L'enfance

Né durant le printemps 1089 dans une famille noble Eldakhar Lyrargent se voit très vite confié aux meilleurs percepteurs du royaume elfique, grandissant loin de sa famille, il adopte dans un premier temps une attitude solitaire voire craintive, jusqu’à sa rencontre avec Orfraie Ataliel qui devint vite sa meilleure amie.
En l’an 1189 son père et celui d’Orfraie, certainement motivés par la proximité des enfants en plus des raisons politiques sous-jacentes conclurent un accord de mariage pour les deux jeunes gens. Orfraie entra dans une colère noire et finit par s’enfuir ce qui blessa Eldakhar qui, bien que contre toute notion de mariage arrangé, le prit comme un rejet qui lui resta en travers de la gorge.

Ramené par son père dans la maison familiale Eldakhar s'était mit alors en tête de connaitre et comprendre les actions passé de son père, en profitant du tutorat que celui-ci lui fournissait et des archives et livres de comptes qu'il lisait en secret. Cependant il comprit vite que sa vie auprès de sa famille n'était pas une situation qu'il allait pouvoir supporter longtemps. Lui qui avait appris à apprécier la compagnie des autres au travers de l'affection et des familiarités ne s'accordait pas avec la strict et froide autorité paternel qui semblait vouloir le posséder ni avec les notions protocolaires qui faisait office de saintes prières au sein de cette environnement, bien-sûr cela se trouvait être bien pire quand il devait participer aux interminables rencontres politique auxquelles il se voyait contraint d'assister.
Parallèlement, il découvrait progressivement que le nom qu'il portait, grâce a ses lectures et ses oreilles indiscrètes, ressortait dans les pires moments de l'histoire des elfes, il comprit que l'homme qu'il avait jadis respecté n'était en rien celui qu'il avait imaginé. Peu importe les conséquences, s'il y avait un gain, Edmundyr le saisirait quitte a impacter négativement la vie de milliers de gens, y comprit celle de son peuple ou celle de son fils.
Il finit donc par imiter son amie et partir à son tour loin de la ville et de la politique à laquelle son père tentait progressivement de l’intégrer. Sa décision fut d’ailleurs prise quand il découvrit que son géniteur avait mis en avant cette proposition de mariage en basant son argumentaire sur l’amitié qui le liait à Orfraie, mais ayant pour unique objectif de voire le nom de Lyrargent lié à celui de la famille royale.

Ainsi dégouté de la politique et des actes de son ascendant, il quitta la cité elfique en juin 1195.

Le voyage

Il prit la décision de voyager à travers le continent à la découverte des différentes cultures qui le compose. Il apprend ainsi à se débrouiller sans les privilèges de sa richissime famille, il se découvre un talent indéniable pour le tir à l’arc et la discrétion nécessaire aux petits larcins qui lui permettaient de survivre sans travail ni soutient financier.
Il se découvrit une vraie sympathie pour les humains et leur spontanéité, allant de ville en ville, il lui arrivait parfois de se laisser à protéger un marchand ambulant plutôt que de le voler. Il apprit ainsi les ficelles des différents jeux pratiqués en Armanda, bien que chaque population ait généralement ses propres règles.

De sable et de vent

Ses pérégrinations le mènent en l’an 1253 au cœur du désert d’Esfelia où d’une flèche, il perça le cœur d’un cobra royal qui était sur le point de mordre la jeune fille du chef d’une tribus nomade. Pour le remercier le chef décida de lui offrir le poste de protecteur, rang honorifique gagné par la bravoure, qui le lie à un membre important d’une caravane en l’occurrence la jeune fille qu’il sauvât, Raâja Jun Mouÿad. Ce statut, qu’il accepta sans broncher pour raison pécuniaire (un juteux salaire venant avec), s’accompagnait également d’un marquage de la peau afin de signaler aux autres tribus nomades la confiance placée en lui par la caravane ainsi que son titre.
Au fils des années en s’illustrant successivement dans différentes escarmouches aux côtés de Raâja le tatouage finit ainsi par s’étendre sur une imposante partie de son torse et de son dos inspirant un certain respect de la part des nomades qu’il croisait
Cependant en 1336 la mort de Raâja le libéra de son serment envers la caravane qu’il laissa pour enfin rentrer chez lui.

Il prit son temps sur le chemin du retour, profitant de sa solitude et de ses rencontres pour se découvrir chaque jour un peu plus, si bien qu’il ne remit les pieds dans le royaume elfique qu’au début de l’année 1410.

De père en fils

Rien n'avait changé en trois siècles, la noble demeure qui l'avait vu naitre était toujours aussi écrasante. L'ombre projetée par le soleil couchant semblait vouloir le happer pour l'enfermer à nouveau. Ses habits et sa cape, par endroits déchirés lui donnait l'allure d'un vagabond, que sa mine sombre n'arrangeait guère et ses cheveux détachés camouflaient les stigmates bleus qui grignotaient ses joues.

Face a lui Emundyr se tenait droit, imposant dans ses nobles habits cyans, un rictus aux lèvres.

-Ainsi, après toutes ces années, mon fils rentre finalement chez lui. Dois-je en déduire qu'il a fini son caprice?
-Le dédain ne vous sied que trop bien, père. Mais au risque de vous décevoir, je ne suis pas ici pour retourner dans ma cage.

Emundyr abandonna son attitude froide, laissant progressivement la colère gagner sa voix.

-Cette cage comme tu dis, je me suis battu toute ma vie pour l'obtenir, pour que notre famille acquière le confort qu'elle mérite et TOI tu prétends ruiner le combat de toute ma vie pour notre descendance? C'est hors de question!
-Cessez donc de prétendre à l'altruisme, de votre vie vous n'avez jamais pensé qu'a vous-même. Pour dorer votre blason, vous n'avez jamais hésité à blesser et trahir ceux qui vous entouraient.
-Ce blason est aussi le tien et celui de tes futures enfants!
-Il n'est qu'un fardeau taché du sang de ceux que vous écrasez!
-Je n'ai jamais blessé qui que ce soit contrairement a toi, au vu de cette arme que tu portes en ma demeure.

Cette fois-ci se fut Eldakhar qui perdit son calme.

-Vos ambitions sont des œillères, le conservatisme que vous appuyez si fermement a pris plus de vie qu'aucune bataille rangée. Votre cupidité a affamé plus d'individus qu'aucune sécheresse. Votre fierté en a même brisé la famille royale. Morimaite-sincahonda.
-Jeune impertinent, tu me critiques et m'insultes après avoir fui tes responsabilités, si tu avais la moindre force de caractère tu aurais pris la place que je t'offrais pour infléchir le monde selon tes convictions, au lieu de cela tu as choisi la vie d'un roturier, d'un couard et d'un idiot. Si tu veux me prouver que j'ai tort viens te battre sur le champ de bataille des idées.
-Vos petits jeux de courtisans mielleux ne m’intéressent pas et ce n'est, de toutes manières, pas envisageable. Les bien-pensants de la cours n'accepteront pas d'individu portant de telles marques parmi les leurs.

En prononçant ces derniers mots Eldakhar ramenât ses cheveux en arrière et retira le haut de sa tenue, dévoilant les marques sur son visage et son corps. Puis tournant les talons, il s'en alla.

Retrouvailles et engagement

Le lendemain matin il se rendit au palais impérial afin de revoir son ancienne amie dont il découvrit la ténacité de la rancune qu’elle lui portait. Il lui fallut au final raconter tout ce qu’il avait appris à ce sujet à la cour des nobles ainsi que sa réaction avant de sentir la légère aura meurtrière qui flottait dans la pièce depuis son arrivé s’estomper.
Ils finirent tout de même par se raconter les trois derniers siècles de leur vie. Avant de s’en aller, il ressentit dans sa voix la douleur qui transparaissait depuis le déchirement de son âme.

Certainement pour échapper aux dernières paroles qu'il entendu de son père, il s'engagea dans l’armée comme simple soldat il se fait remarquer durant les 350 années suivantes pour son habilité à l’arc et son agilité. Il peut paraitre surprenant qu'un elfe ne supportant pas le protocole de la cours s'adapte aussi facilement à la discipline militaire, mais ce que ne supportait Eldakhar c’était surtout l'hypocrisie qui se cachait derrière les bonnes manières de ces anciens. L'entrainement physique en revanche le stimulait son corps et les interactions direct stimulaient son esprit. Son attitude parfois débonnaire envers ses compagnons, lui valut une certaine sympathie qui couplé à son sens stratégique aiguisé par le jeu fit de lui un redoutable capitaine, si bien qu'il fut promu commandant.

En 1750, Orfraie le recrute de force pour devenir son commandant en second afin de lutter contre les invasions vampires. Le retour des Dragons – et de la magie – fit naître en lui l’espoir pour son peuple et l'union progressive des différentes races vers un but commun fut pour lui un soulagement, craignant que son père et ses amis ne réussissent à convaincre l'empereur de céder a la tendance protectionniste qui animait le royaume.

Le vent se lève

1752 - Eldakhar était tranquillement perché en haut d'un amarante, rêvant tout en taillant quelques flèches. C'était un des trop rares jours où sa fonction de commandant des rôdeurs ne lui prenait pas toute la journée, journée particulièrement douce d’ailleurs, surtout pour la saison, un vent léger caressait son visage que le soleil couchant réchauffait encore légèrement.

A l'instant où il donna le dernier coup de lame au dernier trait qu'il prévoyait de fabriquer, un aigle se pausa face a lui sur la branche qui lui servait de perchoir et le regarda droit dans les yeux.
-Tu tombes bien toi, me cèderais-tu quelques une de tes plumes afin d'empenner mes flèches?

Plutôt que de répondre le l'impertinent volatil se laissa tomber sur la branche inférieure sans cesser de regarder l'elfe. Sa curiosité piquée par l'étrange attitude de ce drôle d'oiseau Eldakhar se laissa glissé sur le coté, cerclant sa branche de ses jambes, pour se retrouver tête à tête avec l'aigle, bien qu'à l'envers. Un instant plus tard, sans le quitter des yeux, le rapace descendit a nouveau d'un étage. Saisissant la branche suivante le soldat se laissa tomber de deux étages, mais le pygargue ne l'attendit pas et sauta de branche en branche jusqu’à la mi-hauteur de l'arbre où il bifurqua vers l'arbre voisin planant entre les deux. Notre archer le suivi ainsi jusqu’à une proche clairière au milieu de laquelle l'aigle observait encore et toujours le bipède.

Les derniers rayons du crépuscule faisaient luire de reflet cuivré le plumage gris-brun du prédateur, ses yeux perçant luisait d'une intelligence qui n'avait rien d'animal et il était, semble-t-il un peu plus grand que ses congénères.

Quand le dernier trait de lumière eu frappé ses plumes, l'oiseau écarta les ailes, baigné d'une luminosité qui semblait venir de lui-même. Les rabaissant violemment, il créa une puissante bourrasque en direction du sylvain dans laquelle il s’engouffra. De plus en plus immatériel jusqu’à devenir lui-même le vent, il transperça Eldakhar par le cœur, ressortant de son dos il reprit sa forme physique en s’éloignant dans la nuit, en direction de l'endroit ou se trouvait l'astre de feu quelques instants plus tôt. Le totem de l'aigle l’eut ainsi choisi.

Tempête

La première année de l'Age d’Obsidienne il participe à la Bataille des Bois Sombres aux cotés de Skade la dragonne millénaire au cœur du domaine baptistrale, la bataille semblait perdu jusqu'à ce que le néant abandonne ses troupes.
La deuxième il soutient les Rebelles humains au creux des entrailles d'Aigue Royal.

Suite à l’avènement de Vraorg en l'an 5 de l'age d'obsidienne, il aide à la prise de commande de l’armée régulière par Orfraie en l'absence d'Artaher Terendul afin de guider celle-ci vers l'Est trois années durant. Puis, lorsque l’appel des Esprits retentit, il suit l'armée vers Sandur avant de partir à la recherche des évadés de Morneflamme avec les Rôdeurs.
Lors de la bataille des Marais Sanglants, dans la nuit du 26 au 27 mai de la même année il prit les commandes des Rôdeurs – en l’absence de leur Générale - face aux impériaux. Victorieux dans la bataille ils ne poursuivirent pourtant pas les théocrates vers Celadon, ayant pour ordre de rejoindre leur général à Sandur.

A la Bataille de Sandur, Eldakhar commandait aux archers derrière les premières lignes, il organisât les archers façons à ce que soit abattu un maximum d’ennemies avant que ces derniers n'entrent en contact avec les troupes au corps-à-corps.
Quand la bataille commença, il se trouva une zone de mire en hauteur avec deux autres rôdeurs, d'où ils arrosèrent de flèches les troupes de Vraorg. Malheureusement concentré sur leurs tirs, les trois soldats ne virent pas la percé qui fut fait dans les remparts, ç'aurait dû être un combat équitable, mais les trois théocrates profitèrent du vacarme ambiant pour camoufler leur approche. Le premier rôdeur ne se rendit compte de sa mort qu'au moment où sa tête toucha le sol, cependant le bruit de l'acier broyant les os avertis les deux autres. Profitant du fait que l'espadon meurtrier était gêné par le corps de son ami, Eldakhar sortit sa dague et égorgea le premier soldat tandis qu'une flèche siffla à son oreille se logeant dans la gorge du second. Mais le troisième était déjà prêt à l'attaque et abattit son cimeterre avec violence, Elda tenta de parer le coup mais la violence du choc lui fit perdre trois doigts et la moitié de sa main. Entre-temps une seconde flèche fut décochée par le sylvain derrière lui prenant la vie de celui qui aurait pu être son dernière adversaire. Remerciant son compagnon d'un regard, il donna l'ordre de repli vers fort Espérance.

Le temps de vivre

Il œuvre ensuite à la reconstruction du royaume Elfique. A partir de l’an 7 il applique les ordres d’Orfraie en tant que commandant en second quand elle reprend sa place au conseil, gérant les troupes, collectant les rapports de mission et assurant l'entrainement des nouvelles recrues. Présent lors de la tentative d'assassinat sur les dirigeants du monde durant le mariage d’Aegnor et Aramis, il participe à la traque du commanditaire, Lorenz Wintel, jusqu'aux Terres Désolée.

Début avril, non loin des bois sombre Orfraie fut blesser par une chimère, accompagné de Lewyn Viladric et d'un groupe de rôdeurs l'embuscade aurait été mortel sans le secours de Verith. Malheureusement la blessure d'Orfraie était mortelle, à l'agonie elle demanda à Lewyn de la mordre, Eldakhar pouvait comprendre cette décision, depuis la mort des esprits le décès ne s'envisageait plus aussi sereinement. Mais la situation lui était tout de même insupportable, Orfraie allait survivre certes mais elle perdrait également la mémoire. Leur amitié, elle, allait mourir et son fantôme viendrait littéralement lui rappeler la blessure causée par sa perte.

De retour à Estëllin, Eldakhar fait face à Aegnor Evanaelle, physiquement épuisé, moralement détruit et les larmes aux yeux, il ne trouve pas les mots. L'empereur quant à lui ne cache pas son impatience, il veut la réponse à sa question.

Il la posa une seconde fois.
-Où est ma tante?

Les lèvres tremblantes Eldakhar reussirent enfin à prononcer la phrase qu'il avait eu tant de mal à assembler. Il se redressa, récupérant sa stature militaire, il regarda son seigneur droit dans les yeux, le torse en avant les bras sur les cotés comme s'il remettait un rapport anodin. Mais sa voix le trahit, tremblante et faible, il fallut presque tendre l'oreille pour l'entendre.

-Orfraie Ataliel, générale des Rôdeurs, a été mortellement blessé à proximité des bois sombre, afin d'éviter une mort définitive, elle a demandé à Lewyn Viladric de la mordre.
A ces mots, une larme coula le long de sa joue.