Mi Octobre

C'était une journée calme qui suivait son cours en cet instant, il n'y avait pas grand-chose à faire aujourd'hui pour le régent en dehors de la gestion de la paperasse et des quelques menus détails concernant l'envoi de troupes à l'Ouest du continent. C'était donc un jour où Ostiz pouvait prendre un peu de repos avant de reprendre plus tard de plus belle. Et ce jour, il avait décidé qu'il pourrait peut-être le passer en compagnie du noble Cynoë qui devait être encore en train de s'habituer à Gloria et à l'univers de la cour impériale Glorienne. Où se trouvait le dragon ? Dans le jardin de ce que savait Ostiz, ce qui n'était pas plus mal d'ailleurs, car le jardin du palais sans non plus être vide de monde était assez paisible.

Ainsi, le régent ne tarda guère à retrouver le dragon qui était en train de prélasser au milieu du jardin impérial. Celui-ci comme toujours témoignait de la noblesse et de la majesté naturelle des dragons rien que par sa simple présence, ce qui était un spectacle dans les faits assez inhabituel à contempler par ici, mais non désagréable. « Salutations mon ami, comment vous portez-vous ? » Dit d'ailleurs le dirigeant avec politesse lorsqu'il s'approcha du dragon, celui-ci devait sans doute avoir lui aussi un peu de temps libre au vu de ce qu'il faisait. Crissolorio en tout cas avait remarquer que son nouveau conseiller se débrouillait assez bien quant à son intégration dans l'univers de la cour, même si bien entendu, il y avait toujours quelques détails à améliorer. Mais ce n'est pas non plus comme si un dragon ne pouvait pas se permettre des erreurs qui auraient pu coûter cher à un humain ou un elfe au sein de l'aristocratie…

« Les jardins sont-ils à votre goût ? » Demanda sinon le politicien avec cordialité, après tout si le dragon se prélassait ici ça ne devait pas être sans raison, de plus ce n'était pas un mauvais moyen de débuter une conversation. Le régent pour sa part semblait assez en forme, ce qui n'était pas vraiment étonnant. Il était un peu comme un poisson dans l'eau dans le milieu politique glorien ou même la politique en général et ce n'est pas le problème posé par les chimères qui allait être un coup dur pour lui. D'ailleurs, quelque chose lui disait que son ami dragonnique ne manquerait pas d'aller se battre à l'Ouest, mais cela ne serait guère étonnant et de toute manière, ils n'auraient qu'à converser de cela un peu plus tard. Ils avaient tout leur temps aujourd'hui après tout et Crissolorio ne doutait point qu'actuellement, ils avaient beaucoup de sujets de conversation à aborder...

Le dragon avait pris place dans les jardins, l'un des rares endroits qui lui convenaient et qui disposaient d'assez de place pour accueillir sa longue et imposante personne draconique. Il se prélassait tranquillement, pas mécontent que des curieux quelques peu effrayés se tiennent à distance. Voir un dragon était une chose, mais en voir un qui restait longtemps en était une autre. Surtout quand on savait qui il était. Un dragon de couleur violette, cela ne passait pas inaperçu et le rendait totalement identifiable. Au moins pouvait-il savourer un peu de calme au sein de ce parc. Il n'avait aucun scrupule pas ne pas le partager en encourageant les bipèdes à s'approcher de lui sans crainte.

Crissolorio fut le seul bipède qui vint à lui. En même temps, leurs relations à venir devaient partir sur des bases saines, chose qui se faisait déjà. Le vieux bipède le salua. Le dragon avait un peu redressé le cou et l'avait salué en retour d'un hochement de tête gracieux.

°Mes écailles luisent de santé, j'ai le regard vif et attentif... En somme, je me porte bien. Quand aux jardins, bien que ce soit qu'une représentation artificielle et contrôlée de la nature, j'apprécie sa teneur et sa tranquillité. Etrangement, les promeneurs de l'instant se sont vite évaporés à ma venue. Allez savoir pourquoi°

Le saurien émit un léger gloussement. Inutile d'expliquer les raisons.

°Je te rassure, je ne les ai pas dévorés. Bien. Je présume que tu n'es venu à moi uniquement dans le but de te soucier de ma santé et de mon confort. Je suis en bonne disposition pour écouter... voir parfaire notre nouvelle association°

Il battait mollement de sa longue queue violine, pendant qu'il laissait le temps à l'humain de préparer ce qu'il aurait à lui dire. Après tout, le vieil humain savait très bien que son nouvel associé attendait avec impatience la suite des évènements pour se sentir utile quand à l'avenir d'Armanda à travers l'aide glorienne.

« Bien, je tenais en effet à aborder certains sujets avec vous mon ami, notamment concernant les derniers événements agitant le continent. » Reprit donc Ostiz avec calme quand son ami avança l'évidence, celle que le régent n'était pas venu ici uniquement pour s'enquérir de la bonne santé du dragon, même si bien entendu Crissolorio se souciait tout de même d'elle, c'est juste qu'il serait étonnant que le saurien soit en mauvaise santé actuellement, sauf si une nouvelle maladie magique inconnue venait à apparaître, ce qui était vraiment improbable ou ce serait peut-être possible en effet, mais dans ce cas ce seraient les chimères qui en seraient la source probablement…

« Je suppose que vous êtes au courant de la mobilisation qui se fait dans l'optique d'envoyer des troupes aller combattre à l'Ouest ? Je me demandais si vous seriez intéressé par l'idée de vous joindre à elles. Après tout la bataille prochaine qui se déroulera à l'Ouest risque très probablement d'être déterminante pour l'avenir du continent et je pense que votre présence là-bas ne serait pas de trop pour faire en sorte que l'avenir soit favorable à Armanda. » Ceci au moins était dit et il se doutait déjà des réponses possibles du dragon à ce sujet, il ajouta d'ailleurs avec un certain calme en posant une question qu'il posait décidément très fréquemment ces derniers temps. En même temps Ostiz aimait bien demander leurs avis aux autres, ne serait-ce que pour peut-être entendre un avis possiblement intéressant.

« Que pensez-vous d'ailleurs de ces chimères ? Et de leur but ? Il est évident qu'il faut les combattre, mais je pense pour ma part qu'il serait déterminant d'en apprendre le plus possible sur ces dernières, ce qu'elles sont réellement et leur objectif. La connaissance de l'ennemi n'est-il pas après tout le meilleur moyen de savoir comment en triompher ? » Cela était, dans tous les cas, autant vrai en politique, que dans le domaine militaire. Restait donc à connaître l'avis du dragon à ce sujet, ce avant d'aborder sans doute ensuite peu à peu une conversation qui tournerait davantage autour de leur actuelle collaboration et notamment de certaines mesures précises dont ils avaient pu discuter auparavant.

Le dragon secoua sa tête, importuné par quelques mouches qui s'attardaient sur des restes de son précédent repas. D'ailleurs, il passa un coup de langue pour nettoyer cette petite négligence. Crissolorio avait évoqué la nouvelle de la mobilisation des forces bipèdes et de ce pour quoi on préparait des forces armées.

°Du ciel et sur terre, on ne peut pas ne pas remarquer les mouvements des bipèdes qui sont en train de se rassembler. Et la question ne se pose même pas quand à ma présente pour l'Ouest. J'y serai. Je suis un dragon, un protecteur d'Armanda. Je ne peux laisser cette terre dans les mains de ces êtres qui ont toujours été en dehors de notre monde, par la présence des Esprits. °

Il comprenait mieux les mises en gardes de l'irascible rouge. Mais cet entêté de dragon qu'était Verith aurait pu s'y prendre autrement que de cracher sur toutes les créatures vivantes et pensantes armandéennes. Au lieu de cela, il menait sa propre vendetta. Certes, il était puissant, mais il ne pourrait agir seul, quoiqu'il en dise. Mais cela, il n'allait pas l'évoquer à Crissolorio.

°Les Chimères sont redoutables. Puissantes et capable de prendre possession d'un être pensant si manquant de résistance mentale. Elles sont nombreuses et longtemps, elles ont été contenues en dehors de notre monde par la présence des Esprits. Maintenant qu'ils ne sont plus, on ne peut plus reculer. Elles ne veulent qu'une chose : posséder Armanda. Et elles sont prêtes à nous défaire en grand nombre pour y arriver. Ce n'est pas de la soif de pouvoir comme Vraorg ou encore une conquête alayienne. C'est pire. Leur but ? Avoir Armanda, car elles estiment qu'elle leur appartient de droit. Après c'est tout ce que je sais°

Ostiz avait vu juste, Cynoë désirait se rendre à l'Ouest. « Dans ce cas, je vous souhaite bonne chance mon ami et puisse Armanda ressortir grandie de cette épreuve et non à nouveau en ruines. » Après tout le souvenir des dernières guerres était encore vivace dans les esprits et il était hors de question pour Crissolorio que cette nouvelle guerre ait elle aussi d'aussi dramatiques conséquences, le continent Armandéen et les peuples y vivant avaient après tout déjà bien trop soufferts. Il espérait d'ailleurs que la présence du dragon d'Améthyste jouerait dans la balance et ce en faveur de la coalition Armandéenne.

« De ce que je sais, ces chimères sont aussi capables d'user des pouvoirs du néant et d'annuler la magie dans un périmètre plus ou moins vaste. Ainsi que d'affaiblir les êtres de magie comme vous mon ami, soyez donc prudent. » C'était après tout quelque chose qu'il importerait de prendre en compte pour Cynoë, celui-ci ne serait pas après tout au meilleur de sa forme si les chimères usaient ainsi de leurs pouvoirs.

« Il y a néanmoins un aspect positif à tout ceci, encore une fois les Armandéens prouveront qu'ils sont capables de s'unir pour faire face à l'adversité, cela démontre que l'esprit d'union qui avait existé au sein du protectorat perdure encore. Cela augure peut-être même un renforcement de la paix à l'avenir si nous arriverons à vaincre les chimères. » Avança t-il sinon avec réflexion, en effet l'avantage d'un ennemi commun c'est qu'il poussait ceux qui s'allient pour lui faire face à mieux s'entendrent et à se rapprocher. C'était d'ailleurs en partie cela qui avait permit la paix qu'avait connue Armanda pendant deux ans.

« D'ailleurs, en parlant des esprits. Pensez-vous que le Dracos Honoris pourrait nous aider à terme à affronter cette menace ? Car certes, les esprits pour là plupart sont morts, mais je crois que le Dracos Honoris lui vit encore pour sa part. Mais peut-être que quelque chose l'empêche d'agir en notre sens ? » Dans les faits, la question restait entière, surtout que le Dracos ne s'était pas spécialement manifesté depuis des années. Ce qui amenait d'ailleurs à se demander s'il avait pu lui arriver quelque chose, après bien entendu les esprits n'avaient jamais été connus pour être très interventionnistes, mais là ce n'était pas une bête guerre entre Armandéens. La menace était bien plus grave et devait sans doute, supposa Ostiz, Violer toutes les règles qu'avaient pu édicter les esprits à l'égard de ce monde. Crissolorio s'attendait donc à ce qu'à terme le Dracos intervienne ou bien qu'il ait un empêchement, mais pas à ce qu'il reste indifférent à tout ceci. Cette dernière hypothèse lui semblait après tout improbable, même si bien entendu on ne pouvait être jamais être certain de ce que l'avenir réservait...

Le vieil humain lui souhaitait bonne chance. Il était vrai que le dragon allait en avoir besoin. mais c'était surtout toute l'Armanda qui devra en avoir. Elle venait à peine de se remettre de la malveillance de Vraorg qu'elle affrontait une nouvelle épreuve bien plus conséquente encore que le Vil Blanc. A se demander quand cela se terminera un jour.... Mais la vie était faite d'épreuve, pour mûrir, se forger. L'Améthyste était passé par là comme bien d'autres avant lui. Finalement, peut être que le fil de l'existence se jouait beaucoup sur les vagues périlleuses que la vie apportait par moment au rythme de ses marées cycliques.

Crissolorio apporta un détail très important quand aux pouvoirs des chimères : elles étaient capables d'user de la magie du néant. Donc, d'annihiler toute magie. Un dragon était fait de magie. Cynoë avait abaissé ses sourcils écailleux, prenant le soin d'analyser cette information d'importance.

°Je vois. Mais néanmoins, les Chimères ne devront pas sous-estimer la capacité physique des dragons. Peut être que nous serons réduits à cela, mais nous restons redoutables. Une erreur qu'elles pourraient commettre et qui sera tout à notre avantage. °

Les serres et les crocs des dragons restaient des armes naturelles puissantes et mortelles.

°Il est heureux d'avoir pu sceller cette paix entre les peuples avant l'arrivée de ces nouveaux ennemis. Nous gagnons d'or et déjà du temps. Pas comme à l'époque des Alayiens. Pour ce qui est du Dracos Honoris, je ne saurai te répondre. Même avec la disparition des Esprits, il y a des choses qui ne sont pas à ma portée. Peut être que si j'avais été plus âgé, avec une meilleure accessibilité à ma mémoire ancestrale, j'aurai pu te répondre. Seul le temps nous le dira. Mais il ne faut jamais douter de la possibilité qu'il soit encore bien là. Quand à la raison de son ''absence''.... a voir pourquoi. Mais nous devons nous concentrer sur nos adversaires. Et quand à vous, qu'allez vous faire ? Je doute que tu te rendras sur le champ de bataille. °

Le vieil homme avait une autre position. Cynoë était donc curieux de savoir comment il allait soutenir l'effort de guerre.

« Je ne doute point de vos talents en combats noble Cynoë, mais de ce que j'ai appris les capacités physiques des êtres de magie sont justement grandement touchées par cette énergie du Néant, ils s’affaiblissent ainsi beaucoup en de telles circonstances et cela peut bien entendu devenir très dangereux pour eux. » Se contenta de répondre Ostiz de façon neutre et calme à Cynoë lorsque celui-ci parla du fait que les chimères pourraient les sous-estimer, pour sa part Crissolorio doutait que l'ennemi soit aussi sot et il était certain pour sa part qu'il vaudrait mieux faire preuve de prudence.

Surtout que la perte d'un dragon serait un coup dur pour Armanda, le continent après tout ne croulait pas sous le nombre de ces derniers et ceux-ci restaient tout de même assez rares… Dans les faits bien trop pour qu'ils se permettent d'en perdre un à chaque bataille, même si pour les alayiens cela ne ferait sans doute pas grande différence, pour le reste des Armandéens qui usaient de magie, si…

« Oui, je ne me rendrai pas sur le champ de bataille, mais je vais tout de même faire en sorte que la mobilisation d'une bonne partie des troupes glorienne se fasse efficacement si possible, de même qu'il faut bien que j'administre l'empire entre-temps. Et cela comprend bien entendu le fait de débusquer si possible des agents des chimères ou des théocrates pouvant se trouver un peu partout sur le continent, après tout qu'est-ce qui priverait ce nouvel ennemi de la possibilité de s'infiltrer parmi nous et ce pour agir dans leurs propres intérêts ? » C'était une possibilité que pour sa part il ne s'amuserait pas à ignorer, après tout trop d’événement graves de ces derniers temps avaient été causés dans les autres nations par manque de vigilance, Ostiz ne ferait pas la même erreur.

« Pensez-vous d'ailleurs que la caste va se mobiliser en masse pour faire face à ce nouvel ennemi ? » Demanda t-il sinon calmement, après tout il supposait que cela faisait partie du devoir de la caste de protéger Armanda et la race dragonique de ce genre d'ennemis, cela ne l'étonnerait donc pas que les dragonniers et dragons de la caste s'en mêlent et ce serait toujours ça dans les faits. Seul l'avenir prouverait par contre si cela suffirait à court ou à long terme...

Le dragon acquiesça d'un mouvement de tête mais persista dans sa vision de la réalité.

°Tes mots disent vrais, mais je doute que les Chimères se soient réellement confrontés aux dragons. Il y a toujours le risque qu'elles arrivent à nous posséder, mais nous ne sommes pas tous égaux face à elles. Elles comprendront vite à quel point elles nous sous-estiment. La perte de la magie ne saura pas éteindre la flamme de rage que j'aurai au moment de les affronter. Cela effacera la faiblesse magique que je renssentirai. °

Telle était la détermination d'un dragon qui était déjà prêt à combattre.

°Mais la prudence sera de mise, là aussi, je ne peux qu'acquiescer tes paroles. Quand à la gestion de l'empire et des forces armées, je ne serai pas étonné que tu aies déjà délégué certaines responsabilités auprès de personnes à la bonne réputation, après t'être assuré qu'elles n'étaient pas des Chimères. Le risque d'avoir les ennemis dans nos rangs est toujours un risque à courir...°

Pour lui, l'ennemi pouvait déjà être infiltré dans les rangs. Il avait eu vent d'une attaque qu'on attribuait aux Chimères au sein de Gloria... Et les théocrates avaient bien tenté de faire quelque chose d'immonde... Dans une guerre, l'ennemi usait toujours d'espions. Surtout quand il était puissant et qu'il cherchait à vite éradiquer leurs adversaires sans leur laisser le temps de se retourner. La conquête rapide des Alayiens avait marché, car ils avaient sans aucun doute usé d'éclaireur pour savoir où frapper, tout en profitant de la dissension qui existait alors entre les espèces.

Le vieil homme demanda si la caste comptait elle aussi mobiliser.

°Je ne représente pas la Caste toute entière pour te dire si elle sera là ou pas. Nous avons beaucoup de jeunes dragons dans nos rangs. Mais les plus âgés répondront à l'appel. NOus le serons une fois à l'aube de la bataille.°

Pour sa part Ostiz avait le sentiment que les chimères avaient déjà eu affaire aux dragons, mais il supposa que de toute manière, il n'arriverait sans doute pas à inculquer plus de prudence à Cynoë que celui-ci estimait nécessaire d'en avoir, il espérait malgré tout que celui-ci n'ait pas à regretter cela plus tard. Quant au fait que la flamme de rage du dragon suffise à compenser l’affaiblissement provoqué par la perte de magie, Crissolorio n'avait jamais été de ceux qui pensaient que les émotions intenses pouvaient vraiment avoir de tels effets bénéfiques, du moins qui compensent le manque de prudence qui pouvait leur être associé. Mais c'était plus une question de point de vue qu'autre chose au final.

« Oui, j'ai délégué les responsabilités de la gestion des forces armées en des mains compétentes et surtout dont la loyauté ne fait aucun doute et que je tâcherais de faire surveiller de toute manière, histoire que cela ne change pas par exemple lors de la bataille contre les chimères ou du moins qu'elles puisent être si possible rapidement remplacées. » Il valait mieux après tout faire preuve de prudence quand on savait que ces hommes affronteraient des êtres qui seraient capables sans doute de les posséder corps et âmes si leur esprit n'étaient pas assez forts pour s'opposer à ces créatures.

« Il est vrai qu'il ne vaut peut-être mieux pas risquer l'avenir des jeunes dragons dans une telle bataille, mais comme vous le dites aussi de toute manière, nous verrons bien ce que cela donnera. » Concéda-t-il ensuite calmement à ce sujet.

Pour sa part de toute manière Ostiz savait aussi que comme toujours le destin d'Armanda dépendrait en grande partie des décisions politiques ou nationales. Il faudrait donc qu'il se tienne prêt à faire les bons choix selon comment la situation évoluerait pour que Gloria soit préservée du même genre d’événements que ceux qui avaient frappés les autres nations au cours des derniers mois. Et en parlant de cela d'ailleurs, le régent ne tarda d'ailleurs guère ensuite à demander calmement à Cynoë.

« Pour aborder sinon un sujet autre que la guerre qui se profile à l'horizon mon ami, pensez-vous qu'il serait bon de profiter de ce moment de paix que nous partageons ici pour entraîner nos esprits à interagir comme nous avons puis essayer de le faire lors d'un conseil ou deux plus ou moins efficacement ? » Il supposait après tout que ce serait une bonne idée, notamment parce que leur collaboration ne faisait que débuter et qu'il serait sans doute bon d'exercer leur esprit à un exercice qui irait dans le sens de cette dernière, surtout qu'ils n'étaient pas liés et que cela impliquait donc bien entendu, un minimum d'exercice pour communiquer à ce niveau de ce fait. Même si pour sa part Crissolorio était habitué à converser avec des dragons et Cynoë avec des humains, ce qui faciliterait un minimum la chose probablement.

Au moins, il était rassurant de voir que Crissolorio prenait les choses en main et avec un sérieux qui faisait grandement défaut parmi bon nombre de bipèdes. Qui sait, si les hommes avaient été capable de ce genre de sérieux depuis bien des années, peut-être qu'on aurait éviter des guerres, des luttes de pouvoir... Mais ce n'était qu'espérance illusoire. Pour le saurien violine, les Hommes ne devaient pas oublier le passé, en tirer des leçons et avancer comme ils le devaient : en bien.

En tout cas, le temps seul parlera. Que ce soit pour les jeunes dragons, la bataille future contre les chimères et d'autres choses. Le vieil homme changea de sujet, revenant sur le travail qu'ils mèneraient prochainement tous les deux lors des séances du Conseil. L'Améthyste trouva que l'occasion s'y portait effectivement. Au mieux le Régent saura penser pour converser avec le dragon, mieux Cynoë pourra participer et ''entendre'' ce qui se disait lors de ces réunions.

°Tu as raison. Autant profiter du calme présent pour procéder à quelques essais°

Le dragon serpentin n'éprouvera aucun soucis à dialoguer avec un esprit bipède. Même avec sa liée, il avait eu l'habitude de parler aux esprits des autres, non liés. Et là encore, maintenant qu'il était ''libre'', il ne rencontrait aucun soucis. Même si la distance était telle qu'il ne percevait pas visuellement son interlocuteur. L'exercice serait tout autre pour le vieil homme.

°Tu as déjà parlé mentalement avec un dragon, profitant que celui-ci t'aie ouvert la voie. Mais dans notre cas, ce sera à toi d'imaginer que tu ouvres cette voie. Tu dois projeter tes pensées vers moi pour que je puisse les sentir et les capter. C'est un peu différent que de suivre un chemin qui est déjà tout tracé. Par contre, attends toi à rencontrer une résistance. Si je décide que je n'ai pas envie d'ouvrir mon esprit au tien, il ne te faudra pas percer... Sauf si c'est vraiment une urgence. Mais tu sauras m'en donner l'importance. Bien essayons.... °

Le dragon se détacha de l'esprit de l'humain et attendit.

Cela n'étonna pas Ostiz que le dragon soit d'accord pour poursuivre leur entraînement ici au vu de la situation idéale qu'était celle présente. Après tout un moment de calme était idéal pour cela, surtout que maintenir une telle chose lors du conseil où évidemment le régent conversera et réfléchira avant de prendre une décision sera sans doute un peu plus compliqué qu'à un moment comme celui-ci où il pourra se consacrer purement à cela. Donc autant s'exercer pour y arriver plus aisément dans une situation qui serait plus exigeante.

Et dans les faits, ce que lui proposa de faire le dragon était à la fois particulier et intéressant. Ce devait être le régent qui devait ouvrir la voie ? Ostiz se doutait que ce n'était pas littéralement ça étant donné qu'en tant que non dragon il ne possédait pas le moindre don pour la télépathie, mais il voyait très bien où voulait en venir le noble saurien.

« D'accord, voyons ce que cela donne mon ami. » Se contenta donc d'acquiescer le régent calmement avant ensuite de commencer à se concentrer. Et dans les faits cela ne fut pas trop difficile pour le régent étant donné que celui-ci était doté d'une grande maîtrise de soi et d'une grande volonté, il put donc assez rapidement imaginer comment faire et tenta de « projeter » ses pensées vers le dragon. Il ne savait pas ce que cela donnerait véritablement étant donné qu'il n'avait aucun pouvoir de télépathie, mais ce serait à Cynoë de confirmer s'il avait bien fait la chose ou non. 

En attendant donc il se concentra et essaya de voir lui-même ce que cela donnait, tout en étant ouvert aux conseils du dragon à ce sujet, car ce dernier était sans doute le mieux placé à l'instant pour savoir ce qu'il fallait faire, nul besoin de dire d'ailleurs qu'avant de faire cette tentative.... Ostiz avait bien entendu tâché de faire le vide dans son esprit pour purement se concentrer sur elle et sur rien d'autres, car il ne valait mieux pas s'encombrer de futilités pour ce premier essai qui serait sans doute déjà bien complexe à lui seul.

Crissolorio n'était pas télépathe et encore moins dragonnier. L'exercice que lui prodiguait le dragon était de faire de telle sorte, que les pensées de l'humaine soient en quelque sorte, captables, que le dragon sente qu'on tendait vers lui des pensées... Un procédé complexe et qui n'était pas comme la dite télépathie. Le dragon ne saurait l'expliquer avec des termes humains, mais il pouvait sentir qu'on cherchait à communiquer et tendre son esprit vers cette tentative pour lui parler. Chose certaine était que le saurien saura mieux faire le chemin inverse que Crissolorio. Et pour peu que la distance le permette. Car bien entendu, si le saurien violine se trouvait dans une autre ville, ou dans les profondeurs de la campagne, il sera ''injoignable''.

L'Améthyste finit par percevoir quelque chose. C'était aussi déroutant que c'était la première fois. Cela lui demandait de garder ses sens en alerte, pour capter tout ''appel''. Lui aussi devra s'entraîner pour ce genre de lien, mais cela, il s’abstiendra de le dire au vieil homme. Il y a des choses qui restaient dans la vie personnelle du saurien. Trop en dire serait aussi donner des informations dont les bipèdes n'avaient pas besoin...

°J'ai senti et me voilà à parler par la voie ouverte désormais. Ce n'est chose facile n'est ce pas ? Bien, laisse le temps à ton esprit de se faire à cette expérience. Sache que cela demande beaucoup de concentration et lorsqu'une personne te parle, tu pourrais avoir des moments d'absence. Pour éviter qu'on ne s'interroge sur toi et ces raisons, il faudra veiller à les faire à des moments opportuns. Je ne voudrai pas qu'on te juge défaillant mentalement, alors que tu occupes un poste important...°

Dans le monde du pouvoir, tout était bon à prendre quand on désirait écarter quelqu'un du pouvoir. Crissolorio était encore agile mentalement mais ses pairs pourraient très bien le destituer à la moindre faille qu'ils souhaiteraient utiliser contre lui. Pour peu qu'il aurait des ennemis bien entendu.

Crissolorio ne s'inquiétait pas spécialement quant au fait qu'on puisse le juger défaillant, déjà car il savait comment faire en sorte que ce ne soit pas le cas, mais aussi car ce ne serait pas facile non plus de le déloger de sa place après tout les arrangements qu'il avait fait pour pouvoir la consolider. Certes, il n'était pas aussi solidement établi qu'un roi de sang royal, mais il n'était pas non plus campé sur une position aussi instable qu'un château de cartes…

La politique était un jeu qu'il maîtrisait bien et il y avait de nombreux moyens de s'assurer que certains problèmes n'en soient pas vraiment, notamment quand certains de vos alliés savaient que c'était leur intérêt que de garder vos faveurs. Ostiz avait après tout appris une chose de Fabius Kohan, c'est que quelqu'un qui vous devez sa position et qui tomberait en même temps que vous si vous veniez à déchoir savait se montrer étonnamment fidèle… Les dernières guerres avaient après tout libérer beaucoup de places à des positions assez importantes et Fabius Kohan n'avait pas manqué de les pouvoir à des gens tout aussi intéressants. Bien entendu, Ostiz leur avait garanti qu'il pouvait garder ces places bien entendu tant qu'ils restaient fidèles à la nation...

« Ne vous inquiétez pas pour ma concentration mon ami, je suis habitué à la maintenir tout en faisant autre chose en même temps. C'est là quelque chose d'essentiel quand on est habitué comme moi à exercer des fonctions requérant beaucoup l'esprit ou bien quand on est tout simplement un adepte de l'art de la politique. » Ostiz était après tout quelqu'un qui correspondait bien à l'adage, rien dans les muscles, tout dans la tête. Il n'était pas qu'agile mentalement, mais il était sans doute l'un des esprits les plus aiguisés de ce continent et il savait donc pleinement se débrouiller ce qui demandait des aptitudes mentales aguerries.

« Ne pensez-vous pas qu'il serait une bonne idée d'acquérir un moyen de communication magique plus standards pour communiquer lorsque vous serez à longue distance mon ami ? Par exemple, il existe certains bijoux magiques ayant cette utilité, il suffirait donc de faire enchanter l'un d'entre eux pour qu'il s'adapte à votre croissance et ce devrait être assez simple à mettre en place. Cela vous permettrait en plus de me donner des nouvelles de la ligne de front et inversement si vous le désirez. » Proposa-t-il sinon avec réflexion, en effet cette idée lui semblait fort valable et sur ce il conclut avec pragmatisme.

« Auriez-vous sinon besoin d'un quelconque service avant de vous rendre à l'Ouest lorsque le jour de votre départ sera venu ? Si je peux vous aider en quoi que ce soit ce serait avec joie, prudence est mère de sûreté après tout. » Il valait mieux en effet ne pas se montrer imprudent avec ceci, la perte d'un dragon serait tragique et pour sa part Ostiz partait du principe que les chimères pouvaient être très dangereuses pour ces derniers malheureusement. Elles n'étaient donc pas à sous-estimer.

Cynoë ne doutait pas des capacités du vieil humain. Il secoua le bout de sa queue, un peu indécis quand à quoi répondre. Cela ne dura que quelques secondes, car après tout, il était un dragon. Il savait de quoi il parlait ; surtout du domaine de la communication mentale.

°Je ne doute pas de tes capacités. Ton esprit découvre quelque chose de nouveau et il lui faut le temps de s'y exercer. C'est comme si on demandait à une personne qui n'a jamais su nager de sa vie d'être une capacité d'excellence du jour au lendemain après qu'on lui ait montré comment procéder. Je sais qu'au vue de tes capacités et de ton expérience, ton esprit sera vite s'adapter et être capable très rapidement... justement sur ce que tu as énoncé quand à ses habitudes. °

L'expérience cérébrale de Crissolorio lui permettra d'être à l'aise rapidement avec leur manière de communication. Où plutôt sur la manière de communiquer de Cynoë.

Il écouta la proposition du Régent quand à posséder un artefact magique pour pouvoir communiquer à longue distance. Le dragon parut plus sceptique cette fois. Ce serait comme devenir un genre de pigeon voyageur magique. Mais étant déterminé à devenir un acteur aidant dans les affaires des bipèdes, il devra bien concéder à quelques menus sacrifices d'ordre personnel

°Un tel objet nécessitera des adaptations pour que je puisse le porter sur moi. Un poignet un une corne. Le faire enchanter pour qu'il suive ma croissance est une chose, mais il faut qu'il soit adapté à ma ''personne''°

Les bipèdes seraient capable de lui fabriquer un artefact à sa juste mesure.

°Oui, une chose. Mon armure aurait besoin d'être retravaillé pour ajuster les sangles qui tiennent les diverses parties qui la composent. Elle est capable de suivre ma grande taille quand je grandis, mais pas les fixations. Si cela peut être fait avant mon départ pour l'Ouest, ce sera parfait. °

« Oui, il faut toujours prendre l'habitude de s'exercer à ce genre de choses pour les maîtriser au mieux. La première fois nous ne savons pas faire, mais c'est en répétant un exercice quel qu'il soit un certain nombre de fois que nous arrivons à le maîtriser totalement. C'est l'habitude de faire quelque chose sans même y penser qui témoigne au final d'une véritable expertise dans ce domaine. Pouvoir s'atteler à un exercice qui au début nous semblait impossible et ce sans même y penser ou faire d'efforts et la marque d'une vraie maîtrise. » La connaissance humaine au final était souvent du domaine de l'habitude pour ce genre de choses, par exemple est-ce qu'un grand guerrier pensait à chacun de ses gestes lorsqu'il se battait ? Est-ce qu'un menuisier réfléchissait longuement à chaque coup qu'il portait avec son burin sur le bois ? Non. Ces derniers le faisaient sans même y penser et c'était ce qui prouvait le mieux qu'ils maîtrisaient vraiment leurs spécialités.

« Si vous désirez quelque chose d'adapté à votre personne, je pensai vous proposer de choisir le joyau précis. Que ce soit son matériaux où l'esthétique de celui-ci, qu'ainsi celui-ci soit véritablement votre choix. » Ajouta-t-il sinon calmement à ce sujet et ils pourraient sans doute le faire prochainement d'ailleurs… « Quant aux enchantements à apposer sur ce bijou, adaptation sera bien entendu nécessaire pour éviter qu'il se casse au fur et à mesure de votre croissance, mais si le fait de porter un tel bijou vous gêne vraiment, à l'avenir un enchantement le rendant invisible pourrait être pratique. » Autant que l'expérience ne soit pas trop désagréable pour le noble Cynoë après tout.

« Pour votre armure, il suffira de confier celle-ci et un peu de votre temps à un forgeron de talent, que celui-ci puisse prendre quelques mesures sur votre personne. Nous savons fort bien après tout qu'il faut mesurer au centimètre près pour s'assurer qu'un tel ensemble soit le plus confortable possible pour son porteur. » Ajouta sinon le régent au sujet de l'armure, ce avant de poursuivre néanmoins avec réflexion.

« Auriez-vous d'ailleurs un quelconque besoin de faire enchanter votre équipement en dehors de ce que j'ai proposé mon ami ? Je peux vous offrir les services des meilleurs enchanteurs du palais si c'est le cas. » Après tout les dragons et la magie faisaient évidemment bon ménage, pourquoi ces derniers se priveraient-ils de ce fait d'exploiter un peu plus cette dernière par des moyens plus ou moins détournés ?

Le dragon réfléchissait déjà à quoi prendre comme artefact. Ou objet ou joyau.... il y avait que les bipèdes pour définir précisément certaines choses matérielles qu'ils usaient. Et comme Crissolorio lui laissait le livre choix... Mais avant de se décider, car là il avait totale liberté de choix visiblement, il préféra demander pour avoir confirmation du but final de l'humain.

°Je présume que c'est toi qui m'offre avec générosité ce joyau ? Car je ne suis qu'un dragon, je n'ai point de.... poche dans mes écailles pour te payer en argent°

Fait étonnant que d'entendre un dragon parler prix et monnaie. En même temps, le saurien violine s'était intéressé à la question de ce que les bipèdes appelaient ''argent'' et ''pièces''. Même si cela restait une futilité, il avait plus ou moins compris le concept de ces choses là.

°Hum... Donc j'ai le choix... Une Améthyste sur une fixation métallique qu'on aurait noircie devrait faire l'affaire. En une forme d'anneau, que je pourrai accrocher à l'une de mes cornes. Autant que cela reste discret comme point gênant. Si j'avais décidé de la porter à mon poitrail ou encore à un de mes doigts griffus, là, cela aurait été gênant. °

et puis bien entendu, en réduisant la taille de l'objet, cela coûterait moins cher pour le vieil homme. Et oui, le dragon pensait aussi au coût de certaines choses.

°Je peux être présent pour votre forgeron s'il a besoin pour ajuster avec précision mon armure. Quand à des éléments en plus. Pour l'instant, cela me suffira. Tu te montres bien généreux avec moi alors que je n'ai encore rien apporté pour le moment à notre collaboration. Hormis ma simple présence et l'exercice de l'instant. Et puis, il ne faut pas penser que je profite de la situation. °

Il ne put s'empêcher d'en rire pour la peine.

« Oui, c'est moi qui payerais de ma poche ce joyau, il faudra juste qu'avant je trouve un ingrédient d'enchantement qui me permettrait de l'adapter à votre taille. » Ce qui n'était pas forcément évident, même si plus aisé pour lui que pour la plupart des gens, après tout les vestiges draconiques ça ne pousse pas aux bords des routes contrairement aux fleurs élémentaires qui mêmes si elles étaient rares, n'étaient pas non plus introuvables…

Mais sinon, ce ne serait pas ce qui lui coûterait le plus cher qu'un tel bijou, après tout Ostiz était sans doute l'un des hommes les plus riches d'Armanda, surtout depuis qu'il était le régent de l'empire glorien. Cet achat ne représentait donc pas vraiment grand-chose à ses yeux, même s'il était tout à fait courant de la véritable valeur d'un tel objet, ce d'un point de vue pratique.

« Soit, si tel est votre choix, il ne me reste donc plus qu'à trouver de quoi faire enchanter ce bijou quand je le ferais concevoir et vous pourrez ainsi bénéficier d'un moyen de communication aisé avec moi et ce même à longue distance. » Ce qui dans les faits saurait sans doute se révéler fort pratique et ce pour de nombreuses raisons… Quant au prix, ce n'était vraiment qu'un détail pour Crissolorio, même si bien entendu il avait tendance à être assez radin et à apprécié économiser. Mais il pouvait tout de même faire une exception pour son ami draconique bien entendu.

« Ce cadeau que je vous offrirais mon ami ne me coûte pas tant que cela en vérité, je suis un homme particulièrement aisé au niveau financier après tout, de plus cela nous permettra de faire plus aisément fructifier notre partenariat et ce même quand vous serez absent de Gloria pour une quelconque raison. Car ainsi, nous pourrons tout de même discuter à longue distance noble Cynoë à propos de politiques et nous tenir informés si nécessaire. » Sur ce, le régent resta silencieux quelques instants et ajouta calmement.

« Je vous propose sinon maintenant que cela est réglé, de poursuivre notre entraînement mon ami. Je voulais savoir d'ailleurs, est-il possible sans que je soit votre lié de vous faire parvenir des informations sous la forme d'images par exemple, ou cela m'est-il inaccessible ? » Une question assez pratique dans les faits, après tout des fois il y avait des moyens de communiquer bien plus efficaces qu'une longue série de mots...

L'Améthyste ne douta pas un seul instant que l'artefact que Crissolorio lui offrira dans un avenir proche ne lui coûterait rien. Le vieil homme était un homme influent et qui avait une place élevée parmi les bipèdes. Il les dirigeait presque tous. Donc qu'est ce que de l'argent à fournir pour payer un simple objet magique, même si celui-ci sera offert à un dragon tel que Cynoë ?

Le saurien peinait encore à comprendre le système matériel des bipèdes, usant de pièces pour acheter ou vendre des biens, en fonction de ce qu'ils avaient pu en tirer lors de diverses tâches ou de leur travail. Des détails ''de bipèdes''que le dragon arrivera à comprendre de toute façon

°Je me doutais un peu que tu allais me dire cela. Je sais que l'argent ne pose pas de soucis pour un humain tel que toi. Ce sera une bonne chose que de posséder cet artefact. Ainsi, je serai au courant de ce qui se trame au sein de la ville que tu ''diriges''°

Puis le vieil homme proposa de reprendre l'entraînement. Le dragon n'y voyait aucun inconvénient. Mais quand à la capacité d'envoyer des images, il eut malgré tout un doute.

°C'est une capacité innée pour nous les dragons de faire ce genre de communication mentale. Les liés y ont accès, mais pour un non-lié. Si j'ai bien compris le terme bipède, on appelle cela de la télépathie. C'est chose accessible pour les dragonniers. Mais pour toi, je ne saurai te dire. C'est la première fois qu'on aborde ce point de vue de la communication hors lien. On pourra toujours essayer, mais attends toi à un échec. Et pourquoi voudrais-tu communiquer par image ? °

« Oui, je tâcherai de vous tenir informé au mieux de tout les événements importants qui auront lieu à Gloria. » Dans la limite du possible bien entendu, après tout même si Crissolorio était un homme très influent et qui surveillait ce qui devait l'être, il ne savait pas non plus tout sur tout. Ne serait-ce que parce que si c'était le cas… On pourrait légitimement dire qu'il aurait plus des allures de dictateur militaire que de régent et ce n'était pas vraiment un dictateur que voulait être Ostiz.

Par contre, Ostiz ne manqua pas de réfléchir à la réponse du dragon concernant les images qu'il pourrait peut-être envoyer par le pensée. Il est vrai que cela serait sans doute plus complexe que quelques paroles, pourquoi ? Difficile à déterminer étant donné qu'il n'était pas un expert en télépathie, mais il se fiait à l'avis du dragon à ce sujet et il se contenta donc de répondre avec cordialité.

« Pourquoi voudrais-je le faire ? Je ne sais pas encore exactement, mais je préfère prévoir cette possibilité si jamais cela devait s'avérer utile à l'avenir pour une quelconque raison. Il n'y a aucune mal à être prévoyant après tout. » En tout cas ce n'était pas en ne prévoyant pas les choses qu'il était devenu le dirigeant de la plus puissante nation du continent. Même si cela à titre temporaire, ce qui restait tout de même impressionnant au final vu qu'il n'avait pas la moindre once de sang royal.

« Dans tous les cas, je suis d'accord avec l'idée d'essayer si vous n'avez rien contre mon ami. » Conclut-il sinon avec pragmatisme, sur ce Ostiz se concentra donc et mit en forme une image dans son esprit, celle d'un tableau représentant un lac et essaya de voir ensuite s'il était capable de communiquer cet image au dragon en y pensant avec force de détermination. Néanmoins il s'attendait à ne pas y arriver bien entendu, surtout étant donné que le dragon lui avait précisé que ça devait surtout une capacité de dragonnier et que le régent n'en était point un… Il était facile de deviner que ce serait probablement moins à sa portée si ce n'est pas impossible de ce fait.

Le dragon acquiesça. Il était heureux d'apprendre que Crissolorio lui fera part de ce qui se passait bien entendu dans les intrigues de la cour et autres. Mais le dragon savait que l'humain ne lui parlerait pas forcément de tout, lui confiant ce qu'il jugerait le plus important. Après tout, qu'est ce que le dragon aurait à faire des soucis alimentaires lors d'un banquet ou de l'absence de couverts précis lors de la venue d'une délégation ?

°Non, il n'y a aucun mal à prévoyant. On peut dire que c'est une chance pour toi d'être dans une bonne position sociale. Imagine si j'avais jeté mon dévolu sur un paysan, lui n'aurait pas eu les moyens de m'offrir ce que tu m'offriras prochainement°

et à cela le dragon fit un large sourire. Il était ironique bien entendu. S'il voulait guider les bipèdes, il ne pouvait pas passer par un individu en bas de l'échelle sociale. Mais par contre, le vieil homme se montrait déterminer à vouloir essayer la communication par les images. expliquer le principe serait impossible. L'humain allait devoir essayer de trouver, si c'était possible bien entendu, la voie.

°Alors on va essayer, mais ne t'attends pas à réussir. Je te rappelle que tu n'es pas un lié, donc tu ne possèdes pas ce qui unit un dragonnier à son dragon. Essayons donc. essaie d'envoyer une simple image, la plus banale et simple possible. Car c'est là aussi un exercice très difficile pour un esprit non initié. °

Il ne le critiquait pas. Il le mettait juste devant la réalité des choses. Qu'il ne soit pas déçu en somme s'il ne réussissait pas comme il voulait.

« Je suppose que dans ce cas là vous auriez dû vous soucier de vous nourrir par vous-même mon ami. Ainsi que de vous acheter le nécessaire, je suis certain malgré tout que c'est fort possible pour un membre de votre noble peuple. » Répondit Crissolorio avec réflexion lorsque Cynoë lui dit que s'il avait jeté son dévolu sur un paysan, ce dernier n'aurait pas pu vraiment lui offrir ce que le régent allait lui offrir. Ce qui était vrai en effet, mais il soupçonnait le dragon d'être assez débrouillard pour que cela ne soit pas réellement un problème si ça avait dû arriver.

Mais oui, prudence était mère de sûreté et pour un politicien exercé comme lui, la prudence plus qu'une vertu, était une qualité vitale pour son métier et en général. Que ce soit pour le bien de son royaume ou bien de sa carrière politique qu'il espérait bien prospère et longue.

« J'ai essayer de vous envoyer une image, mais visiblement cela n'a pas fonctionné… Je vais donc réessayer avec quelque chose de plus simple. » Répondit sinon Ostiz avec patience quand le dragon lui dit d'essayer avec quelque chose de simple, déduisant de ce fait que son premier essai avait échoué. D'accord, il allait donc essayer quelque chose de plus simple, sans doute l'image d'un lac à l'aurore, niveau simplicité après tout c'était difficilement égalable.

Il se concentra donc sur cette image et tenta de le faire assez fort pour que le dragon la perçoive au final. Sous l'effort Ostiz ne manqua pas d'ailleurs de légèrement froncer les sourcils. Et quand il l'eut fait pendant une vingtaine de secondes, il finit par demander avec pragmatisme à son ami.

« Percevez-vous quelque chose ? » Une manière aussi de prévenir ce dernier qu'il essayait, car dans le cas où il échouait bien entendu, le dragon ne pourrait pas forcément deviner tout de lui-même. Que ce soit l'image qu'Ostiz essayait de lui envoyer et les efforts qu'il faisait pour cela.

Le dragon ne s'offusqua pas des mots du Régent. Il avait un peu raison.

°J'aurai opté pour un paysan qui aurait élevé des vaches, me forçant à manger ces bestioles qui sont loin d'avoir la saveur d'un cervidé. Il est certain que tu sauras sans mal répondre à mes exigences culinaires°

Il ne put s'empêcher de rire mentalement, se demandant s'il ne prenait pas un malin plaisir à faire tourner en bourrique les cuisiniers du palais pour assouvir les curiosités de goûts qu'il pourrait avoir. Après tout, les expériences apportaient la connaissance non ? Les pauvres bipèdes....

Crissolorio finit par tenter l'exercice. Le dragon garda l'esprit ouvert, mais ne capta aucune image émanant de la tête du bipède. Puis le vieil retenta l''expérience. Le dragon dut se concentrer et réussit à capter quelque chose d'assez brumeux... Comme si l'image peinait à franchir un rempart de brouillard très épais. L'Améthyste sourcillait en essayant de comprendre ce que l'humain avait cherché à lui transmettre.

°Je pense que tu vises trop haut. On dirait que tu as cherché à m'envoyer une image de quelque chose d'immenses. Essaie quelque chose de plus petit, moins complexe à envoyer. Plus tu veux envoyer une image immense, plus tu auras de détails à m'envoyer. Cela peut être tellement volumineux que tu peux te perdre dans cet envoi mental. Là ce que tu as cherché à m'envoyer est trop flou, brumeux. On va recommencer, mais essaie par exemple une bougie ou un très tellement simple que cela devrait fonctionner °

Peut être que le vieil homme avait voulu faire simple, mais s'était retrouvé confronter à faire un choix cartésien. Il allait sans doute mieux réussir à l'essai suivant. Qui sait, cela fonctionnera peut être mieux

« Pourquoi dans ce cas-là ne pas choisir un chasseur plutôt qu'un fermier ? Je doute par contre qu'il arrive à chasser assez tout seul pour vraiment vous aider, mais il pourrait fournir une viande plus à votre goût je suppose. » Après, ce n'est pas comme si Ostiz s'y connaissait beaucoup en viande, il n'en mangeait que très peu après tout. Autant parce qu'il n'aimait pas le sang que parce qu'il avait surtout l'impression en le faisant de consommer un cadavre. Néanmoins, ce n'était au final pas vraiment sa préoccupation de l'instant et il semblerait sinon que sa tentative de transmettre une image à son ami ait échouée…

« Je vais tenter dans ce cas-là quelque chose de très très simple mon ami. Une simple couleur, je ne vous dit pas laquelle par contre. » Répondit-il donc de façon pragmatique au dragon, il est vrai que l'image d'un lac n'était pas forcément le mieux tout compte fait. Ostiz opta donc pour une couleur cette fois-ci, la couleur pourpre. Il se concentra donc dessus avec fermeté comme il l'avait fait pour le lac et espérait cette fois-ci que l'image était asse simple pour être perceptible par le dragon.

« Je suppose qu'avec de l'entraînement cet exercice aussi devient plus facile, n'est-ce pas ? J'espère en tout cas être arrivé à quelque chose cette fois-ci. » Ne manqua t-il pas d'ailleurs d'ajouter avec sérieux après s'être penché sur l'exercice un certain temps. En effet, il espérait qu'avec le temps une telle chose devenait plus aisée, car pour l'instant il s'avérait surtout que s'il ne pouvait qu'envoyer des images de couleur… Leur échange par ce moyen s'avérerait malheureusement assez limité ou bien il faudrait inventer une sorte de code-langage par couleur qu'ils partageaient. Ce qui en soit serait peut-être une idée intéressante en effet, mais sans doute un peu longue et compliquée à mettre en place, surtout s'il s'avérait que juste penser verbalement serait tout à fait suffisant au final.