La soirée étai bien entamée, l'heure du repas du soir était passée depuis un petit moment. Les uns avaient pris leur poste tandis que les autres se détendaient. D'autres, encore, étaient partit se coucher en prévision d'une garde tardive.

Orfraie, pour sa part, s’appéter à quitter le palais.

Après avoir pris soin de placer la Régente sous bonne garde, l'Ataliel se dirigeait vers l'entrée principale. Telle une ombre, discrète comme un chat, elle quitta le Palais d'Aldaria. Dehors, l'air était frais. Le soleil était déjà très bas à l'horizon, les jours raccourcissant. Encore un mois et l'automne commencerait à pointer le bout de son nez… Mais il n'était pas temps de penser à cette saison qu'elle aimait beaucoup. Non, si Orfraie quittait le Palais, c'était pour une raison bien précise.

Il était temps de s'excuser.

Avec ses souvenirs retrouvés, Orfraie s'était rendu compte que ce qu'elle avait fait subir au Sans Coeur, ce commandant de l'Armée Aldarienne, était injustifié. Certes, il l'avait attaqué le premier – et par derrière ! - mais elle avait usé sur lui d'un sort de torture, poussée par sa haine pour cet homme. Elle l'avait insulté et humilié, elle avait trahi la promesse qu'elle avait faite… ou que son ancienne elle avait fait, plutôt.

Car une chose était certaine : elle ne se sentit pas rattacher à cette parole que la Princesse et Générale des Rôdeurs avait donné.

Car elle n'était plus cette personne. Plus tout à fait. De plus, revoir Mëryl – qu'elle avait entraîné elle-même et qu'elle considérait comme une amie – la poussait à tenter de protéger cette dernière et donc, par extension, a protéger sa mère… Car une chose était certaine : si Kälyna mourait, Mëryl serait perdue.

C'est pourquoi Orfraie pris la direction de la caserne où elle saurait trouver Weren. Pour l'occasion, elle était vêtue assez simplement. Elle portait ses bottes de chasse ainsi qu'un pantalon et un top noir ajusté.C'est pourquoi Orfraie pris la direction de la caserne où elle saurait trouver Weren. Resserré à la taille, il soulignait la finesse de celle-ci. Toutefois, sa gorge ainsi que le haut de sa poitrine étaient découverts et cette coupe m'était en valeur ses épaules puissantes. Elle portait également l'Exaltation de la Nuit Éternelle, précieux cadeau de la Régente. Enfin, son épée se trouvait à sa taille.

Lorsqu'elle pénétra dans la caserne, l'Ataliel sentit immédiatement les regards se poser sur elle. Si les rumeurs sur sa véritable nature se faisaient de plus en plus entendre, son statut de dragonnier ne laissait pas non plus indifférent et cela permettait à Orfraie de se déplacer permis ces guerriers sans problème. Elle demanda donc où elle pouvait trouver Christan, puis se dirigea vers la zone qu'on lui avait désignée.

En s'approchant, elle décela l'odeur caractéristique de cet homme. Mélange de sueur, de sang et autres substances servant à entretenir armes et armures. Le cliquetis du métal lui parvint également très rapidement, si bien qu'elle parvînt à trouver l'Alayien sans le moindre problème, s'arrêtant sur le pas d'une porte. Son pas étant parfaitement silencieux grâce à ses bracelets de cheville, il ne l'avait pas entendu arriver. Orfraie prit quelques instants, puis s'annonça en toquant sur la porte ouverte. Elle s'avança ensuite dans la pièce, les mains jointes dans le dos, et se présenta devant l'humain, son regard balayant sa sculpture d'un œil appréciateur : un travail fin bien réalisé pour un homme aussi bourru.

Les glaciers se posèrent sur lui, sans arrogance, sans colère. Christan pouvait y déceler de véritables regrets. Après un instant à l'observer tailler son bois, Orfraie prit la parole.

- Bonsoir, Commandant Weren. Salua calmement la vampiresse. Je ne vous dérangerai pas longtemps. Garantit-elle sans attendre, levant une main à hauteur de sa hanche pour tempérer l'échange à venir. Les vampires oublient tout de leur vie de mortel lorsqu'ils passent de la vie au trépas. Sa voix grave était calme, son regard traduisant la sincérité de ses mots. Je ne me souvenais pas de vous lorsque nous nous sommes vu au début du mois. J'ignorais réellement de quelle promesse vous me parliez. Aujourd'hui, on m'a rendu ma mémoire et je me souviens du pacte que vous avez conclu avec celle que j'étais…

La dragonnière se tût quelques instants, laissant le temps à l'Alayien d'intégrer ses mots. Orfraie ne s'attendait pas à avoir sa pitié ou même à ce qu'il comprenne. En vérité, elle s'attendait davantage à ce qu'il se montre moqueur ou dédaigneux… Mais cela lui importait peu. Elle demeurait parfaitement calme et respectueuse face au guerrier, bien loin de l'image qu'elle lui avait donné quelques semaines plus tôt. En y repensant, elle en avait honte. Elle s'était laissée dominé par son instinct.

- Je vous présente mes plus sincères excuses pour ce que j'ai dit et pour ce que j'ai fait. Je sais que mes mots ne pourront pas effacer mes gestes, mais je regrette sincèrement.

Elle avait agit telle une sauvage, loin de ce qu'elle avait été et de ce qu'elle voulait continuer à être… Mais elle n'oubliait pas le comportement de Weren. Bien qu'elle ne le relevât pas face à lui, elle gardait bien en tête qu'il l'avait attaqué le premier, la prenant en traître comme un vulgaire bandit de grands chemins en voulant lui planter sa hache dans le dos. L'Alayien n'était pas innocent dans cette histoire et Orfraie espérait qu'il le reconnaîtrait, même si elle n'en montra rien.

L'on aurait sans doute pu entendre une mouche voler suite à la tirade de l'Ataliel. Celle-ci, les mains jointes dans le dos en une posture martiale, observait désormais l'Alayien d'un regard neutre, les trais figés, comme si elle était une statue de marbre.

Elle était convaincue que présenter ses excuses était la moindre des choses à faire, mais cela ne l'empêchait pas de penser que tout ceci était injustifié, du moins la partie où elle avait juré ne pas se souvenir et où il avait attaqué. Christan l'ignorait, mais Orfraie n'était pas une très bonne menteuse du fait de son ancien statut de Maître Baptistrelle. Si, aujourd'hui, elle dissimulait la vérité si cela pouvait lui servir, il demeurait - hélas - qu'elle n'était pas forcément très douée pour cela.

La Liée de Feu le vit soudainement déposer ses outils de sculpture puis lever son visage vers elle. Bien qu'il demeurât dissimuler derrière son heaume, Orfraie connaissait désormais ses traits et savait quel genre de regard il pouvait lui lancer. Toutefois, au grand étonnement de l'Ataliel, l'Alayien se contenta d'accepter ses excuses.*

- Ainsi soit-il. Répondit simplement la guerrière sans quitter l'homme du regard. Ils le sont, effectivement. Conclu t-elle, ne pouvant s'empêcher de le faire remarquer.

Le visage de la vampiresse était de nouveau neutre, distant. Weren souhaitait une relation strictement professionnelle, il allait donc l'avoir. Orfraie allait mettre, dès à présent, de la distance entre eux. Toutefois, cela ne m'empêchait pas de faire preuve de respect et de politesse, c'est pourquoi elle le salua comme il se devait, contrairement à lui.

- Bonne soirée, Commandant.

Sans attendre, la vampiresse se retira.

Plutôt que de rentrer directement au Palais, Orfraie prit la direction des portes de la ville. La nuit était claire, éclairée par une lune plaine, et il faisait encore doux pour la fin du mois d'août. Silencieuse, telle une ombre, la vampiresse s'éloigna un peu de la cité, quittant également la route pour se perdre entre quelques arbres. Grace au collier qu'elle portait autour du cou, son odeur était celle d'un Elfe. Ce petit artifice lui permettait de profiter de la nature ambiante sans craindre que les animaux se taisent ou fuient au loin à son approche.

Les mains toujours jointes dans le dos, Orfraie avait levé son nez vers le ciel. Les étoiles étaient un spectacle dont elle ne se laissait pas. Malheureusement, dans son admiration de la voûte céleste, la vampiresse baissa sa garde. Elle entendit donc un peu trop tard le carreau fendre l'air et, forcément, la toucher.

La douleur fut intense tandis qu'elle chutait lourdement dans l'herbe, serrant les dents face à la douleur. Humant l'air après quelques secondes, Orfraie ne sentit aucun poison et se permit de se relever sur ses genoux. La nuit ne pouvant offrir un camouflage suffisant à ses assaillants, Orfraie les vit approcher. Tous bien armés, ils manquaient toutefois d'assurance. Faisant une nouvelle fois fi de la douleur, la guerrière saisit le projectile et l'ôta sans attendre de son flanc.

- Allez vous-en et je ne vous ferais aucun mal... leur dit-elle dans un murmure peu rassurant, le carreaux tombant dans l'herbe lorsqu'elle le relâcha.

Il était taché de sang noir.

Des ricanements vinrent accueillir les paroles de l'Ataliel. Ces hommes n'avaient pas peur d'elle, alors qu'elle était à genoux dans l'herbe humide et blessée au flanc. Ils pensaient l'avoir vaincu… L'esprit de la Dragonnière vint s’étendre à ce petit groupe, presque instinctivement, et Orfraie pu se rendre compte de ce qu'ils comptaient lui faire. A dire vrai, user de télépathie pour le deviner n'était pas forcément utile, mais la vampiresse – qui s’entraînait durement à cet art depuis qu'elle en avait conscience – le faisait de plus en plus souvent. Un frisson parcourue sa peau tandis qu'un sentiment de dégoût prenait place dans son esprit. S'ils voulaient pouvoir voir ce corps sans ses vêtements, ils allaient devoir se battre... Car Orfraie comptait bien tous les tuer.

Les dents serrées, ses crocs étaient parfaitement découverts. Les hommes équipés d'une arbalète avaient pointé leur arme sur elle tandis que l'un d'eux, sûrement le chef, s'approchait pour lui donner le coup fatal. Du moins, celui qu'il pensait être le coup fatal.

Mais c'était sans compter sur l'arrivée inespérée de soldats Aldarien. L'effet de surprise fut total et les criminels cédèrent à la panique l'espace de quelques instants, se détournant d'Orfraie. Un javelot parfaitement lancé vint même tuer celui qui pensait, quelques instants plus tôt, mettre un terme à l'existence de la vampiresse. Celle-ci sauta sur l'occasion pour guérir sa blessure et posa sa main sur le torse du scélérat, se concentrant pour user de l'enchantement apposé sur Perception. Usant du cadavre tout frais, la blessure de l'Ataliel se referma totalement, les éventuelles lésions internes avec.

Orfraie put alors se remettre sur ses pieds, très rapidement, et se rendit compte qu'elle devait cette intervention à Christan Weren et ses hommes. Cela fit naître un sourire ironique sur les lèvres de la guerrière, qui dégaina son épée. Le bruit attira l'attention de plusieurs hommes.

La vision d'une vampiresse, les crocs dehors, n'avait rien de rassurante et Orfraie profita de ce petit effet pour attaquer. La lame en Ithildin transperça le cœur du scélérat le plus proche puis, d'un ample mouvement – tout en ôtant la lame de la chair – une deuxième fit fut prise. L'odeur du sang était enivrante pour la jeune vampire qu'elle était et, porté par une légère soif, celle-ci bondit sur une proie.

Les rangs de l'ennemi s'amenuisaient, que ce soit par l'aide des arbalétriers ou grâce à Weren et son imposant bouclier. La seule vue de l'homme en armure avait de quoi faire paniquer un bon guerrier...

Les doigts de la vampiresse se refermèrent sur la gorge du malheureux le plus proche et, à la seule force de son bras, la Liée de Feu le souleva de terre. Ayant lâché ses armes pour tenter de desserrer la poigne de l'immortelle, le pauvre homme se retrouvait dans une situation très peu enviable, d'autant qu'il savait que Orfraie pouvait lui faire quelque chose pire que la mort elle même.

- Qui êtes-vous ? Parlez ! Ordonna la Lame d'un ton qui ne laissait pas place à la négociation.

Dans son dos, Orfraie n'entendait plus le fracas des armes et comprit que les compagnons de l'homme étaient morts.

- Tu es seul, ta meilleure option est de coopérer.

L'homme, en y regardant mieux, était un jeune homme et ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Cette constatation attrista quelque peu la vampiresse mais cela ne lui fit pas pour autant desserrer sa poigne. Elle laissait juste suffisamment d'air passer pour qu'il puisse parler.

- Nous sommes la garde de l'aube. Parvint à répondre le malheureux, la voix entrecoupée par la pression exercée sur sa trachée.

Cette information fit remonter des souvenirs dans l'esprit de la vampiresse. Celle-ci avait déjà combattu ces gardes lors d'une mission qui l'avait conduit, elle et ses compagnons, à DureRoc. En y repensant, Weren avait été de la partie. Toutefois, en voyant que le jeune homme se taisait, Orfraie perdit légèrement patience. De sa main libre, elle se saisit de la dague qu'elle portait toujours à la ceinture et la planta dans sa cuisse. Le cri de douleur sembla raisonner comme une douce mélodie aux oreilles de la nouvelle née, qui sentait sa gorge lui brûler.

- Nous avons un campement… Commença finalement le jeune homme après avoir retrouvé un semblant de voix. Il expliqua alors où ses compagnons se trouvaient. Ne me tuez pas, s'il vous plaît… Conclu t-il d'une voix faible.

- Attenter à la vie d'un Dragonnier est passible de la peine capitale.

- Q-quoi ? Non !

Trop tard. Le temps sembla se suspendre alors que la dragonnière resserrer sa prise, privant le malheureux de son oxygène puis, après un instant, lui brisant le cou. Les os furent broyés sous la force de l'Ataliel, provoquant de sinistres craquements très sonores. Elle laissa ensuite le corps retomber dans l'herbe, n'y prêtant pas plus intention. En effet, les paupières closes, elle tentait de maîtriser sa soif de sang et seul l'esprit de Firindal à la lisière du sien lui permit de garder le contrôle.

- Commandant. Fit l'Ataliel en se tournant vers lui et ses hommes. Merci... Que diriez-vous de m'accompagner en finir avec ces scélérats ?

Le corps, brisé, était tombé dans l’herbe humide comme une vulgaire poupée de chiffon. Les os brisés, le jeune homme n’aurait plus la chance – ou la malchance, cela dépendait du point de vue – de parcourir Armanda. Pour autant, la vampiresse n’était pas attristée par cela. Elle n’avait pas de remords à prendre une vie comme celle-ci. Elle n’en aurait probablement jamais.

Les remerciements envers l’Alayien et ses hommes avaient été parfaitement sincères. Sans eux, se sortir de ce pétrin aurait fort probablement était plus compliqué, cela Orfraie le reconnaissait. A présent, le Commandant serait-il enclin à en finir à ses côtés ? Avec ses souvenirs retrouvés, l’ancienne princesse se souvenait avoir déjà eu à faire à ce groupuscule en la présence de Weren et ses hommes.

Ce dernier ne tarda pas à interpeller l’un de ses hommes, demandant si les arbalétriers avaient suffisamment de munitions pour un autre affrontement. A cet instant, la Lame se retint de faire un commentaire : pourquoi n’avaient-ils pas un carquois d’abondance, eux aussi ? Cela devait sans doute exister pour les arbalétriers. Un tel objet avait un prix, certes, mais était rapidement amortie puisqu’il n’y avait plus besoin d’acheter de flèches – ou de carreaux – ordinaires. Dans tous les cas, les carreaux étaient en nombre suffisant, ce qui signifiait que le groupe pouvait partir. Toutefois, le Lieutenant donna également quelque chose à Weren, signifiant que ce dernier ne parlait pas uniquement de carreaux d’arbalète.

La nonchalance dont il fit preuve tira un rictus amusé à l’Ataliel, qui acquiesça en hochant la tête. Elle aussi, comptait bien capturer l’un de ses scélérats… Et pourquoi pas leur chef temps qu’à y être.

- Vous faites bien. Répondit simplement la guerrière tandis que les hommes de Weren rassemblaient les corps. Allons-y.

Tournant les talons, Orfraie prit la direction indiquée, son armure venant magiquement s’ajuster sur son corps dans un halo blanchâtre. Toutefois, plus que les explications de feu le jeune homme, c’était son flair qu’elle suivait. L’odeur des Gardes emplissait l’atmosphère et la chasseuse n’avait aucun mal à remonter tranquillement la piste olfactive. S’il y avait une chose que sa condition d’immortelle lui avait offerte de pratique, c’était cela.

Au bout de près d’une vingtaine minutes de marche, l’Ataliel – qui était en tête du cortège – s’arrêta. Elle posa un genou à terre, attentive à son environnement, puis fini par se tourner vers Weren qu’elle entendait venir vers elle.

- Ce camp est important. Ils sont nombreux, trop pour que je sache combien exactement, mais ils doivent être une vingtaine. Je recommande la prudence et une approche furtive.

Les gestes et les habitudes de l’ancienne Générale des Rôdeurs étaient revenues au grand galop. D’une pensée, Palantir vint se loger au creux de ses doigts.

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Je ne voyais pas Orfraie donner des ordres aux hommes de Chris, donc je te laisse décider

Palantir au creux de ses doigts, Orfraie se sentait bien. Vêtue de son armure, elle se sentait prête à n’importe quoi, la magie pulsant tout autour d’elle.

Christan ne tarda pas à s’approcher, son armure provoquant – aux oreilles très sensible du lièvre – un véritable tintamarre. L’Ancestrale se redressa, toisant le Commandant de toute sa hauteur tandis qu’il exposait son plan. Faisant une nouvelle fois fit de ce tutoiement, la guerrière écoutait attentivement la proposition très audacieuse de son confrère. Audacieuse, et même très risquée, surtout pour elle. En effet, si l’un d’entre eux décidé de la trahir, elle serait alors condamnée. Elle devait remettre sa vie entre les mains d’un homme qui ne l’appréciait pas et cela la refroidissait un peu… S’il avait été question d’autres Lames, Orfraie n’aurait pas hésité, mais vis-à-vis de l’Alayien… elle avait ses réserves.

- Frappez moi, cela ira plus vite et aura l’air parfaitement réel. Quand à vos hommes, prenez garde : Il n’est pas écrit sur leur front qu’ils sont Alayiens, ne comptez donc pas trop la dessus. Les glaciers balayèrent les hommes présents. Si j’ai l’air amoché, vous devez l’être également pour que l’illusion soit parfaite. Ne bougez pas, j’ai une idée très simple.

Rapidement, Orfraie récupéra une gourde dans sa sacoche des ombres, y enfonçant le bras jusqu’au coude pour s’en saisir. Elle l’ouvrit sans attendre et, d’un mouvement très sec, éclaboussa le Sans Cœur du sang contenue dans le récipient. L’odeur attisa aussitôt la soif de la vampiresse, mais cette dernière parvint à la contrôler sans trop de difficulté, son dernier repas étant récent. Elle s’avança donc vers les autres guerriers équipés pour le corps à corps et réitéra l’opération sur eux, aspergeant visage et armure.

- Nous n’aurons qu’à dire qu’il s’agit du sang de vos copains que j’ai liquidé, ça n’aura rien d’étonnant. Expliqua simplement l’Ataliel en replaçant la gourde dans sa sacoche. Elle revint ensuite auprès de Christan. Frappez-moi. Attention à ne pas vous faire mal, j’ai la peau dure. Fit-elle d’un ton prévenant, très sincère. Vous prendrez ensuite mes armes.

La vampire acquiesça. Elle s’était préparé à recevoir des coups, mais à la place se furent des coupures qui vinrent marquer sa peau. Elle grimaça sous la vive douleur, la lame du scalpel entaillant sa chair jusqu’à en faire perler le sang, un sang aussi sombre qu’une nuit sans lune. Le liquide chaud et visqueux dégoulina des blessures les plus profondes, donnant à Orfraie l’air d’une femme ayant réellement prit une bonne correction à la hache.

Les mains faussement liées, elle emboîta le pas à Christan, entourée par deux soldats à la forte stature. En arrivant en vue du camp, elle se mit soudainement à adopter une démarche lente et peu assurée, ses traits mimant une intense douleur à chaque fois qu’elle prenait appui sur son pied droit. La vampire n’était pas forcément une bonne menteuse, mais elle était aidée par la douleur qu’elle ressentait vraiment au niveau des coupures que Christan lui avait fait, sa peau tirant à cause du sang qui commençait déjà à sécher.

Au milieu du camp, elle sentait tous les regards posés sur elle, captant sans difficulté la haine au fond de leurs prunelles mortelles. Refusant de paraitre faible, même si tout ceci n’était qu’une sombre farce, Orfraie garda la tête haute et toisa d’un œil mauvais tous ces mortels. C’est là qu’une femme prit la parole, sa voix nasillarde faisant montrer les crocs à l’Ancestrale. Celle-ci aurait bien répliqué, mais Christan fut plus rapide et, une fois n’est pas coutume, prouva son honneur en refusant catégoriquement de la laisser se faire violer, tabasser ou torturer, car c’était bien de tout ceci qu’il était question.

Christan s’éloigna avec le messager tandis que Yern s’approchait de l’Ataliel. Celle-ci lui jeta un regard faussement mauvais, ses glaciers brillants de colère. Le nombre allait avec la Garde de l’Aube, toutefois ils n’étaient que des humains. Cette constatation pouvait faire paraitre Orfraie trop sûre d’elle, mais ce n’était pas le cas : elle était réaliste. Les capacités des Vampires – et des Elfes d’ailleurs – étaient bien supérieures aux leurs et cela, rien ne pouvait le changer. Même l’humain le mieux entrainé du monde se ferait surpasser par un être magiques. Par exemple, en croisant le fer avec un excellente épéiste, Orfraie n’avait que peu de chance de vaincre par la technique. En revanche, sa force pouvait aisément lui permette de briser le poignet de la main qui tenait l’arme grâce aux intenses vibrations produites par le choc, elle-même y résistant bien mieux.

- Dites-moi, comment avez-vous capturé cette putain ?

La question venait de la femme qui avait parlé toute à l’heure. Celle-ci eut droit au regard le plus sombre dont Orfraie était capable, la Vampire se sentant réellement insultée. La femme, elle, fixait Yern sans rien dire, la main relativement proche de la poignée de son épée.

- Je hais les Vampires, mais je sais ce dont ils sont capables. Alors, vous vous y êtes pris comment ?

La tension était palpable. Les Gardes n’étaient pas aussi idiots qu’ils le laissaient penser. Ils avaient des doutes venant des Alayiens. Orfraie, sentant que tout ceci commençait à leur échapper, usa doucement de sa magie. Faisant fi de ses blessures qui la tiraillaient, elle se concentra sur le foyer qui se trouvait entre les tentes et qui éclairait les lieux. Le contrôle via Flamboyance demandait un peu d’énergie et aucun geste clés, mais ce qu’elle souhaitait faire ne demandait que quelques petites secondes d’effort. Ainsi, alors que Yern répondait, quelques flammèches passèrent du feu à la toile d’une tente, y mettant doucement le feu, grignotant peu à peu le tissu jusqu’à ce que les flammes deviennent suffisamment importantes pour alerter les Garde… Mais trop tard ! Le vent poussa d’autres flammèches et deux autres tentes prirent feu.

- Et merde ! Éteignez-moi ça putain ! C’est pas vrai ! Bande d’incapable !

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Sort unique : Flamboyance:

Spoiler:

Le feu étant un élément dangereux lorsqu’il n’était pas maîtrisé. Souvent incompris, il était prit pour le pire des éléments, le plus destructeur de tous. Mais le feu ne faisait pas que cela : il pouvait réchauffer et éclairer, apporter du réconfort dans une nuit sombre… Il était chaleureux et plein de vie.

Sous les yeux d’Orfraie, les tentes avaient prit feu et les Gardes tentaient de contrôler l’incendie, en vain. Lorsqu’une flamme s’éteignait, elle en rallumait une et, peu à peu, elles grignotaient le tissu, rendait l’air étouffant autour des couchages. Finalement, Yern relâcha sa prise sur la Vampiresse et celle-ci pu appeler son arc. Palantir apparus aux creux de sa paume, apportant un réconfort bienvenue. Les combats commençaient sous les yeux de la guerrière, qui conjura une flèche de feu en l’absence de son carquois. Les premières cibles au sol permirent à l’Ataliel de soigner les coupures faites par Weren, retrouvant ainsi un visage impeccable en dépit de la cicatrice qu’elle portait depuis 1750.

Seuls quelques hommes furent neutralisés alors que Christan arrivait avec le capitaine sur l’épaule. L’Ataliel se chargea d’éteindre le feu à l’aide de sa magie avant de s’approcher, son arc en bandoulière autour de sa poitrine. Elle usa alors de l’enchantement apposé sur son corset en os de baleine, puis elle s’exprima d’une voix claire. « Rendez vous. Ne cédez pas à la folie. Vous voulez un monde en paix, pourtant vous œuvrer pour le chaos. Si vous voulez vous battre, il y a un ennemi bien plus dangereux que les Vampires qui nous attend tous et qui ne fera aucune différence entre les races. Plus que Vampire, je suis Dragonnière et mon Lié et moi vous demandons de réfléchir. »

Elle avait parlé calmement, sans céder à la colère qui l’animait. Elle avait gardé un visage serein, loin de l’air hautain que vampires et elfes pouvaient afficher. Elle avait également subtilement placé le sort qui leur était réservé s’ils refusaient : la mort. En effet, en rappelant son statut de Liée, elle leur avait rafraîchi la mémoire : la peine capitale pour tentative d’assassinat ou assassina d’un dragon ou de son dragonnier. Les glaciers balayèrent les visages de ces humains, puis elle les posa sur Christan. Tous semblaient plongés dans un profond mutisme, pour l’instant.

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Je te laisse décider de leur sort

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