Un hurlement de nouveau né se répercuta à travers toute la maison. Autour du lit de naissance, plusieurs sages-femmes tournoyaient en s'activant avec entrain. Au milieu de toute cette danse joyeuse, une magnifique elfe brune fermait les yeux l'air soulagé. Un homme grand et fort rentra en trombe dans la pièce et s'immobilisa sur le pas de la porte en voyant son enfant dans les bras d'une des aides. Son visage devint brusquement livide et il s'appuya sur le mur pour ne pas tomber.
« C'est une petite fille, murmura la sage-femme qui portait le bébé en le regardant les yeux pleins d'étoiles, comment va-t-elle s'appeler ?
- Elle s'appelle Aëlwen, souffla le jeune père en marchant jusqu'à sa fille, les genoux tremblant, Aëlwen Sombrefeuille bienvenue chez les tiens. »

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« Schlack », le bruit du choc de deux épées l'une contre l'autre fit trembler la maison de bois.
« Tiens donc mieux que cela ton épée ma fille. »
Aëlwen peina à repousser l'attaque suivante de son père, poussant sur ses jambes et respirant bruyamment. Le grand homme aux oreilles pointus était entièrement en armure et brandissait une magnifique épée étincelante de sa main droite. Il mit un coup sur le casque en acier de sa fillette, la déséquilibrant et la faisant tomber sur les fesses. Aëlwen resta ainsi prosternée sur le sol, reprenant son souffle.
« Findel, il est temps que tu prennes la route pour les terres des hommes, lança une superbe femme sur le palier de la maisonnette, notre fille s'est suffisamment entraînée pour aujourd'hui. »
Le prénommé Findel tendit une main amicale à Aëlwen et l'aida à se remettre sur ses pieds. Il lui enleva doucement son casque en la surplombant de toute sa hauteur et lui déposa un baiser sur le front avant de marcher jusqu'à sa femme. Il embrassa tendrement celle-ci qui se tenait droite et fière dans sa longue robe marron aux détails verts.
« Qu'elle s'entraîne bien à l'arc pendant mon absence », déclara le patriarche à l'oreille de sa bien-aimée avant de monter à cheval et de s'éloigner vers l'horizon.

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« Sois prudente ma chérie pendant ta promenade, emmène ton arc s'il te plaît », murmura la belle elfe à sa fille Aëlwen en lui tressant les cheveux.
Balançant sa longue tresse châtain de droite à gauche en se dirigeant vers les bois, la petite fille fit une signe de la main à sa mère qui la regardait depuis la porte d'entrée et s'enfonça dans la nature. La fillette aimait s'isoler dans la forêt avec son arc d'apprentissage en bois tendre et ses flèches. Elle haïssait chasser mais elle aimait se promener avec le silence reposant des arbres. Soudain, un couinent attira l'attention d'Aëlwen qui chercha à retrouver la source du bruit. Quelques mètres en s'enfonçant d'avantage entre les fourrés, l'enfant trouva un chiot minuscule qui ressemblait à un loup en beaucoup moins féroce. Il s'était visiblement perdu. Il était mignon dans son manteau de poils clairs et la jeune elfe se refusa à le laisser à la merci des prédateurs. Elle le prit doucement dans ses bras et le berça ainsi un moment avant de rentrer chez elle, le bébé contre le torse. Lorsqu'elle le présenta à sa mère en lui demandant l'autorisation pour élever le jeune animal, celle-ci hésita longuement à accepter mais décida de faire confiance à sa progéniture.
« Ce chien s’appellera Ner'Zhul, il va devenir mon plus fidèle compagnon. »

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Sur le palier de la petite maison dans les bois, mère et fille se faisaient face sans piper mot. Aëlwen était maintenant aussi grande que sa chère matriarche et était devenue une superbe femme au visage doux et charmant. Vêtue de vêtements humbles pour la monte, ses armes et un sac sur le dos, la demoiselle semblait sur le point de quitter le nids.
« Tu vas devenir une grande guerrière, ton père sera fier de toi, chuchota la mère et guérisseuse dans sanglots pleins la voix, prends ces plantes au cas où tu aurais des ennuis de santé, je t'ai déjà expliqué comment t'en servir. »
Aëlwen repoussa d'une main sa chevelure chatoyante et ondulée dans son dos par-dessus son paquetage et saisit avec amour l'épaule de sa mère de l'autre. Elle embrassa sa mère sur la joue en faisait durer le baiser puis fit volte-face, enfourcha le cheval de son père décédé et partit au galop vers le centre de formation impériale sans se retourner.

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« L'arrivée des dragons signifie la guerre, qui nous assure qu'ils nous soutiendront face aux vampires ? », tonna un représentant de la garde impériale dans son costume rouge et doré.
Tous assis autour d'une grande table ronde, les elfes discutaient au sujet des événements récents liés à l'apparition de trois œufs de dragon. Chacun donnait son point de vu et tous cherchaient le bon comportement face à de tels bouleversements. Aëlwen était conviée pour la première fois à une réunion d'une telle importance et accompagnait sa camarade Orfraie. Certes, la jeune Rôdeuse n'avait pas son mot à dire mais elle pouvait écouter les paroles des uns et des autres tant qu'elle n'interférait pas.
« L'arrivée des dragons signifie la magie », répliqua une jolie elfe très âgée.
Aëlwen hocha malgré elle la tête, entièrement d'accord avec la grande dame qui venait de s'exprimer. Pour elle, la magie entraînait la vie. Peu importe ce qui adviendrait, Aëlwen soutiendrait les dragons, êtres dont elle rêvait depuis toujours. Peut-être un jour en chevaucherait-elle un ? De telles pensées lui rappelait ces comptes pour enfant que sa mère lui racontait le soir avant de dormir.

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Aëlwen bloqua un violent coup d'épée avec la anse de son arc. D'une main gauche agile, la jeune femme plia le bras dans son dos et saisit une flèche dans son carquois avant de la planter avec force au travers de la gorge de l'homme face à elle. Concentrée plus que jamais, la Rôdeuse réussissait tant bien que mal à ignorer les cris alentours. La plupart des voix qui se plaignaient étaient celles de ses camarades elfes mais elle ne pouvait pas sauver tout le monde. Elle devait se contenter de repousser de son mieux l'envahisseur Alayien. La brune qui avait fait sa tresse de guerrière avant de venir au combat courut jusqu'au premier cheval qu'elle trouva et sauta en selle. Talonnant comme si sa vie en dépendait, elle prit du recul par rapport au combat pour exercer ses talents d'archère. Elle décocha flèche sur flèche en atteignant souvent sa cible. Elle s'améliorait toujours chaque jour. Un hurlement de colère la prévint de l'attaque imminente et elle eut le temps de se redresser pour faire face au belliqueux en armure qui brandissait son épée face à la Rôdeuse. Aëlwen eut à peine le temps de sortir sa dague de sous sa cape que Ner'Zhul avait sauté à la gorge de l'ennemi. La jeune femme se trouva tout de même obligée d'intervenir pour écarter les armes du guerrier sous le gros malamute pour éviter que ce dernier prenne un coup d'épée mortel. L'armée elfique diminuait en nombre à vue d'oeil et les Alayiens étaient en train de gagner du terrain. Un Rôdeur en mauvais posture allait être mis à mort mais Aëlwen lança sa dague dans les airs pour la rattraper par la lame et la lancer en direction de l'adversaire qui tomba raide mort, une dague figée dans la nuque. Soudain, des cris de joie attirèrent l'attention de la jeune elfe qui fit volte-face pour regarder les renforts débarquer en masse. Elle même ne put s'empêcher de soupirer de soulagement à la vue de tous ces cavaliers armés jusqu'aux dents, frais et prêts au combat. Lorsque la déesse qui guidait les Alayiens perdit ses pouvoirs un temps, tous surent que la bataille des bois sombres allaient être gagnées.

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« Fuyez ! »
Aëlwen aida un ami Rôdeur sur les rotules à se remettre sur pieds et chercha des yeux Ner'Zhul. Celui-ci était en train d'aboyer sur les elfes qui restaient immobiles comme pour les faire fuir. La Rôdeuse rappela son chien et courut jusqu'à son étalon qui attendait attaché à un arbre. Elle sauta sur le dos de Rostark et fit démarrer le cheval en trombe, faisant confiance au malamute pour les suivre. Pris au dépourvu et prévenus au dernier moment que leur forêt allait disparaître dans le néant, les elfes devaient absolument quitter au plus vite leur territoire natale. Le cœur serré, Aëlwen déguerpit en s'assurant de ne laisser personne derrière elle. Elle connaissait la marche à suivre à présent car les elfes, prévoyants, avaient déjà imaginés de tels scénarios. Il ne restait qu'une option à présent pour son peuple : rejoindre la coalition vampiro-humaine. Aëlwen, elle-même, n'appréciait pas particulièrement cette idée car elle détestait devoir compter sur quelqu'un d'autre pour les sauver. Il allait falloir faire preuve de patiente et d'ouverture.

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30 juin de l'an 2 d'obsidienne

Aëlwen hocha la tête en entendant les ordres d'Orfraie. Prenant avec elle une dizaine de Rôdeurs, elle se positionna à l'arrière du front pour mitrailler l'ennemi de flèches. C'était ce en quoi elle était le plus douée et elle souhaitait plus que tout rester au près de la princesse pour la protéger. Ner'Zhul rôdait silencieusement autour de la dizaine d'elfes archers positionnés en hauteur dont faisait partie Aëlwen. Il montait la garde au cas où l'adversaire tenterait une manœuvre guerrière telle que la tenaille. La bataille ne fut pas éternelle mais éprouvante. Bon nombres des camarades d'Aëlwen y laissèrent la vie. Suite à cette dure épreuve, Aëlwen allait devoir suivre la princesse dans un long périple de trois années.

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« Rôdeurs, chacun à sa place, tonna la princesse elfique Orfraie en indiquant à Aëlwen de venir se positionner en tête de la troupe à ses côtés.
- Allons nous errer ainsi dans le désert indéfiniment ? questionna la jeune elfe châtain en fronçant les sourcils l'air inquiet. »
Sa chère amie impériale ne répondit guère et tous se mirent en route dans la poussière et le sable virevoltant, se cachant les yeux au mieux sous des foulards. Ner'Zhul marchait docilement au près de l'étalon sur lequel Aëlwen était juchée, les sens aux aguets pour prévenir une attaque quelconque. Le canidé avait beaucoup grandit et pour le préserver à ses côtés jusqu'à son plus vieil âge, Aëlwen avait fait appel à une grande magicienne pour conférer une vie plus longue que la normale à son chien. Le sort avait marché à merveille et l'elfe savait qu'elle garderait son fidèle camarade jusqu'à sa mort. La guerre avait ravagé l'ancienne demeure des elfes qui avaient dû se déplacer en masse à travers les étendues désertiques. Un esprit supérieur appelé Néant menaçait le monde et un dragon blanc appelé Vraorg aussi. Aëlwen avait une rage qu'elle avait rarement éprouvé envers ces deux êtres et serait au premier loge pour les vaincre.

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« Dépêchez-vous, préparez vos armes ! tonna un commandant aux oreilles pointus en saisissant lui-même son épée, le dragon blanc n'attendra pas. »
Aëlwen attrapa vivement la cuirasse qu'on lui avait confié à son entrée chez les Rôdeurs et l'enfila prestement. Elle prit une seconde pour vérifier le positionnement de son armure. La Rôdeuse prit une grande goulée d'air frais et tressa avec habileté ses longues boucles châtains. Elle vérifia tout son équipement, arme après arme. Lorsque le chef de l'expédition, un jeune commandant qu'Aëlwen connaissait trop peu, fut à son tour fin prêt, le groupe partit rejoindre les guerriers déjà présents dont Orfraie faisait partie. Ce jour-là fut traumatisant pour Aëlwen qui vit les Esprits Supérieurs protecteurs d'Armanda se suicider. Un grand combattant du nom de Fabius Kohan vint à bout de Vraorg. Ce jour-là, bon nombre des amis d'Aëlwen perdirent la vie.

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« Aëlwen, vous avez été désignée pour une importante mission », tonna un garde elfe en pénétrant dans les appartements privés de la Rôdeuse.
Cette dernière était assise en tailleur à même le sol, plongée dans la méditation, une main sur l'encolure de Ner'Zhul qui veillait sur elle. Lorsque le chien s'agita en voyant arriver un inconnu dans la chambre de sa maîtresse, Aëlwen sortit de sa torpeur et se leva.
« Quelle mission ?
- Vous êtes sommée d'escorter d'importants elfes qui doivent signer le traité de paix entre les peuples, soyez prête rapidement, vous partez demain à l'aube », répondit simplement le garde en armure avant de faire demi-tour et de partir.

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An 7 de l'âge d'obsidienne (avril-main-juin)

« Nous allons retrouver cette ordure de Wintel qui a tenté d'assassiner Aegnor et les dirigeants d'Armanda, crois-moi », gronda la princesse Orfraie en intimant à sa monture d’accélérer le pas.
Aëlwen imita sa dirigeante en murmurant quelques mots en langage elfique à Rostark, son fidèle étalon, pour qu'il reste à hauteur de la générale. La horde des Rôdeurs pénétra en rang serré dans les bois, Aëlwen se maintenant en tête pour toujours être aux côtés de son amie, Orfraie. Soudain, des cris retentirent à l'arrière du groupe et des bruits de combat remontèrent jusqu'aux oreilles d'Orfraie et Aëlwen. Les Rôdeurs étaient attaqués. Ner'Zhul retroussa les babines en montrant d'immenses crocs ivoires acérés. En tant que malamute mâle des montagnes, il était plus haut et large que la moyenne des chiens, son garrot arrivant aux mis-jarrets de Rostark. La bête leva ses beaux yeux dorés vers Aëlwen pour attendre ses directives et celle-ci lui indiqua d'un geste de la main de partir au devant du combat. L'animal détalla à toute vitesse et disparut de la vue d'Aëlwen. Alors que le combat prenait un mauvais tournant pour les Rôdeurs pris par surprise et encerclés, une ombre passa au-dessus du champs de bataille. Tous les combattants levèrent les yeux vers le cercle, Aëlwen y compris, pour découvrir la présence d'un gigantesque dragon. La jeune elfe reconnut Verith pour en avoir si souvent entendu parler. Il aida les Rôdeurs en créant une brèche dans le cercle que formaient les attaquants autour des elfes. Les Rôdeurs commencèrent à s'échapper, battant en retraire. Aëlwen porta deux doigts à sa bouche et poussa un sifflement aigu qui traversa la forêt. Lorsqu'elle vit un éclat de fourrure blanche au milieu du combat, elle talonna son étalon pour prendre la fuite à son tour. Alors qu'elle s'apprêtait à suivre la totalité des Rôdeurs qui avaient réussi à se défaire de l'ennemi, elle remarqua qu'Orfraie n'était plus au près d'elle. Elle jeta un œil par-dessus son épaule pour découvrir qu'elle était mourante et en compagnie d'un vampire. Elle voulut rediriger Rostark pour venir au secours de la princesse mais elle comprit à mi-chemin que celle-ci ne souhaitait par être secourue de cette façon. Un grondement de son chien ramena Aëlwen à la réalité et la jeune femme s'en alla au galop, suivit de près par le grand animal blanc comme neige.

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1 juillet de l'an 7 d'obsidienne

« Mademoiselle Sombrefeuille, vous avez été élue à la tête des Rôdeurs en tant que générale, déclara d'une voix solennelle l'empereur elfe en costume d’apparat, la princesse Orfraie en avait émis le souhait et en traitant votre dossier et votre passé, vous paraissez être la plus apte pour lui succéder. »
Aëlwen se contenta d'hocher la tête, le visage fermé et de saisir le parchemin qu'on lui tendait. Elle prit un long moment pour lire attentivement chaque ligne rédigée de la main du dirigeant elfique qui expliquait en quoi allait consister son nouveau rôle. Dans ses paroles, ce dernier expliquait clairement ses attentes envers la nouvelle générale. Lorsqu'elle eut terminé de lire la missive, elle replia délicatement celle-ci la glissa dans un pli de son manteau en prenant une grande inspiration qui lui brûla la gorge. Elle se sentait très honorée mais la tristesse était le sentiment qui primait sur les autres. La demoiselle se leva du fauteuil en velours rouge sur lequel l'empereur et le conseil recevait ses visiteurs et lissa du plat de la main sa robe noire fluide qu'elle portait pour les deuils avant de sortir de la pièce en saluant respectueusement les elfes qui l'avaient reçu. Aëlwen déglutit péniblement avant de rejoindre Ner'Zhul qui attendait devant le palais. Elle caressa le chien pour l'apaiser, le pauvre détester laisser sa maîtresse sans sa protection mais c'était parfois nécessaire. Aëlwen, du haut de ses 302 ans, allait voir sa vie prendre un nouveau tournant car devenir générale n'était pas si simple : de nouvelles responsabilités.

J'ai essayé d'étoffer l'histoire et de rajouter un élément qui me tenait à coeur mais je ne sais pas si vous allez l'accepter (le loup) ! :/