[Flashback]Lendemain de cuite (PV Ithrinn Awarlith)

Le soir même de la fin la bataille de Sandur

La guerre été finie. Une longue guerre qui avait commencé contre les vampires, qui s'été poursuivit contre les alayens pour finalement aboutir sur le règne de terreur de Vraorg. Une guerre ou même les Esprits avaient dû prendre part pour protéger les quelques combattants qui avaient refusé de plier sous la menace du Voleur de Coeur.
Harthea les avait rejoins sur la fin de la guerre après des années d'errances. Et maintenant qu'elle avait assisté à l'horreur de cette guerre, elle comprenait pourquoi les Esprits avaient accepté le sacrifice pour arrêter Vraorg. Elle même souffrait car son fidèle compagnon, son frère de route, Gwaedwen avait périt dans la bataille sous les coups de l'ennemis. Elle n'avait pas eu le loisir de prendre le temps de le pleurer et ne le pourrait probablement pas avant un long moment.
Pour l'instant, elle avançait parmi les corps pour essayer de trouver les survivants et les blessés, afin que l'on puisse leur administrer les premiers soins. Elle même, lorsque les blessures étaient trop graves pour attendre, administrait les soins grâce à sa magie.
A plusieurs reprises, elle s'arrêta pour procédait, mais ce coup, elle ne s'arrêta pas pour cela. Non, elle s'arrêta car elle venait d'entendre une voix d'enfant proférer son nom. Elle regarda dans la direction d’où venait la voix. Il s'agissait de la jeune Priscilla qui accourait vers elle en tendant les bras.

-J'ai eu si peur qu'il ne te soit arrivé quelque chose, Muinthel.
-Et que pouvait-il donc m'arriver alors que tu attendais mon retour? Répondit Harthea en l’accueillant des ses bras et en lui caressant les cheveux.
-Quand même. Avec tout ces morts autour, il aurait pu arriver n'importe quoi. Dit... Qui est ce? Demanda la jeune fille en désignant une silhouette à peine éloignée.

Harthea suivit le doigt de sa petite "Soeur" et remarqua un éclat azurée, à peine teinté d'écarlate dans le couchant. Il semblait bien à la cavalière de l'avoir vu durant l'affrontement, mais elle n'en avait pas été certaine jusqu'à présent. Mais maintenant qu'elle le voyait au calme, elle ne pouvait plus douter. Il s'agissait bien d'elle. Ithrinn Awarlith. Une elfe que Harthea avait eu l'occasion de croiser par le passé. Une elfe que la jeune guerrière respectait, malgré le crime dont elle était accusé.

Harthea ne répondit pas à Priscillia, mais se mit en marche vers Ithrinn.

-Ou comptes-tu aller, Iarwain (Ainée)? Pars tu déjà alors que le combat vient de finir?

Nul jugement ni honte dans la voix. Juste la chaleur du foyer pour celle qui erre sur les routes.

La bataille était terminée depuis quelques heures, la ville protégée soignaient ses plaies, la bataille avait été loin d'être facile, et le suicide des Esprits laissait un goût bien amer dans la bouche de l'elfe, mais il n'y avait rien d'étonnant à cela, une victoire aussi amère ne devait pas être fêtée, le désert et la ville étaient rougis du sang des perdants et des vainqueurs.

Ce n'était pas la victoire qu'elle voulait, mais la paix qu'elle avait demandée, et encore une fois, elle ne parvenait pas à s'en réjouir, comme elle ne s'était pas réjouit du retour de la magie, cachée derrière son malheur bien égoïste.

Peut-être même que l'Azurée était venue ici juste pour s'assurer que sa fille soit à l'abri, mais à présent elle n'était plus sûre de rien, même si elle s'était battue, elle n'avait subi que quelques égratignures et les quelques traces de sang qui la couvrait étaient celles des ennemis qui avaient croisé sa lame impitoyable. Une chance qu'elle fut du côté des protégés.

Et malgré la victoire, elle ne devait pas trop traîner dans les parages, alors elle se hâtait de nettoyer son équipement qui avait pris un petit coup de vieux depuis ces longues années d'errance, en particulier sa cape qui certes n'avait pas perdu de son éclat, mais qui était déchirée à force de traîner au sol, elle n'était pas désirée ici et elle devait se hâter de disparaître avant qu'on la remarque, se fondre au milieu d'une bataille était plutôt aisé, mais au milieu d'une ville en pleine réjouissance sa tristesse dénoterait sérieusement.

Elle était justement en train d'arranger son paquetage pour se remettre en route avant de remarquer que quelqu'un la fixait, elle était facilement reconnaissable pour qui la connaissait : une cape si particulière et une épée qui faisait plus de la moitié de sa taille.

Puis quand elle remarquait qu'une silhouette particulièrement élancée et typique des elfes s'avançait vers elle, elle ne put que la reconnaitre ce n'était personne d'autre que sa chère Harthea, elles avaient bien échangé quelques passes d'armes par le passé, et même si l'elfe aux cheveux cendrés étaient bien jeune à cette époque, elle n'en était pas moins une adversaire des plus correcte.

Elle se tournait vers elle, épée encore en mains, mais pointe tranquillement posée au sol, comme pour la soutenir après le combat qui avait été mené, l'exilée avait toujours cet air éploré, mais froid, les choses ne semblaient pas vraiment s'être arrangées pour cette dernière, mais le chagrin ne disparaîtrait pas avant de très longues années.

Son cœur de glace se réchauffait légèrement en entendant les douces paroles de cette dernière, ses dernières années se résumaient à cela, débarquer au cœur de la bataille, faire du ménage et repartir sur les routes avant que la fête ne commence.

Je retourne sur les routes, ma place n'est toujours pas parmi vous. Et malgré sa froideur apparente, sa voix était douce, même si avec l'effort qu'elle avait déployé pour rester en vie, elle avait bien du mal à parler, à cause de cette vieille blessure qui la tourmentait.

Même si elle n'avait pu voir la personne pour laquelle elle se battait pour rester debout, elle ne se sentait toujours pas à sa place, elle n'avait pas été bannie pour rien après tout, et même si elle estimait avoir agir correctement ce n'était pas le cas de tout le monde.

Revoir ainsi une camarade d'entrainement avait quelque chose d’apaisant pour le cœur d'Harthea. Presque comme ci le monde reprenait doucement sa place normal.
Bien sur, la cavalière était au courant de l'affaire qui avait conduit au bannissement son aînée, mais elle la respectait malgré tout. Pire, elle n'était pas sûr qu'elle n'aurait pas fait autrement à la place d'Ithrinn. Surtout lorsqu'il s'agissait d'une atteinte à la Famille.
Harthea s'approcha un peu plus d'elle et l'attrapa par les épaules avant de venir la plaquer contre sa poitrine. Les mots qui suivirent ne furent qu'un murmure, tout juste audible par Ithrinn seulement.

-Tu es tourmentée parce que tu as enfreins ce en quoi tu croyais pour ce que tu chérissais plus que tout. Ce qui te juge coupable d'ignominie à cause de ça n'ont rien comprit à ce qu'est la Famille. Je ne te comprend que trop bien. J'ignore ou sont mes deux enfants et mes parents. Je ne peux que me raccrocher à l'espoir qu'ils aillent bien. Mais en ces temps d'incertitude, je ne puis être sûre de rien.
Permets moi au moins de te permettre de te poser une nuit, pour te reposer dans ton périple. Je suis loin d'avoir la demeure que ma Famille possédait dans notre royaume, mais je reconstruirais un foyer et tu y sera toujours la bienvenue. Tu pourras t'y laisser reposer le temps d'une nuit ou plus.

Harthea n'emprisonnait pas Ithrinn de son étreinte. Elle lui manifestait la tendresse d'une sœur à une autre, et elle était sincère dans le geste comme dans la pensée.
Et puis, après une bataille comme celle qui venait de se dérouler, tout le monde avait le droit de se poser le temps d'une nuit pour se remettre des évènements.

-Et puis qui sait, tu parviendras peut être à la voir au détour d'une ruelle.

Harthea savait qu'elle n'avait pas besoin de préciser de qui elle parler. Ithrinn comprendrait parfaitement.

La douceur bienveillante de la jeune elfe sonnait comme une bénédiction pour celle qui vivait à présent recluse, loin des siens, elle avait l'impression de retrouver un morceau de son ancienne vie, un morceau habillement arraché à la parole, bien plus probante à ses yeux que tous les mots du monde.

Alors elle ne refusait pas l'étreinte de sa cadette, la glace qui serrait son cœur depuis ces longues années d'errance semblait se briser, rien que ce geste était salutaire, et lui permettrait d'affronter les routes un peu plus longtemps. Plus son bannissement rapprochait de sa fin, plus elle peinait à avancer.

Inconsciemment, son regard s'attristait, resté un peu plus signifiait avoir encore plus de mal à reprendre la route, une lame à double tranchant qu'il fallait tout de même prendre en main pour ne pas décevoir la jeune elfe.

La lame azurée n'approuvait pas entièrement le discours de cette presque petite sœur, qui était même plus jeune que son fils ainé. Ainsi, elle serrait cette dernière contre elle, et ce geste lui fit le plus grand bien. Puis elle lui murmurait avec une douceur presque maternelle :

Mon erreur aura été de faire justice moi-même et de désobéir aux ordres. Ce prisonnier aurait pu empêcher la mort de bien d'autres des nôtres. Ne soit pas amère face à quelque chose qui est juste, ma sœur, tu es encore bien jeune, ne te trompe pas d'ennemi, ma haine n'a pas apporter la justice, mais uniquement le sang. Il n'y avait aucune colère ou honte dans sa voix, pas plus que de regrets, dévoilant simplement les faits, plus que désobéir, elle avait mis toute la communauté en danger, et cette dernière valait plus qu'une simple vengeance aux yeux de l'azurée. J'accepte ta proposition si tu souhaites m'avoir à tes côtés le temps de fêter cette victoire.

En d'autres temps, elle aurait souri à la proposition, mais ce temps-là était bien loin derrière elle, il y avait eu toutes ces années d'amertume après le sang et sa famille disparue.. Et maintenant, elle s'était rendu compte que même le repos de sa famille avait été troublé par Vraorg, qu'est-ce qu'il en restait à présent des restes de sa famille ?

La remarque que faisait sa cadette à propos de sa fille, lui faisait lâcher un petit soupir nerveux, comment aurait-elle pu ? Elle avait été bannie alors que sa fille n'était encore qu'un simple bébé.

Je ne sais même pas à quoi elle ressemble, et peut-être même qu'on ne lui a jamais parlé de moi. Au fond, elle ne semblait pas vraiment contre ça, mieux valait que sa petite grandisse heureuse et ne sachant pas les crimes de sa mère plutôt qu'à l'ombre de cette dernière.

Puis elle se détachait un peu à contre-cœur de cette étreinte qui lui faisait pourtant tant de bien. Le regard froid de l'elfe aux cheveux ébène semblait s'être adouci presque réchauffé.

La tristesse d'Ithrinn se voyait autant dans son regard que dans l'affaissement de ses épaules. La fière guerrière combattait toujours pour ce qu'elle avait toujours voulu protéger, mais elle ne trouvait plus le repos. Et Harthea connaissait parfaitement cela. Elle avait elle même erré pendant si longtemps à la recherche des siens, aillant rapidement perdu l'espoir de les retrouver.
Mais Orfraie, Aramis et Priscillia lui avait donné un nouvel objectif pour la vie.
Aramis lui avait proposé de devenir son apprentie pour hériter du titre de Championne du Peuple Elfique. Et Orfraie et Priscillia lui avait ouvert la voie de l'enseignement et du partage. Orfraie en acceptant l'idée qu'avait eu la jeune elfe et Priscillia en suivant les enseignement que lui inculqué sa "Grande Sœur".

Mais ce soir, se serait à Harthea d'offrir un peu de ce salut à Ithrinn, malgré la perte toute récente de Gwaedwen. La cavalière ne se laisserait pas s'abimer dans le chagrin. Ce n'est pas ce qu'aurait voulu son compagnon équestre, elle le savait.

Harthea adressa un sourire à son aînée avant de répondre, l'attrapant par le bras et prenant doucement le chemin de l'oasis ou elle avait établit son "domaine" en cette fin de guerre, une petite cabane qui se tenait à quelques distances de la cité de Sandur.

-Je ne suis nullement amère, Ithrinn. Je ne connais que trop bien les défaut de notre peuple pour en être moi même l'une des preuves vivantes. Si je devais être amère à l'encontre des notre, je serais une hypocrite finie, ce que je me refuse à être. Ne serait-ce parce que je me dois de montrer désormais l'exemple. A mes enfants si je les retrouve un jour. A Priscillia qui m'accompagne désormais. Harthea fit signe à la jeune humaine de la rejoindre et l'attrapa tendrement dans ses bras. Mais aussi à notre peuple. Après tout, Dame Aramis m'a proposé de devenir sa disciple pour un jour hériter peut être de son ancien titre de Championne du Peuple.
Donc autant de raison pour ne pas me laisser aller à l'hypocrisie.
Quand à t'avoir à mes côtés, je dirais plutôt que je souhaiterais t'avoir avec nous à chaque instant. Tu es bien meilleur manieuse de lame que je ne le suis, et ton expérience pourrait nous aider dans bien des situations. Et au vu des temps qui nous attendent et du faible nombre que nous sommes, les elfes auront besoin de toi comme de chacun d'entre nous. Mais je puis comprendre que tu ne puisses pas encore revenir. Du moins tant que ton bannissement ne sera pas levé.
Mais je ne doute pas qu'un jour viendra ou l'on t'invitera à revenir.

Lorsque Ithrinn évoqua le fait qu'elle ne sache pas à quoi puisse ressembler sa fille, Harthea eu malgré tout un sourire compatissant.

-J'ai connu une humaine, durant mon enfance, qui m'a dit que les parents reconnaissent toujours leurs enfants, quelque soit la distance. Et que les enfants tiennent toujours leur apparence de leur parents. Lorsque viendra le temps de la revoir, je sais que tu la reconnaîtra, même si elle ne te reconnait pas tout de suite.
Il te suffira alors de la prendre dans tes bras comme tu le faisais lorsqu'elle n'était encore qu'un nourrisson. Je ne doute alors pas qu'elle se souviendra de ta chaleur et de ta présence.
Mes propres enfants me reconnaissaient immédiatement lorsque je procédais ainsi après m'être absenté pour mes missions loin d'eux. Il en sera certainement de même pour toi et ta fille.

Dire qu'Harthea était convaincu de ce qu'elle disait aurait été un euphémisme. Il ne s'agissait plus d'être convaincu ou pas. C'était pour elle une vérité absolue.

Sa lame impitoyable était la seule chose qui lui permettait de tenir encore debout à l'heure actuelle, une arme qui s'abattait sans aucune pitié sur ses adversaires, un ultime moyen pour rester en vie, ne pas se laisser, abattre, ne pas tomber à genoux, pour ne pas se laisser mourir, et depuis dix ans voilà de quoi était composée sa vie.

Ne pas céder, ne pas craquer, ne pas pleurer, ne jamais rien lâcher, voilà on quotidien depuis toutes ces années, ne s'accorder aucun répit pour ne pas s'abandonner au malheur, même plus un seul sourire ou même un bref éclat de rire, comme si s'accorder un instant de bonheur allait la foudroyer. Si bien qu'avec le temps et la douleur qui ne s'estompait pas son corps s'était figé dans cette attitude, froideur, tristesse deux armes avec lesquelles elle s'armait comme de véritables protections.

Personne n'avait cru en elle, tout le monde la voyait comme une simple femme qui avait appris à manier les armes comme certains apprennent à manier les mots, mais tous avaient été surpris quand elle les a ramassées pour se battre pour ce qu'elle croyait juste. Le bannissement n'avait pas été une erreur, elle avait prouvé qu'elle était une machine prête à tuer, et encore tuer était bien un mot un peu faible pour décrire l'horreur de la scène qu'elle avait créée, vu ce qu'il restait du prisonnier au final. Finalement, elle avait beau s'être rendue et avec toute la bonté du monde sa place n'était plus parmi les siens.

Puis elle observait attentivement l'elfe, la scrutant assez facilement, le vert de ses yeux se perdant quelques secondes puis se portant sur la petite humaine qui accompagnait tout à l'heure l'elfe. Encore une fois la glace de ses yeux se brisait un peu, cette scène lui rappelait des moments agréables de sa propre vie, des moments en d'autres temps qui auraient pu l'apaiser ne serait-ce qu'un peu.

Elle suivait ensuite plutôt docilement son interlocutrice, tout ça lui rappelait le bon vieux temps en quelque sorte, elle ne se sentait plus comme une paria, juste là où elle voulait être.

Je ne peux que m'incliner devant ta volonté.. Elle fut obligée de marquer une pause, comme les mots refusaient de sortir de sa gorge blessée. Je te souhaite de réussir dans tout ce que tu entreprends.

Il n'y avait aucune trace d'ironie dans la voix qui fut autrefois mélodieuse de l'elfe aux cheveux de charbon, maintenant cette dernière était plutôt dissonante à cause de cette blessure, elle en gardait une cicatrice nette sur la gorge et montrait à quel point l'arme avait été impitoyable - comme la sienne à présent -, juste un profond respect et du bonheur pour la prochaine ère de paix qui s'annonçait enfin. Même si comme toujours, elle parlait bien peu par rapport à la personne qui se trouvait en face.

Au moment où elle avait dû quitter son foyer sa chère fille n'était encore un bébé bien loin d'explorer le monde, elle était née que quelques jours avant le drame, comme un message des esprits pour obliger Ithrinn à ne pas s'abandonner au chagrin, mais malheureusement cela n'avait pas suffi. Mais peut-être que son interlocutrice avait raison, peut-être qu'elle la reconnaîtrait au premier coup d'œil.

Tu as certainement raison. Ce n'est pas si facile à oublier. Sa voix trouvait un peu de douceur.

Ithrinn accepta finalement l'invitation d'Harthea, ne serait-ce que pour la soirée et la nuit à venir. le sable crissait sous leur bottes tandis qu'elles avançaient toutes les trois vers l'étendue d'eau ou vivait pour le moment la jeune elfe, s'éloignant progressivement des restes du champ de bataille ou elles se trouvaient jusque là.

-Pour ce qui est de réussir, le temps seul nous dira si j'ai raison ou pas et si je réussi ou pas. En tout cas, je m'y emplois.

Harthea gardait un sourire sur le visage malgré la fatigue qui la guettait intensément en cette fin de journée. Elle guidait Ithrinn et observait en même temps l'hécatombe autour d'elles. Dire que cette guerre avait été un véritable massacre était encore loin de la vérité. De sa propre estimation, Harthea estimait que le nombre d'elfes encore en vie ne dépassait pas les cinq milles. Ce qui était un véritable désastre pour eux. Elle ressentait cette peine et comprenait que les temps à venir seraient dur pour son peuple. Que les sylvains allaient devoir s'adapter rapidement sans quoi ils étaient condamnés à plus ou moins brève échéance. Ce qu'Harthea refusait catégoriquement.
Puis elle vit sa petite cabane se dessiner au loin, apparaissant entre les arbres de l'oasis et elle eut une idée sur ce qu'elle pourrait faire pour son peuple, mais aussi pour sa propre Famille. Et une deuxième idée germait en même temps dans son esprit. Une idée qu'il fallait qu'elle propose à son ainée. Une idée qui pourrait leur être profitable à toutes les deux.

-Je pense reconstruire le domaine de ma Famille et en faire un lieu de paix et de diplomatie. Revenir aux fondamentaux de la Famille de ma Mère. Le Mot et le Verbe, mêlés à l'épée lorsque cela devient nécessaire.
Mais pour cela, je vais avoir besoin d'aide. Que se soit dans le Royaume elfique à venir ou ailleur.
J'aurais besoin d'avoir des yeux et des oreilles là ou je ne puis être. Puis-je te demander de devenir cela? Ainsi, tu pourrais continuer de protéger ce que tu avais promis de servir, à savoir notre peuple, en attendant de revenir parmi les tiens. En échange, je te promet de tout faire pour retrouver et protéger ton enfant jusqu'à ton retour. Que tu puisses la tenir contre toi lorsque le moment viendra.
Je sais que c'est une proposition qui peut sembler folle, mais j'ai bon espoir que cela soit réalisable. Je pourrais, pour cela demander à mes connaissances de m'aider et nous retrouverons ta fille.

Les paroles d'Harthea étaient à la fois un ordre et une demande, chose qui, il faut le reconnaître, est rare et difficile à accomplir. Elle venait d'ordonner à son amie d'honorer son serment et lui demandait dans le même temps de l'aider.
Et le pire, c'est que le ton de sa voix allait de pair avec les paroles qu'elle venait d'énoncer. En faite, c'est comme ci il ne s'agissait pas d'une promesse, mais d'un fait accomplit qu'elle proposait à Ithrinn. Celle ci pouvait considérer qu'Harthea avait déjà retrouvé sa fille et que la prochaine fois que la Lame Azurée aurait des nouvelles de sa puis-né, elle aurait également des nouvelles de sa fille.
Harthea ne levait pas la sanction d’exil, mais proposait une alternative.

L'âme azurée avait le regard qui furetait à droite et à gauche, elle aimait ce qui se dégageait du désert, même la nuit, il suffisait de s'asseoir sur une dune, fermer les yeux, ne rien voir, ne rien entendre, juste le sable et encore le sable comme seul horizon et malgré tout avec l'obscurité de la nuit.. Quelque chose rayonnait, une lueur à la fois froide et chaude, agréable, exactement comme la jeune elfe qui lui autorisait le répit après tant d'années.. C'était ce genre de choses qui lui venaient en tête sur le chemin.

Les restes du champ de bataille disparaissaient petit à petit, les sables rougirent par la bataille aussi, puis vint le calmer, un calme qu'elle ne voulait surtout pas troubler. Elle n'avait jamais été très bavarde, mais depuis le drame, c'était encore pire, un silence à la fois calme et inquiétant. En fait comme tout le monde, elle avait été épuisée par les multiples guerres qui s'était succédées, les alayiens puis Vraorg et finalement, elle n'avait rejoint le protectorat bien tard. Là où longtemps, elle avait cherché la mort, les Esprits semblaient bien décider à la garder en vie encore longtemps et pourtant à la mort des siens, encore plus longtemps elle les haissa, mais vaines ses plaintes avaient été.

- Tu y parviendras, je te fais confiance. Elle ne doutait pas de la capacité à réussir à réussir ce qu'elle entreprenait.

Quant à la suite, elle observait de ses yeux émeraude quand sa cadette lui adressait son projet, elle saisissait bien l'ordre au-delà de sa demande, elle en frémissait même, et malgré qu'elle fut bannie son devoir existait encore gravé profondément dans sa conscience, elle ne pouvait pas refuser l'occasion d'aider son peuple, qui aurait bien du mal à se remettre de cet affrontement final.

Et elle fit quelque chose qui ne lui était pas arriver depuis des années, elle ne s'inclinait pas au sens où on l'entendait, mais elle baissait la tête ainsi que le regard, mais aussi d'esprit, elle s'inclinait devant la demande de son amie. D'ordinaire, elle ne l'aurait jamais fait, elle avoir toujours su rester digne même dans les moments les plus difficiles, mais s'incliner du regard, non jamais ! À la fois une preuve d'humilité et de confiance envers sa cadette.

Il y a longtemps, elle avait fait un serment qui ressemblait beaucoup à celui qu'elle faisait aujourd'hui, c'était ce qu'elle voulait, même si elle avait aimé retourner auprès des siens après cette longue errance, mais cela lui suffisait pour l'heure, c'était un honneur qu'elle n'espérait plus depuis longtemps.

Son geste et son regard suffisant amplement à répondre à sa demande, un morceau arraché, il n'y avait pas besoin de mot pour voir qu'une étincelle toute particulière brillait dans son regard, même si son visage restait impassible, le cœur semblait y être.

La réaction d'Ithrinn fut à la hauteur de l'attente d'Harthea. La jeune guerrière savait parfaitement que son ainée répondrait à l'appel de son peuple lorsqu'il fallait le protéger, et qu'elle n'y manquerait pas. Elle même aurait réagit de la sorte.
Elle poursuivirent en silence leur route dans le sable et parvinrent bientôt à l'aurée de l'oasis qui abritait la petite cabane ou logeait Harthea. Un enclos désormais vide avait été installé, mais il ne servirait probablement plus jamais. La jeune elfe eu un regard douloureux pour l'espace qu'elle avait aménagé pour Gwaedwen. Mais maintenant que celui ci avait périt sous les coups adverses, elle n'avait plus de monture à installer et à prendre soin. Et en tant que cavalière, c'était comme si on l'avait amputé d'une partie essentielle d'elle même.
Priscillia attrapa la main de sa Muinthel et elle poursuivirent leur route, poussant délicatement la porte en bois grossier. Le sable se souleva légèrement tandis que les rayons du soleil couchant précédait les habitantes dans la petite cahutte.
Celle-ci ne payait pas de mine, ne contenant qu'une seule pièce avec une paillasse aménager au fond, et une table au centre.

-Priscillia? Peux tu nous faire chauffer de l'eau? On va se faire une infusion. Vu la température à l'extérieur, c'est encore ce qui nous désaltérera le plus.

La jeune humaine fila en courant vers l'étendue d'eau non loin, un seau sous le bras.

-Fais donc comme chez toi, Ithrinn. Ce n'est guère luxueux, mais au moins nous avons de quoi nous reposer un temps avant de reprendre la route. Que cela soit une étape ou un arrêt.

Harthea ignorait pour le moment quel serait l'avenir de son peuple. Elle voulait juste se poser un moment et profiter d'un repos mérité après ces années d'errance et ces guerres qui avaient semblé jusque là sans fin.
Priscillia arriva rapidement avec un seau d'eau et en versa un peu dans un cruche. Puis doucement, elle vint apposer ses deux mains de part et d'autre du récipient et, comme Harthea le lui avait enseigner, elle délivra un lente chaleur magique qui commença a réchauffer le liquide.
Harthea attrapa un peau qu'elle ouvrit et dont des senteurs rappelant la douceur des bois s'élevèrent aussitôt dans la pièce.

-L'une de mes petites fierté, si je puis dire, c'est d'avoir apprit à préparer quelques breuvages doux au palais et à ce qu'il parait, au moral également. Tu me dira ce que tu en penses.

Déclara la jeune elfe tandis qu'elle déposait une fine poudre verte au fond d'un gobelet qui avait dû connaître des jours meilleur, mais qui restait encore propre.
Puis la jeune humaine vint verser doucement une eau chaude, mais non bouillante, laissant doucement les deux ingrédients se mélanger sans s'agresser mutuellement. Puis une fois la boisson prête, elle déposa le gobelet devant Ithrinn avant d'en préparer deux autre pour Harthea et elle même.

Cette période avait été sombre pour tous, elle-même qui avait rejoint le désert au plus tard avait du passé le plus clair de son temps à se cacher, à ne jamais rester trop longtemps au même endroit pour ne pas qu'on flaire sa trace. Par chance, elle était plutôt rapide et sentait le danger venir de loin. Sans vraiment pouvoir l'expliquer, elle avait tenu longtemps et seule la plupart du temps, et à présent, elle était quelque peu lassée d'errer, mais elle continuerait à le faire par obligation.

Autant dire que quand son amie lui proposait de s'accorder un peu de repos alors que juste avant elle s'apprêtait à reprendre la route, ce fut une proposition des plus salutaire et qui réchauffait un peu son cœur.

Elle suivait distraitement, son regard observant ce qui les entourait, bientôt tous rejoindront les grandes villes, qu'il fallait reconstruire à présent, et sans doute Sandur deviendra une ville fantôme..

L'elfe observait ensuite l'intérieur de la petite cabane, ce n'était pas grand chose, mais elle n'était pas difficile, elle passait la plupart de ses nuits dehors, autant vous dire que c'était largement suffisant. Alors elle se débarrassait de son épée, la posant contre l'un des murs, preuve de la confiance qu'elle portait à son amie, d'ordinaire, elle ne la lâchait pratiquement jamais, elle lui paraissait bien lourde à porter en cette fin de journée, s'installant ensuite elle-même dans un coin, en lâchant presque un soupir de contentement.

- C'est suffisant. Elle semblait plutôt détendue, la glace qui gelait son cœur avait un peu fondu.

Avoir l'impression de rentrer quelque part, même si ce n'était qu'une étape, lui faisait le plus grand bien, lui permettait de faire une pause dans la rude punition qu'elle s'infligeait depuis toutes ces années et avec le temps cela devenait de plus en plus difficile, peut-être qu'un jour, elle trouverait le repos et le moyen de sourire de nouveau.

Mais pour l'heure, elle observait le ballet de la petite humaine, elle avait cette petite étincelle dans le regard, cette enfant lui rappelait de bien agréables souvenirs. Et elle s'autorisait à fermer les yeux quelques secondes. Elle fut tirée de ses pensées par l'enfant, la remerciant rapidement. En tout cas, l'odeur n'était pas désagréable, alors sans plus hésiter, elle plongeait ses lèvres dans le breuvage chaud, ça avait quelque chose de presque réconfortant à la fin de cette rude journée.

- Un vrai délice en tout cas. Puis elle se souvenait qu'elle aussi avait quelque chose à lui demander. J'aurais une requête à te faire, maintenant que la forêt est détruite, j'aimerais que tu bâtisses un mémorial pour que les miens puissent se reposer, là où les elfes s'établiront. Une simple pierre gravée lui suffirait, juste en l'honneur de ceux qui étaient injustement tombés.

Après l'intensité de la bataille, ce coin de fraicheur et de calme était la bienvenue.
Harthea s'était également assise après s'être délesté de son bardas, le posant sur la paillasse. La douceur de ce petit coin reculé du reste du monde avait permit à la cavalière de reprendre pied dans le monde et de se concentrer sur ce qu'elle désirait faire par la suite.

Mais aujourd'hui, le monde leur était tombé dessus et avait rappelé cette triste réalité dans lequel tous le monde vit. Le combat les avait emporté. Pendant la journée, Harthea n'avait plus été une cavalière, mais une "Danseuse de combat" comme s'amusait à dire son père. Elle avait d'abord été en harmonie avec son destrier et compagnon de toujours, puis elle avait dû poursuivre à pied, fauchant les ennemis alors qu'ils se présentaient devant elle pour la faire tomber à son tour. Mais elle les avait abattu soit avec son arc, soit avec sa lame, se forçant à ne pas regarder le visage de ceux à qui elle prenait la vie.

Mais ce soir, elle laissait tout cela à l'entrée de sa cabane, savourant l'instant et la quiétude du lieux.
Elle regardait attentivement son apprentie faire le service comme elle le lui avait enseigné. Cette jeune fille ne cessait de la surprendre par sa rapidité d'apprentissage. Des notions qui pouvaient paraître complexe, elle les comprenait avec une aisance qui avait tendance à désarmait la jeune elfe, lui posant parfois des questions auxquelles Harthea n'avait pas toujours les réponses. Elles les cherchaient alors ensemble, n'hésitant pas à expérimenter les choses par elles même. Priscilla faisait alors preuve d'une curiosité à la hauteur de celle d'Harthea.

Le compliment que fit Ithrinn quand à la boisson ramena la jeune guerrière à la réalité. Compliment qui fut suivit par une requête simple. Harthea eu alors envie de répondre oui immédiatement. Mais cela fut alors remplacé par une autre idée. Elle adressa un large sourire à son aînée et puis se tourna vers la jeune enfant.

-Selon toi, quel genre d'hommage peut-on rendre à ceux qui sont tombés en lieux et place de notre invité?

Priscilla posa la carafe sur la table, observa la Muinthel avec attention. Elle comprenait le sens de la question, mais n'était pas sûr d'en comprendre l'intérêt. Elle prit donc un moment pour réfléchir. Un moment qui s'étirait tandis que le silence s'éternisait. Puis elle prit une inspiration et porta son regard sur Ithrinn

-Pour ceux que nous avons connu, nous leur rendrons hommage à notre manière. Mais pour vos respects, Dame, il n'y a que vous qui puissiez le faire convenablement. Si je comprend bien votre demande, j'en déduis que vous ne pouvez vous rendre là ou la Famille de ma Muinthel s'établira avec le reste des elfes. Donc si vous souhaitez qu'un hommage leur soit rendus en votre nom, il vous faut acheter le droit de vous rendre là ou leur noms sera gravé pour l'éternité, que vous leur présentiez vous même vos mots et pensées. Car si c'est une autre personne qui le fait à votre place, cela ne sera pas leur rendre hommage convenablement. Ne pensez vous pas?

La petite question fut posé avec un brin de malice dans la voix, mais sans moquerie aucune. Il s'agissait d'une question qui n'appelait pas réellement de réponse. Il s'agissait plus d'une invitation à la réflexion personnelle.

-Excuses l'impertinence de ses mots. Mais je pense que sa question n'est pas loin de ce que nous devons faire pour honorer nos morts. Qu'en penses-tu?

Difficilement, elle s'était frayé un chemin jusqu'au champ de bataille, mais bien plus facilement que ce qu'elle aurait imaginé comme les deux camps étaient occupés à se battre, elle qui ne souhaitait pas être remarquée, elle avait failli il y a tout juste quelques instants, mais c'était le genre d'échec qui lui faisait du bien à l'âme.. Elle avait été seule bien trop longtemps et en avait presque oublié ce que c'était d'être accompagné.

Mais maintenant qu'elle pouvait enfin se reposer, baisser un peu sa garde, lui faisait aussi beaucoup de bien, et même si elle avait encore cet air vide de tout depuis que sa famille avait été lâchement assassinée cette nuit-là, mais ce n'était pas le moment de penser à cela, alors elle chassait rapidement de son esprit cette pensée bien douloureuse.

De plus, elle était ravie de voir que la vie des elfes ne s'était pas arrêtée avec la destruction de leur forêt - quelque chose qui malgré le temps lui paraissait encore si douloureux. Mais le pire était sans doute de savoir que les siens ne reposaient plus nulle part.. Elle n'était pas quelqu'un de matérialiste, juste que de n'avoir rien où pouvaient s'attacher l'esprit des disparus, l'angoissait. En quelque sorte.

L'elfe écoutait attentivement la jeune humaine, elle eut même presque un sourire en l'entendant, elle lui rappelait étrangement quelqu'un, mais sa franchise était un bon point.

- Laisse-la, la franchise est quelque chose d'important. Elle ne pouvait pas se vexer sur l'impertinence de la jeune fille. Néanmoins, elle devait éclaircir certains points. Un retour en grâce, ce n'est pas quelque chose que l'on demande, mais qui se mérite, et je ne pense pas le mériter, en tout cas pas de mon vivant. L'elfe eut bien du mal à faire sortir cette phrase d'une manière parfaitement audible. Mais tu as vrai, jeune fille.

Même si elle avait un air qui à première vue pouvait paraître sévère ou même horriblement froid, à cet instant, on devinait une certaine douceur, qui appartenait presque au passé à présent. Elle devait avouer que cette toute jeune humaine avait dépassé la question qu'elle s'était posée, elle n'y avait pas pensé tout simplement.

Quant au reste, elle savait que les elfes étaient un peuple qui peinait à pardonner et généralement, il n'oubliait pas aussi facilement.

Priscilla eu un sourire lorsque leur invitée essaya d'éclaircir la chose concernant un retour en grâce.
Priscilla était une enfant bien souvent perceptive des choses que la plus part ne perçoivent pas. Et elle avait parfaitement comprit la douleur qui se cachait derrière la douceur de cette femme meurtrie

-Si vous me le permettez, je pense que vous n'avez que partiellement comprit votre propre déclaration, Dame.
Comme vous le dites, on ne peut demander aux gens de nous pardonner. C'est à eux de nous l'accorder. Et ce n'est donc pas à vous de décider si vous le méritez de votre vivant ou pas. Votre tâche est de tout faire pour vous racheter. La leur est de fixer la limite à atteindre pour qu'ils vous pardonnent. Vous n'avez donc aucune raison de vous laisser noyer d'avantage dans le chagrin. Battez vous pour revoir votre enfant, pour retrouver votre place au sein des vôtre. Trouvez des gens qui seraient prêt à vous aider pour cela.

Harthea ne put que sourire face à la pertinence de la déclaration de sa jeune apprentie. Puis elle prit la parole à son tour.

Et au passage, tu as ici des gens qui seront prêt à t'aider.
J'ai moi même eu l'honneur de recevoir l'opportunité de recevoir l'aide de personnes qui m'ont montré la voie. Je suis sûr qu'ils pourraient en faire de même avec toi et te tendre la main. Mais pour cela, il te faut le leur demander. Et cela, c'est uniquement entre tes mains, lorsque tu te sentiras prête à le demander.

La jeune cavalière tendit son verre vers la jeune humaine afin qu'elle lui resserve à boire. Puis elle but lentement sa boisson, laissant ainsi le temps à Ithrinn de méditer.
Après un moment, Harthea se leva et adressa un large sourire.

-Je ne sais pas vous, mais cette journée m'a donné faim. Je propose que l'on aille se baigner dans l'oasis avant de manger un morceau. Vous en pensez quoi? On pourra ainsi se nettoyer mutuellement.

Elle adressa un clin d’œil à Priscilla, car la jeune fille aimait lorsque Harthea la baignait et qu'elle pouvait laver sa Muinthel en retour. Et comme le dit le viel adage. Plus on est de fou, plus on rit.

La franchise de la jeune aurait presque pu lui arracher un éclat de rire, mais au moins cela faisait pétiller son regard d'une lueur qui semblait plutôt amusé, le côté franc de la jeune fille prêtait à sourire et elle lui rappelait ses jeunes années d'insouciances, elle avait eu un caractère semblable dans sa jeunesse surtout à l'égard de sa grande sœur. Mais néanmoins, elle se sentait un peu mal à l'aise bien qu'amusée, elle était d'un naturel plutôt effacé d'ordinaire.

- Tes mots sont bien vrais jeune fille. Elle ne pouvait pas vraiment le nier, ça ne faisait pas forcément du bien, mais parfois, il fallait un bon coup de pied aux fesses pour faire bouger un peu les choses, et elle en avait au moins besoin d'autant que de soutiens.

L'idée de prendre un bain ne lui paraissait pas étrange, la journée avait été particulièrement difficile et elles étaient toutes dans un assez mauvais état et elle était bien la première à le reconnaître. Et il n'y avait rien de mieux que de l'eau pour se changer les idées, et surtout pour se détendre. Elle n'était pas spécialement pudique et puis elle aimait bien se baigner de temps en temps, l'eau restait son élément après tout, peut-être à cause de son totem ?

- On ne peut pas rêver mieux comme programme. Lentement, elle semblait s'ouvrir un peu. Cette compagnie lui faisait le plus grand bien surtout après une bataille qui avait été particulièrement éprouvante et les longues années d'errance.

La relation entre les deux filles en tout cas faisait plaisir à voir, elles semblaient si bien s'accorder, visiblement même les guerres ne pouvaient briser les liens familiaux et finalement malgré la destruction de la forêt elfique, il y avait toujours un endroit où rentrer.

Puisqu'elles étaient toutes les trois partante pour profiter de ce moment de détente qui s'offrait à elles, Harthea se leva, défaisant en même temps sa veste de cuir et la laissant choir au sol. Puis elle se dirigea vers un meuble fermé ou elle attrapa trois serviettes de bain qu'elle tendit à Priscilla et Ithrinn, s'en gardant une pour elle même.

-L'avantage d'être ici, c'est que personne ou presque ne vient si près. beaucoup préfère rester à l'ombre de la cité et y puiser l'eau au puit. Nous ne serons donc pas dérangées ni surprises. Et nous pourrons profiter de la douceur de l'eau à loisir.

Sa serviette sous le bras, et une chemise de soie sur les épaules, que la veste de cuir avait caché jusque là, Harthea sortie de la cabane d'un pas lent et mesuré, laissant ses deux compagnes de soirée la suivre à leur rythme.
Arrivée au bord de l'eau, la jeune elfe enroula la serviette autour de sa taille pour défaire le pantalon qui lui ceignait les hanches et enveloppait les jambes. une fois cela fait, elle fit remonter la serviette sous la chemise pour s'en débarrasser, avant de s'avancer dans l'eau, couverte comme il se doit du linge de bain.
Bientôt l'eau l'enveloppa entièrement tandis qu'elle s'asseyait dans l'étendue aqueuse et se laissait aller. Priscilla vint la rejoindre et s'installa après avoir posé trois seaux sur la berge et avoir imité sa Muinthel.
Toutes deux se relâchèrent complètement dans la douceur de l'eau qui s'engouffrait dans leurs corps tendus par cette journée de bataille ou le destin d'Armanda s'était joué entre deux forces colossales, ayant prélevé leur dîme sur des âmes qui n'aspiraient qu'à vivre en paix et sans conflit.
Et le trio n'était pas en reste quand à ce désir de tranquillité.

-Cela ne vaut pas les bains que nous avions autrefois, mais c'est plus qu'appréciable que de pouvoir se laisser ainsi aller et oublier nos obligations pour un moment avant de replonger dans les tourmentes du monde.

Puis après un moment à ne pas bouger et à fermer les yeux, la jeune femme se redressa et attrapa un pain de savon et adressa un sourire à sa visiteuse.

-Tentée pour te faire frotter le dos?

Dans l'immédiat, elle ne pouvait que se débarrasser de son écharpe, de sa cape et des quelques pièces d'armures qu'elle portait au quotidien, et elle ne s'en sentait que plus légère, comme si beaucoup de ses soucis s'envolaient en même temps que le poids sur ses épaules. Et elle se sentait soulagée de trouver un lieu de repos sans qu'elle ait à s'inquiéter de devoir s'enfuir au bout de quelques heures. Fuir sans cesse était épuisant, ne pas avoir d'endroit à soi l'était tout autant. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pris soin d'elle, depuis combien de temps s'était-elle seulement reposée ?

Elle n'aimait pas vraiment enlever ses vêtements qui étaient presque comme une seconde peau pour elle, sans toutes ses affaires, elle se sentait.. Nue et nue, c'était le cas de le dire puisque tout tenait derrière une serviette. Elle n'était pas spécialement pudique, mais elle se sentait particulièrement vulnérable dans cette situation d'autant plus que le retrait de cette seconde peau laissait paraître plusieurs cicatrices fines comme vestiges de ses derniers affrontements, soignées avec les moyens du bord le plus souvent. Mais la pire restait bien celle de sa gorge, beaucoup plus épaisse et marquée. C'était ça qu'elle n'aimait pas montrer. Mais par chance, elle se trouvait en compagnie de personne qui ne jugeraient pas sur ça, alors elle pouvait se glisser dans l'eau en toute confiance et c'était particulièrement agréable après une journée comme celle-ci.

L'elfe glissait timidement un œil dans la direction de sa cadette en entendant sa demande, craignant de la décevoir, elle attrapait ses cheveux pour libérer son dos des flots noirs de ceux-ci, présentant ensuite son dos comme ultime preuve de confiance.

- Tentée. Elle semblait déjà plus en confiance et apaisée.

Harthea se redressa et vint se placer afin de pouvoir frotter le dos d'Ithrinn et la savonner comme il le fallait. Elle s'attela à la tâche avec attention et prit son temps frottant et massant les chaires marquées de la bannie.
Priscilla faisait de même pour sa Muinthel, la frottant avec autant de concentration que la jeune elfe en avait pour son ainée.
Le moment s'écoulait tranquillement dans un silence à peine rompu par le vent soufflant dans les branche de la petite oasis.
Lorsque Priscilla eu fini, elle se redressa et vint se placer devant l'invité et lui tendit son pain de savon, un sourire tendre sur les lèvres.

-Pouvez vous me le faire également? Demanda alors innocemment la jeune humaine.

Cela fit sourire également Harthea qui savait que Priscilla faisait la demande de manière totalement désintéressé, ou presque, la cavalière savait que ce genre de chose pouvait aussi aider les gens à penser à autre chose et à se concentrer seulement sur l'instant présent.
La jeune elfe attrapa au creux de ses mains un peu d'eau et la fit lentement couler sur la peau de son invitée afin de la rincer et de la débarrasser du savon et de la crasse de cette longue journée, espérant ainsi évacuer par la même le stress d'Ithrinn.

-Un peu de douceur dans un monde de brut. C'est ce qu'il nous manque bien souvent.

Puis, une fois qu'elle eut finit de laver son amie, Harthea s'allongea sur le dos, dans l'eau et se laissa flotter en direction du centre de l'étendue d'eau, savourant encore la douceur de l'eau et la chaleur du soleil. Le tout caressant délicatement sa peau burinée par les voyage qu'elle avait pu faire par le passé et par les différents évènements qu'elle avait pu vivre au court de sa "courte" éxistence.

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