transmit pas de mots, ne désirant pas briser en deux la confiance que son Lié s'accordait. Il put néanmoins sentir son bonheur chaque fois qu'il marchait sur un pied, manquait un mouvement, faisait tiquer sa ou son partenaire de danse. Par chance, sa rapidité ainsi que son agilité de vampire lui permettaient de s'en sortir dans les moments les plus délicats. Ce fut d'ailleurs ces points-là, principalement, que Trissi flatta lorsque la danse fut terminé. Elle avait bien profité, il fallait ne pas décourager son doux Lié. Elle le félicitait sans mots, de caresses et étreintes mentales.

Ils avaient bien travaillé. L'argentée s'apprêtait à les laisser à nouveau à leurs tractations, au moins un moment, avant de s'ennuyer à nouveau. Elle n'était pas sotte, et devinait fort bien que des négociations achevées au plus tôt signifieraient un plus prompt retour à la maison. Ce ne fut pas le cas, néanmoins. Elle s'apprêtait à n'offrir à ces humains qu'un mur de désintérêt, pour les pousser à nouveau à parler entre eux, lorsque la demande se fit entendre, polie et respectueuse, et… Intéressante. Elle tâta un peu l'intérêt que son propre Lié avait pour la demande, et lui exprima le sien.

"- Voilà qui va nous permettre de faire étalage de plus encore des qualités qui sont nôtres. À ainsi te présenter sous ton plus beau jour, j'en viens à regretter qu'il n'y ait de femelle vampire dans l'assistance: elle serait tombée à tes pieds." Transmit-elle, pour lui seul, avant de continuer: "Te souviens-tu de nos entrainements au-dessus de l'eau, lorsque je faisais de mon mieux pour te rattraper ? Montrons-leur cela. Ils vont nous adorer." Adorer au sens idolâtre, fou d'un respect et d'une admiration qui dépassaient les petits êtres qu'ils étaient. Sans répondre aux êtres du désert, Trissi poussa du bout du museau son vampire vers elle, vers son dos. Quand il fut installé, avec précautions pour ne point trop faire tourbillonner de sable autour d'elle -précaution neuve, acquise à son heureux retour auprès des siens-, elle se glissa dans les airs, vers les cieux. Elle n'aurait pu nier que cette sensation lui était davantage encore un délice après que son ventre soit resté en contact avec le sol brûlant de la terre. Elle se sentait plus légère encore, plus souffle de vent qu'elle ne l'avait jamais été. La distance qui la séparait du sol était autant de douceur en son âme, l'immensité au-dessus d'elle était un appel irrésistible auquel elle répondait sans retenue. Veillant sur son Lié, veillant à le prévenir, elle s'essaya à quelques figures aériennes typiques de son espèce: vrilles, sortes de roulades jeux de flammes et d'air… De temps à autre, elle tendait son esprit vers le sol, pour vérifier que chacun se pâmait d'admiration devant ses mouvements d'ailes, de corps. Elle détendait un peu ses pauvres muscles. Ah, que c'était bon ! Dire que cela ne demandait aucun effort !

Bientôt, elle tourna son esprit vers Kedrildan, dans une interrogation empreinte d'excitation mais qui, pour une fois, ne cherchait pas à exiger, à le pousser à se plier à sa volonté. Elle lui demandait s'il était prêt, lui, à exécuter des acrobaties de son goût. Ce qu'ils avaient préparé, ou d'autres essais. Elle serait son alliée, pour cette fois. Elle avait envie de le voir être admiré.
Elle avait, de toutes façons, déjà prévu le bouquet final: une somptueuse descente en piquet, pour leur montrer les vitesses qu'une maîtresse des airs pouvait atteindre !

Déjà qu'être plus petit que sa partenaire de danse était risible mais alors, enchaîner les erreurs et maltraiter l'elfe... Bon ce n'était qu'une elfe donc bon, il n'y avait pas à s'étendre là-dessus. Mais pour le principe, avoir du mal à danser, c'était franchement atroce ! Remarquez, bien fait pour Trissi, elle n'avait qu'à pas lui forcer la main et faire des caprices pour chasser l'ennui ! Parce qu'il la connaissait plus que bien cette saurienne du dimanche !

Mais le rythme changea avec le partenaire et Kedrildan libéra sa comparse pour se retrouver devant... Un homme. Un représentant du sexe masculin. Mais comment dansait-on avec ces spécimens là ?! C'était pareil qu'avec une femme ? Hébété et paumé alors que son partenaire semblait impatient d'une réaction de la part du vampire, le roux sursauta quand il entendit la voix chantante de la végétarienne. Imiter ce que font les autres autour d'eux ? Obéissant sans chercher à protester ou discuter, le dragonnier commença à imiter les autres danseurs, trouvant davantage de justesse et de fluidité quand ils commencèrent à faire des pas plus sportifs et acrobatiques pour le soulagement de Kedrildan ! Tout de suite ça lui parlait davantage ! N'empêche qu'il la retenait elle et ses idées stupides pour se distraire... Et nul doute qu'il allait se venger de son image mentale ! Parce qu'en plus elle le prenait vraiment pour une truite ! C'te chipie des montagnes ! Bien qu'il la trouva profondément ridicule quand elle suivit sa pensée et se mit à se trémousser...

Il ne put se retenir et éclata de rire pendant les accrobaties, lui faisant sentir la moquerie de la voir comme ça, lui transmettant même l'image d'un plat géant de gelée, tout tremblotant avec sa tête au sommet.

La danse finissant par se terminer, Kedrildan s'étira avant de se tourner vers sa douce moitié, la fixant avec curiosité alors qu'il sentit sa caresse mentale.

« Hmm ? De quoi tu parles ? Tu sais bien que je ne goûte guère aux femelles de ma race... »

Le roux fronça le nez en se demandant où elle voulait en venir. Jusqu'à ce qu'elle l'éclaire sur la situation.

« Ah ! Ils veulent qu'on vole ! Et bien oui, je veux ! Et j'avoue que j'ai finit par adorer ça ! Mais t'as intérêt à me rattraper hein ?! »

Il lui sourit et se laisse pousser vers son dos, réarrangeant correctement l'équipement pour faire des acrobaties sans risque avant de grimper et de s'attacher, son chignon se brisant pour éparpiller sa crinière en une corolle de flammes ardentes au sillage de la dragonne s'en allant conquérir le ciel. Et, accroché à elle, fermant les yeux en ouvrant ses sens, Kedrildan devint Trissi. Il était Elle, elle était Lui, ils étaient un et victorieux de cet empire aérien ! La poudre sanguine qui hantait les canaux desséchés de ses veines semblait bouillonner d'une vie nouvelle à mesure qu'il l'accompagnait dans ses acrobaties, son cœur se gonflant d'un cri qui finit par franchir le barrage de ses lèvres. Hurlant toute sa joie et son extase alors qu'elle crachait ses flammes, dressé sur les étriers dans une vigueur sauvage, son esprit se mêlait à celui de sa moitié pour penser « Nous », un sourire carnassier aux lèvres alors qu'il avait les crocs à découvert.

Quand il la sentit prête et alerte, Kedrildan sourit de plus belle, les cheveux fouettés et gonflés par le vent, véritable esprit du feu et du dragon, ouvrant ses émeraudes teintés de saphir à cause de la connexion profonde, il se laissa tomber dans le vide avec une confiance et une foi aveugle.

Les cabrioles se faisaient au feeling du moment, elle le rattrapait in extremis, le lançait dans les airs, lui laissant la possibilité de faire des pirouettes avant de retomber, courant le long de sa queue ou de ses ailes gonflés par le vent pour s'élancer de nouveau dans le vide.

Jamais il n'avait été aussi libre et aussi vivant ! Tout son être vibrait et tambourinait d'une vigueur si vivante, il était dragon et feu ! Il était vent et liberté ! Il était vide et puissant ! Invincible ! Personne ne pouvait arrêter les empereurs des cieux qu'ils étaient ! Fermement cramponné de nouveau à la lanière de cuir de la selle, ballotté par le vent, les pupilles dilatées comme jamais, Kedrildan s'élança de nouveau dans le vide.

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{hrp: désolée pour le retard :/}

Visiblement la dragonne d'argent, et son lié vampirique n'étaient pas du tout fermés à la propositions des nomades bien au contraire… Et étrangement, ou pas du tout étrangement d'ailleurs cela n'étonna pas le moins du monde Thredë, ce serait probablement un magnifique spectacle qui serait présenter là, et qui suffirait pour beaucoup à susciter l'admiration envers les deux liés. Les nomades pour beaucoup n'y manqueraient pas, même si Aramis pour sa part pensait qu'il valait mieux approfondir ses connaissances sur un être pour l'admirer que simplement décider de cela par un spectacle, car souvent la véritable valeur des choses était dans la profondeur, et non dans la surface, cela elle l'avait d'ailleurs bien aperçu avec la noble Ashy. Qu'elle admirait en partie parce qu'elle était une dragonne, mais surtout pour sa noblesse d'âme, et de cœur.

Mais quoi qu'il en soit un tel spectacle il ne valait mieux pas le rater car on ne le voyait que rarement, peut-être qu'une fois dans sa vie pour beaucoup, même probablement que c'était là la première fois pour ces hommes du désert, moins probablement pour les non Estfalien du corps diplomatique protégé, mais tout le monde porta naturellement son attention vers la dragonne, et son lié vampirique. La dragonne d'argent d'ailleurs sembla prendre l'air le plus digne, et majestueux possible au point que cela pourrait sonner davantage pièce de théâtre surjouée que réalité pour l'observateur averti qui ne se prenait pas au jeu, donc personne ici. Même si Aramis impatiente intérieurement devant une telle occasion ne pu s'empêcher d'avoir une pensée pour les alayiens en cet instant, probablement que ces derniers étaient largement capable d'être aisément amers, et cyniques devant ce genre de choses, au point que cela en deviendrait presque admirable un tel détachement pour de si belles choses… Tout en restant bien triste.

Aramis sourit donc en voyant la dragonne s'élever, se rappelant ce vieux rêve d'enfance, elle aurait bien désiré devenir une dragonne. Un rêve impossible bien entendu, mais qui semblait si onirique. Les dragons étaient l'incarnation de la liberté pour beaucoup, et Thredë aurait donné beaucoup pour pouvoir comme eux voler dans le ciel porté par le vent bienveillant. Sa nature de chantebrise semblant presque même lui confirmer que cela devait être un grand bonheur en soit. Peut-être dans une autre vie qui sait ? Personne ne pouvait savoir après tout la destinée d'une âme après la mort, et elles pouvaient autant se réincarner dans une plante qu'un lion, ou un dragon au prochain cycle, de ce point de vue là les êtres étaient à égalité car leur âme pouvait être réincarné de n'importe quelle manière, et dans cette vie ci… Peut-être que la noble Ashy accepterait de montrer cela directement à Aramis ? La chantebrise ne savait pas, mais elle était très reconnaissante envers cette dernière pour lui en avoir fait profité ne serait-ce qu'indirectement au moins, une expérience qui avait été déroutante mais qui avait eu son charme. Voler, sans pouvoir le faire vraiment au moins elle avait une idée de ce que c'était, et pouvait essayer de comprendre l'ivresse que ressentait le dragonnier écarlate, et sa liée argentée en cet instant, enfin l'ivresse de voler dans le ciel pas celle de flatter son ego à la démesure comme le hurlait en partie leurs chants noms. Même si cette constatation l'amusa assez, ils paraissaient tout à coup si jeune tout les deux… Comme des enfants si ancré dans la recherche d'attention qu'ils cherchaient tout les moyens d'en avoir ne serait-ce qu'un peu pour se complaire dedans. Attendrissant à sa manière.

Mais de toute manière l'on ne pouvait effectivement que ressentir une grande émotion en les voyant faire, et c'est ce que ressentit parfaitement bien Thredë que ce soit le frisson de voir le vampire faire des acrobaties, ou des gestuelles semblant être d'une témérité sans limite, ou la fascination d'avoir l'impression d'observer un spectacle si bien ficelée qu'on croirait que les deux liés l'avaient répétés milles ans. Ils ne faisaient qu'un cela Aramis le ressentait fort bien, au point qu'ils avaient une confiance absolue l'un en l'autre. Et les nomades autour ne tardèrent guère à crier de joie, et à applaudir devant de tels exploits. Mais ironiquement tout le monde se tût assez vite surtout en attendant le grand final. On pouvait même sentir certains nomades retenir leurs souffles quand le vampire s'élança à nouveau dans le vide...

Le ballet aérien avait de quoi émerveiller, surtout pour ceux qui n'avaient l'habitude d'observer les dragons. Pour Kedrildan, ç'aurait été un spectacle tout juste plaisant à l'oeil; mais il connaissait déjà la grâce qu'était celle de sa moitié. Néanmoins, être sur son dos pendant cette dans lui offrait une toute autre perspective, bien plus émouvante, bien plus transcendante pour le petit être qu'il était. Trissi le sentit, son esprit qui se mêlait à son ivresse, son extase. Bientôt, ils ne firent plus qu'un, leurs émotions se partageant, émanant des mêmes actions. Les mouvements de leurs muscles les soulageaient, le lien avec l'air les exaltait. Les pirouettes de Kedrildan paraissaient à sa dragonne comme émanant d'elle, et le rattraper revenait à rattraper une partie de son propre corps: le calcul de la trajectoire venait tout seul.

Lorsqu'ils eurent suffisamment volé, lorsqu'ils se furent suffisamment abreuvés de l'air, du vent, de l'un et de l'autre, de leurs propres sangs qui coulait dans leur veines, argenté de liberté, Trissi songea qu'ils avaient offert ce que méritaient les nomades. Rassasiée, elle ne demandait plus qu'à se poser et profiter d'un repos totalement paisible. Plus qu'à mettre en place le grand final, donc. D'un mouvement puissant d'ailes, elle s'élança vers son Lié, en apesanteur, et sut se placer de telle sorte que les pieds du vampire frôlèrent d'abord la selle de cuir, avant de glisser autour, pour que finalement le poids et les fesses de Kedridlan rejoignent le cuir de la selle. Ouch. C'avait dû être douloureux pour ses parties sensibles.

Trissi ne lui laissa pas le temps d'y penser. L'instant qui suivit, elle s'élançait à une allure fulgurante vers le sol. La vitesse fit voler les cheveux et habits de Kedrildan, fit s'infiltrer l'air dans les narines pourtant refermées de la dragonne, griffa la cornée de ses yeux. Les silhouettes lointaines des nomades s'agrandissaient de plus en plus, tout devenant de plus en plus floues. Ces derniers purent voir la silhouette argentée passer juste au-dessus de leurs têtes, pour finalement se poser comme un souffle de vent non-loin d'eux, redressant ses ailes et son cou pour briser sa vitesse et empêcher Kedrildan de tomber en avant. Ceci fait, la fière dragonne fit gracieusement demi-tour, pour revenir auprès de ses admirateurs, étendre sur eux son esprit empreint de fierté.

"- Bien. Peut-être pouvons-nous reprendre les négociations."

Fit-elle entendre à tous les présents. Pour elle, c'était certain: lesdites négociations seraient désormais plus rapides, et plus aisées. Elle n'avait plus qu'à attendre sagement, et peut-être se faire chouchouter par ceux qui devaient maintenant tenir bien plus en respect le couple de Liés.

Bien entendu, car oui bien entendu il aurait été très étonnant que le numéro de la dragonne ne fonctionne pas, ou en tout cas très déplaisant à voir. Cette dernière arriva donc à réceptionner son dragonnier avec une très grande prestance, cela avait l'air si facile quand on voyait Trissi le faire oui, mais nul doute que ce genre de chose demandait un minimum d'entraînement. Combien de temps la dragonne s'était-elle entraîné avec son lié uniquement pour ce petit tour ? Se demanda Aramis avec une sincère curiosité… Une question trop indiscrète à poser, ou malvenue pour espérer y avoir une réelle réponse pensa t-elle.

Et le grand final fut donc magnifique à contempler effectivement. Trissi s'élança avec une vitesse prodigieuse au sol, Aramis eu une pensée pour le dragonnier sur le dos de la dragonne alors que cette dernière arriva avec une grâce époustouflante. Il était dur de ne pas être impressionné par cela, et oui effectivement il était temps de reprendre les négociations. Quand les nomades ce seraient remis un peu de cela car beaucoup étaient encore en train de fixer la dragonne pour l'instant, même si leur chef semblait reprendre ses esprits.

« En effet… Je tiens à vous remercier de tout cœur à au nom de mon clan pour l'honneur que vous nous avez fait noble dragonne. » Dit-il en s'inclinant légèrement. Avant de tousser comme pour essayer de faire passer son esprit à autre chose. Ce qu'il sembla arriver à faire. Il prit un air bien plus sombre car il voulait visiblement parler de quelque chose de préoccupant pour son clan.

« Vu que nous devions parler d'une éventuelle alliance... Nous soupçonnons ces sales félons à la peau d'ébène du clan mauve d'avoir pactisé avec Vraorg le blanc… Bien entendu le conflit protégé-théocrate ne concerne pas vraiment le clan rouge, ce désert est nôtre et le protectorat, et ses protégés ne sont que des arrivants récents sur les terres d'Estfalia. S'il y a des tentions entre les clans elles n'ont que rarement dégénérés en conflit, et nous ne craignons pas à vraiment les théocrates… Estfalia est une mère dure envers ses enfants, mais protectrice. » En somme le clan rouge était dans les faits plutôt indifférent à la présence protégé. Le désert d'Estfalia était après tout leur maison aussi dure soit-elle, et une protection très efficace contre les envahisseurs, et les étrangers. Il n'y avait que les protégés qui avaient pu vraiment s'y installer en cette terre où le soleil tuait à une vitesse effrayante même les vampires et les elfes, et uniquement grâce à l'aide des esprits...

« Mais l'ennemi de vous protégés de ce que je sais a fait récemment au clan mauve une proposition très alléchante… Pour chasser pour de bon les étrangers qui sont venus s'installer dans le désert, et qui sait ? Peut-être détruire ensuite mon clan qui est son seul véritable rival, je sais leur chef ambitieux après tout... Je n'irai donc pas par trois chemins. Je ne demande qu'une chose en échange de l'aide de mon clan, un soutien contre une éventuelle traîtrise du clan mauve... » Aramis était interloqué par cette demande, mais elle s'y attendait de la part de guerriers aussi belliqueux que ces nomades… Mais il semblait ne pas faire trop le difficile, sans doute que la démonstration de la dragonne avait assez impressionné cet homme pour qu'il décide dès maintenant de s'engager dans cette voie. Puis le chef des nomades reparla.

« Néanmoins pour vraiment concrétiser une alliance il y a un certain rituel de sang à respecter... Seigneur dragonnier vous qui avez prouvé vôtre valeur, avancez je vous prie... » Dit ensuite le chef des nomades en sortant un coutelas sans aucune intention belliqueuse apparemment, quelqu'un lui apporta un calice en terre cuite. Et alors il s’exécuta.

Le nomade serra fermement le coutelas et passa le tranchant sur la paume de sa main… Faisant s'écouler quelques gouttes écarlates qui tombèrent dans le vase pour tremper dans une sorte de mixture marron qui s'y trouvait déjà, visiblement un mélange d'herbe, le nomade fit ensuite disparaître sa légère plaie avec un sort, et fit passer le coutelas, et le bol au vampire…

« Faîtes de même je vous prie messire, et prenez ensuite une gorgée de ce mélange on le nomme « le sang du soleil ». Généralement ceci fait un sacré effet la première fois, mais on en sort toujours plus fort. » Acheva t-il en regardant le vampire faire attentif. Aramis tout autant attentif devant ce rituel, mais soulagé que ce ne soit pas quelque chose de plus sauvage, ou sanglant...

Si au début il s'agissait d'attirer l'attention sur eux, de montrer la perfection qu'était un couple dragon-dragonnier, Kedrildan oublia bien vite ces désirs superficiels pour spontanément et sincèrement apprécier de pouvoir conquérir le ciel. Tous les soucis, les affres, la vanité, l'orgueil, tout cela disparut dans le bonheur pur et la jouissance blanche de ce vide béant qui l'avalait et le recrachait, ses cheveux prolongeant la sensation d'un feu follet virevoltant dans le vent. Quiconque pensait qu'ils se pavanaient n'avait pas comprit à quel point cette communion et cette liberté dans ce vol était pur de tout narcissisme et égocentrisme. Kedrildan et Trissi s'offrait entièrement à Dracos, à la vie, au monde, au Tout.

Cette ivresse des sens... C'était comme le champagne des humains, ces bulles qui pétillaient et explosaient dans les reliques de ses veines décrépites pour lui offrir une vivacité si... Si humaine ! Il vivait de nouveau ! Il transcendait le temps et l'espace, il n'avait de prise sur rien d'autre et c'était là tout le bonheur et la joie ! Ils étaient un et c'était avec regret et frustration qu'il laissa Trissi organiser le final de leur spectacle, la regardant se positionner parallèle à lui alors qu'il venait une nouvelle fois de s'élancer dans le vide. Peu à peu, alors que le sol se rapprochait d'eux, Kedrildan se remit en place sur la selle et eut un léger sourire moquer alors qu'elle passa à ras de leur tête avant de se poser gracieusement à terre, dans un nuage de poudre d'or.

Loin du bonheur pur, la vanité et l'orgueil reprirent place, laissant un léger goût amer au vampire qui lança un regard mélancolique à l'horizon d'un bleu si clair... Il rêvait déjà de pouvoir y retourner. Chaque communion pareille, quand ses iris prenaient des reflets bleutés lorsque leurs esprits se mêlaient trop intimement, ça devenait presque douloureux quand ils devaient reprendre une conscience superficiel. Enfin pour le roux en tout cas. Être aussi emmêlé, leurs essences dissolvent en elles-même, c'était un manque d'une douleur sans pareille jusqu'à ce qu'il se réhabitue à être lui et uniquement lui. Bien qu'elle était toujours dans un coin de sa tête et son cœur, Kedrildan se sentait tout seul en lui-même...

Vacillant, s'accrochant au harnachement, le vampire finit par descendre de la selle, un bref sourire moqueur aux lèvres alors qu'elle leur dit qu'il était temps de faire les négociations, comme une mère gourmandant ses enfants de préférer jouer plutôt que de faire la prière aux Esprits. Trissi... Une migraine battant violemment dans son crâne, le dragonnier grogna en se le prenant entre ses mains, s'accroupissant contre sa douce moitié qui se prélassait à présent, le port de nouveau noble et altier.

« Je déteste quand tu sors de ma tête... »

Nauséeux, il se cala contre elle en fermant les yeux, attendant que la privation et le manque disparaisse. C'était lui ou le retour de sa conscience était chaque fois plus long que la précédente ? En tout cas, il n'était plus vraiment opérationnelle pour les négociations, du moins pour le moment. Il avait même l'atroce impression que son palpitant putréfié alors remonter le long de sa gorge décrépite pour finir sur le sable chaud... uurk...

Mais il semblerait qu'on n'en avait pas finit avec lui et c'est en grommelant et vacillant qu'il marche plus ou moins droit jusqu'au nomade, se tenant la tête en obéissant docilement pour faire le rituel. Cette odeur ferreuse... Hmmm du sang... Poua! Pourquoi ils rajoutaient ces trucs dedans?! Ils vont le rendre imbuvable! Grimaçant, il hésita à refuser l'offre dans boire après y avoir rajouter le sien avant de soupirer: en même temps, les négociations étaient vraiment importantes donc il valait mieux obéir sans vraiment discuter...

Aussi attrapa-t-il le bol et en but une grande gorgée avant de le lui rendre, frissonnant de répulsion avant de blanchir en se laissant tomber sur le sol. Violent comme effet... Encore plus pâle que jamais, Kedrildan tomba dans l'inconscience.

Il aurait pu se passer bien des choses, mais bien entendu il fallut que ce soit le pire qui se produise. Bien entendu... Comment se faisait-il que le vampire était tombé inconscient après avoir bu une boisson qui apparemment devait être ingurgité par des humains habituellement ? Aramis sentait en tout cas par les vibrations que ce n'était guère normal, et elle serait bien aller vérifier ce que c'était si la situation ne venait pas de prendre un tour plutôt… Pas besoin d'en dire davantage l'expression horrifié des soldats protégés, et celle de surprise d'une bonne partie des nomades alentours semblait parler aisément. Aramis pensant au fait qu'en plus c'était un dragonnier dont la dragonne se trouvait non loin qui venait de s'écrouler au sol comme s'il venait d'avoir une crise cardiaque. Et visiblement le chef des nomades ne tarda pas à réagir à cet accident...

« Comment ? Attendez ce n'est pas possible... » Dit-il grandement étonné, et assez paniqué en voyant le vampire s'écrouler, le nomade blanchit d'ailleurs en voyant ce spectacle bien entendu, mais surtout en regardant le calice, se rappelant probablement qu'il avait bu lui aussi une gorgée même si plus modeste du breuvage avant de le passer au vampire. « Je, c'est... » L'homme pâlit lui aussi à vu d’œil, et du sang sembla sortir de sa bouche, visiblement l'effet avait davantage tardé que pour le vampire vu qu'il en avait bu moins, mais était plus prononcé. Le chef des nomades cracha du sang par terre...

Et il s'écroula lui aussi lourdement avant de pouvoir faire quoi que ce soit... Les nomades alentours furent encore plus horrifiés en constatant ainsi que leur chef tomba dans l’inconscience lui aussi même si Aramis sentait qu'il n'étaient pas mort si on agissait assez vite, elle pourrait essayer de soigner le vampire et l'humain dès que la situation serait sous contrôle… Mais entre-temps l'un des nomades s'écria haineux. Visiblement l'un des gardes du corps du chef du clan qui s'était rué sur son maître pour voir s'il était encore en vie, et qui voyait un filet de sang perler de ses lèvres, et le teint pâle du chef des nomades presque aussi pâle que celui du vampire.

« Du poison ! Quelqu'un a empoisonné la boisson cérémonielle avec du Penntak ! Un traître parmi nous ! C'est un coup du clan mauve ! Assassin ! » Et immédiatement les humains semblèrent paniquer, tout le monde se demandant qui était le traître, si là plupart rejetaient la faute sur le clan ennemi certains soupçonnaient mêmes les protégés, et non le clan mauve d'être la cause de ceci, en somme une belle agitation venait de naître en peu de temps. Et il serait sans doute une bonne idée d'y mettre un terme avant que ça ne dégénère.

« Je peux les soigner, mais il me faut pouvoir me concentrer et accéder à eux pour cela. Cessez donc de vous esclaffer ! Calmez vous ! » Dit Aramis ferme alors que l'agitation grondait déjà, le tout semblant sur le point de dégénérer. Ou comment faire une sorte qu'une réunion diplomatique se transforme en magnifique chaos… Bon elle s'apprêta d'ailleurs à user de son ton baptistrel pour calmer la situation mais son attention fut reporter vers la dragonne pour une raison, ou une autre...

Tiens, Kedrildan n'était pas très en forme. Du bout du museau, sa dragonne avait essayé de le soutenir, le pousser délicatement vers ses copains. À nouveau elle s'était installée sur le sable brûlant. Assise, la tête haute, sa queue enroulée autour d'elle, elle observait l'horizon, songeuse, s'imaginant naïvement que les bipèdes n'avaient plus qu'à se serrer la main et se faire la bise comme ils aimaient tant le faire, avant qu'elle et son Lié soient libérés pour de plus importantes tâches. Mentalement, elle eut un long soupir las, et moult plaintes et râleries qu'elle ne partagea qu'avec son Lié au sujet de ces bipèdes du désert qui ne savaient pas régler les affaires efficacement. Danseraient-ils le protocole de demande de miséricorde auprès de Vraorg quand ce dernier s'en prendrait à leur désert ? Ne voyaient-ils vraiment pas au-delà des dunes, au-delà de leurs traditions?
Un grognement sourd s'échappa de sa gorge lorsqu'elle en eut la confirmation. Seules les présences de Kedrildan et d'Aramis la retinrent d'exprimer son impatience et son agacement. Encore un rituel ! Mais ne voyaient-ils pas que son Lié n'allait pas bien ? Il était peut-être dragonnier, mais il restait vampire, qui venait sur des terres qui étaient hostiles aux Siens, pour eux !

Ce fut sans surprise que l'argentée vit son Lié tomber à terre. Par le Dracos, négociations ou pas, ils allaient l'entendre. Trissi prit néanmoins le temps de pencher sa tête, courbant son encolure, vers son Lié, pour souffler sur sa peau de neige son souffle brûlant de dragonne. D'expérience, elle savait que cela guérissait ses maux.

"- Il serait plus prudent que tu ne boives qu'à la source, désormais, Fragile-Lié."

Pour une fois, étonnamment, cela n sonnait pas comme un reproche, même un faux. C'était presque tendre, et juste un peu amusé. Elle lui offrit les souvenirs d'un jeune elfe et d'un tonneau de sang drogué, un autre souvenir de mauvais sang qui lui avait collé des hallucinations… Son pauvre Kedrildan était effectivement fragile, de ce point de vue là. Si jusqu'alors cela n'avait été que divertissement, la guerre devait néanmoins les porter à se montrer plus prudents.
Ceci fait, la dragonne d'argent se leva à nouveau, redressant la tête. Elle étendit ses ailes avec un rugissement, pour faire taire tout ce beau monde et, surtout, avoir toute leur attention sur elle seule. Voilà. Elle sentait leurs petits yeux terrifiés de larves du désert sur ses écailles d'argent et ses ailes de sang. Ah, qu'il était bon d'avoir cette autorité, ce pouvoir qui les faisait s'enrouler autour de ses griffes !

"- C'en est assez ! Vous avez notre soutien, nous avons le vôtre. Il n'est plus nécessaire de piailler comme des oisillons qui attendent que leur prédateur les entende. Je vais vous aider à dénicher le traître, et nous partirons." Les premiers mots avaient porté la fièvre de la colère, mais les derniers, en revanche, étaient teintés d'un amusement sadique. Kedrildan devait pouvoir le sentir: en elle, la soif du sang s'était réveillée. "Vous allez tous, un par un, passer devant moi, me regarder dans les yeux, et m'affirmer que vous n'êtes pas du clan mauve." Nul ne mentait à une dragonne, et à son regard de braise. Nul ne mentait devant une baptistrelle. Qu'il soit détecté par l'une ou par l'autre, le traitre allait connaître un sort violent, qu'Aramis le veuille ou non. "Accroche-toi, Kedrildan, je te prépare du sang bien frais pour te remettre sur pieds." souffla-t-elle mentalement, pour lui seul.

Évidemment que c'était le pire qui pouvait arriver, on parlait de Kedrildan après tout ! Le précieux vampire délicat et maniéré, théâtrale et dans l'exagération constante malgré une très nette amélioration ces dernières années. Pour peu que le sang soit frelaté avec une quelconque substance ou juste parce qu'il avait tourné ou faisandé, son organisme un peu trop délicat en prenait un coup et il était toujours bon pour des situations bizarres : la fois avec Roëric, où il l'avait imaginé en sous-vêtements en train de faire des choses pas nettes avec Lorenz et une cravache, une réaction allergique à une malédiction où il s'était prit pour un dragon, etc. Tant de soucis à cause de son métabolisme délicat. Si elle voulait tant que ça l'endurcir, la Trissi aura beaucoup de travail et Kedrildan se demandait si elle aurait assez d'une éternité pour y arriver...

Bref. Les choses en étaient là. Après absorption du sang frelaté pour finaliser leur union, le roux s'était effondré et avait sombré dans l'inconscience.

Flottant dans les ténèbres noires et réconfortantes, Kedrildan était loin de s'imaginer une seule seconde de la panique qui régnait autour de lui, grommelant vaguement alors qu'un vent frais le sortit de son inconscience pour le faire revenir à la surface. Mais le soleil était toujours là... Grimaçant, il se contenta de grogner à la réponse de sa tendre moitié, rampant pour se cacher contre elle, dans son ombre, à bout de souffle alors qu'il ferme les yeux. Entre la séparation, le poison et le soleil, le pauvre roux commençait à douloureusement saturer.

Et un vampire qui sature était un vampire qui risquait de devenir agressif...

L'agitation de sa tendre moitié le fit grincer des dents, le boucan tonitruant de la saurienne tintant désagréablement dans ses oreilles alors qu'il avait déjà une migraine carabinée dans le cerveau. Comment faisait-elle pour être aussi énergique alors qu'il ne se sentait vraiment pas aussi bien qu'elle... Injustice... Néanmoins, le dragonnier était reconnaissant qu'elle se charge de trouver qui avait eu l'impudence de défier une telle puissance, sans compter qu'il pourra enfin faire un en-cas digne de ce nom. Au moins ça lui permettra de tenir jusqu'au retour au campement

« Merci ma douce... Je n'ai plus beaucoup d'énergie... J'vais pas tenir très longtemps... »

Un pauvre sourire aux lèvres, il se cacha sous aile, lui demandant de baisser une aile pour le protéger du soleil. Il ne se sentant vraiment pas bien... Se recroquevillant pour rester bien à l'abri, Kedrildan écouta les cœurs battre et s'agiter de nervosité alors qu'ils commençaient à s'organiser pour les interrogatoires. Il avait quand même un bref sourire amusé aux lèvres notre vampire : connaissant sa délicate moitié, nul doute qu'elle allait leur rentrer dans le lard et sans aucune douceur.

Ils avaient joué, ils avaient perdu. Ils allaient vite le regretter.

Aramis pour sa part soucieuse alla s'occuper du chef des nomades, il serait bon après tout que ce dernier ne meure pas, et la dragonne qui avait assez radicalement calmer la situation par son hurlement lui permettait au moins cela. Et d'ailleurs Trissi semblait pour sa part se concentrait pleinement sur son lié dorénavant ce qui était normal, et Thredë savait que les dragons avaient la capacité de soigner avec leurs souffles après tout. Même si Aramis prévoyait tout de même d'aller s'occuper de lui dès que possible, enfin dès que les nomades, et la dragonne d'argent lui laisseraient cette possibilité à vrai dire...

Et la suite des événements ne plu par forcément à Aramis non plus… Elle était d'accord en vérité quand à l'idée de trouver qui était le traître, mais elle se doutait que le sort réservé à ce dernier ne serait guère tendre en vérité. Surtout après avoir ainsi empoisonné le dragonnier, et c'était aussi très facile à déduire vu la légère touche de sadisme qui teintait dans la voix de Trissi dans les derniers mots prononcés. Un sadisme que n'appréciait aucunement Thredë, mais malheureusement même une baptistrelle ne pouvait pas aller aisément à l'encontre de la volonté d'une dragonne en ce sens-ci, et pourtant ce n'est pas l'envie qui lui manquait sur l'instant...

Enfin il restait donc à voir comment tout cela se déroulait, maintenant que le chef des nomades était hors de danger, il ne restait plus qu'à s'occuper du vampire, et aussi de cette sordide affaire, et de partir… Aramis aurait bien aimer faire les chose à sa manière par contre, mais cela néanmoins ferait une solide leçon à l'avenir quand à l'idée d'entreprendre ce genre de mission en compagnie de la dragonne Trissi. Ce qui n'était visiblement guère l'idéal pour la représentante de la rhapsodie qu'elle était. Mais comment pouvait-elle lui reprocher cela après tout ? C'était un fait les dragons réagissent assez durement quand quelque menace, ou avait menacé leurs liés...

Et pendant ce temps d'ailleurs le dragonnier roux semblait dans un état bien inquiétant, mais il toujours vivant heureusement. Aramis décida sur ce d'aller s'occuper de lui immédiatement, mais elle n’eut en faîte guère le temps de le demander après que Trissi ait annoncé le début de ces « interrogatoire » qu'Aramis vit du coin de l’œil un des nomades qui allait passer prendre une fiole en main comme s'il désirait l'utiliser, voir la boire, et une petite arbalète qu'il sortit discrètement, mais rapidement de ses vêtements amples de nomades… Mais avant qu'il ne puisse faire un geste pour tenter de tirer sur quelqu'un la baptistrelle usa un geste clé en urgence pour le désarmer de son arbalète… Et suite à cela ce nomade tenta de s'enfuir en courant. Et les autres nomades en voyant ceci levèrent immédiatement pour certains leurs arcs pour l'abattre… Pour sa part Thredë ne fit rien pour l'empêcher de s'enfuir, de toute manière ils se débrouilleraient bien sans elle, et elle n'allait sûrement pas aider à mettre à mort quelqu'un activement.

Aramis allait tôt regretter de n'avoir pas davantage agi. Trissi avait vite repéré, depuis les hauteurs que sa stature lui permettait d'avoir, le manège peu discret du traître. Ayant également senti que la baptistrelle s'apprêtait à agir, elle n'avait rien fait. C'était oublier le voeu de pacifisme de leur camarade. L'argentée s'en souvint en voyant le bipède prendre ses petites papattes à son cou, tandis que ses camarades paraissaient encore se questionner sur ce qui venait de se passer. Petite créature pleine d'espoir… Sans hésiter, et sans en ressentir le moindre regret, ni la moindre compassion pour Aramis qui allait en souffrir, Trissi tendit le cou et referma sa grande mâchoire sur le fuyard. Se redressant, elle permit à chacun d'admirer le tas de chairs désormais désarticulées qui pendait depuis sa gueule. Elle avait enfoncé ses crocs au niveau de son cou, lui brisant la nuque. Sa tête n'était pas visible, à l'intérieur de sa bouche, et seul le corps pendait dans les airs. Mort, c'était certain. Le sang coulait sur le haut de sa chemise.

Délicatement, elle glissa le cadavre sous son aile, vers son dragonnier. "Tiens, mon tout-beau. Bois. Ca va aller mieux." Elle frotta le bout de son nez à son petit Lié tout fragile, avant de se tourner vers le reste de l'assemblée, les jaugeant de son regard perçant, donc la pupille en fente possédait soudain un éclat plus menaçant. Pas besoin d'être expert en comportements humains pour percevoir que son manège avait fait son effet au sein de la foule. Plus personne n'osait un geste de travers et, visiblement, l'argentée était désormais maîtresse des négociations. Puisqu'elle pouvait mettre à mort n'importe qui d'un seul mouvement de tête, nul n'osait prononcer quoi que ce soit, de crainte de l'offenser et de se faire croquer à son tour. Cette soumission, et la crainte qu'elle ressentait venant de ses nouveaux sujets, lui seyait tout à fait. Elle laissa les secondes s'écouler, lentes, sans doute stressantes et gênantes pour les bipèdes. Son Lié avait besoin de temps.

Lorsqu'elle estima avoir suffisamment attendu, elle tourna son esprit vers la chantebrise. "Grimpez sur mon dos. Et aidez Kedrildan à grimper aussi. Nous en avons fini, nous partons. Puis-je vous laisser le soin de l'aider à rester en place une fois sur moi ?" Elle entendait par là "servir de harnais de sécurité vivant", le tenir contre elle pour qu'il ne glisse pas sous un coup de faiblesse.
S'adressant aux nomades, Trissi se permit un ton très assuré, presque impératif: "Humains du désert, vous avez désormais la preuve de notre parole. Nous attendrons la vôtre." Sur son menton, de fins traits rouges le long de ses écailles rappelaient le sang. Dans ses mots, c'était à la limite de l'explicite: au-delà des liens amicaux qu'ils avaient créé, ils savaient également la menace qui pouvait planer sur eux s'ils déplaisaient à la dragonne d'argent. Elle les caressa néanmoins dans le sens du poil, une ultime fois, les saluant avec ce qui ressemblait, dans la sensation à une sorte d'affection: "Puissent les Sept veiller sur vous." Elle poussa un peu plus ses deux bipèdes vers son dos. Prête à partir, elle s'adressa à Aramis. Cette fois-ci, son ton était méconnaissable: amusé, presque gai, tout juste teinté de sadisme: "Voilà des négociations menées de mains de maîtres ! Ahlala. Sans nous, comment aurais-tu fait, chanteuse ?" C'était de la moquerie pure et dure qu'Aramis pouvait ressentir venant de Trissi: le plaisir d'être meilleur qu'elle, et de s'amuser de sa faiblesse. Ceci fait, elle tâta l'esprit de son Lié, dans une demande sans mot, pour savoir s'il allait mieux ou non.

Allongé contre son poitrail chaud, bercé par l'ombre et les battements de ses organes vitaux et de son liquide vital courant dans ses veines, Kedrildan oscillait entre le réveil et l'inconscience sans vraiment prendre position. Il avait mal partout et se sentait sans aucune force et motivation... Un goût de cendre sur la langue, le roux ricanait pauvrement en sentant l'excitation de sa bien-aimée : pour peu qu'il y avait de l'action, Trissi débordait tout le temps d'enthousiasme.

Un mouvement un peu soudain le fit de nouveau grogner alors qu'il se blottissait de nouveau contre elle, le dragonnier se redressa pourtant quand il sentit une odeur bien caractéristique, promesse d'une extase pure : du sang. Ses crocs lui blessèrent les lèvres alors qu'il fixait avec envie le cadavre encore chaud se rapprocher de lui... A table ! Grognant, il aggrippa le corps sans vie et planta sauvagement les dents dans la gorge, buvant goulûment en grondant étouffé alors qu'elle le cajola du bout du nez. Il ne faisait plus attention à rien alors que le liquide rubis remplissait le corps, rafraîchissait ses blessures et le remit d'aplomb. C'était tellement bon...

Prenant son temps, ne laissant aucune goutte de sang dans ces chairs asséchées, Kedrildan finit par le repousser en soupirant lourdement, suçant ses doigts et léchant ses lèvres pour ne rien louper. L'extase... Dracos qu'il se sentait bien... Trissi bougea de nouveau et il plissa les yeux en vacillant, se remettant debout à son tour en s'appuyant sur elle. Il avait tout bu mais ne se sentait pas encore rassasié, un éclat de prédateur affamé toujours dans le regard alors que sa dragonne ordonnait à l'elfe de l'aider à monter sur la selle. Le roux n'avait aucune envie de protester de toute manière, pas assez d'énergie et de motivation : il ne rêvait que d'une chose c'était de pouvoir manger encore et dormir. S'accrochant aussi fermement qu'il pouvait, il grimpa maladroitement sur Trissi, s'harnachant comme il pouvait et s’agrippant alors que l'argentée décolla en direction du campement.

Il sentit un bref contact dans son esprit et Kedrildan sourit en liant doucement son esprit au sien. Il se sentait mieux mais ce n'était pas ça...

« Rentrons... Je pense que ambassadrice a réussit à mener sa mission à bien... »

Fermant les yeux, il se laissa porter par Trissi, se reposant un peu le temps du vol, impatient de boire encore, affamé.

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{hrp: rp terminé? ^^}

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