----------Le crépuscule commençait à recouvrir de ses bras la terre des hommes, assombrissant les cieux d'un voile rougoyeant. La lumière du soleil, diffuse de par l'humidité de l'air, semblait prendre une teinte mi orangée, mi rosée. Les pluies brèves mais torrentielles qui avait inondé les sols dernièrement en étaient la cause, et l'air s'en faisait alors lourd, étouffant. Il était à l'image de ce que pouvait ressentir la population, accablé d'une pesanteur impalpable, due à une entité qui les dépassait.
----------La millénaire Vanaël était entrain d'arriver aux abord de la cité imposante qu'était Gloria, laquelle dominait les environs de sa citadelle, obélisque agissant tel un aimant envers son environnement. De la même manière que Gloire et Richesse croissaient en s'approchant de la citadelle, les ombres aussi devenaient plus insistantes. Que ce soit sur le sol ou dans le ciel, ou pouvait le percevoir, ce dernier donnant alors l'impression d'être plus proche du violet. La flèche témoignant de la puissance de Vraorg paraissait alors d'obsidienne, des reflets violacé irisant sa surface noire de jais.
----------Perçant au travers de la foule, monté sur son destrier, l'inquisitrice se frayait un chemin au travers des ruelles, tentant alors d'atteindre le cœur de la citée afin d'y faire son rapport. Elle était accompagnée de deux soldats, des vampires, qui la rejoignirent dès son arrivée au sein de la citée. Un humain semblait suivre derrière elle, ou plutôt... trainait lamentablement, oscillant entre cadavre et mort en devenir. Tentant par moment de marcher, il finissait par échouer, ne parvenant pas à maintenir le rythme de la marche du cheval, trébuchant alors. Ses genoux étaient rouges de sang, leur rôle de coussinet n'ayant pas été des plus efficaces. Deux moignons difformes devenus incapables de remplir leurs fonctions, ployant sous le poids de cette chose de chair et de sang qui se faisait trimbaler, voilà ce qu'était ces genoux. Vanaël Aerin quant à elle, avançait sur son destrier, le port altier comme à son habitude, trait qu'elle devait à son passé. Cela donnait ainsi l'impression qu'elle était fière de son travail, et que ce n'était qu'un malin plaisir qu'elle prenait là. Et pourtant... Tout cela n'était que du dédain, pour la vie, l'espoir, la réussite, pour toute ces valeurs qu'elle avait essayé de promouvoir auparavant. Désormais, elle exécutait les ordres, se pliant à la volonté du Voleur de cœur. Ses yeux étaient vide, de tout sentiments. Elle regardait au loin, un horizon impalpable, tandis que le vert de ses yeux prenait des teintes grisonnantes, rappelant le vert de gris. Le cuivre avait remplacé l'émeraude... Quelle belle décadence.
----------Les pavés résonnait de leur progression, accompagnée de moins en moins de personnes, lesquelles redoutaient très fort probablement le regard de l'inquisitrice, qui pensaient-ils ne manquerait pas de les démasquer ou de leur attribuer une quelconque faute. Après tout, elle n'avait pas fait qu'emprisonner des coupables au cours des trois dernières années. Loin de là. Elle n'avait fait qu'obéir aux ordres, et ils n'étaient pas toujours en accord avec la justice telle qu'on aurait pu l'appliquer raisonnablement.
----------À mesure que leur procession commençait à approcher les quartiers les plus riches, et de ce fait, à longer quelques jardins, les habitants se faisaient plus rares. La prédatrice était alors plus à même d'identifer les différentes odeurs flottant dans l'air, son nez ainsi libéré des effluves oppressantes du peuple. La puanteur de la pauvreté avait de quoi rendre insensible l'odorat de tout animal s'il y restait trop longtemps... Ainsi Vanaël parvint à constater la présence solitaire d'un dragon, qu'lle identifia comme étant le jeune Cynoë. Ordonnant d'un bref geste à ses acolytes de continuer seuls, elle quitta sa monture, la laissant ainsi aux soins des deux vampires, de même que le prisonnier qui y était ligoté. L'ancienne diplomate s'engagea sur l'allée pavée du jardin, profitant du calme qu'il y régnait. La forme sinueuse du dragon se profila sur l'une des esplanades, lande d'écailles remplissant le lieu. À en juger par la couleur qu'abordaient les écailles, voisines de celle du ciel, les spéculations de la vampire s'avérèrent justes, il s'agissait de Cynoë.

----------L'ancestrale s'approcha alors, le pas lent mais certain. la distance qui la séparait du dragon se réduisait progressivement, jusqu'à atteindre un nombre raisonnable, de trois quatre mètres. "Ami dragon, m'accorderiez-vous une place dans votre isolement ?" S'inclinant alors, Vanaël posa un genoux à terre, tandis que son poing venait se poser contre le glaçon qui lui servait de cœur. Elle ferma les yeux, puis baissa légèrement la tête, attendant une réponse de la part de l'améthyste en cette intention. "Si vous me permettez de vous considérer comme tel..."

----------Sentir le regard d'un dragon sur soi était quelque peu oppressant, moins, certes, que celui de Vraorg, qui vous transperçait l'âme et le corps avec violence, vous mettant à nu devant sa puissance, mais cela demeurait un moment de petitesse notable. Les prunelle d'ambre du dragon étaient comme des étoiles, observant avec intérêt, ou non, cette chose qui se prosternait devant lui. Chercher la quiétude du lieux ? Oui, c'était ça, le fait que cette nature désormais presque sauvage fut visitée par un dragon y aidait grandement aussi. Il était rare que dragonnier et dragon soient séparés en ces temps obscurs, le voir ainsi seul, en ce lieu coupé du monde avait de quoi tenter à engager une conversation. S'être vu contrainte d'aller chercher dans les marécages un hors la loi, qui, d'après ce qu'elle avait trouvé, avait toute les raisons d'être capturée au vu des vols et meurtres commis, en plus de ses propos de parjures, était une occupation bien assez glauque pour chercher le réconfort d'un lieu dépourvu de violence.

"Un simple merci ne suffirait pas, les mots sont parfois insuffisants pour exprimer notre gratitude. Je vous aurais bien proposer de lire dans mes pensées pour vous en rendre compte, mais vous semblez déjà le faire... La quiétude d'un lieu calme et où je peux, durant quelques instants, me décharger de mes fonctions."

----------Aucune marque ne contraignait ses pensées, ou ses dires, et heureusement, auquel cas elle aurait surement subit une douleur pour avoir osé dédaigner son poste ainsi. Mais non, la seule obligation que l’albâtre Sans-Cœur lui avait imposé, c'était de torturer sans états d'âme ceux qui tentaient de lui mentir. Elle avait remarqué que cela ne concernait pas ceux qui lui cachaient des choses, auquel cas... il aurait été difficile de rendre vivant des coupables. Les trois ans lui avaient aussi permis de constater que certaines situations lui permettait aussi de ne pas devenir... trop violente, dans les cas où le mensonge concernait des événements mineur ou sans rapport avec l'enquête en cours.
----------La proie qu'elle avait rapporté aujourd'hui avait pour le coup subit plus que d'ordinaire, et ce sans raisons réellement valables. Malheureusement pour lui, le voyage s'était mal passé, à cause de quelque rencontre hasardeuse, et de la même manière que certains avaient passés leur frustration sur sa personne, l'inquisitrice avait eu besoin de passer la sienne sur quelqu'un. Un voyage des plus cahoteux donc, et pour lequel il se souviendrait longtemps ! En soi, le fait qu'il soit encore vivant après le trajet relevait presque du miracle. Entre les sangsues, les moustiques, les infections dues à ses blessures, il aurait pu mourir plusieurs fois. Mais non, il avait survécu. Il faut dire qu'elle y avait pris soin aussi. Le faire cicatriser de temps en temps afin qu'il n'ai pas de blessures trop profondes avait servit, de la même manière que l'odeur vampirique de sa monture et d'elle même avait éloignée plus d'un prédateur. Un humain ou un elfe l'aurait escorté qu'il serait mort durant la première journée... Mais les pensées n'étaient point aux marques de soumission ou aux malheurs subit par quelques humains déraisonné.

----------Obéissant au dragon, Vanaël se redressa, bien qu'elle n'osai pas pour autant soutenir le regard lumineux de son hôte. Non, les prunelles verts sombre de la vampire fixaient son poitrail, détaillant les écailles argentées qui le composaient. "Car c'est, en quelque sorte, l'espoir que je nourris. Vous désigner ainsi me permet de vous faire part de mes intentions, bien que... j'ai plus de respect et de d'admiration pour votre peuple que pour des amis..." Non pas que la millénaire dénigre ici ses amis, bien que, de toute manière, elle n'en avait pas beaucoup. C'était plus que de son avis, rien n'équivalait la race draconique.
----------Les Esprits, si, peut-être, encore que leurs actions semblaient prouver qu'ils étaient finalement aussi corruptibles et prompt à faire des erreurs que d'autres peuples. Leur seul différence résidait en leur puissance extravagante. Son avis sur leur puissance et leur magnificence avait quelque peu diminué ces dernières années, bien que le terme soit d'un poids insignifiant pour désigner la justesse de ses impressions. Disons plutôt qu'ils avaient fait une chute libre depuis les sommet Glacernois, pour finalement atterrir dans les tréfonds des galeries vampirique. C'était peut-être légèrement exagéré, surement même, mais l'image était là.

----------Les mains derrière le dos, Vanaël demeurait debout, devant le dragon. Elle y voyait là une sorte de respect, et se permettre de s'installer plus confortablement aurait été un manquement à ce respect qu'elle prônait. Elle finit par se présenter, car il était le temps de le faire. Peut-être était-elle déjà connue de l'honoré dragon, mais ça ne coûtait rien. La politesse n'était jamais de trop après tout... Et elle avait payé assez cher la dernière fois qu'elle avait estimé une politesse inutile, en dépit des circonstances.

"Vanaël Aerin, pour vous servir..."

----------Comme le faisait remarquer l'honoré dragon, Vanaël servait déjà les desseins d'un autre, plus Haut, plus puissant, mais surtout... bien plus tyrannique. Et c'est bien à cause de ce dernier point que le besoin d'équilibrer la balance se faisait ressentir. À défaut d'être une vampire, de vouloir atteindre une suprématie de son peuple, d'envisager des solutions peu diplomatiques à cette fin, l'ancestrale ressentait tout de même en cette sombre période un besoin de... "pardon".
----------Si la position des vampires était enviable présentement, elle n'avait rien de valorisant. Tous étaient les esclaves de ce Voleur-de-Cœur, tous étaient contraints de lui obéir. Alors oui, il fournissait quelques avantages, quelques cadeaux à certains, mais pour la plupart, sinon la totalité, c'étaient des dons empoisonnés. Au plus l'on en acceptait, au plus l'on en devenait dépendant et l'asservissement que l'on manifestait envers ce Tyran se faisait alors de plus en plus marqué. La liberté d'action était chez les vampires quelque chose d'assez marqué pourtant... Hormis une hiérarchie par la force, des plus justifiées de par leur nature, il n'y avait pas de discrimination, chacun était libre d'agir à son bon vouloir, pourvu qu'il en ai le courage et la puissance nécessaire. Qu'elle soit magique, physique, ou bien verbale...
----------L'inquisitrice Aerin ressentait ainsi le besoin d'ôter cette casquette de tortionnaire sadique. Cela la répugnait depuis le début d'agir ainsi et même avant d'avoir commencé, une telle chose la répugnait. « Se sortir de cette tourmente en servant un autre ne me serrait pas contraignant, bien au contraire, croyez moi. Quand au temps que j'ai à y accorder, ma foi... J'ai des jours et des nuits à ma disposition, tant que je reste efficace aux yeux de notre, Ô grand Puissant, je suis libre d'agir à mon bon plaisir. Aussi libre que nous puissions l'être.... » Si sa première phrase donnait l'impression d'un plainte, les suivantes étaient clairement empreintes d'ironie. Elle était aussi libre qu'un hibou dans une volière. Le désir qu'on lui fasse confiance, qu'on accepte qu'elle puisse ne pas mentir... Sa voix était faible, de sorte que l'auditoire soit exclusif à Cynoë, ainsi qu'aux insectes et bestioles... Lesquels trottinaient librement, invisibles, dans le jardin dont les teintes peu saturées de par l'obscurité de la nuit accentuait le calme du moment.
----------Son regard suivit le geste de Cynoë, appréciant la délicatesse de son mouvement lorsqu'il fit sortir de son massif l'insignifiante petite rose. Était-ce une manière de montrer qu'il montrait autant d'intérêt à cette fleur qu'à la vampire ? Ou le geste était-il dénué d'intentions ? La dernière idée était peu concevable de la part de Vanaël, son mode de pensée et d'action la poussait à agir afin d'obtenir un résultat, afin d'arriver à une fin choisie. Chaque action à un but précis et rien n'est fait au hasard, encore une des raisons qui place les humains a un stade inférieur au leur. Aussi répondit-elle d'un ton voulu neutre, malgré la froideur permanente de sa voix.

«Vos dires sont vérité, assurément. Je ne peux que souligner le fait que... chacun de nos faits et geste sont exécutés dans un but précis, quels qu'il soient. Vous désigner comme un ami afin de vous offrir ma compagnie était, comme je l'ai dit, une manière de faire part de mes intentions. Du fait que je ne nourrisse aucune haine, animosité, mais seulement du respect et de l'admiration. Peut-être ais-je mal choisis mes termes, je m'en excuse.» *Je ne pensais pas que vous réagiriez aussi intensément sur cette désignation.*

----------L'ancestrale pencha légèrement la tête afin de manifester son embarras quand à l'ampleur que prenait ce simple mais très marquant mot, après quoi continua-t-elle d'observer amoureusement les écailles du dragon. D'améthyste et d'argent terni, le voilà qui était doté de teintes agréables à la vue. Certainement se souviendrait-on de lui par sa robe originale. Ma foi, pour un dragon lié à la princesse, c'était normal. Le violet ne représentait-il pas la noblesse après tout ?

----------S'exécutant à l'ordre amical du dragon, Vanaël se releva, bien que son regard, lui, n'alla pas plus haut que le poitrail de l'Améthyste. Son esprit était concentré sur ce ce que lui transmettait ce compagnon écailleux. Chaque contact était nouveau, et aucun n'avait la même manière de procéder. L'on pouvait sentir, selon l'un ou l'autre dragon, certaines différences. Parfois on avait l'impression de subir la pression d'une vague, puissante et insensible, qui déferlait dans l'esprit en apportant ses idées et en emportant avec elles celles de l'hôte. D'autres fois, ce n'était qu'une brise légère, caressant l'esprit avec délicatesse tandis que les pensées s'échangeaient, de mêmes que les impressions et les sentiments. L'échange n'était bien souvent que dans un sens, l'ancestrale n'osait pas, fort heureusement pour elle, soumettre par l'esprit ses pensées. Qui sait quelle réaction aurait pu avoir le dragon ? C'était déjà un tel privilège que de pouvoir converser avec un dragon en tête à tête, alors avoir l'honneur de lui exprimer par l'esprit ses impressions, cela aurait été... non, cela aurait été trop, tout simplement. Rien que le fait de penser aux émotions que pourrait faire naître un tel échange était de trop.

"À défaut d'être intéressée, je dirais que je préfère cela à une place encore plus basse.... les habitudes se perdent rarement après tout..." Sa voix n'était alors qu'un murmure, comme si l'inquisitrice craignait qu'une mauvaise oreille ne puisse entendre ses dires. L'on dit des murs qu'ils possèdent des oreilles, mais qu'en est-il des murs de ronces ou des haies ? Les elfes étaient rares en cette période, aussi n'avait-on surement pas trop à craindre de la végétation, fort heureusement. Mais prudence est mère des vertus.

----------Elle encaissa sans broncher la mention à son rôle d'inquisitrice, en accord avec lui sur le fait qu'en effet, c'était ce à quoi se résumais ses journées, désigner des coupables, les pourchasser, les condamner, et en désigner d'autres. Une boucle sans fin, qui chaque fois voyait d'autres branches pousser sur son chemin pour lui compliquer la tâche. Un appel au secours ? Peut-être bien oui, après tout, seule la haine, le mépris, et la déception accompagnait ses journées, hormis en quelques occasion la compagnie plus plaisante de quelque personne qu'elle affectionnait, et avec lesquelles elle parvenait à trouver un certain sentiment de sérénité. Son amie la solitude était la plus efficace en cela d'ailleurs...
----------Quant au plaisir, ma foi, la traque en était un si, ça l'avait toujours été après tout, et pour ce qui est d'exposer aux yeux de tous ses proies... Non, bien sûr, cela ne lui plaisait pas. D'une, ce n'était pas elle qui les choisissaient, de deux, ce n'était là qu'un moyen de faire régner l'ordre, et non pas de subsistance, et de trois, elle n'avait presque aucun contrôle sur ses actes, contrainte la plupart du temps de succomber au pouvoir pervers de cette marque qui lui avait apposé le Voleur-de-Cœur. La torture... qu'elle malsaine idée... Il était triste de devoir agir ainsi, en dépit de toute la répugnance que lui venait une telle action. C'était rabaissant, humiliant, et elle n'avait alors pas le courage de compenser ses actions en faisant preuve de clémence ou de pitié. Qu'ils souffrent donc, l'ancestrale était loin d'avoir une âme assez bonne pour essayer de compenser la douleur par de la compassion ou des preuves de son désir de ne pas agir avec une violence inutile.
----------Alors non, il n'y avait aucun plaisir en ses actes, simplement l'expression d'une haine farouche qu'elle nourrissait à l'égard de Vraorg. Chaque jour elle croissait, et chaque jour elle la manifestait plus ardemment au travers de ses actions, bien que... d'un œil extérieur, l'impression eu été contraire. Au plus les jours avançaient, au plus Vanaël semblait agir en accord avec le tout Puissant Saigneur Albâtre. Ses rares moments de répits, d'isolement, ou de compagnie plus cordiale et agréable était une sorte de délivrance. Elle pouvait agir sans contraintes, malgré la peur poignante qu'un mensonge, si infime soit-il, pour les meilleures raisons possibles, puisse à tout moment gâcher cela. La crainte qu'elle éprouvait à cette idée lui rongeait l'esprit.

*Penser à autre chose.... si seulement la chose était possible... j'ai beau essayer... non, je n'y arrive pas...*

----------Le silence qui lui avait fait subir le dragon était plus une torture qu'une aide, toutefois, l'ancestrale l'encaissa aussi, continuant de regarder de ses prunelles de jade les écailles qui composaient le poitrail du dragon. Qu'elles semblaient intéressantes en ce moment ! Si seulement elle avait pu s'y fondre et y disparaître... Mais non, elle ne pouvait pas, d'autres comptaient sur elle. Achroma, même s'il ne le manifestait pas, ou encore Eliowyr, ce jeune vampire pourtant si âgé... Et d'autres encore, ces fils et filles de sang qu'elle avait décidé d'éduquer, abandonnés dans l'ensemble, même si de manière différentes...

"Comment je le vis ? Vous autres dragons avez le don de poser d'intéressantes questions, chacune de mes rencontres avec un représentant de votre race m'a valu des réflexions similaires..." La reine blanche, la belle Silarae, liée de son aimé mentor, avait été d'une compagnie tout aussi intéressante. Ô reine, qu'elle devait être sa douleur alors qu'elle endurait les souffrances physiques et mentales d'Achroma au travers de leur lien !! "Me plonger dans le passé... Voilà peut-être la solution oui... Qui l'eut cru... Ma foi, nous l'avons toujours fait, à ne pas vouloir avancer... Et c'est en voulant le faire que tout s'est précipité, ou peut-être que non, peut-être aurions-nous simplement subit les événements. Aaaaah ! Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais voudrais-je seulement savoir ?" Vanaël marqua une pause, puis repris finalement, les yeux dans le vague.

"Dans l'ensemble, je pense que je l'ai bien vécu. Je ne saurais le dire... La vie est si riche de moments, et elle s'écoule si rapidement... Peut-être pourriez-vous être plus précis ?"

----------Exprimant ses pensées à hautes voix, Vanaël semblait peut-être à des yeux extérieurs prise dans une sorte de folie, une douce folie passagère, certes, mais étrange tout de même. Elle finit par soutenir le regard d'ambre du dragon lorsqu'elle lui posa sa question d'une voix éteinte. Elle avait été tantôt froide et sarcastique alors qu'elle exprimait ses pensées, tantôt aussi éteinte que sa question alors qu'elle répondait à Cynoë.

----------Le passé, ce douloureux passé, non, ce n'étais pas le passé qui était douloureux, c'était le présent. Le présent était douloureux, et parce qu'il l'était, se souvenir du passé le devenait aussi. Parce que justement, ce passé était un passé meilleur, plus plaisant et remplis de source de satisfaction. Se rappeler de ces choses perdues, se remémorer autant les personnes que l'on avait perdues que les biens, ou attributs tels que gloire, prestige et réputation. C'était ça qui était douloureux. Le dragon, était attentif, et semblait même compatissant. Un être apparemment empathique, à en juger sa réaction, son désir d'aider, de comprendre les tourments de la bipède millénaire qu'était Vanaël. Quel intérêt avait-il à agir ainsi ? Aucun en apparence. Et pourtant, voilà qu'il cherchait des solutions, qu'il proposait à la vampire des alternatives afin qu'elle soulage ses peines.

*Descendre plus bas pour y trouver un possible réconfort moins torturant que présentement ? Oui... pourquoi pas. Mais pour descendre où ? Et quelles serait ces autres satisfactions ?*

----------Il lui faisait l'honneur de complimenter sa manière de penser, et de la juger digne de l'intérêt des siens... voilà qui avait de quoi se faire sentir irradiée de magie. Mais était-ce là sincère ? Les dragons ne pouvaient-ils pas, comme tout être, mentir afin de se donner bonne image, et d'user des autres pour gagner leur confiance ? Non, pas de l'avis de l'ancestrale en tout cas. Celle-ci les estimait bien trop pour juger la chose possible. Et pourtant, Vraorg le faisait. Mais il n'était du point de vue de la millénaire qu'une perfidie de la nature, qu'un être corrompu par son lié, par la magie que celui-ci manipulait, puis par son ambition, par le renouveau de puissance acquis grâce à Néant. La puissance était dangereuse pour qui n'en était pas digne. Ainsi, il fallait croire que la vampire était venait de se faire complimenter, et que c'était là une pensée sincère de la part de ce dragon d'améthyste.

----------Il l'invitait à ne le considérer non pas comme un dragon, mais comme lui, Cynoë ? Qu'étais là cet honneur ? Pour la vampiresse, oser penser à un dragon uniquement par son nom, et non plus par son titre de dragon était comme rabaisser ce dernier, ce penser comme... son égal. Chose qui bien sur était totalement fausse pour elle ! Ils étaient l'expression de la grâce et de la puissance. Leur enlever cela en se comportant à leur égard comme on pourrait le faire avec un autre était déshonorer l'attention qu'on leur portait, c'était inconcevable. "C'est un trop grand honneur que je vous m'accordez, je ne puis vous voir autrement qu'en tant que dragon, que Cynoë le dragon d'améthyste, certes, mais qu'en tant que dragon avant tout." Ainsi, tout les dragons ne désiraient-ils pas qu'on les considère comme supérieurs, c'était... autrement plus troublant que de se savoir ainsi le centre d'attention de cet être écailleux. Chose encore plus troublante était la manière dont il la désignait. 'mentalement et physiquement supérieure à un être vivant' ? Il fallait espérer qu'il ne se considère pas comme appartenir à ces être vivants, auquel cas... c'était d'autant plus troublant pour la vampire. Le fait qu'il soit lié à une humaine, qu'il ait vécu au milieu d'humain ses premières années y avait peut-être aidé. Après tout, il était le lié de la princesse Esmelda, et même si Vanaël ne connaissait pas son âge exact, surement avait-il passé plusieurs année à ses côtés, au sein de la noblesse. Le général Kylian avait beau être un vampire, ses intentions, sa manière de penser et l'amour qu'il éprouvait pour la ravissante humaine dénaturait quelque peu sa race vampirique... Cynoë le considérait-il de la même manière que les autres vampires ? Ceux qui avaient désirés la mort de ce vampire amoureux ? Il n'y avait aucun moyen de le savoir. Néanmoins, l'ancestrale Aerin supposait que venait de là la manière de penser originale de ce dragon attentionné.

"Des choses que je regrette ? Et bien... de ne plus pouvoir être la mère de mon fils je pense... Être vampire est aux yeux de certains vivants une mort, et ainsi une fin en soi. Hormis ce fils, je ne regrette rien, je crois..."

----------S'entendre ainsi être si sincère dans ses paroles, après la demande tout aussi étrange en soi de la part d'un dragon, était troublant pour l'ancestrale. Encore une fois, cette race honorée la surprenait et lui faisait revoir ce qu'elle pensait d'eux. Cynoë, le dragon d'améthyste, qui en cette nuit sombre acceptait sa compagnie, et lui manifestait une sorte d'affection, qui lui demandait même de ne pas le considérer comme un dragon, mais 'seulement' comme lui Cynoë, c'était une impression nouvelle. Chaque jour apportait avec lui son lot de nouveauté. L'on dit que si l'on apprend pas quelque chose de nouveau au cours d'une journée, c'est que celle-ci est passée inutilement, et bien pouce qui en était de celle présente, elle était utile, c'était certain.

----------Vanaël l'avait vu tantôt se comporter comme un humain ou presque, alors qu'il se grattait le menton à l'aide d'une griffe, et alors qu'elle finissait de parler, elle osa, lentement, lever les yeux vers ceux ambrés de ce compagnon nocturne, cherchant dans ses prunelles dorées un lien plus matériel que des pensées.

"La notion de maternité est je crois la seule qui perdure entre vie et non-vie, et c'est ainsi le seul lien que j'aurais souhaité conservé. Ne pas avoir pu préserver cette relation est douloureux lorsque les souvenirs de ce moment reviennent. Pour le reste, nous évoluons, dans notre manière de penser, de nous comporter, autant en bien qu'en mal selon les points de vue, je suppose."

----------Cette rencontre avait de quoi déconcerter l'ancestrale, de part les manières sympathiques de ce dragon et son envie de se mettre à la hauteur de la vampire, en quelque sorte. Depuis toujours, Vanaël avait considéré les dragons comme supérieurs, et depuis toujours, ceux-ci confirmaient ce ressenti. Même dans le présent, lors de ses rencontres avec les deux lumières d'écailles, que ce soit la belle blanche Silarae, reine des cieux, ou bien Trissi, la princesse d'argent, les deux dragonnes se savaient supérieures, et ne répugnaient en rien à le lui faire savoir. Trissi s'était même permise de le faire d'une manière plus qu'expressive, leçon que la millénaire avait retenue, et qui restait ancrée en elle. Les dragons étaient souverains, les considérer comme nos égaux était une insulte à leur race.
----------Et voilà que là, un dragon lui demandais de ne pas le considérer comme tel mais plutôt comme une personne comme une autre ! Il lui montrait même de la compassion ! En était-elle arrivé à un point on l'on avait à ce point pitié d'elle ? Ou était-ce simplement que les dragons sont bien moins arrogants, hautains ou fiers que les dragonnes ? Penser cela n'était pas envisageable pour la vampire, cela aurait été une insulte encore plus grande à leur égard. Elle ne pouvait qu'accepter cette attitude, et s'en sentir honorée. Après tout, elle était en droit de le faire, c'était presque comme si Cynoë le lui demandait. Lorsque le regard du dragon se posa sur le sien, elle en fut certaine, il l'honorait de sa présence. Croiser le regard d'un dragon était une chose, se laisser le regarder droit dans les yeux en était une autre. Peut-être était-ce une manière pour les dragons de compenser les fonctions de leurs liés. Achroma et Kedrildan n'avaient rien de princier, bien qu'Achroma ait pu être prince s'il le souhaitait, et leurs dragonnes se targuaient toute deux d'être nobles. Tandis qu'Esmelda, princesse Kohan, était lié à Cynoë qui semblait ne pas vouloir se montrer comme supérieur. Oui, c'était peut-être bien cela, aussi étrange que cela puisse paraître. Malheureusement, trois 'connaissances' draconniques n'étaient pas assez pour confirmer cette théorie.

----------Se rendant alors compte qu'elle était en train de se confier plus que d'ordinaire, et qu'elle révélait des ressentis personnels qui pourraient s'avérer être des faiblesses si on les utilisait contre elle, l'inquisitrice s'entoura d''une bulle de silence, elle ainsi que le dragon d'améthyste, s'assurant ainsi que leur conversation ne serait pas entendue pas d'indiscrètes oreilles. De la même manière que les murs en ont, les haies se pourrait très bien d'avoir des oreilles. "Disons que je redoute autant cette rencontre que je peux la désirer. Il est devenu un Cawr respecté, il est aussi devenu père, le rencontrer pourrait tout détruire. De mon côté comme du sien. *Une telle rencontre m'effraie...* Je ne sais n'y comment je réagirais, ni comment lui réagira, c'est déconcertant." Il était un Cawr désormais, comment allait-il se comporter ? De la même manière que Merythin, cet ancien cawr qui était devenu le frère de Lorenz ? Ou d'une manière plus agressive ? Elle n'avait aucuns moyens de le découvrir, sinon de le chercher, à ses risques et périls. Dans tout les cas, la rencontre les changerait tout les deux, que ce soit en bien ou en mal. Retrouver sa famille après un demi millénaire n'avait rien d'anodin après tout...

----------Mal à l'aise de parler à ce point de sa vie privée, et d'exposer ainsi ses 'secrets' bien que ce n'était en soi pas tant des secrets que cela, Vanaël essaya d'aiguiller la conversation sur une autre voie. Si le présumé ami écailleux qui lui faisait face s'inquiétait de ses problèmes, peut-être ne verrait-il pas d'inconvénients à ce qu'elle se montre curieuse sur sa vie à lui.

"En parlant de mémoire perdue, de souvenirs, comment fonctionne cette mémoire issue de vos ancêtres ? J'en ai entendu parler, mais je n'ai jamais vraiment saisi comment vous pouviez ainsi en... profiter. Je comprendrais parfaitement que vous ne puissiez m'en révéler beaucoup, ou même aborder le sujet, c'est après tout un héritage de grande valeur je suppose..."

----------Un conseiller draconnique ! C'était là la meilleure définition que l'on pouvait donner de ce dragon à l'écoute de Vanaël. Il restait là, posément allongé, écoutant avec attention ce qu'on lui racontait, y répondant alors avec soin. Mais après tout, n'était-ce pas là ce qu'était venu chercher l'inquisitrice ? Une oreille attentive, qui puisse écouter ses maux et la juger d'un œil différent que celui habituel des bipèdes. Pour la plupart la regardant avec mépris, jalousie, dégout, haine, mais très rarement avec la même distance qu'aurait pu le faire un dragon. Le fait qu'elle soit chargée de traquer et de faire incarcérer nombre d'individus pour le compte de la théocratie ne pouvait qu'accentuer le mépris et la haine que les humains comme les elfes vouaient à sa race. Alors que les dragons, eux, étaient trop jeunes dans la majorité pour être trop influencé par cette discorde raciale. Cynoë en faisait évidemment partie.
----------Il avait beau être jeune, il n'en restait pas moins un dragon appréciable sur bien des points. Il savait s'exprimer et converser avec les autres, chose que l'ancestrale convoitait souvent. L'art du language était bien difficile à apprendre pour certains. Et pour les autres, elle était le fruit d'une pratique régulière.

"Cette mémoire a donc le même rôle, en quelque sorte, que des parents ou tuteurs pourraient avoir ? Voler, marcher, courir, se déplacer de manière générale est un apprentissage qu'il convient de suivre, et que nos parents ou un maître nous enseigne. Ou est-ce dans l'état de vol un aspect quelque peu différent ? Pourrait-on l'assimiler à une sorte d'instinct ?"

----------Un manuscrit ainsi qu'une plume et de l'encre aurait été à la portée de l'ancestrale, elle se serait empressée de prendre note de tout ce que lui disait Cynoë, malheureusement, telle chose n'était pas à sa disposition. Non seulement elle n'en avait pas avec elle, mais de plus, il n'y avait pas de lieu pour se permettre tel luxe. Aucun kiosques ou autre aménagement de ce genre ne venait perturber la nature qui s'exprimait librement dans ce jardin grouillant d'une petite oasis d'êtres vivants, pour qui Vraorg ne leur causaient pas tant de tourments qu'aux bipèdes ou qu'aux dragons. Aussi Vanaël écoutait ce bel écailleux, se promettant d'inscrire tout ceci sur quelque chose de plus durable qu'une personne. Les risques qu'une information soit altérée au fil des âges parce qu'elle a été transmise à l'oral et par expérience est parfois plus important que lorsque qu'on étudie la chose avec un support matériel.
----------En tant que vampire millénaire, Vanaël était reconnaissante au dragon d'accepter lui répondre, non seulement la concernant, mais surtout lorsqu'il s'agissait de lui, ou plutôt, des dragons dans leur généralité. Autant elle n'aurait rien dit à une autre époque, quoique concernant un dragon, Vanaël aurait toujours témoigné autant de politesse et de manières. Quoi qu'il en soit, elle reprit la parole, non plus pour poser des questions, mais pour remercier son compagnon du moment.

"La grandeur de votre race est à l'image de votre amabilité semblerait-il. Merci du temps que vous m'accordez, et de vos réponses réfléchies, je prendrais soin de les garder à l'esprit." Elle marqua une pause, se passant un doigt dans les cheveux pour l'y emmêler. "Y aurait-il un .. moyen de me montrer digne de votre temps ?"

----------Elle était consciente de se rabaisser, et peut-être abusait-elle dans ses manières, hélas, trouver des alliés était dur, alors autant mettre les bouchées doubles lorsque l'opportunité se présentait. Au vu de l'admiration qu'elle manifestait à l'égard des dragons, la chose pouvait ne pas paraître si étrange cela dit. Vanaël abaissa le regard à la fin de sa phrase, manifestant son désir de laisser Cynoë décider de ce qu'il jugerait bon qu'elle lui offre. Que ce soit en services ou en biens.. Après tout, c'est bien ce qu'elle avait annoncé lorsqu'elle était arrivée ! Qu'elle était là pour le servir.

----------La réponse que lui fournissait Cynoë était une fois de plus riche en précision. Le dragon semblait faire l'effort d'user d'exemples ou de comparer; de la même manière qu'elle l'avait elle-même fait; le fonctionnement de sa vie avec d'autres cas plus simples. La description avait beau être quelque peu floue par moment, l'ensemble était compréhensible avec une certaine aisance. Mais cela n'avait été possible que parce qu'elle avait pu se sortir de son univers oppressant qu'impliquait son rôle d'inquisitrice. Leur rencontre s'était enrichie progressivement, si bien que désormais l'esprit de l'ancestrale était suffisamment reposé et détaché des événements du reste de la journée pour pouvoir s'intéresser avec attention aux explications légèrement confuses du dragon.
----------Le cours; car d'une certaine manière c'était bien cela, un cours sur les complexités de l'existence des dragons, ou du moins leur naissance; était passionnant et captivait la vampire, dont le regard scintillant d'émeraudes fixait avec attention ce compagnon draconique. Pour une millénaire qui vouait presque un culte à cette race, voilà qui avait de quoi satisfaire ses attentes jusque là inassouvies. Depuis son existence d'elfe elle les avait contemplé de loin, et voilà qu'en quelques années, depuis leur retour sur le continent, de multiples occasions se manifestaient pour en rencontrer et soutenir une discussion avec ces êtres que l'on désignait comme légendaire jusqu'à leur retour. Même actuellement l'on pouvait les désigner comme tels à vrai dire, ils étaient après tout en un nombre réduit si l'on comparait avec le passé. Aussi Vanaël savourait ces instant dont elle pouvait profiter auprès de ces êtres qu'elle considérait comme supérieurs. La réponse de Cynoë le prouvait aussi, ils étaient nobles, autant par leur forme que leur manière de réagir.

----------La deuxième partie de son explication se révélait plus clair que la première, si bien qu'ainsi, Vanaël se sentait certaine d'avoir compris cet aspect de l'apprentissage chez les dragons. Lequel fonctionne en effet différemment de chez les bipèdes, puisque dans un cas il n'y a pas d'accompagnement de l'enfant par ses parents.

"Vos pensées dans mon esprit sont comme un flambeau dans une caverne, elles éclairent une alcôve et y révèlent les détails d'un lieu en apparence simpliste et obscur. Chez nous, j'entends par là nous autres bipèdes, l'éducation se fait par mimétisme. C'est en voyant et en entendant de quelle manière les choses se manifestent autour de nous qu'il y a apprentissage. Voir ses proches marcher, parler à longueur de journées nous permet au bout d'un certain temps de réussir à les copier. Pour les vampires, c'est un peu différent, puisque en naissant vampire, l'on sait déjà tout ce qu'il faut à un être pour se mouvoir, échanger avec les autres. Seul notre histoire est vidée, ou presque. Nous devons tout de même apprendre à dompter notre soif de sang, de même qu'à survivre dans cette société à la hiérarchie drastique, mais tout de même modulable par la force autant du corps que de l'esprit. Enfin.. le passé a dévoré ce dernier point, le présent se montre bien moins tolérant sur de possibles évolutions sociales."

----------Vanaël ne se pensait pas stupide, elle faisait simplement mention au fait qu'elle soit était dans le noir quant au déroulement de l'apprentissage chez les dragons. Et ceci indépendamment du fait qu'elle soit nyctalope.
----------De la même manière que Cynoë lui avait répondu, l'ancestrale estimait juste qu'il entende sa version des faits en ce qui concerne ces races bipèdes qui avaient jadis envahit le continent Armandéen. Après tout, ceci était une discussion, un échange, il était parfaitement logique qu'après avoir été informé du fonctionnement complexe de "l'enfance" d'un dragon, Vanaël se donne la peine de lui expliquer ce qu'il en était pour eux, humains, elfes et vampires. Bien que son explication eut été bien plus courte, concise et moins imagée que celle du dragon.

----------La millénaire regarda l'écailleux poser sa tête sur le sol, avec en tête l'idée qu'ainsi, dans ce mouvement, il semblait bien plus vieux que ce qu'il en était. L'affaissement de son cou jusqu'à ce que les dalles accueillent sa gorge donnait une impression de lassitude. Et malgré cela, Vanaël le trouvait ainsi plus majestueux que lorsqu'elle était dominé par la tête écailleuse de Cynoë. Se retrouver face à cette masse transpirant de sagesse et de raisons d'être respectueuse, la vampire était légèrement intimidé par ce qui venait de se produire. À ses yeux, c'était un peu comme si Cynoë venait de s'incliner devant elle. Autant cela était honorifique, autant elle était gênée au point d'en sentir ses joues prendre une teinte légèrement rosée. La pensée de Cynoë qui suivit la rassura et lui permit de reprendre contenance, si bien que la couleur de ses joues retrouva bien vite son habituelle teinte d'ivoire. Lui nettoyer la crête ? C'était bien la première fois qu'on lui demandait une telle chose. La dernière fois, c'était elle qui en avait pris l'initiative avec Dame Silarae, aussi se le faire demander avait un aspect différent. Plus.. valorisant.

----------Vanaël s'exécuta donc, s'approchant lentement du cou surmonté par cette fameuse crête qui semblait causer tant de soucis au dragon princier. Qu'il ait fait mention de parasites pouvait ne pas être très rassurant, mais pour la vampire, ce n'était qu'un détail ayant peu d'intérêts. Cynoë désirait qu'elle lui nettoie sa crête, ce serait fait, le reste n'était qu'un insignifiant détail.

[HRP]: