Il y avait de quoi pester quand on se retrouvait de garde la nuit dans un des nombreux campements qui bordaient les environs de Gloria la dépravée. Après la chute de Vraorg, les protégés, malgré la peine qu’avait engendrée la disparition des Esprits, n’avaient pas perdu de temps pour reformer leurs rangs avec le maximum de forces pour quitter le désert et refouler les derniers théocrates récalcitrants. Même Vraorg morts, certains de ses sbires ; dont certains vrais fanatiques, s’étaient résolus à se battre jusqu’au bout. Fort heureusement, les plus indécis des forces adversaires restantes avaient préféré rendre les armes que de périr pour une cause définitivement perdue. Gloria fut donc reprise sans trop de combats… logiquement. Car Alauwyr n’avait encore eu, comme tant d’autres restés en arrière ligne, de vraies nouvelles concernant l’avancée de la reprise de l’ancienne et glorieuse cité.

Même s’il était un guerrier aguerri, il avait encore la récente étiquette de théocrate sur le dos. Même s’il s’était rendu en tout bonne foi et qu’il avait été éprouvé à de nombreuses reprises pour tester sa loyauté, il était difficile de lui accorder pour le moment une totale confiance. Il avait démontré son choix définitif en prenant les armes quand les troupes de Vraorg avaient déferlé en masse devant les remparts de Sandur, avec le dragon blanc en personne présent pour user de sa grande puissance pour l’ultime bataille. Mais là aujourd’hui, il se contenta de jouer les gardes pour la nuit. Il était encore trop tôt encore et il le savait, pour avoir une place dans la nouvelle voie que prenait Armanda. Lui un Alayien qui plus était…

Il cessa de ruminer sur son sort. Après tout, il s’en tirait assez bien. Même s’il n’était pas à sillonner les rues de Gloria, il était dans les rangs des forces en présence, en tout épéiste qu’il avait toujours été. Sa bonne vieille lame pendait à sa ceinture à son fourreau, dont la main n’en était jamais éloignée. La sombre armure qu’il avait revêtue le confondait dans les ombres de la nuit. Même si la magie était à l’œuvre pour l’aider à s’y fondre un peu, qu’il avait toujours répugné avant d’accepter un léger sacrifice consenti, il appréciait d’être mêlé aux ténèbres de la nuit. On pourrait difficile penser qu’à cette sortie du campement, un homme veillait. Oh il y en avait bien d’autres, mais ils avaient préféré ne pas trop s’éloigner d’un petit feu pour ne pas trop souffrir du froid humide des environs. Le froid du désert était plus sec, plus mordant. Mais l’air humide était plus insidieux encore, surtout quand on veillait de longues heures.

Quelque peu éloigné, l’Alayien se sentait ainsi plus à l’aise et pouvait se concentrer pleinement à l’attention à apporter au rôle qui était le sien. Et comme le ciel était couvert…Quelque chose attira son regard sur le côté. Les sourcils plissés, une main déjà portée sur la poignée de son épée, il sonda les environs. Il réussit à discerner une silhouette qui se dirigeait tranquillement vers lui.

’’Déclinez votre identité ! ‘’

Peut-être que ce n’était qu’un protégé qui venait le relayer ou qui venait s’encourir de nouvelles, pour voir si tout allait bien… Ou même avec peu de probabilité, un ennemi qui tentait une approche sereine pour duper le garde en faction. Qui serait assez fou maintenant pour chercher querelle aux vainqueurs protégés ? Alauwyr préférait rester méfiant et guettait la réponse du nouveau venu. Si ce dernier ne répondait pas dans l’instant, il pourra alors entendre le crissement métallique d’une épée qu’on tirait de son fourreau.

Pour une fois il avait un peu de temps pour lui. En ce mois de septembre de l'an 6, année marqué par la défaite de Vraorg le tyran, année qui l'avait vu survivre et s'échapper de la terrible prison de Morneflamme. En cette année qui allait se finir sur une note plus que positive, Matis avait enfin du temps pour lui et ne craignait pas l'attaque d'ennemi ni même une escarmouche avec des bandits ou des traîtres. Pour le moment il était près de Gloria avec son unité, loin de sa famille certes, mais il avait le plaisir de la savoir en sécurité et ce, malgré l'absence des Esprits. Car ils avaient vaincu un ennemi des plus terrifiant et des plus terrible. Plus rien ne pouvait leur résister à présent, il ne craignait pas de rencontrer de nouveaux ennemis pire que celui ci... A dire vrai il ne voulait plus en rencontrer, plus maintenant, plus après tout ce qu'il avait vécu et subit. Il ne voulait pas de ça pour ses futurs enfants...

Il observa la carte des environs l'espace d'un très court instant, attrapa Héritage ainsi qu'une gourde de métal de petite taille enchâssée de cuir souple et sortit de sa tente. Il faisait un peu frais ce soir là, mais rien d'extraordinaire, même si après tant de mois dans une prison puis un désert tout paraissait glacial. Il remonta le col de son manteau et s'enfonça dans la nuit glacée, il se mit en tête de trouver ses soldats qui étaient de garde et leur porter de quoi se réchauffer quelque peu.

Il passa rapidement les deux premiers postes de garde, prit quelques temps pour échanger quelques mots avec les jeunes soldats qui montait la défense du camp, puis poursuivi vers le troisième. Il ne savait pas vraiment qui montait la garde à cet endroit mais savait qu'il s'agissait d'un ancien théocrate ayant retourné sa veste.. Pouvait il lui faire confiance ? Avait il réellement le choix maintenant ? Cet homme servait son armée et son unité, il devait donc lui faire confiance, comme à tous les autres.

Finalement peut avant d'arriver face à lui il se fit surprendre par celui ci. Il semblerait que l'homme faisait bien son travail, alors il s'annonça pour éviter toute terrible méprise.

Matis Falkire... Je pense qu'il serait dommageable que tu transperce ton propre commandant n'est ce pas ?

Un petit rire suivi cette phrase et il s'avança vers l'homme qui venait de lui parler quand un doute le saisi. Cette voix, ce visage... Tout cela lui disait vaguement quelque chose... Il n'y mettrait pas sa main à couper mais il semblait lui dire quelque chose et il n'aimait pas ce quelque chose. Il ne laissa rien transparaître et continua d'avancer tranquillement en gardant ses mains dans les poches de son manteau.

Je t'apporte de quoi te réchauffer, tu n'a rien contre l'alcool j'espère ? Les deux autres postes de garde n'étaient pas très disposer à partager la boisson avec leur commandant... C'était des jeunes qui ont sans doute trop de respect pour moi alors que toi... Tu en as trop vu pour me vénérer n'est ce pas ? Alors accepte cet ordre, et bois un coup.

Il lança la gourde à son compagnon de soirée et vint se poser à côté de lui en observant le feu qui crépitait délicatement dans la nuit sombre et froide. Il n’arrêtait pas de penser à elle... Mais il allait devoir aller au delà s'il continuait comme cela il n'arriverait pas à réfléchir ni à commander convenablement.

C'est drôle, mais tu me rappelle vaguement quelque chose... Tu étais Théocrate n'est ce pas ? C'est ce que disent les autres sur toi. Les gens ont beaucoup de reproche, mais dans mes régiments je ne veux aucun problème de la sorte, nous combattons ensemble maintenant et on m'a dit que tu étais à la dernière bataille contre Vraorg. Est ce vrai ?

Quand le venu s’identifia, Alauwyr retira sa main de la poignée de son arme. Un peu plus détendu, il ne quitta pas du regard l’approche du commandant. Il n’avait encore pas eu l’occasion de le voir en personne, mais comme bon nombre de soldats, avait entendu parler de son nom. Quelle ne fut pas sa stupeur quand à leur face à face il reconnut le visage d’un certain fuyard bien des mois auparavant qu’il avait surpris dans une grange avant de le poursuivre dans les bois et de finalement le laisser filer. Cette stupéfaction passa heureusement rapidement. Enfin il l’espérait. Car il n’avait pas l’impression que Matis lui l’est encore identifié…L’Alayien se rappelait encore que trop bien les dernières paroles du ‘’bûcheron’’ : qu’à leur prochaine rencontre, il ne le raterait pas. Et ils étaient là à cette nouvelle rencontre….

’’C’est toujours mal vu de transpercer son officier supérieur, même par accident….

Il n’avait pas perdu de temps pour répondre à la suite du rire de l’Armandéen ; comme si tout était normal. Il ne put empêcher d’avoir ses sourcils froncés et attrapa malgré avec une certaine bonne grâce la gourde. Il préféra garder le silence quand à l’affaire de vénération que les jeunes apportaient à des héros de guerre. Oui, car Matis avait été présent durant la bataille de Sandur, l’Alayien avait eu le temps de le voir quand les protégés s’étaient lancé dans un assaut spectaculaire contre les Théocrates.

Il but donc une brève rasade de la gourde avant de la tendre à Matis, tout en écoutant ses doutes. Bien entendu qu’Alauwyr lui disait quelque chose…

’’J’étais dans les forces théocrates oui…Et je ne suis pas passé dans l’autre camp pour provoquer des heurts ou chercher conflit. Et quand les forces théocrates ont débordés dans le désert, j’ai fait parti des combattants qui sont sortis hors de Sandur pour aller combattre l’adversaire sur les sables…’’

Pour les ennuis dont ne voulait pas entendre parler Matis ; et cela était tout à son honneur, vu qu’il dirigeait des hommes, Alauwyr aurait pu hausser des épaules. Il avait encore bien des preuves à apporter pour sa nouvelle allégeance. Tout comme il commençait à se sentir vieux de certaines bêtises propres à des combattants un peu trop vifs ou à l’égo un peu trop haut. Oh l’Alayien en possédait encore un assez bien élevé, mais il le temporisait. Presque.

’’Reste à savoir quel genre de problèmes vous souhaitez ne pas avoir au sein de vos unités, mon commandant….’’

Car l’Alayien ne garderait pas pour lui leur précédente rencontre. Matis n’avait-il pas affirmé qu’il ne voulait pas de problèmes dans ses rangs ? Et le petit quelque chose que lui évoquait Alauwyr n’était pas que les ragots qu’on narrait sur son dos.

’’Les souvenirs qui vous effleurent ne sont pas que des histoires qu’on cloporte à mon sujet et qui arrivent à vos oreilles. C’est tout autre, qui remonte à bien des mois…. Dans une grange, puis une poursuite dans les bois…. Un prétendu bûcheron qui a affirmé qu’il ne raterait pas l’Alayien que je suis….’’

Qui sait maintenant comment allait réagir Matis. Chose certaine était qu'Alauwyr n'avait fait aucun geste pour mener sa main vers la garde de son épée. Il restait parfaitement stoïque, comme le ferait d'ordinaire un garde envers un officier....

Matis sourit en écoutant les paroles de l’homme en face de lui. Il semblait, contre toute attente, avoir un « certain » sens de l’humour, du moins un sens que Matis approuvait et appréciait particulièrement. Le genre de chose que beaucoup ne comprenait pas par fainéantise ou par corporatisme, mais lui en était particulièrement fan.

Ouai, il parait aussi qu’il arrive des bricoles à ceux qui font ce genre de truc. Mais bon, ce n’est pas ton cas n’est ce pas ?

Il s’approcha toujours un peu plus et tandis que l’autre finissait de boire à la gourde il comprit enfin où il avait vu cet homme. C’était à un moment de sa vie où il avait cru mourir à chaque coin de rue, un moment de sa vie qu’il croyait lointain et qui, pourtant, ne datait que de quelques mois. Le temps passait si vite… En y réfléchissant il se demandait s’il passait aussi vite pour les Humains que les Elfes ou les vampires… Mais il savait que cette question n’avait aucun sens car ceux-ci ne répondrait pas à une question si Humaine.

Il décida de repenser à sa première rencontre avec l’Alayien. Il fuyait une grange, il fuyait une prison terrible, il fuyait pour sa vie comme il n’avait jamais dû le faire par le passé. Ca n’avait pas été une période très facile de sa vie car à ce moment là il ne savait pas si ses amis étaient encore en vie, il ne savait pas si Autone était toujours vivante. Il doutait encore de sa victoire sur Vraorg, il doutait de pouvoir seulement revoir le soleil et sa famille… Il avait eu peur de beaucoup de chose et, même s’il n’avait jamais baissé les bras, il aurait été tellement simple de se rendre et d’en finir une bonne fois pour toute. Mais s’eut été le choix de la facilité.

Je sais tout cela, Weren m’en a parler, au moment où j’ai pris la tête de cette unité il a été lui-même affecté à cela… Il l’accepte… Plus ou moins diront nous. Nous sommes en…Comment pouvait il dire ? En moyen terme… C’est étrange. Quoi qu’il en soit je sais à peut près qui a été à Sandur durant la bataille, je pense donc savoir sur qui je peux me reposer sur le futur.

L’homme parlait comme un soldat qui avait trop connu de guerre et de commandant imbu de leur propre personne car il semblait savoir comment parler à un officier sans pour autant laisser trop transparaitre le fond de sa pensée. Matis eu un petit rire en écoutant ses mots et lui répondit en rigolant.

Disons juste que le commandant serait déçut de devoir mettre au arrêt certaine personne s’il lui arrivait à ses oreilles qu’autre chose que des mots auraient été échangé. Il ne souhaite pas voir ses hommes s’entre tuer. Pour le reste, et si explications il doit y avoir… Faite ça sans que je ne le sache. D’accord ?

Matis hocha la tête en écoutant les propos de l’homme et lui sourit. Oui, tout lui revenait après tout ce temps. Il avait fait le choix de ne pas le tuer, l’autre avait fait de même, et même si des menaces avaient été proférés à l’époque, il ne pouvait plus les maintenir aujourd’hui.

C’est bel et bien ce que je me disais… Mais ce prétendu bucheron aurait très bien pu en être un n’est ce pas ? Je suis sûr d’avoir la carrure pour ce travail… Je me souviens aussi des mots que j’avais eu à l’époque et si tu ne t’étais pas battu à Sandur, tu peux être sûr que tout cela serrait encore valable aujourd’hui….

Mais dis moi, qu’est ce qui t’a fait quitter vraorg ?

Qui aurait cru que cet homme, qui était désormais son commandant, avait un certain sens de l'humour, tout en restant dans le sérieux en même temps. Il n'avait pas cillé à son approche. Au pire, que risquait-il hormis un coup de poing vengeur à la figure pour ce qui avait pu se tramer dans ces bois ? Il l'aurait bien mérité dans un sens. Mais l'officier ne fit rien de tel et parut enfin le reconnaître ; en plus des paroles dites par l'Alayien. Malgré ça, il restait droit dans ses bottes et Alauwyr ne fut guère surpris de savoir que son ancien frère d'arme était connu de Matis. En même temps, Christan ne pouvait pas ne pas se faire remarquer.

Donc le commandant savait tout ce qui avait pu se tramer à Sandur. Alauwyr avait manqué de se rembrunir. Bien qu'on savait ce qu'il avait été autrefois, il n'aimerait guère qu'on lui rappelle la dureté du parcours qu'il avait effectué pour arriver chez les protégés et plus encore pour démontrer de sa bonne foi. Car bien qu'il paraissait lavé de ce qu'il avait été, il restait un ancien théocrate et un traître alayien ; même si Christan lui avait pardonné son choix (presque. On ne faisait pas oublier à un homme ce qu'un ami avait commis). Mais Matis paraissait s'en accommoder pour le moment, tant que ses hommes qui lui devaient obéissance ne commettaient pas de grabuges.

Bien que Matis rigolait sur certaines choses qu'il ne voulait pas voir ou entendre, sur le ton de la rigolade, Alauwyr saisit parfaitement le message.

''A moins de têtes brûlées avides d'en découdre avec des gens de mon genre, je ne devrai pas provoquer de soucis...Je commence à me faire trop vieux pour certaines choses qu'on pourrait classer de bêtises débiles. Mais je prends bien note de vos paroles...''

Car même s'il se disait trop vieux, si un jeune coquelet venait à trop jouer le fier devant lui, nul doute qu'il le corrigerait comme il le faudrait. Mais avant d'en arriver là, peut être que sa sale réputation suffirait à calmer quelques vives ardeurs. Jusqu'ici, il n'avait pas eu de heurts. Puis quand Matis confirma ses souvenirs de leur première rencontre, Alauwyr ne put s'empêcher de sourire.

''Qui sait comment l'avenir aurait pu tourner dans bien des diverses circonstances. Pour votre carrure, mon commandant, oui vous auriez pu passer pour un bûcheron. Mais ce qui vous a trahi ce jour là si on passe outre votre parler guère campagnard, c'est votre posture. Vous aviez tout d'un combattant entraîné, qui sait où placer son corps pour avoir l'équilibre nécessaire à un combat. Quand on est soi-même rôdé au combat, on sait toujours reconnaître un autre combattant. Mais pour le faire comprendre mon commandant, sans vous offensez, votre côté têtu ne voulait pas en démordre. ''

Son sourire s'étendit davantage, à la limite de dévoiler ses dents blanches.

''Je me demande qui aurait remporté ce combat. Vous vous défendez bien. ''

Puis il laissa volontairement un silence planer quelques instants. Quitter Vraorg. A entendre cette réplique, c'était comme de quitter une femme. Enfin pas tout à fait. Ce qui l'avait quitté ? En bien :

''Quand j'ai enfin compris mon erreur de prendre cette voie... D'avoir été qu'un imbécile en pensant que ce serait l'unique chemin pour mon existence. Le facteur déclencheur fut quand sur un pont, je sus reconnaître Aldakkin...quand il fuyait Morneflamme. Que je faisais fausse route depuis le début. Un Alayien tel que moi n'aurait jamais du suivre un être tel que Vraorg. C'était indigne des préceptes alayiennes même. Mais maintenant, une page se tourne, même si j'ai encore bien des choses à démontrer pour bien fixer ce qui sera le reste de ma vie...Et pour vous mon commandant.... que ferez-vous une fois Armanda débarrassé des derniers serviteurs zélés de Vraorg ?''

L’homme comprenait bien vite et c’était tant mieux, tomber sur une imbécile l’aurait passablement énervé mais ce n’était pas le cas. Néanmoins, pour que le message soit bien clair et qu’aucune réprimande ne soit transmise il se devait de préciser.

Je ne fais pas ça pour toi, mais pour les autres. Il serait dommage que certaines jeunes recrues un peu trop prétentieuse ne trouvent la mort à cause d’un mot de travers. Pour le reste, tant que cela reste du niveau des nez cassés ou des visages amochés… Disons que je pourrais passer l’éponge, et puis je ne peu être derrière chacun de mes soldats n’est ce pas ?

Traduction fais en sorte de garder ton honneur en restant en vie et sans tuer qui que ce soit ni sans les amocher plus que de raison et tant que cela ne me remonte pas aux oreilles ça me va parfaitement. Matis ne pouvait pas brider la nature belliqueuse de ses hommes mais pouvaient au moins l’orienter dans la bonne direction, ou la moins pire dans certain cas…

Matis sourit aux propos de l’homme qui comprenait parfaitement à quel point il était complexe de laisser sa nature de guerrier de côté. Il avait été formé pour répandre la mort et la destruction autour de lui, toute sa vie n’avait été qu’une perpétuelle lutte, comment aurait il pu se faire passer pour un simple paysan ? Il aurait du le comprendre dès le début, encore que s’il été tombé sur un crétin cela aurait pu passer… Lui aussi se demandait qui aurait pu gagner ce duel, mais il savait que la fatigue le gagnait et la douleur de Morneflamme ne s’était pas atténuée. Peut être aurait il gagné mais il aurait certainement laissé pas mal de plume.

Je ne sais pas qui aurait gagné, Morneflamme m’a marqué et fuir sans repos ne laisse pas en grande forme. Pour le reste ma tentative était pour le moins honorable mais il est complexe de cacher sa véritable nature de combattant n’est ce pas ? En aurais tu été capable ? Je ne pense pas que l’on soit fait de fourberie, les déguisements et autre trucs d’espion ce n’est vraiment pas fait pour moi.

Le combat n’aurait de toute façon pas été très honnête n’est ce pas ? Combien de soldat était avec toi ? De toute manière après notre rencontre j’ai fais un tour dans les geôles d’Althaïa, autant te dire qu’il n’y a rien de plus horrible… Sauf Morneflamme bien sûr… Mais ça, c’est une autre histoire…

Les paroles de l’Alayien résonnèrent dans son esprit, ce n’était pas la première fois qu’il entendait ce genre de propos et les comprenait parfaitement. N’avait il pas lui-même fait de pareil avec Fabius ? D’un certain côté il était proche de cet homme par l’engagement qu’ils avaient pris. Ce n’était certainement pas le même, mais le cheminement qu’ils avaient suivi pour y arriver était similaire. Pour cela il ne pouvait que tenir en haute estime ce personnage, comment en aurait il pu être autrement ?

J’étais à Morneflamme avec le Prêcheur, à dire vrai nous nous sommes enfuit ensemble et c’est sur l’impulsion de Korentin Kohan que nous l’avons pris avec nous. Kohan… C’est un grand homme et s’il n’y avait pas eu son cousin je ne sais pas où nous en serions aujourd’hui…Mais comme on ne peut revenir en arrière autant se contenter du présent, après tout le Blanc est maintenant mort…

Matis réfléchis un instant à la suite et vint se poser à côté de son soldat, les mains dans les poches, l’air perdu dans le vague… Il repensa à cet instant, une boule vint se former dans son ventre alors qu’il repensait à la nourriture….

Déjà cesse de m’appeler « mon commandant », je vais finir par attraper la grosse tête avec autant de personnes qui me le disent. Je ne suis pas à cheval sur le protocole au point de t’imposer ça en tête à tête…. Je dois déjà me coltiner les huiles, leurs réunions, leurs manières et tout ce qui suit pour vous imposer ça à vous. Noble ou pas, nous sommes des combattants rien de plus. Non ?

Il but une nouvelle lampée et proposa l’alcool à son compagnon de soirée avant de poursuivre.

Une fois que tout sera fini ? Je ne sais pas vraiment, je ne compte pas quitter l’armée, il y aura trop de travail à abattre, trop d’incompétent ou d’opportuniste. Je ne me vois pas à la vie civile et ne me sens pas près pour ça de toute manière. Un peu de calme ne me ferait pas de mal certes, mais pas plus que le minimum nécessaire… Même si j’en connais une qui me le reprochera plus tard. Mais c’est les femmes ça non ?

Et toi alors ?

Matis sourit un instant et revint rapidement vers son soldat, il voulait savoir quelque chose qu’il voulait connaitre depuis longtemps. Mais il n’avait jamais eu le temps de le demander. Aujourd’hui il le pouvait, pourquoi ne pas en profiter ?

Tu étais d’Alayia non ? Comment c’était là bas ? Et pourquoi être parti ? Je n’ai jamais vraiment eu d’information à ce sujet…

Alauwyr ne put s'empêcher d'étirer ses lèvres en un sourire amusé, à la limite de l'ironie. Matis se préoccupait plus des dégâts que l'Alayien pourrait occasionner envers les jeunes recrues que l'inverse. Cela démontrait une petite chose : l'Armandéen n'omettait pas les capacités de son subordonné. Ou alors peut-être ne voulait-il pas s'encombrer de rapports pour expliquer ce qu'il ne voulait pas voir dans ses rangs.

''Si jamais il y a de fortes têtes ; j'émets quand même un doute, un nez cassé devrait apprendre à ne pas venir m'enquiquiner. Tuer, comme dit, il en est hors de question...''

Et pourtant, des actions fratricides, il avait dû en commettre à une certaine époque : quand l'Alayia s'était retrouvée plongée dans un immense chaos avant que les armées alayiennes n'en viennent à quitter le continent. Il prit la gourde tendue par Matis et la fit jouer dans sa main pour faire tourner l'alcool qu'elle contenait, regardant le goulot avec un air un peu dubitatif.

''Je ne crois pas que j'aurai été capable de jouer la comédie. A moins d'être dans un piteux état. Je n'aurai pas pu dissimulé les cicatrices qui me barrent le visage. Même un paysan miteux ne récolte pas celles qui me balafrent. A moins d'être un brigand de grand chemin. ''

Il cessa de faire remuer le breuvage et porta la gourde à ses lèvres pour prendre à son tour une brève lampée.

''En même temps, peut être qu'il aurait fallu trouver une bien meilleure excuse que celle du bûcheron se baladant en pleine nuit. Bah.... ce qui est fait est fait. Concernant le combat, j'étais réellement seul. C'est le tintamarre que nous faisions qui a fini par attirer les autres. Mais c'est un fait. Il n'était pas honorable. ''
Même pour un évadé de prison, ce jour là, il avait trouvé Matis bien vif malgré sa condition du moment. Alors à se demander ce que valait réellement le commandant maintenant qu'il était en bien meilleure forme. Il lui rendit la gourde.

''Fuyant et éreinté que vous étiez, vous n'étiez pas à votre plein potentiel. Cela aurait été le cas, là cela aurait été plus honorable. L'essentiel est après tout.... que j'ai opté par une décision qui aurait pu être prise comme une haute trahison... en vous laissant vous enfuir volontairement....''

Une décision qu'il ne regrettait nullement, encore maintenant.

''Il est difficile de savoir comment les choses auraient pu se passer si elles avaient été différentes. Comme vous le dites, il faut se contenter du présent et remercier la chance d'avoir permis d'être là....''

Il se retint de balancer à nouveau ''mon commandant'' et se contenter de garder son air ironique. Un officier qui ne voulait pas prendre la grosse tête.... C'était risible, mais venant de Matis, il trouva la justification plus solide que celle d'un bien né qui aurait été nommé officier sans avoir connu l'expérience du terrain.

''Nous sommes des combattants en effet. Malgré tout, il y a une hiérarchie en place. L0 c'est facile. Il n'y a que vous et moi. N'oubliez pas que je ne pourrai me permettre une certaine forme de familiarité devant des ''jeunes'' recrues''

Il haussa un sourcil en repensant à l'énoncé très clair de Matis : concernant les femmes. Il manque de rire, mais se retint pleinement. Être marié tout en étant soldat était pour Alauwyr un risque d'avoir une faiblesse dans le flanc.

''Il est difficile de songer à une vie civile quand on a si longtemps porté l'épée.... Et quand une âme soeur vous attend à la maison....Moi ? Je ne me vois pas dans la vie civile, tant que j'aurai la vigueur de porter ma lame pour occire l'ennemi....Concernant l'Alayia....''

Il resta un moment silencieux avant d'ouvrir la bouche

''Alayia était très étendue. Mais il faut l'imaginer avec l'absence de nature vivante autour de soi, avec des villes aussi grandes qu'imposante, très richement architecturées. Un urbanisme à outrance en comparaison de ce qu'on trouve sur Armanda. Nous avons quitté nos terres natales quand Alayia a viré dans le chaos, quand c'était.... l'apocalypse. La destruction de nos terres avait provoqué la perte de foi de bon nombre des nôtres... Une guerre civile en comparaison serait de la rigolade....quitter Alayia était l'unique chose à faire pour rester en vie....En partant, nous avons emmené avec nous cette soif de répondre à Néant et de ses rêves de conquêtes... Je pense que vous connaissez la suite...''

Finalement les deux se comprenaient parfaitement et c’était tant mieux, il avait déjà suffisamment de problème avec d’autres bons hommes pour en rajouter une couche de plus avec cet Alayien là… Weren suffisait déjà amplement et il ne voulait pas vraiment se retrouver avec un autre de son acabit… Même s’il sentait déjà un semblant de ressemblance entre les deux combattants. C’est sans doute à ce moment-là qu’il se demandait pourquoi il avait accepté de prendre le régiment de Weren sous ses ordres… Puis il secoua la tête, il savait qu’aucun autre que lui ne l’aurait voulu et qu’il aurait été dommageable qu’il se retrouve promu et mette sans dessus dessous l’armée Aldarienne. Non pas par son comportement mais par ce qu’il était… Combien d’autres officiers avaient de la rancœur à son encontre ? Combien sauraient se retenir devant lui et accepteraient de travailler avec lui ? Matis ne le savais pas mais sentait au fond de lui qu’il ne pouvait pas vraiment se poser cette question. Surtout pas maintenant…

Matis revint à lui et sorti de ses problèmes politiques pour se remettre dans la conversation qu’il avait avec lui. En l’occurrence l’autre avait raison, il aurait du se trouver une autre excuse mais sous la pression et avec la fatigue il n’avait trouvé que cela… Tant pis. Il haussa les épaules tout en lui répondant.

Disons juste que je ne suis pas sûr d’avoir trouvé une autre excuse… La fuite et la fatigue m’empêchait sans doute de réfléchir correctement, d’habitude je suis un peu plus malin je pense, mais là… Disons que ce n’était pas la grande forme et puis il fallait faire vite. Le seul statut qui me paraissait logique était celui-là, peut être me suis-je trompé, peut-être pas… A croire qu’on le saura jamais n’est-ce pas ?

Matis hocha la tête à la suite de ses propos et poursuivi tranquillement. L’autre avait dû faire part d’une grande envie de le capturer sans quoi il n’aurait pas été crédible et il aurait eu des problèmes. Alford avait dû faire de même… Il allait devoir avoir une discussion avec lui quand il le retrouverait…

Je sais… J’ai rencontré un autre combattant qui m’a laissé partir aussi, à croire que vous vouliez tous quitter Vraorg… Par contre juste après j’ai rencontré une inquisitrice et ça n’a pas été la même paire de jambe pour s’enfuir… En fait je n’ai pu m’enfuir qu’avec l’aide d’un dragon, juste pour finir dans la geôle d’Althaïa… A croire que je suis fait pour visiter les prisons de tout ce foutu continent…

Il avait fini par rire à ses derniers mots, il savait qu’il avait tort mais pour le coup il ne pouvait pas vraiment dire le contraire… Il avait visiter MorneFlamme, Gloria, Althaïa….

Quoi qu’il en soit nous finirons bien par avoir un duel sans aucun élément perturbateur… Enfin pas tout de suite non plus, nous avons encore du boulot à abattre et il restera toujours quelques irréductibles n’ayant plus rien à perdre… Pas tout le monde servait Vraorg par sa seule force… D’autre l’ont rejoint sciemment.

Matis savait bien de quoi il parlait, il avait déjà trouvé des groupes de loyalistes à Vraorg combattant toujours alors même que leur dieu était mort depuis plusieurs jours… Il resterait toujours des gens qui le serviront même s’il était mort.. Peut être préférait il mourir par les armes qu’exécuté… Mais il revint bien vite à son soldat.

Bien sûr… Néanmoins ici cela ne sert à rien n’est ce pas ? A moins que vous comptiez me cirer les pompes… Mais quelque chose me dit que ce n’est pas le cas n’est ce pas ? Devant les autres je reste votre supérieur, ici je ne suis qu’un autre soldat.

Matis écoutait ses propos sur l’Alayia… Cela avait du être quelque chose d’extraordinaire en y repensant mais maintenant ils étaient à Armanda et devrait vivre avec ce passé et la culture locale. Il savait que ce ne serait pas facile mais ils allaient devoir faire avec.

Je pense comprendre à moindre échelle. J’ai perdu ma ville natale, Elena n’est plus et ne sera plus jamais. Je ne pourrais plus jamais patrouiller sur ses hauts murs et vivre au rythme de ses marchés… Je peine à comprendre ce que l’on ressentirait à la perte de son continent et de tout ce qu’on a pu vivre et connaitre…

Malheureusement vous devrez vivre avec et aller au-delà… Est-ce possible ?

Si Matis devait faire une comparaison entre Alauwyr et Christan, il verrait deux hommes qui seraient comme deux doigts de la main et pourtant assez contraire dans leurs capacités martiales et leur caractère. Au moins il aurait eu sous les yeux que même les Alayiens étaient comme les Armandéens, à avoir des différences au sein de leur propre peuple. Mais là c'était une autre histoire. Alauwyr revenait sur la réponse énoncée par Matis.

''En effet, on ne le saura jamais. Quand on est pris par le temps, qu'on ne songe qu'à sa survie, on prend le premier truc qui nous passe par la tête. Il n'y aurait qu'un imbécile pour penser qu'on peut mieux faire dans une situation dans laquelle vous vous êtes trouvé. Maintenant, c'est derrière vous et vous n'avez plus à vous en souciez...''

Il regarda n bref instant l'homme qui était son commandant. A croire que tous voulaient quitter Vraorg ? Peut-être... En tout cas, Alauwyr n'en avait pas croisé des masses ou en avait guère entendu. Ou alors ses oreilles ne traînaient pas au bon endroit au bon moment pour s'enquérir de l'avis des autres théocrates à ce moment là. Qui aurait eu envie en plus de faire part de sa conscience à un homme dans le genre d'Alauwyr ?

''Vous ne devriez plus avoir à visiter les prisons au vue de la nouvelle situation politique d'Armanda. Si tout se passe pour le mieux avec ce traité signé....''

On entendait à la voix de l'Alayien le léger scepticisme que le traité de paix lui apportait. En même temps, Cela pouvait paraître étrange à un homme qui n'avait connu que la guerre et qui avait été préparé pour de devoir vivre sans conflit et avec des races différentes sans aucune tension, de devoir vivre sous la "paix". Mais il cessa d'y penser en souriant à l'idée d'un simple duel possible dans un temps plus ou moins lointain.

''Tout vient à point qui sait attendre. Je saurai attendre.... D'abord les esprits rebelles à mâter en effet. Il n'y a pas que le danger que représentent ces gens là.... il y a aussi les fanatiques....'

Il était bien placé pour savoir de quoi il causait.

''Inquisitrice, inquisiteur.... bah ! Ces gens là ne méritent pas qu'on compatisse pour eux. Eux sont vraiment les gens qui ont rejoint sciemment Vraorg pour les idéaux qu'il représentait, le pouvoir qu'il leur conférait. A moins de me donner les ordres de les prendre vivants, ils passeront sous le fil de ma lame.....''

Il se rappelait d'un certain inquisiteur qui l'avait contraint à tuer un gosse. L'Alayien l'avait tué rapidement lui épargnant la pendaison lente et douloureuse...Puis il se permit de faire un large sourire, qui pourrait être provocateur. Mais qui ne l'était pas.

''Moi cirer les pompes ? N'y songez même pas. J'ai assez à faire avec ma propre personne pour devoir gérer un faux semblant. Oh non, vous n'aurez pas cela avec moi.... Par contre, vous aurez de grande chance que cela se passe avec des tous petits jeunes nobliaux tout fraîchement nommés, histoire de se faire bien voir. Ici, vous dites que vous êtes soldat.... Je vous le confirme....''

Puis il resta un moment silencieux, cherchant quoi répondre à Matis. Lui avait perdu quelque chose qu'il avait aimé et apprécié. Pouvait-il en dire autant ? Peu de souvenirs bienfaisants lui restaient de cette époque qui était désormais révolue.

"Je ne ressens pas cette même perte que vous..... Je ne garde que de mauvais souvenirs d'Alayia.... C'est pour cela que je ne pourrai pas totalement comprendre ce que vous, vous ressentez à la perte de votre patrie. Aller de l'avant est tout ce qui me reste. Je ne suis pas un faiblard, sinon autant me laisser crever de suite....Je sais qu'il y a encore bien des choses à faire, car je ne suis qu'un Alayien, venu à la base avec le reste de son peuple combattre cette magie que nou considérions comme une hérésie à combattre. Maintenant, il me faut vivre avec. Je ne crois pas avoir le choix si je tiens à rester dans le fil de l'existence, à moins de devenir un sale brigand.... Et comme cela n'est pas mon but. Evoluer est ce qu'il me reste et je crois y parvenir malgré les difficultés que j'ai rencontré. Evoluer, c'est savoir changer..... Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis....''

Il serait rester borné à ne pas tolérer la magie, il se demande ce qu'il serait advenu de lui... il aurait fini par suivre la voie des êtres qui refusaient de se plier au changement, un paria. Il l'avait été pendant quelques années, il ne tenait pas à l'être à nouveau

Matis hocha sobrement la tête aux propos de l’Alayien, il comprenait parfaitement ce qu’il venait de dire et savait aussi qu’il avait pu rencontrer cette situation par le passé. Aussi partageait-il sans doute cette façon de voir les choses. Quoi qu’il en soit il n’avait rien à ajouter de plus sur ce sujet, mais le second qu’ils abordèrent le fit sourire difficilement tant il était sensible pour le jeune commandant. La paix, elle avait certes été signée mais il avait de sérieux doute quant à son application véritable une fois les années écoulées. Lorsque tout seraient plus ou moins revenu à la normale, comment les dirigeants se comporteraient ? Il n’avait aucun doute sur le comportement des Elfes, il en était tout autrement des Vampires ou des Royaumes Humains.. Matis avait bien senti le sens qu’avait prit la phrase de l’Alayien et, pour tout dire, il partageait son avis.

La paix… Je serais heureux de la défendre mais je me réjouirais quand je la verrais, pas avant. Sans parler du fait que nos très chers chefs ne me rassurent pas franchement… Autant j’ai confiance en certain, autant d’autre…. Disons juste qu’ils m’inquiètent car nul ne sait comment ils pourraient réagir lorsque tout sera plus ou moins revenu à la normale…

Je ne suis pas un farouche partisan d’une nouvelle guerre. Plus après Vraorg…

Il ne savait pas forcement quoi penser de cette paix qui allait s’imposer à eux, tout ce qu’il savait c’est que c’était là une occasion de bien faire, une occasion de profiter enfin de la vie et de tout ce qui allait avec. Pouvoir, après tant d’années de guerre, s’occuper de sa famille et de ses amis. Il souhaitait pouvoir enfin se recueillir, accepter tout ce qu’il avait dut faire pour vivre, accepter le moindre cadavre qu’il avait laissé dans son sillage sanglant. Vivre avec la mort de son paternel et de ses amis sur la conscience.

Ceux qui croient encore en lui sont parmi les plus fanatisés, on ne peut rien espérer d’eux et si ça ne tenait qu’à moi on les tuerait tous autant qu’ils sont. Je n’ai, pour le moment, pas reçut d’ordre contraire à cet état d’esprit et j’ai donc fait redescendre cette information à vos capitaines. On capture ceux qui se rendent pour qu’ils soient jugés et reçoivent leur juste punition, les autres… Disons qu’il faut éliminer le problème à la racine sans avoir peur de se salir les mains.

Les inquisiteurs étaient parmi les pires partisans du Tyran, j’en ai connu quelqu’un, et je peux assurer que je n’ai que rarement vu autant d’horreur condensé en une seule personne. Ils ne m’inspirent que le dégout et la haine, ce n’est certainement pas moi qui vais les pleurer à leur disparition….

Matis rit aux propos du vétéran et lui tendit la gourde une nouvelle fois. Il avait parfaitement raison, certains s’étaient porté volontaire pour rejoindre les régiments dont il avait la charge, voir même son état major. Ceux qui arrivaient plein de bonnes volontés étaient intégrés assez vite, les autres, ceux qui avaient des « revendications » eut égard à leur statut… Disons juste qu’ils eurent de mauvaises découvertes…

J’espère bien ne jamais voir ça de mes soldats… Concernant les nobles, c’est comme partout, il y a des idiots et des gens bien. Ceux qui viennent pour apprendre ou apporter quelque chose, je me fais un plaisir de les intégrer parmi mes soldats, les autres passent par des périodes moins glorieuses. Je suis pour la promotion au mérite, si un homme veut devenir officier il doit le prouver sur le champ de bataille. On ne nait pas officier, on le devient mais certain de mes pairs ont du mal à le comprendre…

Je ne sais pas comment c’est gérer dans les autres régiments mais dans les miens ça se passe ainsi. Certes il y a des résistances de part et d’autre mais c’est le jeu, et vous n’avez pas à vous inquiéter avec ça. Je suis sacrément satisfait du boulot que vous faite aussi vous aurez toujours mon soutient sur ces questions là…

Matis hocha la tête aux dernières paroles de l’Alayien et il comprenait parfaitement ce qu’il voulait dire… Mais une question restait en suspend.

Par pure curiosité, quel est votre point de vue sur la question magique ? Je sais que Weren y est récalcitrant mais qu’il n’ira pas jusqu’à châtier le premier mage qu’il verra. Et vous ?

Alauwyr crut entendre un peu de doutes dans les mots de Matis quand il abordait un peu le sujet des dirigeants du moment. A croire que tous n'apportaient pas la confiance qu'ils étaient censés inspirer. Et comment ne pas être sceptique quand on savait qu'il y avait désormais deux royaumes humains, un dirigé par Korentin et l'autre par Fabius. Ces deux Kohan là n'avaient pas pu se voir sans être limite de s'entretuer. La paix serait précaire avec ces deux là s'ils ne mettaient pas régulièrement de l'eau dans leur vin....

''Il serait difficile à mon sens de savoir qui est réellement le meilleur.... Les tensions résident encore parmi eux et il restera à savoir s'ils arriveront à mettre de côté à tous jamais leurs'' différents''

Il s'était retenu de citer les deux cousins Kohan. Autant éviter de critiquer l'un des souverains qu'il avait décidé de suivre. Puis il comprenait que son supérieur hiérarchique ne veuille pas d'une nouvelle guerre. Après avoir vécu l'enfer de Morneflamme et de d'autres prisons, il était aisé de comprendre qu'on avait le désir d'avoir un bon et long répit. Chasser les derniers adorateurs de Vraorg devrait être qu'une partie de plaisir en comparaison de ce que la guerre avait provoqué. Alauwyr se demandait comment lui réagirait à devoir supporter un nouveau conflit aussi rude et long que la dernière guerre contre le Blanc. Il avait passé tout son temps à guerroyer, même s'il s'était toujours dévoué pour. Il commençait à se faire un peu vieux pour certaines choses.

''Une nouvelle guerre serait une catastrophe pour tous les peuples. Tout le monde est harassé...''

Il n'alla pas plus loin et revint sur l'affaire des fanatiques de Vraorg.

''On verra ceux qui se rendront sans faire d'histoires. Je doute sérieusement qu'un inquisiteur accepte de se rendre sans se battre.... à moins d'être à l'article de la mort....''

Il préférait les pourfendre sans leur laisser le choix. Des êtres de ce genre ne méritaient pas de vivre à ses yeux. Puis par la suite, il avait accepté de prendre la gourde pour prendre une courte gorgée. La boisson lui réchauffait doucement la gorge mais il ne devait pas en abuser. Une fois la menue gorgée prise, il rendit son bien à son propriétaire légitime. Il se permit de sourire bien large quand à la vision des choses sur la place de ses hommes au sein de son régiment.

''S'il y a besoin de jouer de la voie auprès des jeunes coquelets de nobliaux, je puis vous prêter main forte. Je connais un peu ce genre de lascar et avec les bons mots, on arrive parfois à les faire pâlir, voir même plus....sans décocher un seul coup de poing ou de pied....''

Il se permit un bref ricanement. User de la langue comme arme pouvait être aussi effrayante que de menacer d'arracher des yeux ou certaines parties du corps. Alauwyr étant issu lui même de ce milieu en quelque sorte, il savait plus que personne comment certains jeunes se comportaient sous prétexte d'être de sang noble. L'Alayien se gardait bien d'avouer ses origines.

Matis manqua de le prendre de cours avec l'histoire de la magie. Maintenant que Néant n'était plus.... même avant sa disparition, Alauwyr avait commencé à avoir une approche assez différente sur l'affaire.

''Par rapport à Weren, je suis devenu un peu plus tolérant....Weren n'avait guère apprécié de trouver sur moi une armure enchanté quand je me rendais chez les Protégés pour me constituer prisonnier.....La magie fait partie d'Armanda, et maintenant que notre but n'est plus depuis plusieurs années, il est temps, de mon point de vue, d'évoluer.... et d'accepter ce que nous détestions....Il est fini le temps de vouloir occire tout ce qui était lié à la magie''

Il changea vivement de sujet et regarda l'outre de son commandant.

''A force de m'en donner, je vais finir par croire que vous cherchez à me tester en voyant ou pas si j'abuse de votre boisson...''

Il se permit un petit ricanement.

La réponse de son soldat était logique, mais comment pouvaient ils changer les choses à leur niveau ? Ils n’étaient que l’épée, pas la plume qui permettait de changer les choses autrement que par le sang… Néanmoins Matis espérait vraiment qu’ils sauraient se tenir, sans quoi il y aurait une nouvelle guerre et ce ne serait pas bien joli à voir…

Ces deux cousins là n’ont jamais du vraiment s’entendre, mais de là à nous précipiter dans une guerre il y a un monde, sans parler du fait qu’ils sont tout sauf prêt à assumer une nouvelle guerre. Mais si un jour elle doit survenir notre seul devoir restera d’écraser la concurrence et de leur faire comprendre que c’est nous les meilleurs. Un peu présomptueux et stupide dis comme ça mais nous n’auront pas le choix.

Matis ne savait pas vraiment si Alauwyr était sincère sur son envie de partir à la guerre mais il n’y porta guère attention. Comment en vouloir à un homme qui n’avait connu que cela durant une large majorité de sa vie ? Les Alayiens étaient nés pour la guerre, nés pour conquérir, aujourd’hui ils devaient passer à autre chose et c’était à des gens comme Matis de les guider en ces temps de paix.

La conversation revint sur les inquisiteurs et leur folie meurtrière, Matis doutait même qu’un d’entre eux se rendent, même à l’article de la mort. Ils n’étaient fait que de violence et d’envie meurtrière, comment aurait il pu en être autrement dans ce cas ?

Même presque mort ils tenteraient quand même de vous tuer… On ne peut pas revenir sur sa propre nature. Elle leur a été révélé par la noirceur de Vraorg, et après avoir pu en profiter pendant trois ans, pas sûr qu’ils souhaite revenir en arrière…

La réponse de l’Alayien sur la question noble le fit sourire, il avait parfaitement comprit ce qu’il attendait de lui et c’était tant mieux dans un certain sens. L’homme irait loin, sans doute Weren le nommerait sous-off’ voir plus si ce n’était pas déjà le cas. Il ne pouvait malheureusement suivre la carrière de l’ensemble de ses soldats.

Tant mieux alors, mais si le moindre d’entre eux semble un peu se la jouer ou se croire Goliath, il n’y aurait aucun mal à le remettre à sa place. C’est pour ça que je fais commencer tout le monde en bas de l’échelle ou presque. Si tu veux commander un jour tu dois apprendre à obéir. J’ai commencé sous-off’ avec des gars qui m’en ont fait baver, aujourd’hui je comprend à quel point cela a été très important.

Ce que lui dit Alauwyr sur la magie lui fit plaisir et le rassura quelque peu, mais les paroles concernant Weren était… C’était une sacrée tête de mule, Matis avait déjà eu une conversation à ce sujet avec lui et impossible de lui faire changer d’avis. Il ne toucherait pas à la magie, jamais… Mais au moins il n’essayait plus de tuer la moindre personne qu’il croisait et qui s’en servait.. En soit, c’était déjà un sacré progrès.

Je vois… Et cela ne m’étonne pas plus que cela concernant notre cher capitaine Weren… Mais que veux tu, on ne peut faire changer tout le monde…. A dire vrai je me fiche de ce qu’il pense tant qu’il ne tente pas de tuer le moindre mage qui lui tombe sous la main. Ce ne serait pas très productif n’est ce pas ? Pour le reste votre technicité nous aidera à progresser autrement que par la magie, une chose que je trouve plus que positive…

La dernière phrase de l’Alayien le fit sourire et il prit un air faussement offusqué pour lui répondre.

Comment ? Moi faire ce genre de coup en traitre ? Ce n’est pas dans mes habitudes…

Blague à part tu as raison, je vais la mettre de côté, surtout que je m’en voudrais s’il t’arrivait des embrouilles à cause de ce que je t’ai fais… De toute manière tu n’aura qu’à me dénoncer à ton chef, je le recevrais et lui expliquerait que ce n’est pas très sympa de laisser ses hommes seul dans le froid sans aide pour tenir. Fini il avec un petit clin d’œil.

''Je ne pense pas à une nouvelle guerre... du moins pas avant quelques bonnes et longues années. Il faut reconstruire ce qui a été détruits, resemer les champs pour les prochaines récoltes... tant de choses à faire qui demande du temps et de l'énergie. Korentin et Fabius Kohan auront d'autres préoccupations que de se chercher querelle à mon sens. Mais quand les choses iront pour le mieux, quand tous les peuples seront rodés à ce nouveau traité... qui sait ce qui empoisonnait le passé ne pourrait pas refaire surface....Si les deux souverains n'ont pas enterrés leurs préjugés l'un envers l'autre....''

Il n'avait pas besoin d'entrer plus dans les détails, Matis devait connaître la dissension qu'il y avait entre les deux cousins bien mieux que lui. En tout cas, une nouvelle guerre serait à son sens une catastrophe. Le traité lui paraissait pourtant prometteur ; pensée étonnante pour un Alayien comme lui !

''Et si nous avions le choix de pas les suivre dans leur folie respective ? S'il nous était donné une chance de les raisonner avant qu'ils ne commettent l'ultime pas vers le conflit. ''

Il regardait son commandant d'un air sérieux. La question paraissait avoir de l'importance pour l'épéiste. Se montre les meilleurs certes, il était d'accord là-dessus, mais si la chance leur permettait d'éviter la guerre ? Il verrait quoi penser en fonction de la réponse de son supérieur. Puis il avait souri avec un certain air de prédation, à l'idée de tuer des inquisiteurs récalcitrants. On pourrait dire prochainement qu'un bon inquisiteur était un inquisiteur mort.

''Quand on refuse de changer, alors on est voué à disparaître. C'est une loi immuable qu'on découvre vite au coeur même de la nature. Cette dernière se montre impitoyable avec ceux qui pensent ne plus avoir besoin d'évoluer. Presque mort ? Je puis vous assurer qu'il n'y aura pas de presque mort. Ce sera la mort tout simplement....''


Il n'y avait aucune pitié à accorder à un être vil, plus encore si son âme était noirceur. Quand on coûtait à la puissance de Vraorg en toute conscience volontaire, on était perdu. Du moins, Alauwyr le pensait comme tel. Par contre pour la suite, il se permit de faire une brève moue.

''Si je décide de commander un jour.... Si vos hommes vous en font baver, c'est qu'il attendaient sans doute un style de commandement bien précis à votre égard.... pour ceux qui cherchent la loyauté et la franchise. Je ne parle pas des tire-au-flanc qui ne veulent rien faire dès qu'il y a la moindre faille dans l'autorité. Pour ma part, je ne vais pas cacher que j'ai déjà refusé de me plier à des ordres, car jugé stupide ou arrogant. Je n'apprécie pas de me faire rabaisser pour la seule fierté personnel de celui qui me donne des ordres. Mais vous, ce n'est pas votre cas''

Il le fixa avec le plus grand des sérieux. Au moins avait-il vu et vite compris ce que fallait Matis. Il était loin d'être de ces pompeux commandants qui n'avaient aucune expérience du combat et des champs de bataille.

''Mais ça, c'était dans ma période plus fougueuse de jeune combattant. Quand on en sait plus que celui qui nous commande, on se croit capable d'outrepasser ce qu'on attend de nous...Maintenant les choses sont différentes. L'âge et l'expérience apporte vite la compréhension de la bêtise...''

Il se permit de rire, mais pour lui. Qu'il avait été bon de casser le nez à ce jeune Lieutenant en Alayia. Cela lui avait valu des coups de bâton en guise de punition, mais voir sa mine déconfite à cause de son insubordination restera à jamais mémorable.

''Pour Weren, il tuera volontiers les mages qui se trouveront dans les rangs des Renégats et des bandits. Cela sera sa petite compensation d'une certaine manière. Quand à ma technicité, il fallait bien trouver une voie de progression, même après la perte de notre précieux verre noir. La magie ne fait pas tout, c'est cela qu'il ne faut pas oublier...''

Il affirmait cela mais il avait eu de la chance quand il avait croisé un adversaire usant de magie. Cela, il ne m'omettait pas. Et maintenant qu'il tolérait à sa manière la magie, qui sait ce qui pourrait se passer dans quelques semaines, quelques mois ou dans quelques années. Dans tous les cas, il aviserait

Il ne put s'empêcher de rire en voyant la comédie jouée par Matis

''On joue le relâchement ? Heureusement qu'il n'y a que vous et moi de ce fait. Pour besoin de jouer les délateurs, il n'y a pas de témoins. Donc vous ne courrez aucun risque pour votre position... mon commandant. Quand à celui qui m'a envoyé ici seul ici, vous n'aurez qu'à l'envoyez me relever le temps de quelques heures. Je suis certain qu'il sera ravi de sentir le piquant du froid pour se rappeler ce que c'est...''

Matis hocha sobrement la tête en rangeant sa bouteille dans une petite poche intérieure de sa lourde veste. L’homme avait parfaitement raison et ils partageaient pas mal de point commun à ce niveau là, c’était toujours agréable.

J’espère ne plus être là pour revoir la guerre prendre le dessus sur cette terre. J’ai vécu trop de combat pour vouloir en voir de nouveaux de cette ampleur là, néanmoins si nous n’avons pas le choix nous le ferons… En attendant, à nous d’assurer la sécurité et de protéger les nôtres tout en formant les prochaines générations de soldats.

Les deux cousins parviendraient ils à mettre de côtés leur passé commun ? Vu ce qu’avait fait Fabius à l’épouse de Korentin, il avait de sérieux doute… Après ce n’était pas que de sa faute à lui, mais il n’avait pas tous les détails bien sûr… Sans parler du fait qu’il ait livré Armanda aux Alayiens, emprisonner Korentin etc…. Bref, les futures réunions de famille allaient être complexe…

Si je pouvais empêcher la guerre ? Alors je le ferais. Si je dois agir pour protéger notre mode de vie ainsi que notre indépendance j’agirais sans retenu. Je sais que je ne suis pas le seul, des deux côtés nous ne voulons plus la guerre. Et un seigneur sans armée n’est plus aussi dangereux… Il y aura toujours des fanatiques, mais les plus sensés savent que la paix est primordiale. Korentin me semble être l’un d’eux.
Matis observa l’homme et se revit quelques années plus tôt quand il était capitaine et qu’il tenait tête à sa hierarchie de manière franche et directe. Combien d’ennui avait il eu en agissant ainsi ? Beaucoup trop sans doute, mais au moins il pouvait rester fier de ce qu’il avait fait, ou refuser de faire.

Je comprends parfaitement, moi-même ai agit de la sorte par le passé. Je sais que parfois, les commandants ne sont pas au fait de tout ce qui se trame sur le terrain. C’est à vous de faire remonter les informations et ne rien nous cacher. Je sais que c’est loin d’être facile d’être commander, j’essaye d’être juste, mais je ne suis pas à l’abris d’une erreur. L’important est de l’assumer et de le reconnaitre, beaucoup de mes pairs ne sont pas dans cet état d’esprit. J’espère que cela changera car nous devons mériter l’honneur de commander des hommes comme vous.

Il hocha amicalement la tête à ce qu’il venait de lui dire, il était honoré d’avoir un pareil retour de son soldat, c’était toujours agréable d’être bien vu. Réconfortant même.

Je ne sais pas si l’on peu s’habituer aussi rapidement à la bêtise… Quoi qu’il en soit nous devons malgré tout passer outre dans certain cas et dans le feu de l’action la bêtise n’a clairement pas sa place…

Pour en revenir à Weren… Je ne sais pas quoi en penser, c’est un très bon soldat mais il est trop… Il est trop lui, pas grand monde ne peut le supporter et personne ne le voulait comme subordonné. A dire vrai on ne pas vraiment laisser le choix, et je préférais l’avoir sous la main plutôt que le laisser à un autre. Nous nous connaissons assez bien finalement, vu le nombre de fois où nous avons essayé de nous entre-tuer joyeusement…. La magie est utile, mais comme tu le dis, elle ne fait pas tout. Nous sommes des Hommes, nous pouvons agir sans elle. Nous avons pas vraiment le choix de toute manière.

Matis sourit amicalement aux propos de son soldat et prit un air faussement je m’en foustiste.

Comment ? Il ne t’a pas encore remplacer ? Et puis il est vrai que j’ai une position à défendre bon sang de bon soir. L’on ne peut me voir en pareille compagnie…

Quand tu pense que certains agissent ainsi… Ca m’écœure. Qui est ton chef, j’irais faire un petit tour par chez lui histoire de voir si tout est en ordre. Bien sûr je ne suis lui dirais rien quant à l’amour que tu lui porte pour t’avoir envoyer ici.

Alauwyr acquiesça aux paroles de l'Armandéen. Enseigner une meilleure morale aux soldats à former dans un avenir proche sera important pour l'évolution d'Armanda. Plus encore que maintenant, les différentes peuples se voyaient unis pour le même but depuis la création du Traité de Paix. Les Humains déjà entre eux devront faire fi de leurs préjugés respectives pour travailler ensemble. Les Alayiens auront la part la plus traître selon les pensées d'Alauwyr. La tentative de conquête de son peuple restait encore ancrée dans la mémoire des Armandéens et on ne pardonnait pas si aisément... Quand aux elfes et aux vampires non renégats, c'était une autre paire de manche. Puis concernant les moyens d'éviter la guerre...

''Les deux parties ne veulent plus la guerre, mais il leur faudra veiller à ne pas retourner dans la prise de choix incontournable qu'est de faire un conflit pour avoir le dernier mot.... Que fera Korentin si Fabius décide de reprendre les armes pour reprendre ce qu'il pourrait juger lui revenir de droit, malgré le traité ? ''

la question serait à préciser pour le ''combien de temps''.... Oui combien de temps avant que Fabius ne décide de réclamer son droit royal ?

''Après je peux me tromper. La guerre change bien des hommes... Il n'y a plus qu'à espérer qu'il ait pris de la sagesse....''

Advienne que pourra de toute façon. On ne pouvait prédire l'avenir et donc encore moins l'anticiper... Il se permit un petit souris. Matis avait l'air d'avoir apprécié son ''compliment''. Non pas qu'il cherchait à entrer dans les bonnes grâces de son supérieur ; ce n'était pas son genre, mais il appréciait l'échange sincère. Un point qui manquait à bon nombre de personnes qui commandaient selon Alauwyr.

''Si jamais erreur vous faites, je veillerai à vous la faire remarquer en privé. Après tout nous restons des hommes derrière nos grades respectifs. Et j'espère sincèrement que vos pairs gradés prendront votre exemple... ca manque parfois pour qu'une troupe soit plus efficace...''

Si ces gens là oubliaient leur fierté personnelle.... Mais c'était beaucoup en demander. Jamais il ne verrait, il en était certain, de son vivant des officiers tous dignes de nom. Puis il se permit un petit ricanement quand on abordait le sujet de Weren

''Weren est Weren et il est ainsi. Il a ses idées bien arrêtés et impossible de le lui faire changer. Aussi têtu qu'il est bourrin à la charge. Il est comme cela. Et vous avez vite compris qu'il vaut mieux l'avoir avec soi que contre soi. Mais au fond, ce n'est pas un mauvais bougre... quand on le connait réellement. ''

Enfin le connaître réellement.... Alauwyr doutait que Christan ait d'autres amis hormis lui. L'amitié était une chose que l'Enferraillé n'avait jamais pris en compte et ce qui s'était développé entre lui et l'épéiste avait été une drôle d'aventure à bien y regarder. Une paire de combattants s'était trouvé avec ces deux Alayiens là.

''Heureusement que nous avons le choix quand à la magie... Manquerait plus qu'elle décide ce que je ferai demain ou ce que je prendrai pour mon repas matinal.... Imaginez un peu devenir tributaire de la magie, autre que de faire ses propres choix ? ''

Il se tut, comprenant qu'il laissait aller ses pensées purement alayienne. On ne perdait pas certaines vieilles habitudes aussi aisément que cela.

''Je m'égare. La magie hier encore, j'avais été conditionné pour la haïr. On ne perd ce qu'on a appris en un claquement de doigt...''

Puis un rictus provocateur malgré la trace de sourires aux coins de ses lèvres, il ne put s'empêcher d'affirmer :

''Un Commandant Armandéen en train de pactiser avec un soldat Alayien, tous les deux en privé, y a de quoi provoqué quelques ragots de complots chez les plus imbéciles. Ce serait intéressant à entendre pour que vous les remettiez gentiment à leur place ceux là... Quand à mon chef, c'est le Capitaine Tress. et vous pourrez lui dire toute l'affection que je lui porte, je ne redoute pas les conséquences. ''

Il ricana brièvement

''Car là à l'heure où nous parlons, doit être quelque peu... ivre mort...Ne voyez pas cela comme de la délation, mais cela expliquerait pourquoi il m'oublie un peu pour ce soir....''

Matis écouta respectueusement la question de son soldat et hocha la tête en se grattant négligemment le menton. La question aurait dû être, combien de temps leur restaient ils avant que Fabius ne décide de reprendre son dût ? Ou ce qu’il considérait comme son dût… Matis ne le savait pas, mais il savait qu’il ne pouvait pas le laisser faire.

Le tumulte de la guerre me semble encore bien loin de nous pour qu’il n’agisse tout de suite. De plus, personne n’est en état de supporter une nouvelle guerre, personne n’en a les moyens, aussi je ne pense qu’il agira tout de suite. Korentin et Fabius doivent d’abord rebâtir, reconstruire et la fortification de la frontière verra bientôt le jour malgré le traité, cela ne fait aucun doute.

Quand Fabius viendra réclamer quelque chose il nous trouvera en face de lui, près à lui barrer la route car il est hors de question de laisser cet homme prendre plus de pouvoir qu’il n’en a déjà. Korentin à vécu l’horreur dans sa chair, il était avec nous à Morneflamme, il comprend parfaitement ce que nous avons vécu et qu’une nouvelle guerre nous fait horreur… Mais Fabius ? Je ne le connais pas assez pour comprendre et savoir ce qu’il aurait pu « gagner » de cette guerre mais je ne suis pas sûr que cela l’est beaucoup changé…

Après il pouvait se tromper, et honnêtement il espérait se tromper. Il était las de la guerre, il ne voulait pas que les futures générations, ses enfants et ceux de beaucoup d’autre, vivent l’horreur du champ de bataille… Il ferait tout pour empêcher qu’une guerre se profile et il savait qu’il n’était pas le seul dans ce cas. Mais il revint rapidement à lui avec les nouvelles paroles du soldat, Alauwyr était un homme de principe et d’honnêteté et il était content de l’avoir dans son régiment.

Je ne sais pas s’ils doivent prendre exemple sur moi mais il faudrait clairement que certain se remette en cause un peu plus souvent… Mais bon, peut être n’est ce qu’un vœu pieux… Quoi qu’il en soit je suis bien heureux de vous savoir si prompt à me recadrer. Fini il par dire en plaisantant.

Le reste des paroles qu’ils échangèrent sur l’instant avoir pour cible le capitaine Weren, un sacré bonhomme d’après Matis, une belle enflure même. Il ne pouvait le supporter par moment, et pourtant il faisait tout pour le garder avec lui car s’il voulait le mettre dans la mouise il n’aurait pas à se forcer. L’Alayien avait beaucoup de pouvoir sur ses soldats et Matis savait qu’ils le suivaient, aussi pour ne pas semer la discorde dans tout le régiment il acceptait certaine chose, notamment le comportement un peu différent de l’officier. Il était respectueux du grade et de tout cela mais c’était différent des Armandéen… De toute manière comme il savait que l’on usait de la magie il ne pouvait être ravi… On ne pouvait pas tout lui demander non plus.

Viendra un jour où il devra quand même changer sur certain point. Il serait étrange de le voir détester tout ce qui fait sa nouvelle patrie, il devait se mettre dans le crane que cela aurait pu être pire si Vraorg avait gagné. Mais effectivement c’est un bon meneur d’homme c’est pour ça qu’il possède une sacré marge de manœuvre, il fonctionne mieux ainsi et j’essaye de ne pas le braquer mais par moment nos échanges sont… Houleux. M’enfin, c’est le personnage qui veut ça…

Les paroles sur la magie le firent sourire, chasser le naturel il revient au galop, mais le commandant comprenait parfaitement ce qu’il voulait dire et par moment il partageait même cet état d’esprit.

Ne t’en fait pas, je ne vais pas te bastonner pour si peu. La magie doit être utiliser avec précaution et parcimonie sinon elle prendra le dessus sur nous et il est hors de question que les mages dirigent parce qu’ils maitrisent la magie. Fabius est un mage, et très puissant de surcroits, c’est pour ça que je me méfie de lui… Pour le reste, et concernant les rumeurs je subis déjà cela à longueur de temps quand je vais à la cours de notre Roi. Voyez vous je n’ai pas épousé une noble, je n’ai pas de prétention extraordinaire et je me complais à côtoyer des Roturiers. Quelle horreur n’est ce pas ?

Matis écouta en souriant les paroles de l’Alayien et hocha la tête en écoutant les paroles du soldat..

Tress ? Ca ne m’étonne pas de lui, je l’avais déjà mis en garde… Il faudra que je passe le voir un de ses quatre pour avoir une petite discussion avec lui. Ce n’est pas un mauvais bougre mais la perte de certaine personne la rendu… Sensible diront nous. Néanmoins cela ne doit pas le faire sombrer dans la boisson… Pas au point d’en négliger ses troupes.

Depuis quand monte tu le guet ?

L'Alayien se frotta un instant les mains, tout en réfléchissant aux paroles énoncées par Matis. Il faudra bien du temps en effet pour tout reconstruire. Que les fermes retrouvent l'abondance de leurs champs, que les troupeaux de bêtes soient suffisantes pour ne plus avoir à subir des restrictions ou des pertes à cause des réquisitions pour les troupes. Bien des villages avaient perdu des bras d'hommes pour faire les tâches ingrates et quotidiennes nécessaires à tout fonctionnement. La base des sociétés humaines en quelque sorte.

''Non en effet... et plus personne ne veut se battre. Bon nombre veulent retourner à leur vie d'avance et tenter de reconstruire ce qui a été perdu, volé, brûlé....''

Pour lui, le chemin était clairement défini. Alayia disparu, il n'avait rien d'autres comme destin actuellement que de rester un combattant. Tant qu'il en aurait la force ou s'il ne se faisait pas tuer par le jeu des armes

''Peut-être que la guerre l'a affecté et il ne l'affiche pas... Chose certaine sera que les Elfes ne voudront pas d'une autre guerre et se dresseront face à lui...Je ne sais quelles horreurs vous avez vécu à Morneflamme en compagnie de Korentin, mais il semble clair que vous et lui ne souhaitez pas renouveler l'expérience... en complément d'une guerre. Et s'il faut se dresser sur la route... Alors on se dressera en face de lui, tel un mur infranchissable...''

Fabius n'était pas un homme stupide... ou alors s'il lançait de nouveaux conflits, il n'avait pu que devenir fou. Puis il se permit de sourire en reposant ses yeux sombres sur son supérieur.

''Il ne faudrait pas que je prenne l'habitude de vous recadrer. Je risquerais de prendre mes aises. Qui sait, vous serez peut être plus à même de le faire sur moi que l'inverse... ou de devoir le faire sur Weren. Si jamais il vient à trop en faire, jouant comme nous savons qu'il joue, peut-être qu'il faudra mieux que je m'occupe de lui de façon plus... adéquate. Je ne suis pas de son caractère et peu de choses le pousseront à le faire changer, même s'il devra le faire comme vous l'avez fait remarquer. Mais je le connais assez pour savoir comment parler avec lui si jamais une situation manque de réellement chavirer. Après.... avec le temps, il saura peut être voir de quel bois vous êtes réellement fait. En tout cas, s'il vous supporte, c'est déjà un bon signe...''

Il ne remettait pas en cause la capacité de Matis à gérer un homme comme Christan. Mais ce dernier quand il s'enfonçait dans sa coquille de buté, il était presque impossible de l'en faire sortir. Sauf avec la bonne voie de discussion. Puis il avait hoché de la tête quand à la suite de la conversation, surtout vis à vis de la magie. Puis quand aux petits jeux de cour...

''Les membres frêles qui se veulent supérieurs par leur titre de noblesse ne devraient pas oublier qu'ils n'ont pas les mêmes capacités que vous... et que sans les roturiers, ils ne seraient rien... je vous plains...''

Alauwyr dans une cour royale, ce serait le carnage assuré. Mais pas par le fil de sa lame... par le jeu des mots de sa langue acérée. Rien que d'imaginer la place de Matis, il en souriait presque avec un air de prédation. Mais heureusement, ce n'était pas pour lui. Autant le laisser aux autres.

Et quand on en revint à Tress, Alauwyr ne fut guère ému de la raison qui le poussait à se noyer dans l'alcool. Tout le monde avait perdu quelque chose. On pouvait s'enivrer pour oublier.... mais pas au point d'en être régulier.

''Cela doit faire bien plusieurs heures. A force je ne compte plus. Il m'arrivait d'occuper ce poste bien plus longtemps encore, dans mon autre ''emploi''... Peut-être que le capitaine Tress aurait d'une petite permission pour songer à autre chose, ou encore d'être muté dans un autre poste où il aura assez à faire pour s'occuper... et donc de plus boire à outrance...''

Ce n'était là qu'une suggestion. Mais un homme qui dépérissait dans la boisson le rendait faible et mauvais. Alauwyr en savait quelque chose pour s'être bourré plusieurs fois la tronche...

Oui personne ne souhaitait plus la guerre, c'était du moins le cas pour ceux qui la menait, à voir si ceux qui la créaient étaient capable de se retenir de lancer une nouvelle guerre. Rien n'était moins sûr mais c'était aux gens comme Matis de les contenir, de les conseiller sans pour autant leur prendre l'ensemble de leur pouvoir...

Ce sera à nous de les gérer nos chefs non ? Qui de mieux placé que nous pour juger de la guerre ?

Il laissa sa question en suspend n'attendant pas pour autant une réponse tant il savait qu'ils étaient tout deux sur une certaine longueur d'onde, ce qui était tant mieux. Matis écoutait ses questions et il se rendit compte qu'il n'avait pas eu idée de ce qu'il avait vécu à Morneflamme, de toute façon qui pourrait avoir une idée de cela ? Personne...

J'espère qu'il serait infranchissable, dans le cas contraire on sera mal... Mais oui Korentin à vécu Morneflamme, il sait donc ce que peux engendrer la folie humaine. Je ne sais pas si c'est descriptible ce que nous y avons vécu, ce qui est certain c'est que je ne souhaite cela à personne... Mais ça a au moins le mérite de t'immuniser à la guerre et à la prison. Deux pour le prix d'un en quelques sortes.

Matis espérait que Fabius ne serait pas stupide au point de se lancer dans une nouvelle guerre tout de suite... Mais s'il y avait bien quelque chose qu'il devait reconnaître chez le maitre de Gloria, c'était qu'il n'était pas stupide. Mais ils revinrent rapidement sur le cas Weren, et Matis sourit quand l'autre lui dit qu'il le supportait et qu'en soit, ce n'était pas si mal. Le commandant était d'accord avec ça, il ne pouvait que l'être d'ailleurs... Tellement d'autres officiers Armandéen n'étaient pas supporté par l'armure vivante qu'il était.

J'avoue qu'en soit c'est déjà pas mal, mais ce n'est pas pour ça que je coucherais devant lui. Quand il aura tord je lui dirais, de la même manière que je lui dis quand il a raison. Et ce sera pareil pour toi, je me moque si cela vous blesse. Contrairement à beaucoup d'autre noble, j'ai autre chose à faire qu'à vous brosser dans le sens du poil. M'enfin, voila au moins quelque chose qui marche bien avec vous deux... Je me trompe ?

Matis hocha la tête et répondit à Alauwyr quand celui ci lui parla de la cours et des titres; il ne pouvait savoir à quel point il avait raison...

Je ne te le fais pas dire. Mais ces gens là ne sont pas intéressant, j'aime autant les envoyer paître tant que je le peux. Néanmoins certains me disent sans cesse d'apprendre à me tenir et d'être diplomate... Comme si c'était facile avec des gens aussi stupide... M'enfin...

Matis comprenait les paroles de son soldat, mais malheureusement il ne pouvait se permettre de se passer d'un officier pareil... Il n'avait tout simplement pas les effectifs pour..

J'aimerais bien mais pour le moment c'est totalement impossible... Nous n'avons pas les effectifs, nous n'avons pas les moyens de nous permettre d'un officier avec son expérience.. Je vais aller lui parler on verra bien ce qu'il en résultera mais je ferais en sorte que tout se passe pour le mieux.

Il rangea la gourde et conclu avec le soldat.

Viens avec moi, il y a des soldats non loin nous allons les rejoindre et j’enverrais quelqu'un te remplacer. De toute façon nous ne risquons plus grand chose pour le moment non ?

Alauwyr ne put s'empêcher de ricaner brièvement. Gérer leurs chefs ? Il s'imaginait mal gérer Matis, qui restait son supérieur. Certes, il pourrait lui dire certains points qu'il trouvait mal en privé, mais de là à faire de la gestion plus complète... Les chefs étaient des têtes dirigeantes pour être capable de gérer et de s'autogérer, sinon, ils perdaient vite l'estime et leur place.

''Gérer quelques officiers c'est une chose, mais je vous vois mal gérer Korentin. Surtout après ce que vous avez pu vivre communément. Même si nous sommes les acteurs premiers sur un champ de bataille, il n'en reste pas moins le décisionnaire supérieur à tous. Mais peut être que je me fourvoie. Vous le connaissez bien mieux que moi...''

Et un roi restait un roi, quoiqu'on puisse en dire. A moins de l'affronter en ennemi sur dans une bataille, il ne se verrait pas tenir tête à Korentin pour bon nombre de sujets. Quoique.... Chaque situation était différente. Et quand bien même il se retrouvait un jour et en personne devant le souverain Kohan.... C'était plus qu'improbable. Puis il sourit d'une façon amusé.

''Je ne doute pas un seul instant que vous ne ploierez pas un genou devant lui, mais c'est amusant de savoir cela. Après tout nous restons que des hommes. Et pour éviter de blesser mon comparse, il vous suffira d'éviter d'évoquer négativement Néant... Mais cela, je pense que vous vous en doutiez déjà. ''

Il préférait rappeler quelques menus détails, c'était toujours bon à prendre.

''Les nobles apprennent dès le plus jeune âge à toujours avoir raison.... plus encore face à ce qu'ils jugeront comme un roturier...Et vous aurez beau entrer dans leur monde, vous ne serez jamais totalement des leurs....A moins qu'ils aient de quoi vous jauger sur la tenue et votre façon d'appliquer l'étiquette. Et encore. ''

Il ne s'étendit pas plus. Trop en dire pourrait en dire long sur ce qu'il avait été dans sa prime jeunesse. Puis Il se contenta d'opiner de la tête quand à la décision de Matis. Si tel était son choix...

''C'est un ordre qui ne se refuse pas'' (petit sourire) Le pire que nous pourrions crainte est une attaque vicieuse et en masse des résidus des adorateurs de Vraorg... Mais je doute qu'ils aient eu le temps de se réorganiser pour monter un assaut de masse contre nous... Donc la soirée devrait être tranquille. Ou alors ce serait pas de bol.''

Sur ces derniers mots, il se mit à suivre Matis dès qu'il se mit en route pour aller voir le capitaine Tress

Matis rit en écoutant les paroles de son soldat tandis qu'ils traversaient tout deux le campement qu'il avait fait installer la veille. Tout un chacun se trouvant en dehors de leur tente put les observer traverser le campement et discuter tranquillement comme si de rien n'était et s'il n'y avait aucun écart de grade entre ces deux là. C'était là quelque chose que le commandant était capable de faire par rapport à d'autre officier et il en était tellement fier...

Que dire de plus ? Nos supérieurs sont ce qu'ils sont effectivement, mais même si je ne ploierait jamais le genoux je sais quand il faut se taire et écouter, et parfois c'est ce qu'il faut faire pour rester en vie... Ma foi, peut être que par moment on peut arriver à les gérer non ? Pourquoi ne pas essayer par tâtonnement et arriver à extirper ce que l'on peu n'est ce pas ?

Les paroles de l'homme le fit hausser un sourcil, ce qu'il disait était vrai mais comment connaissait il cela alors qu'il se présentait comme un simple roturier ? L'homme semblait avoir un passé bien plus complexe que prévu au premier abord et Matis ne résista pas à l'envie de lui poser quelques questions sur ce passé si mystérieux..

Vous semblez en savoir beaucoup sur ce point là... Comment êtes vous au courant de nos problèmes de "noble" ? Vous me semblez bien trop au courant de ce genre de chose pour y être parfaitement étranger n'est ce pas ?

Il n'ajouta rien pour le moment et pris quelques instants pour réfléchir à tout ce que cela pouvait entraîner. Finalement il s'arrêta d'avancer devant un établis où travaillait encore un forgeron, et repris sa discussion sur le passé de cet homme qu'il ne connaissait pas vraiment tout bien pensé.

Dans ma jeunesse je suis entré en conflit direct avec mes pairs pour la simple et bonne raison que je ne voyais que de l'horreur dans cette noblesse décadente. Si nous avons perdu si "facilement" face à votre première attaque c'est en partie à cause d'eux. Dans leurs têtes ils avaient perdu avant même les premiers combat... Une honte, voila ce qu'ils étaient, et pourtant ces gens là dirigent toujours aujourd'hui. Différemment bien sûr, j''ose espérer qu'ils auront retenu la leçon, et pourtant je n'en suis pas tout à fait sûr.

Mais vous, vous n'êtes pas comme ceux là, et pourtant je sens au fond de moi que vous n'êtes pas un simple soldat comme les autres. Je ne sais pas comment cela fonctionnait à l'époque de l'Alayia, mais ici tu n'as pas à avoir honte de ce que tu es...

Matis ne dit rien de plus et attendit que l'autre lui répondit, il garda un oeil tranquille et sourit à l'autre. Il ne lui mettez pas la pression mais il espérait obtenir certaine information.


Nous sommes maintenant frères d'arme, mais si tu ne souhaite pas en parler je comprendrais parfaitement tu sais.. Nous avons tous nos défauts et notre passé houleux... Moi le premier....

Alauwyr hocha de la tête devant les dires de Matis. Il était en effet aisé d'arriver à mener un homme en particulier là où on le voulait par tâtonnement et patience. Mais il se demandait comment Matis allait s'y prendre avec son capitaine qui se plaisait à se bourrer régulièrement la tronche. Certes, les ennuis poussaient à ce genre de comportements, mais de là à essayer d'y aller par des méthodes douces... Il demandait à voir.

Puis dans la suite de la conversation, il sut qu'il aurait mieux fait de se taire quand à certains points précis sur la noblesse. Il avait cru être resté succinct, mais face à Matis, il s'était fourvoyé. Pour les toutes premières questions, il garda le silence. Il se maugréait de s'être laissé aller dans de tels détails, au vue de ce qui lui demandait déjà Matis. Puis une fois arrivés devant un établis d'où travaillait un forgeron, l'Armandéen évoqua un peu de son propre passé. Nul besoin de chercher à comprendre pourquoi cette approche tactique. Matis voulait que l'Alayien s'ouvre un peu à lui.

Alauwyr garda encore un instant le silence avant de fixer Matis. Si l'épéiste au lieu de causer avait fermé sa bouche, Matis n'en serait pas à le questionner.

''J'aurai pu très bien avoir été au bon endroit au bon moment pour faire d'une simple observation toute une généralité sur les nobles...''

Une excuse bidon qui ne fonctionnerait bien entendu pas. Matis savait qu'Alauwyr n'était pas qu'un simple soldat.

''Chaque homme a un passé houleux, qui lui est propre. Pour ma part... tout ce faux semblant, tout dans l'extravagance....Ce paraître qui ne fait que donner l'illusion d'une personnalité qui n'est pas sienne et quand vient le moment d'assumer ce qu'on est réellement, on se réfugie derrière l'endoctrinement de tous ces sangs-bleus. Je suis un sang-bleu... Pas d'un grand lignage, mais qui aurait pu aisément me donner une place de choix avant que nous débarquions sur Armanda. J'ai toujours voulu être moi-même, suivi cette ligne de conduite et n'appréciais guère de me faire rabrouer parce que j'agissais différemment. L'importance du rang, il n'y avait que cela qui importait au yeux de certains''

Nouveau silence. Il n'évoquait que peu de détails mais il estimait que cela suffirait. Même Christan n'avait jamais entendu cela de la bouche d'Iskuvar.

''Ce monde là ne me manque absolument pas, malgré le confort, la finesse culinaire de bien des mets rares et raffinés....Rien ne vaut de mener comme on l'entend sa propre vie. Et cela ne changera pas à ce que je suis devenu maintenant, après tous ces conflits passés sur Armanda. ''

Il faut dire qu'il était devenu plus raisonnable pour certaines choses particulières. L'expérience de l'âge avançant sans doute

A le voir réagir de la sorte à ses questions, Matis comprit tout de suite qu’il entrait là dans un milieu trouble. C’était son jardin secret, sans doute y avait il là de quoi le tourmenter pendant des années, et pourtant il avait choisi de lui en parler, il avait choisit de lui faire dire ce qu’il savait sur son passé et de s’ouvrir à lui. Qui était-il pour prendre ce droit ? Il se demandait encore quand l’autre commença à lui répondre.

Certes ce n’était pas ce à quoi il s’attendait et la première réponse de son soldat le fit grimacer, il pensait franchement qu’il le croirait ? Après tout n’avait il pas le droit de lui dire ce qu’il voulait ? Même si cela pouvait clairement être un mensonge uniquement dans le but de s’en sortir et de ne pas avoir d’ennui avec son supérieur ? Du moins cela aurait pu du moins marcher sur un autre, mais le commandant s’était renseigné sur ses hommes. Il avait mit la main sur tout ce qu’il avait pu obtenir sur eux… Le reste.. Disons qu’il leur laissait quand même un jardin secret tant que cela n’entravait pas leurs devoirs envers leurs camarades et la couronne d’Aldaria.

Mais l’homme ne s’arrêta pas uniquement à cette petite explication qui n’en était pas vraiment une, il entra plus dans les détails et le commandant pu se rendre compte de ce qu’il était vraiment. Un sang bleu hein ? Il n’était pas très au fait du système de gouvernance qu’avait les Alayiens avant d’arriver ici, mais il était certain qu’il y avait une sorte de monarchie ou quelque chose de ce genre. Aussi entendre parler de sang bleu n’était pas étonnant, même pour des fanatiques religieux comme ils l’avaient été. Mais ce qui le marqua c’était de comprendre que l’homme avait tout abandonné pour vivre sa vie comme il le souhaitait… Matis se reconnaissait en lui car il avait fait de même. Il n’était pas de sang bleu ou d’une grande famille mais il avait choisi de fuir cette partie de son devoir pour se consacrer à ce qu’il était… Comme le temps l’avait changé...

Je… Excuse moi, il est vrai que je suis chiant par moment à toujours vouloir savoir. J’avais peur que ce que tu avais en toi ne t’empêche de mener à bien ta mission et à protéger tes camarades. Bien entendu je me trompais… Une fois de plus n’est ce pas ?

Il parut observer le lointain, sans rien dire l’espace d’un temps il réfléchissait à tout ce qu’il avait dû abandonner pour en arriver là. Cet homme avait fait de lourd sacrifice pour être ce qu’il était aujourd’hui, cela lui permettait de bien mieux comprendre ses réactions, ses attentes et ses espérances pour l’avenir…

Comme tu dis nous devons tous faire face à nos propres passés. Mais comme je ne suis pas homme à profiter d’un avantage je le garderais pour moi et n’en demanderais pas plus. Tout ce dont je veux être sûr c’est que cela n’entrera pas en compétition avec tes devoirs. Le reste ne regarde que toi…

Nous avons tous nos passés, le mien n’est pas aussi reluisant que tout un chacun se plait à le présenter… Et mes ennemis politiques et à la cours le savent et n’hésitent pas à s’en servir.

Matis haussa les épaules avant de sourire et d’entrainer l’autre derrière lui.

Je ne suis que d’une famille de seconde zone et beaucoup n’acceptent pas les avantages que le Roi m’a offert, de même que beaucoup trouvent dangereux la manière dont je gère mes hommes. Je ne me base pas sur le droit du sang, et beaucoup n’aiment pas ça…

Bref, allons donc voir ce capitaine avant qu’il ne fasse d’autre bêtise qui pourrait lui coûter bien plus que son poste…

''Ne vous excusez pas pour vos interrogations. Un commandant se doit de connaître auprès de ses hommes certaines... particularités. Et il est difficile de se tromper quand on ne connait pas certains de ces points''

Au moins Matis savait à quoi s'attendre avec lui désormais. Jamais encore l'Alayien n'avait imaginé devoir reparlé de sa vie passée. Bon au moins, il ne l'avait pas relaté dans les détails et c'était une bonne chose. A croire qu'à des moments précis dans son existence, il fallait qu'elle se rappelle à ses bons souvenirs. Il aurait eu de quoi grimacer. Comme Matis, il avait eu comme l'Armandéen à se confronter à des gens qui ne visaient que par le rang par le sang et s'obstinaient à refuser et à haïr des gens plus compétents qu'eux, dépassant leurs propres capacités. Démontrer par l'acte qu'on valait mieux que ces gens nobliaux entraînaient la rancoeur, la jalousie....

De ce qu'il avait vécu et appris, les seuls avantages qu'en tirait l'Alayien était sa façon de parler et de déconcerter certains gens par ses raisonnements légèrement supérieurs à des soldats de base. Et encore, comme c'était comme devenu une seconde nature chez lui, il n'y prenait même plus garde. Cela contribuait à sa personnalité qui déconcertait parfois. En même temps, un Alayien qui évoluait avec des Armandéens, alors que ces deux nations s'étaient farouchement opposés quelques années auparavant était encore déconcertant à voir, pour qui avaient combattu contre le peuple soutenue par Néant en personne.

''Je veillerai à ce que cela n'entre pas en contradiction avec mes devoirs de soldats. Et merci pour garder les détails que j'ai évoqués pour vous seul... Les évoquer ne pourrait que de toute façon vous nuire. Imaginez un peu un homme non sang bleu qui en commande un et de rang inférieur.... Il serait aisé de retourner cela contre vous, même si j'ai totalement accepté ma condition. Un rien suffit pour fomenter des plans calomnieux. Vous avez bien assez à faire avec les coquelets qui vous jalousent. ''

Il n'enviait pas du tout la position de Matis, mais au fond de lui-même, il savait très bien qu'il pourrait très bien se retrouver à sa place. En mettant un pied sur Armanda, il ne s'était pas imaginé monter de grade. Et aujourd'hui, même s'il n'était qu'à un petit rang... il était lieutenant...

''Ils n'aiment pas cela, car cela remet en question leur position sociale, rien de plus. Imaginez que le Roi décide que tout s'attribue sur l'effort et le mérite, et non par la seule notion du sang ? Cela mettrait à mal toute une aristocratie.... Bah, de toute façon, laissez le dans leur jalousie, tant qu'ils ne cherchent pas à attenter votre vie ou celle de vos proches. Je vous suis pour allez voir le capitaine....''

Là il veillera à tenir sa langue, car même si Alauwyr était de bonne foi pour bien des choses, il avait ses défauts. Quand une chose lui déplaisait grandement, il pouvait avoir la manie de trop ouvrir sa bouche. Là pour ce capitaine enivré, il faudra qu'il se morde la langue pour se taire, car il n'était pas seul. Matis, son supérieur hiérarchique sera présent....Pour avoir eu déjà des soucis avec des personnes gradées bien bourrées, les choses promettaient d'avance. Un poil pessimiste ? Non réaliste il était. Mais peut être qu'il se formalisait d'un peu de trop sur ce coup-ci

Matis comprenait parfaitement le raisonnement de son soldat et c’était pour cela qu’il garderait tout cela pour lui. Il l’aurait fait de toute façon, mais là il avait une raison supplémentaire. S’il avait supporté tout cela, survécu à cette condition de bassesse alors qu’il était de sang Royal… C’était qu’il devait être quelqu’un d’impressionnant, de bien et sur qui il pourrait compter à l’avenir. Dire qu’il n’y avait pas si longtemps que cela il voulait lui faire la peau… Bon, avec Weren ça ne ferait que deux cas sur quelques milliers après tout. Qu’est ce que cela changeait pour lui ? Rien, si ce n’est que si ses ennemis politiques apprenaient cela ils se feraient une joie de s’en servir contre lui… Après, advienne que pourra, il ne souhaitait pas se prendre la tête pour si peu, il avait effectivement suffisamment de soucis comme cela.

Ne t’inquiète donc pas pour moi, ton secret est entre de bonnes mains et il ne passera pas le seuil de mes lèvres. De toute façon tu es sous ma responsabilité et je dois assurer ta protection, quelle soit physique ou politique… Et puis avoir des ennemis supplémentaire ne m’inquiète pas plus que cela quand on sait le niveau de ces derniers n’est ce pas ?

Il termina sa phrase en rigolant tranquillement et poursuivit sa route à travers le camp. Il resta silencieux un petit moment, le temps pour lui de réfléchir à ce qu’il comptait faire à l’avenir et pour son capitaine récalcitrant. Ce n’était pas la première fois qu’il abusait de la boisson, pourtant le Roi avait été clair à ce sujet et Matis imposait une discipline de fer envers lui-même et ses hommes. Une discipline qui ne tolérait aucun écart, qu’elle vienne de lui-même ou d’un autre, elle était puni avec la même sévérité que l’on soit soldat ou officier. Dans son armée il ne pouvait y avoir deux traitements en fonction des grades, abus d’alcool pendant le service s’était deux jours au mitard… Avant cela il aurait eut droit à des coups de fouet mais Matis avait suspendu l’utilisation des sévices physiques les jugeant inefficaces. Avait-il eu raison ? Il ne le savait pas vraiment…

Arrivant de la tente il pu apercevoir deux soldats qui montaient négligeâmes la garde mais qui, à la vue de leur officier supérieur totalement remonté, se remirent très rapidement en place l’air de rien et le saluèrent. L’odeur qu’il sentit n’était certainement pas du parfum mais il ne laissa rien transparaitre, ces deux là attendrait leur tour ou le paierait avec leur lieutenant qui suivait Matis de près. C’était à lui de gérer cela après tout non ? La joie d’être officier du rang.

Matis pénétra dans la tente et esquiva de justesse une bouteille lancée à son encontre. J’avais dit qu’on me dérange pas !! Vous êtes trop stupide pour comprendre ça et.. La voix clairement enivrée mourut dans la gorge de l’officier quand il se rendit compte à qui il avait affaire. Rapidement, et avec des difficultés, il se remit debout en espérant que tout cela passait inaperçue mais c’était déjà trop tard. Le commandant appréciait l’homme qu’il fut avant ce tragique événement, mais aujourd’hui il était dangereux de le laisser à la tête d’un groupe de soldat…

Commandant… On m’avait pas dit… Que vous tourniez ce soir…

Matis le stoppa d’un geste et l’on pouvait voir dans ses yeux un mélange de déception et de pitié. Rapidement il prit la parole, coupant une nouvelle fois le capitaine qui s’en prenait maintenant à son subordonné sans aucune raison.

Il suffi capitaine ! Vous dépassez les bornes, voila deux fois déjà que je vous sauve la mise mais aujourd’hui je ne peux plus rien pour vous et vous le savez clairement. La seule raison pour laquelle vous êtes encore en poste ici c’est que nous manquons cruellement d’officier compétent mais sachez que je peux me passez de vous ! Le commandant observa la tente et son intérieur totalement mal rangée, des cartes, des armes et des bouteilles trainaient partout.. Comment pouvait il vivre la dedans ? Vous êtes une honte pour cette armée et son souverain, j’espère que vous le savez… Et tout noble que vous soyez, même si votre père et à la cour sachez que je n’hésiterais pas à vous renvoyer à Aldaria monté sur un foutu âne si vous continuez ainsi ! Est-ce là ce que vous souhaitez ? Portez la honte sur votre nom et votre Maison ?

Matis avait en horreur tout cela mais il devait le faire, c’était son rôle de commandant et il ne devait rien laisser passer. Il croisa les bras sur sa poitrine et décida qu’il devait au moins lui laisser une chance de s’expliquer, une de plus…

Qu’avez vous à dire pour votre défense…

Hrp : je te laisse faire sa réponse ? Si oui n’hésite pas à te faire plaisir voir à faire réagir matis Et encore désolé pour le retard.

Alauwyr lui se permit de rire. Matis lui assurer sa protection ? Il comprenait bien dans quel domaine son commandant serait à même de le défendre, mais l'entendre parler ainsi avait de quoi amuser l'Alayien. Au moins, ses origines évoquées resteront derrière les lèvres de l'officier. Une bonne chose.

''Assurer ma protection physique....Je vois très bien de quoi vous parler, mais l'entendre avec simplicité alors que nous sommes tous les deux des combattants éprouvés... Peut-être que ce serait à moi de vous offrir cette protection là. et qui sait , plus rapidement que vous ne pourrez le penser. ''

Quand ce qui avait attrait à la politique ou encore à l'aspect militaire, nul doute que seul Matis par sa position hiérarchique sera plus à même d'agir qu'Alauwyr, même si lui-même était un sang bleu. Mais quand on reniait ses origines, ce n'était pas pour y revenir. Alauwyr assumera ses choix de vie jusqu'au bout, même s'il n'était pas à l'abri que cela le rattrape un jour prochain.

Il suivait toujours Matis jusqu'à une tente où se tenait deux gardes en faction, qui se reprirent rapidement en voyant leur supérieur arriver. A voir leur mine déconfite, ils ne s'étaient pas attendu à un passage tel que le leur sur l'instant. Alauwyr se contenta de leur décocher un regard glacial quand il croisa leur regard. Encore des soldats qui se laissaient un peu trop aller à son goût, surtout quand ils avaient un officier qui se bourrait la bouche... Mais c'était là son avis personnel.

Une fois à l'intérieur, il ne fallait pas être un expert pour voir que le capitaine se transformait petit à petit en une véritable épave. L'intérieur était dans un bazar consternant. Et l'odeur ne pouvait pas passer outre. A entendre Matis s'exprimer, on pouvait comprendre que même s'il connaissait la situation de son officier, il ne pouvait permettre une telle déchéance. Et Matis ne prenait pas de gant pour exprimer le véritable fond de ses pensées.

Face à la remontrance du commandant, le capitaine ne rembrunit quelques peu. Comprenait-il qu'il avait été trop loin dans son attitude dégradante ? Ou alors ne pouvait-il pas comprendre ce qu'il ressentait au plus profond de lui ? Alauwyr se tenait silencieusement à côté de Matis, attendant de voir ce que cet homme aurait à dire pour sa défense. Un Noble qui se bourrait la tronche était toujours quelque chose... Qui rappelait qu'il restait un homme comme les autres.

Le capitaine balbutia un début d'excuses, confirmant qu'il n'avait pas à boire comme cela. Mais quand il croisa le visage d'Alauwyr, son visage marqué par la fatigue, la peine et l'alcool se referma un peu plus encore.

''C'est lui qui est venu se plaindre de ses tours de garde c'est cela ? ''

On comprit aisément qu'il avait l'alcool mauvais au ton coléreux qui commençait à envahir sa voix.

''Encore un de ces foutus Alayiens qui n'apprécient pas qu'on leur rappelle qu'ils sont des soldats au même titre que nous et qu'ils doivent respecter les ordres qu'on leur donne sans aucune forme de privilège aucune ! Je me doutais que tu étais un vicieux toi... Qu'est ce que tu as bavé au commandant pour mériter pareilles remontrances ? ''

Avant même que Matis n'ait pu dire quoique ce soit ou réagit, le capitaine réussit malgré son équilibre perturbé par la forte dose d'alcool bue à se jeter sur l'Alayien. Alauwyr avait à peine sourcillé et avait juste fait un pas de côté pour laisser l'épave humaine s'étaler un peu plus loin, à leurs pieds. S'il n'y avait pas eu Matis, le désir de lui décocher un coup de poing aurait été exaucé. Mais avec le commandant à proximité, il se retenait vaillamment.

Le capitaine remuait à peine à terre et finit par éclater en sanglots. L'instant effet alcool colérique n'avait pas duré. Heureusement.

[HRP : Voila et pas de soucis pour le retard ]

Matis sourit à la remarque de l'Alayien car il avait bien comprit que ce n'était pas à la partie militaire qu'il faisait référence mais bel et bien à la partie politique. Matis savait à quel point les Alayiens pouvaient être encore très mal vu par ses congénères et, même s'ils étaient un seul et même peuple aujourd'hui, ils devaient encore se montrer meilleurs que les autres. Il y avait encore énormément de ressentiment à leur égard et , même s'il comprenait cela, le commandant ne pouvait pas l'accepter.

Tu sais bien à quoi je faisais référence, mais en effet il serait peut être possible que tu m'aide et me protège qui sait ce que nous réserve l'avenir n'est ce pas ? En attendant tâche de bien te tenir, que je n'ai pas à te sauver les fesses à chaque fois qu'un armandéen s'en prend à toi par des chemins détourné...

La pique était gentille et il ne faisait aucun doute qu'elle passerait tranquillement entre les deux hommes. Dire qu'il n'y avait pas si longtemps de cela ils cherchaient à s'entre tuer. Le destin avait parfois un certain humour... En tout cas c'est ainsi que Matis le voyait...

Mais le reste de l'échange ne fut pas si joyeux que cela car le capitaine qu'il était venu réprimé était bel et bien au fond du trou. Le commandant ne pouvait rien faire d'autre qu'essayer de le remonter, de le remettre dans son état normal. Mais comment ? Il n'en savait vraiment rien.

A le voir agir ainsi, tomber, se répandre en insulte et dans la boue il n'avait que de la peine et de la colère envers lui. Mais comment pouvait il lui en vouloir ? Il avait tout perdu, ou presque. Cet homme aurait dû être démobilisé mais l'on ne pouvait se passer d'homme de sa compétence et de sa trempe aussi on lui avait ordonné de rester. Il aurait sans doute voulu revoir les siens, ce qu'il restait de sa famille et tenter de ressouder les morceaux peut être même en faire une nouvelle... Mais comment pouvait il le faire avec son poste et ses devoirs ?

Néanmoins il ne pouvait pas faire grand chose en l'état actuel des choses.

Je n'ai pas besoin d'avoir des retours de tes soldats pour me rendre compte de ton état ! Regarde toi, tu fais honte à ceux qui sont mort et à ceux que nous devons défendre... Comment as tu pu tomber aussi bas ?

Alauwyr n'a fait que remonter ses inquiétudes à ton sujet. Tes hommes s'inquiètent, qu'ils soient Alayien ou pas ne change rien, nous formons l'armée Aldarienne maintenant tâche de t' en souvenir.

Matis se pencha pour attrapa par les épaules le capitaine ivre, mais celui ci ne se laissa pas faire et voulait rester tel qu'il était. Mais le commandant n'était pas homme à abandonner si facilement, aussi finit il par le remettre sur ses jambes et à le poser sur un bord de son lit de camp. Triste moment pour cet homme, mais s'il ne faisait rien il recommencerait bientôt.

Tu sais bien ce que je devrais faire pour t'avoir vu dans cet état, pourtant je n'en ferais rien. Mais tu dois te reprendre si tu ne veux pas en pâtir. Que ferais tu si tu perdais ton poste ? Pense à ta Maison, au prestige de ton nom et de tes ancêtres. Ont ils mérité cela ? Non, je ne le pense pas non plus... Alors ressaisi toi et vite.

Que je n'ai plus à te voir ainsi....

Voir un homme brisé et pourri par l'alcool avait de quoi attirer la pitié et la compassion. Alauwyr guettait la réaction de Matis à l'égard de son capitaine. Devant une telle situation, c'était là si le chef savait rester droit et juste en gardant l'autorité nécessaire pour sauvegarder la cohésion au sein de son unité. Un instant qui pourrait être jugé décisif au regard de l'Alayien. Car au sein de son peuple, un homme tel que cet épave éplorée aurait tôt fait d'être retiré de ses fonctions et jeté au cachot, sans aucune discussion possible. Pas de place pour les défaillants. Au pire, il aurait servi d'exemple par une punition corporelle... Un soldat qui s'adonnait à la boisson n'avait aucune efficacité au combat et se révélait même dangereux pour ses camarades.

Quand Matis prit la parole, le sermonnant comme il se devait, avant de contraindre le capitaine à se relever même si ce dernier ne voulait rien savoir. Il finit par céder devant Matis et osa à peine le regard, les yeux gonflés des larmes de sa propre honte. Matis lui laissait qu'une seule alternative, à défaut de subir les conséquences de ses actes d'enivrés : se reprendre et vite. Alauwyr ne sourcilla même pas devant la mesure prise et édicté par le commandant. Laisser une chance à un homme était un acte très armandéen. Avoir une chance... lui aussi en avait bénéficié tout un temps et cela avait payé positivement.

Une fois les remontrances terminés, le capitaine avait baissé la tête, comme perdu dans sa propre détresse. Allait-il craquer à nouveau, ou rager devant l'Alayien ? Il n'osa pas relever le visage, préférant contempler le sol.

''Je... je vais essayer...Je ne veux pas décevoir les hommes. Ni vous...''

Pour Alauwyr, essayer ne suffisait pas. Il se retint de faire un commentaire déplacé. Le capitaine n'était pas sous son commandement. Par contre, il ne put garder la bouche fermée.

''Vous devriez passer à l'infirmerie, capitaine. Même si vous n'êtes pas blessé ni malade, un passage dans les mains d'un guérisseur vous sera profitable, pour vous aider à vous reposer un peu. Une fois un bon et long repos, vous saurez voir plus clair et mieux appliquer ce que le commandant vous a fortement suggéré. ''

Finalement, il n'avait pas pu entièrement s'en empêcher.

Matis hocha la tête devant le commentaire que venait de faire Alauwyr, il s'était tenu durant tout "l'entretien" et restait quand même présent pour son officier dans ces moments là. Peut être lui laissait il une seconde chance ? Il espérait en tout cas qu'il s'aurait la prendre. Le commandant se gratta l'arrière de la tête et observa son subordonné l'aidant presque à rester debout, il était dans un sacré état en même temps.

Il a raison, rendez vous de suite à l'infirmerie pour vous reposer quelques temps, pendant ce temps là ton second prendra la relève. Tu peux te déplacer sans crainte, à cette heure il n'y a pas grand monde dans le camp, personne ne te verra.

L'homme se dirigea vers la sortie quand Matis l'interpella une nouvelle fois. C'était sans animosité mais il y avait de la fermeté dans sa voix. Il ne pouvait laisser passer cela mais si l'autre se comportait bien il n'y avait aucune crainte à avoir pour lui, cela s'aurait rester caché.

Je ne ferais mot de ce tragique épisode, mais en retour j'attend de toi un comportement irréprochable d'accord ?

Une fois l'autre sortie, Matis soupira tout en s'asseyant au bureau du capitaine qui venait de sortir péniblement. Le Commandant espérait vraiment que tout se passerait bien pour lui et qu'il n'aurait pas à revenir sur ses paroles, mais il avait quand même un doute. Après ce qu'il venait de voir, comment aurait il pu en être autrement ? Il observa Alauwyr et l'invita à s'asseoir à ses côtés pour discuter encore un petit peu. Mais pas trop, après il devait aller lui aussi dormir sous peine d'être dans un piteux état demain.

Comment les votres auraient gérer cela Alauwyr ? La mort ? Ou tout du moins le fouet non ? J'avoue ne pas trop être partisan des chatiments corporel, mais parfois, il parait qu'il n'y a rien de mieux...

Il soupira une nouvelle fois avant de reprendre.

Ce n'est pas le premier que je reprend de la sorte, à sorte que la victoire à un gout si amère que beaucoup des nôtres craquent et flanchent alors que nous avions gagné. Les médecins ne comprennent pas encore pourquoi mais j'ai été prévenu de garder un oeil sur nos soldats...

A ce propos, toi, sa va ? Pas de problème d'alcool ou autre n'est ce pas ? Fini il par dire en rigolant. Qui va prendre la relève d'ailleurs ? Peut être serait il temps pour toi d'être promu tu ne crois pas ? Et passer sous les ordres d'un de tes congénères... Un certain Weren, tu le connais ? Une grosse brute qui m'adore à tout points.

Alauwyr avait finalement croisé les bras sur sa poitrine le temps que Matis termine avec le capitaine qui accepta sans rechigner d'aller à l'infirmerie. Peut-être qu'il comprenait la chance que lui offrait le commandant de se rattraper et de reprendre du poil de la bête, malgré tous les malheurs qui l'accablaient au point de s'enivrer. Oui, bien de la chance il avait cet homme, car cela restera entre Matis, Alauwyr et lui. Rien ne sera marqué sur son dos. Personne ne pourra se moquer de lui ou lui reprocher cet épisode. Matis n'oubliera pas en tout cas pour lui...

L'Alayien suivit du regard la sortir du capitaine jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue. Il resta un court moment à regarder les pans de la tente cesser de battre dans les airs quand il reporta son attention sur Matis, qui venait de s'installer un peu dépité par son soupir lâché. Il accepta de s'asseoir et de répondre à sa question qui ne lui fut guère étonnante.

''La mort aurait été un châtiment un peu trop élevé pour son cas. Non, fouet ou bâton et cela fait en exemple devant son unité entière. A cela, s'il a la malchance de tomber sur un officier qui apprécie réellement ces méthodes, on aurait rincer ses plaies à l'eau de mer... et dégradé pour l'exemple. La chance que vous lui offrez, jamais il n'aurait eu cela en Alayia... u alors vous en temps qu'officier Alayien aurait été jugé trop faible pour savoir tenir vos hommes...''

C'était pour cela qu'il avait déjà eu des soucis en tenant tête à certains supérieurs dans le passé au sein de l'armée alayienne, n'appréciant pas certaines façons d'agir. Peut-être était ce pour cela qu'il n'avait pas eu trop de mal à s'adapter à la manière de faire armandéenne et que Matis, malgré l'épisode où ils s'étaient affronté à l'époque, restait un exemple d'officier que toute armée digne de ce nom devait avoir.

Matis avait encore soupiré. Dur était la place qu'il occupait.

''Vos médecins ont peut être besoin d'avoir un cour sur la psychologie humaine ou alors, plus directement qu'on exige qu'ils fassent leur boulot quand ils sont dans un état déprimé, ils comprendront sans doute mieux...''

Puis Alauwyr haussa un sourcil à une certaine question

''Pas de problèmes avec l'alcool. Sinon je pense que vous sauriez le premier averti. Pour la relève, vous parliez de son second. Ne me dites pas qu'il n'a pas de remplaçant ou un autre de ses hommes avec qui il travaille. Quand à moi, me promouvoir... pourquoi donc ? Quand à passer sous les ordres de Weren...

Là il se mit à sourire avec une certaine forme d'ironie

''Vous n'avez pas peur qu'avec moi, nous formions un duo insupportable ? Oui je le connais, très bien même. On a vécu pas mal de choses depuis que nous avons posé le pied en Armanda et quand vous dites qu'il vous adore, je sens presque l'ironie dans votre voix. Vous avez déjà du faire la connaissance de ses si doux sarcasmes, n'est ce pas ? Il n'y aura aucun soucis à me mettre sous ses ordres. Il va juste être insupportable quelques jours à se pavaner devant moi car il prendra plaisir à me donner des ordres''

Il se permit un léger petit rire à cette idée

Matis comprenait parfaitement le rôle qu'avait les officiers Alayien dans cette armée qu'il avait si souvent combattu. Mais il ne pouvait tout simplement pas appliquer ces méthodes là aujourd'hui, il n'avait tout simplement plus assez de bon officier ou tout du moins des officiers expérimentés. Une chose était cependant sûre, jamais il n'oublierait ce qu'il venait de voir aujourd'hui... Et si jamais l'autre n'y mettait pas du siens il s'aurait s'occuper de son cas en personne. C'était triste de devoir en arriver là, mais sa déchéance n’entraînerait pas que lui, cette déchéance pouvait et allait entraîner ses hommes et ça, il ne le permettrait jamais.

Je vois... Bha, qu'ils me jugent faible s'ils le souhaitent, je mène ma barque comme je l'entend et cela me permet d'obtenir des résultats sommes toute honorable. Après nous ne sommes pas à l'abris d'un échec par ci par là... Même si cela m'est insupportable...

M'enfin, j'espère qu'il se reprendra sans quoi je devrais le renvoyer à l'arrière avec tout le déshonneur que cela entraînerait, sans parler des conséquences pour ce qu'il reste de sa famille.

Ce serait la fin, tout simplement. Qui pourrait encore les approcher après cet épisode ? Matis avait horreur de ce fonctionnement à l'honneur, mais qu'y pouvait il ? Il essayait de changer les choses mais tout cela prenait du temps, et ce n'était pas encore le moment d'appliquer de grande réforme...

Je ne sais pas s'ils comprennent mieux, mais par moment je suis totalement démuni face à ce genre de problème... Je comprend parfaitement que les gens puissent craquer, mais de là à réagir de la sorte ? Non décidément je ne le comprendrais jamais...

Ce n'était pas son travail après tout, mais il y avait cette petite chose au fond de lui qui le poussait à savoir. Ne serait ce que pour s'occuper bien de ses hommes à lui. L'autre réagissait plutôt positivement à ce que lui disait Matis, et il pouvait forcement comprendre pourquoi, il avait été à sa propre place il n'y a pas si longtemps que cela.

Il attrapa machinalement un petit coutelas et commença à jouer avec, comme pour s'occuper les mains et penser aussi un peu à autre chose.

Nous sommes un peu juste en terme d'officier en ce moment, alors le jour où j'aurais un remplaçant pour chacun de mes officiers je serais le plus heureux. Mais pour le moment non, je n'ai personne pour prendre la relève hormis son second...

Quant au reste, pourquoi vous promouvoir ? Parce que je peux le faire, et que j'en ai envie c'est tout. Pour ce que j'en sais vous êtes efficace et compétent et méritez bien mieux qu'une simple place de soldat dans cette armée.

Matis sourit à la remarque d'Alauwyr, non il n'avait pas vraiment peur de cela. Au contraire, cela le ferais beaucoup rire et il espérait aussi que l'Alayien parviendrait à maintenir son congénère dans une posture un peu plus... Sobre diront nous.

Je ne le connais que trop bien.. Il a essayer de me tuer par cinq ou six fois... Mais c'est un sacré bon soldat et un bon officier, je pense que vous ferais un beau duo, c'est pour ça que je voudrais vous mettre ensemble.. Je maîtrise son ironie, presque aussi bien qu'il ne manie sa hache, mais il me reste encore beaucoup à apprendre avec lui..

Cela vous va Lieutenant ? Ou je donne le poste à quelqu'un d'autre ?

Si Matis s'était retrouvé dans l'armée Alayienne, clair qu'il aurait été pris pour un faible, qu'il s'en fiche ou pas. Mais là, il était commandant armandéen. Les Alayiens qui s'étaient engagés sous ses ordres ; et dans les autres compagnies d'ailleurs, pouvaient très bien le juger, mais ne paraissaient pas s'outrager de ses méthodes plus... douces. De tout manière, il suffisait de voir des hommes tels qu'Alauwyr réussir parfaitement à s'en accommoder. Et puis... un officier plus dur n'aurait sans doute pas hésiter à rappeler à certains alayiens qu'ils avaient perdu leur grande et glorieuse invasion. Les plus stupides auraient osé l'insulte de la perte de leur Esprit. Néant était encore dans bien des coeurs et m'évoquer en mal appelait à finir très mal. Mais passons.

''Les mécontents sont les premiers à partir. Ceux qui vous jugeront n'auront rien à dire de toute façon... et je ne crois pas qu'ils soient nombreux. Des années sont passés et les esprits changent.''

N'avait-il pas changé lui ? Il avait mis longtemps à se convaincre lui-même. Dire qu'en débarquant sur Armanda, il pensait rester le même. Rien n'avait laissé présagé tout le parcours qu'il avait alors eu à faire, pour arriver à ce qu'il était devenu maintenant. A peine croyable, mais ça, il ne préférait pas y songer. Enfin le moins possible.

Il préféra ne pas revenir sur l'affaire du capitaine. L'affaire était close pour lui et y revenir ne servirait à rien, encore moins au pauvre bougre. Le commandant saura s'en occuper en cas de récidive. Et quand aux hommes qui craquaient...

''La nature humaine a plusieurs facettes, même pour la capacité à résister aux épreuves. Nous ne sommes pas tous égaux en fonction de certains types de soucis. Certains y arrivent plus que d'autres. Vous, vous avez su tenir à Morneflamme, sans virer fou à lier... Mais combien d'hommes n'ont pas votre trempe et qui seraient devenus complètement cinglés à ce que vous avez vécu ? Pour d'autres, la mort aurait été leur dernier acte de libération.''

Il regarda Matis qui avait décidé de jouer avec un petit couteau, histoire d'avoir quelque chose dans ses mains durant leur conversation.

''Moi qui aurais cru que vous auriez préféré me laisser au plus bas de l'échelle pour doucement vous venger de notre petite confrontation...''

Sourire à la limite de la gentille provocation.

''Je vois que Weren vous a croisé plus souvent que moi. Cela doit lui être encore drôle de devoir vous obéir. Vous prétendez maîtriser son ironie... peut-être parce qu'il le veut bien sans doute. Maintenant, avec lui, ce n'est pas qu'un duo que vous gagnez, mais deux possibles fortes têtes quand elles s'y mettent. Mais ne vous inquiétez pas, je saurai le tenir comme il faut. Même si je me retrouve sous ses ordres ; chose qu'il ne manquera pas de me rappeler assez souvent d'ailleurs... Le poste me convient. Après tout, une telle montée de grade ne se refuse pas. ''

Surtout que cela allait lui donner l'occasion d'avoir de nouvelles fonctions, sans doute plus intéressantes que de passablement monter la garde quand cela ne le motivait guère.

''Etes vous satisfait ? ''

Le commandant espérait que son ami ait raison à ce moment là. Il n'aurait pas été d'humeur de traiter les mauvais esprits, qu'ils soient Alayien ou non.... Mais ça c'était une autre histoire. Le temps passait, c'était vrai, mais combien changeraient réellement ? C'était à des gens comme lui et Matis de veiller au grain.

J'espère que tu ne te trompe pas... Sincèrement. M'enfin, si y'en a un qui moufte, faudra lui rappeler qui est le chef, mais j'aime autant ne pas avoir à le faire....

Matis soupira quand il écouta ce que lui disait le soldat, si seulement il savait ce que lui même avait au fond du coeur... Il n'en serait certainement pas là aujourd'hui... Et ne le verrait pas du tout de la même manière aussi. A combien de moment il avait voulu tout laisser tomber et se laisser mourir ? Combien de fois il avait été si proche du gouffre de la déperdition qu'il en avait eu le goût à la bouche ? Non, il n'était pas un être extraordinaire, il avait surtout eu de la chance... Mais qui le comprendrait réellement et l'accepterait complètement ? Il ne devait pas y'en avoir beaucoup sur cette fichue terre....

Peut être, mais qui sait quand je craquerais à mon tour ? Si j'ai pu tenir à Morneflamme c'est pas uniquement de mon fait, j'ai eu de la chance et des amis pour veiller sur moi... J'espère que c'est toujours le cas aujourd'hui et que ça l'est pour toi aussi.

En tant qu'officier je veillerais toujours sur vous, mais je ne serais pas toujours là pour vous torcher non plus. Finit il en rigolant tranquillement.

Il appréciait par dessus tout ces moments où il pouvait parler sans faire attention à la moindre de ses paroles... C'est à cela qu'il préférait la troupe aux nobles, mais ça... C'était aussi sa propre histoire qui le voulait, et ce n'était à lui d'en payer les pots cassé.

En fait je ne te l'ai pas dit mais le rôle d'un bon lieutenant est de servir de faire valoir à son commandant chéri, de lui faire ses quatre volontés. 'Fin tu vois ce que je veux dire hein ?

Sans parler du fait que tu as gagné ce duel, mais je n'étais pas totalement en forme, aujourd'hui ça serait bien différent je pense. FInit il avec un léger sourire en repensant à la loque qu'il avait été à ce moment là de sa vie.

Morneflamme avait été une épreuve qui l'avait marquée à jamais... Cela ne faisait aucun doute.

Matis se leva à la réponse du nouveau lieutenant et planta le couteau dans la table. Il se nettoya rapidement et répondit à son nouvel officier.

Parfait, alors tout me vas. Je pense que tu prendre cette tente le temps qu'il se remette d'ici à ce que je te trouve ce qu'il te faut pour te sentir bien. Concernant Weren, je vais aller le mettre au courant de ce pas, et oui je pense qu'il se laisse faire car il sait que je ne suis pas trop chiant comparé à d'autre... De toute manière, entre nous, personne ne voulait de lui. Il avait pas très bonne réputation auprès des miens...

Je me demande pourquoi. Finit il en rigolant.

D'autres questions ?

Qui irait sincèrement se plaindre ? Personne en tout cas pour le moment. Il était encore trop tôt de toute façon et les hommes avaient encore de quoi s'occuper sans avoir à s'ennuyer et donc commencer à cracher leur venin pour passer le temps. Et Alauwyr veillerait aussi à rappeler qui était le chef si jamais il venait à tomber sur des plaignants. Puis quand Matis fit part de ses remarques sur le craquage moral, Alauwyr ne put s'empêcher de sourciller.

''Vous craquer ? Je ne vous vois pas craquer sincèrement, pas après ce que vous avez traversé. La chance oui, mais ce sont vos amis qui ont joué à ce que vous ne cédiez pas, en se complétant à votre force de caractère. Vous dites que c'est votre rôle de veiller sur vos hommes, mais l'inverse est aussi vrai, même si cela se voit moins... Et cela l'est pour moi. Ne croyez pas que je ne garde pas un oeil sur vous...''

Et un sourire moqueur, un de plus.

''Vous devrez attendre que je perde une jambe pour me tenir la main et me guider aux feuillets. Et je vois parfaitement où vous voulez en venir quand à la place d'un Lieutenant envers son supérieur ''

Comme si Matis abuserait réellement de son rôle de commandant. Alauwyr avait vite découvert ce qu'il valait.

''Enfin ses quatre volontés... Ne croyez pas que je n'aurai pas mon mot à dire quand à des ordres potentiellement stupides que vous pourriez balancer. C'est tellement dans votre genre n'est ce pas ? Quand à ce duel, vous tenez tellement à ce que ce soit moi qui sois déclaré vainqueur ? Je vous ai laissé vous échapper rappelez-vous et si vous n"étiez pas en forme, alors il faudra qu'on croise le fer pour voir ce que vous valez en étant en forme comme maintenant''

Il ne put s’empêcher de garder le sourire. Qui sait comment ce combat aurait pu se finir si les autres théocrates n'étaient pas intervenus à ce moment là. Puis il se leva en même temps qu' Matis

''Tout me va et je n'ai guère besoin de choses supplémentaires pour cette tente, je ne suis pas difficile. Cette tente me convient pour l'instant. Il y aura rien d'autres à apporter. Quand à Weren pourquoi je ne suis qu'à moitié étonné de ce que vous venez de dire ? Est-ce à cause de son odeur ? ''

Il ricana avant de reprendre plus sérieusement.

''Je sais pourquoi aussi. Mais au moins, tant qu'il reste sur la voie qu'il a prise maintenant, tout se passera au mieux. Et si jamais il fait son chiant, appelez moi (il ricana). Je n'ai plus d'autres questions.

Vous verrez bien à cause de quoi je dis cela... Une fois que vous aurez compris ce que je veux dire on en rediscutera au calme. Mais en attendant prenez soin de lui et n'hésitez pas à me le tenir à carreau hein ? Pas de pendaison ou de mise à sac sans que je sois au courant. C'est un minimum. Pour la suite je vous laisse gérer tout ça, j'ai l'impression que vous saurez y faire n'est ce pas ?

Matis se dirigea tranquillement vers la sortie de la tente, observant délicatement son environnement proche, se demandant s'il avait fait le bon choix. Oui il avait fait le bon choix, le seul qui s'imposait vraiment après tout. Qui aurait il pu mettre sous les ordres de cet énergumène qu'il était ? Il n'aurait pu trouver meilleur spécimen de soldat dévoué à son commandant et comprenant parfaitement les risques du métier et les devoir de sa position de soldat d'Aldaria. Si seulement Weren pouvait prendre exemple sur lui...

Mais qui était il pour imposer cela à ses hommes ? Même Weren ? Il était leur commandant certes mais est ce que cela lui donnait le droit de manier leurs vies de la sorte ? Après tout, n'avait il pas lui même commit des crimes ces dernières années ? Entre assassinat et mise à sac, il avait lui même ôter un certain nombre de vie, peut être certain étaient ils innocents... Il préférait ne pas y penser.

Sur ce je vous laisse prendre possession des lieux lieutenants, un commit viendra demain matin vous apporter les insignes de votre nouveau rang ainsi qu'un compte rendu de vos devoirs et des réunions qui arrivent. Assistez y avec moi et mettons en place une armée que rien ni personne ne saura arrêter.

Il hocha simplement la tête ensuite, et sorti de la tente pour prendre l'air et réfléchir à ce qu'il venait de dire et de voir. A quoi s'attendait il à dire cela ? Une armée que personne ne pourrait arrêter ? S'attendait il une fois de plus à la guerre ? Pourquoi pas après tout, il y avait tellement de chose étrange qui se passaient en ce moment qu'une guerre contre les Gloriens ne l'étonnerait même pas. Pourtant il s'était battu pour que cesse cela, et le voila se préparant une nouvelle fois pour la bataille, comme si rien n'avait vraiment changé, comme si tout ces sacrifices avaient été vain...

Pas tant que ça finalement. Il observa le camp et ses alentours... Oui tous les sacrifices ne furent pas vain, mais il en resterait encore à faire...