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Honte à toi, Baptistrel [PV Meri]

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MessageSujet: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeLun 8 Sep 2014 - 15:14

Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] YY45u
Kaleï Niniel,
Prédéfini Jetable


Au début du mois de mai.

Le moment était venu... Enfin. Après tant de sacrifices, après une si longue traque et de si terribles frustrations quand elle s'était aperçu que le bon moment se ferait attendre, elle y était enfin ! Le dragon noir allait partir chasser, il y avait peu d'animaux sauvages dans le coin alors il allait devoir énormément s'éloigner d'autant plus que les dérèglements liés à la destruction de Dévoreuse devait décupler son appétit à ce qu'elle avait comprit. Il n'y avait pas non plus de rebelles, pas de vampires et surtout pas le prince noir qui aurait pu mettre un terme à sa mission d'un seul mouvement dédaigneux. Il n'était pas question de prendre un tel risque, d'ailleurs elle n'avait pas prit le moindre risque. Elle savait qu'elle n'aurait qu'une seule et unique chance, elle entendait que celle-ci soit une réussite. Après tout ce qu'elle avait abandonné derrière elle pour en arriver là, il fallait que ça fonctionne.

Elle s'était beaucoup renseignée avant de se décider à afin passer à l'action. Ce qui n'avait pas été facile du tout car elle n'avait pas pu approcher sa cible à moins de plusieurs centaines de mètres, ne souhaitant pas que le pouvoirs baptistrals permettent à Merithyn de l'identifier, voir de comprendre ce qu'elle comptait faire. Ses renseignements, elle les avait tirés d'heures et d'heures entières d'observation patiente et surtout des ragots et autres commérages qu'elle avait pu récupérer. Elle savait désormais que sa cible se rendait très souvent dans les villages autours d'Aigue afin d'apporter son aide à la population, par des soins très certainement. Elle avait sélectionné celui-là parce qu'il était sur une colline très escarpée qui ne permettrait pas à Shaynar de se poser facilement et qui le rendait assez isolé pour que la garde d'Althaïa ne puisse arriver avant de nombreuses heures, de même que d'éventuels renforts rebelles. Le baptistrel serait seul, il s'était toujours montré trop confiant et peu soucieux de sa propre sécurité. A présent qu'il était Gardien, il devait se croire à l'abri de la plupart des agressions. Elle allait le détromper.

Sa propre arrivée dans ce minuscule village n'était pas passée inaperçue mais c'était sans importance. Merithyn ne remarquerait l'ambiance inhabituelle qu'une fois qu'il serait sur place et il serait trop tard. Il y avait peu d'hommes valides parmi la population, c'était surtout des femmes, des vieux et des enfants aux habitudes plus que pacifiques. Peu de chance que quiconque vienne au secours du baptistrel donc, quand bien même il venait pour les soigner. A chacun ses problèmes, c'était une maxime humaine qu'elle avait apprit à connaître et à apprécier à sa juste valeur. Oui vraiment, c'était le bon endroit.

Les yeux fixés sur la route, elle se tenait, oh ironie de la chose, dans l'ombre d'un autel qui avait été monté à la hâte par quelques Alayiens de passage. Ceux-ci ne s'étaient pas attardé, il y avait peu de gens à convertir ici et rien à gagner. Ils reviendraient sans doute, mais pas tout de suite. L'elfe n'accordait qu'une attention toute relative aux offrandes à moitié pourries et aux arabesques incompréhensibles qui avaient été tracées sur des ardoises. Ils étaient ses ennemis, mais Merithyn l'était bien plus. Et elle ne pouvait pas être partout. Au moins cette installation lui permettait-elle de se tenir invisible et à l'ombre de la chaleur caniculaire. Une preuve si il en était besoin de la corruption qui avait touchée Meri tiens... Jamais l'elfe qu'elle avait connu n'aurait prit sur lui de déséquilibrer le monde ainsi. Etait-il conscient de ce qu'il avait fait, de la souffrance des gens touchés par les catastrophes climatiques et par le déréglement de leurs totems ? Elle-même était forcée de se réchauffer chaque nuit à la chaleur d'un feu, voir d'y plonger les mains, pour rester en forme. Sans cela elle dépérissait peu à peu. Et la nature... La trame... Le monde entier souffrait, et c'était son ancien ami qui en était responsable. Si ce n'était pas honteux.

Une lueur dure s'était allumée dans son regard obstinément posé sur la route. Sa vue perçante avait très bien repérée la petite silhouette qui avançait avec tranquillité sous cette chaleur de plomb, apparemment pas du tout concerné par elle. Elle non plus ne l'était pas, mais ça ne l'empêchait pas de penser aux milliers de gens qui suaient sang et eau parce qu'un elfe avait décidé de mal tourner ! Et si il n'y avait que cela... Mais elle n'allait pas y revenir. Ses rancunes tournaient en boucle dans sa tête depuis des années et des années, elle avait tant de choses à lui reprocher... Le moment de vérité approchait. Il était même arrivé.

Il la repéra rapidement, du moins c'est ce qu'elle pensa vu la façon dont il ralenti son pas. C'était logique, son épée ne cachait pas ses vibrations et rendait son chant nom si troublé et incompréhensible qu'il ne pouvait qu'en être perturbé, voir inquiet. Tel qu'elle le connaissait, il allait sans doute chercher à savoir ce qu'elle avait et espérer la soigner. Un sourire dénué de chaleur fit trembler ses lèvres à cette pensée. C'était lui qui avait besoin qu'on le soigne... Sauf que sa maladie était incurable.

Il était là. Il ne pouvait pas encore voir son visage dans l'ombre, mais il sentait certainement toute sa colère et sa rancune amère. Peut-être même l'avait-il identifiée... Elle ne le pensait pas, mais comment savoir avec lui ? Dans tous les cas, elle allait l'aider à y parvenir. Elle resserra sa poigne sur sa lance, caressa le pommeau rassurant de Naërgon et s'avança d'un pas dans la lumière. Le soleil éclaira son visage aussitôt, mais il n'y avait pas la moindre trace de joie ou de douceur dans ses prunelles habituellement lumineuses. Sa voix résonna sombrement sur la scène et elle su en observant les réactions du baptistrel que l'enchantement de discordance faisait effet. Il n'aurait que très peu de prise sur elle, elle avait donc ses chances. Peut-être que c'était le destin d'ailleurs... Son totem lui-même semblait avoir été choisi pour cet affrontement. Tel un couperet, ses mots tombèrent sans qu'elle semble seulement accorder la plus petite importance aux siècles qu'ils avaient connus ensembles :

"Ta route s'arrête ici, Destructeur."

Elle pointa sa lance en direction de sa poitrine. Nass.. Un objet qu'il connaissait très bien pour l'avoir vue s'entraîner avec pendant des heures entières. Si il ne l'avait pas reconnue avant cela, cette vision l'y aiderait. Car elle le voulait en vérité. Elle voulait qu'il la reconnaisse, et qu'il sache qui l'avait tué et pourquoi. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle ne s'était pas contentée de lui tendre une embuscade, d'attaquer par surprise et ainsi d'optimiser ses chances de succès. Elle ne choisissait pas la facilité, mais elle ne l'avait jamais fait. Elle aimait que les choses soient nettes, précises, claires comme l'acide qui semblait brûler dans son regard. A nouveau, elle prit la parole :

"Puisque personne n'a eu le courage de le faire. Je te déclare coupable de trahison envers le peuple Elfique. Envers ta voie, envers cette harmonie que tu aurais dû embrasser. Je te déclare impur, salit, corrompu. Honte à toi Merithyn. Honte à toi Baptistrel, qui ose encore porter cette charge alors même que tu n'en es plus digne depuis bien des années. Au nom des miens, au nom du continent que tu as blessé et au nom de ceux qui souffrent désormais par ta faute ; je te condamne à mort."

L'atmosphère s'était faite irrespirable, bien assez pour que les villageois s'enferment à double tour dans leurs habitations. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire, elle n'était pas disposée à la discussion même si elle savait bien que son ancien ami s'acharnerait à le faire. Peut-être pas pour sauver sa vie, mais au moins dans l'espoir de sauver un fragment de leur amitié peut-être... Il pouvait rêver, elle n'avait plus que haine et dégout et à son encontre comme le prouvait bien la façon dont elle le toisait. Sans plus de sentiments, elle se jeta sur lui, Nass pointée vers son coeur...
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeJeu 11 Sep 2014 - 12:54


Jamais il ne restait inactif plus de quelques heures. Il ne pouvait tout simplement pas se le permettre. D’une part, parce que la rébellion semblait soudain manquer de guérisseurs à envoyer un peu partout pour tenter d’apporter un peu de soutien et d’équilibre à la population. Quoi que cela pouvait être une simple vision erronée, issue de son propre besoin d’être perpétuellement occupé et en service. Il n’en aurait pas été étonné. Et de cela découlait sa seconde raison. Car d’autre part, il craignait énormément ce qui se passerait s’il devait cesser de se donner sans compter comme il le faisait actuellement. Il craignait les heures creuses, plates et solitaires, qui l’amèneraient inévitablement à réfléchir sur la situation et sur sa culpabilité. Il craignait le chemin de pensées délétères qui s’ouvrait, dans le silence et l’immobilité, accompagné par l’influence de son totem… Dans ces bulles sinistres, il se rongeait de l’intérieur jusqu’à n’en plus pouvoir, ce qui n’apportait absolument rien de bon et irritait Shaynar autant qu’il l’inquiétait sans doute. Malgré lui, malgré Lorenz, malgré Korentin, il peinait à garder la tête hors de l’eau… rien ne pouvait guérir son tourment interne, tout simplement parce qu’il l’alimentait même sans le vouloir. La seule chose qui semblait venir à bout du froid mortel et de l’impression de suffocation qui présidaient à ces instants de torture silencieuse, c’était le travail acharné jusqu’à n’en plus pouvoir. Il se tuait à la tâche, il fallait l’avouer… mais rien ne semblait plus doux, plus libérateur, que de s’allonger finalement et s’endormir comme une tombe. Au moins ses rêves le laissaient-il tranquille… Plus de ces affreux cauchemars de Néant, simplement un sommeil de plomb et un réveil sobre. Ressasser ne l’aiderait pas mais malgré sa détermination, malgré l’endurance mentale qu’il pouvait avoir, il était toujours aussi incapable de ne pas se ronger.

Il craignait toujours aussi peu le regard des autres, tant le sien suffisait à le liquéfier. Et malgré la souffrance qu’il s’infligeait, il ne se trouvait jamais assez dur envers lui-même. Il ne cherchait pas à savoir si cela agaçait son lié plus encore, parce qu’il était aussi incapable d’arrêter que d’arracher les étoiles du ciel. Ironique constat après avoir violenté un Esprit, tout de même. Cette pensée lui arrachait invariablement un sourire amer qui lui attirait nombre de regards tant il était déplacé sur un faciès qui n’exprimait en général que paix et joie. Ah si seulement ils savaient… Certains savaient en vérité et… au final, cela, peut-être, lui apportait une once de réconfort. Mais guère plus que la goulée d’air nécessaire à le faire continuer d’exister, et non se laisser simplement dépérir. Il lui fallait assumer, porter le poids de son choix, il ne pouvait en être autrement. Quelles que soient les souffrances qu’il subissait, il le devait. Et c’était pourquoi il s’échinait, travaillant autant que possible. Cela ne réparerait rien, bien entendu mais c’était déjà…. C’était quelque chose. Quoi faire d’autre pour le moment ? Se morfondre dans son coin ? Ça ne servirait à rien. Aussi taisait-il quotidiennement ses souffrances, en espérant être un tant soit peu utile pour les autres. Aussi se dirigeait-il vers ce village isolé, où avait apparemment besoin de la présence d’un guérisseur. Il n’avait pas pris la peine de demander si un service précis était requis, il ferait tout ce qu’on lui demanderait une fois sur place, voilà tout… qui était-il pour refuser d’aider quelqu’un ? Personne en ayant le droit. Il était parti tôt dans la matinée, à dos de cheval, Shaynar ayant décidé de partir chassé loin. Il n’y avait guère de proies substantielles dans les environs.

La route fut tranquille, silencieuse puisqu’il était venu seul. Il n’avait pas eu le cœur d’emprunter la compagnie de qui que ce soit. A vrai dire il supportait encore mal la présence de ses proches. Son destrier, lui au moins, n’avait pas l’air prêt à lui hurler dessus ou à le regarder avec compassion. Il ne voulait ni de l’un ni de l’autre. Qu’ils pensent ce qu’ils voulaient mais le gardent pour eux, lui avait bien assez à faire avec lui-même. Le village était en vue, et il releva sensiblement la tête en fronçant les sourcils, son regard détaillant les environs. Quelque chose n’allait pas, sa sensibilité exacerbée le lui chuchotait sans faillir… Quelque chose n’allait pas, en plus de cette fin du monde. Mais quoi, ça il aurait été bien en peine de le dire. Même ainsi, conscient de cet état, il ne se détourna pas, continuant son chemin vers l’intérieur du village, prêt à confronter quoi que ce soit qui pouvait bien avoir décidé de l’y attendre. Mais quand il eut enfin en pleine vision la silhouette qui causait ce trouble, son cœur se serra plus terriblement encore. Posant une main sur l’encolure de son destrier, il le fit ralentir, puis s’arrêter, avant qu’il n’en descende, finissant à pied. Si proche, il ne put supprimer une grimace d’inconfort… Quelque chose brouillait les vibrations qui entourait cette personne, cette vieille amie, de façon douloureuse pour le maître qu’il était. Pourtant, il ne détourna pas plus le regard, caressant avec une douce nostalgie et non moins d’affection peinée le portrait qu’elle présentait. Il ne voyait pas son visage, mais il n’en avait pas besoin. Une fois de plus, un calme presque léthargique le prit, instinctivement, comme presque à chaque fois qu’il avait jamais été en danger par le passé.

Il n’avait pas besoin qu’elle parle pour savoir, mais les mots ne firent pas moins mal pour autant, lorsqu’enfin elle se présenta dans la lumière écrasante de la matinée. Il porta une main à sa tempe, une migraine puissante les faisant pulser… Qu’est-ce que c’était que cela, pourquoi son chant-nom était-il si brouillé ? Mais non, il ne posait pas la bonne question. Elle savait. Mieux que beaucoup. Ce n’était pas, qu’est-ce que c’était… mais plutôt comment, qu’il devrait demander. Leurs regards se croisèrent, le sien terne et las, triste et déterminé, face à l’acide des prunelles de Kaleï. Dire qu’il n’était pas touché aurait été mentir, il l’était effectivement. Très touché. La souffrance comme un vin qu’il buvait jusqu’à la lie une fois encore. Pourtant il ne se déroba pas quand elle fonça vers lui, esquissant le geste de parler, mais coupé immédiatement, sa vie menaçant de le quitter si elle parvenait jusqu’à lui. Elle arrivait trop vite, bien trop vite, il n’avait qu’un battement de son cœur à vif pour tenter quelque chose s’il le désirait. Ne pourrait-il tout simplement finir sa vie là ? Se reposer, enfin ? A défaut de pouvoir pleurer sa peine, pouvait-il laisser son sang laver une once de son âme ? Pour son plus grand désespoir… c’était non. Non il ne pouvait pas. Il avait encore à faire et… il avait des personnes qui attendaient de lui. Shaynar, Lorenz, Aramis, Korentin, Elrond, Galadrielle, Alford… et d’autres, beaucoup d’autres… La note lui vint, au tout dernier instant, Dia, l’intervention. Il la sentit se figer sur place, retenue par les liens de la magie outrageusement puissante depuis la destruction de Dévoreuse.

A cet instant seulement se rendit-il compte qu’il avait retenu son souffle. Il inspira difficilement, ne l’ayant pas quitté des yeux, puis se mit à haleter. Il n’avait pas peur de la mort mais… il ne voulait pas ça, ne pouvait pas ça, et encore moins ici et maintenant. « Je suis… » Sa voix lui paraissait lointaine, faible « tellement désolé, Kaleï… » Son visage de fendit d’une douleur bien réelle. « Je suis tellement désolé que tu en sois arrivée à penser devoir me tuer. Je suis désolé… de t’infliger ça. Je… » Sa voix se brisa et il enfoui un instant le visage dans une main, secouant la tête. « Mais je ne peux pas permettre que tu me tue… Je ne peux permettre que tu te salisses les mains ainsi, que tu te souilles. Je ne peux pas te permettre de me juger ainsi. Tu peux me condamner mais… mais la véritable sentence va à d’autres » Il cessa enfin de se soutenir le visage et la regarda de nouveau. « Crois-tu que j’ai choisis de continuer à porter mon titre ? Tu connais mon ordre mieux que cela. Si j’avais été jugé indigne, je ne serais plus Baptistrel… Peut-être n’est-ce pas là justice ou justesse, mais les choses étant ce qu’elles sont, je continuerais à servir… et à vivre, jusqu’à ce que les esprits en décident autrement » Il inspira de nouveau difficilement, la gorge serrée « Si alors… ils conviennent qu’il serait bon que tu me tue, je te remettrais ma vie sans plus discuter. Je ne peux pas dire que ta colère n’est pas logique, je ne peux guère te refuser cela, pas plus que je ne te refuserais ta haine quand bien même elle me brise plus encore que je ne le suis… » Il avait l’impression d’être de plomb fondu et de glace tout à la fois. « Et puis je… je ne veux pas que tu sois tuée aussi… »

Il n’avait pas reculé. La lance était si proche qu’elle aurait pu le transpercer… mais il ne reculait pas, l’observant simplement droit dans les yeux, aussi résigné qu’au premier jour.
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeVen 12 Sep 2014 - 14:52

Il avait changé, et pourtant il était le même. Pendant l'infime instant où elle avait pu l'observer avant de se jeter sur lui, elle avait fait cette constatation. Si elle n'avait pas su ce qu'il avait fait, si elle n'avait pas ressentit les changements en lui depuis les temps heureux, si elle n'avait pas su tout cela alors peut-être se serait-elle laissé tromper. Peut-être que sa haine aurait mollit un minimum et peut-être n'aurait-elle pas eu la force d'accomplir ce qui devait être accomplit. Une chance qu'elle soit dure, droite jusqu'à l'extrême. Il le savait, il la connaissait bien car elle n'avait pas changé d'un iota. Elle ne tolérait pas les écarts, le moindre manquement était une faute gravissime à ses yeux. Alors comment aurait-il pu seulement espérer qu'elle accepte ce qu'il était devenu ? A ses yeux, il était un monstre. L'abattre serait une bonne action, et l'épargner un crime.

Elle s'était jetée à l'attaque sans remord, sans la plus petite trace d'hésitation. Le temps n'était plus à la souffrance qu'avait causée la trahition de Merithyn en son âme, le temps était plutôt à la réparation. Encore que le mot n'était pas le bon, elle ne réparait rien du tout. Elle remettait les choses en ordre, simplement. Et elle évitait peut-être d'autres futures catastrophes. Elle faisait ce qu'il fallait et peut-être même était-il d'accord songea-t-elle dans l'infime moment d'éternité où il sembla hésiter. Elle se trompait peut-être mais pendant cet instant il lui sembla qu'il songea à mourir, à ne pas opposer de résistance et à simplement laisser la lance le transpercer. Etait-ce qu'elle voulait ? Oui, quelque part elle en aurait été heureuse. Qu'il lui facilite la tâche et lui prouve qu'en vérité l'ancien Merithyn était encore là, profondément enfouit sous des couches de noirceur. Qu'il l'aide à mettre fin à cette situation grotesque, mais ce ne serait pas le cas. Il n'était plus... Comment pouvait-elle encore l'espérer alors même qu'elle s'était juré de ne faire preuve d'aucune faiblesse ? La magie baptistrale l'immobilisa, et elle gronda de déception mêlée de l'adrénaline du combat qui lui était refusé. Elle ne voulait pas discuter, surtout pas. Mais elle avait su depuis le début qu'il s'y essayerait. Il était ainsi... Et elle l'écouta par contrainte, s'offusquant de ses excuses, du choix de ses mots, se fermant plus encore à mesure qu'il lui montrait sa souffrance qu'elle ne voulait surtout pas voir. Il méritait son sort, elle ne s'apitoierait pas.

Les mots continuèrent à couler comme des larmes amères tandis qu'elle hésitait. Devait-elle garder le silence, se faire simplement l'instrument de la mort qu'elle voulait être et ne surtout pas porter d'importance à ce qu'il lui disait ? Ou devait-elle lui répondre, briser ses arguments indignes et finalement lui prouver que rien ni personne ne l'empêcherait devenir prendre ce qu'elle était venue prendre ? Il était puissant, plus puissant qu'elle c'était certain. Et pourtant il comprendrait très vite qu'il était démuni si il ne voulait la tuer. Il n'était pas question qu'elle renonce. Incapable finalement de ne pas laisser exploser sa rancoeur, elle cracha :

"Désolé ? Comment peux-tu être désolé alors que je ne lis aucun regret dans tes yeux, Merithyn ? Tu regrettes les conséquences, mais tu ne reviendrais pas sur tes actes quand bien même ce serait possible... Désolé ? Même ce mot là, tu as réussi à le rendre vide ! Bel exploit..."

Elle parlait avec sérieux, sans faire montre de la moindre ironie. Ce n'était pas un art qu'elle maîtrisait. Ses mots à elle avaient toujours été lourd, chargés d'un sens qui n'admettait aucune controverse. Elle le jugeait simplement, sans complaisance et sans précautions pour la douleur qu'elle leur infligeait à tout deux. Elle faisait son devoir d'elfe, elle avait toujours fait son devoir d'elfe. Rien d'autre n'avait d'importance. Durement, elle assena :

"Tu n'as rien à me permettre. Je ne te dois rien, je ne reconnais pas l'autorité des baptistrels et je me fiche de savoir comment tu as pu les manipuler pour éviter qu'ils ne te jettent dehors. Et ne te cache pas derrière les Esprits. Ils te jugeront quand tu te présentera devant eux, ici bas c'est aux vivants que tu dois des comptes. Si je dois mourir pour que ce soit fait, alors je mourrais. Ce n'est pas à toi d'en décider. Tu as perdu toute légitimité le jour où tu as tourné le dos à ton peuple afin de rejoindre les... Vampires !"

Elle avait crié le dernier mot, comme pour y tirer de la force pour ce qu'elle voulait faire. Ce fut le cas d'ailleurs car elle ne se souvenait pas d'avoir jamais eu autant de puissance dans les bras qu'à cet instant où elle retourna sa lance afin de frapper le Baptistrel au visage avec le manche lourd et solide qui était bien suffisant pour l'envoyer bouler un peu plus loin malgré le peu de marge de manoeuvre que les liens magiques lui avaient laissés. Ils se rompirent d'ailleurs, sans doute balayés par la surprise et la douleur de l'elfe chanteur terrassé par un tel coup. Elle en lâcha son arme encore vibrante de la violente attaque et dégaina l'épée tout en se jetant à nouveau sur son ennemi. Elle aurait dû le transpercer là, à cet instant et sans attendre mais elle ne le fit pas. Sa main s'était aggripée presque d'elle même à la tunique de son ancien ami, l'étranglant à moitié tandis qu'elle posait sa lame aux atroces vibrations musicales sur son cou brûlant. Il fallait qu'elle le tue, mais elle ne pu pourtant s'empêcher d'interroger :

"Pourquoi Meri ? Pourquoi un vampire ? Tant d'années, passées à leurs côtés.. Qu'est-ce que tu y as trouvé que nous ne pouvions t'offrir ? Et lui ? Leur prince maudit... Cela ne t'a pas suffit qu'il détruise un dragon ? Il fallait aussi que tu l'aide à détruire le monde ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?"

Elle sentait la chaleur de sa peau contre la sienne. Même sans le toucher elle se serait sans doute brûlée à l'effleurer de si près. Son totem la protégerait néanmoins. En fait oui... Si elle le voulait, elle pouvait même l'étrangler à mains nues. Comme dans un rêve, elle sentit ses mains vibrer du terrible besoin qu'elle ressentait de le sentir mourir lentement tout contre elle... Elle aussi, elle sombrait... Et elle lui en voulait terriblement de la conduire à cela.
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 10:46


Son expression vacilla, semblant hésiter entre la peine profonde et une triste affection désolée…. Et finalement, un sourire douloureux lui vint, pâle et frêle, mais bien présent. Un sourire qui sourdait de l’affection qu’il avait toujours entretenu pour elle, autant que de de la douleur de pareille situation. Il secoua un instant la tête. Ah Kaleï… toujours si prompte, toujours si extrême. Ce qu’il regrettait en l’instant ce n’était si sa décision ni ses conséquences, mais bien ce qu’elle était poussée à faire, ou se croyait poussée à faire, en réponse. Mais aurait-il intérêt à le lui dire ? Écouterait-elle seulement ? Il en doutait. Elle entendrait mais n’écouterait pas. S’il parlait, il serait forcé de lui dire également qu’il ne reviendrait effectivement pas sur ce qu’il avait fait et elle ne retiendrait que cela… Pas de nuances avec elle, et il ne pouvait nier que cela avait tout de même fait partie des raisons pour lesquels il l’appréciait beaucoup. Cela faisait son charme, et avait apporté un écho à ses propres concessions, pour former une belle harmonie. Peut-être même s’était-il inspiré d’elle, parfois, au cours de ces quatre ans, sans même le savoir. Mais en l’instant, il accusa simplement le coup, comme il savait si bien le faire, quand bien même son cœur saignait abondamment de sa haine et de son rejet. Mais peut-être aurait-il dû le prévoir…. Ce n’était pas le premier rejet qu’il subissait, mais cela ne signifiait rien. Y être confronté était toujours difficile pour lui, à croire qu’il portait son cœur en bandoulière. « C’est là que tu te trompes… » Souffla-t-il tout bas. Il n’avait manipulé personne. Oh oui certains étaient furieux. Furieux au point même d’en arriver à le menacer. Avec des mots bien choisis mais ils l’avaient fait. Et il était toujours là. On ne pouvait rejeter un maître, encore moins le fondateur. La Rhapsodie n’avait pas ce pouvoir-là, il était réservé à la magie. Elle le savait, mais la colère parlait à sa place. Etrangement, cela le chagrinait davantage de savoir qu’elle pouvait penser cela que de penser qu’elle voulait le tuer. Il n’était pas un tricheur, ne l’avait jamais été. Encore aujourd’hui, il portait le poids de chacun de ses choix le plus dignement possible.

Et il porterait aussi son souhait de ne pas la voir périr pour lui. Qu’elle le veuille ou non, il ne changerait pas d’avis à ce sujet. Mais de toute façon ça n’aurait pas plus d’importance. Son sourire pris un pli légèrement amer à ses dernières paroles. Et, concentré qu’il était, il ne vit pas venir le coup. En revanche, il le ressentit. La douleur explosa dans sa tempe, là où la lance le frappa et sous le choc, il perdit l’équilibre et fut projeté en arrière, s’écroulant au sol. La tête lui tournait et il voyait des lueurs blanches danser devant ses yeux, incapable de fixer sa vision correctement. Il laissa échapper une plainte basse sous la sensation affreusement désagréable, ayant l’impression que son crâne venait d’être fendu en deux. Et l’approche de la lame qui brouillait les vibrations de sa porteuse ne l’aida pas beaucoup à se remettre, augmentant encore le fracas de son esprit et dans ses oreilles à tel point qu’il crut sentir un léger écoulement liquide en sortir… du sang ? Comme celui qui maculait son visage, depuis sa tempe ouverte ? Il n’en savait rien… Il avait seulement conscience du liquide quittant son corps par petites quantités. Rien de suffisant à le tuer, mais s’il était habitué à souffrir et à donner son sang, il ne l’était pas à être ainsi blessé, par des armes. Non pas par des armes, non. Et il n’aimait guère cela… la douleur était singulière, différente de tout ce à quoi il était habitué. Désagréable, étrangère… Mais où en était-il, pour pouvoir trouver une quelconque douleur étrangère et une autre connue, habituelle ? Aucune idée. Il se laissa ramasser, le souffle difficile, et ouvrit à nouveau les yeux, péniblement, fixant sans totalement la voir la figure de son amie. Ses mots mirent un instant à lui devenir compréhensible, alors que son esprit finissait de s’éclairer de nouveau. Et il sourit à nouveau, toujours affectueux, toujours doux et résigné. Ainsi ce n’était fondamentalement pas la fin du monde… C’était les vampires. Ah oui… peut-être que son lien avec Lorenz était à présent connu. Qu’importait, il ne le renierait pour rien au monde. Son frère. Il l’avait accepté, avec le bon et le mauvais, en toute connaissance de cause.

« Kaleï… » Il soupira lourdement, inspira de nouveau… Que répondre, vraiment ? Que répondre à la haine ancestrale des elfes ? L’amertume le reprit. Ils ne voulaient pas changer. Peut-être ne pouvaient-ils pas changer. Peut-être qu’ils feraient mieux de disparaitre… Non, pas cela. C’était faux. « J’ai… j’ai vu la lumière en eux, comme en nous » Il ne put pourtant s’empêcher d’une pointe légère, presque indétectable, de lassitude, face à ce sempiternel couplet qu’on lui imposait. « J’ai vu la lumière en lui Kaleï, il a du bon même si… personne d’autre… ne peut le voir… Je sais qu’il en a. Il sait… aimer, il sait… tu aurais tort, de croire que c’est un monstre c’est… » Il inspira de nouveau, les yeux vitreux de larmes « C’est un être comme nous tous, il a simplement été… blessé au-delà de tout. Tu peux comprendre ça, non ? Ce que j’ai… ce que j’ai trouvé auprès d’eux c’est… j’ai trouvé l’amour Kaleï, mon seul amour, le véritable… Eliow. Je l’aime toujours, je l’aimerais toujours » Il reprenait des forces, le soleil les écrasant y étant pour beaucoup, ravivant son feu avec vivacité. Il parlait de mieux en mieux. « Ce que j’ai trouvé avec eux… l’acceptation, aussi étrange que cela paraisse. Les elfes ne m’ont offert qu’incompréhension, mépris, dégoût, moi qui ai toujours été là dès qu’on me demandait, qui ai toujours voulu leur bien. On m’a mis à l’écart, tout simplement parce que j’aimais… Un vampire oui et alors ? Un être, un armandéen, qui existait au même titre que tous les autres. Je n’ai jamais vu un vampire, lorsque je le regardais, j’ai vu la personne qui m’avait conquis et que j’aurais suivie jusque dans le Néant s’il l’avait fallu » Il la regarda droit dans les yeux. « Vous m’avez tourné le dos, tous. Pourtant je n’ai jamais cessé de servir. Jamais je n’ai cessé de faire mon devoir. J’ai plié l’échine, supporté les pierres qu’on me jetait, l’éloignement, j’ai tout supporté. C’était leur droit comme le tien aujourd’hui de me condamner, et de me détester »

Il gigota légèrement dans sa prise. « Pourquoi le ciel est bleu, pourquoi le soleil chauffe… tu me demandes pourquoi j’ai choisi d’aimer un vampire ? Je n’ai pas choisi. Il était mien c’est tout, et j’étais sien. Il était la personne pour moi » Il trembla sensiblement « Tu veux savoir ce que j’ai trouvé là-bas ? Une raison supplémentaire d’être ce que je suis, un guérisseur… Tu veux savoir ce qu’ils m’apportaient que les elfes ne me donnaient pas ? » La garde d’Amirïa vint reposer dans sa main et il la tira. L’eau de l’arme jaillit entre eux, frappant la soldate en pleine poitrine et l’expulsant loin de lui, créant un courant protecteur le temps qu’il se relève en titubant, tirant totalement l’arme de son fourreau d’ivoire noir. Il n’avait aucune chance de la vaincre en duel et n’en avait pas l’intention d’ailleurs, mais le répit accordé était salvateur. « Une famille qui me comprenne. Ce prince que tu dis maudis et qui ne l’est plus… c’est mon frère Kaleï »
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeVen 19 Sep 2014 - 13:27

Elle le tenait... Il avait encore osé prétendre qu'elle se trompait mais ça n'avait plus d'importance. Elle le tenait et il allait mourir, elle ne savait même pas pourquoi elle attendait. Il lui suffirait d'un seul geste fluide, un de ces gestes qu'elle maîtrisait à la perfection, et sa vie se terminerait sur cet atroce point final. Il ne souffrirait pas inutilement, non cela elle ne le voulait pas. Elle allait lui retirer la vie comme le guérisseur qu'il était aurait pu retirer le pus d'une blessure. Elle verrait la flamme de ses prunelles s'éteindre rapidement, et alors elle pourrait reprendre le cours de son existence, ou ce qu'il en restait... Elle avait abandonné tant de choses qu'elle ne s'imaginait pas repartir du même points, sans doute même la jugerait-on pour le meurtre d'un baptistrel que le peuple elfique n'avait pas encore tout à fait condamné. Elle aurait des circonstances atténuantes, elle défendrait sa cause. Elle voulait bien assumer sa désertion et le vol auquel elle avait été forcée, mais elle n'assumerait pas ce qui n'était que justice. Il fallait bien que quelqu'un le fasse non ? De toutes façons elle s'en fichait. Qu'ils agissent tous comme ils le voulaient, rien n'était plus important que ce qu'elle allait accomplir maintenant.

Pourtant, quelque chose retenait encore sa lame. Elle voulait croire qu'il ne s'agissait que de la commisération naturelle du bourreau qui laisse à sa victime le temps de prononcer quelques derniers mots, elle pouvait au moins lui offrir cela après tout et tant pis si c'était peut-être aussi un peu lié à l'amitié qu'elle avait eu pour lui. Cela elle préférait ne pas y penser, ne surtout pas s'y accrocher. Elle avait laissé ses sentiments derrière elle dès l'instant où elle avait endossé l'habit de la justice. Elle l'écouterait, mais pas plus qu'elle ne l'aurait fait pour un autre.

Son prénom résonna entre eux et elle cilla mais son regard devint plus dur encore quand il prétendit avoir vu de la lumière dans l'âme des vampires. De la lumière chez ces créatures de l'ombre... Voilà qui était quasiment risible. Dommage que ce ne soit pas du tout son genre de rire pour rien, ni de rire du tout d'ailleurs. Les explications se firent plus cibler et de dur son regard se fit glacial. Un être comme eux tous, un être qui savait aimer... Elle ne pouvait pas réfuter ce qu'on lui disait puisque c'était une parole baptistral. Nul mensonge dans ces mots pourtant incroyables, mais pas d'excuses non plus ni pour le baptistrel, ni pour le prince vampire. Qu'importait ce qu'il était ? Ce qui comptait c'était ce qu'il avait fait, et ce qu'il voulait encore faire. Elle serra la mâchoire, secouant la tête avec agacement. Elle n'était pas venu pour juger le prince noir, il n'en méritait d'ailleurs aucun. Ses actes se suffisaient à eux-même. La suite par contre la blessa au delà de tout et elle resserra sa poigne presque douloureusement sur le solide tissu, grondant son dépit pendant que les reproches pleuvaient :

"Nous, nous t'avons tourné le dos ? Nous ne t'avons pas poussé à quitter le royaume à ce que je sache, rien ne t'obligeait à t'isoler, à voyager seul et à finalement te lier à... A cette créature ! A même si tu l'avais rencontrée d'une autre manière tu ne peux prétendre ne pas avoir eu le choix. Tu pouvais refuser la rencontre, tu pouvais revenir vers nous. Au lieu de cela tu as préféré le suivre au coeur de la nuit et vivre parmi les sang-froids. Même après sa mort c'est encore vers eux que tu t'es tourné. Tu les as choisi Merithyn, tu ne peux pas reprocher à ton peuple d'avoir pris acte de tes propres décisions."

Il gigotait sous sa main. Espérait-il encore se délivrer ? Peut-être bien... Elle ne pouvait plus traîner ou elle laisserait passer sa chance. Ce qu'il lui disait la blessait en plus assez profondément pour affermir encore sa décision qui n'avait pas franchement besoin de cela. Elle allait passer à l'acte, refusant de tergiverser plus longtemps, lorsqu'il parvint à agir. Le coup la frappa en pleine poitrine et elle décolla, entre surprise et douleur, pour atterrir lourdement un peu plus loin, toujours fièvreusement accrochée à son épée. Comment avait-elle pu ne pas la lâcher suite à un tel envol ? Elle ne le savait pas trop, son côté buté sans doute... Sa main était comme soudée à la garde de Naërgon et si sa lance était désormais hors de portée elle ne s'en attristait pas pour autant. Elle préférait éviter de verser le sang de Merithyn avec Nass, cette pointe qu'il connaissait si bien. Sa nouvelle épée conviendrait bien mieux, elle était née pour cela. Ce n'était néanmoins pas à cela qu'elle pensait pendant que les motifs complexes de la poignée de son arme s'incrustaient dans sa paume. Son regard était plutôt portée sur celle du baptistrel, une arme qu'elle ne connaissait pas et qui lui inspirait un mélange de crainte et de haine farouche. Où l'avait-il trouvé ? Comment les Esprits avaient-ils pu accorder un tel cadeau à l'être infâme qu'il était devenu ? Encore un avantage dont il pouvait user pour échapper à sa justice, mais cela ne suffirait pas. Il n'était pas un guerrier, il ne l'avait jamais été et l'arme ne faisait pas tout, loin de là.

Elle se releva difficilement. Vacillant plus lourdement à cause de la douleur morale qu'il lui infligeait que par véritable détresse physique. Elle, elle était une guerrière. Ce genre d'affrontement même si très particulier, lui était familier. La douleur physique aussi, la morale beaucoup moins... Mais elle ferait avec. Elle avait toujours su que ce moment serait atroce, le fait qu'il soit pire que ce qu'elle avait imaginé ne changeait rien. Son frère... C'était ce qu'il avait dit. Une larme avait roulé sur sa joue à ces mots. Elle l'effleura du bout de l'index, surprise. Elle ne pleurait jamais... Alors pourquoi tout à coup sentait-elle le poids atroce de siècles de sanglots exigeant soudain de s'évacuer de son corps ? Elle dont l'armure ne pouvait se fendiller, elle sentait soudain sa lèvre inférieure qui tremblait. Elle était sur le point de s'effondrer purement et simplement et de se mettre à braire comme une gamine qui ne sait simplement plus quoi faire d'autre devant la peine qu'elle ressentait soudain. Son frère... Les larmes coulaient à présent librement sur son visage, mais elle ne sanglotaient pas pour autant. Elle se sentait vide. Abimée. Détruite. Elle essuya à nouveau ses joues lentement avec sa manche, laissant une trainée de boue à leur place sans vraiment s'en apercevoir. Comme perdue, la Kaleï qui n'était pas une guerrière mais simplement la voisine d'un jeune elfe au coeur d'une antique forêt laissa s'échapper un murmure quasi inaudible :

"Et moi... Qu'est-ce que je suis ?"

Elle cligna des paupières, comme hébétée par ce flot de sensations qu'elle n'avait pas prévues et qui avaient menacé de l'envahir mais qu'elle sentait refluer à présent. La jalousie ? Etait-ce cela ce morne abime qu'elle ressentait au plus profond d'elle ? Elle aurait voulu pouvoir prétendre le contraire, mais elle s'apercevait à présent que c'était une partie de la vérité. Une partie seulement. Il y avait la notion de justice aussi qui entrait en ligne de compte, mais oui... Elle avait été jalouse. Bêtement déçue de s'apercevoir que son seul véritable ami pouvait vivre sans elle, qu'il avait trouvé le bonheur ailleurs. Un frère, il avait un frère... Et un compagnon aussi décédé soit-il. A quelle place aurait-elle voulu prétendre ? Elle ne le savait pas trop... Ou si, elle le savait un peu mais elle était trop pudique pour oser seulement admettre que oui, elle avait peut-être eu, à une époque, un peu le béguin pour son voisin préféré. Juste un peu... Pas assez pour réclamer une telle place, celle de meilleure amie, de soeur, lui aurait suffit. Mais ce n'était pas vers elle qu'il s'était tourné... Et maintenant il était trop tard, beaucoup trop tard.

Ses larmes s'étaient taries, comme satisfaites d'avoir enfin pu s'écouler hors d'un corps qu'elles torturaient depuis bien longtemps. Elle ne se sentait pas mieux pour autant, bien au contraire, mais elle n'avait pu faire autrement que de laisser la crise passer. Elle l'observait à présent d'un regard vide, consciente désormais que non, elle ne pourrait jamais retrouver une vie normale. Pas même après l'avoir tué. Elle souffrirait à jamais et sentirait la morsure de ce sentiment honteux qui venait faire de l'ombre à ce qu'elle avait prit pour un pur désir de justice. Elle allait le tuer parce qu'il le méritait, et aussi pour elle même, juste pour assouvir la basse vengeance de la femme déçue qu'elle était. Après tout tant pis, le résultat comptait plus que les raisons de son geste. A la fois heurtée et raffermie par ce tsunami de sentiments qui l'avait secoué, elle passa à l'attaque à nouveau dès l'instant où le courant protecteur lui laissa une ouverture.

Il n'avait jamais su manier véritablement une épée, ni aucune arme d'ailleurs. Et plus important encore, il semblait cloué sur place sans doute parce qu'il avait pu ressentir dans son chant nom pourtant quasi incompréhensible. Peut-être avait-il comprit sans cela en vérité ? Peut-être la connaissait-il aussi bien... Elle aussi le connaissait bien. Parfaitement bien même. Il bougea à l'instant où elle s'y attendait, de la façon dont elle s'y attendait, et rien au monde, pas même une arme légendaire, n'aurait pu empêcher Naërgon de trouver son chemin. Aussi ferme que sa volonté, la sombre épée plongea dans les entrailles du baptistrel et s'y gorgea du sang qu'elle attendait depuis si longtemps. La vue de Kaleï se troubla à nouveau et c'est dans un flou total, entièrement aveuglée par ses larmes, qu'elle tourna séchement sa lame dans la blessure mortelle. Elle l'achevait ainsi, elle avait trop d'expérience de ce type d'assaut pour l'ignorer. C'était terminé...

Ils tombèrent ensembles. Lui sur le flanc, elle à genoux. Elle sanglotait cette fois, et chaque plainte semblait lui déchirer la poitrine avec autant d'efficacité que Naërgon. Elle n'avait pas fait cela en espérant se sentir mieux, mais elle n'aurait pas cru pour autant se sentir si mal... Merithyn bougeait à ses côtés, pas encore mort.. Cela prendrait sans doute un moment, les blessures au ventre ne tuaient pas sur le coup. Elle aurait pu le faire plus proprement... Elle aurait pu lui éviter une souffrance inutile, elle devrait même l'achever.. Elle hésita, sa main effleurant l'épée qui avait accomplit son acte et qui lui faisait à présent horreur. A nouveau, elle se plia en deux dans un spasme qui manqua bien lui faire renvoyer son dernier repas. Mordant ses lèvres jusqu'à sang, elle murmura en écartant les mèches qui masquaient le visage torturé de celui qui avait été son ami :

"Je suis désolée... Je ne peux pas..."

Elle ne pouvait pas l'achever proprement. Toute la résolution qu'elle avait mis des années à patiemment mettre de côté avait été comme aspirée par le combat. Elle n'en avait pas assez pour aller au bout.. Et plus que tout cela lui faisait mal. Elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait, mais elle regrettait la souffrance causée. La seule chose qu'elle pouvait faire à présent c'était rester tout près de lui. Sans doute pas jusqu'à la fin mais au moins jusqu'à ce qu'elle soit chassée par le danger de l'arrivée du dragon noir, ou du prince noir peut-être... Ou de toute autre chose noire. Il fallait croire que la vie de Merithyn avait été guidée par la nécessité d'approcher de la noirceur. Sauf la sienne.. La sienne il ne l'avait pas vue. Ou alors elle n'en avait pas eu assez pour lui. Pourtant il lui semblait bien être une personne mauvaise... C'était forcé, pour accomplir une telle chose... Non ?

"Je vais... Je vais rester aussi longtemps que je le peux."

Elle lui prit la main presque naturellement. Cette fin lui semblait la meilleure possible. Elle ne pouvait simplement pas le laisser terminer sa vie tout seul, même après tout ce qu'il avait fait. Elle ne ferait rien pour arrêter l'épanchement de sang sous la tunique, elle le voyait en partie et devinait le reste. Il allait mourir, c'était inéluctable. Si il tentait de se soigner alors elle l'en empêcherait, et très bientôt il n'aurait plus assez d'énergie pour cela. C'était terminé... Et ça lui faisait un mal de chien. Autant qu'à lui sans doute qui s'accrochait à sa main. Elle se pencha en voyant qu'il bougeait les lèvres...
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeLun 22 Sep 2014 - 11:47


Il en était de plus en plus convaincu, ce n’était pas la justesse qui parlait par la bouche de Kaleï. Elle ne pouvait rien ignorer de l’attitude déplorable que les elfes avaient eu face au premier-né et à son lié à l’époque, ni qu’on lui avait officiellement refusé, peu après, l’entrée du royaume elfique pour cette accointance. Il n’avait, pour autant, voyagé seul, c’était loin d’être la vérité. Il y avait eu Lyroë, sa meilleure amie et dragonnière elle aussi. Il n’avait fait que suivre leur quête commandée par Dracos. Et si aucun autre elfe ne s’étaient joint à eux, il n’y était pour rien. Il n’avait pas beaucoup d’amis et même si ça avait été le cas, qui était-il pour leur demander de se joindre à une quête qui les emporteraient loin de chez eux ? C’était à eux tous de décider, pas à lui. Il se refusait tout net à rejeter une rencontre sous prétexte de leurs différences et d’une inimité qui durait depuis trop longtemps. Son regard, alors sérieux, parlait bien mieux que tous les mots du monde. Jamais il ne serait xénophobe et hostile aux vampires simplement parce qu’il était un elfe. Ils pouvaient se cacher derrière leurs prétextes fallacieux, n’en restait pas moins qu’au bout du compte… ils avaient torts et s’enfermaient dans des inimités qu’ils auraient dû pouvoir mettre de côté. Ce qu’il reprochait à son peuple, c’était son aveuglement et sa bêtise. Et en cet instant, il se rendait compte que même ceux qui se prétendaient ses amis n’y comprenaient rien. Qu’aucun n’était capable d’ouvrir les yeux. Mais était-ce donc si difficile ? Était-ce donc impossible ? N’y avait-il vraiment aucun espoir que son peuple entende un jour raison…. ? Un bref instant, bref mais terrible, il se trouva à contempler la destruction du royaume elfique avec une féroce satisfaction, une voix venimeuse sifflant au fond de lui que ça changerait peut-être tout, que cette fois ils ne pourraient plus se cacher la tête sous terre pour éviter le reste du monde. Qu’ils seraient alors forcés de s’ouvrirent au reste des peuples. Oui, pendant un bref instant, il ne put retenir une certaine suffisance à cet égard. Les elfes n’avaient jamais rien fait de bien après tout. Ah ! Il était bien à l’image des siens pour cela ! Lui non plus ne faisait rien de bien… à part peut-être cette fois-là.

Mais alors que le poison de son désespoir à l’égard de l’aveuglement des siens se muait en hostilité, en amertume, son âme sembla briller un peu moins fort, racornie sur elle-même comme si elle avait séchée sous un soleil de plomb pendant trop longtemps. Il n’était pas fait pour ressentir de la haine ou de la colère, pas de cette façon-là… et il en voulait à Kaleï, il en voulait aux siens… il en voulait à tout le monde de le conduire à cette extrémité. Il en voulait au reste du monde de n’être qu’un monceau d’égoïsme, et si une seule voix, faible et mourante au fond de lui, chuchotait péniblement entre deux râles que non, il existait aussi des êtres bons en ce monde et qu’il en connaissait certains, il sembla totalement sourd à ses paroles. Ces derniers mois n’avaient été qu’amertume, désespoir et déception alors qu’il ouvrait davantage les yeux sur la nature du monde tel que les peuples l’avaient perverti, sur la nature également de son état depuis déjà longtemps. Ingrats. Egoïstes créatures qu’ils étaient tous. Pourquoi même aurait-il désiré poursuivre cette vie et continuer de s’échiner autant que possible pour eux ?! Même le jugement des esprits ne lui infligeait aucune crainte. Qu’ils le juge donc ! Eux non plus n’avaient strictement rien pour le faire. Eux aussi étaient coupables. Eux aussi étaient imparfaits et vils. Alors qu’ils le jugent ! Qu’ils fassent tous ce qu’ils voulaient de lui il n’en avait plus rien à faire. Qu’ils détruisent même son âme et ne la laisse plus jamais s’incarner… qu’importe. Qu’ils l’offrent même à Néant. Elle y trouverait peut-être une once de satisfaction et lui en profiterait pour lui cracher au visage une dernière fois puisqu’alors la fatale et implacable ironie, puante de cynisme, voudrait que la boucle de son action soit bouclée sur un espoir qu’il ne désirait plus apporter. Et alors qu’elle se relevait, laissant ses larmes couler, il crut devenir fou de rage et de détresse. Pourquoi ? Par tout ce qui existait, pourquoi devait-il encore se sentir coupable et triste de la blesser ?! Pourquoi devait-il ressentir l’envie irrépressible de la soigner, de la consoler, alors même qu’elle le torturait et voulait le tuer ?! Qu’avait-il dans les veines pour être à ce point faible et sans volonté ?! Ne pouvait-il même pas être en colère et s’y tenir, même en cet instant ?

Pourquoi… pourquoi fallait-il qu’il ressente le besoin de l’aider alors qu’elle était aussi responsable que les autres ? Et elle qui était-elle ? Il avait envie de cracher qu’elle n’était rien de plus qu’une autre égoïste, qu’une autre aveugle, une autre de ses tortionnaires. Et il avait envie de la rassurer, de lui dire qu’elle comptait aussi, que ce n’était pas parce qu’il avait fait ces choix-là qu’il l’avait oublié, qu’elle aurait toujours une place dans son cœur. Plus que tout, il avait envie de s’effondrer et de maudire le reste du monde, de pleurer et de hurler de colère. Fermé, même à la présence de Shaynar, il restait pourtant parfaitement droit, face à elle… attendant. Il semblait incapable de ne pas se contenir, de ne pas faire face. Non il ne s’effondrerait pas, pas plus maintenant qu’auparavant. Il n’en avait pas le droit. Et cela le rendait plus amer encore. Quand avait-il honnêtement eut le droit de ressentir ses sentiments, de vivre comme un être mortel imparfait et pas comme tout le monde le désirait… Certains argumenteraient qu’il le pouvait bien, qu’il lui suffisait de faire ce choix-là. Ceux-là, il espérait bien les voir mourir dans d’atroces souffrances tant leur bêtise était cataclysmique. Et le fait que Kaleï en fasse sans doute parti n’arrangeait rien. En cet instant, il la haïssait de tout son corps, haïssait tous les elfes. Lyroë, Galadrielle, Eliowir, Elrond… tous. Si l’on avait regardé en lui pour trouver son âme en l’instant, on l’eut trouvée flétrie et sèche comme une feuille craquelée sur le point de s’envoler dans une brise désertique. Et on lui eut encore reproché cela, certainement. S’il avait compris ce qu’il avait fasse à lui ? Peut-être bien. Il était encore moins disposer à se laisser tuer avec cela. Que ressentait-il personnellement, intérieurement, intimement ? Ressentait-il seulement quelque chose ? Ce n’était qu’une déception de plus, mais il n’avait plus assez de lui-même pour y réagir véritablement. Il observait vaguement cette révélation, d’un œil morne. Se demandant simplement ce qu’il avait bien pu faire pour qu’elle le trouve à son goût, se demandant simplement pourquoi ‘on’ continuait de le torturer alors qu’il n’avait plus rien à offrir, plus aucune sensation neuve. Il était usé jusqu’à la corde. Fatigué oui… si fatigué.

La fatigue était un poids, une chape de plombs sur lui, plus lourde encore que lors de son entrevue avec Korentin. Il bougea à peine, plus par mécanisme qu’autre chose et s’il sentit distinctement l’arme s’enfoncer dans son ventre, la douleur ne vint pas tout de suite. La réalisation eu la primeur de son être, alors qu’il notait, détaché et vide, d’un vide parfaitement abyssal, qu’elle l’avait finalement touché. « Ah ...» fit-il simplement avant que la douleur n’explose en lui, mettant fin à son monde, à son univers, envahissant le moindre recoin de son être. Il avait l’habitude de la douleur… mais pas des blessures physiques. Il avait l’habitude de sentir son sang quitter son corps lorsqu’Eliow se nourrissait de lui… mais il n’avait jamais ressenti la vie le quitter ainsi. C’était étrange, glaçant. Une part de lui, instinctive, animale, était terrorisée et se débattait, hurlait au fin fond de lui, geignant de douleur. Mais aucun son ne passait ses lèvres. Il s’affaissa sans un son de plus, les yeux grands ouvert alors que l’impact de la douleur le saisissait toujours, l’enfermant dans une bulle. Il porta une main à son ventre, péniblement, et la sensation liquide fut suffisante… Il respirait plus lentement, observant la terre dans son champ de vision sans vraiment la voir. Il n’avait jamais eu peur de la mort. La réaction instinctive de l’être vivant qu’il était ne comptait pas. Il affronterait cela comme le reste puisqu’il n’avait plus le choix. Il n’entendait plus la voix de Kaleï… par contre il entendait son propre cœur et les milles et un son du monde, avec une puissance encore décuplée, comme si, soudainement, il avait été toutes ces choses. La colère et la haine le quittèrent comme le sang de sa plaie béante. Ne resta que le calme profond et le goût du sang remontant dans sa bouche. Il savait très exactement quels dégâts elle avait causé… et aurait sans doute pu s’amuser, froidement, de savoir qu’il aurait été en mesure de les soigner s’il n’avait pas été la victime. Son esprit s’ouvrit sous la présence de Shaynar qui forçait le verrou. Le dragon était un nexus d’émotions intenses. Il revenait vers lui. Détaché, l’elfe ne put que s’excuser auprès de lui… il allait subir une autre mort par sa faute. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu.

Il serra la main qui avait pris la sienne, espérant attirer son attention. Réussite. Il la laissa se pencher, toussant un peu et frissonnant sous l’horrible douleur. Mais il prit sur lui, et quand il parla, sa voix était claire et résolue, encore consciente. « Tu n’es pas mauvaise Kaleï…. On a tous une part de ténèbres en nous… mais elle ne t’a jamais guidé. Jusqu’à aujourd’hui » Il inspira péniblement « Tu es une bonne personne, qui fait parfois de mauvais choix. Je n’avais rien à t’apporter. Je n’avais rien à guérir en toi » Il eut un sourire même si un sourire sans joie. « Ça n’est pas pour ça que tu n’avais pas de place dans mon cœur. Tu en as…. Toujours eu une. Toujours. Et ça ne changera pas… » Il cracha un peu de sang puis reprit, plus difficilement, le froid et l’engourdissement progressif le gagnant « Même si ce n’était… pas celle que tu attendais… » Une vague particulièrement virulente de douleur brisa son calme et le fit horriblement grimacer. Il s’entêta pourtant. Il lui restait quelque chose à faire. Shaynar tambourinait dans son esprit, en route pour le rejoindre… Dans un sursaut, il absorba toute la magie de la trame autours de lui pour sustenter son corps affaibli et lâcha un ordre qu’elle ne pourrait refuser ni combattre. « Part Kaleï, part et ne revient pas… Vit Kaleï… » Il lui lâcha la main, se serrant sur lui-même en un spasme d’agonie et perdit un instant connaissance. Le monde autour de lui s’était tu... la fin approchait à grand pas. Bientôt cette partie du voyage serait achevé. Dans un ultime sursaut de conscience, il essaya de s’éloigner de Shaynar. Il ne savait pas si leur presque lien le condamnait à la mort en même temps que lui, et n’avait pas le temps pour les hypothèses. Il fallait qu’il se décroche de lui… Il fallait qu’il… Il fallait… fallait…

S’il on avait cherché son âme en cet instant, on ne l’aurait pas trouvé. Le vent avait emporté ses lambeaux délicat, la flétrissure l’avait consumé jusqu’au bout. Tout ce qu’il en restait ne remplirait même pas une graine de coriandre.

Ne disait-on pas que les elfes mourraient tout aussi sûrement d’avoir le cœur brisé que d’une blessure. Même s’il avait pu se soigner, se sauver… il n’en aurait sans doute pas réchappé.

Elle ne tenait même plus dans un grain de poussière…
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 11:07

Il n'avait même pas eu un gémissement en tombant, pas une plainte. C'était tout lui ça, que de souffrir en silence... Inconscience ou courage ? Le mélange d'irritation et d'admiration qu'elle en ressentait la rendait perplexe, il avait toujours été très doué pour la perturber de toutes manières, ça ne changeait pas. Et ça n'allait sans doute pas s'arranger à cet instant où elle se penchait sur lui pour écouter ses dernières paroles. Elle n'était pas mauvaise hein ? Elle secoua la tête, la gorge serrée :

"Tu n'en sais rien... Tu ne sais pas tout ce que j'ai pu faire pour en arriver là."

Déserter n'avait été que le tout premier acte d'une longue tragédie qui aboutissait à la mort du baptistrel. Elle avait aussi volé, mentit, trahit... Tout ceci sous couvert de faire justice mais à présent elle savait qu'il n'y avait pas eu que cela et qu'elle avait aussi voulu se venger. Une cause bien moins noble que la première quand elle y songeait... Mais il ne pouvait pas savoir, ou plutôt si... La réalité lui sauta au visage et son regard s'égara vers son épée abandonnée un peu plus loin. Elle n'était plus protégée par son enchantement, il pouvait donc lire en elle. Elle était néanmoins trop lasse pour s'y opposer et elle ne fit aucun geste pour récupérer Naërgon. La lame avait accomplit son office, elle n'en voulait plus. Tant pis si Merithyn comprenait tout, tant pis si il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Elle s'était effectivement laissée guider par une part mauvaise d'elle même, elle le savait à présent mais ça ne changeait rien au fait que ça avait été nécessaire. Il devait mourir, c'était ainsi que les choses devaient se passer.

Il respirait péniblement et elle s'aperçu qu'elle avait aussi retenu son souffle. Elle relâcha l'air emprisonné dans ses poumons lentement, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour ne pas sombrer pour de bon. Pour repousser cette part mauvaise maintenant qu'elle l'avait aidé à faire ce qui lui avait été nécessaire. Elle ne voulait plus d'elle, comme Naërgon ça avait été une arme indispensable à son projet mais à présent elle devait s'en débarrasser. Elle n'était pas mauvaise, pas uniquement... Elle avait un peu de mal à y croire mais puisque c'était un baptistrel qui le disait alors elle pouvait bien s'y raccrocher non ? Rien à guérir en elle... Oh si, il y avait toujours quelque chose à guérir. Mais il était vrai qu'elle n'avait jamais été aussi abimé que d'autres personnes vers qui Merithyn s'était tourné. Et ce... Ce prince noir. L'était-il à ce point ? Elle avait du mal à y croire tant il semblait puissant et inaccessible, mais là encore c'était la parole d'un baptistrel qui résonnait entre eux.

Elle serra la main qui semblait s'affaiblir en entendant dire qu'elle avait bel et bien eu une place dans son coeur, sentant le sien se serrer plus que douloureusement à ces mots. Elle aurait voulu le haïr jusqu'au bout mais elle n'y parvenait pas. Elle était bien obligée de réaliser enfin qu'au final elle ne l'avait jamais détesté tout à fait. Elle avait détesté le changement en lui, elle avait détesté ses choix, mais il était resté son ami, tout au fond d'elle-même. Et c'était un ami qui mourrait de sa main. Des regrets ? Non, toujours pas. Mais la peine, encore. Non, cette place là n'avait pu suffire à la satisfaire, mais c'était pour cela qu'elle l'avait tué. Son seul regret était celui là, elle aurait voulu le tuer uniquement pour une bonne cause.

« Part Kaleï, part et ne revient pas… Vit Kaleï… »

Un sursaut la prit devant le ton impérieux qu'elle ne pouvait repousser. Elle voulait... Elle aurait aimé... Mais non. Il ne voulait pas qu'elle reste à ses côtés, il ne la laisserait pas se meurtrir plus profondément même si cela devait le condamner à mourir seul. Là encore, il faisait preuve d'une force mentale impressionnante, d'un terrible don de compassion qui l'amenait à nouveau à se sacrifier pour quelqu'un d'autre. Elle se mordit les lèvres jusqu'à sang tandis que la magie la poussait à se relever et résista juste assez pour trouver encore le temps de se pencher sur lui :

"Merci Merithyn... Merci pour le bien que tu as fait en ce monde..."

Et tant pis pour le "moins bien". Elle voulait l'oublier, il payait déjà non ? Elle avait veillé à ce que ce soit le cas. Et quand elle y réfléchissait, elle était à peu près certaines que le bonheur et le soulagement qu'il avait apporté à certains contrebalançait largement le reste. Cela ne suffisait pas à ses yeux, elle n'était pas de ceux qui pensaient qu'on pouvait contourner la justice de cette manière, mais c'était de son devoir de le remercier. Au nom de tout ceux qui auraient aimé pouvoir le faire.

Elle se releva enfin, acceptant l'ordre qui n'aurait de toutes façons pas toléré qu'elle fasse autrement. Nass réintégra sa main sans qu'elle daigne jeter un seul coup d'oeil à Naërgon qui gisait, abandonnée. Enfin, avant que son pas léger ne s'éloigne, elle murmura :

"J'espère que tu trouvera la paix... Enfin..."

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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 12:33

Un peu plus tôt, non loin des sanctuaires des perles :

Un grain de poussière dans un océan de brume. La vision était belle, et il avait du mal à s'en détacher alors qu'il aurait dû méditer bien loin des réalités mortelles de cette terre. Une terre meurties, désertée de toute vie et qui disparaîtrait bientôt tout à fait sous la colère méthodique d'un Esprit malade et ô combien conforté dans ses dangereuses certitudes par la bêtise des vivants. Par la sienne aussi.. Il aurait dû voir venir une telle possibilité. Pourquoi ne l'avait-il pas vue ? Où avait-il fauté exactement ? Il n'aurait su le dire, mais le résultat était là. Et il avait mal de la douleur que ressentaient ceux qui étaient liés à cette terre.

L'argent de ses prunelles suivaient le grain fragile, si fin qu'il en devenait presque invisible. Seul le rayon insolent du soleil osant encore se frayer un chemin jusqu'aux alentours des sanctuaires permettait à l'oeil de le percevoir. Et cela fascinait le Tarenth. Cet acharnement de Feu qui ne voulait baisser les bras alors même que ses frères s'étaient retirés un à un de ce lieux déserté de toute magie. Feu... Sans doute le plus énergique des Esprits, le moins malléable aussi. Il ne céderait qu'au tout dernier moment, à l'extrême limite de ses forces. Et alors tout s'éteindrait ici, il ne resterait plus rien. La lumière elle-même aspirée par le vide sans retour.

Il cligna des yeux pour la première fois depuis bien des heures, perdant la minuscule perle dorée qui n'attendait apparemment que ça pour s'eclipser. La lumière lui chatouillait le nez mais il s'était déjà concentré vers l'avenir, un avenir tout proche, du présent quasiment. Un autre grain de poussière à bien des lieux à l'est... Un fragment d'âme si fragile que Feu lui-même et ses rayons ardents ne parvenaient quasiment plus à le rendre visible. Le Feu... La douleur. Shadowsong.

Il l'avait retrouvé. Non pas qu'il l'ai vraiment perdu à un seul moment, mais là il était directement relié à son destin et à ce qui était sans doute en train de lui arriver à l'instant même. Une blessure, mortelle. C'était la mort de l'elfe qu'Edwyn venait de voir. Et cela, il ne pouvait absolument pas le tolérer. Ce n'était pas le bon moment, ce n'était pas la bonne façon. Le Gardien s'était condamné tout seul, et même pas tout seul d'ailleurs, au moment où il avait accomplit son blasphème, mais là c'était bien trop tôt. Et ça n'apporterait rien de bon en plus... Il devait lui faire prendre un autre embranchement, et espérer que cela ne provoquerait pas d'autres catastrophes imprévues.

La vision s'estompa, et il s'autorisa un soupir. Ses muscles délicats s'étirèrent avec lenteur tandis qu'il reprenait pied dans la réalité, frissonnant sous l'action perfide de la brume dans laquelle il baignait. Il devait dépenser une somme colossale d'énergie pour rester ici sans sombrer, et une autre d'un autre genre pour ne pas céder aux murmures de Néant qui l'appelait à elle. Il n'était revenu ici que depuis peu après s'être reposé près d'un mois dans un sanctuaire connu de lui seul. Ce repos avait été indispensable pour reconstituer sa colossale réserve magique presque entièrement épuisée, et voilà qu'il s'apprêtait à puiser à nouveau dedans sans vergogne ! Il connaissait de nombreux sorts épuisants, mais le sort de téléportation était sans doute l'un des pires. Pourtant, il n'avait pas le choix.

**********

Tout près du lieu de l'affrontement, dans le présent :

L'air était lourd de sang et de tristesse. Mais il demeurait moins visqueux et terrible que celui des vieux bois. Point de brume ici, point encore... Le soulagement était tel pour Edwyn qu'il prit un petit moment après sa téléportation pour humer cette douceur odeur de vie qu'il avait quasiment oubliée. Vie... Le souvenir d'une épreuve passée remonta à son esprit et il soupira à nouveau. Il avait du travail.

Son pas tranquille le conduisit directement sur le lieu de la scène. Il en ressentait encore les vibrations et la présence passée de l'elfe guerrière qui couraient à présent vers un royaume qui n'était plus. Elle ne pouvait pas le savoir bien sur... Elle avait été trop aspirée par sa quête pour seulement se tenir au courant des derniers événements. Mais ce n'était pas bien grave. Son avenir était clair, elle allait tomber sur le dernier groupe elfique en migration, elle pleurerait ses forêts puis elle rejoindrait la rébellion après avoir purgé la peine liée à sa désertion. Un destin bien tracée... Et qui s'arrêtait net dans la souffrance et le sang au coeur d'une bataille qui approchait et contre laquelle Edwyn ne pouvait rien. C'était là son avenir légitime, sa fin naturelle. Mort prenait ce qui lui était dû et les Tarenths n'avaient jamais eu de problèmes avec ça.

Sauf aujourd'hui. C'était ce qu'il pensait en dardant ses prunelles d'argent sur la petite silhouette solitaire recroquevillée au sol. Le dragon approchait... Il serait bientôt là, et il rugissait sa peine et sa douleur en glissant lentement vers le précipice. Il allait mourir... Il ne résisterait pas à un second deuil, et ce n'était pas là la fin naturelle de son existence. Shaynar... Le premier-né. Il n'était pas né pour mourir ainsi, tout comme Merithyn n'avait pas vécu sa deuxième naissance pour une telle fin. Mort n'avait pas prévu cela, aussi Edwyn était-il en droit d'intervenir. Ce qu'il fit, en rappelant implacablement l'âme meurtrie de sa voix altière de multimillénaire :

"Tu va mourir Merithyn."

Irrésistiblement rappelée, l'âme trembla contre lui, comme rechignant à se laisser manipuler et à finalement revenir à son corps mortel. Mais il ne céda pas, et c'est avec une dureté implacable qu'il la renvoya dans son enveloppe de chair :

"Mais pas aujourd'hui. Moi Edwyn le Fondateur, premier des Dragonniers et maître de l'Oeil au sinistre Destin, je te l'interdis."

Le dragon était là, fou de rage et de douleur. La terre trembla quand il se posa lourdement devant le Tarenth, tempête de crocs, piques et griffes acérées qui déchireraient le frèle bipède dans une tornade de violence horrifiée qui ravageait l'esprit du noir en le plongeant dans une folie que nul être de ce monde n'aurait pu guérir. Mais Edwyn n'était pas de ce monde.

Le dragon feula en s'apercevant qu'il ne parvenait pas à déclencher véritablement son attaque contre cet étranger immobile devant son presque lié. Puis gronda de fureur et de soudaine frayeur quand il sentit son énergie s'envoler. Edwyn puisait en lui comme dans un énorme réservoir de puissance, le soumettant sans effort à sa volonté en façonnant sans hésitation le Lien si pur qui n'était ni plus ni moins que sa création. Sous sa main, le lien en question devint un vortex qui transféra directement l'énergie ancestrale vers le corps Elfique, le Tarenth agissant en véritable pilier pour soutenir la connexion plus profonde que jamais entre le dragon et son lié. La blessure s'effaça comme un souvenir ancien à mesure que le lien se raffermit encore, et enfin Edwyn s'effaça pour les laisser seuls, seuls face à ce qui venait de se créer. Avant même que le baptistrel ne réouvre les yeux, le Tarenth su qu'il était de retour parmi eux et calmement, ordonna :

"Debout. Dragonnier."

Shaynar gronda devant tant d'autorité, mais un regard du Tarenth le fit taire et il recula d'un pas, oscillant entre la joie d'une telle scène et la terreur qu'il ressentait pour celui qui était désormais entièrement sien. Eperdu, son esprit effleura l'âme du baptistrel désormais étroitement liée à la sienne.

"Merithyn... Il va te faire du mal..." se lamenta-t-il.

Il le sentait, il le savait. Cela se lisait impitoyablement dans le regard ancien et quasi insoutenable de l'antique créature. Le Tarenth reprit la parole, et dans sa voix résonna clairement l'écrasante autorité du Fondateur de ce qui était désormais leur Ordre :

"Tu sais qui je suis... Tu m'attendais."

Ce n'était pas une question. Il laissait simplement le temps au baptistrel de se remettre un minimum de ce qui venait de se passer, et de replacer ses idées dans le bon ordre au sein du chaos que devait être son esprit.
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeSam 27 Sep 2014 - 16:25


Il ne l’entendit nullement. Il ne la vit nullement partir. En vérité, il ne vit pas non plus Shaynar approcher, désespéré, pas plus que l’intrus sans âge et bien décidé à se mêler de sa destinée. Non, il n’avait conscience de rien, perdu dans les limbes de l’agonie finale, à quelques battements de cœur de sa fin définitive. Son âme, minuscule désormais, quittait lentement son réceptacle de chair meurtrie pour s’élever sur les ailes du corbeau messager. Petite graine s’effritant rapidement, il ne restait guère plus de lui que quelques infimes miettes d’une essence usée jusqu’à la corde, rongée et sèche après avoir donnée d’elle-même en ce monde. Inerte noyau racorni qui n’attendait plus rien… et qui souffrit pourtant plus encore d’être ainsi rappelée au monde des vivants à l’instant précis ou son cœur cessait de battre. Durant une étrange seconde, il mourut, le monde n’étant plus rien à ses yeux. Puis subitement, son cœur tressautant et une onde de douleur d’une effroyable intensité le traversa, manquant éparpiller ce qui restait de son être. Une impulsion magique brute plantant les griffes dans les lambeaux misérables de son âme et lui interdisant le trépas, le ramenant sans merci vers son corps ravagé… Le grain de sable qu’il était tressauta, sans défense contre cette horrible douleur, et tenta faiblement d’y échapper, de poursuivre son voyage coûte que coûte. Mais il était tellement fatigué… l’énergie lui manquait et il réintégra donc la dépouille mortelle qui était lui sans l’être désormais totalement. L’âme se fondit à nouveau dans le corps, et pourtant il y avait là un immense vide. Une seule, frêle racine, prit naissance là, à l’intérieur de ce fourreau de chair aussi friable que son âme mais la douleur ne prenait toujours pas fin, ne lui laissant aucun répit alors même qu’il ne désirait rien plus que de s’étioler, ne souhaitant pas même le repos de Mort, simplement cesser d’exister totalement.

S’il avait eu une voix sur l’instant, s’il avait eu la moindre conscience, sans doute aurait-il hurlé sans honte. Il aurait hurlé de tous les sentiments que ce pitoyable corps pouvait ressentir. Il aurait hurlé tout cela librement et tant pis pour le reste. Mais il ne le pouvait pas. Ame prise au piège, incapable d’échapper à l’afflux d’énergie qu’elle ne désirait pas, elle tremblota à nouveau, vibrant violemment et manqua éclater et s’éparpiller simplement dans le corps qu’elle habitait sans plus de cohésion. Le lien qui s’établissait entre ses restes et le dragon le brûlait, comme l’aurait fait de l’alcool sur une plaie béante, mais à un niveau bien plus profond et plus élevé… Réceptacle une fois encore, il sut que la blessure avait disparu alors qu’on cousait à ses restes un morceau d’âme qui était sien sans l’être, car il appartenait à une autre créature. Une autre créature avec qui il avait été lié et avec qui il était à nouveau lié. Mais pas de la même manière. Ce lien-là était encore plus profond, encore plus puissant. Presque trop pour être supporté par ce qui restait de lui. Ce lien seul semblait l’ancrer réellement dans cette réalité qu’il aurait voulu quitter. Il mit pourtant beaucoup de temps à cesser de souffrir, à vif et frémissant. Il mit plus de temps encore à accepter cette autre partie de lui… à accepter que celle-ci le ramène lentement à la conscience corporelle. Ne pouvait-il simplement être laissé à son destin ? Ne pouvait-on simplement accepter qu’il ne voulait plus rien avoir affaire avec ce monde ? Il semblait bien que non et il n’avait aucun moyen de refuser la force impérieuse qui le guidait vers le bas. Une force qu’il connaissait pourtant, une âme dont l’empreinte était apposée à la sienne….

Shaynar… Il prit pleinement conscience du lien bien avant que la conscience ne lui revienne. Comme un nectar d’une douceur presque irréelle, presque trop bienfaiteur pour être véridique, sa présence dilua sensiblement toute l’amertume et le désespoir mêlé de haine que ressentait son âme réduite à un reliquat pathétique. Il prit lentement la mesure de leurs êtres unis, du flot d’énergie qui ressemblait à ce qu’aurait dû être la lueur d’un soleil véritable. Leurs âmes battant ensembles. Celle immense, forte mais encore tremblante de leur fin manquée, du dragon, et la sienne, vague et morose petite chose, poussière dans une dune colossale. N’ayant aucune notion du temps, son âme prit son temps, car même soutenue et adoucie par Shaynar, elle restait sèche et froide, réticente à accepter de revenir pleinement à l’état de créature mortelle et méprisable. Ne pouvait-elle pas simplement restée avec sa jumelle, son amante draconique, dans l’immensité sans substance de leur lien, à défaut de cesser d’exister ? Mais on l’en empêchait. Un importun ne voulait pas lui laisser cette opportunité. On l’agaçait et on la harcelait silencieusement… Elle descendait inexorablement jusqu’à l’instant où son corps fut à nouveau sous son contrôle. La douleur une nouvelle fois, le frappa avec délectation. La douleur du corps, de l’ancienne blessure à présent refermée. Mais également la détresse que la lourdeur pataude de la défroque de chair lui infligeait. Il semblait si lourd ! Si terriblement gauche et grossier ! Pourquoi voulait-on le renvoyer dans un réceptacle aussi grossier ?! Il sentait oui… la solidité de la terre sous lui, ses bras et jambes… les sensations revenaient rapidement à présent, d’abord engourdies, puis acérées, terriblement mauvaises dans leur volonté d’ancrer ce minuscule éclat de sable dans la réalité du monde d’en-bas. Ses sens revirent également, brouillés et chaotiques…

Et avec eux revint la magie. Pendant une brève seconde d’un terrible et angoissant silence, son âme manqua se déchirer de nouveau, de peur cette fois. Mais la seconde passa et le monde s’emplit immédiatement de millions, milliards de vibrations… Pourtant son esprit embrouillé et en plein désordre ne semblait pas devoir fonctionner. Il ne comprenait pas les mots, il ne comprenait pas les sens. Tout ce qu’il comprenait était cette certitude affreuse d’être à nouveau en vie. Son cœur battant au sein de sa poitrine meurtrissait encore davantage ce qu’il était mais ce ne fut rien comparé au supplice d’ouvrir enfin les yeux. Il voyait oui… Il voyait chaque détail de chaque élément de la scène et pourtant, un voile terne couvrait tout cela. La luminosité lui faisait affreusement mal mais il souffrait plus encore de cette étrange vision. Rien ne valait vraiment d’être vu. Rien ne valait vraiment posséder des couleurs ou une définition… Un instant, il souhaita être aveugle plutôt que de devoir contempler pareil spectacle, qui le laissait las et détaché, complètement indifférent. Il accueillit le contact de sa moitié d’âme, de Shaynar, sans une seule réaction, ne comprenant rien à ses paroles. Il n’avait pas besoin de mots cependant… et pourtant le concept même que le dragon craignait lui était aussi étranger que ses mots qui n’étaient que des sons inarticulés pour lui. Du mal ? Il n’avait que ça. Il souffrait toujours sourdement, dans le corps, mais ça ce n’était qu’une réaction triviale… il souffrait en son âme meurtrie et écrasée, déchiquetée et impossible à reconnaître. Il souffrait alors un peu plus ou un peu moins… Qu’il, qui que soit ce il, le fasse donc souffrir plus encore. Peut-être en vérité était-ce simplement pour cela qu’on l’avait rappelé… et si c’était cela, alors qu’il prenne ce qu’il voulait, de la souffrance si c’était là ce qu’il cherchait, et le renvoi ensuite à son Néant, il n’en serait pas plus malheureux. C’était injuste envers Shaynar, mais il n’en avait strictement rien à faire. Il avait passé sa vie à comprendre les autres, à eux de faire un effort désormais. Pourtant il aimait Shaynar, leur lien même raffermi n’était encore qu’une pâle imitation du soleil d’amour, d’affection sincère et de tendresse profonde qu’il approuvait pour le noir…

Mais il n’arrivait pas à penser autrement. Il ne ressentait rien si ce n’était cette douleur, aucun sentiment si ce n’était cette indifférence lasse… Il était vivant à nouveau, mais son âme affaiblie et mourante rejetait jusqu’à son corps qui ne semblait plus être totalement le sien. Rapidement, il découvrit qu’il était incapable d’émettre le moindre son… Mais cela ne l’empêcha pas de transmettre distraitement de quoi rassurer Shaynar. En réalité il doutait fortement que cela le rassure, mais c’était ce qu’il fallait dire, simplement. Il serra Shaynar intérieurement, lui offrant l’immobilité solide de la détermination et plongeant en lui sans hésiter, goûtant cet espace impalpable qui n’appartenait qu’à eux. Il ne sentait plus rien non, rien ne l’atteignait car rien n’était pareil à son âme qui vacillait au bord de l’abîme, encore si faible. Mais il aimait Shaynar. Plus que tout. Peut-être n’aimait-il que lui à présent, que rien d’autre ne comptait que l’ardente présence qui le faisait se sentir plus vivant que tout ce que lui-même était, sentait et émettait. Je t’aime Shaynar. Voilà bien ce qu’il transmettait au travers de cet étrange stérilité qui l’habitait… Parvenant enfin à se redresser péniblement, il changea son point de vue sur la scène. Ses gestes étaient gauches, lents, comme un noyé en eau profonde, et en même temps raides de tout ce qui l’habitait. Sa main buta contre un caillou, s’écorchant, et il l’observa un instant avec détachement, comme si la scène ne le concernait absolument pas. Tout cela lui semblait mécanique et lointain, dépourvu du moins intérêt. Puis son regard se porta sur son abdomen et la blessure béante et répugnante qui aurait dû s’y trouver. Il n’y avait plus rien. Finalement, comme prenant enfin conscience de sa présence, et du fait que c’était le fameux IL qui effrayait son lié, il releva les yeux sur lui…

Son regard à présent sombre, rendu héraldique par la mort éphémère et la douleur, la souffrance encore plus morale, psychologique, que physique. La souffrance d’une âme dont le soleil s’était finalement couché, comme la lueur d’or du feu qui n’était plus que braise en lui, laissant sa peau blême à l’extrême, en un teint presque cadavérique… Il posa son froid regard sans brillance, sans vie, dans celui, argenté, qui le toisait et l’y laissant sans même ciller. Il l'y laissa alors qu’il se relevait finalement, mécanique, pour s’avancer vers lui comme dans un songe. Puis, il s’arrêta juste devant lui. Et là, un bref instant, la vie sembla enfin traverser le linceul laissé par le désespoir qui le possédait. Un bref instant, ses yeux s’illuminèrent, semblant convoquer tout ce que son corps rigide et dénué rejetait… la tristesse infinie, le soulagement improbable, l’acceptation et la résignation, la reconnaissance et la joie… mais ce ne fut qu’une simple lueur, presque un jeu de soleil dans ses prunelles éteintes avant qu’elles ne retrouvent cet aspect terne et sans éclat. Pourtant cette simple luminosité parlait davantage que tous les mots, tous les discours de la terre et d’ailleurs… Peut-être n’avait-il pas entendu auparavant les mots qu’on lui avait adressés, peut-être n’avait-il simplement pas compris. Mais ce simple éclat, aussi pur et innocent que la première lueur d’un jour nouveau, était une réponse autant que le soubresaut de son âme fichée dans son corps par le fer de lance d’un lien millénaire et magnifique. Oui, je t’attendais… maintenant fait… fait ce que tu dois…
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MessageSujet: Re: Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Honte à toi, Baptistrel [PV Meri] Icon_minitimeDim 28 Sep 2014 - 12:42

La souffrance... Il l'avait ressentie à une échelle inimaginable lorsqu'il avait forcé l'âme du baptistrel à réintégrer son corps. Il n'avait pas prit de précautions particulières pour empêcher cela, il ne le pouvait pas de toutes façons et il ne voyait pas pourquoi il l'aurait fait. La souffrance était un passage obligatoire pour tout être vivant, et elle devenait même indispensable pour leur permettre de prendre la mesure de certains de leurs choix. Il avait lui-même assez souffert physiquement et surtout moralement pour savoir à quel point cela pouvait entrer dans le processus de reconstruction d'un être. D'ailleurs ce n'était pas comme si on pouvait y échapper.. Cela aussi, il ne le savait que trop bien.

Il lui laissa le temps. Des tonnes de temps à ce qu'il semblait, et ce malgré l'échelle démesurée de sa propre éternité. Un bien drôle de concept que le temps qui semblait parfois filer comme un trait de lumière et qui à d'autres moment s'étirait, s'étirait... C'était ce qui se passait à cet instant et le Tarenth patientait calmement, laissant à l'âme meurtrie le temps de recul indispensable qui lui permettrait de s'éveiller à nouveau et de prendre à la fois la mesure des dégâts et de la marge de manoeuvre qui lui restait. De la chance aussi qui lui était offerte, même si elle n'en serait peut-être pas consciente immédiatement. Ou en partie seulement... Le Lien nouvellement établit pulsait sous ses yeux, directement visible pour son créateur. Il en ressentait la puissance avec un certain sentiment de fierté quasiment paternelle, depuis quand n'avait-il pas offert le Lien à quelqu'un ? Il avait même cru que cela s'était perdu, que les dragons vivant encore à ce monde étaient tous retournés à l'état sauvage et une intense émotion l'avait envahit quand ses visions lui avait montré ces nouveaux dragonniers certes moins bien dégrossis que les premiers... Des pierres brutes que nul n'avait taillé et qui ignoraient encore tout de leur propre potentiel. C'était à la fois triste, émouvant, et aussi terriblement excitant de s'apercevoir que le Lien vivait à présent sans lui. Comme si son enfant avait fait ses premiers pas pendant qu'il avait le dos tournait, et galopait à présent à toute allure vers une évolution que lui-même était incapable d'imaginer.

Enfin si. Il l'imaginait un peu trop bien en ce qui concernant celui qui unissait désormais Shaynar et Merithyn. Et ça l'emplissait de tristesse. Mais il avait voulu leur offrir cela, au moins une fois. Le presque Lien était un état transitoire qui l'avait emplit de perplexité en premier lieu, mais qu'il comprenait mieux à présent. C'était une bonne chose au final que le Lien ne s'établisse pas trop vite en dehors de son contrôle. Cela pourrait être dangereux aussi bien pour le dragon que pour le lié bipède. Il fallait du temps pour sonder deux âmes et s'assurer qu'elles allaient bien ensembles. Lui avait le pouvoir de le faire en quelques secondes, mais la nature avait trouvé le moyen de contourner le problème et ça convenait très bien au Tarenth. Il ne voulait surtout pas que son invention devienne une source de malheurs et de catastrophes. Il en avait déjà provoqué beaucoup, et le Lien était certainement la seule et unique chose dont il était véritablement fier et qu'il ne regretterait jamais.

Son regard s'était presque adoucit pendant qu'il contemplait la beauté irréelle du lien, puis le dragon lui-même. Il sentait la crainte impuissante de celui-ci, désireux qu'il était de protéger son dragonnier. Mais du dragonnier lui-même, il ne ressentait pas grand chose. Ou rien de bien réjouissant. Son âme était fragilisée, flétrie, presque détruite. Il serait difficile de réparer de tels dégâts, même un minimum. D'autant plus qu'il allait le faire souffrir plus encore. Il n'y prenait pas plaisir, mais n'en était pas heurté non plus. Là aussi, c'était indispensable. Et si un être au monde possédait la force de faire ce qui devait être accomplit, ce devait être lui. C'était donc son devoir.

"Shaynar ? Nous partons vers l'Ouest. Maintenant."

Il avait parlé sans quitter l'elfe du regard, plongeant la clarté infinie de l'argent dans le terne paysage désolé qui lui faisait face. Il ne restait plus grand chose du baptistrel, mais c'était mieux ainsi. C'était ce qu'il fallait. Et la lueur furtive qu'il avait aperçu l'instant parlait pour tout le reste. Parce qu'elle était là, il ferait ce qu'il devait...
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